À moins de quatre mois des élections européennes, l’eurodéputée lance la campagne de la majorité présidentielle en mitraillant l’extrême droite et en vantant les vertus du centrisme.
Alors qu’elle était de passage à Nice ce jeudi et ce vendredi, Fabienne Keller est l’invitée de L’Interview à la une, notre grand entretien hebdomadaire en partenariat avec Radio Émotion. Une demi-heure d’entretien vidéo sur l’Union européenne, parce que l’ancienne maire de Strasbourg (Bas-Rhin) est eurodéputée et sur la politique pour la secrétaire générale déléguée de Renaissance, le parti d’Emmanuel Macron.
Alors qu’elle était de passage à Nice ce jeudi et ce vendredi, Fabienne Keller est l’invitée de L’Interview à la une, notre grand entretien hebdomadaire en partenariat avec Radio Émotion. Une demi-heure d’entretien vidéo sur l’Union européenne, parce que l’ancienne maire de Strasbourg (Bas-Rhin) est eurodéputée et sur la politique pour la secrétaire générale déléguée de Renaissance, le parti d’Emmanuel Macron.
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00:00 Bonjour à tous, bienvenue dans l'interview à la une, l'émission de la rédaction de
00:17 Nice Matin en partenariat avec Radio Emotions, une émission que j'ai le plaisir de présenter
00:22 avec Frédéric Morris, le chef de l'édition de Nice.
00:25 Bonjour Frédéric.
00:26 Bonjour Denis.
00:27 Notre invité aujourd'hui, Fabienne Keller.
00:28 Bonjour.
00:29 Fabienne Keller, vous êtes députée européenne Renaissance après un parcours à l'UDF,
00:34 puis à l'UMP et au Républicain.
00:37 Vous avez été aussi maire de Strasbourg de 2001 à 2008.
00:41 Quel était le cadre de votre venue à Nice en cette fin de semaine ?
00:45 Alors je suis désormais dans la majorité présidentielle puisque j'ai quitté les
00:50 LR en 2017 à l'occasion de la présidentielle quand LR n'a pas été claire sur le choix
00:56 du candidat pour le deuxième tour entre le RN et Emmanuel Macron.
01:01 J'ai participé à la création d'Agir, la droite constructive qui a rejoint il y a un
01:06 an Renaissance, le parti qui soutient le président de la République.
01:10 Donc nous sommes aujourd'hui en pré-campagne pour les européennes.
01:15 Nous attendons la nomination de la tête de liste, mais nous sommes engagés sur le terrain.
01:20 Moi je suis députée européenne.
01:21 Donc je vais à la rencontre des militants de la majorité présidentielle, donc de Renaissance
01:27 mais aussi du Modem et d'Horizon.
01:30 Et c'est Magali Altounian qui est très active dans les instances européennes, adjointe
01:35 au maire de Nice, vice-présidente de la région, avec laquelle j'échange régulièrement,
01:40 qui m'a proposé et organisé ce déplacement.
01:42 Est-ce que vous êtes venue pour adouber sa candidature sur la liste aux européennes ?
01:47 C'est le choix, en tout cas pour la soutenir clairement, mais c'est pour elle je crois
01:54 une démarche très très forte que l'Europe.
01:57 Renaud Muselier, comme Christian Astrozy connaissent bien les mécanismes européens et en font
02:02 profiter la ville.
02:03 Renaud Muselier a été député européen.
02:04 Alors il a été député.
02:05 Je crois que la délégation de la région sud est la plus puissante à Bruxelles parmi
02:12 les régions de France.
02:13 Il connaît bien les mécanismes européens.
02:16 Magali est dans cette ligne.
02:19 Elle aime l'Europe.
02:20 Elle dialogue avec ses homologues.
02:22 Après, pour le choix des colissiers, il y a une commission nationale d'investiture
02:28 et nous sommes en phase de candidature.
02:31 Puis ensuite, il y aura une phase de choix.
02:33 Tout le monde doit être candidat, y compris les sortants.
02:36 Est-ce que vous êtes candidate à votre réélection ?
02:38 Oui, je suis candidate et donc je déposerai aussi ce week-end ma candidature pour l'élection.
02:45 Est-ce que vous êtes candidate à la tête de liste ?
02:47 Non, je ne suis pas candidate à la tête de liste.
02:50 Ce sera un choix à la fois du parti, des partis de la majorité présidentielle et
02:56 du président de la République lui-même.
02:58 Il y a plusieurs candidats évoqués dans les journaux.
03:00 Pourquoi ça tarde autant ? C'est la dernière grande liste à ne pas avoir le tête pour
03:06 la conduire.
03:07 C'est vrai, mais peut-être ce qui nous différencie d'autres listes, d'autres élus, c'est
03:12 que nous sommes au travail au Parlement européen.
03:14 Sur ce mandat, nous avons considérablement fait progresser l'influence française.
03:19 Moi par exemple, je m'investis dans le pacte asile-migration qui a été voté en commission
03:24 dans sa forme définitive ce mardi.
03:26 On va y venir.
03:27 Je suis totalement, j'ai été jusqu'à mardi, totalement concentrée sur cet objectif
03:31 puisque ça fait huit ans qu'on essaye de fixer des règles communes en Europe.
03:36 Donc c'est sûr que quand on ne travaille pas du tout comme les gens du Rassemblement
03:41 national, que moi je ne vois pas en commission, qui ne font pas de proposition, qui ne sont
03:45 pas dans les discussions, ils ont plus de temps pour communiquer.
03:47 Est-ce que vous avez une préférence pour la tête de liste ?
03:50 Non, mais il y a plusieurs noms qui circulent de personnes de grande qualité.
03:54 Lesquelles ?
03:55 Ma collègue Valérie Hayé, qui est désormais présidente du groupe Renew, c'est-à-dire
04:01 des 25 nationalités qui sont centristes et qui sont fédérées, donc l'équivalent
04:07 de la majorité présidentielle, ainsi qu'un courant un peu plus libéral pour les Allemands
04:12 ou les Nordiques.
