Dans Destins de Femmes, Judith Beller reçoit Sarah Barukh, écrivaine, activiste, conférencière et auteure "De bleu, de blanc, de rouge et d'étoiles" - Ed. HarperCollins
"Destins de Femmes" nous raconte les parcours des femmes extraordinaires qui tissent le lien de notre République. Nous explorons des thèmes universels tels que la lutte pour l’Egalité des genres, la liberté d’expression, la diversité culturelle, le droit à disposer de son corps. Emission tirée du livre de Valérie Perez-Ennouchi, "Destins de Femmes", sorti chez Ramsay, prix Edgard Faure 2021.
Une émission de Judith Beller.
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##DESTIN_DE_FEMMES-2025-01-11##
"Destins de Femmes" nous raconte les parcours des femmes extraordinaires qui tissent le lien de notre République. Nous explorons des thèmes universels tels que la lutte pour l’Egalité des genres, la liberté d’expression, la diversité culturelle, le droit à disposer de son corps. Emission tirée du livre de Valérie Perez-Ennouchi, "Destins de Femmes", sorti chez Ramsay, prix Edgard Faure 2021.
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00:00La caisse d'épargne Ile-de-France, fière de soutenir toutes les femmes, vous présente
00:05Sud Radio, Destin de Femmes, Judith Beller.
00:09Bonjour, bonjour, tout d'abord une merveilleuse année à toutes et à tous, je suis très
00:13heureuse de vous retrouver pour Destin de Femmes, l'émission du féminisme autrement
00:17inspirée par le livre de Valérie Pérez.
00:19Mère, écrivaine, activiste, conférencière, femme qui ne lâche rien, c'est ainsi que
00:24Sarah Baruck se présente sur les réseaux sociaux, survivante et porte-voix des victimes
00:27de violences conjugales, elle est à l'origine de projets marquants comme le documentaire
00:30Vivante et le livre Collectif 125 et des milliers, d'où découle son association d'ailleurs,
00:35125 et après, en référence au nombre moyen des féminicides en France chaque année.
00:41Sarah, vous venez aujourd'hui avec votre nouveau livre, de bleu, de blanc, de rouge
00:45et d'étoiles, tout juste sorti chez Harper's Collins, c'est un grand roman, comme le surnomment
00:48déjà certains critiques, qui résonne tout particulièrement en cette année des dix
00:52ans de l'attentat de Charlie Hebdo, on va en parler évidemment, bienvenue sur Sud Radio.
00:55Merci, merci et bonne année Brigitte, euh, bonne année Judith.
01:03J'ai été renommée aujourd'hui, j'adore.
01:05Ça commence bien, ça commence bien.
01:06On garde, on garde, on garde.
01:07Bonne année Brigitte.
01:08On adore.
01:09Alors, ben écoutez, j'aime beaucoup mon nouveau prénom Sarah.
01:12Tout va bien, tout va bien, je suis en grande forme.
01:15Les questions usuelles de cette seconde saison, alors déjà votre définition du féminisme
01:19à vous, Sarah Baruck.
01:21Et j'aime assez dire que finalement le féminisme, c'est essayer de pointer tout ce que les
01:27femmes n'ont pas le droit ou ne peuvent pas faire et essayer de l'acquérir.
01:31D'accord, c'est-à-dire par quels moyens on fait ses acquis ?
01:36J'aime bien l'idée de passer par les chemins qui n'ont pas l'air évidents, c'est-à-dire
01:43que moi, aller sans arrêt me plaindre que l'État ne fait pas ci, l'État ne fait pas
01:49ça, que l'État a plein d'autres choses à faire et qu'en attendant...
01:52Il fait quand même pas mal du job.
01:54Il fait, voilà, moi je suis plutôt une optimiste, donc en fait je préfère essayer de prendre
02:00chaque cas qui vient à moi et de pointer finalement ce qu'on peut améliorer là tout
02:07de suite maintenant plutôt que d'aller manifester pendant dix ans pour obtenir quelque chose
02:11qui ne changera rien en gros.
