• il y a 10 mois
À travers la troisième proposition de son étude sur l’impact de la donnée sur le vivant, le Cercle de la donnée souhaite inviter les acteurs économiques et politiques à mettre en balance les bienfaits de toute nouvelle technique avec ses méfaits. Mais alors, en consiste-t-elle ? Ces derniers proposent qu’une étude d’impact sur le vivant soit réalisée par les fournisseurs des services et outils numériques mais également par les entreprises utilisatrices. Explications de Sophie Kermenguy, avocate et membre du Cercle de la Donnée.

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00:00 [Musique]
00:06 On termine cette édition avec une proposition, une proposition du cercle de la donnée pour tendre vers un numérique plus responsable vis-à-vis de la nature mais également vis-à-vis de la société.
00:16 Je suis en compagnie de Sophie De Kerminghi. Bonjour.
00:19 Bonjour Nelly.
00:20 Vous êtes avocate, membre du cercle de la donnée. Alors cette proposition c'est notamment avant la mise en place d'un service numérique de réaliser une étude d'impact sur le vivant et puis de rendre compte aussi de l'utilisation de la donnée par les entreprises.
00:35 Alors qu'est-ce qui est arrivé en amont de cette proposition ? Pourquoi ce constat ? Sur quoi s'appuie-t-il ?
00:43 Alors oui, la philosophie derrière cette proposition et de manière générale en fait de l'étude, c'est de mettre en balance les bienfaits de toute nouvelle technologie qui génère de la donnée avec ses méfaits, à l'aune de ses méfaits, pour éviter ce qu'on appelle le bluff technologique.
00:58 Alors cette philosophie, elle n'est pas nouvelle, elle a été théorisée par le sociologue et philosophe Jacques Ellul il y a déjà quelques décennies, donc il était assez précurseur dans le domaine.
01:09 Et pour prendre un parallèle avec quelque chose d'encore plus concret, par exemple pour le plastique, pendant des décennies on n'inventait que les bienfaits et aujourd'hui évidemment on constate que ce n'est pas le cas.
01:20 Donc en toute modestie, au cercle, on voudrait éviter, en ce qui concerne le numérique, de reproduire des erreurs du passé en prenant en compte dès maintenant l'empreinte de la donnée du numérique sur le vivant.
01:32 Alors je précise tout de suite à nos auditeurs que l'empreinte, ça regroupe trois dimensions. En fait c'est une empreinte sur les ressources naturelles, par exemple l'énergie, parce que la donnée nécessite beaucoup d'énergie pour fonctionner.
01:45 Une empreinte sur la biodiversité, avec l'artificialisation des sols ou encore les déchets numériques. Et enfin une empreinte, c'est là où c'est intéressant, sur la santé physique et psychique des êtres humains.
01:57 Parce qu'on sait aujourd'hui que le numérique et la donnée, ça peut avoir un impact, par exemple pour des dépressions, un renfermement sur soi, des troubles du sommeil.
02:05 Donc dans l'étude on a quatre propositions, il y en a déjà deux qui ont été présentées par deux autres membres du cercle.
02:12 Une qui est l'autorisation préalable de mise sur le marché, aux mêmes titres que les médicaments, et la deuxième l'éducation.
02:17 Donc celle aujourd'hui que je vais proposer... - Présentée dans Smartech je précise. - Oui, mais celle que je propose aujourd'hui, elle n'a pas pour but de charger encore plus la barre que des anciens.
02:29 - C'est la question que j'allais vous poser. - C'est ça, ce qu'on veut proposer c'est un vrai outil d'aide à la décision pour les entreprises.
02:39 Et ce n'est pas quelque chose qui vient encore plus charger la barre, parce qu'on sait qu'aujourd'hui il y a beaucoup de règles législatives en place.
02:45 Donc en deux mots ce serait en fait qu'il y ait une étude d'impact préalable qui soit faite par les fournisseurs de services numériques, mais aussi par les entreprises.
02:54 - Mais très concrètement que devrait prendre en compte selon vous cette étude, cette analyse ?
02:59 - Alors oui, pour que ce soit un peu plus concret, en fait ce qu'on propose c'est que le fournisseur d'un outil ou d'un service numérique, par exemple un logiciel ou un objet connecté,
03:09 en fait il détermine l'éco-score de ce dernier et que cet éco-score soit publiquement accessible.
03:16 Alors on connaît tous les Nutri-scores qui existent pour l'alimentaire, il faut savoir qu'il existe aussi des éco-scores qui ne sont pas obligatoires.
03:24 Mais l'idée ce serait de les étendre en fait au numérique et c'est tout à fait possible en pratique de le déterminer,
03:31 enfin on pense que c'est possible parce que l'ADEME aujourd'hui propose des critères pour déterminer cet éco-score dans l'alimentaire.
03:38 Il serait possible de le faire pour le numérique et donc comment en fait on le calculerait ?
03:42 - On aurait quoi dedans ?
03:43 - Bah voilà, c'est ça en fait, dedans ce serait l'empreinte en fait sur les ressources naturelles,
03:49 par exemple l'énergie qu'a consommé l'outil pour être construit, sur aussi la biodiversité par rapport à son recyclage ou encore pour un service numérique,
03:57 s'il est gratuit ça a un impact, on le sait, sur l'addiction, donc en fait la santé psychique des êtres humains, parce que quand c'est gratuit ça pousse souvent à l'addiction.
04:05 Voilà ce serait des critères, des idées pour essayer de déterminer l'éco-score dans le numérique.
04:11 - Ok, et vous imaginez quel bénéfice direct aurait cet éco-score selon vous ?
04:17 - Alors il y a deux composantes en fait, pour le fournisseur ce serait de pouvoir en fait changer certains paramètres de son outil ou de son logiciel,
04:27 pour le rendre plus responsable, plus résilient et pour les utilisateurs, donc que ce soit des consommateurs ou les entreprises,
04:34 ce serait en fait de pouvoir décider en fait de quel outil ils veulent dans leur entreprise en toute conscience écologique si on veut.
04:43 Et d'ailleurs à ce titre là, une des autres propositions qu'on fait, ce serait que les entreprises soient aussi plus responsabilisées sur le numérique,
04:52 ainsi dans leur rapport RSE il y a un bilan de l'activité numérique et de la donnée de l'entreprise avec certains seuils à ne pas dépasser,
04:58 donc concrètement plus vous utilisez de services et d'outils avec un mauvais éco-score et plus votre bilan est mauvais.
05:07 Et d'ailleurs c'est intéressant de réaliser aussi cette étude parce qu'il y a des chiffres, quand on les donne, qui sont assez révélateurs,
05:15 entre 25 et 50% des logiciels dans le système d'information d'entreprise ne sont pas utilisés en pratique souvent par les salariés,
05:23 donc c'est assez important, c'est pour ça que parfois il faut quand même réfléchir avant d'utiliser un outil.
05:27 - Voilà exactement, et donc voilà pour conclure cette proposition, c'est vrai qu'on parle aujourd'hui beaucoup de responsabilité dans beaucoup de domaines,
05:37 ce serait un vrai outil d'aide à la responsabilisation à la fois des fournisseurs et des utilisateurs du numérique.
05:43 - Merci beaucoup Sophie de Kermingui, avocate et membre du Cercle de la Donnée, puis merci à tous de nous suivre avec une grande fidélité sur la chaîne vSmart,
05:51 je sais aussi que vous nous écoutez en podcast et que vous nous suivez sur les réseaux sociaux.
05:55 C'était Smartech, on se retrouve très bientôt, je vous souhaite une excellente journée en attendant.
05:59 [Musique]

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