Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie
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00:00 Emmanuel Ducrox est à vous du journal L'Opinion.
00:02 C'est cette impression récurrente que j'ai jour après jour d'être un casseur d'ambiance,
00:05 moi c'est quand même un truc.
00:06 Il vous appelle Ducrox.
00:07 Il m'appelle Ducrox, c'est entre nous.
00:09 Bon, mauvaise nouvelle Emmanuel, dans la lutte contre les nuisibles, les cafards, les punaises et surtout les rats,
00:13 il se trouve que les professionnels risquent de bientôt se retrouver privés par l'Europe,
00:17 d'une de leurs meilleures armes.
00:18 Oui, la Commission européenne sur augmentation de l'ECA, l'Agence sanitaire européenne,
00:22 pourrait à bref échéance, c'est-à-dire sans doute en septembre,
00:24 interdire les usages de produits rodenticides
00:28 dans les espaces fermés, entreprises, usines, bâtiments... - C'est les rats, les rodenticides.
00:30 - Oui, j'allais y venir.
00:31 Rodenticide, ça veut dire des substances qui tuent les rats.
00:33 Alors on ne parle plus de mort au rat, à l'arsenic bien sûr,
00:36 mais de plusieurs produits comme des anticoagulants qui se présentent sous forme de pâtes
00:40 qui sont appétissantes pour les rongeurs mais qui ont le même effet,
00:43 rip les rongeurs.
00:44 - Pourquoi on va interdire ces rodenticides ?
00:46 - Alors évidemment parce que ces produits n'ont plus le vent en poupe,
00:49 même si leur dissémination est quasiment impossible.
00:51 Ce sont des petites pâtes comme du chewing-gum.
00:53 Ils peuvent potentiellement tuer d'autres animaux comme les écureuils,
00:56 même si c'est rare, ou alors empoisonner les chats,
00:59 les rapaces qui chassent les rats contaminés.
01:01 Ça, cela dit, la base de réflexion de l'interdiction est assez cocasse.
01:05 Il s'agit d'une seule étude menée par un fabricant de tapettes à l'ancienne.
01:09 En gros, puisque ça marche sans chimie avec un bon vieux moyen mécanique,
01:13 autant s'en contenter.
01:14 Tout ça mérite quand même une bonne analyse bénéfice-risque.
01:17 Les rats constituent un réel problème de santé publique
01:20 par les bactéries qu'ils transportent, les salmonelles,
01:23 par les maladies graves qu'ils peuvent disséminer comme la leptospirose.
01:26 Ils causent aussi des incendies, des dégradations dans les bâtiments,
01:29 donc on ne peut pas cohabiter avec les rats.
01:31 - Voilà, alors les professionnels de la dératisation,
01:33 évidemment, ne sont pas d'accord avec cette interdiction.
01:36 - Alors ils sont mesurés dans leur protestation.
01:38 Ils ne tiennent pas absolument à utiliser ces produits rodenticides,
01:41 mais selon eux, il est absurde de les interdire totalement.
01:43 Ils ont besoin d'un arsenal, d'une palette de solutions,
01:46 un peu comme les médecins ont besoin de plusieurs sortes de médicaments,
01:49 dont des antibiotiques.
01:50 Alors les tapettes, c'est difficile à installer,
01:52 c'est encore plus difficile à relever, par exemple,
01:54 quand c'est dans les faux plafonds, dans les gaines électriques.
01:56 Et puis des ramors à l'air libre, dans les hôpitaux, les écoles,
01:58 les industries agroalimentaires, qu'on ne verra pas forcément à la minute
02:02 parce qu'ils sont coincés dans une tapette.
02:03 On comprend bien les problèmes sanitaires que ça engendre.
02:06 Ça demande des relevés quotidiens et il n'y a personne pour les faire.
02:09 La dératisation, c'est un métier.
02:11 Il faut être breveté pour ça, on ne s'improvise pas,
02:13 releveur de tapettes.
02:14 - Alors il y a aussi une dimension culturelle
02:16 dans cette bataille contre les produits chimiques
02:18 et c'est une dimension que soulèvent justement les dératiseurs.
02:21 - Oui, et ça, ça devient passionnant
02:23 parce que ça parle de notre rapport à l'hygiène, à la sécurité sanitaire.
02:26 Ils expliquent, les dératiseurs français,
02:28 qu'en Espagne, au Portugal, en Belgique, aux Pays-Bas, par exemple,
02:31 on a acquis une culture de la prévention contre les rongeurs,
02:35 contre tous les animaux invasifs, en fait.
02:37 On installe des dispositifs qui empêchent les rats d'entrer,
02:39 on fait des audits fréquents
02:41 et il n'y a aucun problème à avoir, par exemple,
02:42 la camionnette des professionnels de la dératisation
02:45 garée devant son établissement, son restaurant.
02:47 C'est un moyen de dire aux clients qu'on se prémunit des infestations,
02:50 qu'on les protège.
02:51 En France, ils expliquent qu'en revanche,
02:52 on a encore une culture de la honte, du secret.
02:55 - Ça veut dire que vous avez plein de rats chez vous ou quoi ?
02:56 - Si il y a le dératiseur, c'est qu'il y a des rats,
02:57 il doit se garer derrière, dans la cour cachée.
03:00 Il n'y a pas non plus de démarche collective de prévention
03:05 et c'est donc toute une révolution qu'il faudrait faire
03:07 et qui rendrait moins nécessaire le recours à la mort aux rats.
03:09 Et ça, c'est urgent parce que figurez-vous que j'ai eu un chiffre en 2022,
03:13 le nombre d'interventions anti-rats a augmenté en France de 32 %,
03:16 6,5 millions d'interventions.
03:18 Les hivers doux, les confinements, les travaux les ont fait sortir de leurs trous.
03:22 Les rats ont pris leurs aises.
03:24 - 9 rats, j'ai croisé ce matin en venant à Europa.
03:28 - Vous avez une vie passionnante, Dimitri !
03:30 - Ah non mais 9 rats, c'est énorme, c'est beaucoup !
03:31 - Mais c'est tous les matins comme ça en fait.
03:33 J'en pense vraiment beaucoup.
03:34 Merci beaucoup.
03:35 Ça, c'est un vrai sujet de vie quotidienne.
03:37 Merci beaucoup Emmanuel Ducroc, on se retrouve avec bonheur lundi prochain.
03:41 Bon week-end Emmanuel.