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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son “Voyage en absurdie”, du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

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Transcription
00:00 Emmanuel Ducrox du journal l'Opinion, on va continuer à parler d'animaux.
00:04 Vous revenez ce matin sur une psychose qui avait tenu la France en haleine à l'été 2020,
00:08 celle des chevaux mutilés.
00:10 Et bien, trois ans après, l'histoire prend une toute autre couleur.
00:13 - Oui, c'est un long article de Martieux Délan dans la revue des Médias
00:16 que je reprends ici, un travail salutaire.
00:18 Trois ans après cette affaire des chevaux mutilés,
00:21 il a cherché le fin mot de l'histoire qui était passée de mode après avoir passionné les foules.
00:25 Et donc je vais vous faire un bref rappel des faits.
00:27 À la mi-2020, les méfaits d'un gang de massacreurs de chevaux avaient fait les gros titres de la presse.
00:33 Des mystérieux tortionnaires qui s'en prenaient aux poneys, aux ânes, aux vaches, aux lamas, aux chevaux,
00:37 et qui parfois leur coupaient les oreilles.
00:39 À l'été, les morts mystérieuses d'équidés s'étaient multipliées partout en France,
00:43 sans qu'on sache exactement combien.
00:45 Il y avait des propriétaires en alerte, des rondes dans les centres équestres,
00:48 des gendarmes mobilisés, des cellules pour centraliser les signalements.
00:52 Une floraison de reportages, j'en ai moi-même écrit un
00:55 sur la peur qu'avaient les autorités du dérapage d'autodéfense dans les Haras.
00:59 - Je m'en souviens tout à fait.
01:00 Ce qui avait donné une ampleur importante à cette affaire, c'était le massacre d'une jument.
01:04 Lady, près de Dieppe, sa propriétaire avait remué ciel et terre
01:08 pour comprendre ce qui lui était arrivé.
01:10 - Et la clé de l'affaire est effectivement là.
01:12 Pauline avait alors 23 ans et elle avait d'abord raconté le drame de Lady à la presse locale,
01:17 son oreille coupée, et elle était devenue une spécialiste pour les médias.
01:20 Elle gérait une page Facebook appelée "Justice pour nos chevaux"
01:24 et elle avait donné des dizaines et des dizaines d'interviews pour demander qu'on attrape les barbares.
01:28 - Et maintenant, ce que l'on sait, c'est que la véritable histoire de Lady n'était pas celle que l'on croit.
01:32 - Eh bien, l'enquête de la revue des médias coupe le souffle.
01:35 Elle retourne comme un gant l'histoire de Pauline.
01:38 La propriétaire dévastée par la mort de sa jument était aussi une jeune femme paumée, mal aimée,
01:43 qui vivait au bord d'un champ dans une caravane sans zone ni électricité.
01:46 Et elle s'était donnée pour mission de sauver les animaux.
01:49 Elle les appelait ses bébés, ses loulous, les bêtes, c'était toute sa vie.
01:52 Et elle avait recueilli tout un arche de Noé.
01:54 Des lapins, des furets, des reptiles, des cochons vietnamiens, 5 chats, 4 chiens, 15 chevaux, 2 poneys.
02:00 - Oh là là !
02:01 - Mais elle n'avait ni de quoi les nourrir, ni de quoi les soigner.
02:03 Ça, ça porte un nom.
02:04 Ça s'appelle le syndrome de Noé, le fait de maltraiter les animaux en voulant les sauver, les aider.
02:09 Le vétérinaire du coin, les carisseurs, les autorités sanitaires s'inquiétaient.
02:13 L'aménagerie de Pauline faisait même l'objet d'une enquête.
02:16 Et lorsque Lady, la jument, était morte de dénutrition,
02:19 et que Luna, la chienne de Pauline, s'était attaquée à sa dépouille parce qu'elle aussi avait faim,
02:24 eh bien Pauline avait pris peur.
02:25 Peur qu'on lui prenne sa chienne, ses bêtes.
02:27 Et elle avait inventé un énorme mensonge.
02:29 Un mensonge qui lui a totalement échappé.
02:31 - Mais donc il n'y avait pas de gang de massacreurs de chevaux ?
02:33 - Non, il y avait peut-être un ou deux cas de maltraitance.
02:36 Des animaux morts naturellement, abîmés par des chats rognards.
02:39 On a compté dans cette histoire de chevaux ce qu'on ne compte d'ordinaire jamais.
02:43 Les animaux morts parce que c'est la vie.
02:45 - En fait, on a été victime d'une intoxication collective, là ?
02:47 - Victime, oui, et nous, journalistes, peut-être un peu responsables malgré nous.
02:50 Il y avait toute une concordance d'ingrédients.
02:53 Le creux d'un été sans actualité, ce qu'on appelle une bonne cliente,
02:56 criante de sincérité, tout le monde avait envie de la croire, Pauline.
02:59 Un sujet passionnel, les animaux, des faits difficiles à vérifier,
03:03 qui a régréné partout en France.
03:05 Et puis une attention entretenue par des fantasmes, des rumeurs.
03:08 On a même accusé l'animateur Nagui d'être à l'origine des massacres.
03:11 Alors oui, il y a eu des alertes dans ce tumulte.
03:13 - Nagui ?
03:13 - Nagui, oui.
03:15 Il y a eu des alertes dans ce tumulte.
03:16 Un des gens qui ont prévenu parce qu'il connaissait Pauline.
03:18 Mais l'emballement était déjà là.
03:20 Une actualité lancée au grand galop, comme un cheval,
03:23 et que personne n'a pu arrêter.
03:25 - Ah, intéressant. Avec trois ans de recul.
03:27 Merci beaucoup, Emmanuel Ducrox.
03:28 Vous aussi, c'était votre dernière chronique de la saison.
03:30 Je vous dis à la rentrée.
03:32 - À la rentrée. Bon été à tous.
03:33 - Bon été. Vous avez vu cette belle continuité ?
03:35 Ils seront tous là à la rentrée sur Europe 1.