Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 *Musique*
00:07 Bonjour, aujourd'hui dans La Santé Expliquée à ma fille,
00:09 je répondrai aux questions de Sacha sur les antibiotiques
00:12 et nous verrons que nous sommes à nouveau parmi les premiers consommateurs d'antibiotiques.
00:18 Puis avec le docteur Jean-Michel Cohen, nutritionniste,
00:20 nous verrons si la bonne réputation des soupes est méritée ou pas.
00:26 *Musique*
00:31 Alors Sacha, nous sommes un des pays parmi les plus gros consommateurs d'antibiotiques.
00:37 Alors les antibiotiques, tout le monde sait à peu près ce que c'est,
00:41 mais peut-être pas complètement.
00:43 Alors avant de nous expliquer ce que c'est et comment ça fonctionne,
00:46 est-ce que tu peux nous dire à quoi ils servent ?
00:49 Alors ils servent à traiter les infections.
00:50 Ok.
00:51 Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'ils existent donc depuis le début du siècle,
00:55 pas de celui-ci, hein, du siècle dernier, 1928 à peu près,
00:59 et ils ont permis de sauver des millions et des millions de vies.
01:04 Avant, ne l'oublions pas, on pouvait mourir d'une simple infection dentaire,
01:08 d'une simple infection urinaire.
01:10 Donc tu vois, ils ont vraiment changé.
01:13 On estime qu'ils auraient permis d'allonger l'espérance de vie d'une dizaine d'années.
01:18 Donc tu vois, c'est quand même pas rien.
01:21 Et alors comment fonctionnent ces antibiotiques ?
01:23 Alors ils fonctionnent, je te disais, ils vont traiter les infections.
01:27 Bon déjà, on peut rappeler quand même que nous sommes des êtres plus bactériens qu'humains.
01:32 Tu vois, en fait, tu es un joli tas de bactéries, mais il y en a beaucoup en fait.
01:38 Sur le corps, on a des virus sur et dans le corps, des virus, des bactéries, des champignons.
01:44 Oui, mais c'est pas forcément négatif ou nocif.
01:46 Non, au contraire, ce sont des amis.
01:48 Sur la peau, dans la bouche, dans les intestins,
01:52 il y en a absolument partout, des microbiotes, et qui sont là justement pour nous défendre.
01:57 Par exemple, quand il y a quelqu'un qui veut t'attaquer sur la peau,
02:00 les bactéries qui sont là, les virus qui sont là vont te défendre.
02:03 Ce qu'on appelle les bactéries saprophytes, c'est en un seul mot gentil, on va dire.
02:07 OK, mais les antibiotiques, c'est pas contre ces bactéries-là, ces virus-là ?
02:12 Pas du tout, mais ça peut quand même agir sur certaines, donc on va en traiter.
02:16 Ce qu'il faut surtout comprendre, c'est la différence entre les virus d'un côté et les bactéries de l'autre.
02:24 Je m'explique.
02:25 Les virus, ce sont les êtres les plus rudimentaires, si tu veux.
02:29 C'est tout petit, un virus, et surtout, il n'y a pratiquement pas de matériel à l'intérieur du virus,
02:34 de matériel énergétique, tout ça, donc il ne peut pas vivre tout seul.
02:38 Il est obligé de pénétrer dans une cellule de ton corps pour...
02:43 Et quand il pénètre, là, il prend tout, il pique tout, c'est un vrai squatteur, il va tout piquer,
02:48 il va penser qu'il y a une chose, c'est se multiplier, évidemment, aller infecter d'autres cellules, etc.
02:52 Ça, c'est le virus, donc tu comprends bien la difficulté de traiter des maladies virales,
02:59 parce que si tu traites le virus, tu tues ta cellule aussi, si tu tues le virus, tu tues aussi la cellule.
03:05 Toutes les difficultés qu'on a contre les maladies virales.
