Céline Pina : "L’Europe manipule le peuple"

  • il y a 6 mois
L'édito de Céline Pina, chaque vendredi à 8h10

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##CELINE_PINA-2024-03-22##

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00:00 - Le coup de radio il est 8h12 à 8h30. Tout à l'heure vous retrouvez Jean-Jacques Bourdin, son invité politique.
00:05 8h30, 9h, ce sera Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction Publique.
00:11 D'ici là, c'est Céline Pina qui nous a rejoint. Bonjour Céline.
00:14 - Bonjour Benjamin.
00:15 - Bon ce matin, Céline, vous souhaitez revenir sur le rejet par le Sénat,
00:18 rejet assez massif de l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada, le CETA.
00:23 - Tout à fait Benjamin.
00:24 Cet accord supprime les droits de douane sur 98% des produits échangés entre l'Union européenne et le Canada.
00:31 Mais voilà, 10 pays rechignent à le signer, dont l'Italie, la Bulgarie, la Grèce, la Pologne et donc la France.
00:38 - Bon l'accord ne peut donc pas s'appliquer ?
00:40 - Eh bien c'est là que les choses deviennent amusantes. En fait, il s'applique déjà.
00:44 90% des dispositions du texte sont mises en place et fonctionnent provisoirement.
00:49 Notamment tout ce qui concerne les tarifs douaniers.
00:52 Le reste est lié par exemple à la question des tribunaux d'arbitrage commerciaux.
00:57 Il n'en reste pas moins que l'Union européenne presse les États de ratifier l'accord en bonne et due forme.
01:02 Le vice démocratique de la situation n'échappant à personne, puisque littéralement une absence d'accord est appliquée,
01:09 alors qu'elle a des implications très concrètes sur les pays et leurs filiales de production.
01:13 Le déni de souveraineté et de démocratie se manifeste ici en plein jour.
01:18 - Et alors c'est pour clarifier la situation que cette loi que l'Assemblée nationale, on le rappelle, a adoptée de justesse en 2019, arrive enfin au Sénat ?
01:26 - Eh bien non. C'est étonnant mais c'est comme ça.
01:29 En fait c'est le groupe communiste qu'il a inscrit à l'ordre du jour du Sénat.
01:33 Pourquoi ? Justement pour qu'il soit rejeté à la faveur d'un vote droite-gauche.
01:38 Ce qui n'a pas manqué de se produire.
01:40 Le but était de rappeler à Emmanuel Macron qu'il n'a pas de majorité et que le Parlement est décidé à user de son pouvoir.
01:47 Et surtout que son opposition n'est pas à mépriser. C'est le retour du vieux monde.
01:52 C'est une opportunité pour la droite majoritaire au Sénat de rappeler au gouvernement et aux électeurs qu'elle agit et qu'elle peut encore peser.
01:59 Mais surtout c'est une défaite symbolique majeure aux yeux de tous en pleine élection européenne.
02:05 - Alors est-ce que le texte est définitivement rejeté ?
02:08 - Il a du plomb dans l'aile mais non.
02:10 Il doit maintenant retourner devant les députés qui ont toujours le dernier arbitrage.
02:15 Sauf que le gouvernement n'a pas de majorité et que la dernière fois avec la loi immigration il s'est pris les pieds dans le tapis.
02:22 Or ce vote là s'annonce fort délicat.
02:25 Les communistes ne l'ignorent pas qui ont annoncé profiter de leur niche parlementaire pour inscrire ce 30 mai le texte à l'ordre du jour de l'Assemblée.
02:33 Cela promet du sport. En effet la situation est critique.
02:38 Potentiellement, en théorie, en cas de rejet du texte par un état membre, la déclaration 20 du Conseil de l'Union Européenne prévoit la dénonciation de l'application provisoire du CETA.
02:50 - Donc le CETA est en passe d'être dénoncé ?
02:52 - Et bien toujours pas Benjamin.
02:54 Si vous m'avez bien écouté j'ai commencé en disant "potentiellement, en théorie".
