• il y a 11 mois
Lancée en 2019 par ses trois cofondateurs, l’application Olvid a récemment fait parler d'elle pour son déploiement sur les appareils portables des membres du gouvernement et des cabinets ministériels. Grâce à un chiffrement des messages de bout-en-bout, cette messagerie instantanée cherche à protéger les données de ses utilisateurs. Son président et cofondateur, Thomas Baigneres est dans la Grande Interview de SMART TECH.

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Transcription
00:00 *Musique*
00:06 Bonjour Thomas Beignière.
00:07 Bonjour Delphine.
00:08 Merci beaucoup d'être avec nous.
00:09 Vous êtes le président co-fondateur d'Olvid,
00:11 cette messagerie qui d'un seul coup s'est retrouvée dans la lumière,
00:15 sous le feu des projecteurs,
00:17 puisque désormais le gouvernement est incité à l'utiliser.
00:21 Alors vous vous en parlez comme de l'application de messagerie professionnelle
00:25 la plus sécurisée jamais réalisée.
00:27 Alors oui en tout cas...
00:29 Qu'est-ce qui prouve ça Thomas ?
00:31 Alors on ne peut jamais prouver une chose pareille,
00:33 donc je ne vous cache pas qu'il y a probablement un peu de marketing derrière une phrase comme ça,
00:36 mais néanmoins il y a une chose qui est fondamentale chez nous,
00:39 c'est un état d'esprit dans lequel on développe toutes les choses qu'on développe chez Olvid.
00:43 C'est vraiment avoir une volonté, quand on se pose une question,
00:46 qu'on essaie de trouver des solutions ou des pistes,
00:48 de se dire ok, qu'est-ce qu'on essaie de faire en premier ?
00:50 C'est de protéger l'utilisateur final.
00:52 Dans tout ce que l'on fait, c'est vraiment ça,
00:55 on va dire l'étoile polaire,
00:57 ce qu'on essaie en permanence de suivre, c'est de se dire ok,
00:59 on sait que nos enfants sont amenés à utiliser cette application,
01:03 si je dois faire un choix, je le fais pour eux d'abord.
01:05 Je le fais même avant de penser à la société.
01:08 On est vraiment obsédé chez nous à l'idée de protéger l'utilisateur final de l'application.
01:13 On ne protège pas un annonceur...
01:15 Et le protéger de quoi ?
01:17 De toute agression extérieure,
01:19 de toute situation qui pourrait lui être d'une certaine manière désagréable.
01:23 Ça va même dans des points de détail, par exemple,
01:25 quand vous prenez une messagerie standard,
01:27 vous avez nécessairement des accusés de lecture.
01:29 Vous lisez un message, sur la plupart des plateformes,
01:33 la personne qui a envoyé le message est immédiatement notifiée que vous avez lu ce message-là.
01:38 Ceci probablement pour vous entraîner à répondre le plus rapidement possible
01:42 et vous mettre dans une situation désagréable,
01:44 où finalement, quelque part, vous avez une certaine forme de pression
01:47 qui vous force à répondre immédiatement à ce que vous venez de lire.
01:50 Nous, il n'est pas par défaut, il existe,
01:52 il est possible de l'activer, mais ce n'est pas activé par défaut.
01:55 Donc là, on est loin de la cryptographie, de la sécurité, de ces choses-là,
01:58 mais vraiment, c'est poser cette question,
02:00 est-ce que ce choix qui est fondamentalement standard,
02:02 de dire on envoie les accusés de lecture pour augmenter le trafic,
02:06 est-ce que vraiment c'est celui-là que l'intégralité de nos utilisateurs veulent ?
02:09 Notre point de vue, on peut en débattre pendant des heures,
02:12 c'est que non, en pratique, on a envie de se donner le temps,
02:15 de se donner l'autorisation de lire quelque chose et de dire
02:18 je vais terminer le dîner en famille et je répondrai plus tard.
02:21 En permanence, en fait, on a l'utilisateur final en état d'esprit.
02:24 Ça, c'est vrai pour les petites fonctionnalités dont je viens de parler,
02:27 mais c'est vrai aussi pour la protection de toutes vos données personnelles,
02:31 de tout ce que vous envoyez et que vous recevez,
02:33 de votre carnet d'adresse, de celui ou de celle que vous êtes sur le réseau.