02:12Donc voilà, moi je suis une pragmatique, j'ai pas peur de mettre les mains dans le
02:17lit et je suis proche des victimes.
02:20Action concrète quoi.
02:21Ouais, action concrète.
02:22Est-ce que les hommes y peuvent être féministes ?
02:24Ah bah tout à fait, heureusement.
02:26L'idée quand même, c'est pas de créer une nouvelle guerre.
02:29Si on considère que la guerre des sexes c'est quelque chose qui existe, dans les
02:33faits effectivement ça existe un peu quand même.
02:35L'idée c'est pas de prendre une revanche, c'est de faire en sorte qu'on puisse s'aimer
02:38sans se faire trop mal.
02:39Parce que la révolution ça coupe des têtes aussi quoi.
02:42La révolution ça coupe des têtes et puis au final c'est un cercle infernal, vicieux
02:46qui passe son temps à se reproduire.
02:47Donc il faut sortir de ça justement.
02:49Et l'objectif c'est de pouvoir s'aimer, encore une fois, sans qu'il y en ait qui
02:54meurent, sans qu'il y en ait qui pleurent, sans qu'il y ait des enfants qui pâtissent
02:57de tout ça.
02:58Et donc c'est un projet de société à réaliser avec les hommes.
03:02Ensemble.
03:03Et ensemble, tout à fait.
03:04Vous avez un exemple d'homme féministe autour de vous ?
03:06Bah mon frère, je dirais.
03:09C'est votre premier fan ?
03:11C'est mon premier fan.
03:13C'est mon éditeur chez Harper Collins, Mathieu Johan.
03:17Je lui fais d'ailleurs un petit coucou.
03:19Donc oui, j'en ai plein en fait.
03:22J'en ai plein.
03:23Je sais pas s'il se présente comme ça.
03:25Bonjour, je m'appelle Jean-Luc et je suis féministe.
03:27Mais en tout cas, à partir du moment où il considère qu'un livre écrit par une femme
03:33n'est pas un livre de femmes pour les femmes, déjà, pour moi, c'est pas forcément revendiquer
03:38féministe.
03:39Non mais c'est un acte féministe en la même.
03:40Je dirais que tous ceux qui ne sont pas misogynes, quelque part, sont féministes.
03:45Je suis assez d'accord.
03:46Un obstacle à cet avancement du droit des femmes justement, mis à part la guerre permanente,
03:52selon vous ?
03:53Je dirais les dérives religieuses.
03:56Quelles qu'elles soient d'ailleurs.
03:58Quelles qu'elles soient.
03:59Je ne connais pas de religion en fait qui ne crée pas de distinction entre les hommes
04:05et les femmes.
04:06Et la définition du féminisme telle qu'elle est donnée un peu partout, c'est pas la
04:09mienne mais c'est celle en tout cas vers laquelle je me réfère quand je lis, quand
04:14je réfléchis, c'est égalité des droits et possibilité d'émancipation.
04:19Et dans toutes les religions.
04:21Que ce soit à travers le corps des femmes que l'on doit couvrir, que ce soit chez les
04:26juifs avec la perruque ou le chapeau chez les musulmanes avec le voile.
04:31Mais le voile était aussi recommandé pour les femmes catholiques avant que...
04:35Ils avaient des foulards souvent sur les têtes.
04:37Ça s'appelait...
04:38Un défondage des fichus quoi.
04:40Un fichu.
04:41Ou alors tout simplement que des hommes qui décident finalement en se nommant eux-mêmes
04:48prophètes de ce que les femmes peuvent ou ne peuvent faire et qui du coup décident du
04:51moyen de contraception, décident comme c'est le cas dans l'église aujourd'hui, peu importe
04:59les courants, mais l'hindouisme aussi imposait des différences entre les hommes et les femmes.
05:04Donc finalement toutes les religions...
