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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

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Transcription
00:00 - Manuel Ducrox, place à vous du journal "L'Opinion" et Manuel, une guerre verte s'est déroule à bas bruit dans les campagnes françaises.
00:06 Plusieurs organisations comme la Fédération Nationale de l'Agriculture Biologique, mais aussi l'UFC Que Choisir,
00:12 ou encore le Sina Bio, c'est-à-dire le lobby de l'industrie bio, ont attaqué en justice le 23 janvier le label HVE,
00:19 Label Haute Valeur Environnementale, label qui les juge trompeurs.
00:23 Ils ont demandé tous ensemble au Conseil d'État d'interdire ce label HVE, mais qu'est-ce que c'est que ce label ?
00:28 - C'est un label qui a été lancé en 2000 sous l'égide du ministère de l'Agriculture et avec à l'époque la Fédération Nationale de l'Environnement.
00:35 Dans les grandes lignes, il s'agit d'un référentiel pour accompagner les fermes dans la transition agroécologique en améliorant les pratiques sur quatre critères.
00:42 Les phytosanitaires, les émissions d'azote, l'eau et la biodiversité, des critères qui ont été renforcés par les autorités en décembre dernier.
00:50 Les agriculteurs s'engagent à respecter des règles strictes. Les fermes sont auditées par des organisations extérieures.
00:56 Il y a presque 30 000 exploitations agricoles HVO en France à la mi-2022 et notamment beaucoup de vignerons.
01:03 Le logo, peut-être que nos auditeurs commencent à le repérer, c'est une petite fleur orangée qui contient un paysage de champ.
01:09 - Mais oui, c'est elle. Alors qu'est-ce que la Fédération de l'Agriculture Biologique et ses alliés reprochent à ce label HVE ?
01:15 - Eh bien de tromper le consommateur, rien de moins. Alors j'ai interrogé hier la responsable de la Fédération Nationale de l'Agriculture Biologique.
01:22 Elle explique que cette accusation porte sur un point la définition du label HVE dans le Code Rural.
01:27 Alors il est écrit que ce label doit adopter les pratiques les plus exigeantes.
01:32 Eh bien pour la Fédération de l'Agriculture Biologique, la pratique la plus exigeante c'est l'agriculture bio et rien d'autre.
01:38 Elle m'a expliqué que sur le fond il n'y a pas de problème avec le contenu du label à part qu'il n'est pas bio.
01:43 Par exemple les usages des pesticides de synthèse sont ultra limités mais pas totalement interdits.
01:47 - Donc le monopole de l'exigence reviendrait au bio si je vous ai bien compris.
01:52 Le label HVE en effet ne prétend pas être une pratique bio.
01:56 - Ben non, les tenants du label HVE expliquent qu'on cherche à leur faire porter une mission qui n'est pas la leur et à laquelle ils n'ont jamais prétendu.
02:01 Le HVE n'est pas bio, il n'a jamais fait semblant de l'être, ça ne l'empêche pas d'être axé sur des thèmes environnementaux et de participer à l'amélioration des pratiques, au même titre que la démarche bio.
02:11 Il y a une certaine incompréhension. Pourquoi vouloir interdire un label qui va dans le sens de la transition ? Ça paraît pas très rationnel.
02:18 Mais ça fait un moment que la sphère bio a le label HVE dans le nez.
02:22 - Mais pourquoi tant de haine ?
02:23 - Et bien là c'est trivial. Le marché du bio s'écroule en France après des années de croissance. Les ventes ont chuté de 10% en moins de deux ans.
02:30 Forcément un des produits 30 à 50% plus cher, pas de bénéfices santé avérés, les consommateurs rechignent.
02:36 Le bio a, selon nombre de spécialistes de la distribution alimentaire, atteint ses limites sur son marché.
02:41 Le problème c'est que les conversions bio ont été soutenues artificiellement sur des fonds publics et forcément ça coince.
02:47 La FNAB, la Fédération de l'agriculture biologique, explique que les difficultés sont aggravées par les concurrences d'autres pratiques soucieuses de l'environnement.
02:54 Le HVE doit donc disparaître, le bio c'est la seule agriculture vertueuse chasse gardée.
02:59 C'est une position radicale qui agace dans le reste du monde agricole.
03:03 Avoir comme argument le dénigrement des autres pratiques tournées vers les forts plutôt que la défense de ses propres vertus est assez mesquin.
03:10 Mais le bio estime que les pouvoirs publics ne lui donnent pas assez de moyens pour faire des campagnes de promotion.
03:16 Je doute qu'on ramène les consommateurs vers le bio de cette manière là, d'autant qu'on ne s'adresse pas au même public avec ses démarches différentes.
03:23 Et puis il y a clairement de la place pour tout le monde.
03:25 Bon enfin c'est une affaire de concurrence, une affaire d'argent.
03:28 Eh oui parce que dans la nouvelle politique agricole commune, les démarches HVE abouties,
03:32 qui ne sont pas subventionnées comme les conversions bio, pourront bénéficier de ce qu'on appelle les éco-régimes, c'est-à-dire les aides environnementales.
03:39 Et ça dans le monde bio, ça passe très mal. On se sent dépossédé de cette manne financière.
03:44 Le fond de l'affaire, c'est triste mais ce n'est pas l'environnement, c'est une guerre marketing et rien de plus.
03:49 Un décryptage passionnant. Merci beaucoup Emmanuel Ducrot du journal L'Opinion sur Europe 1.
03:54 Dans un instant, restez avec nous, le club de la presse Europe 1, un an après l'affaire Orpea.
03:59 Qu'est-ce qui a changé dans les Ehpad et en reviendra sur cette mystérieuse série d'incendies d'églises dans les rues de Paris depuis une dizaine de jours. 8h42.