04:13 Il y a d'autres noms de ministres ou d'anciens ministres qui circulent.
04:18 Renew Le Maire s'est écarté.
04:21 Oui, après on ne sait jamais, quand les gens refusent la tête de liste, c'est parfois
04:25 pour être plus désiré.
04:26 Donc je ne sais pas, je ne peux pas vous dire, mais l'Europe est dans l'ADN de ce gouvernement
04:34 et de la majorité présidentielle.
04:36 Nous la façonnons, nous ne la critiquons pas, nous travaillons en Europe.
04:39 L'Europe, c'est nous aussi.
04:40 Nous y travaillons et donc cette caractéristique, on la trouve chez l'ensemble des personnes
04:48 citées.
04:49 Bien sûr.
04:50 À propos de majorité, est-ce que toutes les composantes de la majorité sont certaines
04:52 de se réunir sur la même liste pour ces européennes ? En gros, Modem, Horizon ne
04:56 feront pas liste à part ?
04:58 Non.
04:59 C'est assez certain maintenant ?
05:00 Non, en aucun cas.
05:01 Franchement, on a été élus ensemble, on bosse bien ensemble, chacun a sa spécialité.
05:05 On est 23 élus, il y a 20 commissions au Parlement européen, c'est un Parlement où
05:10 on doit beaucoup travailler parce qu'il faut construire les compromis.
05:14 Donc c'est formidable d'être une force et on est en train en quelque sorte de rattraper
05:18 les Allemands qui ont une influence importante au Parlement européen.
05:23 Et la tradition française, c'était plutôt de changer d'élu à chaque coup, ce qui fait
05:27 que les gens n'ont pas le temps de s'installer dans la structure, d'en comprendre les mécanismes
05:30 un peu compliquées, et puis de s'installer dans cette mécanique pour pouvoir vraiment
05:35 influer à la fois sur les textes proposés par la commission et sur leur état ou équilibre
05:41 final.
05:42 On le voit, Jordan Bardella, à la tête de liste Rassemblement National, est très largement
05:46 en tête dans les sondages.
05:48 Est-ce que ça veut dire qu'il a mieux travaillé que vous au Parlement européen ?
05:51 Si c'était le cas, ça se saurait.
05:53 Je peux vous parler d'un sujet que je connais le mieux, l'asile et la migration.
05:57 Pas vu dans les réunions de commission, ni lui, ni ses collègues RN qui sont dans le
06:02 groupe ID, Identité et démocratie au Parlement européen, ils ont fait une seule chose.
06:07 Quand on a voté mardi, il y a deux jours, l'accord avec le Conseil des ministres, ils
06:13 ont tous voté contre.
06:14 Ils veulent empêcher la construction de toute solution qui répondrait aux problèmes qu'ils
06:21 dénoncent pourtant.
06:22 Et ce que vous nous dites, c'est que le RN ne travaille pas ?
06:23 Un, il ne travaille pas.
06:24 Deux, ils ne veulent pas qu'on leur enlève leur carburant.
06:27 Les problèmes sont leur carburant.
06:29 Donc ils préfèrent laisser les Français en difficulté plutôt que de participer à
06:33 la construction de la solution.
06:34 C'est un cynisme inadmissible.
06:36 Qu'est-ce qui vous distingue de Raphaël Glucksmann ?
06:40 Raphaël Glucksmann est socialiste.
06:43 Il est moins dans la construction des solutions.
06:48 Il y participe parfois, mais pas toujours.
06:50 Nous verrons pendant la campagne, mais un certain nombre de choses nous rapprochent
06:54 aussi puisqu'il nous arrive régulièrement d'être dans les mêmes majorités de compromis.
06:58 Est-ce qu'il y a des choses qui vous rapprochent avec la tête de liste LR, François-Xavier
07:02 Bellamy ?
07:03 Assez peu.
07:04 C'est mon voisin immédiat dans l'hémicycle.
07:06 On vote à peu près à l'envers l'un de l'autre.
07:09 D'ailleurs, lui, il vote assez rarement comme le groupe PPE dont il fait en théorie partie.
07:14 Absolument, donc la droite européenne.
07:15 La droite, le centre droit européen pour lequel LR est plutôt à droite, mais plutôt
07:22 avec les deux groupes d'extrême droite.
07:24 C'est comme ça.
07:25 C'est le cas sur les sujets de société, mais aussi sur des sujets économiques.
07:29 J'ai très peu de choses en commun avec lui, mais j'ai une relation civile.
07:33 C'est une personne...
07:34 Quand vous dites Bellamy, c'est tout son groupe ou c'est lui particulièrement ?
07:37 C'est lui particulièrement.
07:38 Parce qu'on le dit assez proche de Marion Maréchal, par exemple.
07:40 C'est cela.
07:41 C'est lui tout particulièrement.
07:42 Et ça se traduit vraiment au quotidien au Parlement ?
07:44 Ah oui, je le vois.
07:46 J'en témoigne chaque fois que nous avons une séance de vote.
07:48 Alors, pour finir sur les élections européennes, comment intéresser la population ? C'est
07:53 le sens de la question recueillie par Tristan Gasparro.
07:55 Il est journaliste à Radio Emotions.
07:57 C'est notre partenaire.
07:58 On l'écoute.
07:59 Là, si on me demande d'aller voter aujourd'hui, là, actuellement, je ne suis même pas capable
08:04 de voter parce que je n'y connais pas assez.
08:06 Je ne me suis pas assez intéressée à la question.
08:08 Donc là, non.
08:09 Comment vous feriez pour me convaincre d'aller voter aujourd'hui ?
08:14 Comment vous feriez pour me convaincre cette jeune fille ?
08:16 Peut-être en lui donnant des exemples concrets.
08:19 Nous avons tous subi le Covid, l'épidémie du Covid.
