Fin de la trêve à Gaza : la bande de Gaza à nouveau bombardée
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00:00 On en parle avec notre invité Olivier Passot,
00:02 général chercheur associé à l'IRSEM,
00:04 l'Institut de Recherche Stratégique de l'École Militaire.
00:07 Bonjour Olivier Passot, merci d'être avec nous sur France 24.
00:10 Est-ce qu'on sait tout d'abord précisément
00:12 ce qui a fait échouer ces négociations
00:14 sur une prolongation de la trêve ?
00:17 Il semble que le Hamas n'a pas réussi à trouver,
00:19 à fournir aux Israéliens la liste des dix noms
00:22 qui permettait la recoduction jour après jour de la trêve.
00:26 Donc quatre jours initialement, puis trois fois une journée.
00:30 Et là, hier soir, la liste,
00:32 enfin même jusqu'à ce matin,
00:34 il n'y a pas eu de liste fournie aux Israéliens,
00:36 ce qui indique que le Hamas n'est pas en mesure
00:40 de réunir les dix personnes fâmées ensemble.
00:44 Israël promet à présent au Hamas, je cite,
00:47 "la pire des raclées", je cite là,
00:49 donc la déclaration tout à l'heure du porte-parole
00:51 du gouvernement israélien.
00:52 À quoi s'attendre à présent ?
00:55 Il faut craindre que ce soit le même traitement
00:58 que les Israéliens ont administré au Hamas
01:01 et aux populations dans le Nord.
01:04 Maintenant, sur l'ensemble de la bande de Gaza,
01:07 enfin pas toutes, puisqu'il y a des zones
01:09 qui vont être allouées, ce qu'ils appellent
01:12 des zones humanitaires.
01:14 Mais il est vraisemblable que les Israéliens
01:18 pratiquent, enfin conduisent également,
01:22 privilégient les frappes à distance d'artillerie
01:24 depuis les airs contre des zones urbanisées,
01:29 contre des quartiers résidentiels.
01:32 Déjà deux millions de déplacés dans la partie sud
01:35 de la bande de Gaza.
01:37 Le bilan humain s'annonce à nouveau extrêmement lourd.
01:43 Oui, les chiffres sont toujours difficiles
01:47 à connaître avec précision.
01:49 On a dépassé selon le Hamas les 15 000 morts civiles.
01:55 Désormais, la population se trouve majoritairement
02:01 dans le sud, donc une densité de population
02:04 qui est supérieure à celle qu'elle était
02:06 avant le déclenchement de la guerre.
02:09 Donc mathématiquement, les bombardements
02:13 ont plus de chances de faire des victimes collatérales.
02:15 Comment Israël pourrait limiter justement
02:16 ces pertes civiles dans les jours qui viennent ?
02:20 Alors, en schématisant un peu à l'excès,
02:25 la stratégie israélienne est guidée par un objectif
02:30 et une contrainte.
02:32 L'objectif, c'est d'éradiquer le Hamas.
02:35 Et la contrainte, c'est d'éviter que les soldats israéliens
02:40 soient pris dans un combat rapproché avec le Hamas.
02:44 Donc le mode opératoire qui a été privilégié jusque-là,
02:46 comme je l'indiquais un petit peu avant,
02:50 c'est de bombarder des zones qui sont visées,
02:56 évidemment, par la population, mais des zones urbanisées,
02:59 ce qui fait que la population se déplace,
03:02 ce qui laisse sa place à la suite de la campagne militaire.
03:07 Le Hamas ne peut plus bénéficier d'une protection
03:11 et d'un abri pour se dissimuler,
03:13 et d'un soutien également au sein de la population.
03:15 Donc il est obligé d'aller plutôt vers les tunnels.
03:18 Et donc on sépare le Hamas de la population.
03:21 Et ça permet également pour Israël de continuer sa campagne,
03:28 le contrôle qu'il exerce sur la bande de Gaza,
03:30 tout en limitant, tout en réduisant,
03:33 le nombre de soldats israéliens exposés.
03:37 Puisque pour l'instant, ils ont réussi à avoir quelques dizaines de morts,
03:40 ce qui est très peu pour une campagne de cette nature.
03:42 On sent les États-Unis de plus en plus embarrassés
03:44 par le coup humain de l'offensive israélienne.
03:46 Anthony Blinken est à nouveau entourné dans la région.
03:48 Il a encore dit à Benyamin Netanyahou qu'il ne pouvait pas agir
03:53 au sud de la bande de Gaza comme il l'avait fait au nord,
03:55 avec donc ce coup humain extrêmement important
03:58 et ces déplacements massifs de population.
04:00 Est-ce que les États-Unis ont encore les moyens
04:03 de faire pression sur leur allié israélien ?
04:07 C'est une bonne question et ce n'est pas certain,
04:08 alors que l'administration Biden est quand même dans une année,
04:11 est entrée dans l'année préélectorale.
04:15 Du point de vue Netanyahou, lui, il a besoin de garanties
04:21 pour sa survie politique.
04:22 Il a plus besoin de faire plaisir à ses amis politiques
04:26 de la droite religieuse qu'à M. Biden.
04:30 Donc, je ne suis pas certain que les Américains
04:33 aient la possibilité de tordre le bras des Israéliens.
04:36 Ils peuvent éventuellement proposer des solutions.
04:39 Il y a une solution qu'on a entendue de l'expulsion
04:44 de l'appareil politique et militaire du Hamas
04:47 et de la bande de Gaza, un peu type OLP en 1982 du Liban.
04:52 Écoute, des otages restants, leur présence complique
04:55 évidemment les choses pour ce qui est de l'opération israélienne
04:58 et les négociations autour de leur sort
05:00 s'annoncent également beaucoup plus ardues.
05:03 Alors, le sort des otages, malheureusement,
05:05 plus les semaines passent, plus c'est difficile pour eux
05:08 puisqu'ils sont dans des conditions sanitaires
05:11 de plus en plus difficiles.
05:12 Il reste encore 20 à 25 femmes et enfants
05:16 et le reste peut-être une centaine d'hommes,
05:20 dont des militaires.
05:22 Moi, je pense que les négociations vont se poursuivre
05:24 parce que le Hamas a intérêt à négocier,
05:29 à rendre les otages, qui l'embarrassent en fait.
05:33 Et il peut aussi, il espèrera à un moment donné,
05:38 par la pression israélienne sur Gaza et sur le Hamas,
05:43 va obliger le Hamas à demander des pauses
05:48 comme elles se sont opérées jusque-là.
05:52 Je pense que les négociations vont se poursuivre en coulisses
05:54 malgré la poursuite des opérations militaires.
05:56 Merci beaucoup Olivier Passo d'avoir répondu
05:58 à nos questions aujourd'hui sur France 24.