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00:00 Bonjour Marie-Bartholano.
00:01 Bonjour.
00:02 Vous êtes journaliste et présentatrice.
00:04 Votre spécialité, c'est le sport.
00:05 Au départ, il y a eu les journaux, puis Canal+ avec le Canal
00:08 Football Club, le fameux, suivi du Canal
00:12 Sport Club, puis M6 avec la présentation de l'émission
00:15 Le Meilleur Pâtissier. Aujourd'hui, vous êtes à la tête de
00:16 l'émission Télématin sur France 2 avec Thomas Soto à vos
00:20 côtés. Au fil de vos interventions et présentations, vous avez
00:22 réussi à vous imposer dans un paysage sportif
00:25 médiatique dans lequel les femmes ont toujours eu bien du
00:28 mal à s'imposer, justement.
00:30 C'est d'ailleurs ce qui vous a donné envie de réaliser en 2021
00:34 le fameux documentaire Je ne suis pas une salope, je suis une
00:37 journaliste qui a fait couler beaucoup d'encre et qui
00:40 a fait l'objet d'une prise de conscience au sein des rédactions
00:42 des services des sports que certains comportements machistes,
00:45 et je crois qu'on peut rajouter misogynes aussi, devaient être
00:48 bannis et signalés.
00:49 Aujourd'hui, vous sortez Je suis la femme du plateau chez
00:52 Stock Edition. Vous vous racontez à travers un témoignage direct
00:55 et franc. Vous débutez le livre justement sur le cataclysme
00:58 créé, provoqué et constaté après la sortie de ce
01:01 documentaire qui traitait du sexisme systémique
01:04 et du harcèlement sexuel dans les rédactions sportives en France.
01:07 C'est d'ailleurs la suite, cet ouvrage.
01:09 C'est comment vous avez construit ce documentaire et la
01:12 suite, évidemment. Et vous démarrez par une anecdote incroyable.
01:14 - Oui, c'est ça, avec un directeur, un
01:17 probable recruteur, en tout cas, qui me dit
01:20 qu'il me suit depuis des années puisqu'il est fan de foot.
01:23 Donc, il a suivi toute ma carrière.
01:25 En fait, il me connaît depuis Bein Sport, donc depuis 2012.
01:28 Et il me dit et puis l'année dernière, j'ai vu votre documentaire
01:31 et je me suis dit, c'est incroyable, cette fille a aussi un cerveau.
01:34 Et vraiment, en fait, ce qui est terrible
01:38 dans cette phrase, c'est que lui pense me faire un compliment.
01:40 - Ce que vous racontez, c'est vos premières expériences,
01:44 vos premières fois dans certaines rédactions, la première fois où
01:47 vous êtes dans une création de télé.
01:49 Il y a un média qui est en train de se mettre en place.
01:51 Vous êtes seul avec votre chef avant que les autres journalistes
01:53 arrivent. Et déjà, il essaie.
01:56 Il essaie, il boit un peu, il tente quelque chose.
02:00 Après, vous montez dans une voiture, dans un parking où il vous fait
02:03 comprendre qu'il adore faire la vente dans un parking.
02:05 - Quand un de mes chefs me propose de m'embrasser et que moi,
02:10 je mets tout en œuvre pour essayer de l'éviter.
02:13 Après, il ne se rend pas compte que derrière, quand je rentre chez moi,
02:15 je vais y penser, que je vais me dire, mais comment ça va se passer
02:17 quand je vais retourner au travail ?
02:19 - Il y a une femme qui va beaucoup jouer dans cette capacité que vous avez
02:23 en tant que femme, justement, ne pas vous laisser faire à avancer.
02:26 C'est votre maman.
02:26 - C'est drôle que vous me parliez de ma mère, parce que le jour où je lui
02:29 ai montré le documentaire, elle a pleuré.
02:31 Et sachez que ma mère ne pleure pas beaucoup.
02:34 Et en fait, elle m'a dit mais tout ce que tu racontes, je l'ai vécu.
02:39 Et elle me dit en fait, c'est un échec de ma génération.
02:42 Ça veut dire que ma génération n'a pas su démonter ce système-là.
02:48 - Je voudrais qu'on revienne sur votre passion, parce que c'est une
02:52 question que vous détestez, vous ne supportez plus quand vous posez
02:55 cette question, c'est "mais tu aimes vraiment le foot parce que vous êtes
02:58 une femme". C'est vrai que cette question-là, on ne la pose jamais à un
03:00 homme et comme vous êtes spécialisée foot, on vous la pose régulièrement.
03:03 - Alors, ce n'est pas un coup de foot, c'est un coup de foot forcé à la
03:06 base par mes deux frères qui ont gagné, on appelait ça le combat de la
03:11 télécommande chez nous.
03:12 C'est-à-dire qu'à partir du moment où ils m'ont dépassé en taille et en
03:15 poids, ils gagnaient le combat de la télécommande.
03:17 Donc, c'était eux qui choisissaient le programme.
03:20 Et le samedi soir, c'était foot et il n'y avait que ça.
03:22 Et donc, au bout d'un moment, j'ai fini par m'y mettre et à surtout
03:26 apprécier d'être dans leur clan à eux.
03:28 Et finalement, ma passion a dépassé la leur, puisqu'aujourd'hui, eux, ils
03:33 ne travaillent pas du tout dans le foot.
03:34 - Est-ce que vous êtes fière de la femme que vous êtes devenue ?
03:36 - Moi, je suis hyper utopique.
03:38 J'aimerais que tout le monde soit heureux de travailler ensemble.
03:41 Évidemment, ça n'arrivera jamais, mais j'aimerais que mes filles,
03:45 que les filles de mes copines, les filles de tout le monde, arrivent dans
03:51 le milieu du travail sans jamais se poser la question de "est-ce que déjà
03:54 je suis légitime et comment je fais pour éviter mon patron qui veut
03:57 m'inviter à boire un verre ?" Ça, j'aimerais que ça n'arrive plus.
04:01 - Merci beaucoup, Marie Porto-Lanotte, d'être passée dans le monde et le dit
04:04 sur France Info. Ça s'appelle "Je suis la femme du plateau" et c'est sorti
04:06 aux éditions Stock. Merci infiniment.