05:05Monothéistes ou polythéistes.
05:06Exactement.
05:07Créent des distinctions entre les hommes et les femmes et donc ce sont des freins au féminisme.
05:14Bien sûr.
05:15Alors qu'est-ce qui avance, qu'est-ce qui améliore cette condition des femmes aujourd'hui
05:19selon vous ? C'est quoi l'avancée principale ?
05:21Je trouve que les réseaux sociaux permettent une facilité de partage.
05:27De la parole.
05:28De la parole du coup, des témoignages, des récits que l'on peut lire et finalement de
05:35cette impression qu'on n'est pas seul.
05:37Parce que là c'est génial.
05:39Donc toi Brigitte, tu as une émission.
05:45Ça ferait bébé en même temps.
05:46Brigitte Bélair, on adore.
05:47Oui, ce serait cool.
05:48Je ne sais pas pourquoi, vraiment je suis désolée.
05:50Ça ressemble à Judith, tout va bien ça.
05:53Quoi qu'il en soit, les femmes ont des émissions aujourd'hui de plus en plus où elles décident
06:00du fond de l'émission, où ce ne sont pas uniquement des potiches.
06:03Elles sont productrices quoi.
06:04Voilà, productrices, rédactrices en chef, etc.
06:08Donc elles permettent l'éclosion, mais c'est encore peu significatif.
06:13Je crois que c'est 30% le nombre de femmes qui ne sont pas des potiches à l'écran
06:18ou à la radio, etc.
06:20Même si je n'ai pas de problème avec le fait de présenter la météo ou autre.
06:23Oui, il y a aussi des potiches hommes.
06:25Il y a aussi des potiches hommes, c'est pour ça que ce n'est pas une critique.
06:28Mais quoi qu'il en soit, qui décident du fond, c'est encore une minorité.
06:31Heureusement qu'il y a les réseaux sociaux pour permettre de créer cette contrebalance
06:36et de pouvoir montrer qu'un sujet est important quand jusqu'ici on en minimisait l'impact.
06:44On parle au vrai sur Sud Radio, vous le savez.
06:46Parlons de vous un peu.
06:48Simone de Beauvoir nous disait qu'on ne naît pas femme, on le devient.
06:52Quand est-ce que vous êtes devenue femme ?
06:54Je dirais que je suis devenue femme de la même manière que je suis devenue juive.
06:59C'est-à-dire à travers le regard de l'autre et surtout la souffrance que ça génère.
07:03Je dirais que je suis devenue femme à mon premier avortement.
07:06Et alors pourquoi, comme vous êtes devenue juive, par rapport au 7 octobre, le regard a changé ?
07:12Pour moi, ça date bien avant ça.
07:16Moi je suis devenue juive quand j'avais 13 ans et que j'ai été frappée parce que
07:20du jour au lendemain dans mon collège,
07:24il y a une jeune femme, une collégienne qui est arrivée avec un tchador,
07:28à l'époque on appelait ça comme ça,
07:30et ça a créé une émeute parce qu'on la renvoyait le jour même.
07:34Et du jour au lendemain, la religion s'est invitée dans notre établissement.
07:38Ça aurait été la même chose dans l'espace public.
07:41Et ça a l'air d'être un raccourci, mais non, ça ne l'est pas.
07:46C'est-à-dire que du jour au lendemain, l'identification à travers une religion,
07:51le fait que ça supplante tout le reste, s'est imposée.
07:55Alors elle, évidemment, elle ne m'a rien fait,
07:57mais tout autour, ceux qui étaient très en colère,
07:59qui ont commencé à balancer des chaises dans les salles de classe, etc.,
08:03ont fait que je me suis faite insulter, frapper,
08:05que j'ai dû changer d'école en cours d'année dans l'urgence.
08:08Donc je suis devenue juive, pour moi, à ce moment-là.
08:10Donc ce qui était un non-sujet est devenu un sujet à cause des autres ?
08:13Dans la mesure où ça a dicté finalement mon quotidien.
