• il y a 9 mois
L’École des Ponts ParisTech a renouvelé pour cinq ans sa chaire « Supply chain du futur » lancée en 2019. Objectif : renforcer les liens entre les entreprises et le monde académique, qu’il s’agisse de chercheurs ou d’étudiants, et de partager les bonnes pratiques. L’occasion d’aborder l’enjeu croissant de la gestion des risques au sein des chaînes d’approvisionnement ou encore la décarbonation de la supply chain.

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Transcription
00:00 [Musique]
00:06 L'invité de Smart Impact, c'est Anthony Briand. Bonjour.
00:09 Bonjour.
00:10 Bienvenue. Vous êtes le directeur de l'école des ponts Paris Tech.
00:12 On va parler de cette chère supply chain du futur
00:16 que vous avez renouvelée en janvier pour cinq années supplémentaires.
00:19 Elle avait donc été créée en 2019.
00:22 Si on remonte à l'origine, c'était quoi votre idée de départ ?
00:24 Pourquoi vous l'aviez créée ?
00:25 L'idée de départ, c'est comme dans notre école d'ingénieurs,
00:28 c'est de mettre au contact nos étudiants avec les professionnels.
00:31 Cette chère, c'est d'offrir des opportunités à la fois pour nos étudiants
00:35 d'aller au contact des industriels de la supply chain
00:39 et pour les industriels de la supply chain de venir au contact de nos étudiants
00:43 et de nos chercheurs pour réfléchir à ce qui fera la supply chain du futur.
00:47 Effectivement. On va voir déjà comment ça a pu évoluer en cinq ans
00:52 et puis ce que vous imaginez pour la suite.
00:53 Mais les partenaires, effectivement, c'est important.
00:56 Qui sont les partenaires "historiques" et les nouveaux pour ce renouvellement ?
01:00 On a quelques partenaires historiques qui nous font confiance et qui renouvellent.
01:03 Il y a quelques-uns qu'on a fait évoluer.
01:05 Renaud, Michelin et Louis Vuitton sont des partenaires qui étaient dans la première chaire
01:08 et qui poursuivent avec nous.
01:10 On avait Cédis Kunt dans la première version.
01:13 C'est Decathlon qui vient dans cette nouvelle chaire.
01:16 Et puis, on a le cabinet Argon & Co,
01:18 qui est un spécialiste du conseil sur les enjeux d'opération et de supply chain
01:22 qui nous accompagne pour densifier notre discussion et notre partage.
01:25 Qu'est-ce que vous avez identifié pendant ces cinq premières années
01:30 et quel, finalement, enseignement vous avez pu partager ?
01:33 Alors, ce qui est intéressant avec cette chaire,
01:35 c'est qu'en gros, ça tourne autour de trois objets.
01:37 Le premier, c'est innover.
01:38 C'est donc se poser la question à partir des problèmes réels
01:41 que rencontrent les industriels sur vers où il faut aller.
01:44 Et là, il y a un gros enjeu lié aux données, à l'intelligence artificielle et à la numérisation.
01:50 Et puis, il y a beaucoup de... Il y a partagé ces problématiques-là,
01:53 les mettre devant nos élèves, offrir des opportunités d'enseignement.
01:57 Et puis, la recherche, c'est-à-dire mettre au service de ces industriels
02:01 les capacités de recherche de l'école pour les aider à lever les verrous scientifiques.
02:06 Innover, former, partager.
02:07 Sur l'innovation, vous nous avez dit la data, l'intelligence artificielle.
02:11 Est-ce que les innovations, elles sont aussi majoritairement ou très majoritairement,
02:16 je ne sais pas, tournées vers la décarbonation ?
02:18 Alors, Smart Impact, effectivement.
02:19 On est au cœur de ces enjeux dans cette émission.
02:21 Effectivement, le point d'entrée de la réflexion, c'est ça.
02:24 C'est comment on décarbone le transport routier de marchandises.
02:30 Quelques chiffres.
02:31 Le transport, c'est 30% de nos émissions de gaz à effet de serre.
02:36 95%, c'est le transport routier.
02:38 Et dans ces 95%, un quart, c'est le transport de marchandises.
02:40 Donc, en fait, notre capacité à réduire le déplacement de marchandises,
02:45 et donc à une course, le moindre kilomètre,
02:48 a un impact direct sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
02:50 Et c'est au cœur de la réflexion.
02:51 Avec, je ne sais pas s'il y a déjà des innovations
02:54 qui ont été identifiées lors de ces cinq premières années
02:57 et puis que vous avez vu grandir, voyez ce que je veux dire.
02:59 Exactement.
03:00 Peut-être le meilleur exemple que je peux vous donner,
03:02 c'est les projets de recherche qui ont été construits
03:04 et qui aujourd'hui sont en plein épanouissement.
03:06 La recherche, ça prend du temps, ça prend trois ans pour faire un doctorat.
