• il y a 7 mois
Dans Destins de femmes, Judith Beller reçoit Nathalie Baumgartner, partie civile au procès de l’attentat du Bataclan

"Destins de Femmes" nous raconte les parcours des femmes extraordinaires qui tissent le lien de notre République. Nous explorons des thèmes universels tels que la lutte pour l’Egalité des genres, la liberté d’expression, la diversité culturelle, le droit à disposer de son corps. Emission tirée du livre de Valérie Perez-Ennouchi, "Destins de Femmes", sorti chez Ramsay, prix Edgard Faure 2021.

Une émission de Judith Beller.

Merci au Groupe Connect Travail Temporaire !

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##DESTIN_DE_FEMMES-2024-04-06##

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Transcription
00:00 Le groupe Connect, expert en recrutement intérimaire.
00:03 Rejoignez les 35 agences du groupe Connect pour des opportunités de carrière partout en France.
00:08 Le groupe Connect présente...
00:10 Sud Radio, Destin de Femme, Judith Beller.
00:14 Bienvenue à toutes et à tous dans Destin de Femme sur Sud Radio.
00:17 Comme tous les samedis à 13h30, vous allez découvrir une femme française au destin hors du commun
00:22 pour que le combat pour le droit des femmes devienne une cause commune.
00:24 Tout cela inspiré bien évidemment du livre au même titre de Valérie Pérez-Enouchi.
00:29 Nathalie Baumgartner a travaillé pour les grands magazines de mode en tant que rédactrice,
00:33 par exemple pour le Elle, le Gala, etc.
00:35 Elle s'occupe aujourd'hui de sa propre société d'événements, CL 165 Nanou Baumgartner.
00:40 Vous êtes notamment d'ailleurs relation publique pour le groupe Evoque Hotel.
00:44 Et puis vous développez aussi un projet du même nom, Nathalie.
00:48 Alors votre conversion voulait être en partie un événement hélas tragique
00:51 que nous avons tous vécu de plein fouet, l'attentat du Bataclan du 13 novembre 2015.
00:56 Attentat qui vous a enlevé votre cousin Pierre Innocenti et votre cher ami Stéphane Albertini.
01:01 Nathalie Baumgartner, vous vous êtes aussi portée partie civile au procès.
01:04 Et votre histoire c'est un témoignage de reconstruction, de résilience et d'amour.
01:07 C'est un destin, il va de soi, bienvenue.
01:09 Alors Nathalie Baumgartner, pour débuter,
01:15 les quatre questions que je pose à toutes les invitées de Destin de Femme.
01:18 On va commencer par la première.
01:20 Quel destin de quelle femme vous inspire le plus ?
01:22 Alors les femmes qui m'inspirent le plus sont des femmes courageuses.
01:27 J'aime le courage. Le courage c'est une vertu.
01:33 C'est combattre sa peur, c'est avoir de l'audace.
01:37 C'est même aller jusqu'au sacrifice de sa propre vie, pour certaines.
01:44 Donc c'est des femmes en général.
01:45 Les femmes en général. Les femmes sont souvent dotées de cette qualité.
01:50 Les femmes sont courageuses. Donc il y a des femmes de l'ombre, bien sûr.
01:53 Il y a des femmes qui sont plus exposées, plus la lumière.
01:56 Les femmes iraniennes, dont le visage de la contestation des femmes iraniennes avec Macha Amini, par exemple.
02:06 Simone Veil, évidemment.
02:10 Ces femmes figurent de proue, en fait, de velléité, de cœur et de sororité aussi.
02:16 Exactement, exactement.
02:18 Et puis le courage, c'est laisser aussi sa condition, sa famille parfois, pour ne plus avoir de temps pour rien.
02:28 Rien n'est plus fort que la mission qu'elle porte.
02:31 Donc c'est au sacrifice de beaucoup de choses.
02:34 C'est les combattantes, en fait, que vous honorez.
02:37 Des combattantes.
02:39 Et des femmes de l'ombre aussi, qui, dans un autre domaine, poussent la porte d'un commissariat,
02:47 voient leur vie voler en éclats parce qu'elles ont les coups de leur mari.
02:53 Et oser bouleverser leur vie, c'est très très courageux.
02:59 Je suis en admiration devant ces femmes-là. C'est des femmes formidables.
03:03 Quel a été votre plus grand succès, Nathalie Baumgartner ?
