Au vu de l’importance des infrastructures qui constituent le numérique, tendre vers une neutralité carbone représente un défi immense pour l’ensemble de la société. C’est le sujet d’un rapport réalisé récemment par l’Institut de la Souveraineté Numérique en partenariat avec le Centre d'Innovation des Technologies sans Contact. Coordonné par Bernard Benhamou, ce dernier sera présenté récemment devant le Sénat. A l’intérieur, on y trouve 3 axes de décarbonation du numérique : le développement de technologies « bas carbone », la sensibilisation à de meilleures pratiques et des mesures d’aide aux entreprises innovantes.
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00:00 Numérique et développement durable, c'est le titre d'un rapport qui fera l'objet d'une
00:07 présentation officielle au Sénat auprès de la Commission d'innovation le mois prochain.
00:12 On va en parler tout de suite dans Smartech.
00:14 Le sous-titre de ce rapport c'est "Evolution technologique, enjeux géopolitiques et perspectives
00:19 de régulation en Europe".
00:20 Ça fait beaucoup de défis et je suis très heureuse d'avoir en plateau mon invité.
00:25 Il s'appelle Bernard Benhamou, on le connaît bien dans Smartech, mais c'est aujourd'hui
00:28 la personne qui a coordonné ce rapport, secrétaire, je le rappelle aussi, de l'Institut de la
00:34 souveraineté numérique.
00:35 Alors je disais, je lisais le sous-titre parce qu'en fait ça fait quand même beaucoup
00:39 de défis à relever, triple défi, technologique, politique, stratégique, expliquez-nous.
00:44 Aujourd'hui le numérique doit ou devrait s'inscrire dans une trajectoire durable.
00:50 De nombreux observateurs se rendent compte aujourd'hui qu'il n'en est rien, c'est-à-dire
00:56 que la consommation, et ça a été dit en particulier par le Shift Project de Jean Covici,
01:01 la consommation de l'ensemble des acteurs du numérique, c'est pas uniquement les terminaux
01:05 ou les data centers, mais c'est bien l'ensemble de la chaîne des acteurs numériques, est
01:09 en croissance et ne s'inscrit pas dans les perspectives qui ont été établies au niveau
01:14 européen, au niveau international, par les COP et différents accords dans ces domaines.
01:18 Et donc l'objet de ce rapport qu'on a développé c'est à la fois de donner des pistes d'évolution
01:26 pour que le numérique puisse devenir durable et aussi faire en sorte que le numérique
01:30 aide à diminuer l'empreinte carbone des autres secteurs.
01:33 Pour le faire en résumé c'est green for tech et tech for green.
01:37 Et donc l'idée pour nous c'est à la fois de présenter des évolutions, des recommandations,
01:42 la fin du rapport sont des recommandations, et d'analyser la situation actuelle.
01:47 Mais des recommandations technologiques mais également politiques, avec des politiques
01:50 publiques ? Absolument, absolument, c'est-à-dire qu'on
01:53 ne peut pas séparer les deux.
01:54 Je vous donne un exemple, une des technologies dont on a beaucoup parlé depuis des années
01:58 c'est les cryptos, la blockchain, etc.
02:02 Moi j'ai découvert dans le cadre du rapport que la consommation de l'ensemble du minage,
02:09 c'est comme ça que l'on dit, pour créer la monnaie du bitcoin à lui seul, c'est quasiment
02:13 la moitié de la consommation mondiale des data centers.
02:16 C'est-à-dire, ce qui se pose aux Etats-Unis, ce qui se posera en Europe je crois, c'est
02:22 que ce type de technologie devra, non pas être interdit, mais très sévèrement restreint,
02:28 au point d'ailleurs que l'autre monnaie, la deuxième monnaie la plus célèbre...
02:31 Là vous allez vous faire des amis parce que...
02:33 L'Ether a fait cette migration.
02:35 L'Ether a contribué au bitcoin, réfléchissez justement à cette question de durabilité,
02:38 j'imagine vous les avez rencontrés.