08:16J'ai dû, du jour au lendemain, faire une heure et demie de métro chaque jour,
08:21aller dans un milieu qui n'était pas le mien,
08:23changer d'école, perdre mes amis.
08:25Donc ça a totalement changé ma vie.
08:28Et de cette douleur, vous avez fait de la lumière, j'ai envie de dire, Sarah Barruc.
08:32Si, je serais très contente de vous l'entendre.
08:34C'est vrai, c'est ce que vous faites même dans votre livre, en général.
08:36C'est votre manière d'aborder la vie, en fait.
08:38Moi, je crois que la vie, ce qui compte,
08:41ce n'est pas tellement ce qui nous arrive, c'est ce qu'on en fait.
08:44Je suis là, je n'ai pas l'intention de partir tout de suite.
08:46Il y a assez de gens comme ça qui peuvent nous créer des déceptions, des désillusions,
08:51beaucoup de tracas.
08:52Donc je pense que le meilleur pied de nez,
08:54c'est justement de trouver la réponse la plus lumineuse possible.
08:58Tête haute.
08:59Alors Sarah Barruc, votre livre,
09:01De bleu, de blanc, de rouge et d'étoiles,
09:04c'est votre tout dernier roman.
09:05Il est sorti chez Harper's Collins.
09:06Dans ce livre, vous nous racontez les vies difficiles de femmes et d'hommes
09:09confrontées à la violence, à l'antisémitisme, au terrorisme,
09:12à l'intolérance, à l'islamisme, à l'oppression, à la pauvreté.
09:15Puis un petit bout de vous aussi.
09:17Jeanne, votre héroïne principale, c'est un peu votre alter ego, non ?
09:20Tout à fait.
09:21Elle est inspirée de ma vie, de celle de ma sœur aussi
09:24et de celle de plusieurs proches.
09:26J'ai essayé de faire un gloobie boulga.
09:29Elle est tiraillée entre le pays où elle est née, c'est-à-dire la France,
09:34le pays où elle a cru renaître, Israël,
09:37et dans lequel elle a été totalement choquée.
09:40Elle est revenue à cause d'un attentat ?
09:43Elle est revenue parce qu'il y a eu la deuxième guerre du Liban,
09:46qu'il y a eu un attentat auquel elle a réchappé de justesse.
09:50Et puis c'était trop pour elle, c'était trop dur, ce quotidien.
09:54Elle est revenue en France et elle est de nouveau...
09:57Vous avez essayé, vous aussi, d'aller vous installer en Israël ?
09:59Oui, j'ai essayé.
10:00J'ai essayé, alors pas de manière totalement stable.
10:03J'étais entre Paris et Tel Aviv pendant plusieurs années.
10:08Et puis, comme Jeanne, je suis revenue.
10:11J'ai pas réussi.
10:12Parce qu'elle est dure la vie là-bas ?
10:14Elle est extrêmement dure et c'est un petit peu ça aussi le point de vue de ce livre.
10:18C'est une phrase de Robert Badinter qui m'a inspiré, qui m'a dicté ce livre.
10:22C'est qu'il faut donner aux faits et aux idéologies leur vérité humaine
10:27pour comprendre ce qui se passe.
10:29Et on résume dans les médias beaucoup Israël à la politique d'un gouvernement
10:33en effaçant totalement les civils.
10:35Le peuple.
10:36Voilà.
10:37Et c'est ce que j'ai essayé de rendre avec le personnage de Jeanne.
10:39Vous êtes bien sur Sud Radio et nous aussi en Destin de Femmes.
10:42C'est en compagnie aujourd'hui de l'écrivaine et activiste Sarah Baruc
10:45qui est de son dernier roman De Bleu, De Blanc, De Rouge et d'Étoile
10:48qui est sorti chez Harper's Collins.
10:50Je vais y arriver entre Brigitte et Herbert.
10:52Ne partez pas trop loin, nous on reste là avec vous.