03:07 En revanche, les bactéries, elles sont beaucoup plus sophistiquées,
03:11 elles ont le matériel et donc elles n'ont pas besoin d'être à l'intérieur d'une cellule pour vivre.
03:15 C'est pour ça qu'on peut s'en débarrasser.
03:17 Donc on peut les attraper à l'extérieur et on peut les détruire sans détruire la cellule.
03:22 Et ce qu'il faut retenir, c'est que les antibiotiques ne sont efficaces que sur les bactéries,
03:30 ne sont pas efficaces sur les virus. C'est vraiment la chose à retenir aujourd'hui.
03:35 Et là, tu nous parles de bactéries, de virus, mais concrètement, dans la vie de tous les jours,
03:38 en termes de maladies, comment on sait ce qui va pouvoir être traité par des antibiotiques,
03:43 donc ce qui est bactérien, et ce qui est viral et qui ne peut pas être traité par des antibiotiques ?
03:49 C'est un peu toute la difficulté et il y a encore d'autres difficultés sur lesquelles je vais revenir.
03:54 On va dire qu'il y a certaines choses qu'on sait, par exemple,
03:56 tu vois, les infections qui sont généralement bactériennes,
03:59 tout ce qui est maladie de peau, généralement c'est bactérien.
04:02 Les infections urinaires, c'est bactérien.
04:05 Bactérien, antibiotique.
04:06 Là, on peut donner des antibiotiques, maladie de peau, un péticole, toutes ces choses-là.
04:09 Infection urinaire, la fameuse hélicobactérie pylorite,
04:12 tu sais, cette bactérie qui est dans l'estomac et qui donne des douleurs dans l'estomac.
04:18 La maladie de Lyme, c'est une bactérie.
04:20 La tuberculose, enfin, il y en a plein d'autres.
04:23 Après, dans les virales, quand tu as un rhume, Sacha, c'est viral,
04:27 ce n'est pas la peine d'aller donner des antibiotiques.
04:31 Quand tu as une grippe, c'est viral, ce n'est pas la peine d'aller donner des antibiotiques.
04:35 Quand tu as une gastro, c'est viral, en général.
04:39 Après, prenons l'exemple des angines.
04:41 Les angines, elles peuvent être les deux.
04:44 Alors, comment on sait ?
04:45 Depuis quelques années, on a un test qui nous permet,
04:50 on prend un grand coton-tige, on va faire un prélèvement au fond de ta gorge,
04:53 on le met dans un réactif, en quelques minutes, on a le résultat,
04:57 savoir si c'est bactérien ou viral.
05:00 Le pharmacien aussi est tout à fait habitué.
05:02 Les pharmaciens, maintenant, peuvent vous faire le test aussi.
05:06 Et après, si c'est bactéria antibiotique, si c'est viral, pas d'antibiotiques.
05:12 Mais c'est important.
05:14 Alors, les antibiotiques sont faits pour traiter les infections bactériennes.
05:20 Après, je disais que c'était compliqué, c'est que parfois,
05:22 tu vas traiter, par exemple, une infection virale,
05:26 mais tu vas avoir peur chez une personne fragile ou quoi,
05:30 qu'elle se surinfecte et qu'après, elle donne des bronchites.
05:33 - Donc, c'est plus en prévention ?
05:34 - Voilà. Donc, tu vas pouvoir donner quand même des antibiotiques
05:37 en ayant peur que la personne se surinfecte.
05:39 Donc, tu peux donner quand même.
05:41 Après, on peut donner aussi, tu parles de prévention,
05:45 je te fais une prothèse, je le ferai pas, mais on t'opère d'une prothèse de hanche.
05:49 On va ouvrir la peau, donc c'est à risque infectieux,
05:51 il ne faut surtout pas que le matériel s'infecte.
05:53 Donc, ce qu'on appelle l'antibio-prophylaxie,
05:56 c'est-à-dire qu'on va donner des antibiotiques en prévention.
05:59 Donc, voilà les principales...
06:00 - Et dans le cas d'une infection avérée et dans le cas où on donne les antibiotiques,
06:06 comment on les prend ?
