Réduire le bilan carbone d'une entreprise passe aussi par ses centres de données, souvent très énergivores. Google s'est lancé dans une politique zéro net carbone pour 2030. La mise en place d'innovations de réduction de sa consommation en énergie et eau est un investissement qui permettra au groupe d'atteindre cet objectif. Le Cloud aussi passe au vert !
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00:06 J'accueille l'invité de ce Smart Impact, c'est Maude Texier. Bonjour.
00:09 Bonjour Thomas.
00:10 Bienvenue, vous êtes donc responsable du développement énergétique pour les data centers de Google.
00:15 Objectif de Google, zéro émission net sur l'ensemble des opérations et de la chaîne de valeur d'ici à la fin de la décennie,
00:21 c'est-à-dire demain. Quels leviers sont déployés, déjà déployés pour y parvenir ?
00:25 Oui, absolument. Donc effectivement, notre objectif de Google est celui que nous appelons net zéro d'ici 2030,
00:31 qui couvre notre chaîne de valeur. Donc c'est-à-dire que nous allons regarder la réduction carbone,
00:36 non seulement du point de vue de nos opérations, mais également par exemple en amont,
00:39 donc tout ce qui est supply chain et une intégration avec nos fabricants, par exemple,
00:44 pour vraiment adresser les émissions carbone à leurs sources dès la fabrication, par exemple,
00:49 des serveurs que nous allons ensuite installer dans les data centers.
00:52 Il y a évidemment les data centers, mais il y a d'autres leviers sur lesquels agir ?
00:55 Oui, effectivement. Donc là, je vous parlais justement de l'amont de nos interactions avec les fabricants,
01:01 mais lorsque l'on regarde l'Internet ou les services cloud, ceux-ci vont tourner sur nos data centers,
01:07 qui eux-mêmes vont pouvoir fonctionner grâce à l'électricité que nous allons consommer.
01:11 Et donc un levier majeur, en fait, de notre politique de décarbonation va rester sur la décarbonation des énergies
01:19 et de l'électricité que nous consommons nous-mêmes. Et donc cela constitue le programme que nous appelons
01:24 le programme de 24/7, qui cherche à sourcer de l'électricité bas carbone pour tous nos centres de données
01:30 et tous nos bureaux d'ici 2030, dans les communautés, dans les réseaux électriques où nous opérons.
01:35 Partout dans le monde ?
01:36 Partout dans le monde.
01:37 Ce qui ne doit pas être évident, parce qu'il n'y a pas la même production d'énergie bas carbone en France, en Chine ou en Pologne, par exemple.
01:45 Ce n'est pas si simple, j'imagine.
01:46 Vous avez tout à fait raison. Cette nouvelle ambition de 24/7 est un peu dans la continuité de ce que Google a lancé
01:53 il y a un peu plus d'une dizaine d'années, puisque nous avons commencé nos programmes d'énergie renouvelable à partir de 2010, à peu près.
01:59 En 2010, nous avons signé notre premier contrat d'énergie renouvelable, qui était d'ailleurs une ferme éolienne dans l'Iowa.
02:05 Et depuis, nous avons pu développer notre portefeuille. Mais aujourd'hui, avec le 24/7, nous devons avoir une frappe
02:12 vraiment plus chirurgicale sur ce portefeuille d'action et regarder à une échelle plus granulaire, quelle est notre consommation électrique
02:20 et quand est-ce que celle-ci a lieu. Et au-delà de cela, regardez quelles sont les conditions des réseaux électriques sur lesquels nous opérons,
02:27 qui est à peu près plus d'une vingtaine de réseaux électriques dans le monde aujourd'hui.
02:30 Et regarder, agréger toutes ces données pour nous aider à comprendre un petit peu comment stratégiser au niveau du portefeuille
02:39 et quel type de ressources nous avons besoin.
02:41 Oui, parce que, ça m'est venu comme ça, mais je reprends l'exemple de la Pologne. Il y a encore beaucoup de centrales à charbon, par exemple.
02:47 Donc, un data center Google en Pologne, comment vous faites pour avoir de l'énergie bas carbone ?
02:52 C'est une excellente question. Donc, généralement, c'est là où nous allons faire la première étape pour nous, et vraiment de mesurer,
02:57 justement, quelle est l'ampleur de l'empreinte carbone du réseau électrique, quelles sont les ressources disponibles bas carbone sur le réseau électrique.
03:04 Et une fois que nous avons un petit peu cette roadmap établie, on va pouvoir ensuite s'engager pour rechercher ces contrats d'énergie bas carbone.
03:12 Donc, à partir de là, nous avons généralement deux approches. La première est vraiment de s'engager avec des partenaires locaux
03:18 qui sont eux-mêmes producteurs d'électricité, et de travailler avec eux pour développer un portefeuille d'énergie renouvelable ou d'énergie bas carbone de manière générale.
