Avec Julien Gobin, essayiste, auteur de “L'individu, fin de parcours ? Le piège de l'intelligence artificielle” publié aux éditions Gallimard.
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NewsTranscription
00:00 Sud Radio Bercov, dans tous ses états, le face à face.
00:06 13h10 sur Sud Radio, l'heure pour nous de vous présenter ce face à face
00:09 qu'on est ravis de recevoir aujourd'hui pour sa première radio.
00:12 L'essayiste et auteur de ce livre, "L'individu, fin de parcours, le piège de l'intelligence artificielle"
00:17 aux éditions Gallimard, c'est Julien Gobin qui est avec nous. Bonjour à vous.
00:20 Bonjour.
00:21 Alors Julien Gobin, j'ai lu ce livre qui vient de paraître, vraiment avec beaucoup de plaisir
00:25 et c'est très intéressant parce que vous parlez de l'intelligence artificielle,
00:30 vous parlez des évolutions, non pas de l'humanité mais de l'esprit humain,
00:34 du mental, du comportemental depuis pratiquement les Lumières,
00:38 depuis 1749, l'ère Lumière, etc.
00:42 Et c'est très intéressant parce que vous parlez de trois stades.
00:46 Alors, vous avez utilisé, je voudrais savoir, une métaphore intéressante,
00:51 pourquoi la chrysalide et le papillon ?
00:53 Alors, parce que c'est une métaphore particulièrement parlante pour comprendre
00:57 les changements qui sont en cours actuellement dans notre civilisation.
01:00 C'est une métaphore empruntée à l'entomologie, la science des insectes.
01:03 Donc tous les insectes qui ont un état larvaire,
01:06 les mouches, les abeilles et les papillons, la chenille,
01:11 il y a l'ancienne structure qui est celle du premier stade
01:14 et la chrysalide est le moment de la transformation,
01:17 mais pas simplement d'une transformation graduelle, c'est d'une métamorphose.
01:20 On passe d'un état initial à un état final complètement différent.
01:23 Et ce qui est intéressant, c'est qu'au sein de la chrysalide,
01:26 le corps de l'insecte se dissout de l'intérieur,
01:29 il se digère lui-même et provoque un état liquide
01:32 qui est particulièrement intéressant pour comprendre notre société.
01:35 On dit beaucoup que la société post-moderne dans laquelle nous sommes,
01:38 dans laquelle les valeurs se dissolvent,
01:41 le cadre collectif commence également à se déliter,
01:44 est une société liquide.
01:46 Et donc dans la chrysalide, ces nutriments qui correspondent à l'ancien corps de l'insecte
01:52 doivent nourrir des cellules, des cellules souches,
01:54 on appelle ça des cellules en dormance,
01:57 qui vont activer le prochain corps.
01:59 Et l'enjeu de mon livre, c'est de se demander finalement aujourd'hui...
02:01 - Le prochain corps étant le papillon. - Le papillon, mais peut-être une mouche verte.
02:04 - Une mouche verte, oui.
02:06 - Et donc l'enjeu est de se demander,
02:09 aujourd'hui nous sommes dans cet état liquide,
02:11 est-ce qu'on ne pourrait pas identifier ces cellules en dormance
02:14 que les nutriments de l'ancien corps viendraient nourrir
02:17 pour avoir une image, une photographie du monde de demain
02:19 et là, entrer dans la prospective ?
02:21 - Alors c'est ça, c'est très très intéressant parce que justement,
02:24 vous parlez des trois stades, enfin ce que vous appelez les trois stades
02:27 déconstruction, état liquide, reconstruction, donc
02:31 je résume rapidement, on aura le temps d'en parler.
02:34 Vous commencez avec les droits de l'homme, le 18ème siècle,
02:37 vous parlez après de la malaise dans la civilisation,
02:39 au moment de l'état liquide, le post-moderne dans lequel on est aujourd'hui,
02:43 et vous dites, attention, arrive,
02:46 mais là il faut savoir comment on pensait,
02:48 s'en méfier ou ne pas s'en méfier, et surtout comment les gérer,
02:51 le transhumanisme, l'intelligence artificielle,
02:54 le genre, etc.
02:57 Et vous parlez effectivement de ces métamorphoses de l'individu,
03:01 comment est arrivé à l'individu,
03:03 et est-ce que l'individu ne risque pas d'exploser et de se dissoudre
03:06 dans quelque chose qu'on veut justement, au nom de la raison,
03:09 au nom de la technologie, au nom des transformations,
03:12 lui adjoindre de gré ou de force.
03:15 On va en parler longtemps après cette petite pause.
03:19 Sud Radio, votre avis fait la différence.
03:22 Je remercie Sud Radio de pouvoir donner la parole aux Français,
03:25 sans les couper, en ayant d'autres avis,
03:27 et ça vraiment c'est la seule radio en France qui puisse le faire,
03:30 donc je tiens à le souligner.
03:31 Sud Radio, parlons vrai.
03:34 Ici Sud Radio.
03:37 Les Français parlent au français.
03:42 Je n'aime pas la blanquette de veau.
03:45 Je n'aime pas la blanquette de veau.
03:48 Sud Radio, Bercov, dans tous ses états.
03:51 L'individu, fin de parcours, alors c'est fini,
03:54 l'individu, la liberté, on en parle tout le temps,
03:58 on en a parlé hier, aujourd'hui, la liberté d'expression,
04:01 de liberté de s'exprimer, de la censure, etc.
04:04 Et puis voilà qu'apparaissent, voici qu'apparaissent un certain nombre,
04:08 les fantômes qui arrivent à notre rencontre,
04:11 comme disait Goya,
04:13 qu'est-ce qui se passe ?
04:14 Alors Julien Gobin, je voudrais que vous rappeliez un peu,
04:16 on va faire un peu d'histoire, mais on ne comprend rien
04:18 si on ne fait pas un peu d'histoire.
04:20 L'individu en tant que tel, l'individu libre,
04:24 l'individu doué de raison, l'individu, le libre-arbitre,
04:27 il apparaît quand à peu près, Bercov ?
04:30 Alors il apparaît, grossièrement au XVIIIe siècle,
04:33 avec le siècle des Lumières.
04:35 L'individu finalement, c'est celui qui est doté d'un libre-arbitre,
04:40 qui pense par lui-même, qui est autonome,
04:42 et qui se construit par l'émancipation à l'égard des déterminismes sociaux.
04:46 Donc la Révolution française, par exemple,
04:49 c'est le moment où le citoyen peut s'affranchir de l'ancien régime,
04:53 peut penser par lui-même, et c'est au fondement même de notre démocratie,
04:56 puisque si on vote pour un candidat,
04:58 c'est en son âme et conscience, on n'est pas la marionnette
05:00 de structure sociale qui nous imposerait nos choix.
05:03 Alors qu'avant, il y avait la religion,
05:05 il y avait un certain nombre de contraintes...
05:07 Voilà, la croyance collective, l'ordre collectif
05:09 déterminait la façon de se comporter.
05:11 C'est ça.
05:12 Et donc les sociétés individualistes, qui sont le fruit des Lumières,
05:15 justement, ont pour but de faire émerger l'individu.
05:18 Et c'est une trajectoire qui s'est effectuée sur plusieurs siècles,
05:21 avec de grands combats qui ont été nécessaires,
05:23 donc dans le droit du travail, même l'émancipation des femmes.
05:26 Tout ça, c'est l'idée étant d'émanciper le citoyen
05:29 des contraintes non choisies, qui l'empêcheraient d'être lui-même.