06:07 Est-ce que c'est le médecin qui donne une prescription
06:10 qui explique comment les prendre ?
06:12 Comment on prend les antibiotiques ?
06:13 - Alors, toujours, toujours, toujours sur prescription médicale.
06:18 Les antibios, c'est sur ordo.
06:21 Souvenez-vous de ça.
06:23 Toujours sur prescription médicale.
06:25 Et puis, c'est vrai que la plupart des gens font de l'auto-médication.
06:30 C'est-à-dire, ce n'est pas parce que l'antibiotique a marché sur mamie Michel
06:35 qu'une fois que sa fille est malade et qu'elle présente les mêmes symptômes,
06:38 il ne faut pas qu'elle lui donne parce que ça a marché sur mamie Michel,
06:41 mais ça ne marchera pas sur sa fille.
06:42 Donc, tu vois, c'est important que ce soit le médecin.
06:45 Après, toujours respecter la dose.
06:47 Quand votre médecin vous dit "de matin, de midi, de soir",
06:52 ne vous dites pas "ça fait beaucoup, j'en prends qu'un".
06:54 S'il dit "de", c'est parce qu'il pense que le germe ou que l'infection
06:58 a besoin d'une forte dose.
07:00 Tu vois, quand c'est par exemple dans les sinus, au fin fond des os,
07:03 il faut taper plus fort.
07:04 Tout dépend de l'infection.
07:06 Après, la durée, c'est pareil.
07:09 Il y a des infections, parfois, c'est trois jours.
07:11 Mais parfois, le médecin va vous donner pour une infection pulmonaire plus longtemps.
07:15 - Oui, mais si on voit qu'au bout de...
07:17 Il nous a donné quatre jours et au bout de un jour, ça va mieux,
07:20 on va arrêter de prendre nos antibiotiques.
07:21 - Alors, pas du tout.
07:23 - Si on n'est plus malade, ça sert à quoi ?
07:25 - C'est pas parce que tu n'as plus les douleurs ou les symptômes
07:28 qu'il n'y a plus de bactéries.
07:29 - Le but, c'était de traiter les symptômes.
07:30 - Oui, mais c'est pas parce que... Justement.
07:32 Alors, ça, ça arrive souvent.
07:34 Vous prenez les antibiotiques, vous vous dites "ça va mieux",
07:37 le médecin, il a prescrit huit jours,
07:38 mais au bout du troisième jour, ça va mieux,
07:40 vous vous dites "j'arrête".
07:40 Surtout pas.
07:42 Parce qu'en fait, l'antibiotique, il va traiter...
07:45 Il va éliminer quelques bactéries.
07:47 Mais... Donc, t'auras plus les symptômes, tout ça,
07:49 mais il va en rester.
07:50 En plus, il va rester lesquels ?
07:52 Les plus résistantes, les plus fortes, les plus costauds.
07:54 Donc, tu peux repartir sur une infection.
07:57 Et en plus, comme ils ont...
07:58 Les bactéries sont très malignes.
08:00 C'est-à-dire qu'en fait, comme tous les êtres vivants,
08:03 elles ne pensent qu'à une chose, c'est survivre,
08:05 survivre, se multiplier, se multiplier, etc.
08:08 Donc, quand elles sont...
08:09 C'est un peu comme les poux avec les traitements anti-poux,
08:12 ils arrivent à s'adapter et à trouver des stratagèmes et des ruses.
08:15 Les bactéries, c'est pareil.
08:16 Ou alors, les cafards avec les produits anti-cafards,
08:18 c'est un peu la même chose avec les bactéries.
08:21 Elles arrivent à contourner,
08:23 à changer la permeabilité de leur membrane,
08:26 enfin, tu vois, à trouver des trucs pour survivre.
08:29 Et donc, après, eh bien...
08:30 C'est encore pire.
08:31 Voilà.