03:06 Alors, on peut dire que j'ai eu la chance d'avoir une vie relativement calme,
03:13 une vie paisible, un métier agréable.
03:17 La mode, c'est quelque chose de festif, de ma famille, effectivement jusqu'au Bataclan.
03:24 Nous sommes une famille italienne, d'immigrés italiens.
03:29 On a un restaurant, le restaurant générait toujours l'esprit de famille.
03:36 Dieu merci, on a vraiment eu beaucoup de chance.
03:40 On est en France aussi, c'est une grande chance d'être dans un pays de démocratie.
03:46 Jusqu'à ce qu'elle soit peut-être en train de vaciller un peu.
03:50 Mais néanmoins, pour répondre à votre question, je dirais que mon plus grand succès,
03:55 c'est sans doute d'être restée proche de mes valeurs tout le temps.
04:00 C'est-à-dire que, en ce sens que rien n'a jamais m'a écarté de mes valeurs,
04:07 de ce que mon grand-père Livio m'a appris, c'est-à-dire le respect de l'autre.
04:11 Oui, parce que c'est le restaurant de votre famille, Livio le restaurant qui est à Neuilly.
04:15 Donc mon grand-père, qui s'appelait Livio, m'a appris à respecter l'autre,
04:22 à ne pas regarder la couleur de peau de quelqu'un, ses origines, sa religion, sa condition sociale.
04:31 Et je dois dire que dans un monde comme la mode, par exemple, où j'ai évolué...
04:35 Qui était plutôt d'apparence au départ.
04:37 Voilà, parfois ça peut être au bord du superficiel, ça peut frôler ça aussi.
04:44 Je dois dire que ma grande chance, mon grand succès, c'est de n'avoir jamais cédé à ce snobisme-là.
04:54 Et je suis très heureuse de ça.
04:58 - Donc d'avoir réussi à surfer dans un monde qui est effectivement un monde d'apparence,
05:02 en gardant votre colonne vertébrale.
05:04 - Exactement. Et de ne pas avoir fait de compromis avec ça.
05:08 C'est sans doute aussi la raison pour laquelle j'ai quitté la mode.
05:13 - D'accord.
05:14 - C'est pas la mode que j'ai quitté.
05:16 Parce que, après les événements du 13 novembre, c'est vrai qu'il y a une bascule, évidemment.
05:24 Donc tout ce qui paraît un peu dérisoire, une paire de chaussures pas assez violettes, pas assez oranges,
05:32 bon, ça perd du sens.
05:34 Mais il y a aussi un regard sur la presse, les médias...
05:39 - Qui ont changé, bien sûr, aussi.
05:42 - Qui ont changé beaucoup, qui se plient à la demande.
05:48 Et c'est plus nous qui créons la demande.
05:50 - Oui, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, dans les magazines de mode,
05:52 c'est souvent dans les pages mode des magazines, ce sont souvent les annonceurs, en fait.
05:56 - Souvent, on est rivalisés.
05:58 - Alors qu'auparavant, à la grande époque, c'était vous, en fait, qui choisissiez ce que vous mettiez.
06:04 - Exactement.
06:05 - Avec un petit annonceur de temps en temps, mais on n'était pas du tout dans le contexte
06:08 où il fallait mettre un tel ou un tel parce qu'il a acheté une page de pub, quoi.
06:10 - Il fallait un peu toujours, mais on va dire que c'était pas comme aujourd'hui.
06:15 Aujourd'hui, c'est carrément...
06:19 C'est pas très très poli de dire ça, mais c'est un peu le maqué.
06:23 On est un peu maqués.
06:24 Avant, on avait quand même des...
06:26 - Et justement, dans les années 90, fin 90, qui est un peu la grande période,
06:30 celle où les magazines de mode étaient un peu tout puissant, c'était avant les réseaux sociaux.
06:34 Ils créaient les tendances.
06:36 On est dans une surcommunication aujourd'hui et finalement, on est moins libre de communiquer, quoi.
06:41 - On est dans une...
06:42 Effectivement, et aussi dans une surconsommation qui laisse place, pour moi, à des influenceurs
06:50 qui, sans doute, pour certains, sont très très légitimes.
06:53 Il n'y a aucun problème.
06:55 Pour beaucoup, beaucoup moins.
06:57 Et participer à ça, de près ou de loin, ça ne me ressemble pas.
07:03 - Ça ne correspond pas à votre colonne vertébrale.
