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Transcription
00:00 et pour en parler avec nous, Joseph Baou, directeur de l'Institut des Affaires Publices et Internationales
00:04 à l'Université américaine de Beyrouth. Bonjour.
00:07 Bonsoir.
00:08 Comment interprétez-vous les retards dans la mise en œuvre de cet accord ?
00:12 Le rôle de la Croix-Rouge notamment a dû être précisé auprès des autres otages,
00:16 ceux qui vont rester aux mains du Hamas apparemment.
00:19 Écoutez, il y a deux façons peut-être d'interpréter ce retard.
00:24 D'abord, on peut dire que c'est un tout petit peu assez classique
00:27 dans des situations, dans des opérations de ce genre, des amis croches de dernière minute.
00:32 Ça c'est possible, mais sinon je crois qu'il y a aussi de quoi se poser des questions
00:36 sur un tout petit peu l'étiraillement au sein de la direction israélienne.
00:41 Vous savez que la TANIA, on vous fait face quand même à des pressions très contradictoires.
00:45 D'une part, les parents d'otages qui auraient aimé avoir un nombre plus grand échangé de mains
00:50 et d'autre part, une aile droite qui refuse même le principe de la négociation
00:56 et de cet échange-là.
00:58 Il y a peut-être aussi des divergences au sein du Hamas qui, comme on le sait,
01:01 n'est pas une organisation complètement monolithique
01:04 dans laquelle il y a aussi des branches, des ailes, etc.
01:07 Donc je crois que ce retard, même s'il inquiète,
01:11 il augmente un tout petit peu la pression psychologique,
01:13 peut être compréhensible et explicable.
01:16 La vraie question sera demain de savoir si tout ça va avoir lieu,
01:20 si à 7h la trêve va rentrer en vigueur, si à 4h de l'après-midi,
01:25 les otages seront libérés et qu'est-ce qui sera des prochains jours,
01:29 c'est-à-dire si la trêve va durer et qu'est-ce qui va la suivre ensuite,
01:33 puisqu'on sait qu'une grande partie du leadership israélien commence déjà à parler
01:38 d'une guerre qui reprendra dès la fin du cinquième jour.
01:41 Vous pensez, vous Joseph, qu'il y a un risque réel que demain la trêve n'ait pas lieu
01:45 à 7h, hors local, comme semblent-ils s'y sont engagés les autorités ?
01:51 Écoutez, moi je vous parle d'un pays et d'une ville ici
01:54 où pendant la guerre qui a duré 15 ans, nous avons peut-être connu
01:58 une quinzaine de milliers de cessez-le-feu.
02:01 80% étaient pratiquement écorchés ou écornés deux jours après.
02:08 La région est pleine de choses comme ça.
02:09 Ça dépend beaucoup de la solidité de l'accord, de la volonté des deux parties
02:14 de vouloir faire perdurer cette trêve, mais aussi, surtout, de la force, disons,
02:19 et du levier qu'ont les parties intermédiaires, c'est-à-dire le Qatar,
02:23 peut-être un peu l'Égypte, les États-Unis.
02:25 Donc tout ça reste très, je dirais, branlant.
02:29 Il faut espérer qu'elle aura lieu parce qu'à la fois Israël en a un tout petit peu besoin
02:34 parce que Netanyahou a besoin de donner quelque chose à son opinion
02:37 et singulièrement aux familles des otages.
02:40 Le Hamas a aussi besoin parce que la population de Gaza est aujourd'hui par terre,
02:44 elle est à genoux, et donc l'aide humanitaire est bienvenue.
02:47 Et je crois que rien que pour cela, on peut espérer trois ou quatre jours de trêve.
02:51 Mais même là, à ce niveau, je resterai sceptique.
02:54 Les autorités israéliennes affirment disposer d'une première liste de noms d'otages.
03:00 Cela signifie qu'on a la possibilité, côté israélien en tout cas,
03:04 d'identifier quels sont aujourd'hui les captifs encore vivants aux mains du Hamas ?
03:11 Tout d'abord, oui, l'échange de noms a eu lieu.