08:31 Quand on te remettra un antibiotique,
08:34 elle se souviendra qu'avec cet antibiotique-là,
08:36 c'était pour la détruire, hop, hop, hop.
08:37 Non, elle sera résistante à cet antibiotique.
08:40 Donc, on respecte bien la durée.
08:42 Et il y a aussi le cas, en parlant de durée,
08:44 où les gens vont arrêter, cette fois,
08:46 pas parce qu'ils n'ont plus de symptômes,
08:47 mais au contraire, parce que,
08:49 soit ils sont trop fatigués à cause des antibiotiques,
08:51 soit ils ont des effets secondaires.
08:53 Dans ce cas-là, on peut les arrêter, quand même.
08:54 Alors, ce que tu viens de dire, c'est très important
08:56 et on l'entend souvent.
08:57 "Ah, mais docteur, je prends les antibiotiques, ça me fatigue."
09:00 Il ne faut pas oublier que si on vous donne des antibiotiques,
09:03 c'est parce que vous êtes malade.
09:05 Donc, ce qui fatigue, c'est la maladie.
09:07 Et ce qui fatigue aussi, c'est que quand on est malade,
09:10 on lutte.
09:11 Nos défenses immunitaires, elles sont là.
09:12 Et ça fatigue aussi.
09:13 Donc, ce ne sont pas les antibiotiques qui fatiguent,
09:16 mais c'est la maladie.
09:17 Mais il y a des effets secondaires, quand même, aux antibiotiques.
09:20 Si on a mal au ventre parce qu'on prend des antibiotiques
09:22 pour se soigner d'une autre maladie.
09:23 Tous les médicaments, quand ils sont efficaces,
09:26 ont des effets secondaires.
09:28 Et les antibiotiques ont des effets secondaires.
09:30 Donc, on les arrête ?
09:31 Alors, il ne faut pas les arrêter.
09:32 Tout dépend de la gravité de l'effet secondaire.
09:34 Si vous avez, par exemple, des petits troubles digestifs,
09:37 mais assez légers, parfois, les troubles digestifs,
09:39 ils sont dus à l'antibiotique lui-même.
09:41 C'est-à-dire, il y a les antibiotiques qui donnent la nausée,
09:43 envie de vomir, des douleurs abdominales.
09:48 Et soit, en fait, ils vont agir indirectement.
09:51 C'est-à-dire que l'antibiotique, je t'ai dit tout à l'heure,
09:53 on a plein dans le microbiote, on a plein de bactéries, tout ça.
09:56 Et l'antibiotique, en fait, il va venir déséquilibrer cette flore.
09:59 Il va tuer les bactéries pathogènes,
10:01 mais il va aussi un peu abîmer les autres bactéries.
10:05 Donc là, tu peux avoir aussi des troubles digestifs qui sont liés à ça.
10:09 D'ailleurs, bien souvent, votre médecin va vous conseiller
10:12 soit l'ultralevure, soit des yaourts, soit des probiotiques
10:15 à prendre pour éviter les troubles digestifs.
10:19 Ça peut aussi provoquer, et ça on le sait moins,
10:21 ce déséquilibre du microbiote.
10:23 On a aussi un microbiote buccal,
10:25 donc ça peut entraîner des champignons,
10:27 ce qu'on appelle ça des candidoses dans la bouche,
10:29 mais aussi au niveau du vagin, ça peut entraîner aussi...
10:33 Il y a des personnes, à chaque fois qu'on leur donne des antibiotiques,
10:35 on va leur donner des ovules ou des traitements antimicosiques
10:40 parce qu'elles font à chaque fois un déséquilibre.
10:42 Après, il y en a un qui est important, ce sont les allergies.
10:47 Il y a de plus en plus...
10:48 - Allergiques aux antibiotiques ?
10:49 - Oui.
10:50 - Dans ces cas-là, on arrête de prendre l'antibiotique quand même ?
10:52 - Alors, tout dépend.