07:04 - Ce n'est pas ma colonne vertébrale.
07:06 - Votre plus grande déception, Nathalie Baumgartner ?
07:08 - Alors, ma plus grande déception...
07:11 J'ai envie de vous dire...
07:14 Elle est un peu permanente et tous les jours, en allumant ma télé.
07:17 C'est de laisser un monde...
07:20 Un monde à ma fille, enfin, aux enfants, que j'aime tous.
07:25 De leur laisser ce monde-là.
07:27 C'est-à-dire qu'on a une société qui est fracturée.
07:31 Chaque jour, il y a un symptôme de cette maladie qui surgit.
07:36 Et on se dit, comment va-t-on faire pour soigner un cancer généralisé
07:43 qui est presque en phase terminale ?
07:45 Qui va donner le...
07:46 - Est-ce que ce n'est pas un peu une question de point de vue, ça ?
07:49 - Si, sans doute.
07:51 Évidemment que, dès lors que j'allume la télé,
07:54 et que je vois qu'il y a encore des attentats,
07:58 évidemment que ça provoque chez moi tout de suite
08:03 une émotion vive, très très vive.
08:06 - Oui, parce qu'il y a eu Israël le 7 octobre,
08:09 on vient d'avoir un énorme attentat en Russie, on le sait.
08:12 - Bien sûr, bien sûr.
08:13 - C'est un peu l'histoire qui se répète, quoi.
08:15 - C'est l'histoire qui se répète, c'est, pour ma part,
08:18 penser au chemin que vont devoir faire ces gens.
08:21 C'est-à-dire un chemin très très long...
08:24 - Que vous avez fait.
08:25 - Que j'ai fait, exactement.
08:27 - Un chemin qui est difficile.
08:30 - On va en parler juste après.
08:32 - Votre plus grande joie, Nathalie Baumgartner ?
08:34 - Ma foi.
08:36 - Votre foi en Dieu, quoi.
08:39 - Ma foi en Dieu, qui est très très forte.
08:42 Elle ne m'a jamais quittée dans aucune épreuve.
08:47 Pourquoi ? Parce que, pour moi, la joie, c'est un devoir.
08:52 On doit être en joie, d'être en vie.
08:55 Déjà, on doit à la vie cette joie.
08:59 Donc, la joie, la foi, ma foi m'a conduit à toujours extraire le bien du mal.
09:08 À ne pas me lamenter.
09:11 À chercher derrière le mal, qu'est-ce qu'il y a de bien,
09:14 qu'est-ce qu'on peut apprendre de bien.
09:16 Alors que parfois, ça met du temps.
09:18 La résilience, ça ne vient pas tout de suite comme ça.
09:21 Je ne suis pas une sainte, mais on va dire que ma foi, c'est ma plus grande joie.
09:28 Ma plus grande joie, parce qu'elle m'habite tout le temps.
09:30 - Elle vous soutient ?
09:32 - Oui, elle me soutient, elle me permet de traverser cette existence
09:36 en me disant que la mort, ce n'est pas un souci non plus.
09:40 - Ça donne une raison aussi, c'est ça ?
09:42 - Exactement, ça donne une raison même d'être.
09:45 Donc pour moi, ça a été un support, et c'est un support qui me met en joie permanente.
09:52 - D'accord.
09:54 Alors, pour revenir un tout petit peu à la mode, justement,
09:58 et à votre positionnement, puisque vous avez été rédactrice de mode,
10:01 vous avez habillé de tout type de femmes, on peut le dire,
10:03 parce que les mannequins, c'est variable.
10:05 Qu'est-ce que ça veut dire la féminité pour vous, Nathalie Baumgartner ?
10:08 - Alors, être féminine aujourd'hui,
10:12 être féminine, c'est être l'inverse, je dirais, des ultra-féministes.
10:20 C'est garder une sensualité, c'est...
10:24 - C'est pas mettre des chaussures plates, quoi, c'est ça que vous voulez dire ?
10:26 - Non, c'est être très ondulée.
10:32 Une femme, ça doit garder sa douceur, ça doit garder son intelligence,
10:39 son intelligence et... comment dire...
10:42 d'être dans la douceur.
10:43 - Est-ce qu'on peut être féminine et féministe ?
10:45 - Oui, bien sûr, bien sûr, mais bien sûr.
10:48 On est, de toutes les façons, qui n'est pas féministe ?