03:00 Parce qu'en pratique un état membre a déjà refusé l'accord.
03:03 Il s'agit de Chypre.
03:05 Mais il a suffi que le gouvernement ne communique pas à la Commission Européenne la notification formelle pour que l'accord continue de s'appliquer.
03:15 A Bruxelles, la réalité n'existe que si cela a été notifié dans les règles bureaucratiques adéquates.
03:22 Ainsi, même si le Parlement, autrement dit les représentants du peuple, rejettent l'accord, il suffit de ne pas le notifier pour que le vote n'ait aucun effet.
03:32 Le peuple est donc dépouillé de sa souveraineté par la magie de la procédure bureaucratique.
03:38 Cette histoire est exemplaire de ce qui creuse un fossé entre des peuples et leurs dirigeants.
03:43 Comment s'étonner ensuite que l'Europe soit contestée et que les pays européens connaissent une crise démocratique sans précédent avec ce type de manipulation ?
03:52 - Merci à vous Céline Pinard.
03:53 [Musique]
03:57 - Et Guillaume Bigot vous a écouté. Guillaume, une réaction par rapport à l'édito de Céline Pinard, notamment sur cette question du vote du CETA et puis derrière de la souveraineté vis-à-vis de l'Europe.
04:08 - Elle a tout à fait, elle a parfaitement raison. Je pense qu'on parle de souveraineté, on devrait parler de démocratie, de respect des principes de la République.
04:15 On peut être pour l'Europe, c'est un choix qui se défend, mais dans ce cas on piétine la démocratie, on la foule aux pieds, on s'essuie les pieds dessus, il n'y a plus de démocratie.
04:22 Il faut être clair, parce que là on parle de ratifier des accords, mais c'est vraiment d'abord en bout de chaîne.
04:27 Il faut rappeler que la négociation a lieu dans le secret des salles de réunion avec la Commission européenne, donc avec des gens qui ne sont pas élus, qui ne rendent aucun compte devant les peuples.
04:38 Et ces négociations, ensuite, elles sont mises en œuvre pour l'essentiel.
04:43 - Quand vous avez, exactement comme pour l'immigration, d'ailleurs quand un pays accueille sur son sol des produits, par exemple les produits du Canada, demain, parce que ces pays a complètement ratifié,
04:53 vous êtes un centre d'importation de produits canadiens aux Pays-Bas, vous pouvez les diffuser partout dans l'Union européenne.
04:59 - On est venu, par rapport aux agriculteurs, ce n'est pas forcément un désavantage, cet accord pour les agriculteurs français.
05:05 On pense notamment à la production laitière, au fromage, au secteur viticole.
05:10 - Demandez aux producteurs, par exemple, du secteur bovin, ils sont évidemment vent debout.
05:15 Je pense que si on expliquait aussi aux consommateurs les produits vraiment très dangereux et affreux qui sont utilisés au Canada,
05:22 ils ne seraient probablement pas très enchantés non plus de devoir manger cette viande canadienne.
05:27 Mais le plus important, ce n'est pas ça, c'est que l'intérêt dans une négociation, c'est l'intérêt d'un pays.
05:32 Donc à l'intérieur d'un pays, vous avez des intérêts divergents, c'est normal.
05:34 Vous avez par exemple des gens qui ont envie d'exporter au Canada, et puis vous avez des gens qui vont être détruits si on ouvre tout avec le Canada.
05:40 Mais c'est à l'intérieur d'un pays, là ça se passe à l'échelle de l'Europe, et ça se passe de manière dans les coulisses d'une certaine façon.
05:46 L'autre chose, c'est qu'on sait que cette conception de la démocratie, elle est résumée en Europe par Jean-Claude Juncker,
05:51 qui disait "il n'y a pas de démocratie contre les traités". Et les traités sont très clairs, il faut le libre-échange.
05:56 - Alors le Parlement européen quand même a donné son avis, il a voté ce CETA en 2017, ce n'est pas rien Céline Pina, là on parle de démocratie tout de même.