02:37 Finalement, tout ce qui a trait à votre personne, à vos données personnelles,
02:41 pour nous, c'est quelque chose qui devrait rester aussi inviolable que possible,
02:45 et on fait tout ce que l'on peut faire scientifiquement pour vous protéger.
02:48 Donc c'est une messagerie qui ne va pas piocher dans notre carnet d'adresse
02:53 ni dans nos albums photos, qui est chiffrée de bout en bout.
02:58 C'est ça la promesse de protection maximale ?
03:02 Oui. Alors, il n'y a pas que le chiffrement de bout en bout.
03:04 Donc ça, c'est quelque chose de chiffrement de bout en bout.
03:06 Donc ce n'est pas quelque chose que nous avons inventé.
03:07 Ça existait déjà dans d'autres messageries WhatsApp, Signal
03:10 et d'autres messageries que les gens utilisent peut-être déjà.
03:13 Ce qui est nouveau chez nous, c'est d'y adjoindre quelque chose
03:16 qui est fondamental en cryptographie, c'est l'authentification de bout en bout.
03:20 Quand vous discutez sur quelque plateforme que ce soit,
03:22 quelle est la garantie que vous avez ?
03:24 Quand vous recevez un message, Thomas, de Delphine,
03:28 quelle est la garantie que vous avez que ce message provoque bien de cette personne-là ?
03:32 Il y a deux aspects, c'est quelle garantie que j'ai que ce message vient bien de là
03:35 et qui a la possibilité d'en prendre connaissance ?
03:38 Le chiffrement de bout en bout vous garantit une confidentialité du message,
03:41 c'est-à-dire que personne ne peut prendre connaissance de ces données-là à part vous.
03:45 L'authentification vous garantit que quand vous recevez un message
03:48 qui a marqué que ce message vient de Delphine,
03:50 j'ai la certitude cryptographique qu'il vient bien de Delphine.
03:53 Cette authentification dans le vide, c'est ce qui nous distingue
03:56 de l'immense majorité des autres plateformes, c'est qu'elle aussi,
03:59 elle est faite de bout en bout. Autrement dit, il n'existe pas un serveur
04:02 qui peut jouer avec votre identité numérique, manipuler des identités,
04:06 se faire passer pour quelqu'un d'autre.
04:08 C'est cet aspect-là, cette approche-là que nous avons eue,
04:11 qui nous permet aujourd'hui de dire que vous n'avez pas, ou très peu,
04:15 on pourra y revenir si vous le souhaitez, de données personnelles
04:18 captées par notre système. En ce modo, quand vous installez Olvid
04:21 et que vous créez votre compte, votre compte, contrairement à d'autres systèmes,
04:24 ne va pas être stocké sur un serveur, il va rester en local sur votre téléphone.
04:27 Donc votre prénom, votre nom, que vous indiquez au départ,
04:30 ne sont pas stockés en clair sur votre serveur.
04:32 Ce sont des choses qui restent sur votre téléphone et que vous avez,
04:35 vous mettez les moyens à disposition, vous pouvez les partager avec qui vous souhaitez.
04:39 C'est assez différent comme approche, c'est pour ça qu'on se qualifie de messagerie privée.
04:43 On a enlevé la petite tagline, il y a quelques temps, de la messagerie la plus sûre du monde,
04:47 parce qu'on comprend que certaines sensibilités étaient un peu choquées.
04:50 Visiblement, ça a énervé, parce que vous avez dû vous défendre sur certains points.
04:54 Je vais quand même resituer votre parcours, qui explique aussi l'oppositionnement d'Olvid.
04:59 Vous avez obtenu un doctorat en 2008 sous la direction du professeur Serge Vaudnay,
05:03 professeur de l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne.
05:06 Vos principaux domaines de recherche couvrent le chiffrement par bloc et leur cryptanalyse.
05:13 Et c'est justement à l'École Polytechnique en Suisse que vous avez rencontré Mathieu Finiaz,
05:19 avec qui vous montez, dix ans plus tard, cette aventure Olvid.
05:24 À ce moment-là, vous avez bien décrit votre ambition, vous n'êtes pas les seuls sur le marché.
05:30 Il y a déjà beaucoup d'acteurs qui se positionnent sur cette ultra-sécurisation,
05:37 mais aussi confidentialité des messageries. Je pense à Télégramme, je pense à Signal.