10:54Allez, à tout de suite.
10:56La Caisse d'Épargne, Île-de-France, fière de soutenir toutes les femmes,
11:00vous présente Sud Radio, Destin de Femmes, Judith Belair.
11:04Oui, Destin de Femmes sur Sud Radio, c'est l'émission du féminisme
11:07autrement les femmes et les hommes.
11:09Décidément aujourd'hui, ensemble.
11:11Allez, aujourd'hui on est avec l'écrivaine et activiste fondatrice de l'association
11:15125 et après Sarah Baruc et son dernier roman De Bleu, De Blanc, De Rouge et d'Étoile.
11:19Bienvenue à vous qui nous rejoignez.
11:22Alors Sarah Baruc, il y a aussi une postface dans ce livre
11:26que vous nous expliquez, qui ancre, en fait vous nous expliquez
11:29quelles sont les inspirations de vos récits.
11:32Ça les ancre dans le réel.
11:35Toutes ces histoires qui se rejoignent, elles ont, comme vous le disiez tout à l'heure,
11:39un point commun c'est l'humanité, c'est-à-dire qu'on se met tout d'un coup
11:42à la place des gens, quel que soit le point de vue d'ailleurs,
11:45le point de vue aussi du terroriste, etc.
11:47Donc c'est intéressant de donner de l'humanité à tout cela.
11:50Est-ce que c'est la nécessité qui a guidé vos choix d'histoire ?
11:53Comment est-ce qu'elles se sont imposées à vous ?
11:56Alors, pour le coup, vraiment le 7 octobre,
11:59autant l'antisémitisme, je l'ai connu depuis que je suis toute petite,
12:04j'ai envie de dire que ça va avec le package juive,
12:07mais le 7 octobre, j'ai eu l'impression de vivre dans un monde parallèle,
12:12avec une certaine compréhension de ce qui se jouait,
12:16on va le dire clairement, à l'extrême gauche et à l'extrême droite aussi,
12:20de toute façon dès qu'il y a l'extrême ou l'ultra, moi ça me pose un petit problème.
12:24Et je me suis dit, mais c'est pas possible de réfléchir comme ça,
12:28j'avais l'impression de voir des gens prisonniers d'idéologie,
12:31on est à gauche alors on doit penser comme ça,
12:33on est à droite alors on doit penser comme ça,
12:35alors qu'au milieu il y a des gens qui crèvent,
12:37et il y a juste des gens qui ont envie de vivre sans se prendre des bombes,
12:41quel que soit le côté de la frontière,
12:43et d'ailleurs quel que soit le pays en crise.
12:45Et j'ai eu envie de dire ça,
12:47j'ai eu envie d'épeindre une sorte de fresque d'humains,
12:51confrontés à la violence qu'ils n'ont pas choisi,
12:55parce qu'au final la plupart des civils...
12:57Personne ne l'a choisi.
12:59C'est une immense...
13:01Je veux dire, c'est pas la majorité quoi,
13:05les gens haineux dans la vie,
13:07on le devient parfois quand on est désespéré,
13:09et c'est pas une excuse,
13:11mais quoi qu'il en soit...
13:13Il y a une histoire derrière.
13:15Ceux qui naissent dans l'idée d'aller tuer des gens,
13:17c'est quand même pas la majorité de l'humanité.
13:19Donc j'avais envie de raconter ça,
13:21comment on réagit quand on n'a pas le choix.
13:23Alors vous le dites,
13:25vous êtes pour la justice sociale,
13:27mais impossible d'être à gauche désormais.
13:29Pour moi en tout cas.
13:31Pour la majorité je pense des juifs de France.
13:33En l'occurrence c'est à la fille le problème, on est d'accord ?
13:35C'est à la fille, et puis c'est le fait que
13:37tant de gens qui ne sont pas à la fille
13:39et soient dans la gauche
13:41d'où je viens,
13:45n'aient pas eu de scrupules à s'allier avec eux.