06:03 - Alors le problème c'est qu'en théorie, un accord international ne s'applique que si vous avez fait les modifications nécessaires dans la Constitution,
06:14 pour justement le faire passer avant vos propres lois. Là vous avez un accord non ratifié qui s'applique malgré tout,
06:22 avec l'aide d'un Parlement européen, dont il faut quand même dire que la représentativité n'est pas énorme,
06:28 on a un problème de légitimité sur ce Parlement qui est en fait la très faible participation au niveau européen des peuples.
06:34 Et c'est vrai que ça désarme un peu la légitimité du Parlement et surtout il est très instrumentalisé par la Commission,
06:40 puisque là il a fait en sorte qu'un accord soit appliqué alors qu'il n'était pas ratifié, ce qui est quand même un tout petit peu gênant.
06:46 C'est d'autant plus gênant que, le rappelle Guillaume, nous nous avons mis un certain nombre de normes dans notre production agricole,
06:54 et quelle est la logique de cela ? On doit protéger le consommateur. Et dans le même temps, on importe des produits qui eux ne sont soumis à aucune norme.
07:03 Donc le Canada a le droit de nous empoisonner et par ailleurs nos producteurs doivent faire attention à tout.
07:10 C'est complètement délirant d'être dans ce type de logique. Ce qu'on voit c'est qu'évidemment les produits produits par le Canada sont sans doute moins sécures,
07:18 mais ne sont pas dangereux et qu'il y aurait peut-être un équilibre à faire de manière à rétablir une forme de concurrence qui soit moins déloyale.
07:27 Alors sincèrement il y a pas de démocratie, en plus le Parlement européen, je rappelle c'est un Parlement en carton, il n'a aucun pouvoir d'initiative.
07:33 Le Parlement européen il peut accepter ou rejeter d'autres certains cas. C'est un organe de validation.
07:38 Et pendant tout il y a très très peu de pouvoir. L'exécutif européen n'est pas démocratique, je le rappelle, c'est un système chinois.
07:42 L'Europe ce n'est pas du tout un système démocratique. Et enfin pour terminer, qui connaît la majorité, la minorité des partis au Parlement européen ?
07:49 C'est une énorme blague, il n'y a pas de peuple européen donc il n'y a pas de démocratie européenne.
07:52 Est-ce qu'on n'a pas en tout cas une instrumentalisation, juste rapidement, des partis politiques aussi ?
07:57 Céline Pinard, on parlait à l'instant, c'est-à-dire qu'à gauche, à droite aussi, c'est une victoire par rapport à Macron, à Emmanuel Macron, avec les européennes qui se profilent.
08:05 Oui c'est ça et puis en plus surtout ce qui est vraiment pathétique c'est souvent on fait semblant, les partis font semblant de s'opposer à l'Europe pendant les élections
08:11 pour ensuite se coucher devant l'Europe. Parce que finalement ce qu'on ne dit pas, c'est que dans tous les pays européens, les démocrates, enfin les gens qui sont élus,
08:18 qui rendent compte devant leur peuple, il n'y a aucun exécutif qui n'est pas parlementaire ou qui n'est pas directement élu.
08:23 En Europe, on est tous des pays démocratiques, ils sont finalement assez contents de se délester de toutes leurs responsabilités sur l'Europe, c'est assez pratique l'Europe.
08:30 Mais ce qui est intéressant, malgré tout de façon très rapide, c'est qu'aujourd'hui l'opposition utilise très bien les pouvoirs du Parlement
08:38 et est en train de montrer et de réagir sur le fond et est en train de faire un vrai travail politique et ça c'est intéressant.
08:45 Céline Pia, Guillaume Bigot, vous restez avec nous, on revient dans un instant pour Dites-le Franchement.
08:49 Et puis dans la foulée, 8h30, vous le savez, vous avez rendez-vous avec Jean-Jacques Bourdin, son invité politique, Stanislas Guérini, ministre de la Transformation et de la Fonction Publique.

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