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00:00 pour en parler avec vous, Général Olivier Passot.
00:02 Bonjour, merci d'être avec nous sur France 24.
00:04 Vous êtes chercheur associé à l'Institut de Recherche Stratégique de l'École Militaire.
00:08 Vous avez été aussi chef de lésion de la Force Intérimaire des Nations Unies au Liban, la FINUL.
00:13 Donc, les échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah, il y en a eu, évidemment, par le passé.
00:19 Mais pour la première fois depuis le 7 octobre, Israël a effectué des tirs dans l'est du Liban,
00:23 visé à un fief du Hezbollah, en l'occurrence le Hezbollah,
00:27 qui a riposté par des roquettes sur le plateau du Golan.
00:29 C'est vraiment le début d'une escalade.
00:31 Quelle interprétation vous donnez à ces affrontements ?
00:35 On a l'impression qu'il y a un changement d'échelle ou un changement de stratégie de la part des Israéliens
00:44 qui, après le début de la guerre à Gaza, dans les jours suivant le 7 ou 8 octobre,
00:54 se limitait à une stratégie visant à contenir l'action du Hezbollah,
01:02 de limiter son potentiel de nuisance en effectuant des frappes dans la frange frontalière
01:09 des 5 kilomètres, des quelques kilomètres au nord de la frontière.
01:15 Et puis, le Hezbollah lui rendait l'appareil, puisque les frappes du Hezbollah
01:21 étaient essentiellement dans les kilomètres du nord d'Israël,
01:26 en visant uniquement des cibles militaires.
01:29 Et depuis début janvier, avec cette élimination du numéro 2 du Hamas à Beyrouth,
01:38 dans la bolyau de Beyrouth, on a l'impression que les Israéliens ont changé de stratégie
01:44 et se dirigent et ont élargi leur zone d'opération pour frapper dans la profondeur,
01:50 soit du côté de Beyrouth, près des villes du littoral que sont Sidon et Tyre,
01:59 et maintenant Baalbek.
02:03 Et pourtant, que ce soit Israël ou le Hezbollah,
02:06 aucune partie n'aurait intérêt à ce que les choses s'embrasent.
02:11 Alors, ça c'est toute la question.
02:15 Du côté du Hezbollah, il semble qu'il n'y a aucun intérêt à rentrer dans une guerre,
02:24 parce que le Hezbollah est une organisation militaire,
02:27 mais aussi politique, sociale, économique.
02:30 Que le Liban est dans une situation catastrophique
02:34 et qu'une guerre ne ferait qu'aggraver cela, ce qui ne serait pas à l'avantage du Hezbollah.
02:40 Mais il semble qu'aujourd'hui, les Israéliens ont la perception
02:44 ou la conviction que le Hezbollah n'a pas envie d'escalader.
02:48 Et c'est sans doute cette perception qui donne aux Israéliens
02:55 une certaine assurance pour aller frapper au-delà de la zone frontalière,
03:00 d'aller plus loin, d'entrer dans une stratégie d'attrition.
03:04 C'est-à-dire qu'ils ont sans doute décidé de s'en prendre à des objectifs
03:14 qu'ils avaient élaborés depuis des années, mais qui s'interdisaient de frapper jusque-là.
03:20 Est-ce que Israël, compte tenu de ce que vous dites, a les moyens d'agir sur tous ces fronts ?
03:26 Quand je dis tous ces fronts, je pense évidemment à Gaza,
03:29 je pense dans une autre mesure à la Cisjordanie,
03:33 je pense au Hezbollah et je pense aussi dans une autre mesure à la Mer Rouge
03:37 avec ses attaques des Houthis.
03:40 Est-ce que ces quatre fronts, Israël peut les mener de front sans mauvais jeu de mots ?
03:46 Alors évidemment non.
03:48 Pour ce qui est de la menace en Mer Rouge, les Israéliens ne sont pas très actifs.
03:52 Ils ont délégué cette mission à la coalition menée par les Américains.
03:59 Les Israéliens ne font pas grand-chose, ils ne sortent pas leur bateau en Mer Rouge.
04:03 Du côté de la Cisjordanie, effectivement, ça les occupe beaucoup.
04:06 Du côté de Gaza, on observe un allégement dispositif,
04:14 un retrait très progressif des troupes à Gaza,
04:18 puisque les opérations se concentrent quand même vers le sud,
04:22 même s'il y a encore des combats autour de la ville de Gaza.
04:27 Donc ce désengagement partiel et progressif de Gaza
04:33 leur permet un transfert vers le nord.
04:36 Et aujourd'hui, l'effort principal semble se diriger vers le nord,
04:45 vers le Hezbollah, ce qui fait craindre aux Américains
04:50 la perspective de l'ouverture d'un front avec pas seulement des frappes,
04:54 mais également peut-être un affrontement direct.
04:57 Merci beaucoup, Général Olivier Passot, d'avoir été l'invité de France 24 ce soir.
05:02 Je rappelle que vous êtes, entre autres,
05:03 chercheur associé à l'Institut de Recherche Stratégique de l'École militaire.
05:06 Merci à vous.