08:23 C'est bien tous ensemble qu'on a été en capacité de négocier avec des usines,
08:29 enfin des industries de produits pharmaceutiques pour produire, en fait pour inventer, finaliser
08:33 l'invention industrialisée, puis produire les vaccins qui ont protégé la population
08:40 européenne mieux que n'importe quelle population au monde.
08:43 C'est grâce à l'Europe que peut-être elle est déjà partie ou elle va peut-être partir
08:49 en programme Erasmus, qui est cet échange d'étudiants qui est formidable, qui marche
08:55 bien, qui crée une culture communautaire.
08:58 Après, je voudrais lui dire aussi que l'Europe ne s'occupe que des sujets qu'elle fait
09:02 mieux que le niveau national ou le niveau local, la mairie, le département, la région.
09:06 Elle n'interfère pas dans les affaires locales.
09:09 Absolument.
09:10 Et donc, il y a un effet un peu paradoxal.
09:11 C'est que c'est normal qu'on ne soit pas trop au courant de ce que l'Europe fait,
09:15 parce que l'Europe, elle dit, elle propose des règles ou des budgets pour financer
09:19 des stratégies nationales ou des stratégies régionales ou locales.
09:23 Et puis, parfois, les collectivités locales ne disent pas trop.
09:26 Par exemple, actuellement, il y a énormément de projets sur des équipements publics, des
09:31 écoles, des universités, financés par le plan de relance européen.
09:34 Mais il y a aussi eu un plan de relance national.
09:37 Les régions ont fait leur plan de relance.
09:39 Et donc, voilà, le président de région, quand il inaugure, il parle plus du plan de
09:43 relance régional.
09:44 C'est plus proche aussi des gens que de la participation européenne.
09:47 Donc, c'est compliqué.
09:49 Peut-être un exemple concret pour elle, c'est l'harmonisation des recharges, des
09:54 prises utilisées pour les recharges de mobile.
09:57 Nous avons un texte maintenant qui les harmonise.
10:00 Et dans quelques années, une seule prise suffira pour les téléphones de la famille,
10:04 des copains et de tout le monde.
10:05 C'est concret.
10:06 Frédéric Maurice.
10:07 Ce qui va devenir aussi concret, c'est que mardi, le Parlement européen a adopté en
10:11 commission le pacte pour l'asile et la migration.
10:13 Vous avez participé à son élaboration, par exemple.
10:16 Qu'est-ce qu'il va apporter concrètement ce pacte ?
10:19 Il va permettre, ce nouveau pacte, trois choses.
10:22 Un, contrôler la migration irrégulière par un enregistrement systématique à l'entrée.
10:28 Il va permettre plus de solidarité entre les États membres, une solidarité organisée.
10:33 Et puis la troisième chose, c'est des procédures d'asile beaucoup mieux organisées.
10:39 Et puis surtout, c'est un règlement, c'est-à-dire ce sera les mêmes procédures entre les États
10:44 membres.
10:45 Alors qu'aujourd'hui, il y a plein de pertes d'énergie et de chikaya.
10:47 Et puis tout ça est très complémentaire avec la loi nationale.
10:50 Ça a été très peu dit.
10:52 Par exemple, la loi nationale prévoit la simplification des procédures de recours.
10:57 Il y en avait 12.
10:58 Il n'y en aura plus que 4.
10:59 Avec la loi immigration.
11:01 Avec la loi française de Gérald Darmanin.
11:03 Mais c'est le même Gérald Darmanin qui, dans les instances européennes, défend ou
11:09 participe à l'élaboration du texte européen, qui est co-élaboré par les ministres de l'Intérieur
11:15 et le Parlement.
11:16 Et moi, j'étais très impliquée dans ce dossier.
11:18 Donc une loi française qui est très complémentaire.
11:21 L'OQTF appliqué aux personnes qui sont auteurs de crimes et d'élits, c'est clairement en
11:27 application, en cohérence avec le paquet européen, qui vise en fait à avoir de moins en moins,
11:34 si possible à terme, plus personne, dans ces situations d'entre deux, les sans-droit,
11:39 qui pour certains méritent d'être régularisés.
11:41 Ça aussi c'est prévu dans la loi nationale.
11:43 Mais surtout qu'on doit empêcher d'entrer, ou s'ils ont peu de chances d'avoir l'asile,
11:48 dont on doit traiter vite et bien, en respectant leurs droits, mais vite et bien les procédures
11:53 et les retourner dans leur pays d'origine.
11:55 Ça n'empêchera pas les arrivées à Lampedusa quand même.
11:59 C'est-à-dire que ces bateaux qui continuent d'affluer de façon régulière sur cette
12:03 île italienne, ils vont continuer à arriver.
12:05 Ça ne changera pas la pression migratoire.
12:07 Alors si, ça changera les modalités de gestion par l'État italien.
12:12 Alors c'est vrai que sur l'île de Lampedusa, où je suis allée à deux reprises, on ne
12:16 peut pas gérer grand chose parce que c'est très petit.
12:19 Il y a un tas de problèmes logistiques.
12:21 Par contre, l'Italie est très organisée et très vite.
12:24 Les migrants sont emmenés en bateau vers différentes villes de Sicile, Ragusa, Palerme
12:32 ou du reste de l'Italie, en fonction du nombre de personnes.
12:36 Et là, ils auront la procédure dite de screening, sept jours, pour avoir leur nom, leur prénom,
12:42 quelques informations sur leur identité, une photo, les empreintes digitales.
12:47 Puis ensuite, ils peuvent être soit inadmissibles, c'est-à-dire qu'ils viennent, ils n'ont
12:53 pas de papier pour un motif, le travail, pour lequel ils n'ont pas de titre, donc ils sont
12:59 déclarés inadmissibles, donc ils sont retournés dans leur pays d'origine, tout de suite.