13:47Et alors,
13:49Résistance Laïque c'est votre hashtag.
13:51L'idée c'est qu'on peut être laïque
13:53et respecter les autres.
13:55Il faut expliquer ce que c'est la laïcité.
13:57Oui,
13:59j'ai aussi une association qui s'appelle Résistance Laïque
14:01pour tous ces sujets,
14:03dont vous parlez moins pour l'instant.
14:05Oui,
14:07c'est-à-dire qu'aujourd'hui il faut être
14:09sacrément accroché pour rester humaniste,
14:11pour rester dans l'idée d'un progrès social.
14:13Quand ces idées-là
14:15sont censées être représentées
14:17par la gauche ou le centre
14:19ou on va dire
14:21la droite tendre,
14:23par les gens gentils en tout cas,
14:25ils sont de moins en moins nombreux.
14:27Ça appelle en soi
14:29à un réel combat
14:31de ne pas tout mélanger,
14:33de ne pas virer dans l'aigreur,
14:35de ne pas virer dans les envies de violence
14:37quand tout le monde est à ce point obtus
14:39et n'hésite pas à proférer
14:41des propos qui antisémites,
14:43qui islamophobes,
14:45en tout cas c'est vrai qu'en ce moment
14:47c'est très antisémite, ça ça dérange personne.
14:49Ça en dérange quelques-uns
14:51heureusement.
14:53J'ai tendance à être un peu désespérée.
14:55Mais en tout cas il commence
14:57à se faire entendre. On va dire que pendant
14:59les premiers mois du 7 octobre, puisqu'on en est
15:01au début de l'écriture de ce livre,
15:03je me suis sentie dans une solitude.
15:05À ce moment-là
15:07je me suis sentie dans une solitude extrême,
15:09dans un désespoir aussi de qu'est-ce que je raconte
15:11à ma fille de 5 ans et demi,
15:13dans quel monde on va, comment faire
15:15pour montrer que les choses ne sont pas
15:17binaires, qu'il n'y a pas d'un côté les gentils et les méchants,
15:19que des gentils et des méchants il y en a partout.
15:21Ça a l'air d'être débile de dire ça.
15:23Mais vous l'écrivez très bien dans votre livre.
15:25C'est ce qu'on en comprend en fait.
15:27C'est que justement donner ce point de vue
15:29d'humanité, ça permet de comprendre que finalement
15:31c'est pas toujours tout blanc, tout noir.
15:33Non et j'aime assez, sans rentrer
15:35forcément dans la situation
15:37entre, au Proche-Orient,
15:39le dilemme d'Isaïas
15:41qui lui est érythréen
15:43et qui doit fuir l'Erythrée.
15:45Qui est un migrant, qui erre
15:47depuis des années, dans l'espoir
15:49un jour de pouvoir rappeler sa mère.
15:51Et qui se retrouve
15:53un peu bouche bée devant le discours
15:55d'une militante de Médecins Sans Frontières
15:57mais qui aurait pu être de plein d'autres
15:59associations et qui finit par lui dire
16:01Inspirez le message que vous avez reçu.
16:03Je l'explique,
16:05je parle de Médecins Sans Frontières parce que
16:07c'est toujours la grande excuse des gens qui m'attaquent
16:09sur les réseaux sociaux en m'envoyant des mails
16:11Regardez comment on est géniaux
16:13C'est comme l'ONU
16:17Tout est inspiré de faits réels
16:19dans ce livre et effectivement
16:21j'ai reçu tellement de messages horribles
16:23de femmes qui me disaient comment vous voulez dire ça
16:25moi qui ai été militante à Médecins Sans Frontières.
16:27Généralement quand ça commence comme ça
16:29j'ai mal barré. J'ai pas besoin de cartes
16:31magiques en fait, le propos pour moi
16:33dépasse la carte de visite. Vous discutez quand même
16:35ou vous laissez tomber dans ces cas là ?