05:42 Mais alors vous, ça va un petit peu plus loin, vous obtenez une certification de l'ANSI.
05:49 Pourquoi est-ce que vous êtes allé la chercher ? Comment ça s'est passé ?
05:52 Alors déjà, l'ANSI, l'Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d'Information,
05:57 c'est un organisme français qui a une dimension européenne voire mondiale.
06:03 Donc on a une chance extraordinaire d'avoir un organisme de cette nature-là en France.
06:07 On connaît assez personnellement un certain nombre de gens qui travaillent dans l'équipe de cryptographie de l'ANSI.
06:12 Ce sont des gens formidables, avec qui on avait des échanges bien avant de commencer Olvid.
06:16 Donc c'est un environnement qu'on connaît quand on est cryptologue et qu'on est francophone.
06:21 On va dire l'ANSI, évidemment, on la connaît bien.
06:23 C'est des gens avec qui on avait travaillé par le passé avant que nous ne commençions Olvid,
06:27 alors que nous étions de l'autre côté de la barrière et que nous, Mathieu et moi-même, évaluions des produits pour le compte de l'ANSI.
06:35 Donc c'est d'un environnement qu'on connaissait bien.
06:37 Et le processus dans lequel on a voulu faire entrer Olvid, c'est donc un processus qu'on appelle CSPN,
06:42 Certification de Sécurité de Premier Niveau,
06:44 qui est en fait une manière de faire auditer une application de l'envergure d'Olvid pendant un temps limité
06:52 par des gens dont c'est vraiment le métier, qui sont des professionnels de la recherche de failles.
06:57 Et ça permet différentes choses.
06:58 Ça permet déjà, nous, de nous assurer qu'il n'y a pas quelque chose qu'on n'aurait pas forcément vu,
07:02 parce que les erreurs peuvent arriver à n'importe qui, à nous bien entendu.
07:07 Et ça permet aussi de rassurer.
07:08 Parce que d'une certaine manière, quand j'arrive et que je dois répondre à votre question "Qu'est-ce qui vous garantit que ?",
07:13 je peux avoir tous les doctorats que je veux et vous garantir que j'ai vraiment fait de mon mieux pour que les choses se passent bien,
07:18 fondamentalement, vous avez besoin de réassurance.
07:21 Et si ça fonctionne comme ça, Landsea met à disposition des entreprises comme la nôtre ce processus de certification
07:27 qui est plutôt de haut niveau et qui nous permet, nous, derrière, d'aller voir des entreprises en disant "On a fait le travail,
07:33 on a été honnête sur ce qu'on fait, on est open source, on a une certification de Landsea".
07:37 Et peut-être ça montre aussi que vous n'êtes pas, puisque je parlais de cette mouvance Telegram, Signal,
07:41 on en parlait plutôt comme des messageries qui étaient utilisées par la face obscure, on va dire, de la force.
07:48 Est-ce que c'était une façon aussi de dire "Nous, on souhaite rentrer dans un paysage légal, classique, finalement, de messagerie grand public" ?
07:56 Tout à fait. C'est-à-dire que nous, on a la conviction que le futur est privé, pour reprendre les mots de Mark Zuckerberg,
08:02 c'est les seuls que je reprendrai aujourd'hui. Et en fait, cette conviction fait qu'on a envie, finalement, que Holvid, évidemment,
08:10 mais que d'autres messageries, je ne parlerai pas de Telegram parce qu'ils parlent beaucoup de sécurité mais ils en font très peu,
08:15 en fait, que ça devienne un standard, en fait. Que les gens ne soient pas émus à l'idée de protéger leur communication.
08:22 On entend de moins en moins, mais on entend encore aujourd'hui "Je n'ai rien à cacher, je n'ai rien à me reprocher,
08:26 donc ce n'est pas la peine d'utiliser ça". Mais en fait, pourquoi ne pas l'utiliser ?
08:29 En fait, pourquoi vouloir absolument remplacer toutes vos lettres par des cartes postales ?
08:33 On espère un monde, dans le futur, où finalement, les données personnelles, les gens, assez naturellement,
08:39 en fait, iront vers des solutions qui devront être de plus en plus simples à utiliser, et on a des projets à faire là-dessus,
08:45 mais qui leur permettront de garantir leur intégrité numérique, tout simplement.