10:51 Qui ne veut pas, aujourd'hui...
10:53 - Il y en a.
10:54 - Il y en a, mais je veux dire...
10:55 - Même des femmes, hein ?
10:56 - Oui, c'est vrai, mais c'est une folie de ne pas l'être, dans ce monde.
11:01 - Vous le savez, Sud Radio, c'est votre radio, Destin de Femmes.
11:04 Aujourd'hui, c'est avec Nathalie Baumgartner, qui est à la tête de 165 Nanoubaume,
11:10 et puis ex-rédactrice de Moduelle, et puis partie civile au procès de l'attentat du Bataclan.
11:15 Restez avec nous, on va en parler, justement.
11:17 A tout de suite.
11:18 - Sud Radio, Destin de Femmes, Judith Bellert.
11:21 - Bah voilà !
11:22 - Sud Radio, Destin de Femmes, Judith Bellert.
11:25 - Si vous nous rejoignez, bienvenue les copines et les copains dans Destin de Femmes sur Sud Radio,
11:29 l'émission du féminisme positif consacré aux femmes extraordinaires
11:32 qui font notre République française.
11:34 Aujourd'hui pour vous, Nathalie Baumgartner, qui est à la tête de 165 Nanoubaume,
11:39 et ex-rédactrice de Moduelle, qui était aussi partie civile au procès de l'attentat du Bataclan.
11:44 Alors, Nathalie Baumgartner, vous êtes donc partie civile au procès de l'attentat du Bataclan en 2021.
11:53 C'est un attentat lors duquel votre cousin, Pierre Innocenti,
11:58 et votre très cher ami Stéphane Albertini ont tous deux perdu la vie
12:03 dans les affreuses circonstances que nous connaissons.
12:06 Et alors vous avez pris la parole, Nathalie Baumgartner,
12:09 vous avez témoigné de la douleur de votre famille,
12:11 et je reprends vos mots de l'abyssal chagrin des vôtres.
12:14 - Bien sûr.
12:15 - Et c'était important de le faire.
12:16 - Dans ma famille, et dans les autres certes sans doute aussi,
12:21 par rapport aux valeurs dont je vous ai parlé tout à l'heure,
12:24 des valeurs de respect de l'autre, de non-mauvais regard,
12:29 on n'a aucun mauvais regard sur quelqu'un qui n'a pas nos origines,
12:32 notre religion, notre couleur de peau, notre condition sociale.
12:36 Pour nous, être tout d'un coup au centre d'une tragédie comme le 13 novembre
12:46 et les attentats du Bataclan, perdre deux personnes,
12:50 c'est une bascule qu'on ne comprend pas, qu'on n'aurait jamais imaginé
12:55 devoir affronter dans nos vies.
12:58 C'est vraiment une bascule.
13:02 Votre question c'est pourquoi j'ai participé ?
13:06 - Non, non, l'abyssal chagrin.
13:08 L'abyssal chagrin, il est indescriptible.
13:12 - Mais pourquoi c'était aussi important de témoigner ?
13:15 C'était effectivement, on imagine, pour témoigner de ce chagrin,
13:19 mais il y avait aussi une pierre à poser pour vous.
13:22 - C'est sûr. Et ça faisait partie aussi de ma réparation.
13:26 Il se trouve que l'attentat du 13 novembre m'a ôté la vie de mon cousin
13:33 et de Stéphane, comme vous l'avez dit tout à l'heure.
13:36 Un cousin, c'est pas un frère, c'est pas un fils, c'est pas un mari.
13:41 - Vous étiez très proche.
13:43 - Néanmoins, on était proche de par la géographie du lieu,
13:47 c'est-à-dire l'ivio c'était un point de rencontre pour nous tous.
13:50 Même si on ne s'assoit pas, même si on ne sort pas ensemble,
13:52 même si on n'a pas les mêmes copains,
13:53 on est sûr de se voir beaucoup plus souvent que des cousins qui se voient deux fois par an.
13:57 Je suis l'aîné de tous mes cousins,
14:00 donc c'est vrai que j'ai toujours été un peu responsable
14:04 et j'ai toujours eu un œil sur eux, c'était mon rôle d'aîné.
14:09 Donc la relation était assez forte émotionnellement.
14:15 Après, pourquoi être partie civile ?
14:20 Être partie civile, ça a été pour moi, on va dire que pendant six ans.
