Le ras-le-bol de la filière : arrêtez de lui casser des noisettes !

  • il y a 8 mois

Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

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Transcription
00:00 - Allez place à Emmanuelle Ducrot. Bonjour Emmanuelle. - Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:04 - Toujours en direct du salon de l'agriculture. Vous dormez là-bas non ?
00:08 - Ecoutez on m'a laissé une petite botte de paille dans un coin. - Ils sont sympas.
00:12 - Oui vraiment sympa. On me donne aussi à boire, je vous rassure.
00:15 - Alors vous nous parlez Emmanuelle ce matin de la culture de la noisette.
00:19 - Oui j'ai rencontré hier le vice-président de Coqui.
00:22 Coqui c'est la principale coopérative agricole productrice de noisettes en France. Elle a 40 ans, elle rassemble 350 agriculteurs
00:28 et elle produit 10 000 tonnes de noisettes par an et c'est vraiment pas beaucoup.
00:32 Mais chez Coqui on se tape la tête contre les murs.
00:35 La coopérative vient d'écrire au chef de l'état, au premier ministre, au ministre de l'agriculture Marc Fedeau,
00:40 le message c'est que la France doit arrêter de punir les productions locales
00:45 et de favoriser les productions moins disantes qui viennent d'ailleurs. - Bon que se passe-t-il chez Coqui ?
00:50 - Bien les déboires de Coqui ont commencé en 2016 avec Ségolène Royal.
00:54 Alors ministre de l'écologie elle avait décidé d'interdire en France une série de produits phytosanitaires de la catégorie des néonicotinoïdes en devançant l'Europe.
01:02 C'est typiquement ce qu'on appelle une surtransposition.
01:04 D'ailleurs un des produits interdits est toujours autorisé, certifié par l'union européenne et il le sera jusqu'en 2033.
01:11 - Voilà et en l'occurrence pour Coqui ça ça a été terrible.
01:14 - Eh bien oui parce qu'au même moment des ravageurs voraces se sont abattus sur la production de noisettes,
01:20 des punaises diaboliques venues d'Asie, c'est leur nom punaise diabolique je n'invente rien,
01:24 elles déferlent depuis quelques années et les attaquent cause de 30 à 80% de pertes sur les récoltes.
01:30 - Bon faute d'avoir le bon produit la filière ne sait plus quoi faire.
01:34 - Eh bien non les moyens de lutte qui lui restent sont dérisoires, elle est en perte de vitesse et les agriculteurs sont découragés.
01:39 C'est rageant parce que de grands clients en France comme Ferrero voudraient s'approvisionner en noisettes françaises, ils en ont vraiment envie.
01:46 L'industrie a besoin de 25 000 à 30 000 tonnes de noisettes, les producteurs français ne peuvent pas en fournir un dixième.
01:53 - Donc résultat la France importe massivement de la noisette étrangère.
01:57 - Oui c'est là que ça devient fantastique, 80% des besoins de noisettes ne sont pas faits ici,
02:01 elles sont donc importées des noisettes venues de Turquie où 244 pesticides sont permis pour traiter les arbres.
02:07 L'immense majorité de ces produits est interdite chez nous de longue date et elles franchissent les frontières sans aucun problème.
02:14 Et pire, une part des noisettes vient d'Italie où les producteurs sont soumis aux règles européennes, mais rien qu'elles, et ils peuvent sauver leur culture.
02:21 Les cultivateurs de noisettes françaises sont écoeurés d'être défavorisés par leur propre pays vis-à-vis de leurs voisins.
02:28 - Mais il n'y a pas de solution pour eux ?
02:30 - Ils aimeraient bien avoir des moyens de biocontrôle, vous savez des petites guêpes qui contrent les punaises,
02:35 mais pour que ces techniques prouvent leur efficacité il va falloir encore au moins dix ans.
02:39 - Si la France ne s'aligne pas sur les règles européennes, que restera-t-il de coquilles d'ici là, mystère ?
02:45 Commentaire d'un des agriculteurs de la coopérative,
02:48 Gabriel Attal a dit qu'à force de laver plus blanc que blanc nous devenons transparents,
02:53 et bien c'est exactement ce qui arrive aux noisettes françaises.
02:56 - Bon bah saluez-les de notre part Emmanuel, on pense à eux, c'est pas facile donc l'avis de producteur.
03:01 - Ils font des petites transformations des petites noisettes avec du chocolat autour, je vous dis que c'est ça.
03:06 - Ah, Kaspar nous a ramené l'équivalent en version pistache, c'est pas mal non plus, on vous fera goûter.
03:11 Merci beaucoup Emmanuel Ducroix.

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