08:48 Vous avez l'impression que le pari est gagné ? Holvid a plutôt reçu énormément de prix, d'innovations, d'Innovation Awards,
08:56 voilà, donc vous êtes célébré. Une circulaire d'Elisabeth Borne, alors qu'elle était Première Ministre,
09:02 a donc incité le gouvernement à utiliser cette messagerie pour ses communications confidentielles.
09:08 C'est une sorte de consécration, j'imagine, pour vous. Est-ce que vous vous dites "bon ben là, on a vraiment atteint notre objectif" ?
09:17 Ah non, loin de là. Alors, je ne veux pas minimiser ce qui nous est arrivé, c'est quelque chose d'absolument formidable.
09:21 Je veux dire, quand on a commencé cette messagerie il y a quelques années, si j'avais su qu'on en serait là aujourd'hui...
09:27 C'était une surprise, ça, par exemple, la circulaire de la Première Ministre ?
09:30 La circulaire, oui. La circulaire à ce niveau-là, et l'impact que cette circulaire a eu, oui, c'est une surprise.
09:35 Honnêtement, on ne s'attendait pas à un tel rat de marée, en fait.
09:40 Vous l'avez chiffré, cet impact ?
09:42 C'est difficile à chiffrer, parce que comme tous les événements un peu majeurs dans la vie d'une entreprise,
09:48 ou de manière plus générale, les événements majeurs, il y a toujours une sorte de pic événementiel,
09:54 quelque chose qui redescend et qui vient se stabiliser. Il faut laisser un petit peu de temps aux choses pour qu'elles se fassent.
09:58 Donc c'est un peu difficile de mesurer exactement...
10:01 Je ne sais pas, par exemple, vous aviez combien d'utilisateurs avant, et vous en avez combien aujourd'hui ?
10:05 Alors on en avait de l'ordre de 100 000 utilisateurs actifs avant. Aujourd'hui, on est plutôt à 150 000 utilisateurs actifs.
10:11 D'accord. Oui, c'est quand même énorme comme effet.
10:14 Après, donc ça, ce sont des gens qui ont installé l'application, qui ont décidé de l'essayer. Est-ce qu'ils l'utilisent ?
10:21 Est-ce que vous, vous avez d'ailleurs cette information sur le niveau d'utilisation ?
10:25 Alors, on a un certain nombre d'informations néanmoins.
10:28 Typiquement, Holvid est une messagerie qui fonctionne à base d'un serveur qui va redistribuer les messages aux différents correspondants.
10:34 Donc on pourra revenir sur ce que c'est qu'un message sur le serveur, parce qu'avec le chiffrement, c'est quasiment l'intégralité du message est totalement chiffré.
10:43 La seule chose qui ne le soit pas, c'est l'identité, le pseudonyme du destinataire.
10:47 Un peu comme sur une enveloppe, on est bien obligé d'indiquer une destination pour l'enveloppe.
10:51 Sauf que chez nous, ce n'est même pas le nom et le prénom de quelqu'un. C'est vraiment un pseudonyme systématiquement.
10:55 Ça ne veut pas dire qu'il y a de l'anonymat dans le vide, je précise, sinon nous allons nous faire massacrer. Il n'y a pas d'anonymat sur Internet.
11:01 Néanmoins, on arrive à évaluer la quantité de trafic qui va traverser le serveur.
11:06 Et ça, ça nous permet de déduire le nombre d'utilisateurs actifs qu'on a. On ne sait pas qui c'est.
11:11 Et alors, qu'en est-il de la réalité de l'utilisation ?
11:14 La réalité de l'utilisation, en fait...
11:16 Parce qu'une messagerie ultra sécurisée, évidemment que c'est génial pour se protéger et que tout le monde doit y avoir accès.
11:23 Mais dans les faits, ce n'est pas ce qu'on fait de plus grand public. Parce que c'est plus compliqué quand même à mettre en œuvre.
11:30 Alors, notre objectif, c'est que ce soit... Je ne peux pas vous dire que ce soit aussi simple.
11:34 Mais Olvid est une messagerie différente. C'est pour ça qu'on a changé la tagline de notre chiffre pour passer de la messagerie la plus sûre du monde,
11:42 c'est la dernière fois que je le dis, à la première messagerie privée pour tous.