14:26 Alors ok, vous vivez avec ça, vous réapprenez à vivre,
14:30 vous êtes obligés d'avoir de la joie par moments, vous souriez,
14:34 mais votre rire est toujours voilé.
14:38 C'est vraiment le cas de le dire.
14:40 On n'a plus un rire franc, on ne se regarde plus dans la glace,
14:44 on est plus la même, on n'a plus de repère.
14:49 Pour ma part, c'était très compliqué.
14:52 Quand mon ami avocat m'a proposé de me représenter
14:56 et m'a conseillé pour ma réparation d'être présente,
15:04 de me porter partie civile,
15:06 et c'était le seul moyen en étant partie civile
15:09 d'avoir la possibilité de suivre tout le procès.
15:12 C'est-à-dire d'avoir des codes qui, même quand j'étais chez moi,
15:15 me permettaient d'écouter le procès avec une heure de différé.
15:19 Je voulais à tout prix comprendre,
15:22 juste comprendre, dans mon corps,
15:26 m'habiter une certaine...
15:28 Un sentiment qui m'est totalement étranger, c'est la haine.
15:31 J'ai la foi, comme je vous ai dit.
15:33 Donc la haine ne peut pas habiter mon corps.
15:36 Or, j'avais de la haine.
15:38 En allant au procès,
15:41 en écoutant le parcours de ces gens,
15:44 en essayant de...
15:47 Je ne vais pas dire de comprendre,
15:49 il n'y a rien à comprendre.
15:51 Mais en essayant de trouver...
15:53 En essayant de les affronter.
15:55 Regarder Salah Abdeslam témoigner à la barre, comme je l'ai fait,
15:59 et voir son regard se baisser.
16:01 C'est une victoire.
16:05 C'est un moyen d'éliminer cette haine.
16:08 De la faire partir de mon corps.
16:10 Et de continuer ma vie sans ce poison qu'est la haine.
16:14 - Alors justement, dans votre témoignage,
16:17 vous le dites, d'épeindre le mal, c'est aussi pour masser votre plaie béante,
16:21 la rendre aussi douce que possible,
16:23 pour ne jamais devenir ce que sont ces terroristes,
16:25 des êtres sans âme.
16:27 C'est-à-dire que c'est d'aider à la haine,
16:29 c'est se mettre à leur niveau.
16:31 - Exact.
16:33 Je ne sais même pas si réellement,
16:36 je ne sais même pas s'ils sont habités par une forme de haine.
16:42 - Ils sont un peu vides.
16:44 - Ils sont plutôt vides.
16:46 Au procès, on est assez surprise de voir ces personnes.
16:51 On n'est pas devant des monstres.
16:53 J'ai vu des procès à la télé,
16:55 avec des violeurs d'enfants, etc.
16:57 On les regarde, on dit "Mon Dieu, si jamais je le croise dans la rue,
17:00 mon salat abdéslam, c'est un mec que je peux croiser en sortant de chez vous,
17:04 de la radio."
17:06 Je ne sais même pas si c'est un sentiment de haine qu'ils ont.
17:10 C'est tout d'un coup un voile d'obscurantisme total.
17:18 Ils sont alimentés par cette idée
17:27 que si on ne s'islamise pas,
17:32 que si on ne fait pas partie d'eux,
17:36 alors il faut qu'on meure.
17:38 Et qui s'octroie le droit, pour une femme de foi,
17:46 d'enlever la vie à la place de Dieu.
17:48 Et au nom de Dieu.
17:50 C'est très grave. Très très grave.
17:52 - C'est très grave aussi pour les musulmans.
17:57 Parce que forcément, on a tendance maintenant à généraliser.
18:03 Il y a évidemment la majorité des musulmans qui ne sont pas des extrémistes.
18:07 Vous vous racontez que votre famille est d'origine italienne.
18:10 Vous le dites aussi, vous aimez les spaghettis,
18:12 mais aussi le couscous royal et les odeurs de l'Orient.
18:15 Donc en fait, témoigner, prendre la parole comme vous l'avez fait,
18:19 c'était aussi pour souligner ça
18:21 et dire que finalement le lien existe encore.
18:24 - Je suis citriste, ma mère vit au Maroc.
18:26 Ma mère vit au Maroc depuis des années.
18:29 Je connais le peuple marocain,
18:32 je connais beaucoup de musulmans en France aussi.