13:03 Soit ils sont demandeurs d'asile, et là on appliquera aux frontières, s'ils viennent
13:07 d'un pays où il y a très peu de personnes qui sont reconnues réfugiées, ils bénéficieront
13:13 d'une procédure gérée en un maximum de trois mois pour la procédure administrative
13:17 et le recours.
13:18 Et dès la décision, trois mois de plus pour gérer le retour.
13:22 Ce dispositif est prévu dans les textes, on a deux ans pour en organiser l'application,
13:28 et après cela devrait conduire à réduire assez fortement le nombre d'arrivées irrégulières,
13:35 parce qu'en fait elles n'aboutiront pas.
13:36 Les personnes sont retournées rapidement.
13:38 Les arrivées irrégulières dans les Alpes-Maritimes, on connaît bien la question, puisque c'est
13:42 un des principaux points d'entrée en France.
13:45 Beaucoup d'élus considèrent que la politique migratoire européenne est un échec.
13:50 Est-ce qu'ils ont tort ?
13:51 Ils ont raison.
13:52 La politique actuelle ne permet pas de contrôler ces entrées.
13:56 Pourquoi ? Parce qu'il y a un règlement dit Dublin qui prévoit que le pays en responsabilité
14:03 aujourd'hui pour gérer la demande d'asile, c'est le pays de première entrée.
14:07 Donc si les Italiens enregistrent ce qui arrive, alors il faut qu'ils gèrent toutes leurs
14:12 demandes d'asile.
14:13 Donc les Italiens n'ont pas trop envie de les garder tous, parce qu'ils sont nombreux,
14:17 et deuxièmement les migrants eux-mêmes n'ont pas envie de rester en Italie.
14:20 En général, ils ont envie d'aller plus au nord, là où il y a du travail, qui est
14:25 le motif principal.
14:26 Et donc la situation actuelle n'est absolument pas satisfaisante.
14:30 C'est bien pour cela que l'accord a prévu d'une part l'enregistrement obligatoire
14:34 aux frontières, mais la contrepartie pour les pays dits MET5, les pays de première
14:39 entrée, Italie, Espagne, Grèce et les deux îles Malte et Chypre, qu'il y aura une
14:44 solidarité, c'est-à-dire que les États membres pour un effectif de 30 000 personnes
14:50 accepteront des personnes demandeurs d'asile qu'ils aillent en Allemagne, en France,
14:55 aux Pays-Bas, en Suède.
14:56 Et puis il y a un critère...
14:57 C'est vraiment nouveau ça, parce que ce mécanisme de solidarité existait déjà ?
15:00 Non, il n'existe pas.
15:01 Ah d'accord, là il n'existe vraiment pas.
15:02 Et en tout cas, il a été dessiné à l'époque par le président de la commission Juncker,
15:06 et il n'a pas du tout bien fonctionné parce qu'il n'était pas négocié en amont.
15:10 D'accord, il n'avait pas été entrainé.
15:11 Enfin, il y a deux autres motifs.
15:13 Il y a un motif, si on a un ascendant ou un descendant, un parent ou un enfant qui est
15:18 dans un État membre, on a le droit de le rejoindre pour déposer sa demande d'asile.
15:22 Et puis si on a une année scolaire complète, ce qui arrive assez souvent, il y a des gens
15:26 qui reviennent, qui étaient là par exemple en famille, et qui reviennent jeunes adultes,
15:31 ils ont droit aussi de déposer leur demande dans un État dont ils maîtrisent a priori
15:35 la langue et les codes culturels.
15:37 Bref, un ensemble de règles qui assureront, on a fait différentes simulations, une meilleure
15:42 répartition sur le territoire européen des demandeurs d'asile.
15:47 Donc c'est ce qui permettra aux pays de première entrée d'accepter d'une part le screening,
15:53 de jouer ce rôle d'enregistrement systématique, et aussi les procédures accélérées qui
15:57 se dérouleront aux frontières, donc chez eux.
16:00 Est-ce qu'on a fait annoncer du droit du sol à Mayotte annoncé par le ministre de
16:05 l'Intérieur ? Est-ce que c'est une victoire de l'extrême droite ?
16:06 Non, la situation à Mayotte est extrêmement particulière.
16:10 La proximité géographique des comores, cette situation particulière qui fait que, en
16:18 cas de naissance sur le territoire de Mayotte, permet d'accéder plus facilement à la nationalité
16:24 française.
16:25 C'est une sorte de détournement.
16:26 Il y a déjà des restrictions aux règles générales du droit du sol qui ont été appliquées,
16:32 qui sont considérées comme insuffisantes, puisque le nombre d'arrivées continue à
16:36 être très important.
16:37 Je n'ai pas encore pu m'y rendre, donc je ne suis pas en capacité de vous donner
16:41 une analyse complète au jour d'aujourd'hui, mais je salue la volonté de gérer une vraie
16:47 difficulté parce que ces arrivées massives génèrent d'immenses problèmes dans l'hôpital,
16:53 dans le service de l'opéthique, mais aussi dans le système scolaire, puisqu'en fait
16:57 à Mayotte.
16:58 Donc mon collègue Stéphane Bijoux, qui est de La Réunion, m'explique que des parents
17:05 de Mayotte laissent partir leurs adolescents tout seuls à La Réunion pour bénéficier
17:09 d'une meilleure scolarité dans des collèges moins surchargés, alors qu'à Mayotte ils
17:13 sont dans un système qu'on rencontre beaucoup dans des pays pauvres de scolarité soit le
17:17 matin soit l'après-midi.
17:18 Il n'y a pas de scolarité toute la journée parce qu'il n'y a pour l'instant pas tous
17:22 les équipements qui ont pu être construits.
17:23 Mais ces enfants du coup sont loin de leurs parents, gardés par un proche, dans des situations
17:28 qui ne sont pas bonnes.
17:29 On est dans une situation extrêmement particulière.