03:09 Et en fait, aujourd'hui, et c'est pour ça que pour l'école des Pons, c'est important,
03:13 c'est de mettre au cœur, par exemple, tous les enjeux de mathématiques
03:15 et d'intelligence artificielle, qui sont des vrais murs scientifiques,
03:19 au service des industriels pour optimiser, par exemple, le chargement de leur camion,
03:23 optimiser leur route et donc faire moins de déplacements.
03:26 Et en fait, ça paraît très simple comme problème,
03:28 ça devient très vite technologiquement et scientifiquement compliqué.
03:31 Et c'est ça qui est en jeu dans la recherche.
03:34 Je me souviens effectivement de discussions avec Cédis Kunt,
03:36 qui était partenaire de la première chaire sur, c'est du Tetris quoi,
03:40 comment faire entrer tous les colis dans un camion,
03:44 le fait d'avoir réduit la quantité de cartons utilisés pour emballer les produits,
03:50 tout ça, ça passe par, effectivement, de l'innovation et de la recherche.
03:56 Est-ce que, si on… alors là, je reviens vraiment en arrière sur ces enjeux,
04:00 est-ce que vous diriez pour les grands groupes qui sont vos partenaires,
04:03 mais d'une manière générale pour les entreprises,
04:06 que la crise du Covid-19 a marqué une rupture en matière d'enjeux de logistique
04:11 et de réflexion sur ce que peut devenir la supply chain ?
04:14 Oui, en tout cas, ça a rééquilibré un certain nombre d'enjeux dans la chaire.
04:19 On parlait des carbonations, ça reste au cœur de l'enjeu de la chaire.
04:22 Il y en a peut-être un autre auquel nos industriels sont très sensibles,
04:24 c'est la gestion des risques.
04:26 Et le Covid-19 a mis au cœur la résilience de nos chaînes logistiques.
04:29 Et en fait, c'est… alors il y a le risque sanitaire,
04:31 mais il y a bien entendu le risque climatique,
04:33 adapter les chaînes logistiques à toutes les catastrophes diverses et variées qui arrivent,
04:37 en plus sur des réseaux logistiques qui sont par essence très européens,
04:41 voire très internationaux.
04:42 Et ça, c'est peut-être la deuxième dimension
04:44 sur laquelle nos partenaires industriels sont très importants,
04:47 c'est comment aussi on arrive à mieux gérer un risque qui devient de plus en plus fréquent en fait.
04:52 Oui, on peut rajouter à ce que vous avez cité,
04:54 celui des conflits et de la guerre depuis plus de deux ans en Europe.
04:59 Alors c'est plus sur le risque climatique,
05:02 c'est des choses qu'on peut, avec des modèles, on peut essayer de mieux l'anticiper,
05:06 de mieux adapter la chaîne logistique.
05:08 Les risques géopolitiques, c'est parfois un peu plus dur à anticiper.
05:10 Évidemment, on est beaucoup plus dans l'urgence.
05:15 Est-ce que si vous deviez définir là aujourd'hui,
05:20 puisque là on a beaucoup parlé de ce qui a évolué depuis cinq ans,
05:22 la supply chain, le futur, qu'est-ce que vous voyez poindre là comme nouveauté,
05:27 comme avancée technologique ?
05:29 Je pense que c'est vraiment l'enjeu,
05:32 et ce n'est pas propre à la supply chain, mais c'est très fort dans la supply chain,
05:34 c'est vraiment comment on optimise l'utilisation de la donnée.
05:37 En fait, ce qui a aussi beaucoup évolué dans ces cinq dernières années,
05:40 c'est que de la donnée qui n'était pas utilisable hier, le devient aujourd'hui.
05:44 Et comment on la valorise et comment on l'utilise à meilleur escient ?
05:47 Encore une fois, pour décarboner, donc réduire l'impact,
05:50 mais derrière, c'est de la création de valeur.
05:51 Il n'y a pas d'opposition là entre chercher un moindre impact environnemental
05:55 et optimiser les flux.
05:57 Et là, je parle de la partie déplacement, mais c'est vrai aussi dans les entrepôts.
06:01 C'est aussi comment on pense des entrepôts
06:04 qui sont mieux harmonieusement inscrits dans leur territoire.
06:08 Le lien entre ces entrepôts, comment il est optimisé ?
06:10 Donc, comment les opérations, par cette utilisation,
06:13 au maximum de l'information qui est générée, sont coordonnées ?
06:17 Donc, ça permet quoi ?
06:18 Ça permet d'affiner, c'est vraiment l'enjeu principal de la supply chain,
06:22 évidemment, le suivi d'un produit tout au long de son trajet.
06:29 Évidemment, je pose des questions un peu de Béossien, mais ça, c'est l'objectif.
06:34 Et avec des outils d'intelligence artificielle notamment, de blockchain,
06:39 qui permettent d'être encore plus efficaces là-dessus ?
06:41 C'est ça, mais ce n'est pas uniquement d'optimiser la route.
06:44 C'est dans l'entrepôt, d'optimiser le process pour, à la sortie de l'entrepôt,
06:49 savoir exactement comment on remplit le camion.
06:51 Vous parliez de Tetris.
06:52 Ça se joue des fois sur des choses qui paraissent des détails,
06:54 mais un carton qui, à un moment donné, fait qu'on a une nouvelle route qui s'ouvre ou pas.