18:34 J'ai fréquenté beaucoup beaucoup de monde,
18:37 de par ce désir de connaître l'autre.
18:40 La majorité des musulmans condamnent fermement ces attentats.
18:45 Néanmoins, comme je l'ai dit au procès,
18:48 ils doivent porter le poids de la honte.
18:52 Ils se demandent si on les assimile à ça.
18:56 Ils baissent les yeux, c'est terrible.
18:58 Moi j'aurais voulu, mon rêve serait,
19:01 avant de partir de ce monde,
19:03 de nous voir tous ensemble,
19:05 avec les juifs, les musulmans, les chrétiens.
19:08 - Black Bomber quoi.
19:09 - Black Bomber dans la rue contre le terrorisme.
19:11 De les voir tous ensemble, qu'on se tienne tous la main.
19:14 - Alors excusez-moi, je me permets de rebondir là-dessus.
19:16 Le 13 novembre 2015 à Paris,
19:18 il a une résonance toute particulière.
19:20 Il y a eu le 7 octobre 2023 en Israël.
19:22 Bon, et puis il y a ce qui vient de se passer en Russie aussi.
19:24 Il y a eu 186 morts.
19:26 Tout d'un coup les gens recommencent à comprendre.
19:29 Mais comment ça se fait ?
19:31 Qu'est-ce que ça a évoqué chez vous, justement,
19:33 la réaction de ce peuple français,
19:35 qui s'est pas levé contre l'extrémisme et l'islamisme,
19:38 et ces terroristes qui ont massacré 1300 personnes ?
19:42 - C'est terrible.
19:44 C'est...
19:46 On oublie la religion qu'on peut porter nous-mêmes.
19:49 Ces jeunes,
19:52 qui sont des jeunes de gauche,
19:55 qui sont...
19:57 - On parle des français, hein ?
19:59 - Qui sont des personnes qui n'ont absolument,
20:01 comme au Bataclan sans doute,
20:03 aucune appartenance particulière,
20:05 qui dansent tous ensemble,
20:08 qui font la fête, qui sont jeunes.
20:10 Tout d'un coup leur vie s'arrête.
20:12 La vie des familles.
20:14 Les familles de ces gens s'arrêtent.
20:16 On sait.
20:18 - Alors là vous parliez de ce qui s'est passé en Israël,
20:20 pour que ça soit clair pour les auditeurs.
20:22 - Oui, bien sûr, de ce qui s'est passé le 7 octobre.
20:24 Le 7 octobre, ces femmes,
20:26 pour certaines des femmes, puisqu'on parlait de féminisme tout à l'heure,
20:28 comment, en France,
20:31 s'est passé sous silence,
20:33 où on dit "oui mais, oui mais..."
20:36 Mais "oui mais quoi", en fait ?
20:38 Y'a pas de "oui mais".
20:40 Y'a une barbarie,
20:42 y'a une attaque terroriste barbare,
20:44 ils ont violé des femmes,
20:46 ils ont éventré des gens,
20:48 ils ont tué des enfants.
20:50 Bah c'est non, en fait.
20:52 C'est non pour eux, c'est non pour tout le monde.
20:54 C'est non pour... Malheureusement,
20:56 malheureusement,
20:58 les attaques terroristes
21:00 sont souvent guidées
21:02 par l'islamisme en ce moment.
21:04 - Et est-ce que vous,
21:06 personnellement, forcément, on imagine
21:08 que vu ce que vous avez vécu, ça a dû être...
21:10 - Terrible !
21:12 - Terrassant, quoi.
21:14 - Ce qui était terrassant pour moi,
21:16 c'est, déjà,
21:18 de m'imaginer le chemin
21:20 qu'allaient faire ces gens, quand je voyais ces familles,
21:22 quand je les vois encore aujourd'hui,
21:24 parce qu'il y a quand même encore des hôtages.
21:26 Donc il faut pas les oublier,
21:28 parce qu'on a tendance à plus trop en parler.
21:30 Quand je vois le visage
21:32 de ces familles, c'est des frères, c'est des sœurs.
21:34 Ils ont le même visage que moi.
21:36 C'est des choses que je reconnais en eux.
21:38 Donc, déjà ça.
21:42 Et puis, en plus,
21:44 ce silence, il est terrible.
21:46 Il est terrible.
21:48 - Alors si vous aviez un souhait, parce qu'hélas, il nous reste très peu de temps,
21:50 Nathalie Baumgartner, qu'est-ce que ça serait ?
