• l’année dernière
Transcription
00:00 Bonjour à tous, à toutes et à tous.
00:06 Pardon, je suis là au titre d'éditeur du Passeur pour vous
00:12 présenter deux ouvrages.
00:13 D'abord, le roman Élisabeth de Raymond de Vincent, qui se
00:18 situe dans le cadre d'une collection de textes oubliés,
00:22 pages oubliées qu'on a créées et dont Raymond de Vincent a
00:26 été la première héroïne, si je puis dire, avec son ouvrage
00:29 Campagne, qu'on a édité l'an passé, qui a remporté
00:33 un certain succès.
00:34 Raymond de Vincent est un écrivain, une écrivaine
00:37 berichonne qui a vécu au 20e siècle.
00:42 Bien sûr, elle est morte même il n'y a pas si longtemps que ça,
00:45 en 1985.
00:47 Elle a obtenu un premier grand succès, justement,
00:50 avec Campagne.
00:51 Elle a eu le prix Goncourt, pas le prix Goncourt, mais le prix
00:54 Femina pour ce livre en 1937, alors qu'elle avait que 28 ans
00:59 et que c'était surtout une sorte de paysanne autodidacte qui a
01:02 appris à écrire très tardivement à 11 ans.
01:04 Donc, c'était formidable de voir que 17 ans après,
01:07 elle avait le niveau de remporter un prix pareil pour un livre
01:10 assez exceptionnel.
01:11 Je crois beaucoup se sont fait l'écho l'an passé pour le style
01:14 et la pureté de ses intentions.
01:15 C'est un roman typiquement rural, mais très onirique.
01:19 Il y a un côté Alain Fournier.
01:21 C'est une musique d'écriture très pure pour cette femme qui a
01:27 eu un destin assez étonnant, qui est montée à Paris,
01:29 comme on dirait aujourd'hui, qui a fréquenté tout le monde
01:31 littéraire autour d'Albert Béguin, qui fut son mari.
01:35 Grande personnalité littéraire du Paris dès l'époque.
01:38 Son premier livre, donc Campagne, a été tout de suite
01:41 publicité par Claudel et d'autres.
01:44 Elle a coiffé au poteau, d'ailleurs, à l'occasion du
01:47 prix Femina, beaucoup de grands autres écrivains.
01:49 Donc voilà, elle aurait dû avoir comme ça une carrière très
01:52 réussie dans le monde des lettres.
01:54 Ça n'a pas été vraiment le cas.
01:56 En fait, on l'a attendu pour son deuxième roman Blanche,
01:59 paru deux années plus tard en 39, mais un peu dans
02:03 l'indifférence.
02:04 Un beau livre, par contre.
02:05 Et puis, un troisième a eu beaucoup plus d'audience.
02:08 C'est celui qu'on a choisi de rééditer.
02:10 Elisabeth en 1943 et qui montre bien qui était cette femme qui
02:17 n'était pas seulement une paysanne modeste, mais aussi
02:21 quelqu'un de très pieux, de très croyant.
02:23 C'est un peu l'objet de ce livre.
02:26 Et de son héroïne, sorte de Jeanne d'Arc du 20ème siècle.
02:31 Une femme qui exalte comme ça pendant tout le roman,
02:35 sa foi, sa passion pour le divin, pour le Christ, mélangé,
02:43 évidemment, à ce monde rural que Raymond de Vincent décrit
02:47 encore parfaitement.
02:48 Et puis, elle aura un destin appelé par cette foi,
02:51 cette femme qui fait que comme Raymond de Vincent,
02:54 elle quittera son Berry natal, le Châteauroux, tous ces
02:57 paysages qu'elle aimait pour aller à Paris et y mourir.
03:00 Finalement, c'est un destin tragique,
03:02 celui de cette Elisabeth,
03:04 qui finalement, c'est d'emblée par cette vision qu'elle a,
03:09 ces illuminations, que sa route est tracée et qu'elle finira
03:13 forcément tragiquement.
03:15 Et c'est très étonnant.
03:17 La façon dont Raymond de Vincent décrit ces scènes de
03:20 conscience un peu surréaliste, de ce ciel invisible qu'elle voit
03:26 un peu partout.
03:26 Cette manière très pure de le décrire est très originale.
03:30 C'est, à mon avis, un grand roman,
03:32 quelque chose qui ressemble à rien d'autre.
03:35 Claudel ne s'y est pas trompé là aussi.
03:39 Alors, évidemment, c'est la fibre mystique qui l'emporte,
03:41 plus que la fibre rurale du premier livre.
03:45 Mais on retrouve quand même cet univers premier de Raymond
03:50 de Vincent dans ce livre.
03:52 Voilà, elle le décrit elle-même.
03:53 On met quelques lignes d'elle en quatrième,
03:56 que vous connaissez, je pense.
03:58 Dans le livre, il y aura aussi un inédit très important
04:01 autour de son père, puisque ce livre est contemporain
04:05 de la mort de son père, qui l'obsède.
04:07 Il y a un grand inédit qu'on place dans cet ouvrage,
04:13 un peu comme on l'avait fait aussi pour "Campagne",
04:15 donc dans la collection "Pages oubliées",
04:17 avec une préface très, très fouillée de Renan Prévost,
04:21 un peu le spécialiste de cette dame,
04:22 comme dans le premier livre "Campagne".
