• l’année dernière

Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Emmanuel Ducrox du journal L'Opinion, une commission d'enquête parlementaire
00:03 essaie depuis l'automne de comprendre les raisons de la perte de souveraineté
00:07 et d'indépendance énergétique de la France.
00:09 Alors on y parle évidemment beaucoup de nucléaire.
00:12 Notre système nous garantissait il y a quelques années encore une électricité fiable,
00:15 abondante et peu chère. Il semble que tout s'est désagrégé.
00:18 - Des travaux remarquables que ceux de cette commission,
00:20 présidé par le député LR de la circonscription de Fessenheim, Raphaël Schellenberger.
00:25 La commission pose des questions simples à ceux qui ont tenu
00:28 les destinées énergétiques de la France depuis 25 ans.
00:30 Réponse souvent édifiante.
00:32 Les citoyennes de ce pays doivent aller écouter ces auditions.
00:35 Elles sont disponibles en ligne.
00:37 - Faites-nous gagner un peu de temps.
00:38 Que révèle cette commission d'enquête, Emmanuelle ?
00:41 - Un effarant cocktail d'ignorance, de je-m'en-foutisme, de cynisme, de lâcheté,
00:45 de paresse, de militantisme, de manichéisme, de naïveté, de démagogie
00:50 qui a décidé de notre politique énergétique.
00:52 Ça fait beaucoup.
00:53 Ses ingrédients sont dosés différemment selon les acteurs politiques de l'affaire,
00:57 mais tout ça est accablant.
00:58 - Alors ce qui vous a frappé, c'est que les auditions révèlent d'abord
01:01 une amnésie collective. Il y a des trous de mémoire comme ça.
01:03 - M. Golenroyal ne se souvient pas avoir soutenu l'idée
01:06 qu'il était possible de fermer tous les réacteurs en 40 ans.
01:09 Nicolas Hulot ne se souvient pas avoir lu un rapport secret défense
01:12 qui urgait de construire 6 réacteurs avant la catastrophe.
01:16 Dominique Voynet ne se souvient pas comment fonctionnait Superphénix
01:19 qui a fait fermer gros, gros trous de mémoire à tous les étages.
01:22 - Et ça donne un peu l'impression d'un bricolage gouvernemental.
01:26 - Oui, le plan de fermeture des centrales par exemple, ça ne reposait sur rien.
01:29 Aucune raison si ce n'est un accord électoral conclu par François Hollande
01:32 avec l'Ever en 2012. On fermera 24 réacteurs sur 58.
01:36 Ça aurait pu être 20, ça aurait pu être 40.
01:39 Il faut écouter Arnaud Montebourg qui fut ministre du redressement productif
01:42 raconter cet accord de coin de table.
01:44 Rien, absolument rien n'avait été prévu ou étudié.
01:47 - Alors il fut décidé aussi, toujours sous François Hollande,
01:50 de limiter à 50% la part du nucléaire dans notre mix électrique.
01:54 Qu'est-ce qu'on apprend dans les auditions de la commission d'enquête à ce sujet ?
01:56 - C'est totalement fantasque. Manuel Valls l'avoue,
01:59 ça n'était le résultat d'aucune étude d'impact.
02:02 50% ça faisait joli.
02:04 Faut pas chercher le moindre argument technique,
02:05 nos politiques ont joué au bon taux avec un des éléments les plus cruciaux
02:08 de l'équilibre de notre pays.
02:09 - Et vous nous dites que tous les scénarii semblent en fait bâtis sur du sable.
02:13 - Il faut écouter les ministres de la Transition écologique et énergétique
02:17 de la période 2019-2022, Elisabeth Borne puis Barbara Pompili,
02:21 parlaient du scénario RTE promouvant un mix de 100% nucléaire.
02:24 Elles savaient que c'était du pipo, mais il fallait rabattre leur caquet
02:28 aux pro-nucléaire. C'est ça la justification.
02:30 L'intérêt national sacrifié pour un nananaire de cours de récré.
02:33 - Oui c'était le mix 100% renouvelable.
02:37 - Oui pardon, renouvelable.
02:38 - La fermeture de Fessenheim aussi, il en est question ?
02:40 - Pareil. Après nous avoir bien répété que c'était une question de sécurité,
02:44 Elisabeth Borne avoue aujourd'hui qu'en fait EDF n'a pas proposé
02:46 d'autres centrales à fermer. Je traduis, ça aurait pu être n'importe laquelle.
02:50 Il fallait faire un exemple, après moi le déluge.
02:52 - Donc pas un pour rattraper l'autre finalement ?
02:55 - Ils sont bien quelques-uns, des spécialistes, des ingénieurs,
02:57 qui ont alerté sur le délire du saccage comme Hervé Machenaux,
03:00 ex-directeur exécutif d'EDF. On leur a ri au nez.
03:04 Pensez donc, spécialiste, ça rime forcément avec lobbyiste.
03:07 L'influence politique de l'écologie antinucléaire a investi l'appareil d'État.
03:11 C'est un miracle qu'on ait réussi à maintenir un parc nucléaire
03:14 avec une telle efficacité dans un contexte politique
03:17 qui se détériore de jour en jour depuis 40 ans.
03:19 C'est la conclusion amère d'Hervé Machenaux.
03:22 La politique, ce ne sont pas que des places, des signatures et des petits calculs.
03:26 Ça demande aussi un peu parfois de s'abstraire de son propre intérêt.
03:29 Là, l'histoire est en train de juger et le jugement est extrêmement cruel.
03:33 - Merci beaucoup Emmanuel Ducrot du journal L'Opinion.

Recommandations