21:52 - Mon souhait,
21:54 ce serait qu'on marche tous ensemble,
21:56 qu'on soit unis
21:58 contre le terrorisme,
22:00 qu'il n'y ait pas de barrière entre...
22:02 de fractures,
22:04 qu'on accepte
22:06 qu'un musulman marche avec nous,
22:08 qu'un athée marche avec nous,
22:10 qu'un catholique marche avec nous, qu'un juif marche avec nous,
22:12 qu'on marche tous ensemble. - Qu'on s'accepte.
22:14 - Qu'on s'accepte et de voir
22:16 qu'on a nos enfants au milieu de tout ça,
22:18 et qu'on va peut-être
22:20 remettre en cause
22:22 ou en doute,
22:24 en tout cas en France, qu'on n'accepte pas ça, c'est pas possible.
22:26 - Et d'ailleurs,
22:28 vous avez vous-même une enfant en métis,
22:30 la jolie Kenza, avec le comique qu'on connaît tous,
22:32 Smaine, qui n'est pas musulman mais qui est algérien.
22:34 Comment elle a
22:36 pris ça, elle, en quelques mois ?
22:38 - Pris le quoi ? - Bah justement,
22:40 tout ça, tout ce mélange là.
22:42 - C'est compliqué.
22:44 C'est compliqué parce que
22:46 ma fille,
22:48 ma fille,
22:50 parfois,
22:52 elle est orientale, ça c'est une certitude.
22:54 Elle a été élevée chez moi
22:56 dans le judaïsme.
22:58 Son père n'a jamais eu
23:00 d'opposition à ça.
23:02 Ma fille,
23:04 c'est vrai que parfois c'est compliqué.
23:06 Néanmoins, je pense que
23:08 de vivre avec moi,
23:10 d'avoir,
23:12 de pratiquer
23:14 des choses religieuses
23:16 comme le shabbat, etc. C'est vrai que pour ma fille,
23:18 aujourd'hui, il faut que
23:20 ma fille...
23:22 - Elle est la preuve que ça peut exister, quoi.
23:24 - Mais oui, bien sûr, mais c'est sûr.
23:26 - Et que c'est dans nos enfants et dans l'amour,
23:28 qu'on nous a envoyé ça comme message, c'était aussi pour dire
23:30 que finalement le lien se crée comme ça aussi.
23:32 - Mais c'est certain. - C'est par l'amour qu'on va...
23:34 - C'est un peu bateau de dire ça,
23:36 chers auditeurs, mais c'est vrai.
23:38 C'est la vérité. - C'est l'amour qui va nous sauver.
23:40 - Il n'y a que ça, j'espère. - Nos enfants, les générations
23:42 qui viennent. - J'espère.
23:44 - Le mot de la fin, Nathalie Baumgartner ?
23:46 - Écoutez, merci de m'avoir reçu.
23:48 - Avec plaisir. - Merci de
23:50 m'avoir fait parler de tout ça.
23:52 J'espère que ça va éveiller
23:54 des soulages des certaines personnes
23:56 et éveiller aussi des consciences, j'espère.
23:58 - Écoutez, c'est notre souhait à tous.
24:00 Merci beaucoup. - Merci beaucoup.
24:02 - Si vous avez des petites actus à partager, c'est le moment.
24:04 Vous avez une petite chose à dire ? - Alors pour l'instant,
24:06 pas de surprises. - Pas d'actus ?
24:08 - Il y a des choses, mais je veux pas dire.
24:10 - Bon, on vous suivra sur Internet.
24:12 Merci beaucoup
24:14 d'être venue partager avec nous
24:16 sur Sud Radio. Nous, chers auditeurs,
24:18 on a rendez-vous déjà demain pour cet excellent
24:20 à 19h et puis samedi prochain, évidemment,
24:22 à 13h30 pour un nouveau Destin de Femme.
24:24 Le podcast Destin de Femme,
24:26 tous nos autres rendez-vous sont sur sudradio.fr,
24:28 la chaîne YouTube de Sud Radio. Attention, on a
24:30 dépassé les 900 000 abonnés. Merci, merci.
24:32 On est ravis de vous avoir
24:34 avec nous. Et puis,
24:36 merci aussi à Julien qui réalise pour vous
24:38 aujourd'hui, aux équipes de Sud Radio.
24:40 Et puis, bisous les copines, bisous les copains.

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