Nature = futur. C’est le slogan de l’édition 2025 de l’Université de la Terre. L’idée : rappeler que notre société ne peut se projeter dans l’avenir sans se préoccuper des enjeux environnementaux. Alors que les mouvements de pensée réactionnaires prennent de l’ampleur dans le monde, cet événement vise à engager toutes les générations autour des enjeux écologiques et humains.
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00:00Générique
00:06On parle de l'Université de la Terre dans notre débat avec son fondateur Jacques Huybrech, bonjour.
00:11Bonjour.
00:12Et Thomas Parouty, bonjour.
00:13Bonjour.
00:14Le fondateur de l'agence Mieux qui ose une chemise qui envoie du bois.
00:18Warming stripes.
00:19Oui, c'est bien, ça réveille.
00:20Pour ceux qui somnolent devant leur écran, ne réglez pas votre téléviseur, cette chemise est magnifique.
00:25L'Université de la Terre qui fête ses 20 ans, ce sera à l'UNESCO les 14 et 15 mars prochains.
00:31Alors, ça fait 20 ans, mais je vais quand même vous poser la question de base.
00:34De quoi on parle ? C'est quoi l'Université de la Terre ?
00:36D'abord, elle porte bien son nom.
00:38C'est-à-dire qu'on parle de notre planète et on parle de nous, notre espèce très particulière, les humains, sur cette planète.
00:45Ça fait 20 ans, effectivement.
00:46Alors, ça a démarré petit, en 2005.
00:48Mais c'est vrai que moi, j'ai une prise de conscience sur les enjeux écologiques et humains il y a pas mal d'années.
00:53Je me suis dit, voilà, il n'y a pas de rassemblement en France sur tous ces enjeux.
00:57Il faut réunir toutes celles et ceux qui pensent qu'on peut améliorer notre vie sur cette planète.
01:02Et voilà, en 20 ans, ça a grandi petit à petit avec des moments forts, avec la COP 21 en 2015.
01:07En 2022, on a accéléré effectivement l'évolution de cet événement.
01:12Alors, c'est un grand rassemblement qui réunit à peu près 10 000 personnes.
01:15L'idée, c'est quoi ? De faire vivre le débat d'idées, tout simplement ?
01:18Le débat d'idées et l'action, surtout.
01:19Donc, ça se transforme en action.
01:21L'idée, de plus en plus, vraiment, on est très orienté action.
01:24C'est vraiment de sensibiliser tous les publics.
01:26Et ça, c'est vraiment important.
01:27C'est un événement vraiment populaire, de 7 à 77 ans.
01:31Et effectivement, d'amener les citoyens à la fois à mieux comprendre plus finement les enjeux.
01:35La conscience, elle est là, maintenant.
01:37Maintenant, la compréhension des enjeux est très très faible.
01:39On s'aperçoit, même ceux qui sont des spécialistes, parfois, n'ont pas encore bien compris les enjeux.
01:44Et puis, d'amener chacun, chacune, à agir là où il peut, là où elle veut.
01:49Voilà. Et individuellement, collectivement.
01:51Donc, on est vraiment orienté action de plus en plus.
01:53Et c'est vrai que pour les années à venir, puisqu'on va fêter notre anniversaire,
01:56l'Université de la Terre va engager les citoyens à agir.
02:00Il y a beaucoup de grands événements autour de ces enjeux de RSE, Thomas Parouty.
02:05Comment l'Université de la Terre se différencie, d'une certaine façon ?
02:10Alors, effectivement, en France, on a la chance d'avoir plein de grands événements sur des sujets de développement durable.
02:15Donc, il y a l'Université de la Terre, qui est l'événement un peu un télo, quand même,
02:20où il y a des têtes d'affiches internationales.
02:22Moi, je me rappelle avoir vu le chef Raoni, d'avoir vu Mohamad Younous, Edgar Morin.
02:29Donc, on n'est pas là pour plaisanter.
02:31C'est du haut niveau ?
02:33C'est du très haut niveau.
02:34Et après, il y a d'autres événements, comme Pro Durable, qui est vachement dans les solutions pour les directions RSE,
02:40qui est donc assez technique, avec des experts vraiment de la RSE.
02:44Il y a Change Now, qui est l'événement plus international, très tech, investissement, etc.
02:51Et après, il y a quelques autres événements, comme l'université d'été de l'économie de demain,
02:56qui est organisée par Impact France.