06:59 Et puis ensuite, effectivement, dans le trajet aller, mais aussi dans le trajet retour,
07:03 la manière dont on va optimiser et optimiser les flux.
07:05 Donc, c'est vraiment toutes les opérations de la chaîne logistique
07:07 et pas seulement la partie déplacement qui sont au cœur de la réflexion avec ces données.
07:11 Alors, on a parlé de vos partenaires, des partenaires de cette chaire,
07:15 Supply Chain du Futur à l'École des Ponts.
07:18 Leur objectif, c'est quoi ?
07:20 C'est de toucher des étudiants, évidemment, de mettre en valeur leur marque employeur.
07:26 Qu'est-ce qui les amène là, en quelque sorte ?
07:28 Alors, c'est plusieurs choses.
07:30 Et puis, c'est plusieurs choses aussi pour l'École des Ponts.
07:32 Le premier, c'est effectivement d'un point de vue purement industriel.
07:35 C'est qu'aujourd'hui, les objets sur lesquels on travaille,
07:38 ils ne le trouvent pas sur le marché.
07:40 Il n'y a pas un logiciel qui leur permet de trouver la valeur que l'on crée avec les recherches que l'on fait.
07:45 Pourquoi ? Parce que, comme je le disais, c'est des problèmes scientifiques qui sont encore complexes.
07:49 Tout ce qui est lié à la comptabilité, à la gestion, ils n'ont pas besoin de recherche.
07:53 Sur ces sujets-là, ils n'ont encore besoin de recherche.
07:55 C'est ça qu'ils viennent chercher.
07:55 Et puis, effectivement, la marque employeur est importante parce qu'on parle d'entreprises
07:59 qui ont bien compris que leur modèle de croissance, leur modèle de développement devait se transformer.
08:04 Et donc, c'est aussi de les mettre au contact d'élèves ingénieurs.
08:07 Et pour nous, c'est important parce que c'est de montrer et d'expliquer par l'exemple à nos élèves ingénieurs
08:11 que ces industries-là sont en train de se transformer
08:13 et que ce qu'on essaie de leur enseigner, les outils qu'on essaie de leur donner,
08:15 est au service de cette technologie.
08:17 Ça veut dire que plusieurs de vos élèves ingénieurs ont trouvé des débouchés
08:22 dans des entreprises qui étaient partenaires de cette chaire,
08:25 ou alors, ça c'est un premier modèle, entre guillemets,
08:28 ou alors certains se disent "mais là, je suis en train de créer un business,
08:32 et donc, est-ce que je ne vais pas créer mon entreprise en quittant l'école ?"
08:35 Il y a deux possibilités, effectivement.
08:36 Alors déjà, il y a des offres de stage.
08:39 Cette année, enfin l'année dernière, on a quatre étudiants sur des sujets très différents.
08:43 Certains qui s'occupaient de supply chain proprement dit,
08:45 d'autres plus sur des modèles économiques, d'autres plus sur des sujets d'urbanisme,
08:48 qui sont intéressés à l'entrepôt du futur,
08:49 ce que je vous ai expliqué sur comment fonctionne un entrepôt.
08:52 Ça leur offre des possibilités de fin d'études et de premier emploi.
08:54 Et puis après, comme on est sur des objets très innovants,
08:57 et où, encore une fois, les verrous scientifiques sont importants,
09:00 ça permet de développer des business qui, à un moment donné,
09:03 peuvent donner de l'entreprenariat à des start-up.
09:05 Alors là, quand on reprend la liste de vos partenaires,
09:08 chacun est dans un domaine d'activité, mais est-ce qu'il y a une approche collective ?
09:12 C'est-à-dire, est-ce qu'on peut trouver sur ces questions-là
09:14 des entreprises qui, par ailleurs, sont concurrentes
09:16 et qui vont finalement mettre des moyens communs pour trouver une solution plus efficace ?
09:20 Ce qui est, je pense, une des forces de la chaire d'enseignement et de recherche sur le supply chain,
09:24 c'est qu'on a des entreprises qui ne sont pas en concurrence directe.
09:27 Elles ne sont pas sur les mêmes marchés.
09:29 Mais par contre, elles partagent la même complexité de comment on optimise,
09:33 comment on décarbone la supply chain,
09:35 comment on fait face aux risques et comment on améliore sa résilience.
09:39 Et vraiment, les trois mots de la supply chain, c'est l'innovation, le partage et l'enseignement et la recherche.
09:45 Et donc le partage, c'est ça qu'elles viennent chercher,
09:47 parce qu'elles peuvent mettre au pot commun des choses où elles ne sont pas directement en concurrence,
09:50 mais où les problématiques, qu'on soit décathlone ou qu'on soit michelin,
09:55 qu'on soit dans l'équipement sportif ou qu'on soit dans le pneu,
09:57 à un moment donné, les problèmes peuvent être eux-mêmes.
10:00 Merci beaucoup Anthony Briant et à bientôt sur Bsmart.
10:03 On passe à notre débat, la découverte du label Bioéquitable.

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