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Une constellation pour l’internet des objets dès 2024, c’est l’ambition de Kinéis qui vient justement d’annoncer la fenêtre de tir de son premier lancement. L’entreprise française espère ainsi compléter la base de données environnementales au niveau européen. Mais, la technologie peut-elle vraiment se mettre au service du développement durable ? Le marché de l’IoT est-il compatible avec les enjeux écologiques de demain ? Nous en parlons avec Alexandre Tisserant, le président de Kinéis.

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00:00 (Générique)
00:04 Une constellation pour l'internet des objets dès 2024.
00:08 C'est l'ambition de l'entreprise Kineis, une entreprise française qui veut jouer un rôle dans les données environnementales.
00:14 L'occasion pour nous de nous demander ici si l'IoT et l'environnement font vraiment bon ménage.
00:19 Pour en parler, nul autre qu'Alexandre Tisserand, le président de Kineis.
00:24 Bonjour Alexandre.
00:25 Bonjour Cécilia.
00:26 Bienvenue sur le plateau de Smartspace. Alors on parle de vous cette semaine parce que vous venez d'annoncer la fenêtre de tir du premier des cinq lancements de 2024 pour le déploiement de la constellation.
00:37 Quand devrait-on voir décoller votre technologie alors précisément ?
00:41 Alors tout à fait. Cette semaine, on annonce le premier des cinq tirs de la constellation qu'on va lancer cette année de 25 satellites.
00:48 Et donc le premier tir, la fenêtre de tir est annoncée entre le 10 juin et le 9 juillet.
00:53 Donc on a une fenêtre d'un mois. On connaîtra la date précise quelques semaines avant et deux mois.
01:00 Et donc les tirs, les cinq tirs vont s'échelonner sur une fenêtre de 6-8 mois.
01:04 Donc ça nous emmène à la fin de l'année, début 2025 pour le lancement de la totalité de la constellation.
01:10 Mais la constellation sera déjà opérationnelle avant la fin de l'année ou d'ici la fin de l'année ?
01:14 Oui. Alors d'autant plus qu'aujourd'hui, on exploite déjà 9 satellites en vol. Et donc on a déjà un service opérationnel avec ces 9 satellites-là
01:23 qui connectent une vingtaine de milliers de balises aujourd'hui.
01:27 Avec ce qu'on va lancer cette année, on aura des premiers services qui seront opérationnels d'ici la fin de l'année,
01:32 avec les premiers tirs, une fois qu'ils auront été recettés en vol, qu'on aura fait tous les tests nécessaires à ça
01:39 pour une ouverture commerciale digne de ce nom. Et on ouvrira la totalité du service de la constellation en 2025.
01:45 Et alors vous lancez depuis la Norvège ?
01:48 À Nouvelle-Zélande. C'est un N aussi, mais ce n'est pas tout à fait mon endroit.
01:52 Pourquoi ce choix ?
01:54 Parce qu'on utilise le lanceur Rocket Lab, qui est donc un micro lanceur, un petit peu d'ailleurs le seul aujourd'hui
02:01 qui arrive à tirer son épingle du jeu, puisqu'ils ont quand même plusieurs dizaines de lancements à leur actif aujourd'hui.
02:07 Alors pourquoi un micro lanceur ? Parce que nos satellites, nos 25 nano-satellites, on les voit à l'écran,
02:13 ils sont petits, ils font 30 kilos chacun, ils font la taille d'une grosse boîte à chaussures,
02:19 une boîte à bottes, comme je dis régulièrement, ça fait 20 par 20 par 50 centimètres.
02:24 Et donc 30 kilos, on les lance par paquet de 5, 5 fois 30 ça fait 150 kilos.
02:29 Et donc il se trouve que les lanceurs traditionnels, que ce soit en Europe, Ariane, même Vega,
02:34 qui est le plus petit des lanceurs européens, je ne prends même pas des Falcon 9 ou d'autres lanceurs,
02:40 à l'altitude où on va, donc 650 kilomètres d'altitude, ils emportent une masse qui est de l'ordre de 10 fois cette masse-là.