16:37J'aime bien discuter
16:39quand je vois que les gens en face sont sincères
16:41que sincèrement ils ont envie d'agir
16:43que sincèrement la misère
16:45les dégoûte et qu'ils ont
16:47besoin de se raccrocher à une idée
16:49pour se dire qu'ils sont du bon côté
16:51mais le bon côté en fait c'est jamais définitif
16:53c'est chaque cas qui doit être
16:55remis en question, chaque situation
16:57qui impose de se poser des questions
16:59et de mener des enquêtes. Voilà.
17:01Sarah Baruc, 125 c'est en moyenne
17:03le nombre de femmes qui chaque année en France
17:05meurent sous les coups de leur conjoint ou ex-compagnon
17:07soit tous les deux jours et demi
17:09sans compter les milliers de vies abîmées et détruites
17:11on imagine que c'est ce qui vous a
17:13motivé à créer cette association 125 et après
17:15sur ce chiffre là
17:17justement qui est quand même aberrant
17:19qui est totalement aberrant parce qu'il est faux
17:21parce qu'il est en fait bien plus grand
17:23il est tellement sous-évalué
17:25je vais vous faire la démonstration de manière pragmatique
17:27sans rentrer dans les détails. En France depuis
17:292020 le suicide forcé est reconnu comme
17:31un féminicide. Il y en a à peu près 270
17:33par an qui sont comptabilisés
17:35parce que quand je parle à des médecins légistes
17:37la plupart ne font pas d'enquête en fait quand il y a une femme qui se suicide
17:39donc si on les prend en compte
17:41c'est plus d'une femme qui meurt chaque jour
17:43les co-victimes ne sont pas comptabilisés
17:45que ce soit les enfants qui sont tués en même temps
17:47ou la maman qui hébergait sa fille etc
17:49il y en a des centaines chaque année. Ils sont comptabilisés
17:51nulle part et enfin, et ça c'est un des
17:53projets aussi de l'assaut à moyen terme
17:55il n'y a aucun chiffre officiel
17:57qui comptabilise
17:59l'impact sur la santé des femmes
18:01et le développement des maladies mortelles
18:03quand elles subissent de la violence
18:05Et ça vous pouvez en parler vous ?
18:07Je peux en parler parce qu'effectivement moi quand je me suis
18:09enfuie, le fait d'avoir senti une boule
18:11dans mon sein et de
18:13me dire que peut-être que j'allais être
18:15exaucée de toutes les fois où j'avais supplié
18:17de mourir et que ça n'arrivait pas
18:19et finalement quand on
18:21parle à des oncologues, quand on parle à des cardiologues
18:23quand on parle à des endocrinologues, tous sont
18:25formels, évidemment quand on est soumis
18:27à un stress aigu pendant des années
18:29chaque jour, on développe des maladies mortelles
18:31sauf qu'il n'y a jamais d'enquête
18:33C'est pas normal ça
18:35Il y a aussi ce film Vivante
18:37qui est passé sur Canal+, il y a peu ce documentaire
18:39qui est réalisé par Claire Lajeuny
18:41qui met aussi en lumière le processus
18:43de résilience et de reconstruction parce qu'on va
18:45partir sur une note d'espoir quand même
18:47c'est essentiel pour vous de montrer non seulement
18:49la souffrance mais l'espoir et la force des survivantes
18:51et de ces femmes qui arrivent à se reconstruire
18:53malgré le désespoir
18:55Je dirais que c'est même plus que ça
18:57quand on a survécu
18:59à son monstre, on a une force
19:01inébranlable et c'est ça que
19:03je dis, évidemment qu'on n'est
19:05jamais indemnisé à la hauteur de ce dont on a
19:07souffert moralement ou physiquement
19:09ou financièrement, n'empêche que
19:11quand on a réussi
19:13à se dire que la vie serait plus forte
19:15à se dire qu'on méritait mieux que ça
19:17à se dire qu'on allait y arriver et que
19:19on a monté chaque
19:21petite marche vers la vie
19:23qu'on espère se construire
19:25mais rien ne peut nous
19:27arriver. Indestructible
19:29Indestructible
19:31Vous continuez à militer pour la lumière
19:33malgré les tragédies
19:35ou en raison de ces tragédies on pourrait dire
19:37peut-être ? Oui
19:39en fait moi
19:41pour agir j'ai besoin d'être en colère
19:43parce que c'est mon moteur
19:45j'ai besoin d'en faire quelque chose qui justement
19:47va transformer cette colère
19:49en force positive du coup
19:51En gueulant un peu quand même
19:53en tapant un peu du poing
19:55dans mon oreiller
19:57mais j'essaye de faire toujours
19:59quelque chose
20:01qui va donner envie de s'intéresser
20:03par exemple quand je fais le projet
20:05des éclipses aux éclipsés
20:07c'est des photos thématiques et symboliques
20:09que je fais les jours d'éclipses pour parler
20:11de tous les combats féministes encore éclipsés
20:13des médias ou
20:15de la cause publique. Et où est-ce que vous allez chercher toutes ces idées ?