02:58Il y a le congrès.
02:59On est plutôt bien lotis, quoi, si je vous entends.
03:01On a plein d'événements, et ça, c'est une grande chance,
03:03parce que ça nous permet soit de réfléchir et de se mettre en action,
03:07soit de trouver des solutions, soit d'avoir un regard sur l'international.
03:11Donc, on a énormément de chance.
03:13– On essaye de marcher du côté ensoleillé de la rue dans cette émission.
03:17Est-ce que, quand même, vous êtes un peu pessimiste en ce moment, Jacques-Louis Brèche,
03:20quand on voit un retour de Donald Trump aux États-Unis,
03:22quand on voit le budget 2025 qui coupe quand même assez massivement dans les ambitions environnementales ?
03:31– Alors, je ne vais pas vous dire que je ne suis pas pessimiste.
03:33Je suis à la fois extrêmement réaliste, c'est-à-dire que ce n'est pas très étonnant qu'on en arrive là.
03:39On a cru, effectivement, pendant le Covid et après le Covid, que le monde serait meilleur,
03:43mais honnêtement, personnellement, je n'y croyais pas trop.
03:45Voilà, donc là, il y a une espèce d'international réactionnaire,
03:48comme dirait notre Président de la République, qui est à l'œuvre.
03:51Donc, il va falloir, effectivement, que les forces positives
03:53sur les enjeux écologiques et humains se mobilisent.
03:55On voit bien qu'il y a de la dispersion de ce côté-là.
03:57Enfin, en tout cas, il y a à la fois une espèce de stupéfaction.
04:01On est vraiment surpris de ce qui est en train de se passer.
04:04Donc, je pense qu'il va y avoir une réaction très positive de la part de tous ces mouvements.
04:08– Mais est-ce qu'il y a aussi un questionnement sur ce qu'on a,
04:10on peut aussi se dire, qu'est-ce qu'on a raté pour que ces courants de pensée
04:14qui, parfois, vont jusqu'au climato-scepticisme,
04:17ou qui, en tout cas, veulent appuyer sur le frein,
04:19sont en train de gagner des points, notamment électoralement ?
04:22– C'est très complexe parce qu'on est 8 milliards sur cette planète.
04:25Il faudrait que les 8 milliards d'individus sur cette planète avancent dans le même sens.
04:28C'est à peu près irréaliste.
04:30Donc, il y en a qui n'ont pas envie d'avancer dans ce sens-là,
04:32il y en a qui sont sceptiques, il y en a qui ne veulent pas changer leur mode de vie.
04:35Donc, il va falloir trouver les solutions, qu'elles soient politiques,
04:39qu'elles soient économiques, qu'elles soient citoyennes,
04:41qu'elles soient des mouvements.
04:43Ce que nous, on essaye de faire avec l'Université de la Terre,
04:48c'est d'amener les citoyens à bien comprendre,
04:50et puis à rendre positifs ces transitions.
04:53Il y a beaucoup de transitions à faire en même temps.
04:55Là, en plus, il y a l'IA, il y a l'univers numérique et technologique
04:58qui est en train de se développer à fond.
05:00Donc, il va falloir aussi voir comment ça vient impacter
05:04les enjeux écologiques, sociaux et humains.
05:06Et ça va impacter très fortement.
05:08Tout ça est complexe.
05:10On est vraiment dans un univers extrêmement complexe.
05:12Donc, il faut qu'on décrypte ces complexités
05:14et qu'on donne envie aux gens d'y aller à sa manière,
05:17mais que chacun doit faire cet effort.
05:19Moi, j'ai l'impression qu'il y a deux éléments qui nous ont manqué
05:23et qui font qu'on arrive aujourd'hui à cette situation.
05:26C'est un, l'exemplarité, et deux, la pédagogie.
05:29L'exemplarité, c'est un comportement exemplaire
05:32de la part de nos dirigeants, qu'ils soient politiques,
05:35grands chefs d'entreprise, du monde de la culture, etc.
05:38Où, en fait, globalement, le bilan de Macron est assez ridicule
05:42depuis huit ans.
05:44Malheureusement, il y avait beaucoup d'espoir.
05:46Il a dit, mon prochain quinquennat sera écologique ou ne sera pas.
05:49Enfin, voilà.
05:51Et, en fait, c'est plutôt le contraire.
05:53Et deuxièmement, on a manqué de pédagogie.
05:55Tous ceux qui racontent les histoires.