02:48 Donc du coup, on n'allait pas acheter en fait une fusée complète pour un lanceur complet, pour occuper que 10% de la capacité.
02:56 Comme on va en plus sur les orbites qui sont un peu spécifiques, on a 5 orbites polaires,
03:01 donc 5 orbites qui sont découpées comme des quartiers d'orange autour de la Terre.
03:05 On a toujours une ou deux orbites qui sont des orbites un peu communes,
03:08 sur lesquelles on pourrait trouver des vols existants, sur lesquels vont d'autres satellites,
03:12 et donc mutualiser des lancements. Mais on n'a rien, on n'a personne qui va faire les 5 orbites.
03:17 Et donc là, ce qu'on a avec ce micro lanceur, c'est que non seulement on remplit exactement la capacité de ce lanceur-là,
03:23 donc on lance nos 150 kilos, nos 5 satellites pour chacun des tirs, pour chacun des 5 tirs.
03:29 Et en plus, comme on est les seuls à bord, on décide quand on part et où on part exactement.
03:33 Et donc cette flexibilité, c'est super important pour nous, parce que ça nous permet de nous caler vraiment quand on veut,
03:38 d'être vraiment au plus près du timing projet, du timing marché.
03:42 Et dans cette gamme-là de lanceurs, il y a plein de projets dans le monde, notamment en Europe,
03:47 vous en avez forcément parlé ici, c'est sûr, mais aujourd'hui en termes opérationnels, on a surtout Rocket Lab,
03:53 et donc c'est pour ça qu'on travaille avec eux aujourd'hui.
03:56 Alors, pour qu'on comprenne bien, on parle beaucoup de données environnementales,
04:00 je crois que vous avez amené des objets ici qui vont peut-être pouvoir nous éclairer,
04:04 mais concrètement, les applications, c'est pour quel marché, quel secteur ?
04:07 Donc il y a pas mal de marchés possibles.
04:10 Historiquement, ça a beaucoup servi, ça sert encore aux scientifiques pour suivre des animaux sauvages,
04:15 étudier les migrations de ces animaux.
04:17 Ça leur permet d'ailleurs de mettre assez vite en évidence le changement climatique,
04:21 les migrations évoluent au cours des années en fonction du réchauffement de la planète.
04:26 L'idée, c'est de les baliser et de les repérer depuis l'espace.
04:28 Exactement, ça permet de les localiser, donc ils vont localiser des tortues, des oiseaux, des ours polaires,
04:33 un petit peu ce qu'on veut, des pingouins, et ils étudient un petit peu leurs déplacements au cours des mois, des années.
04:39 Les balises durent effectivement des années, donc ils peuvent les suivre sur du long terme.
04:43 Donc c'est des données très précieuses pour les scientifiques.
04:46 Au-delà de ça, on a des usages dans le domaine de la pêche.
04:51 Grâce à Kineis, on va gagner en performance, on y reviendra peut-être,
04:54 mais on va pouvoir avoir des données sur une latence assez faible,
04:57 puisqu'on va être sur 10-15 minutes maximum en tout point du globe contre quelques heures aujourd'hui.
05:02 Et donc ça, ça va permettre à des autorités de pêche, notamment de pêche artisanale,
05:06 des petits bateaux qui se développent beaucoup au bénéfice des populations locales, et c'est très bien.
05:12 Mais les autorités de pêche souhaitent monitorer ces bateaux-là pour éviter qu'ils aillent dans des zones de pêche illégales.
05:18 C'est ce que fait Unseen Labs aussi, je crois, une autre entreprise française ?
05:21 Alors ils font ça, oui, plutôt sur des gros bateaux, et là, pour le coup, c'est de la détection non coopérative, ce que fait Unseen Labs.
05:28 Donc c'est des bateaux qui souhaitent vraiment frôder massivement et s'essayer de les repérer depuis l'espace comme ça.
