• il y a 9 mois

Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

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Transcription
00:00 - 8h48, Emmanuel Ducroc, c'est à vous, bonjour Emmanuel. - Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05 - En pleine crise agricole, événement, surprise hier, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, devant le Parlement européen,
00:13 annonce le retrait du texte qui prévoyait de réduire de moitié l'usage des pesticides d'ici 2030. Ce texte c'était le casus belli avec les agriculteurs.
00:23 C'est une sacrée reculade, le plan s'était effectivement divisé par deux les volumes de phytosanitaires par rapport à la période 2015-2017, mais le Parlement a rejeté le projet de directive il y a peu.
00:33 Les Etats ne sont plus très chauds non plus pour la soutenir et pour cause. La stratégie est si radicale qu'elle a jeté les agriculteurs européens sur les routes.
00:40 Ursula von der Leyen a fait la sourde oreille aux alertes sur les conséquences depuis 2019. Maintenant que les tracteurs sont à Bruxelles, elle doit se résoudre à l'évidence.
00:48 La proposition est dit-elle devenue un symbole de polarisation, mieux vaut tard que jamais et donc marche arrière.
00:54 Est-ce que c'est une bonne nouvelle ce retrait du texte "Pesticides 2030"?
00:58 Ça dépend de la façon dont on voit les choses. Réduire les usages de pesticides, ça doit rester un objectif essentiel pour l'Union européenne.
01:05 Là-dessus, il n'y a pas de débat, c'est vital. Mais la façon dont était goupillé le projet était inepte.
01:10 En quoi c'était inepte? Vous y allez fort quand même.
01:13 Je ne crois pas y aller fort. On a décidé de ce pourcentage de réduction de 50% sur un coin de table.
01:18 Je ne plaisante pas, c'est un chiffre rond fourni par une vague ONG. Il ne repose sur rien. Mais vraiment sur rien.
01:25 On a fait exactement la même chose que ce qu'a fait la France quand elle a décidé en 2015 qu'il ne fallait pas plus de 50% de nucléaire dans son mix électrique.
01:33 Une toccade du duo Hollande-Royal, biberonné aux fantaisies de Greenpeace.
01:38 Dans les deux cas, il n'y avait aucune justification technique, scientifique à ce chiffre de 50%.
01:44 C'est effrayant, mais c'est la réalité. Des politiques essentielles ont été décidées au pifo, maître.
01:50 C'était un cap, ceci dit. Il fallait bien d'abord prendre une mesure et puis la mettre en œuvre.
01:55 Il aurait fallu. Mais dans les deux cas, on s'est désintéressé des conséquences.
01:59 La tendance à les suivre, tu parles, ça a flingué l'investissement dans le nucléaire.
02:04 On en paie encore les conséquences et on n'a pas fini de les payer. Pour l'agriculture, même chose.
02:08 Les spécialistes alertent sur des baisses de 10 à 20% des productions. Il n'y a aucune solution de remplacement produit.
02:16 C'est-à-dire ?
02:16 Pour l'énergie, on s'est vaguement dit qu'on allait mettre des éoliennes ici, là. Combien ? Mystère. On verrait.
02:21 Et bien pour l'alimentation, c'est pareil. Personne ne s'est demandé quels devaient être les objectifs de production pour nourrir l'Europe
02:28 et avec quelles technologies nouvelles on les atteindrait.
02:31 La Commission a oublié dans sa grande croisade environnementale un détail.
02:37 Nous mangeons trois fois par jour. La seule alternative ne s'appelle pas le jeûne, mais les importations.
02:42 Alors vous plaidez, Emmanuel, pour un autre plan de réduction des pesticides, mais alors lequel ?
02:47 Oui, mais ambitieux et rationnel cette fois, avec des programmes de recherche, de l'argent pour la génomique, la robotisation, le biocontrôle.
02:55 La Commission européenne semble se rendre compte que l'agriculture n'est pas un hobby, mais une nécessité vitale.
03:01 Si en plus elle remet les pieds sur terre, les choses à l'endroit, qu'elle élabore une stratégie avec le réel et non pas malgré le réel,
03:07 on pourra cette fois peut-être croire au miracle.
03:10 Donc réduire les pesticides, mais au moins à productivité, à production constante.
03:13 Et oui, mais ça, ça veut dire beaucoup d'investissement.
03:15 Merci beaucoup Emmanuel Ducroix.

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