11:45 L'idée fondamentale, c'est que ce que propose Olvid, ce n'est pas une messagerie qui va prôner une viralité totale et donc une facilité d'utilisation
11:54 qui va immédiatement vous mettre en contact avec la planète entière, qui va prévenir tout le monde que vous utilisez.
11:58 Ce n'est pas l'état d'esprit. Ce n'est pas une volonté de faire moins simple.
12:01 C'est vraiment une volonté de vous protéger et de vous dire ce qu'on vous met dans les mains.
12:04 C'est quelque chose que vous n'aviez pas nécessairement avant.
12:06 C'est quelque chose qui vous permet à vous de décider avec qui vous voulez parler et avec qui vous ne voulez pas parler.
12:11 Le processus d'entrée, de mise en relation, qu'on appelle ça, d'entrée en contact avec quelqu'un, est différent.
12:16 Il y en a d'ailleurs plusieurs dans Olvid en fonction de la situation dans laquelle vous êtes.
12:20 Mais ce processus-là, en fait, lui-même, peut sembler plus compliqué, mais en pratique, il vous protège parce qu'il vous permet à vous de dire
12:28 « Lui, je n'ai pas envie de lui parler, donc je ne vais même pas le prévenir que je suis sur Olvid.
12:31 Mes enfants, ma famille, les gens de mes collaborateurs, eux, j'ai envie de leur parler sur Olvid. »
12:36 Une fois que vous avez fait ce travail d'entrée en contact avec quelqu'un, en présentiel, c'est quelque chose qui prend 4 secondes.
12:41 C'est plus simple que de demander l'adresse e-mail ou un numéro de téléphone.
12:44 On peut le faire aussi par SMS, même si on est pas en présentiel.
12:47 On peut le faire par SMS, on peut le faire à distance aussi.
12:49 Une fois que vous avez fait ce travail à une seule, avec la personne avec qui vous voulez parler,
12:52 en fait, ça marche comme vous l'attendez d'une messagerie.
12:54 Tout le reste est absolument aussi simple.
12:56 Donc, j'entends, évidemment, il y a un petit travail de départ à faire pour entretenir ces…
13:01 enfin, d'entrer en contact avec les 4, 5 premiers contacts.
13:03 Une fois que ce travail-là est fait, et ça prend que quelques secondes,
13:07 tout le reste est aussi simple qu'avec n'importe quelle autre messagerie que vous savez déjà utiliser.
13:11 Donc, d'une certaine manière, on se positionne comme quelque chose d'un produit qui est finalement assez différent.
13:16 Alors oui, c'est une messagerie.
13:17 Oui, parce que c'est le coup à l'entrée, en fait, qui est…
13:20 enfin, le coup, j'ai envie de dire, pédagogique, d'interface, qui est quand même très important.
13:27 Sur la circulaire d'Elisabeth Borne, vous nous avez dit, oui, c'était une surprise.
13:34 Et puis aussi, en termes d'impact derrière, on a parlé de l'impact positif sur l'adoption de l'application.
13:39 Il y a aussi un impact négatif.
13:41 Des polémiques ont surgi.
13:43 Pourquoi, d'un seul coup, le gouvernement choisit Olvid ? Quel scandale !
13:48 Ça vous a étonné, ça, ce revers de bâton, ce retour de bâton, ce revers de la médaille du succès ?
13:55 Alors, si je devais être parfaitement honnête, je vous dirais oui.
14:00 Et en fait, a posteriori, je me dis que j'ai été assez naïf de penser que les choses ne pouvaient que bien se passer.
14:06 Naïvement, nous, on sait comment on travaille, on sait dans quel état d'esprit on est.
14:11 Et on se dit que finalement, si les gens pouvaient lire dans nos pensées,
14:14 ils se diraient « Ah, mais finalement, cette entreprise-là, vraiment, son objectif numéro un,
14:19 c'est d'œuvrer pour le bien de ses utilisateurs finaux ».
14:22 Diantre ! À quel moment est-ce que cela peut poser un problème à qui que ce soit ?
14:25 Oui, puis on a plutôt envie d'avoir des start-up françaises qui grandissent,
14:28 qui sont aussi soutenues par la commande publique.
14:31 Enfin, donc, c'est plutôt, ça va dans le sens du discours de chacun, il me semble, aujourd'hui.
14:35 Bon, on va quand même en venir à ce qu'on vous reproche.