05:34 Là, on est sur une logique plus massive, où on a des petits bateaux…
05:37 Un marché moins niche ?
05:38 Pardon ?
05:39 Un marché moins niche, peut-être, pour vous ?
05:41 Oui, notamment, parce que là, on parle de centaines de milliers de pierrogues,
05:45 de petits bateaux de pêche artisanale, qui vont aller chercher du poisson,
05:49 et il n'y a pas grand-chose à bord, donc ils ne sont pas très facilement détectables,
05:52 et les autorités leur imposent de mettre une petite balise pour savoir où ils sont,
05:56 et aussi leur envoyer des informations, typiquement météo, et donc ça leur sert aussi aux pêcheurs.
06:02 Et donc ça, c'est un usage aussi intéressant pour préserver la ressource en poisson.
06:06 Et dans l'environnement, on a aussi d'autres applications intéressantes,
06:09 typiquement la détection précoce de feux de forêt.
06:11 Aujourd'hui, avec les 3-4 heures de latence qu'on a en moyenne sur le système,
06:15 autant pour suivre une tortue au milieu du Pacifique, un point tous les 3 heures sur 10 ans, ça va, on sait faire,
06:20 c'est très suffisant pour des scientifiques,
06:22 autant si vous voulez détecter un feu de forêt, 3 heures, c'est un peu long.
06:25 Et donc 10 minutes, c'est parfait, c'est le temps de latence maximum toléré.
06:30 Et alors, pourquoi c'est intéressant ?
06:32 Parce que du coup, on a des partenaires qui fabriquent des petits capteurs, pas très chers.
06:36 Ils ne sont pas très chers aussi parce que, comme Kineis va permettre de massifier les usages,
06:42 on va gagner en volume, et donc du coup, on va avoir des effets de volume justement sur ces terminaux-là,
06:47 donc ils vont être moins chers, ainsi que la connectivité.
06:50 En tout cas, ils fabriquent ces terminaux-là, ces petites balises,
06:53 qu'ils mettent sur des arbres, tous les X centaines de mètres, avec un petit capteur de CO2,
06:57 et ça détecte un niveau énormément élevé de CO2, donc un départ de feu,
07:02 et ça envoie tout de suite une alerte aux autorités via satellite.
07:05 - Mais donc l'idée là, c'est quoi ? C'est que vos clients, ce soient les institutions, ce soient les États, ce soit quoi ?
07:09 - Oui, tout à fait. À travers notre partenaire, le cahier Cheyenne, qui fabrique ces terminaux, mais oui, tout à fait.
07:15 En fait, c'est intéressant ce cas d'usage parce qu'au début, on s'était dit, c'est évidemment intéressant,
07:22 mais c'est encore des budgets supplémentaires pour les institutions qui n'ont pas forcément...
07:26 - Exactement. - ...sauver des arbres, et donc on a tous envie d'habiter les feux de forêt, mais ça coûte cher.
07:32 - Et puis ces causes-là, elles sont très nobles, elles paraissent nécessaires, mais est-ce que ça fait vivre une entreprise ?
07:37 Est-ce que le marché est suffisamment... - Il faut plusieurs applications. Une seule application ne suffit pas.
07:42 Maintenant, il y a quand même beaucoup de forêts sur Terre et beaucoup de feux de forêt, malheureusement.
07:47 Et encore une fois, disposer suffisamment de capteurs, ça permet de détecter tôt, et du coup d'intervenir tôt.
07:53 Et intervenir tôt, ça permet d'économiser des moyens d'intervention.
07:56 Quand vous détectez un feu depuis le satellite et qu'il a déjà fait une grande zone sur Terre, il faut employer beaucoup de canadaires, des camions, etc.
08:05 Ça coûte cher en intervention. Si vous détectez très tôt, vous éteignez tout de suite et vous économisez des moyens d'intervention.
