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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

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Transcription
00:00 On a encore tant de combats à mener Dimitri.
00:02 Du journal l'Opinion, Emmanuel, la grève des éboueurs provoque un amoncellement d'ordures
00:07 dans les rues et la sortie des rats de leurs égouts.
00:10 Alors évidemment, un débat s'est ouvert sur la cohabitation avec les humains, révélateur
00:14 selon vous ce débat d'un syndrome ratatouille qui frappe comme ça une partie de nos élus ?
00:19 Les poubelles qui débordent, c'est buffé à volonté pour 6 millions de rats dans la
00:22 capitale de Parabito.
00:23 Mais ça n'inquiète visiblement pas les autorités.
00:26 Première victime du syndrome ratatouille, Anne Souris, adjointe EELV à la mairie de
00:31 Paris en charge de la santé publique.
00:33 Alors je précise c'est Souiris, non souris comme l'appelait Alexis Brézet tout à l'heure
00:37 de manière facétieuse.
00:38 Donc elle était invitée par BFM TV vendredi dernier.
00:42 La journaliste lui demandait "Quand les enfants se retrouvent nés à nés avec des rats dans
00:46 un square, est-ce qu'il y a un risque sanitaire ?"
00:47 Et là l'élu a répondu catégoriquement "non, non, non, honnêtement non".
00:51 Alors dans les faits ? Dans les faits, il y a quelques mois, lors
00:54 d'une précédente polémique sur l'élimination des rats à Paris, l'Académie de médecine
00:57 avait fait le point.
00:58 La liste des maladies véhiculées par les rats, c'est un catalogue des horreurs.
01:02 On ne présente plus la puce du rat, vectrice de peste bubonique, la leptospirose, 1 million
01:08 de cas sévères par an dans le monde, 60 000 décès, les salmonelles contenues dans
01:13 les crottes des rats qui contaminent la nourriture, on connaît moins les bactéries de sa salive
01:18 qui peuvent provoquer des septicémies en cas de morsure, la multitude de bactéries
01:22 résistantes aux antibiotiques qu'il héberge, comme le staphylococque doré, ce n'est qu'un
01:25 exemple, et puis plusieurs zones os virales que vous n'avez pas du tout envie de tester,
01:29 la fièvre hémorragique avec syndrome rénal, l'hépatite E, voire la teigne, j'ai volontairement
01:33 raccourci la liste.
01:34 Je sens que j'ai un peu de fièvre.
01:35 Qu'est-ce qui explique un tel déni dans le discours de l'élu Europe Écologie Les
01:39 Verts de Paris ?
01:40 Alors deux choses.
01:41 D'abord, le souci de ne pas déplaire à la frange animaliste de son électorat, minuscule
01:45 mais très sonore, et puis, comme souvent dans le discours écologiste, une naïveté
01:49 presque touchante, assise sur du ressenti, puisque sur des faits, la nature c'est bon,
01:54 c'est bienveillant, et ça dans toutes ses composantes, de la fleur de coquelicot au
01:57 bébé phoque, mais en oubliant la tique, la lèpre ou l'amanide phalloïde, parfaitement
02:01 naturelle et parfaitement mortelle.
02:03 L'humain, lui, est un parasite de la planète, le rat ne fait que nous le rappeler.
02:08 Le seul animal détestable ici, c'est nous.
02:10 D'ailleurs, il ne faut pas dire "rat", il faut dire "surmuleau".
02:12 Il y a un discours de réhabilitation comme ça du "surmuleau" qui devient courant ?
02:16 C'est un concours de contorsion langagière pour ne plus appeler un rat un rat.
02:20 A Strasbourg, en 2021, une éluverte souhaitait qu'on appelle les rats et les punaises de
02:24 lit des animaux "començaux".
02:25 Ça, ça signifie "avec qui on partage la table".
02:28 Je ne sais pas qui vous invitez chez vous, mais moi en tout cas pas ces animaux-là.
02:31 Plus récemment, une conseillère de Paris du Parti Animaliste voulait renommer les
02:35 rats des "surmuleaux", parce que c'est, je cite, "moins connotés négativement".
02:39 Et il faut apprendre à les connaître beaucoup mieux.
02:41 Alors quand on commence à sortir ce genre de paravent pour masquer le réel, ça n'est
02:45 jamais très très bon signe.
02:46 - Mais en fait, tout ça, c'est de la politique.
02:47 Le rat est érigé en victime, finalement.
02:49 - Oui, c'est là que ça commence à devenir vraiment intéressant.
02:51 Une sociologue qui s'appelle Jocelyne Porchet explique dans un de ses ouvrages "Cause animal",
02:56 cause du capital, que l'animal fait, pour une partie de la gauche, figure de nouveau
03:00 prolétariat.
03:01 Le prolétariat se fait rare et comme cause à défendre, il fallait trouver autre chose.
03:05 C'est facile, les animaux.
03:06 C'est d'autant mieux qu'ils ne parlent pas et qu'à la différence des ouvriers, ils
03:09 ne se montrent jamais ingrats en achetant un éclair en plat quand ils s'enrichissent.
03:13 Le corollaire, c'est cet animalisme bécaçon façon Disney.
03:17 Le rat, c'est la cause absolue.
03:19 C'est ça le syndrome ratatouille, simpliste, bébête et sans nuances.
03:23 C'est super gentil un rat, pardon, un surmulot.
03:26 C'est mignon comme tout.
03:27 Et si on a de la chance, ça fait même super bien la cuisine.
03:30 - Oui, bon, à voir.
03:32 Merci beaucoup Emmanuel Ducrot.