04:26 Voilà pour Raymond de Vincent.
04:29 Et maintenant, on va passer à quelque chose de beaucoup
04:32 plus fantaisiste, qui n'a rien à voir avec ce monde-là.
04:34 C'est le monde de l'Américain très connu Mark Twain.
04:38 C'est l'hibrius de la littérature américaine,
04:41 comme le sont un peu tous les Américains écrivains
04:43 du 19e siècle, d'ailleurs des personnages à part qui ne
04:46 ressemblent à rien d'autre.
04:48 Qui sont aussi bien des chroniqueurs que des voyageurs
04:52 que des humoristes, dans le cas de Twain.
04:54 Des gens qui ne se satisfont pas d'une étiquette,
04:57 mais qui mélangent comme ça plusieurs arts,
04:59 plusieurs talents.
05:00 Alors là, nous publions grâce à Thierry Beauchamp,
05:03 qui l'est traduit de l'américain, tout un recueil de chroniques
05:07 et de courts textes inédits ou quasi inédits de Mark Twain,
05:12 paru à l'époque à droite à gauche ou restés dans les tiroirs,
05:15 et qui sont réunis sous le titre du "Chien télégraphiste",
05:18 qui est une des nouvelles de Twain.
05:20 Et on retrouve tout le côté un peu caustique et un peu surréel
05:26 avant l'heure, fantaisiste, donc, je l'ai dit, de Mark Twain
05:30 dans ce recueil de nouvelles tout à fait croquignolesques
05:33 et qui peuvent être très courtes des fois,
05:35 donc vraiment à peine une page et puis un peu plus élaborée
05:39 parfois, et qui développent cet esprit parfois absurde qui me
05:43 fait songer des fois moi à d'autres Américains, Anglais
05:46 qu'on connaîtra plus tard, même Groucho Marx,
05:49 pourquoi pas les Monty Python ?
05:50 C'est tout cet univers qu'on retrouve sous la plume de Mark
05:53 Twain, qui est l'auteur, vous le savez, de deux romans qui ont
05:58 eu énormément de succès, qui ont été adaptés aussi pour le
06:00 cinéma ou la télévision.
06:01 Tom Sawyer et Huckleberry Finn, qui est quand même un peu une
06:07 vedette du paysage littéraire, au moins littéraire américain,
06:11 que ce Mark Twain, mais qu'on connaît peut-être en France
06:14 que pour ces deux recueils, alors qu'aux États-Unis,
06:17 on connaît davantage aussi le fantaisiste,
06:20 encore une fois, l'humoriste, iconoclaste,
06:22 un peu truculent.
06:24 Il n'y a qu'à lire les titres qui paraissent dans ce chien
06:27 télégraphiste, qui est donc celui d'une nouvelle,
06:29 je l'ai dit, qui est un chien dont on s'aperçoit qu'il
06:35 comprend le morse et qu'il va pouvoir télégraphier au milieu
06:38 de la bataille qui se livre entre les cow-boys et les Indiens.
06:43 Mais il y a par exemple "Interviewé l'interviewer".
06:46 Voilà ce qui pourrait m'arriver en ce moment.
06:48 Il y a "La protestation de la veuve",
06:50 "Le bavardage du croque-mort".
06:52 Autant de titres.
06:53 "L'histoire du croque-mort" aussi.
06:55 Alors, il y a quelque chose qui concerne l'édition parce qu'il
06:57 y a un petit texte aussi sur "Chaque fois que je m'apprête
07:01 à publier un livre", où Mark Twain parle du rapport de
07:06 l'écrivain à l'éditeur, doublement d'ailleurs,
07:09 puisqu'il y a un autre texte qui s'intitule "Sur les tarifs
07:12 postaux ou de la difficulté et le coût d'envoyer un manuscrit
07:16 aux éditeurs".
07:17 Il y a des choses sur le corbeau indien,
07:20 "Le missionnaire dans la politique mondiale",
07:21 tout un programme.
07:22 "La jungle débat de l'homme", "La force de la suggestion",
07:26 "Le chien télégraphiste", je l'ai dit.
07:28 Voilà autant de petits portraits très, très, très simples,
07:34 rapidement brossés, au style plaisant, original, satirique,
07:40 mais qui montrent une liberté de pensée qui était rare,
07:46 surtout à l'époque, parce que finalement, on est là dans
07:49 les années...
07:49 On est au milieu du 19e siècle, non, on est à la fin du 19e,
07:55 au début du 20e siècle américain.
07:56 Il n'y a pas beaucoup d'auteurs dans ce style.
07:59 Je trouve que par son esprit libre et un peu indépendant,
08:04 il fait penser aussi au grand Henri-David Soro, par exemple,
08:07 Mark Twain, avec son côté voyageur dans les grands espaces
08:11 américains, qui le fait aussi.
08:13 Un livre original, insolite, totalement inédit, qui paraîtra
08:19 le 16 mai, en même temps qu'Elisabeth de Raymond de Vincent.
08:24 Merci beaucoup.
08:26 [SILENCE]

Recommandations