05:33 Et on arrive aujourd'hui à un moment
05:35 où les grands combats ont été gagnés,
05:37 mais ce logiciel proprement démocratique
05:40 que nous avons au fond de nous-mêmes,
05:42 et dont nous sommes tous les produits,
05:44 cherche de nouveaux combats également.
05:46 Où s'arrête la contrainte ?
05:48 Est-ce que, par exemple, l'éducation que j'ai reçue par mes parents
05:51 est une contrainte, oui ou non ?
05:53 Est-ce que je dois la déconstruire ou pas ?
05:55 Est-ce que même les lois sociales,
05:57 ou la civilité, la politesse,
05:59 est-ce que c'est une contrainte,
06:01 puisque ce n'est pas mon moi profond, mon moi authentique qui s'exprime ?
06:04 Et à partir de quand, est-ce que la quête de l'individu
06:06 doit s'arrêter ou non ?
06:08 - Justement, Julien Gaubin, vous posez la question,
06:10 mais il faut bien, de toute façon,
06:12 quelle que soit l'avis en commun
06:14 et les idéaux, il faut y vivre avec des règles.
06:16 Je veux dire, on ne peut pas faire...
06:18 La liberté, ce n'est pas de faire n'importe quoi,
06:20 à ce moment-là, je ne vais pas pisser dans le studio,
06:22 etc., etc. Je veux dire,
06:24 il y a des contraintes, des règles du jeu
06:26 qu'on peut discuter, bien sûr.
06:29 Mais est-ce que ces contraintes-là n'ont pas toujours existé
06:31 et continuent à exister ?
06:33 - Alors, elles ont toujours existé, mais maintenant,
06:35 certains traits qu'on peut avoir, qu'on juge,
06:37 sont fondamentaux dans notre personnalité,
06:39 fondamentaux dans notre moi profond,
06:42 nature authentique, peuvent être
06:44 revendiqués comme un droit fondamental,
06:46 un droit humain.
06:48 - Par exemple ?
06:50 - Si on parle du genre,
06:52 voilà, par exemple,
06:54 si je me sens... je suis né dans un corps d'homme,
06:56 je me sens femme, ma nature profonde
06:58 est d'être... je me sens femme,
07:00 donc j'exige d'être reconnue par la société
07:02 en tant que telle, puisque c'est ma nature,
07:04 et il est hors de question que des lois sociales
07:06 viennent déterminer mon identité.
07:08 Voilà, ça c'est un exemple actuel,
07:10 et qui est éminemment démocratique.
07:12 - Vous me reconnaissez,
07:14 j'ai mon droit, et vous devez me respecter
07:16 en tant qu'homme voulant devenir femme.
07:18 - Voilà, c'est ça.
07:20 Et avec, évidemment, cette
07:22 ambiguïté, puisque
07:24 je trouve que c'est une revendication qui est
07:26 tout à fait logique dans le logiciel
07:28 de l'émancipation de l'individu.
07:30 Et donc ce n'est pas un hasard si c'est aujourd'hui que ça arrive,
07:32 puisque ce sont dans les sociétés démocratiques
07:34 qu'on a cette volonté de s'émanciper,
07:36 de se reconnecter avec son moi,
07:38 que j'appelle le moi profond, le fort intérieur,
07:40 le moi authentique. - Mais comment savoir,
07:42 justement, parce que vous avez pris
07:44 cet exemple,
07:46 comment savoir si à un moment donné ce n'est pas
07:48 un faux moi profond ? Vous avez vu qu'il y a eu
07:50 beaucoup de repentance là-dessus. - C'est le moi
07:52 supposé profond.
07:54 Et avec beaucoup, évidemment,
07:56 d'ambiguïté, c'est là tout le problème,
07:58 il suffit de se... Alors si on
08:00 prend la question du genre, il peut y avoir des personnes qui souffrent
08:02 de dysphorie de genre, de sentir
08:04 appartenir à l'autre genre,
08:06 et c'est une maladie
08:08 qui est recensée par les psychiatres,
08:10 tout à fait vrai, mais d'autres peuvent tout à fait, par un effet
08:12 de mode, qu'on peut avoir d'imitation,
08:14 on sait que les homo sapiens
08:16 adorent se
08:18 regrouper, se conformer à des groupes,
08:20 et donc pour une simple imitation, il suffit de se déclarer
08:22 comme tel, et puis on peut changer d'avis ensuite, plus tard,
08:24 et là, où est le critère,
08:26 où est le barème qui nous permet de savoir
08:28 à quel point on l'est ou pas. - Surtout
08:30 s'il en a fait une consommation d'estrogène
08:32 ou un certain nombre de
08:34 médicaments ou autres, qui feront
08:36 que ça peut être aussi irrémédiable.
08:38 - Oui, absolument. Et là,
08:40 cette consommation dont vous parlez
08:42 soulève un point que je développe,
08:44 qui est l'ambiguïté entre
08:46 ce ressenti, qui
08:48 appartiendrait finalement, quand on écoute
08:50 les témoignages de personnes qui souffrent
08:52 de dysphorie de genre, ils disent
08:54 "Depuis ma plus tendre enfance, depuis mes premiers souvenirs
08:56 de trois ans, je sais que je ne suis pas dans le bon corps."
08:58 Comme s'il y avait presque une âme
09:00 qui aurait elle-même un genre, d'ailleurs c'est intéressant,
09:02 qui s'incarnerait dans le mauvais corps,
09:04 tout en reconnaissant qu'il y a des genres.
09:06 Déjà, c'est la question, mais ensuite, une fois qu'il y a
09:08 le traitement hormonal, pour ceux qui joignent
09:10 le geste à la parole et qui font vraiment l'opération,
09:12 là, c'est un lot de déterminisme qui arrive.
09:14 La biologie et qui, je montre
09:16 dans le livre, peuvent
09:18 avoir un impact, d'abord
09:20 évidemment sur l'aspect extérieur, mais aussi
09:22 sur le tempérament. Et le tempérament,
09:24 ça je ne l'ai pas inventé, je suis allé voir les brochures
09:26 de sensibilisation. - Oui, vous avez vu,
09:28 vous dites "maintenant je sens que je suis fin,
09:30 je pleure, je pleure beaucoup plus facilement, etc."
09:32 - Oui, alors ça c'est très amusant,
09:34 parce que... - C'est intéressant, vous en parlez.
09:36 - C'est intéressant, alors c'est les transsexuels qui
09:38 expliquent leur cheminement, leur transition sur plusieurs années,
09:40 expliquent que pendant le traitement hormonal,
09:42 un homme qui est devenu femme dit "voilà, maintenant j'ai des crises
09:44 de larmes, j'ai des amis qui ont des problèmes de logique",
09:46 le cliché absolu de l'autre genre.
09:48 Et pour les femmes qui sont devenues hommes,
09:50 c'est un excès de libido, ne plus pouvoir se retenir,
09:52 etc. - Elle retombe
09:54 en fait dans un genre,
09:56 elle retombe dans un conformisme, qu'est-ce que c'est ?
09:58 - C'est pour ça que je trouve que c'est particulièrement réactionnaire,
10:00 et je trouve ça très étonnant, alors il n'y a
10:02 aucun jugement moral, mais ce qui est intéressant, c'est de voir que
10:04 d'un côté on a les transsexuels qui font le traitement hormonal,
10:06 les autres transgenres qui disent
10:08 qu'il n'y a aucun genre et que tout est construction sociale,
10:10 les deux manifestent dans le même
10:12 mouvement global LGBT,
10:14 et pourtant, en présupposés
10:16 métaphysiques et idéologiques,
10:18 c'est les opposés absolus. D'un côté,
10:20 il y a des idéalistes qui déconstruisent toutes les conventions,
10:22 et de l'autre, ceux qui veulent rejoindre
10:24 certains déterministes, certains cannevas sociaux.