03:25 C'est d'ailleurs ce que nous avons fait en France avec notre partenaire Engie, et plus récemment pour notre région Claude en Espagne,
03:32 où nous allons avoir un portefeuille d'énergie renouvelable qui va nous permettre d'avoir 90% d'électricité verte.
03:38 Allez-y, continuez.
03:40 J'allais finir sur le fait que, justement, comme vous l'avez précisé, par exemple en Pologne, on a très peu d'énergie bas carbone aujourd'hui.
03:47 Et c'est vrai qu'historiquement, on a beaucoup misé sur les énergies renouvelables.
03:50 Un point intéressant qui est arrivé avec notre programme 24/7, c'est de se rendre compte que maintenant, nous devons aussi faire face à l'intermittence des énergies renouvelables,
03:59 puisque nous avons beaucoup d'éoliens, beaucoup de solaires, mais ceux-ci sont intermittents.
04:02 Et donc, un autre aspect de notre programme est vraiment sur l'enjeu des nouvelles technologies.
04:07 Quelles sont ces nouvelles technologies qui vont être complémentaires aux énergies renouvelables pour nous aider à trouver cette électricité lorsqu'elle n'est pas disponible ?
04:15 Et alors, c'est quoi ? Ça marche comment ? Quelles innovations vous avez développées ?
04:18 Excellente question.
04:19 Donc, la première innovation va être vraiment autour de tout ce qui est stockage d'énergie.
04:24 Donc, encore une fois, pouvoir stocker l'énergie renouvelable et l'utiliser lorsque le soleil ne brille plus, par exemple.
04:29 Ça, ce n'est pas le métier de départ de Google. Donc, vous avez des partenaires qui travaillent là-dessus ?
04:33 Exactement.
04:34 Vous avez sourcé des partenaires déjà avancés sur ces innovations de stockage d'énergie ?
04:36 Exactement. Encore une fois, nous sommes vraiment dans cette démarche de collaboration et de partenariat avec des entreprises qui, eux, sont spécialistes de ces technologies.
04:43 D'accord.
04:44 Donc, un exemple concret, c'est notre data center en Belgique où nous pilotons maintenant, depuis l'année dernière, des batteries lithium-ion pour nous aider, justement, à tester le remplacement des générateurs diesel et l'intégration des énergies renouvelables.
04:58 Effectivement. Si on prend un data center, un centre de données, alors, effectivement, on a bien compris, sourcer les énergies renouvelables, c'est une vraie solution.
05:07 Est-ce qu'on peut les rendre moins gourmands en énergie, qui consomment de moins en moins d'électricité ? C'est aussi un travail que vous faites ?
05:15 Oui, absolument. Donc, ça, c'était vraiment le pilier fondamental, on va dire, de notre démarche de sustainabilité à Google.
05:21 Il y a maintenant un peu plus d'une dizaine d'années que nous avons commencé tout ce qui était un design assez spécifique de nos data center.
05:28 Donc, par exemple, nous avons des ingénieurs qui vont travailler sur la fabrication et le design de nos serveurs et de nos machines elles-mêmes.
05:36 Et nous avons d'autres ingénieurs qui vont travailler vraiment sur la structure du data center et comment intégrer ces deux composants de manière la plus efficace possible.
05:43 Et donc, aujourd'hui, grâce à tout ce travail, nous bénéficions de data center qui sont bien plus efficaces énergétiquement qu'ils n'étaient au début.
05:50 Et en moyenne, un data center de Google va, par exemple, consommer une fois et demie moins d'électricité qu'un data center classique sur le marché.
05:59 Est-ce que ça veut dire qu'il faut parfois refaire complètement un data center ? Parce qu'un data center conçu il y a 20 ans, les travaux vont être trop importants pour le rendre justement moins énergivore.
06:09 C'est une très bonne question. Je pense que c'est plutôt une stratégie d'implémentation un peu agile dans le sens où, par exemple, nous avons différents composants dans le data center.
06:17 Et ces composants vont pouvoir être modernisés ou remplacés au fur et à mesure. Un composant classique qui va bénéficier d'avancements technologiques assez rapides, par exemple, va être les serveurs et les machines.
06:29 Et donc, nous allons pouvoir les remplacer de manière un peu plus facilement. Dans la même boîte, on va dire. Exactement. Et grâce à ces améliorations de design, si, par exemple, vous avez parlé d'un data center il y a 20 ans, je vais rester à une échelle de temps plus courte.
06:43 Mais si on prend un data center d'il y a 5 ans par rapport à un data center d'aujourd'hui, pour la même consommation électrique, nous allons pouvoir avoir trois fois plus de puissance de calcul dans le même bâtiment.
06:53 Oui, donc c'est vraiment un gain très important en très peu de temps. C'est aussi une demande de vos clients. C'est-à-dire qu'on parlait de la chaîne de valeur. Ils vous, entre guillemets, mettent la pression pour leur fournir finalement un cloud le plus propre possible ?
07:06 Absolument. Et je pense que c'est un mouvement qu'on voit vraiment s'accélérer depuis plusieurs années et, encore une fois, qui est représentant d'un mouvement, on va dire, plutôt volontaire de la part des entreprises de s'engager dans la réduction carbone.
