• il y a 9 mois
Xerfi Canal a reçu Gérard Cascino, ancien Directeur Régional du Travail de l’Emploi et de la Formation Professionnelle des régions Picardie et PACA et ancien Commissaire à la ré industrialisation, de la région Rhône-Alpes, pour parler d'un Etat thérapeute.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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Transcription
00:00 [Musique]
00:09 Bonjour Gérard Castigne.
00:10 Bonjour Jean-Philippe Denis.
00:11 Gérard Castigne, vous êtes ancien directeur régional du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle des régions Picardie et Paca
00:18 et ancien commissaire à la réindustrialisation de la région Rhône-Alpes.
00:21 Vous avez devant vous, Gérard Castigne, l'ouvrage d'Yves Perrier et François Evald, "Quelle économie politique pour la France".
00:27 Donc vous m'avez confié tout le bien que vous pensez sur LinkedIn et ça a engagé tout un débat entre nous.
00:32 Vous allez me dire, il faut venir le dire ici.
00:34 Première question, Gérard Castigne, vous êtes un initié de l'État thérapeute dont nous parle pour la première fois.
00:42 Moi je ne connaissais pas ce concept d'État thérapeute.
00:44 Pour faire simple, on vient d'un État stratège qui finalement a abandonné ses prérogatives stratégiques avec la globalisation.
00:51 C'est la finance qui a pris le pouvoir, ce que nous explique Perrier et Evald.
00:55 Et l'État est devenu simplement un accompagnateur de cette transformation.
00:58 Vous, vous l'avez vécu de l'intérieur jusqu'à la crise de 2007, où vous avez vécu justement ce drame de la crise.
01:05 Qu'est-ce que vous en retenez ?
01:07 Merci d'abord de votre invitation.
01:09 Ce qui ressort finalement de la connaissance par le terrain de ces questions,
01:15 c'est le fait qu'avec le basculement qui s'est opéré en 1973 et après en 1980 avec les deux crises pétrolières,
01:28 on se retrouve avec un État qui est confronté à une série de problèmes qu'il n'avait pas l'habitude de traiter auparavant.
01:33 Et notamment la question de l'apparition d'un chômage qui allait s'avérer de plus en plus massif.
01:38 Les questions de l'emploi n'étaient pas au centre des préoccupations.
01:42 Elles étaient auparavant, pendant les Trente Glorieuses, sous l'angle de ce qu'on appelait la gestion de la main d'œuvre.
01:48 En sachant que dans le tout premier gouvernement de Gaulle, le ministre du Travail était,
01:55 les dénominations sont en soi un programme, il était ministre de la production industrielle et du travail.
02:03 Donc on reliait les deux sujets.
02:05 Et lorsqu'on arrive finalement à la période qui s'ouvre dans les années 1970, mais ensuite qui va durer plus de 30 ans,
02:14 avec un chômage massif, l'État ne va pas trop savoir par quel bout attraper tout ça.
02:20 Et d'ailleurs, il va être dans des positions où, en écho aux politiques économiques qu'il poursuit par ailleurs,
02:28 on va être dans le stop and go.
02:30 C'est-à-dire que si on regarde ce qui s'est passé dans l'enchaînement Fourcade, Chirac, Barre, puis Chirac à nouveau,
02:38 on se rend compte qu'on passe de mesures d'austérité à des mesures de relance,
02:43 qui ne disent pas leur nom mais qui ressemblent bien à tout ça.
02:46 Et du coup, en matière de politique de l'emploi, on se retrouve au besoin d'ajuster finalement l'emploi au choc qu'on subit.
02:54 On le fait de quelle manière ?
02:55 On le fait, et c'est en cela que l'État devient thérapeute, en faisant appel à toute une série d'outils qu'on invente en marchant.
03:04 Notamment en travaillant sur des questions d'accès à l'emploi, de retour à l'emploi et de parcours dans l'emploi.
03:14 Mais même ça, ça se fait de manière graduelle.
03:16 Dans un premier temps, le fantasme de l'État, c'est de dire que les licenciements produisent effectivement du chômage,
03:23 donc il faut faire en sorte de les limiter.
03:26 Et donc, là aussi, si on regarde les choses en dynamique, Jacques Chirac, en 1975, 3 janvier 1975,
03:34 il sort une loi sur le contrôle administratif des licenciements.
03:40 Donc, ça c'est sur le champ de l'emploi, prévenir les licenciements.
03:46 Et ensuite, on met sur pied ce qu'on peut qualifier soit d'amortisseur sociaux, selon le point de vue avec lequel on attaque les choses,
03:54 soit de traitement social du chômage.
03:57 Vous voyez bien que derrière les deux appellations, on ne fait pas appel aux mêmes choses.
04:00 Parce qu'en réalité, la politique de l'emploi qui se construit pas à pas, elle poursuit beaucoup d'objectifs qui peuvent être en contradiction les uns avec les autres.
04:09 Parce que l'État, sa mutation, ça suit ce que disent M. Perrier et Evald,
04:17 l'État finalement, il est devenu à la fois libéral d'un point de vue économique et social,
04:25 d'un point de vue des questions ayant trait aux populations et aux autres agents économiques.
04:33 Et progressivement, c'est le travail qui disparaît.
04:35 Voilà, c'est ça.
04:36 Merci Jacques.
04:37 Ça m'a bien compris.
04:39 [Musique]

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