10:53 Si c'est une petite allergie, trois boutons, ça me démange,
10:56 ça me picote, ça me prate, c'est pas grave.
10:59 En revanche, ça peut être parfois très grave,
11:01 avec des difficultés respiratoires,
11:03 ce qu'on appelle un oedème de quinc, tout ça.
11:05 Dans ces cas-là, évidemment, on arrête l'antibiotique,
11:08 mais surtout, on en parle à son médecin,
11:11 et surtout, évidemment, si c'est un choc, on appelle tout de suite le quinc,
11:15 mais surtout, à chaque fois qu'on vous prescrira un traitement,
11:18 il faudra bien rappeler au médecin que vous êtes allergique
11:21 à tel antibiotique ou tel autre.
11:23 - Et on n'a pas parlé du lien,
11:26 est-ce qu'on peut prendre des antibiotiques et boire de l'alcool en même temps ?
11:30 Ça intéresse quand même pas mal de gens.
11:32 Ou est-ce que c'est vraiment déconseillé parce que ça a des conséquences ?
11:35 - Alors, il y a quelques antibiotiques qui sont totalement contre-indiqués avec l'alcool.
11:39 Généralement, le médecin vous le dit, c'est marqué sur la notice.
11:42 Après, pour les autres, ce n'est pas réellement contre-indiqué,
11:45 mais en fait, les médicaments et l'alcool sont métabolisés,
11:49 éliminés au niveau du foie.
11:50 Donc en fait, ils vont entrer en compète au niveau du foie, donc ce n'est pas bon.
11:53 - Ça veut juste dire que ça va moins bien marcher,
11:55 mais ça ne va pas aggraver la maladie ?
11:57 - Non, non, non.
11:58 Mais bon, on va dire de manière générale
12:00 que ce n'est pas très conseillé de boire de l'alcool avec les antibiotiques.
12:04 - Et tu nous as dit tout à l'heure qu'on était des gros consommateurs d'antibiotiques,
12:08 mais est-ce que c'est bien ou est-ce que c'est mal du coup d'en consommer beaucoup ?
12:12 - Alors, c'est mal et... Enfin, mal, on n'est pas dans le camp de mal.
12:16 On va voir les risques que ça peut avoir, mais surtout, on avait commencé...
12:21 Je ne sais pas si tu te souviens de cette campagne qui restait dans les mémoires.
12:24 - L'antibiotique, ce n'est pas automatique.
12:26 - Voilà. On avait commencé à baisser la consommation d'antibiotiques.
12:30 On va le voir sur ce graphe.
12:32 Tu vois, ça avait commencé de 2012 à 2020.
12:34 On avait bien diminué le nombre d'antibiotiques.
12:37 - Et après, c'est reparti. Mais pourquoi il fallait diminuer le nombre ?
12:40 - On va y venir. Mais tu vois, on voit que depuis 2020, ça repart.
12:44 Après, regarde le podium par rapport aux autres pays.
12:47 On n'est pas bon du tout, du tout, du tout.
12:49 - Oui, mais il faut que tu expliques pourquoi.
12:50 - Je vais t'expliquer pourquoi.
12:52 Regarde, tu vois, ça, c'est en Europe.
12:55 On est quand même quatrième sur... Tu vois, ce n'est quand même pas terrible.
12:59 Et après, il y a tous les autres pays.
13:00 On ne les a pas mis dans l'ordre, mais voilà.
13:02 On n'est pas bon. Et c'est mauvais.
13:04 Pourquoi ? Parce qu'en fait, je te l'ai...
13:05 - Tu nous as dit que c'était très bien, les antibiotiques, que ça soignait, c'était efficace.
13:09 - Mais ça reste toujours très bien, les antibiotiques.
13:11 Et ça perd. Justement, l'objectif de l'antibiotique, c'est d'être efficace sur les bactéries.
13:17 Quand tu en prends trop, une surconsommation d'antibiotiques,
13:21 ou quand tu en prends mal, le mésusage...
13:24 - On ne respecte pas, comme on a dit tout à l'heure.