07:20 Donc, cela nous permet vraiment d'arriver vers une approche de partenariat. Et donc, un exemple, nous faisons nous-mêmes beaucoup de travail de recherche sur comment décarboner notre empreinte carbone.
07:30 Nous avons beaucoup de données vis-à-vis de ça. Et donc, nous avons fait un effort plus récemment sur nos clients cloud pour leur donner accès à ces données et, eux-mêmes, dans un effort de transparence, les aider à comprendre quelle est l'empreinte carbone des services cloud qu'ils utilisent, des régions cloud dans lesquelles ils opèrent.
07:46 Et, à partir de là, éventuellement, de les aider à prendre des décisions qui vont être plus vertes dans la façon dont ils vont utiliser nos services.
07:53 – Est-ce que c'est une prise de conscience quand même relativement récente ? Parce qu'on a construit, finalement, l'économie numérique sur une espèce d'illusion, parce que c'est assez immatériel, qu'elle ne consommait pas ou qu'elle ne polluait pas.
08:06 Est-ce que cette prise de conscience, elle est relativement récente ?
08:09 – Alors, récente, tout dépend de l'échelle de temps. Effectivement, personnellement, je suis moi-même plutôt dans ce domaine depuis quelques années.
08:16 Et j'ai vu cette accélération sur les dernières années arriver assez rapidement. Aujourd'hui, Google est seulement l'une des centaines d'entreprises qui a pris un objectif net zéro.
08:25 Donc, les discussions que nos clients cloud ont avec nous en tant que suppliers, nous avons les mêmes discussions avec nos propres fabricants qui, eux-mêmes, vont nous faire les machines.
08:35 Donc, il y a vraiment cet effet de cercle virtueux, je trouve, qui apparaît.
08:39 Et encore une fois, je pense que nous-mêmes, pour nos objectifs de décarbonation, nous nous rendons compte que ce ne sont pas juste nos actions Google qui vont nous aider à décarboner ceci,
08:48 puisque nous regardons notre chaîne de valeur et donc vraiment créer cet objectif de collaboration et de partenariat au niveau plutôt systématique.
08:55 – Je voudrais prendre un autre exemple d'annonce ou de levier qui sont activés par Google en matière de développement durable.
09:03 Vous avez annoncé cet été notamment Solar API, c'est ça ? C'est quoi Solar API ?
09:08 – Oui, notre API sur le solar.
09:10 Donc, ça c'est un autre exemple de, on va dire, aller au-delà de s'engager avec nos utilisateurs sur une empreinte bas carbone de nos services,
09:18 mais vraiment prendre en compte nos capacités de données et créer à partir de là de nouveaux services, de nouvelles applications
09:25 pour aider nos utilisateurs d'abord à mieux s'informer sur leur empreinte carbone et ensuite à prendre encore une fois des décisions et des actions.
09:32 – Donc là, ils vont, grâce à ça, pouvoir décider de mettre des panneaux photovoltaïques sur le toit, par exemple ?
09:37 – Exactement, donc là, pour être très concrète sur cette solution, nous prenons des données cartographiques et des données informatiques
09:43 que nous allons mettre ensemble et à partir de là, cette API va pouvoir vous donner des informations, vous comme moi,
09:49 sur le potentiel solaire de votre toiture.
09:53 Et donc, nous regardons très précisément votre adresse, quel toit vous avez, à partir de là, quel est l'ensoleillement,
09:58 quel est le potentiel de production d'énergie d'une toiture solaire que vous pourriez installer
10:02 et à partir de là, également les économies sur votre facture d'électricité.
10:06 Et donc, par cette application, nous espérons pouvoir inviter beaucoup plus de personnes à installer eux-mêmes des énergies renouvelables
10:13 et vraiment accélérer le développement du solaire.
10:15 – Est-ce que cette offre, elle naît aussi des occurrences du nombre de demandes qui sont faites sur le moteur de recherche Google
10:22 de comment installer des panneaux photovoltaïques sur le toit ? Vous voyez ce que je veux dire ?
10:26 – Oui, c'est un excellent point. Effectivement, tous les ans, nous regardons un petit peu quelles sont les recherches qui apparaissent de plus en plus
10:32 et l'année dernière, nous avons observé que la recherche sur tout ce qui était installation de panneaux solaires sur les toits avait augmenté d'au moins 40%.
10:40 Et donc, c'était un projet qui s'appelait "Projet Sunroof" que nous avions commencé il y a plusieurs années.
10:45 Nous nous sommes rendus compte qu'il y avait un vrai appétit, une vraie demande des utilisateurs.
10:49 Et donc, c'est pour ça que cette année, nous avons lancé plus publiquement, plus commercialement, cette API
10:54 qui aujourd'hui est disponible dans 40 pays.
10:56 – Merci beaucoup Maude Texier et à bientôt sur Bismarck.
10:59 On passe à notre débat quand le tourisme se réinvente.