10:26 - Et certains de conventions, et effectivement, certains
10:28 comportements spécifiques
10:30 de l'homme ou spécifiques
10:32 de la femme. - Voilà.
10:34 - Et alors, au-delà de ça, Gilles Dagoben,
10:36 l'individu aujourd'hui, vous dites,
10:38 vous posez la question avec un point
10:40 d'interrogation, l'individu fin de parcours.
10:42 Alors pour vous, on est vraiment en fin de parcours ?
10:44 - Alors il y a des signaux qui nous montrent qu'on est en fin
10:46 de parcours. - Alors lesquels ?
10:48 - Déjà, c'est difficile de s'en rendre compte quand on n'est pas
10:50 dans les nouvelles générations, en fait c'est un mouvement
10:52 sur plusieurs générations qui se fait, puisque
10:54 par exemple, moi je suis né avant Internet, donc j'ai encore
10:56 d'autres modèles, et petit à petit ça se déplace.
10:58 Mais ce qui,
11:00 l'indicateur qui traduirait cette fin de parcours,
11:02 c'est finalement ce qui définit l'individu.
11:04 L'individu est défini par le libre-arbitre.
11:06 Le libre-arbitre, c'est penser par soi-même,
11:08 avoir le choix entre une situation A ou B, pouvoir
11:10 faire autrement que le chemin
11:12 déjà tracé. Or, ce libre-arbitre
11:14 aujourd'hui est attaqué de toutes parts,
11:16 sur plein de fronts.
11:18 D'abord, théoriquement... - Par exemple, oui, de l'idée...
11:20 - Théoriquement, par la science.
11:22 Les avancées en neurosciences, en biologie,
11:24 montrent que finalement,
11:26 tout ça ressemble à une illusion.
11:28 Il y a des expériences
11:30 qui sont déjà anciennes, mais par exemple
11:32 l'expérience de Libet, en
11:34 73, on demande à quelqu'un
11:36 d'exprimer son libre-arbitre en levant le bras droit,
11:38 le bras gauche, le doigt droit, selon son bon
11:40 vouloir. - Ouais. - Et avec des électrodes,
11:42 et on voit une activation du signal
11:44 électrique avant la décision consciente,
11:46 jusqu'à 10 secondes dans certains cas,
11:48 et on peut à ce moment-là, prédire
11:50 le choix qui va être fait volontairement,
11:52 consciemment, etc. Donc dans des conditions très expérimentales,
11:54 déjà on se rend compte, ensuite, en sociologie,
11:56 on voit bien qu'il y a des grandes tendances,
11:58 que les personnes pensent être libres et suivent
12:00 des grands mouvements. Le Big Data
12:02 permet désormais d'avoir ces données-là.
12:04 Donc ça, c'est à la limite théorique.
12:06 Mais dans les faits, et c'est là où c'est intéressant, quand bien même
12:08 le libre-arbitre existerait, est-ce que l'environnement
12:10 actuel nous permet de l'exercer ?
12:12 Et c'est ça qui est intéressant. Alors, on dit, notre
12:14 société démocratique a comme
12:16 fondement le consentement libre
12:18 et éclairé. Alors, le consentement est-il
12:20 libre... - On en a parlé pour les vaccins,
12:22 pour les médicaments et autres, par exemple.
12:24 - Par exemple, voilà. Donc le consentement est-il
12:26 libre lorsqu'on peut avoir
12:28 des manipulations algorithmiques qui nous
12:30 mettent dans des trajectoires,
12:32 peuvent jouer sur nos biais cognitifs
12:34 pour nous orienter dans certaines décisions,
12:36 dans la Silicon Valley, les GAFAM
12:38 ont, le vôtre et le mien,
12:40 ce qu'on appelle une poupée vaudou.
12:42 Je ne sais pas si vous connaissez la poupée vaudou.
12:44 - Donc la poupée vaudou, quand on la pique, ça touche
12:46 la vraie personne.
12:48 Cette poupée vaudou, c'est le double numérique.
12:50 Toutes nos données forment un modèle
12:52 et en voulant nous conduire à consommer
12:54 ou à prédire nos habitudes,
12:56 il suffit de jouer sur cette poupée pour que nous,
12:58 ensuite, on soit... - Vous voulez dire,
13:00 on crée de toutes pièces un espèce de modèle
13:02 qui rassemble énormément... - Un avatar.
13:04 - Un avatar qui ressemble à des millions de gens.
13:06 - A nous-mêmes, individualisés.
13:08 Et donc, un exemple, c'est la question, je ne sais pas si
13:10 ça vous est déjà arrivé, de parler
13:12 avec des amis et le lendemain, vous avez une publicité
13:14 qui ressemble étrangement à votre conversation.
13:16 La question, c'est est-ce qu'on est écouté ?
13:18 Si on était écouté,
13:20 déjà c'est nié par les gaffes-femmes,
13:22 mais quand bien même, ça supposerait une quantité
13:24 de données... - C'est pas un peu complotiste, ça ?
13:26 - Justement, ça supposerait une quantité de données hallucinante
13:28 et donc, ça n'est pas la solution.
13:30 En revanche, c'est que la poupée vaudou
13:32 qu'ils ont, de nous-mêmes, permet
13:34 de prédire nos comportements à un, deux,
13:36 trois, cinq jours, prédire nos envies pour cibler
13:38 les publicités. Et à ce moment-là,
13:40 la publicité ciblée n'est que la conséquence
13:42 de notre état initial, précédent.
13:44 Et c'est là où la question de
13:46 la manipulation peut être tout à fait envisagée,
13:48 puisque si on nous connaît parfaitement, on peut jouer là-dessus.
13:50 Donc ça, c'est le consentement libre, mais le consentement est inégalement
13:52 éclairé dans l'environnement d'aujourd'hui,
13:54 qui est particulièrement complexe, changeant, comment
13:56 se repérer, où trouver les bonnes informations,
13:58 mais également, où trouver... - Entre les fausses,
14:00 les vraies, les fakes, et tout ça.
14:02 - Ce qu'on appelle les deepfakes, qui sont les informations
14:04 manipulées, très réalistes. Donc là,
14:06 on va sûrement avoir besoin d'intelligence artificielle
14:08 pour faire un premier feed
14:10 à cette submersion, je reprends l'expression de Bruno Patignot,
14:12 la submersion
14:14 d'informations, mais également
14:16 aussi une ambivalence entre un
14:18 environnement qui est désormais régi
14:20 par ce qu'on appelle une technocratie, des process,
14:22 notamment dans les entreprises, est-ce que
14:24 l'individu, dans ces cas-là, a encore
14:26 le loisir d'exprimer
14:28 sa marge de manœuvre ? Je prends un exemple très
14:30 concret de deux situations.
14:32 Si vous voulez faire un crédit, vous allez voir votre banquier,
14:34 et il vous dit "Ah bah non, je ne peux pas,
14:36 le logiciel m'a dit que le taux avait changé,
14:38 maintenant je ne peux pas et je n'ai pas la main là-dessus,
14:40 c'est le calcul,
14:42 et je n'ai pas la marge de manœuvre,
14:44 finalement il n'est qu'exécutant. Inversement, dans un
14:46 environnement qui n'est pas optimisé à ce point-là,
14:48 on a le plombier par exemple, qui se débrouille,
14:50 exerce son libre-arbitre, peut trouver des solutions,
14:52 et a une marge de manœuvre.