20:17Je n'en parle pas beaucoup
20:19Vous êtes très très multiples
20:21dans vos activités aussi
20:23Les photos qu'on fait, d'ailleurs il y en a deux
20:25qui arrivent parce que les deux prochaines éclipses
20:27sont au mois de mars
20:29quand on s'était rassemblés chacune
20:31avec des cordes pour parler des femmes iraniennes
20:33que l'on pend, quand on avait rassemblé
20:35plus de 600 paires de chaussures qu'on avait peintes
20:37en rouge au pied du trocadéro
20:39pour parler des féminicides
20:41parce que la chaussure rouge c'est le symbole du féminicide
20:43mais en fait la photo elle est sublime
20:45et donc ça donne envie de s'y intéresser
20:47ça devient de l'art
20:49parce que l'art est là pour mettre en lumière
20:51et quand le grand public n'est pas concerné
20:53il n'est pas sensible
20:55à la misère brute
20:57il faut la sublimer
20:59Si vous aviez un souhait
21:01Sarah Baruc
21:03je vais y arriver aujourd'hui
21:05Si j'avais un souhait
21:07je vais dire très pragmatique
21:09je ne parle pas de travail
21:11là vous voyez la semaine prochaine
21:13je fais mon dixième déménagement en cinq ans
21:15parce que l'après des violences c'est ça aussi
21:17c'est une forme d'instabilité
21:19Papa qui vous retrouve ?
21:21Il y a eu au début de ça
21:23les premiers mois
21:25puis après il y a eu que je n'avais pas tout de suite les moyens
21:27de vivre ailleurs que dans mon bureau
21:29ensuite je suis partie
21:31j'ai été encore une fois sensible à l'amour
21:33et ses promesses
21:35bref, cinquième déménagement
21:37dixième c'est beaucoup quand même
21:39donc j'aimerais bien
21:41que le prochain appartement
21:43je puisse y rester un peu plus longtemps
21:45C'est tout ce qu'on peut espérer pour vous Sarah Baruc
21:47Bravo en tout cas pour vos engagements
21:49Merci Julie
21:51Deux bleus, deux blonds, deux rouges et des toiles
21:53c'est un très joli livre
21:55je vous le recommande
21:57et c'est poignant, c'est tout juste sorti chez Harper's Collins
21:59et c'est le livre de Sarah Baruc
22:01Eh bien chers auditeurs, chères auditrices
22:03n'oubliez pas demain c'est excellent à 19h
22:05la première de l'année 2025
22:07et puis vous pouvez tout retrouver sur sudradio.fr
22:09la chaîne YouTube
22:11les réseaux sociaux, Deezer, etc
22:13et puis merci à Julien qui réalise pour vous aujourd'hui
22:15et bisous à tous et encore une merveilleuse année
22:17Bisous à toutes et à tous, bye