02:39 Bien sûr, bien sûr, mais justement ceux qui ont le mieux compris cela, c'est l'autre
02:44 monnaie, enfin l'une des autres monnaies, il y en a des milliers des cryptos, l'autre
02:48 monnaie c'est l'Ether, enfin l'Ether, le système Ethereum, qui a réussi à faire
02:53 une transition, ce qu'on appelle "the merge", vers une consommation 99% moins importante
02:59 qu'elle ne l'était au départ.
03:00 Et donc je crois que c'est ces mouvements-là qui devront être encouragés, c'est un exemple
03:04 parmi beaucoup d'autres.
03:05 Mais en gros...
03:06 Mais donc vous pensez que ça va passer par la contrainte réglementaire ?
03:10 Mais je pense que...
03:11 Et il y a aussi une composante quand on parle de politique aussi, de souveraineté numérique,
03:16 que vous êtes à la tête de l'Institut de la Souveraineté, qu'est-ce que vient faire
03:19 la souveraineté dans la durabilité du numérique, Bernard Benhamou ?
03:22 Je crois qu'il n'est possible d'établir une trajectoire durable qu'à partir du moment
03:27 où on développe notre écosystème dans ces domaines pour qu'ils deviennent "green",
03:30 pour qu'ils deviennent "vert", d'où justement les pactes européens dans ces domaines.
03:34 Et donc je crois qu'il nous faut absolument évoluer par rapport aux deux blocs, Chine
03:39 et Etats-Unis, qui n'ont pas du tout les mêmes préoccupations que les européens dans ces
03:43 domaines et qui ne se sont pas du tout préoccupés de la même manière.
03:45 Donc je pense que développer notre écosystème, ce qui est un peu le crédo que nous développons
03:50 dans le cadre de l'Institut, sera au cœur d'une action dans ces domaines.
03:54 Peut-être avec des taxes carbone aux frontières, peut-être avec des incitations fortes pour
04:00 justement diminuer l'empreinte carbone des principales technologies, en particulier
04:04 les data centers, mais pas que.
04:06 Réfléchir à des systèmes de substitution par rapport aux matériaux et aux terres rares
04:12 et aux métaux critiques qui sont l'un des éléments clés de l'empreinte carbone dans
04:18 ces domaines.
04:19 Un autre exemple qui nous a beaucoup surpris, parce que je ne pensais pas que c'était à
04:22 ce point.
04:23 Pour vous donner une idée, les deux examens médicaux, IRM et SCAN, donc les résonances
04:28 magnétiques nucléaires et scanners, à eux seuls, à l'échelle mondiale, c'est 1% de
04:32 l'empreinte carbone de la planète.
04:34 À eux seuls.
04:36 - Mais dites-moi, au sortir de ce rapport avec toutes les recommandations que vous faites,
04:39 vous en sortez optimiste sur la suite ?
04:41 - C'est toujours le même problème.
04:43 C'est-à-dire, si on a une attitude purement descriptive, c'est-à-dire de l'observateur,
04:49 je dirais non.
04:50 Si on a une attitude de militance, qui est le but même de l'Institut, qui est d'aider
04:54 à réfléchir à des solutions alternatives, oui.
04:56 C'est-à-dire que c'est un peu comme les questions de souveraineté au sens large.
05:00 Moi, j'avais eu l'occasion de dire au précédent secrétaire d'État, il y a cinq ans, je n'aurais
05:06 jamais pensé que le ministère s'appellerait souveraineté numérique.
05:09 Et pas plus que, puisque vous en parlez aujourd'hui, souveraineté alimentaire pour le ministère
05:13 de l'Agriculture.
05:14 Aujourd'hui, les lignes ont bougé, à la fois d'un point de vue géopolitique, les
05:19 tensions avec la Chine, les nécessités de développement européen autonomes par rapport
05:24 aux États-Unis, encore plus s'il y a l'élection de Trump.
05:27 Globalement, je dirais que ce qui semblait impossible à bouger devient possible.
05:34 Et donc, je pense qu'un numérique durable européen, avec des acteurs européens, devient
05:39 une nécessité et une possibilité.
05:41 Merci beaucoup Bernard Benhamou d'être venu nous présenter ce rapport qui sera présenté
05:45 au Sénat d'ici quelques mois.
05:46 Et qui est en ligne en avant-première sur le site de l'Institut.
05:48 Absolument, l'Institut de la souveraineté numérique.