14:54 Et ça, c'est la première
14:56 grande tendance de l'uniformisation
14:58 par des process, mais de l'autre côté, on a aussi
15:00 et ça, on aura peut-être l'occasion d'y revenir,
15:02 un monde dans lequel
15:04 les lois, les règles ne sont pas données pour l'individu,
15:06 il doit choisir lui-même quelles sont ses trajectoires
15:08 de vie. Et face à cette complexité,
15:10 on réalise
15:12 qu'il y a beaucoup de maladies contemporaines,
15:14 la dépression, le burn-out, etc.
15:16 Et à ce moment-là, les intelligences artificielles
15:18 peuvent prendre le relais et se substituer à notre
15:20 libre-arbitre qui se révèle, dans certains cas,
15:22 sous-optimal. Et donc l'environnement d'aujourd'hui
15:24 rend cet outil forgé
15:26 par des milliers d'années d'évolution, peut-être
15:28 sous-optimal, parce que justement, il n'est
15:30 plus adapté à notre environnement actuel.
15:32 - C'est vertigineux, en tout cas, ce que ça donne.
15:34 - C'est vertigineux, c'est...
15:36 - On va en continuer à en discuter après cette petite
15:38 pause, tout de suite.
15:40 - Avec vous, au 0826 300 300
15:42 pour poser vos questions, pour intervenir ou pour réagir.
15:44 A tout de suite sur Sud Radio.
15:46 - Sud Radio
15:48 Bercov, dans tous ses états, midi 14h.
15:50 André Bercov.
15:52 - Ici
15:54 Sud Radio.
15:56 Les Français
15:58 parlent au français.
16:00 Les carottes sont cuites.
16:02 Les carottes sont cuites.
16:04 - Sud Radio
16:06 Bercov, dans tous ses états.
16:08 - 13h31, sur Sud Radio, nous sommes
16:10 toujours avec Julien Gobin, essayiste,
16:12 qui vient nous voir pour ce livre,
16:14 "L'individu, fin de parcours, point d'interrogation,
16:16 le piège de l'intelligence artificielle".
16:18 C'est aux éditions Gallimard.
16:20 - Alors justement, Julien Gobin, parce que
16:22 ça pose effectivement des problèmes,
16:24 je disais, vertigineux,
16:26 parce que nous sommes tous extrêmement
16:28 attachés à notre livre "Arbite"
16:30 dont vous parlez, nous sommes attachés
16:32 à l'émancipation, nous sommes
16:34 attachés à être soi-même,
16:36 et nous sommes aussi attachés à faire société,
16:38 comme vous dites, tout ça, je ne crois pas
16:40 que ce sont des choses qui vont disparaître, en tout cas
16:42 de sitôt. En tout cas, une bonne partie
16:44 de l'humanité, on le voit encore
16:46 aujourd'hui, tous les jours, veille à ça.
16:48 Et puis vous avez cet
16:50 extraordinaire, effectivement,
16:52 développement de l'intelligence
16:54 artificielle, de l'homme "augmenté",
16:56 avec le transhumanisme,
16:58 cette espèce de
17:00 de savoir
17:02 par rapport à, effectivement,
17:04 d'aller plus loin, on appelle ça toujours le progrès,
17:06 on a toujours l'air du progrès, mais
17:08 c'est le même, enfin le même, il y a le progrès
17:10 par les révolutionnaires,
17:12 les lumières, l'humanisme, et là le progrès
17:14 par les GAFAM, la silicone
17:16 et les transhumanistes
17:18 et autres. C'est plus du tout
17:20 le même progrès. - Alors,
17:22 c'est un progrès qui a quand même un lien.
17:24 Alors, je m'explique,
17:26 le transhumanisme tel qu'on le connaît de la
17:28 Silicon Valley, cette idéologie, reprend
17:30 de manière étonnante le programme
17:32 des lumières, mais par d'autres moyens. C'est la continuation
17:34 des lumières par d'autres moyens.
17:36 - Alors, quels moyens, justement ? - Alors, ces moyens, c'est que,
17:38 je reprends en deux mots la philosophie
17:40 des lumières, c'est le progrès de l'humanité, plus
17:42 de moralité, plus de civilisation,
17:44 améliorer l'espèce humaine
17:46 dans une longue trajectoire par l'éducation.
17:48 Mais on a, à ce moment-là,
17:50 les progrès de la science qui sont
17:52 pas encore ceux d'aujourd'hui.
17:54 Néanmoins, Condorcet,
17:56 qui est un parfait représentant,
17:58 se demande, il se dit,
18:00 mais finalement, ce qui fait le succès
18:02 de l'humanité, c'est l'éducation.
18:04 Le problème, c'est que, eh bien,
18:06 tout ça repose sur un substrat biologique,
18:08 une certaine nature
18:10 humaine, qu'on ne peut pas contrôler.
18:12 - Oui. Et Condorcet disait
18:14 "c'est la biologie, la base".
18:16 - C'est la base. Et si on pouvait modifier cette biologie
18:18 comme on peut sélectionner des chiens ?
18:20 Si des parents qui ont un tempérament
18:22 fougueux, impétueux,
18:24 violent, pouvaient ne pas
18:26 donner des enfants qui ont cette
18:28 cette conformation ?
18:30 Et est-ce qu'on ne pourrait pas changer, à ce moment-là,
18:32 la biologie humaine pour participer
18:34 à un outil parmi les autres pour améliorer
18:36 l'humanité ? Or, ce qu'on a
18:38 découvert, l'histoire a
18:40 tragiquement montré que le projet de la lumière
18:42 s'est un peu fracassé au cours du XXème siècle.
18:44 Il y a eu la Seconde Guerre mondiale, la Shoah, la décolonisation,
18:46 mais également la crise écologique,
18:48 et un peu cette poursuite de se dire "l'homme maîtrise la nature".
18:50 Et le transhumanisme
18:52 de la Silicon Valley se dit finalement
18:54 l'erreur ce n'est pas
18:56 le progrès de l'humanité, l'erreur c'est
18:58 d'avoir mal compris ce qu'était l'être humain.
19:00 L'être humain n'est pas doté de
19:02 ce libre arbitre un peu métaphysique
19:04 qui viendrait de nulle part, cet entendement
19:06 qui reposerait sur des
19:08 présupposés un peu mystérieux. Non, l'être humain
19:10 c'est un circuit,
19:12 un gros ordinateur. Et une fois
19:14 qu'on peut avoir compris ça, on va pouvoir
19:16 intervenir réellement et ne pas
19:18 avoir des espoirs trop hauts pour l'humanité,
19:20 au contraire c'est en connaissant bien ce qu'est la nature humaine
19:22 réellement qu'on va pouvoir reprendre ce projet.
19:24 Et finalement c'est à partir de là
19:26 on comprend très bien que le projet
19:28 c'est à partir d'innovations technologiques
19:30 qui sont les nanotechnologies,
19:32 les biotechnologies,
19:34 l'informatique mais aussi les neurosciences,
19:36 de pouvoir
19:38 améliorer la nature humaine pour
19:40 ne pas la faire tomber dans ses pièges.
19:44 - Alors pourquoi ?
19:46 - Améliorer la nature humaine, on veut donc.
19:48 Mais la changer, la modifier, la bouleverser
19:50 ou pas ? Parce qu'il est là le problème.
19:52 - La bouleverser parce qu'elle est
19:54 sur certains points très archaïque.
19:56 Et c'est amusant, on parle beaucoup
19:58 alors voilà, je fais un tout petit parallèle
20:00 très amusant mais avec, enfin pas amusant du tout
20:02 mais révélateur.
20:04 La guerre en Ukraine.
20:06 La guerre en Ukraine, quand elle a éclaté, on avait
20:08 Vladimir Poutine qui représente,
20:10 qui est l'archétype du mal alpha
20:12 pétri de ces...