17:32 Et la France, à un moment donné, il y a quelques années, a voulu aider les Comoriens
17:37 à pouvoir vivre de leur pêche pour améliorer leur niveau de vie.
17:41 Mais l'écart est tellement fort entre ce qu'apporte la France et la réalité de vie
17:45 des Comores que instantanément ces bateaux de pêche se sont transformés en coussas
17:50 coussas, c'est-à-dire en bateaux de transport de personnes et à accentuer les transferts.
17:57 Donc c'est une situation très particulière qu'il faut gérer comme telle.
18:01 Fabienne Keller, vous avez appartenu au Républicain jusqu'en 2017.
18:05 Quel regard vous portez sur le parti aujourd'hui et sur l'action de son président Éric Ciotti ?
18:10 Moi je ne les ai pas quittés, c'est eux qui sont partis.
18:13 Quand j'ai rejoint l'UMP en 2002, on devait être un grand mouvement un peu comme la
18:17 CDU allemande, des centristes, centre droit, aux gaullistes, en passant par les libéraux.
18:23 Donc c'est un parti qui s'est rétréci ?
18:25 Il s'est considérablement rétréci sur sa droite.
18:28 Et radicalisé ?
18:29 Pardon ?
18:30 Bien sûr, radicalisé.
18:32 Je ne m'y suis pas reconnu, moi j'ai des valeurs.
18:36 C'est intéressant de voir leur posture par rapport à l'Europe qui est devenue extrêmement
18:40 ambiguë alors que c'était un marqueur très fort de l'UMP voulu par Jacques Chirac à
18:46 l'époque.
18:47 A ce sujet, mardi, Laurent Wauquiez, qui est l'un des candidats possibles des Républicains
18:56 aux prochaines présidentielles, était dans le Var.
18:58 Nous proposons de regarder ces images qu'a captées un de nos reporters, Michael Zoltobroda,
19:02 à son sujet.
19:03 Il faudrait qu'il y ait un loup qui soit à Paris et que le jour où vous aurez un loup
19:07 à Paris, là rapidement ils vont nous le régler.
19:09 C'est comme le poney de Ursula von der Leyen, là tout d'un coup quand le poney a été
19:14 mangé, là c'était plus la même histoire sur lui.
19:16 Mais c'est triste, mais c'est ça la réalité.
19:19 Qu'est-ce qui vous inspire ces propos ? Laurent Wauquiez qui dit que la question du loup sera
19:25 réglée le jour où il y aura des loups à Paris.
19:27 C'est un sujet très difficile, c'est la question du général.
19:32 Pas forcément le loup spécifiquement, mais cette façon de dire bon, il y a une déconnexion
19:35 totale aujourd'hui entre les élites qui nous gouvernent et nous, le peuple qui est
19:39 complètement abandonné.
19:40 Le loup il faut le gérer sur le terrain, c'est un drame pour les agriculteurs dont
19:43 les troupeaux sont attaqués.
19:45 Et le loup est une espèce qui mérite une certaine protection, mais pas au point d'être
19:52 un prédateur extrêmement présent dans certaines régions de France.
19:56 C'est la démagogie ?
19:57 Oui, c'est faire croire qu'il y a une solution simple sur un problème qui est une question
20:02 d'équilibre, de négociation.
20:04 Moi j'étais en vacances dans les Pyrénées cet été où c'est un petit problème.
20:08 Dans les Alpes c'est un grand problème dans certains territoires.
20:10 J'ai rencontré des éleveurs qui ont perdu une partie de leur élevage, c'est un drame.
20:14 Et ça c'est nouveau à droite ? Vous avez appartenu au Sénat ?
20:16 Oui, c'est une droite qui n'est pas responsable, ce n'est pas une droite de gouvernement.
20:19 C'est une droite qui dit qu'il faut changer la constitution pour régler le problème
20:24 de la migration.
20:25 Si ça marchait comme ça, ça ferait longtemps qu'on l'aurait fait.
20:27 Donc c'est une droite qui devient populiste, vous avez raison.
20:30 Ça veut dire que la vraie droite aujourd'hui c'est le macronisme ?
20:32 Il y a des personnes de centre-droite comme moi, comme Franck Riester qui était mon président
20:38 de parti et du groupe à l'Assemblée Agir la droite constructif.
20:43 Il y a un volet de centre-droite.
20:45 Vous dites deux droites, pas spécialement centriste, centre-droite ?
20:48 Moi je suis centriste, centre-droite.
20:50 Il y a avec Emmanuel Macron un centre-gauche.
20:53 Ça me semble plutôt bien qu'un pays soit agé.
20:56 Il est encore là le centre-gauche ?
20:57 Bien sûr il y a un centre-gauche.
20:58 Parce que le gouvernement aujourd'hui pèse très très à droite.
21:00 Il y a quelques personnalités qui ont rejoint le président Macron, je m'en réjouis.
21:06 Moi je suis plus positive, je pense que la bonne ligne, la ligne de crête pour un pays
21:12 c'est bien la solution qui allie des personnes de centre-droite et de centre-gauche.
21:17 Ça vous donne une gestion modérée, équilibrée.
21:21 C'est au fond ce qu'on vit au Parlement européen.
21:24 Où comme on est tous élus à la proportionnelle, on exclut les extrêmes parce qu'elles sont
21:28 assez nombreuses, d'extrêmes droite et d'extrêmes gauche.
21:30 Vous excluez les extrêmes, ce qui n'est plus le cas en France.
21:32 Gabriel Attal et Emmanuel Macron disent aujourd'hui que tous les partis représentés à l'Assemblée
21:38 Nationale constituent l'arc républicain et qu'à ce titre-là ils travailleront avec
21:41 la totalité de ces partis.
21:43 Il y a plusieurs choses.
21:44 Ils représentent la population qui les a élus.
21:47 Donc à ce titre, ils méritent d'être reçus quand l'ensemble des présidents des groupes
21:51 politiques sont reçus.