05:57Voilà.
05:58On a déjà débattu ici de l'importance de créer des imaginaires positifs
06:02autour de ce futur, nature égale futur.
06:05Ces imaginaires, on ne les a pas développés.
06:08Et je pense qu'il y a une responsabilité
06:10de quelques grandes chaînes de télévision,
06:13de quelques grands médias.
06:14Ça bouge quand même.
06:15Oui, ça bouge petit à petit.
06:17Radio France, TF1, M6, enfin tout le monde
06:20essaie d'apporter sa pierre à l'édifice.
06:22Mais, franchement, il faut vite expliquer les choses
06:25pour essayer de participer justement à ce nouvel imaginaire
06:29et de faire telle sorte que les Français, les Européens,
06:32les petits humains sur la planète
06:34essaient de voir de nouvelles perspectives
06:36plutôt que de se dire, tiens, en fait, j'ai envie de rouler dans une Tesla
06:39et de partir sur Mars avec ma Tesla.
06:41Jacques-Louis Brecht, pour ces 20 ans,
06:43est-ce que vous avez prévu un programme particulier ?
06:46Qu'est-ce qu'on va découvrir dans cette université ?
06:48Oui, alors, il y a un programme extrêmement dense.
06:50On a plus d'une cinquantaine de sujets, de sessions,
06:52le 14 et le 15 mars.
06:54C'est un vendredi et un samedi.
06:55On a un programme peu nuancé selon le vendredi et le samedi.
06:58C'est vrai que le vendredi, on a un public à la fois jeune et pro.
07:01Et le samedi, on a un public très familial, très citoyen.
07:04Alors, oui, on a un slogan,
07:06Nature égale futur, vous le citiez tout à l'heure.
07:09Et ça veut dire beaucoup de choses.
07:10Ça veut dire qu'il faut que notre humanité, notre espèce
07:13se ressaisissent sur ce qu'elle veut pour l'avenir,
07:17ce qu'elle veut pour cette planète,
07:18pour notre espèce et pour l'ensemble du vivant.
07:21Donc, c'est un peu ça qu'on veut dire.
07:23C'est un appel à réinventer, à repenser le progrès.
07:26On a pensé que le progrès, c'était aussi se départir
07:29de la nature et du vivant.
07:31Non, on s'aperçoit qu'on est en train de sciller
07:33des branches sur lesquelles nous vivons.
07:35Donc, il faut arrêter de sciller les branches
07:37et puis préserver, restaurer.
07:40Nature égale futur, ça va être décliné
07:42sous une cinquantaine de sujets, d'ateliers, d'expositions.
07:45On a aussi du stand-up.
07:48Green and social comedy show.
07:51On aura des stand-upers qui vont venir s'exprimer
07:54aussi sur ces enjeux-là.
07:55Et ça rejoint ce qu'on disait tout à l'heure
07:57sur des imaginaires et sur le rôle finalement
07:59de la culture, de la communication, de la publicité.
08:01Qui sont pleins d'ailleurs.
08:03Ce ne sont pas forcément les plus grandes salles,
08:05ce sont des petites salles, mais elles sont déjà pleines.
08:07Donc, ça veut dire que par le rire, par l'art aussi,
08:12par l'image, on aura beaucoup d'images.
08:14Ce n'est pas un festival d'images,
08:16mais on est en train d'ouvrir l'Université de la Terre
08:19à des moments d'images, avec des films, avec des séries, etc.
08:23Mais l'essentiel, c'est beaucoup de débats,
08:2554 sujets, et pour les jeunes aussi,
08:27puisqu'on a l'université junior pour les jeunes
08:29et leur famille de 6 à 12 ans,
08:31sur on n'est jamais trop jeune pour s'engager,
08:33ou le plastique c'est toxique.
08:36Donc, on essaye aussi avec des formats très pédagogiques,
08:39très animés, d'ouvrir l'Université de la Terre
08:41à des jeunes publics.
08:42Et Thomas, par outil, vous allez participer
08:44à l'une des conférences ?
08:48J'ai animé une table ronde le vendredi à 17h, je crois.
08:51Sur quel thème ?
08:52Sur un nouveau souffle, la créativité et l'inventivité
08:55pour participer à une nouvelle trajectoire.
08:57Avec, comme à chaque fois, Jacques me file une table
09:00où il y a une grande diversité de directeurs.