20:14 - Mal dominants. - Mal dominants,
20:16 le gorille au dos argenté,
20:18 qui pose le point sur la table et de l'autre côté
20:20 l'Occident qui est au contraire sur le
20:22 dépasser tout ces biais
20:24 qui font qu'ils ont peut-être été efficaces
20:26 à une époque mais nous ne sommes plus dans ce monde là.
20:28 Et le transhumanisme cherche à dépasser
20:30 un peu tout ces
20:32 archaïsmes évolutifs qui ont été
20:34 avantageux à une époque mais désormais se révèlent
20:36 inefficients.
20:38 - Alors justement, si vous poussez
20:40 la métaphore ukrainienne aujourd'hui,
20:42 sans prendre de tout parti,
20:44 on va pas faire de politique, mais il dit "attendez,
20:46 aujourd'hui quand même le mal
20:48 dominant alpha aux écailles
20:50 d'argent est en train de gagner la
20:52 guerre". C'est-à-dire, est-ce que franchement
20:54 malgré tout ce dont on parle
20:56 effectivement, intelligence artificielle
20:58 etc., il n'empêche que
21:00 aujourd'hui on est dans un monde multipolaire
21:02 où les nations s'affrontent,
21:04 enfin ce n'est plus
21:06 le monde d'avant. Alors en même
21:08 temps il y a ça, mais est-ce que
21:10 l'Occident qui est encore le gardien
21:12 de ce trésor-là
21:14 et on a l'impression
21:16 non pas qu'ils se fourvoient, mais qu'ils s'affaiblissent
21:18 avec ça ? - Alors,
21:20 l'histoire nous le dira, parce que bon,
21:22 si on parle sur le long terme, on sait qu'il y a des étapes
21:24 de l'histoire qui peuvent être différentes.
21:26 Mais la question c'est plutôt de se dire,
21:28 est-ce que la période
21:30 actuelle, conflictuelle,
21:32 renforce ou affaiblit les valeurs
21:34 au sein de la cohésion ? Est-ce qu'on défend plus que
21:36 jamais les droits de l'homme, ou est-ce qu'au contraire,
21:38 nous aussi on va faire des compromis pour
21:40 abandonner notre modèle ? Et en général,
21:42 quand une civilisation est attaquée, elle a tendance
21:44 à resserrer ses valeurs fondamentales.
21:46 - Resserrer les rangs. - Voilà, resserrer les rangs.
21:48 Et pour revenir, donc là,
21:50 la discussion qu'on avait était sur le
21:52 transhumanisme, donc c'est
21:54 le transhumanisme de la Silicon Valley,
21:56 il ne faut pas penser que c'est tout le transhumanisme.
21:58 Et c'est là où le débat en général peut-être
22:00 se fourvoie, c'est que c'est une idéologie
22:02 particulière, mais on peut tout à fait avoir un transhumanisme
22:04 féministe, un transhumanisme écologiste,
22:06 parce que ce sont finalement, c'est la technique
22:08 qui viendrait servir des valeurs.
22:10 - Les valeurs qui sont choisies
22:12 par les hommes quand même. - Par les hommes, absolument.
22:14 Mais, donc là, on a
22:16 évidemment un bon candidat pour le transhumanisme
22:18 de la Silicon Valley, puisqu'il a des affinités
22:20 avec les notions d'individus, mais
22:22 je ne vois pas aujourd'hui
22:24 une levée en masse des occidentaux
22:26 dire "oui, on veut absolument les implants neuronaux",
22:28 etc. En revanche, on n'a pas
22:30 besoin d'adhérer aux implants neuronaux
22:32 pour utiliser son smartphone, pour être bardé
22:34 de technologie. Et c'est là où
22:36 l'autre définition finalement qu'il faut retenir
22:38 pour le transhumanisme, ce n'est pas une idéologie particulière,
22:40 mais finalement c'est l'irruption
22:42 de la technologie dans toutes les sphères de notre existence,
22:44 être humain compris.
22:46 - Mais alors justement,
22:48 être humain
22:50 compris, et c'est vraiment là où on a l'impression
22:52 non pas d'une frontière, mais
22:54 jusqu'où peut-on aller ?
22:56 Parce que quelque part, si vous écoutez
22:58 les transhumanistes et les genrés,
23:00 encore une fois,
23:02 je reviens à ça, la biologie n'existe
23:04 plus, ce qui ne veut strictement rien dire,
23:06 mais effectivement,
23:08 ils le pensent peut-être, ils ont leurs raisons, je ne sais pas,
23:10 mais de dire "écoutez,
23:12 aujourd'hui, nous pouvons tout maîtriser".
23:14 Est-ce qu'on peut tout
23:16 maîtriser ou est-ce qu'on va tout maîtriser ?
23:18 - On commence à maîtriser, on commence,
23:20 et cette idée de
23:22 transformer le hasard en choix,
23:24 le hasard de la nature en choix volontaire.
23:26 Donc ce triomphe de la volonté individuelle
23:28 est justement un élément caractéristique
23:30 de la quête de l'individu. Je donne deux exemples,
23:32 par exemple, vous parliez du changement de sexe,
23:34 le traitement hormonal,
23:36 la transition, c'est
23:38 de la biologie, il y a un endoctrinologue,
23:40 un chirurgien, c'est de la science.
23:42 Il n'y a pas de changement de sexe sans la science.
23:44 Je parle également, maîtriser un
23:46 élément qui serait
23:48 par définition le plus mystérieux,
23:50 c'est la vie, donner la vie, la naissance,
23:52 l'embryon. Il y a des progrès
23:54 effarants en sélection
23:56 des embryons, on appelle ça l'eugénisme,
23:58 qui résonne de manière
24:00 automatique comme le nazisme, sélectionner
24:02 les personnes. Or c'est quelque chose de bien
24:04 plus ancien, fin 19ème,
24:06 début 20ème, toutes les sociétés progressistes
24:08 en Europe, en Occident,
24:10 étaient eugénistes, et aujourd'hui ça revient,
24:12 mais d'une manière non pas
24:14 étatique, ce n'est pas à l'état de dire ce
24:16 qu'il faut, mais individuellement. Alors,
24:18 comment ça se passe ? Lors d'une fécondation
24:20 in vitro, concrètement, on a une fécondation in vitro.
24:24 Plusieurs embryons sont sur
24:26 la table, on élimine déjà, et ça se fait couramment,
24:28 ceux qui ont une maladie génétique
24:30 absolument terrible.
24:32 On peut faire ça maintenant avec la trisomie aussi,
24:34 mais dans des pays comme
24:36 les Etats-Unis, on peut choisir
24:38 la couleur des yeux, le sexe,
24:40 et là où ça devient, la frontière
24:42 est toujours plus ténue, il y a maintenant des
24:44 prédictions qu'on peut faire,
24:46 des prédictions de tempérament, de personnalité,
24:48 - Ah carrément ? - Oui, qui sont possibles,
24:50 ce sont des probabilités.
24:52 En fait, c'est ce qu'on appelle
24:54 des scores polygéniques, c'est un terme qui désigne,
24:56 finalement, il n'y a pas un gène de l'intelligence,
24:58 mais on se rend compte qu'il y a mille variants génétiques,
25:00 et on peut faire des corrélations et se dire
25:02 celui-ci a 30% de chance de mieux
25:04 réussir, celui-ci 70%.
25:06 - Et on peut choisir ça sur les... - Alors, aujourd'hui,
25:08 ça ne s'est pas encore accepté,
25:10 mais on sait le faire, et ça commence à se...
