Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie
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00:00 Emmanuel Ducrox, c'est à vous. Une tribune publiée hier par le site internet du Figaro fait beaucoup parler,
00:06 signée de l'ancienne ministre de l'éducation nationale, la socialiste Najat Vallaud-Belkacem. Son titre, "Libérons-nous des écrans, rationnons internet".
00:14 - J'ai un problème.
00:16 Vous avez un problème, nous avons un problème. C'est comme ça que commence assez dramatiquement la tribune de Najat Vallaud-Belkacem.
00:22 Ce problème, c'est celui de nos rapports aux écrans à internet. En gros, en très très gros, internet voilà l'ennemi.
00:30 Ecologie, discrimination, inégalité, harcèlement, éducation, savoirs et cultures sont liés à internet qui est moins souvent une solution qu'un
00:37 facteur aggravant, explique la ministre.
00:40 Comment cela pourrait-il mal tourner avec une analyse d'une telle finesse ?
00:44 - Alors, elle a la solution à cette avalanche de problèmes qu'elle soulève ?
00:47 - Oui, puisque je cite "Nous sommes incapables de nous poser des limites, il faut que la contrainte vienne d'ailleurs donc de la loi et de l'État".
00:54 Najat Vallaud-Belkacem propose une solution qu'elle décrit comme
00:57 "progressiste, rationner internet à 3 gigas par semaine,
01:00 la pénurie va vous dissuader d'être méchant sur les réseaux sociaux et de vous gaver de porno".
01:06 Alors, on a tout dans cette proposition. Le déni de la liberté, du choix éclairé,
01:10 l'abdication de l'idée d'éducation à la technologie,
01:13 l'infantilisation des citoyens. C'est le monde vu avec une petite lorniette et un grand martinet.
01:18 - Alors, plusieurs opposants à cette solution lui ont répondu que ce bridage, quelque part, c'était un peu totalitaire quand même.
01:24 - La critique la voit venir Najat Vallaud-Belkacem, elle est file mouche et sa réponse est splendide.
01:29 "Sauf erreur de ma part, en Chine, on soigne aussi les malades,
01:32 je ne vois pas au nom de quoi cela devrait nous conduire à fermer nos hôpitaux".
01:36 Je vous laisse méditer, c'est vertigineux ce qu'on peut justifier comme privation de liberté avec cette comparaison.
01:41 - Ça ressemblerait à quoi d'ailleurs un futur avec un internet rare ?
01:44 - Elle nous prévient avec une admirable lucidité
01:47 "rationner internet ne fera pas disparaître tous les problèmes".
01:50 Tu m'étonnes ! Mais nous pouvons, dit-elle, envisager dès maintenant des activités que nous avons pris l'habitude de faire en ligne sans internet.
01:57 On peut par exemple rédiger ses courriels sur un traitement de texte et les envoyer à la fin de la journée.
02:03 Bah oui, effectivement, ça fait moins d'écran quand on y pense.
02:05 On peut même, toute personne s'y connaissant un peu en programmation vous le dira,
02:09 "Tenez-vous bien, coder sans ordinateur avec un crayon et un papier".
02:13 Bah oui, il suffit de retaper après, une fois qu'on est en ligne, tout ça est absolument génial.
02:18 - Je ne sais pas ce qui est le pire, qu'une ancienne ministre soit tellement en mal de lumière
02:23 qu'elle puisse défendre le ticket de rationnement numérique comme un progrès,
02:26 qu'elle ait oublié que Ministre elle a milité pour la distribution des tablettes aux enfants, ça c'était en 2016,
02:31 ou que son analyse du numérique soit si indigente qu'elle repose sur des fake news sur l'empreinte carbone du numérique
02:37 et surtout qu'elle ignore que l'intégralité de notre économie, de nos systèmes de communication et de sécurité repose sur internet.
02:44 - Vous n'avez pas l'air convaincu par cette proposition.
02:46 - Si, si, je vais vous surprendre, j'ai été totalement convaincue, totalement.
02:49 Lorsque je suis parvenue à la fin de cette pénible tribune sur le site du Figaro,
02:53 j'étais convaincue que si c'est pour lire ce genre d'ânerie, il faut tout de suite immédiatement fermer internet.
02:58 - Signature en Europe 1 Emmanuel Ducrot, merci Emmanuel.