13:25 - ...le mésusage, quand tu ne respectes pas la durée, etc.
13:27 Les bactéries, comme je vous l'ai dit, elles sont très malines.
13:30 Donc, elles vont s'habituer et elles ne vont plus être efficaces sur certaines bactéries.
13:35 Les antibiotiques ne vont plus être efficaces.
13:39 Donc, on risque de se retrouver avec ce qu'on avait avant, c'est-à-dire des maladies...
13:44 - On pourra mourir d'une infection.
13:46 - Mais c'est déjà le cas.
13:48 C'est-à-dire qu'on est déjà avec ce qu'on appelle l'antibiorésistance,
13:52 c'est-à-dire des bactéries qui sont résistantes aux antibiotiques.
13:57 C'est déjà 139 000 hospitalisations par an, c'est déjà 5 500 décès par an.
14:04 Il y a certains staphylococcs dorés, par exemple, qu'on n'arrive plus à traiter.
14:07 Il y a certaines bactéries, Echirichia coli, on n'arrive plus à les traiter.
14:11 - Et donc, ça, ce n'est pas dû à l'antibiotique lui-même,
14:13 c'est dû au fait qu'on en prend trop, qu'on en prenne trop et qu'on les prenne mal.
14:18 - Voilà. On va voir quand même ce que l'ONU prévoit.
14:21 Regarde le chiffre, tu vas voir.
14:23 C'est des millions de morts en 2050.
14:26 Rien, parce qu'on n'arrivera plus à soigner.
14:28 Donc, il faut comprendre l'importance de bien prendre.
14:34 Alors, évidemment, il y a plein de choses à faire, déjà,
14:36 parce qu'on sait que les animaux, quand on mange,
14:40 les animaux leur mettent aussi des antibiotiques.
14:43 Donc, il faut. Mais chacun peut avoir un rôle à jouer.
14:46 Déjà, éviter la surconsommation, déjà, éviter d'être malade, ce serait bien,
14:49 mais c'est facile à dire, pas facile à faire.
14:51 Oui, mais c'est très hygiénique pour les maladies respiratoires,
14:54 pour les maladies digestives. - Comme on faisait pendant le Covid,
14:56 on devait les garder. - Oui, aussi pour les maladies digestives,
14:58 se laver les mains quand on cuisine ou quoi.
15:01 Après, la vaccination, qui évite aussi.
15:04 Et après, évidemment, les règles qu'on a dites tout à l'heure,
15:07 surprescription, pas d'automédication.
15:09 Voilà, parce que l'important, c'est quand même qu'on puisse continuer à être soigné.
15:13 Encore une fois, ce n'est pas l'antibiotique étant la cause,
15:16 c'est la surconsommation et le mésusage.
15:20 - Docteur Jean-Michel Cohen, bienvenue.
15:21 Je rappelle que vous êtes médecin, médecin nutritionniste.
15:24 On s'intéresse aux soupes aujourd'hui.
15:25 Alors, elles ont très bonne réputation.
15:27 Toute notre enfance, on a entendu dire que ça faisait grandir.
15:30 On va y revenir, d'ailleurs. C'est important d'avoir la réponse.
15:33 Mais cette bonne réputation, elle est méritée ou pas ?
15:38 - Oui, elle est méritée parce que d'abord, il y a plusieurs mérites à la soupe.
15:42 Le premier, c'est l'hydratation.
15:43 C'est une sorte de nourriture qui est très bien nourrie.
15:46 C'est une somme de liquide en plus au moment d'un repas.
15:51 Le deuxième, c'est les apports en fibres.
15:53 C'est important, même si la cuisson altère un peu la quantité de fibres.
15:57 Le troisième, c'est les apports en vitamines qui comptent.
16:00 Et donc, on a un produit qui va assurer de la satiété.
16:04 Alors, ça ne fait pas maigrir, mais ça modère un peu l'appétit,
16:08 notamment quand c'est pris en début de repas.