21:53 C'est une manière de vérifier aussi qu'ils ont réfléchi à un certain nombre de sujets.
21:58 Parce que moi je suis en train de chercher le programme européen du RN.
22:02 Je ne l'ai pas trouvé.
22:03 Avant c'était un peu plus simple parce qu'il y avait le Frexit, il y avait la sortie de
22:07 l'euro.
22:08 Là ils sont un peu plus prudents et je trouve qu'ils surfent sur l'actualité de manière
22:12 très populiste, très poujadiste.
22:14 Est-ce qu'il faut travailler avec eux au Parlement national ?
22:16 Il faut les respecter en tant qu'ils représentent des Français.
22:20 Quant à construire une coalition avec eux, la réponse est non.
22:25 En tout cas au Parlement européen, nous avons une majorité modérée autour du centre, autour
22:30 du groupe dont je fais partie, avec le PPE, le Parti populaire et les sociodémocrates.
22:36 Et nous portons ainsi des politiques fortes en plein domaine.
22:40 Par exemple, nous permettons des décisions pour aider l'Ukraine dans sa guerre contre
22:45 la Russie.
22:46 Aide que l'extrême droite refuse.
22:49 Elle qui en fait a été financée par la dite Russie.
22:53 Et c'est l'ingérence dont on parle actuellement qui est même dangereuse pour la démocratie
22:57 française.
22:58 Ça veut dire que le RN porte parole du Kremlin tel que la...
23:01 Il y avait une enquête de Washington Post à ce sujet qui a abouti à la conclusion
23:05 que le RN serait la tête de pont en Europe du Kremlin.
23:08 C'est votre avis aussi ?
23:09 Ce n'est pas mon avis.
23:11 Je vous apporte des preuves.
23:13 Ils votent contre les sanctions à l'égard de la Russie au Parlement européen.
23:17 Ils ont régulièrement des prises de parole favorables à la Russie.
23:24 Nous avons un contrôle actuellement sur une personne qui est influente et qui arrive avec
23:30 une influence russe.
23:31 Donc depuis deux ans et la présidence de Mme Medzola, PPE, qui est très énergique,
23:37 nous avons mis en place des protections à ce sujet.
23:41 Parce que l'ingérence, l'influence, c'est une réalité qu'il faut maîtriser.
23:45 Vous avez parlé du centre tout à l'heure.
23:47 Une personnalité majeure du centre, François Bayrou, a failli rentrer au gouvernement
23:52 la semaine dernière.
23:54 Ça ne s'est pas fait.
23:55 Il a piqué une grosse colère.
23:56 Est-ce que c'est une énième dérive personnelle de François Bayrou comme celle qui vous avait
24:02 amené en 2002 à vous éloigner de lui et à vous rapprocher de Jacques Chirac ?
24:06 J'ai un grand respect pour François Bayrou que j'ai connu effectivement à l'UDF,
24:11 même chez les centristes, au centre des démocrates sociaux.
24:14 Une nature explosive.
24:15 Il a son caractère et c'est bien comme ça.
24:17 Il n'y a pas de gens à ce niveau-là en politique qui n'aient pas un caractère fort.
24:20 J'étais surprise de sa critique à l'égard du gouvernement, que j'ai plutôt analysée
24:28 comme de l'amertume.
24:29 Beaucoup de gens qui connaissent ne s'étaient pas surpris en disant que c'était juste
24:32 des crises d'égo comme on en connaît chez François Bayrou.
24:37 Je pense qu'il a beaucoup souffert pendant 7 ans d'un processus d'enquête à son sujet,
24:43 au sujet du financement des assistants parlementaires.
24:46 Il a souhaité dire cela, moi je le regrette, avec ses collègues.
24:54 Il avait sa place au gouvernement ?
24:55 Oui, il avait sa place en tout cas dans le dispositif de la majorité présidentielle.
24:58 Il est très écouté par le président Emmanuel Macron.
25:01 Le modem est un parti fort.
25:04 Alors pourquoi je n'avais pas rejoint moi ma petite histoire personnelle en 2002 ?
25:08 En fait c'était l'UMP et moi, voisin de la CDU, j'y croyais vraiment, à cette UMP
25:13 qui allait fédérer tout le monde.
25:14 Et pour moi c'était une forme d'apaisement, alors qu'à l'époque gaulliste, centriste,
25:20 à Strasbourg c'était toujours la guerre.
25:22 Je trouvais bien que ces deux sensibilités, auxquelles on peut ajouter les libéraux,
25:27 travaillent ensemble, notamment au service d'une collectivité locale.
25:31 Je dois dire que j'y suis allée avec Jacques Barraud, avec Pierre Meignery, avec des gens
25:38 qui pour moi étaient des référents centristes, qui m'avaient servi d'exemple, avec Simone
25:45 Veil pour rejoindre l'UMP.
25:46 Alors pour revenir à l'Europe, est-ce que vous êtes favorable à l'entrée de l'Ukraine
25:49 au sein de l'Union, au détriment peut-être de notre agriculture et en faveur peut-être
25:53 d'un certain domaine social ?
25:54 Alors je suis favorable à ce qui a été fait, c'est-à-dire démarrer les négociations
25:59 d'entrée, mais l'Ukraine ne pourra pas rentrer rapidement, ce n'est pas possible.
26:03 À cause du décalage économique qui est considérable.
26:06 Donc c'est juste donner un peu d'espoir pour donner des forces en pleine guerre ?
26:09 Oui, enfin c'est plus que ça, puisque quand vous êtes candidat, en fait il y a des politiques
26:13 qui se mettent déjà en place.
26:14 Vous avez des étudiants Erasmus des pays candidats, vous avez des aides régionales
26:20 aux infrastructures, vous avez un accompagnement pour aider l'État de droit.
26:24 C'est un pays corrompu l'Ukraine, où la corruption est assez généralisée.
26:27 Ils ont déjà fait des pas de géants.