09:02Donc, il y a à la fois Arturo Boeuf de Team for the Planet,
09:06il y a la marque Balenciaga, la marque Picture,
09:09qui est une marque un peu de sport de montagne,
09:12il y a Saint-Gobain, il y a Aegis,
09:15qui accompagne notamment les constructeurs BTP
09:18dans du conseil.
09:19Enfin, c'est très varié.
09:20Il y a deux équipes d'étudiants.
09:23Une qui a développé une IA pour personnaliser
09:26les choix de lecture.
09:27Donc, voilà, c'est très, très varié.
09:29On va parler d'innovation aussi dans cette table ronde ?
09:31On parle d'innovation, on parle de créativité, d'inventivité
09:33et, en fait, de nouvelles solutions.
09:35Il y a un Italien qui s'appelle Luca Gamberini
09:38qui a développé un projet qui s'appelle Nemo's Garden
09:41où il fait pousser de la menthe, du basilic,
09:44plein de trucs sous l'eau.
09:45Enfin, voilà, c'est des idées assez folles
09:47mais qui sont soit des projets qui sont en train de se lancer,
09:52soit des grosses machines, des grandes entreprises
09:54qui sont vraiment dans l'innovation
09:56pour faire bouger la trajectoire.
09:58Ça veut dire qu'il y a le débat d'idées
10:00et, vous nous disiez, c'est aussi l'action.
10:02Donc, partager des bonnes pratiques,
10:05des innovations qui marchent déjà,
10:07essayer de les faire passer à l'échelle,
10:08il y a aussi cette ambition à l'Université de la Terre ?
10:10Oui, alors on n'est pas un incubateur.
10:12Oui, oui, j'ai bien compris.
10:13Il y a d'autres projets dont Thomas a parlé tout à l'heure
10:15qui sont plus sur vraiment les solutions techniques, technologiques.
10:19Nous, on est pour montrer, effectivement,
10:21donner envie à nos publics de faire, d'agir,
10:24d'aller peut-être bosser dans les entreprises aussi
10:26qui avancent plus vite.
10:27Ça, c'est vraiment un enjeu majeur.
10:29Il faut que les entreprises montrent ce qu'elles font.
10:31Bon, Thomas, c'est son sujet plus que moi.
10:34Et nous, on a...
10:35Moi, je dis toujours, à l'Université de la Terre,
10:36il faut qu'on ait à la fois les activistes et les entreprises.
10:39Il faut réunir ces mondes.
10:41On peut les réconcilier, quoi.
10:42Oui, oui, oui.
10:43Moi, je n'ai pas de problème avec ça.
10:44Et je pense...
10:45Alors, parfois, dans un sens ou dans un autre,
10:47ce n'est pas toujours facile.
10:48Mais voilà.
10:49En tout cas, c'est vraiment notre mission.
10:52Et puis, là, cette année,
10:54on lance, nous-mêmes, l'Université de la Terre,
10:56une action extrêmement concrète
10:58qui va s'appeler 1, 2, 3 dehors.
11:00En fait, il y a deux piliers qui ont été travaillés ces dernières années.
11:03Le pilier alimentaire et le pilier mouvement,
11:06bouger, bouger et mieux manger.
11:08Il y a un troisième pilier de la santé physique et psychique
11:11qui n'a pas été travaillé.
11:12C'est la reconnexion à la nature, la reconnexion au vivant.
11:15C'est déconnecté.
11:16C'est ce que je disais tout à l'heure.
11:17Donc, 1, 2, 3 dehors va encourager les citoyens.
11:19Vous pouvez participer, ici, Smart Impact
11:21et tous les médias qui voudront s'y associer.
11:23C'est vraiment open source pour engager les citoyens
11:26à sortir, lâcher leurs écrans, quelques heures
11:30et aller dans la forêt, dans la montagne,
11:32dans les jardins, etc.
11:34On va lancer ça au moment de l'Université de la Terre.
11:36Donc, c'est une action extrêmement concrète
11:38parce qu'on ne peut pas protéger ce qu'on ne connaît pas
11:40et malheureusement, on est de moins en moins
11:42à bien connaître la nature.
11:43C'est aussi l'un des engagements qu'on veut prendre.
11:45Merci beaucoup à tous les deux.
11:47Bonne Université de la Terre.
11:49Je rappelle les dates.
11:50Elles sont à 14 et 15 mars prochains.
11:53On passe tout de suite à notre rubrique Startup.