25:12 On est à une phase de transition, et la question que je pose, c'est
25:14 au nom de quoi s'opposerait-on
25:16 à l'avenir ? Est-ce qu'on a encore du sacré,
25:18 une morale judéo-chrétienne qui dirait
25:20 que si on a du sacré, on n'y touche pas ? Ou est-ce que finalement,
25:22 les valeurs libérales, chacun choisit ce qu'il considère
25:24 être la vie bonne, ses enfants, pourquoi
25:26 ne pas payer une bonne école, et aussi un bon capital génétique ?
25:28 - Oui, ça c'est en tout cas
25:30 la question à poser. Maintenant,
25:32 vous avez aussi tout le côté de la dimension
25:34 économique, la marchandisation.
25:36 Quid de la marchandisation ?
25:38 Parlons-en, parce que vous imaginez, en parlant de tout ça,
25:40 les marchés immenses,
25:42 colossaux, planétaires, qui peuvent s'ouvrir
25:44 avec ça, déjà. - Et avec
25:46 la question, est-ce que
25:48 le néolibéralisme s'étend là-dessus ? Est-ce qu'il y a
25:50 des garde-fous ? Et au nom de quoi justifier
25:52 ces garde-fous quand la science moderne montre que finalement
25:54 les grandes valeurs métaphysiques auxquelles
25:56 on croyait ont été infirmées ? Avant c'était Dieu, et puis
25:58 la science dit "Dieu, on n'est pas sûr".
26:00 Au nom de quoi justifier à ce moment-là ces interdits ?
26:02 - Donc en fait, c'est Dieu, on n'est pas sûr, et l'homme,
26:04 on n'est pas sûr non plus ?
26:06 On peut la ranger.
26:08 - Et d'ailleurs, cette marchandisation peut être même
26:10 au niveau de l'État, dans le sens où, faites naître
26:12 un enfant par le hasard, conception naturelle,
26:14 il a peut-être des chances d'avoir
26:16 des tards à l'avenir.
26:18 C'est un coup, un fardeau pour la société.
26:20 - Ne prenez plus de risques.
26:22 - Et on va être encouragé à une procréation
26:24 en dehors de l'acte sexuel
26:26 hasardeux, mais dans un environnement médicalisé.
26:28 D'ailleurs, ce qui va de pair avec l'allongement
26:30 de la père de natalité, on fait des enfants de plus en plus
26:32 tard, donc tout ça tend à séparer
26:34 la conception de l'acte sexuel.
26:36 - Oui, absolument, qui est déjà...
26:38 D'ailleurs, la pilule a commencé,
26:40 par rapport à ça, pour obliger
26:42 faire l'amour à l'enfant.
26:44 Mais là, à votre avis,
26:46 et vous posez la question qui est fondamentale,
26:48 est-ce que
26:50 effectivement, on ne sera pas amené à dire
26:52 "Mais au fond, pourquoi des limites ?
26:54 Allons-y, il n'y a pas de limites à ce moment-là."
26:56 Ou, c'est parce qu'à un moment donné, il ne va pas
26:58 se poser le problème métaphysique. Là, on est
27:00 en plein de réflexion philosophique, mais c'est pas
27:02 inintéressant du tout, au contraire.
27:04 Il n'y a pas de limites.
27:06 Où est le contre-pouvoir ?
27:08 - C'était
27:10 une bonne question.
27:12 Le logiciel de l'individu
27:14 et le logiciel de la science moderne, c'est de repousser
27:16 les limites. Pour la science, c'est de comprendre
27:18 ce qui est mystérieux.
27:20 Et pour l'individu, c'est d'élargir
27:22 son champ d'action. Et c'est là, d'ailleurs,
27:24 où on a l'aspect
27:26 aussi séduisant de la technologie.
27:28 C'est que, sans technologie, il n'y a pas cette
27:30 émancipation possible de l'individu.
27:32 On n'a jamais été aussi libre individuellement, on peut même être autonome.
27:34 Je pourrais très bien vivre un an chez moi
27:36 en me faisant livrer mes repas, en ayant
27:38 des visioconférences. Cette
27:40 autonomie qu'on a, suppose une perfusion
27:42 technologique. Perfusion technologique
27:44 qui, en même temps, repose sur des principes
27:46 qui sont la négation de l'idée qu'il y aurait
27:48 une nature humaine telle
27:50 qu'on la conçoit encore aujourd'hui. Et donc,
27:52 ces limites, vers quoi ça nous tend ?
27:54 C'est un projet un peu infini,
27:58 puisqu'on commence désormais à voir
28:00 notre monde actuel, qui est balisé
28:02 par la technologie. Les mystères commencent à
28:04 disparaître, il y en a toujours des nouveaux. Mais maintenant,
28:06 c'est la quête de l'être humain, mais aussi
28:08 la quête de l'espace. Et cette quête
28:10 de partir à la conquête
28:12 du cosmos peut ouvrir un nouveau
28:14 sacré. Puisque ce qui fédère les
28:16 hommes en général...
28:18 - Il faut une dimension de sacralité, c'est évident.
28:20 - Et cette sacralité repose
28:22 sur l'inconnu, le mystère. Par exemple,
28:24 la montagne,
28:26 imaginons qu'on est dans une société traditionnelle,
28:28 dans le passé. Cette
28:30 montagne mystérieuse, on peut l'investir
28:32 de beaucoup de choses. Mais lorsqu'on connaît, on ne va pas
28:34 mettre des dieux dedans, il va falloir chercher ailleurs.
28:36 Et où est cet ailleurs ? Quand on regarde le ciel, maintenant,
28:38 la pollution lumineuse, on ne voit même plus les étoiles.
28:40 Donc, où est-ce qu'on peut investir ce sacré ?
28:42 Et c'est peut-être un élément qui pourrait
28:44 ouvrir l'humanité à une nouvelle
28:46 sacrée. - En tout cas, on ne le voit pas aujourd'hui, ce nouveau
28:48 sacré. - Non, on ne le voit pas et on est en recherche.
28:50 En tout cas, la technologie
28:52 pourrait ouvrir de nouveaux champs.
28:54 Mais en ce moment, on a une période de crise
28:56 puisque le sacré a
28:58 été démystifié.
29:00 - Oui, c'est ça. Et donc,
29:02 comme disait l'autre, "Dieu est mort,
29:04 Marx est mort et moi-même, je ne me sens pas très bien."
29:06 Disait Mark Twain.
29:08 Mais non, pas Mark Twain, d'ailleurs, c'est Boris Johnson.
29:10 - On marque
29:12 une petite pause sur Sud Radio et on revient
29:14 dans un instant. Vous aurez la parole 0826
29:16 300 300. A tout de suite.
29:18 - Sud Radio
29:20 Bercov, dans tous ses états.
29:22 Appelez maintenant pour réagir.
29:24 0826 300 300.
29:26 - Ici
29:28 Sud Radio.
29:30 Les Français
29:32 parlent au français.
29:34 Je n'aime pas
29:36 la blanquette de veau.
29:38 Je n'aime pas la blanquette
29:40 de veau. - Sud Radio
29:42 Bercov, dans tous ses états.
29:44 - Julien Gobin, un
29:46 livre, non pas de science-fiction,
29:48 mais de science actuelle.
29:50 L'individu fin de parcours, le piège de l'intelligence
29:52 artificielle. Effectivement,
29:54 Julien Gobin, je voudrais te parler, puisqu'on a fait
29:56 un tour d'horizon, mais il faut lire
29:58 le livre, je vous le recommande. C'est un livre
30:00 où il faut s'appliquer, mais c'est
30:02 un livre passionnant, parce que
30:04 il montre effectivement à la fois
30:06 les dimensions et les limites
30:08 de l'extraordinaire, et si on veut le dire, évolution
30:10 qui est en cours actuellement, technologique,
30:12 comportementale, scientifique,
30:14 biologique, etc.