14:38 Parce que c'est vrai, on se dit « Oui, ok, c'est français, donc on veut une solution hyper souveraine, hyper sécurisée.
14:44 Mais est-ce souverain si les serveurs qu'utilisent Olvid sont entre les mains de Amazon ? »
14:50 Alors oui, donc ça, c'est quelque chose dont on ne s'est jamais caché.
14:53 D'ailleurs, si vous regardez sur notre site Internet, vous pouvez même explorer l'historique de notre site.
14:56 Vous verrez qu'on a toujours dit que nos serveurs, ils étaient chez AWS, donc Amazon.
15:01 Donc, ce n'est pas une découverte qui a été faite suite à l'annonce de Mme Borne.
15:06 C'est vraiment quelque chose qu'on a toujours dit, qu'on avait dit avant d'avoir nos certifications.
15:11 Donc, c'est quelque chose qui, en fait, est connu depuis que Olvid commence à être connu.
15:15 Bon, disons que peut-être certains l'ont découvert quand même.
15:17 Et donc, qu'est-ce qu'on peut parler de souveraineté dans ce contexte ?
15:20 Alors, ce qui est essentiel, je pense, dans ce discours-là, je vais essayer de faire le plus court possible sur cette question.
15:26 Oui, parce qu'en plus, on manque de temps.
15:27 J'ai bien mon mieux.
15:28 La première chose, c'est de comprendre le modèle de sécurité.
15:31 Le modèle de sécurité, c'est donc quand on crée une messagerie contre qui, contre quoi on veut se protéger.
15:35 Nous, dès le départ, on dit la chose suivante.
15:37 On va considérer que les téléphones des utilisateurs sont simples.
15:40 On pourra revenir sur cette question-là.
15:42 Et on va considérer que le reste du monde est hostile.
15:44 Quand je dis le reste du monde, c'est tous les routeurs, tout le trafic, tout le réseau Internet qui va séparer ces deux téléphones, y compris les serveurs que nous opérons.
15:53 Donc, on considère, nous, dans notre modèle de sécurité, les suppositions que nous faisons au départ, avant de commencer à développer les algorithmes cryptographiques,
16:01 on considère que nos serveurs que nous opérons sont hostiles, qu'ils vous veulent du mal.
16:06 Et néanmoins, on doit être capable, grâce à la cryptographie qui va tourner sur votre téléphone et sur celui de votre correspondant,
16:12 on doit être capable de prouver, donc on ne parle pas de vous, on parle vraiment de preuves mathématiques, de preuves cryptographiques,
16:17 on doit être capable de vous prouver que tout ce que l'on avance en termes de garantie, de sécurité, de confidentialité, d'authenticité,
16:23 continue à fonctionner quand bien même le serveur serait malveillant.
16:26 Donc, je ne réponds pas, en fait, à votre question en disant que ce à quoi je réponds, c'est « pourquoi pas ? ».
16:32 Je n'ai pas dit pourquoi, j'ai dit pourquoi pas.
16:34 Mais ça reste important, c'est-à-dire qu'on en arrive à un stade où on dit qu'on pourrait très bien être là, on pourrait être ailleurs, et ça reviendrait grosso modo.
16:41 Alors maintenant, pourquoi AWS ?
16:43 Parce qu'on n'a plus le temps. Dites-moi surtout, est-ce que cette polémique vous a fait réfléchir et vous a donné envie de changer d'hébergeur ?
16:50 Oui, alors, de changer d'hébergeur, pas forcément, ce qu'on va faire, parce qu'on veut créer, vous l'avez dit, des champions français à portée mondiale.
16:57 Aujourd'hui, AWS, c'est un problème en France, probablement pour certains, ça ne sera pas un problème pour les Américains,
17:03 et finalement, tous les gens que nous serons amenés à rencontrer sur la planète auront leur propre sensibilité.
17:07 Ce qu'il faut faire, c'est du multicloud.
17:09 Donc vous allez vers du multicloud.
17:11 On le fait déjà.
17:12 Vous le faites déjà. Merci beaucoup Thomas Beynère, c'est passé très très vite.
17:15 On a pu brosser un petit tableau quand même, on a essayé de répondre à quelques questions autour d'Olvid et d'éclairer au maximum nos téléspectateurs.
17:22 Je rappelle, vous êtes le président cofondateur d'Olvid. Et tout de suite, on a rendez-vous avec notre advisor.

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