26:29 Mais je pense par contre que la protection géopolitique leur est déjà acquise.
26:34 Oui, est à ce prix.
26:35 Et peut-être d'ailleurs, ce sera l'un des sujets principaux de la campagne, la question
26:40 de la défense commune est tout à fait centrale.
26:44 À cet égard c'est presque l'inverse de Schumann et Monet.
26:48 Après la guerre, avec l'Allemagne qui vient de quitter le système nazi, les Italiens
26:52 qui viennent de quitter Mussolini, on ne peut pas commencer par la politique.
26:55 On doit d'abord faire l'économie.
26:56 Vous vous souvenez de la solidarité de fait qui fera progresser l'Europe.
26:59 Mais aujourd'hui, il faut réarmer l'Europe.
27:01 Exactement, c'est peut-être l'inverse.
27:03 C'est-à-dire d'abord faire une unité pour la défense, pour la géostratégie,
27:08 et puis pour l'économie, y aller un peu plus progressivement pour tenir compte de
27:12 la réalité des niveaux de développement des pays.
27:15 Et aussi cette suite de cerveaux qu'on connaît à l'intérieur de l'Europe, notamment
27:20 pour la Roumanie et la Bulgarie, qui en fait est très pénalisante pour eux.
27:23 Parce que beaucoup de personnes de l'élite roumane, les médecins, regardez dans nos
27:28 hôpitaux plein de médecins roumains, les ingénieurs quittent ces pays, travaillent
27:33 ailleurs en Europe, où la vie est plus facile, l'éducation meilleure pour leurs enfants,
27:38 etc.
27:39 On le comprend.
27:40 Vivent dans leur pays de ces compétences qui seraient tellement utiles dans les administrations,
27:44 dans la justice, dans les entreprises, pour faire progresser le pays.
27:48 Donc, je pense que le président de la République aura l'occasion de s'exprimer à ce sujet.
27:53 On voit l'accélération effectivement de l'Europe de la défense, de la mobilisation,
27:57 la Suède, la Finlande qui sortent de leur statut de pays neutre, de l'Allemagne qui
28:04 prend 70 ans plus tard un budget de la défense significatif pour contribuer à une Europe
28:10 forte du point de vue géostratégique, centrale, face désormais à l'ennemi russe, qui est
28:16 un voisin proche.
28:17 Est-ce qu'on est en guerre aujourd'hui contre la Russie ?
28:20 Non, on n'est pas en guerre formellement.
28:22 Est-ce qu'on y porte soin ? C'est-à-dire qu'on aide l'Ukraine qui elle-même est en
28:25 guerre contre la Russie ?
28:26 Suffisamment.
28:27 Est-ce qu'on aide suffisamment ? Visiblement pas assez pour que l'Ukraine gagne.
28:31 Justement parce qu'on ne veut pas entrer dans une guerre directe, c'est-à-dire nos
28:34 soldats face aux soldats russes, ce qui limite notre appui.
28:40 Déclencher une guerre à l'échelle du continent européen serait une lourde responsabilité.
28:45 Donald Trump a insisté cette semaine d'une certaine manière.
28:50 Vladimir Poutine a attaqué les pays de l'OTAN qui ne consacrent pas au moins 2% de leurs
28:55 produits intermédiaires bruts à leur défense.
28:57 Comment doivent réagir les pays de l'Union européenne ?
29:01 En se mobilisant sur l'autonomie stratégique, notre capacité à être fort, seule.
29:07 Ça enlève le temps et ça n'avance pas.
29:09 Sur les questions de défense ou sur les questions aussi d'industrie, ça n'avance pas.
29:14 Les campagnes sont toujours des moments de bon en avant, comme les crises en fait.
29:18 L'Europe, voilà, elle fonctionne de manière assez par bon à l'occasion de moments.
29:23 Ce sera un moment de débat.
29:24 Il y a le Parlement européen qui se renouvelle, mais aussi la Commission, la Commission européenne,
29:29 avec Madame von der Leyen, avec Thierry Breton.
29:32 Donc c'est toujours des moments de débat, puisque c'est sur des orientations que les
29:36 commissaires sont choisis.
29:38 Ces orientations, l'élection de la Commission étant postérieure à l'élection du Parlement
29:43 en général, s'appuient sur les débats qu'il y a eu pendant la campagne européenne.
29:48 Je forme le vœu qu'il y ait au moins quelques débats très suivis et de bonne qualité
29:53 à l'échelle européenne et pas que des débats nationaux, ce qui est malheureusement
29:56 souvent le cas.
29:57 Pour la défense, vous vous appuyez sur l'OTAN ou sur l'Europe aujourd'hui quand on a un
29:58 pays européen ?
29:59 Sur les deux, mon colonel.
30:01 Sur l'OTAN parce que c'est une alliance militaire qui fonctionne, qui existe, et sur
30:10 l'Union européenne, il y a un certain nombre d'instruments qu'elle a mis en place.
30:13 Il y a des budgets de défense désormais.
30:15 Il y a des forces qui sont propres.
30:17 Par exemple, le record de Strasbourg, que je connais très bien puisque je suis de
30:21 Strasbourg, est très souvent sur le terrain avec des mandats donnés par l'Union européenne.
30:27 C'est complémentaire.
30:28 Les spécialistes savent parfaitement jongler avec l'un et l'autre.
30:31 Mais nous découvrons que très vraisemblablement, malheureusement, après les élections américaines,
30:37 l'allié américain aura des exigences qu'il n'avait pas jusque-là.
30:41 Et donc nous devons nous préparer au risque de ne pas l'avoir à nos côtés en Ukraine
30:48 et au Proche-Orient.
30:49 Donc ça, évidemment, c'est une source de mobilisation extrêmement forte pour nous.
30:53 Face à ces menaces, face à ce contexte international, est-ce que Stéphane Séjourné est un ministre
30:59 des Affaires étrangères suffisamment expérimenté et solide ?