30:16 Mais vous avez parlé justement du piège.
30:18 Il y a des pièges là-dedans, et de sacrés pièges.
30:20 - Il y a de sacrés pièges.
30:22 Le premier piège
30:24 et le principal, c'est celui
30:26 d'attaquer notre nature même
30:28 d'individu qui est notre logiciel.
30:30 Pourquoi l'intelligence artificielle est un piège ?
30:32 Et la technique de manière plus générale, puisqu'il n'y a pas d'intelligence
30:34 artificielle sans une technologie plus large.
30:36 Elle n'apparaît pas de nulle part, elle est greffée
30:38 à un écosystème.
30:40 C'est que dans notre monde actuel,
30:42 on est sous
30:44 perfusion technologique, et cette perfusion technologique
30:46 fait une externalisation de nos
30:48 capacités physiques, on est de plus en plus
30:50 dépendant de moins en moins autonome,
30:52 mais cette externalisation
30:54 de la technologie pour survivre,
30:56 pour faire les choses,
30:58 et donc, externalisation également
31:00 de notre capacité cognitive,
31:02 de notre cerveau. Puisque je
31:04 montre dans ce livre qu'il y a
31:06 évidemment le remplacement
31:08 dans le travail, évidemment, pour être
31:10 plus performant. Mais pour moi, le vrai point
31:12 crucial et qui
31:14 met en cause notre individualité, c'est
31:16 que notre société contemporaine crée des dilemmes,
31:18 des grands dilemmes dans l'existence des individus,
31:20 avec qui se marier,
31:22 avec quelle carrière choisir, qui sont beaucoup plus
31:24 durs qu'auparavant, puisque c'est à nous-mêmes de trouver
31:26 le sens. Nous sommes responsables de nos choix.
31:28 - Avant, il y avait des carrières qui étaient
31:30 orientées, plus ou moins orientées. - Absolument, ça pouvait
31:32 être carrières orientées, la famille qui nous dit...
31:34 Tout était balisé avec une marge d'erreur,
31:36 on pouvait être très malheureux, mais on ne se posait pas,
31:38 on n'avait pas le fardeau existentiel sur nos
31:40 épaules. L'intelligence
31:42 artificielle, imaginons un chat GPT
31:44 qui n'est plus connecté à seulement
31:46 Internet pour le travail, mais à nos données
31:48 personnelles, toutes nos données. Aussi bien
31:50 notre biologie, notre code génétique,
31:52 nos déplacements, nos amis. On pourrait
31:54 avoir, à ce moment-là, comme une
31:56 synthèse d'un super coach psychiatre,
31:58 meilleur ami,
32:00 directeur
32:02 de ressources humaines, grand compagnon,
32:04 mais qui aurait l'avantage d'être rationnel
32:06 et objectif, et nous faire des recommandations
32:08 comme on a d'ailleurs, désormais, déjà
32:10 sur les réseaux sociaux, des recommandations algorithmiques, de lieux
32:12 à fréquenter, de suggestions, même quand
32:14 ceux qui sont sur des sites de rencontres, d'applications,
32:16 il y a des suggestions qui viennent d'algorithmes, en fonction
32:18 de plusieurs critères. - Et là, ce serait
32:20 à propos de votre parcours professionnel
32:22 ou autre, tout ? - Voilà, de
32:24 toutes nos décisions, et
32:26 alors, la question c'est
32:28 est-ce que ça sera
32:30 efficace ou pas ? Et pour y répondre, il faut
32:32 se demander, est-ce que chez l'homme, il y a des choses qui
32:34 échapperaient à des lois de la
32:36 causalité matérielle ? Est-ce qu'on est autre chose que de la matière ?
32:38 Si nous ne sommes que de la matière, il suffit
32:40 de donner tout ce qu'on a comme données, et on
32:42 peut faire des prédictions, comme la poupée vaudou dont on parlait
32:44 tout à l'heure. - C'est ça, ouais. - Et donc, si
32:46 on fait des prédictions... - C'est la machine, quoi, c'est l'homme-machine.
32:48 - C'est l'homme-machine, et avec des recommandations qui viendraient
32:50 maximiser notre recherche
32:52 de bien-être, parce que finalement, on peut se
32:54 dire, et c'est un peu une autre façon de voir les choses,
32:56 le libre-arbitre. Pourquoi est-ce qu'on
32:58 agit librement ? Parce qu'on recherche ce qui est le mieux pour nous,
33:00 en général. Et si on peut avoir
33:02 un outil qui est plus performant, un super
33:04 libre-arbitre, numérique, mais qui reste super
33:06 libre-arbitre, ne va-t-on pas déléguer
33:08 ces choix-là ? Et en les délégant,
33:10 évidemment, on perd à chaque
33:12 décision que nous prenons, nous mobilisons notre
33:14 personnalité, on arbitre... - On perd l'autonomie.
33:16 - Voilà, et alors, on dit toujours
33:18 "le cerveau est un muscle", mais effectivement,
33:20 chaque décision mobilise
33:22 des sphères de nous-mêmes, notre passé, et plus
33:24 on délègue, moins on forge
33:26 cette individualité, cette autonomie,
33:28 et plus on devient passif. Et là, il y a
33:30 un véritable piège, qui pour moi est le piège le plus
33:32 concret, ces intelligences artificielles
33:34 dans notre vie personnelle ne sont pas encore arrivées,
33:36 mais je pense que c'est une question de
33:38 seulement quelques années. - Ah oui.
33:40 Vous voulez dire, en fait, c'est la tentation
33:42 de modeler,
33:44 de... je ne dirais pas de robotiser
33:46 ces...
33:48 ces caricaturales, mais quand même, quelque part,
33:50 en fait,
33:52 là, ce serait la fin de l'homme
33:54 autonome. Ce serait
33:56 la fin, non seulement de l'individu, mais
33:58 de l'individu libre, parce qu'après tout,
34:00 je m'en remets au coach,
34:02 compagnon, homme, machine et compagnie
34:04 qui va m'indiquer mieux. Il sera mieux
34:06 que moi, ce qui est bon pour moi.
34:08 - Voilà, tout à fait. Et si on le replace...
34:10 - Le corps du bien. - Si on le replace dans la trajectoire
34:12 historique, on avait dans les sociétés
34:14 qu'on appelle
34:16 traditionnelles, holistes, ce sont les sociétés
34:18 où la croyance collective dicte les comportements
34:20 de l'individu. Finalement, on s'en remettait à cette
34:22 collectivité. On a eu ensuite la société
34:24 des lumières. - Oui, on l'a eu, ça, déjà. - On l'a eu. La société individualiste
34:26 libérale, qui est la nôtre, on place
34:28 dans l'individu la possibilité
34:30 de choisir. Mais désormais,
34:32 on a tendance à externaliser de nouveau à l'extérieur,
34:34 mais cette fois-ci, cette recommandation
34:36 n'est pas pour tout le monde, c'est individualisé.
34:38 Et ça serait un compromis entre les
34:40 anciens modèles et celui d'aujourd'hui.
34:42 - Pas pour la moindre choix, voilà. - Ça fait réagir,
34:44 au standard, on a Frédéric qui nous appelle depuis Nantes.
34:46 Bonjour Frédéric. - Bonjour Frédéric.