16:10 - Oui, enfin, il y a soupe et soupe.
16:12 Si vous mettez des croutons, de la crème fraîche dans votre soupe,
16:15 forcément, ça va tout changer au niveau du poids.
16:19 - Alors, c'est pour ça qu'en fait, on recommande aux gens de faire leur soupe,
16:22 ce qui n'est quand même pas très difficile.
16:24 Mais pourtant, l'observation qu'on fait, c'est que 60 %,
16:28 enfin, les Français ne préparent pas toujours leur soupe.
16:31 Ça veut dire qu'il y a environ la moitié des soupes
16:34 qui sont des soupes achetées en supermarché.
16:36 - Ah oui, des rayons entiers.
16:37 - Voilà. Et là, on a vraiment des recommandations à faire.
16:40 Ce type de soupe, on a des règles précises.
16:43 On doit avoir minimum 45 % de légumes.
16:46 On ne doit pas dépasser 4 g de lipides
16:48 parce que la nouvelle mode, c'est d'enrichir les soupes
16:50 avec un bout de fromage, avec des croutons, etc.
16:53 Et puis, on essaye d'avoir également moins de sel que ce qu'on pense,
16:56 c'est-à-dire 1,5 g maximum.
16:58 - Donc, quand on va acheter dans les régions...
17:00 - C'est les repères.
17:01 - Ça, c'est les repères, donc pour 100 g, vérifiez ça.
17:04 Donc, pensez à bien regarder ça, qui est au moins 45 %,
17:07 parce que ça, ce n'est pas toujours le cas.
17:08 - Non, non, non. Vous savez, c'est de l'eau, vous la mélangez.
17:12 Donc, vous pouvez un peu tricher facilement avec les ingrédients.
17:15 - Justement, moi, ce qui m'intéresse, c'est de savoir,
17:17 quand on arrive au rayon soupe, on a de tout.
17:21 On a des sachets, on a des briques, on a des bouteilles,
17:24 on a tout un tas de choses.
17:26 Est-ce qu'on sait, est-ce que vous pouvez nous conseiller
17:29 un petit peu sur ce qu'il y a de mieux ?
17:30 - Bien sûr. Alors, à priori, moi, je préfère les soupes liquides
17:33 que vous les preniez en briques ou en bouteilles.
17:36 Et j'aime moins ce qu'on appelle les soupes déshydratées
17:39 qui peuvent être instantanées, qui sont instantanées ou non,
17:41 quand elles ne sont pas instantanées, c'est qu'il faut les faire cuire
17:43 un peu plus longtemps dans l'eau.
17:45 Le problème de ces soupes, c'est qu'elles ont perdu
17:47 une grande partie de leur valeur nutritionnelle,
17:49 que très souvent, on a ajouté des exhausteurs de goût
17:52 pour leur donner plus de relief et donc attirer le consommateur,
17:55 qu'elles sont très salées et quelquefois même,
17:57 il y a un peu de graisse à l'intérieur.
17:58 Donc, je n'aime pas les soupes déshydratées ou les soupes à reconstituer.
18:02 Par contre, la soupe liquide, c'est un bon produit,
18:03 à condition de respecter les indicateurs que je viens de vous donner.
18:06 - Quand on la fait maison,
18:10 est-ce qu'on peut dire que c'est un plat d'entrée, la soupe ?
18:14 Moi, je me souviens, dans ma famille, on mangeait la soupe comme plat.
18:21 Après, il y avait plein de choses dans la soupe,
18:23 mais c'est une entrée ou c'est un plat ?
18:25 - Alors, ça dépend des gens et il y a des gens qui mangent beaucoup le midi,
18:28 qui se contentent d'une soupe le soir.
18:30 Si vous ne mangez qu'une soupe le soir, c'est un peu déséquilibré
18:32 parce que vous n'avez mangé, au fond, qu'une assiette de légumes.