31:02 Oui, la réponse est oui, sans aucun doute.
31:07 Il met un petit peu de temps là quand même pour répondre.
31:10 Expérimenté ? Non, il n'était pas ministre avant.
31:13 Stratège et connaisseur des situations ? Oui.
31:18 J'ai admiré son travail à l'échelle européenne.
31:22 Parce qu'il était tête de liste aux dernières élections européennes.
31:25 Non, il n'était pas tête de liste.
31:26 C'était Nathalie Loiseau.
31:27 C'était Nathalie Loiseau.
31:28 Puis il est devenu président de notre délégation, donc des Français du groupe.
31:33 Puis à la faveur de notre président qui était roumain, qui s'investit dans les élections
31:38 nationales, on exige de lui qu'il se retire de ses engagements européens.
31:42 Stéphane Séjourné obtient le job de président.
31:47 Vous savez, président de 25 nations.
31:49 C'est pareil, avec différentes sensibilités.
31:53 Il a construit Renew Europe, qui a des partis dans tous les pays européens.
31:59 On est allé en Italie, en Espagne, en Pologne, à Vienne.
32:04 On est allé dans toute l'Europe pour soutenir nos collègues.
32:08 Joli résultat en Pologne.
32:10 Polska 2050, 14% aux dernières élections.
32:13 On a très largement contribué au succès de la coalition démocratique contre le régime
32:20 autoritaire de Kaczynski qui était en place.
32:22 C'est la démarche de Stéphane.
32:24 Donc il a une connaissance très fine des chefs d'État.
32:27 Il réunissait les réunions chef d'État, commissaire et député européen régulièrement,
32:33 trois fois par an à Bruxelles.
32:34 C'était marrant parce que c'est lui qui présidait avec M. Macron,
32:39 avec Mme Callas, la présidente lettone, avec Marc Ruttel, le néerlandais,
32:44 avec des personnalités de premier plan.
32:46 Donc il a une vision stratégique européenne très forte.
32:49 Il se trouve qu'il connaît parfaitement l'Amérique du Sud par son parcours personnel.
32:54 Il est très engagé au Proche-Orient où il a déjà pris des initiatives pour essayer
33:01 d'avancer vers la solution à deux États avec un doigté politique.
33:05 Pendant de nombreuses années, il était aux côtés du président Macron
33:08 pour l'aider à gérer des majorités.
33:11 Donc c'est un homme de dialogue, de respect.
33:13 Je suis très impressionnée par sa capacité à respecter.
33:15 Donc il n'a pas besoin d'une longue expérience.
33:19 Il a l'étoffe du poste.
33:20 Il est bien entouré et je me réjouis par exemple de travailler avec lui
33:25 sur le sujet du prochain mandat qui sera l'aspect extérieur de la migration.
33:31 Comment on négocie avec les pays d'origine.
33:34 Merci.
33:34 Alors pour terminer, avant de terminer, on passe à la question perso.
33:38 Ah !
33:38 Frédéric Morisse, vous avez été maire de Strasbourg de 2001 à 2008.
33:48 C'est une ville qui était aujourd'hui administrée par Jeanne Barséguian.
33:51 Êtes-vous de ceux qui jugent catastrophique la gestion de collectivité par les écologistes ?
33:56 Je ne suis pas impressionnée en effet par leur gestion.
34:00 Le neufémisme.
34:01 Oui.
34:02 Alors je suis diplomate parce que moi, ce qui est important pour moi,
34:05 c'est que Strasbourg garde sa dimension européenne
34:09 et je suis totalement investie dans cet objectif
34:12 et je dialogue avec Madame le maire Jeanne Barséguian sur ce sujet.
34:16 Et pour le reste ?
34:17 J'observe qu'à Lyon, qu'à Bordeaux, c'est catastrophique.
34:21 Mais à Strasbourg, vous n'êtes pas…
34:22 Nos métropoles sont pourtant les éléments de rayonnement du pays tout entier
34:27 parce que c'est là qu'arrivent les visiteurs, les touristes.
34:31 Et donc avoir une ambition économique, c'est stratégique.
34:35 La décroissance, c'est quelque chose qui m'a fait peur.
34:37 Dans les classements des métropoles les plus attractives,
34:39 Grenoble arrive en tête, devant Nice d'ailleurs.
34:42 Grenoble, ville gérée par un écologiste depuis deux mandats.
34:45 Oui, je n'ai pas d'analyse fine sur Grenoble,
34:48 mais je sais qu'il y a une dynamique économique qui est assez forte entre Lyon et Grenoble.
34:52 Donc peut-être qu'elle a survécu au changement de maire.
34:55 Peut-être qu'il a un pragmatisme à Grenoble
34:57 qui le conduit à néanmoins soutenir ce développement économique.
35:00 Chacun a un peu ses caractéristiques.
35:02 Mais c'était lequel qui avait parlé d'arbres morts pour les sapins ?
35:05 Tous les arbres finissent par mourir.
35:08 Et je rappelle que c'est la croissance de l'arbre qui fait absorber du CO2.
35:12 Donc quand il ne progresse pas…
35:14 Moi, je suis écolo, j'aime l'environnement,
35:15 j'ai fait beaucoup de travaux sur l'environnement.
35:17 J'ai été une mère écolo.
35:19 Donc je pense que l'écologie doctrinaire n'est pas la solution.
35:23 Je pense par contre qu'il faut adapter toutes nos politiques
35:27 à cette réalité qui est le réchauffement climatique.
35:30 Merci beaucoup Fabienne Keller.
35:32 Merci à tous de nous avoir suivis.
35:35 Merci à Sophie Dancé et Philippe Bertigny
35:38 pour la réalisation de cette émission,
35:39 à Christelle Benjamin pour sa préparation.
35:42 On se retrouve la semaine prochaine
35:43 pour un nouveau rendez-vous de l'interview à la Une.
35:46 Bonne journée et bon week-end à tous.
35:47 [Musique]