34:48 - Bonjour. - Oui, bonjour M. Bercoff,
34:50 bonjour à toute l'équipe de Sur Radio,
34:52 et bonjour à votre invité. Eh bien, écoutez,
34:54 en vous attendant, moi,
34:56 je me posais... J'étais d'abord un peu effrayé de ce que
34:58 j'entendais, et puis je me
35:00 posais quand même
35:02 quelques questions, et je me demandais si finalement
35:04 l'intelligence artificielle,
35:06 au lieu d'être
35:08 l'homme augmenté,
35:10 ça n'allait pas être au bout du compte l'homme diminué.
35:12 Parce que quand on voit
35:14 quand même que, au bout du compte,
35:16 tout ce qui se passe
35:18 avec cet aspect des choses,
35:20 c'est quand même les
35:22 restrictions, les diminutions, les suppressions,
35:24 sans arrêt, et tout le temps,
35:26 de toutes les libertés
35:28 individuelles.
35:30 Et on voit encore, au niveau de l'Europe,
35:32 on voit M. Breton et ce qu'il fait,
35:34 en France, on voit
35:36 la dernière loi de l'article 4
35:38 qui détaille le passé, on voit qu'à chaque
35:40 fois, à chaque fois qu'il y a
35:42 un soi-disant progrès, à chaque fois
35:44 c'est un détriment d'ordre. - Il s'agit de rétrécir
35:46 la liberté, de rétrécir l'individu, oui.
35:48 - Voilà. - Très juste.
35:50 Celui-là, le problème,
35:52 hein, Julia. - C'est tout à fait le problème
35:54 qu'on soulevait d'ailleurs en début d'émission,
35:56 finalement, l'environnement technique
35:58 dans lequel nous sommes, et dans lequel
36:00 l'intelligence artificielle est partie prenante,
36:02 diminue notre marge de manœuvre,
36:04 diminue notre marge d'action.
36:06 Mais alors là, on pourrait aller un peu plus loin dans cette
36:08 observation, est-ce que
36:10 nous l'accepterons
36:12 ou pas ?
36:14 Et on risque de l'accepter aussi, parce que
36:16 quel serait l'effet ?
36:18 Est-ce que le bien-être augmenterait ou pas ?
36:20 Et finalement, est-ce qu'on fait ? - Mais qu'est-ce que c'est
36:22 que le bien-être ? Est-ce que le bien-être n'est pas
36:24 d'abord le sentiment d'être libre
36:26 et d'avoir son libre à vivre ? - Et bien c'est toute la question...
36:28 - C'est ça le bien-être aussi, non ?
36:30 - Pour certains en tout cas.
36:32 - Il y a ce fameux texte d'Etienne Delabois,
36:34 "Discours de la servitude volontaire".
36:36 Si on est bien, finalement,
36:38 on est heureux et on n'a pas de tensions particulières,
36:40 pourquoi chercher à s'émanciper si on est
36:42 sous perfusion technologique mais que cela répond à nos besoins ?
36:44 Ou alors qu'on est suffisamment habilement
36:46 orienté dans des directions par des
36:48 petites manipulations, ce qu'on appelle les "nudge"
36:50 aujourd'hui, qui est une manière de conduire
36:52 l'esprit dans certains choix.
36:54 Finalement,
36:56 lorsqu'on a ce qu'on voulait,
36:58 est-ce qu'on voudrait autre chose ?
37:00 - Oui, alors je veux dire, ce que vous dites,
37:02 c'est le bonheur de la taupe
37:04 ou le bonheur du grimpeur ? - Absolument.
37:06 Et ça nous renvoie à la dystopie "Le meilleur
37:08 des mondes" d'Adou Suxclay, où c'est une société
37:10 dans laquelle les personnes sont
37:12 déterminées génétiquement
37:14 et conditionnées socialement pour occuper
37:16 la place qu'ils souhaitent.
37:18 La place qu'on veut pour eux.
37:20 - Avec l'intelligence artificielle, le 18 juin
37:22 n'aurait sans doute pas pu avoir lieu.
37:24 - Le 18 juin, de Gaulle
37:26 et l'appel du 10 juin.
37:28 Parce que le bien-être,
37:30 dans la période,
37:32 il dit "l'Allemagne a gagné, restez
37:34 chez vous, accommodez-vous",
37:36 etc. - Oui, tout à fait. Et là, ce sont des rapports
37:38 de force. Qui aura la meilleure force de frappe
37:40 de manipulation de l'information ou des esprits ?
37:42 - Mais honnêtement,
37:44 attendez, Julien Gobin, est-ce que quand même
37:46 il n'y a pas une tentation,
37:48 je vais rappeler un mot, est-ce qu'il n'y a pas une tentation fasciste
37:50 et une tentation totalitaire là-dedans ?
37:52 - Alors, tentation totalitaire,
37:54 oui. - Je ne dirais pas fasciste, mais totalitaire.
37:56 C'est clair. - Exactement.
37:58 Et une des trajectoires très probables,
38:00 même avec les meilleures intentions du monde,
38:02 on parlait du meilleur des mondes,
38:04 ce qui est effarant dans cette dystopie,
38:06 c'est que les personnes sont heureuses et bien.
38:08 - Bien sûr. - Et donc, on peut tout à fait,
38:10 entretenu dans son illusion, entretenu dans son bien-être,
38:12 dans son monde sur mesure,
38:14 sans se rendre compte qu'on est le jouet
38:16 de force qui nous conduise
38:18 à penser de telle manière. - Et comme
38:20 l'enfer est pavé de bonnes intentions,
38:22 on peut avancer. Non mais c'est passionnant,
38:24 parce que vous posez un problème qui est majeur,
38:26 et qui effectivement sera posé dans les
38:28 prochaines années au monde,
38:30 c'est effectivement, et j'espère,
38:32 en tout cas, c'est un souhait personnel,
38:34 que le libre-arbitre sera toujours plus fort,
38:36 en tout cas, que dans ce monde-là,
38:38 on aura à choisir la voie
38:40 des possibles et l'extension du champ
38:42 des possibles, ou la voie
38:44 de la machine et l'extension du champ des machines.
38:46 Ça va être intéressant à suivre, en tout cas.
38:48 - Absolument, oui.
38:50 - Non mais je crois qu'on est...
38:52 - On arrive à... - En tout cas,
38:54 vraiment, je recommande le livre, lisez-le,
38:56 il vous enseignera beaucoup de choses.
38:58 - Merci beaucoup Julien Gaubin d'avoir été avec nous.
39:00 On rappelle ce livre, "L'individu, fin de parcours,
39:02 le piège de l'intelligence artificielle",
39:04 aux éditions Gallimard. Merci à vous,
39:06 qui avez encore votre libre-arbitre, de nous avoir
39:08 écouté sur Sud Radio, et d'avoir
39:10 composé le 0826-300-300.
39:12 On rappelle que vous pouvez nous retrouver
39:14 sur Youtube, sur Facebook, sur le
39:16 Twitter X, pardon, de Sud Radio.
39:18 André Bercoff, vous revenez demain avec
39:20 Célina Lonzo, entre 13h et 14h, vous parlerez
39:22 de Misak Manouchion, je crois.
39:24 - Le grand résistant, qui va entrer au Panthéon,
39:26 vous savez, avec sa compagne
39:28 Méliné, enfin voilà, et
39:30 Fusil en 1944. - Ça sera de
39:32 13h à 14h, et demain, à partir
39:34 de midi, jusqu'à 13h, vous retrouverez
39:36 Alexis Poulin, qui sera
39:38 avec vous en direct et en exclusivité sur
39:40 Sud Radio. A demain, tout de suite, c'est Brigitte Lai.
39:42 - Retrouvez Sud Radio,
39:44 parlons vrai, à Lyon, sur
39:46 Sud Radio, parlons vrai.