18:36 Après, il y avait le mode du sud-ouest,
18:39 c'est-à-dire faire chabros, c'est-à-dire on mettait du vin dans la soupe.
18:42 Mais ça, c'était avant.
18:44 Mais faire la soupe plat unique, non, il manque des protéines.
18:46 Il en faut quand même, il faut en rajouter.
18:48 Donc, soit vous mangez un bout de fromage après,
18:50 soit vous mangez un produit laitier,
18:52 soit vous prenez quelques protéines que ce soit à côté,
18:54 mais juste la soupe, c'est juste des légumes.
18:57 - Donc, si je vous entends bien, une fois qu'on a respecté vos conseils,
19:01 45 % au moins de légumes et pas trop de gras et pas trop de sel,
19:07 est-ce qu'on peut quand même dire, parce qu'on a l'impression
19:09 que c'est un peu l'aliment, vous qui êtes spécialisé là-dedans,
19:13 l'aliment un peu régime ?
19:14 On a beaucoup de jeunes femmes notamment qui...
19:18 - Il est régime. - ...régulièrement.
19:19 - Il est régime pour deux raisons.
19:20 La première raison, pour trois raisons.
19:22 Il hydrate, donc c'est bien de remplir l'estomac avec un liquide.
19:26 Deuxièmement, il contient des fibres, donc ça rassasie.
19:29 Et troisièmement, c'est un produit qui est relativement riche en vitamines.
19:32 Donc, on pense aussi que les minéraux et les vitamines
19:34 jouent un rôle dans le rassasiement.
19:35 Donc, oui, ça ne suffit pas pour faire maigrir les gens,
19:38 mais c'est très important de le consommer pour couper un peu l'appétit.
19:41 Et le meilleur conseil que je peux vous donner,
19:43 c'est de laisser des tout petits bouts de légumes à l'intérieur.
19:45 Il y a des études qui ont montré que les petits bouts de légumes,
19:47 quand il en restait un peu dans la soupe,
19:49 eh bien, ça coupait plus l'appétit pour le repas qui y arrivait.
19:52 - D'accord.
19:53 Vous, votre conseil quand on fait une soupe maison, c'est quoi ?
19:57 - On essaie minimum trois légumes.
19:59 On choisit des légumes de 16... - Minimum trois légumes ?
20:00 - Oui, minimum.
20:01 - Pommes de terre ou pas ?
20:02 - On peut mettre des pommes de terre si on n'a pas de problème de poids.
20:05 À la limite, oui, ça épaissit. - On peut trop les épaissir ?
20:07 - Voilà, c'est quand vous les cuisez trop,
20:08 vous dégradez plus de sucre qui va passer à l'intérieur.
20:11 Mais il y a des légumes à favoriser selon les périodes de l'année.
20:14 À cette période de l'année, c'est les légumes de l'hiver.
20:16 C'est le potiron, c'est les carottes, c'est les aubergines.
20:19 Donc, c'est trois légumes de l'hiver.
20:20 Et puis, à l'été... - Vous aimez bien les aubergines, vous.
20:22 - Oui, j'aime bien les aubergines.
20:23 Je sais que je vous taquine avec ça parce que je vous dis toujours
20:26 qu'il y a un peu de nicotine à l'intérieur.
20:27 Et puis, les légumes de l'été, c'est brocoli, tomates...
20:30 - Il y a très peu de nicotine, ne vous inquiétez pas,
20:31 vous n'allez pas devenir addict en mangeant des aubergines.
20:34 - Et courgettes. - Il y en a très, très peu.
20:35 - On choisit les vitamines dont on a besoin le plus
20:39 selon la période de l'année. - Avec les légumes de saison, finalement.
20:41 - Voilà. Et puis, rajouter des herbes et des épices,
20:43 c'est toujours ça de pris en plus pour votre santé.
20:45 - Merci beaucoup, Dr Cohen. - Je vous en prie.
20:48 - Merci à vous de nous avoir suivis et restés en notre compagnie.
20:50 L'info, c'est sur CNews.