03:13 D'abord pour s'assurer que qui était encore vivant, les familles, le regroupement.
03:18 Comme l'a dit le fonctionnaire de l'émissaire aux affaires étrangères, Katari.
03:23 Mais aussi de l'autre côté, il s'agissait aussi de donner,
03:27 et ça c'est dans la loi israélienne, dans la constitution israélienne,
03:31 il fallait divulguer le nom des prisonniers palestiniens à relâcher
03:35 avec un délai de deux ou trois jours pour que n'importe quel citoyen israélien
03:40 puisse se pourvoir en cassation devant la Cour suprême israélienne,
03:45 en cassant la décision.
03:47 C'est peut-être une des raisons qui a retardé cet échange.
03:49 C'est donc un mécanisme assez compliqué.
03:51 Les Kataris, je crois, ont fait un travail assez remarquable, assez admirable.
03:56 Ils en ont l'habitude, ils ont fait des choses comme ça
03:59 avec les talibans en Afghanistan, avec certaines organisations en Syrie.
04:04 Donc c'est un job qu'il faut bien faire.
04:07 Et comme je vous le disais, c'est un job aussi
04:10 dont on va avoir besoin à partir de demain à 7h,
04:13 pour s'assurer que le délai de cinq jours va être respecté
04:16 et que l'ensemble des libérations va être couverte.
04:19 On libère demain 13 otages uniquement,
04:22 il y en a encore le reste, enfin 43 autres.
04:26 Et tout cela, et bien sûr, toutes les choses sont interreliées.
04:30 La trêve sur le terrain, les otages, le respect des listes, etc.
04:34 - Et vous l'avez dit, les prisonniers palestiniens,
04:36 des femmes et des mineurs semble-t-il,
04:38 une liste de 300 noms de personnes libérables a été communiquée par Israël.
04:43 Seule la moitié seront effectivement libérées.
04:45 Sur quels critères ?
04:47 - J'imagine que c'est pour des raisons aussi d'oppression interne en Israël.
04:50 Il y a des prisonniers qui ont dû probablement être coupables d'exactions
04:56 difficilement pardonnables pour l'opinion publique israélienne,
04:59 surtout en ce moment, après le 7 octobre.
05:01 Donc je crois qu'il y a beaucoup de complications,
05:03 beaucoup de subtilités que nous ne connaissons pas entièrement.
05:07 Mais déjà, si demain, ce qui est prévu pour demain tient,
05:11 ça pourrait quand même poser le premier jalon
05:13 d'une opération de reprise de confiance relative entre les acteurs
05:17 et peut-être d'augurer d'un début de sortie de crise politique à tout cela,
05:21 même si encore une fois, je préfère rester prudent et sceptique.
05:24 - Reprise de confiance, dites-vous, grâce à l'intermédiaire du Qatar,
05:29 ça aide de ne pas s'embarrasser de principes
05:32 dans les relations que l'on entretient avec les uns et les autres,
05:34 d'héberger même des dirigeants politiques du Hamas, comme le fait le Qatar ?
05:38 - Si n'y avait pas ça, je crois qu'on aurait été bien normal
05:42 de trouver un intermédiaire capable de parler aux deux parties,
05:45 de peser un tout petit peu sur le Hamas,
05:47 puisque le Qatar est quand même un bailleur de fond de la bande de Gaza.
05:51 C'est le rôle qui est dévolu à tous les intermédiaires d'habitude.
05:55 Quand on fait des négociations comme ça,
05:57 on s'assied avec des parties avec lesquelles d'autres n'ont pas envie de parler
06:00 ou ne peuvent pas parler.
06:02 Vous parliez de la Croix-Rouge tout à l'heure,
06:04 c'est aussi son rôle de garder un contact avec les parties
06:09 qui ne sont pas toujours désirables ou respectables pour d'autres parties.
06:12 C'est le B1/B2 de la diplomatie et le B1/B2 de la négociation.
06:16 - Merci Joseph Baou d'avoir été avec nous sur France 24.

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