08:11 Donc si à la fin, vous avez besoin que de trois canadaires au lieu de quatre pour intervenir, vous avez gagné un canadaire.
08:15 Un canadaire, c'est 70 millions d'euros.
08:17 - Je comprends bien l'idée, c'est que n'importe quel prestataire qui a envie aussi de développer ses propres capteurs peut rejoindre votre solution, c'est ça ?
08:23 - Tout à fait. Ce qu'on fait, on développe nous à Kineis, deux choses qu'on fait.
08:28 La première, c'est qu'on développe ces petits modules qui font 2 cm par 3, on les voit un petit peu à l'écran,
08:33 qui permettent de générer toute la complexité des signaux qu'on émet, qu'on reçoit avec le satellite.
08:40 Un fabricant de balises, de capteurs, il prend ce petit module, ce n'est pas très cher, ça vaut une vingtaine d'euros aujourd'hui,
08:46 on fait produire ça chez Actia en France, il rajoute son capteur de CO2, de température, de pression, ce qu'il a envie,
08:52 une petite antenne, un petit boîtier, et on a quelque chose comme ça, par exemple, qui se connecte directement au satellite.
08:58 Ça, ça fait deux petites boîtes d'allumettes l'une sur l'autre, pour ceux qui utilisent encore des allumettes.
09:03 Et donc ça, ça permet à n'importe qui de créer son capteur, son objet connecté.
09:09 Et non seulement on fait ça nous-mêmes, donc il faut qu'on nous achète le module, on ne le rend pas très cher,
09:14 et plutôt à prix coûtant, parce que ce qui nous intéresse, c'est vraiment développer la connectivité,
09:18 mais on a aussi depuis commencé à nourrir des partenariats avec des fabricants de puces électroniques grand public,
09:25 qui sont sur le marché, comme STMicro électronique, par exemple, et donc sur des puces STMicro qui font la taille d'un ongle de petit doigt,
09:33 et qui valent quelques euros sur le marché, ont une disponibilité très grande, puisque c'est des puces qui font plein d'autres choses.
09:39 Vous pouvez aujourd'hui, grâce à du software qu'on a développé nous, implémenter Kineis sur ces puces-là.
09:45 Et donc, pour des fabricants d'objets connectés qui, d'ordinaire, utilisent déjà ce genre de puces,
09:50 parce que c'est commun sur le marché, c'est très facile d'implémenter Kineis.
09:54 Il n'y a même pas besoin d'apprendre à utiliser ce module-là.
09:56 Donc en fait, ce qui est intéressant de voir, c'est que vous avez ce cheval de bataille qui pourrait être l'environnement,
10:01 évidemment, tout le marché de l'IoT va bien au-delà. On parle de consommation, on parle de connectivité.
10:07 Est-ce qu'il y a une ambivalence qui, parfois, pose problème dans votre entreprise ?
10:12 Est-ce que c'est là qu'on s'interroge sur la compatibilité entre l'IoT et l'environnement ?
10:16 Est-ce que cette sur-connectivité est bien la bonne direction ?
10:20 C'est une très bonne question. Il y a toujours une ambivalence. Dans tout projet d'investissement, dans tout projet industriel, il y a toujours une ambivalence.
10:26 Comme je dis souvent, le meilleur CO2, le meilleur carbone, c'est celui qu'on n'aimait pas.
10:30 Donc à partir du moment où on fait quelque chose, on aimait. Et donc la question, c'est est-ce que ce qu'on fait, ce qu'on va émettre,
10:36 c'est suffisamment utile pour justifier ses émissions ? Est-ce qu'envoyer 10 000 satellites dans l'espace pour regarder Netflix au milieu de l'océan,
10:42 est-ce que c'est utile suffisamment au regard du CO2 ? Bon, chacun jugera. Moi, j'ai mon opinion sur la question, bien sûr.
10:49 Nous, on se limite à 25 petits satellites aujourd'hui. On a fait notre bilan carbone pour essayer de quantifier un petit peu tout ça.
10:57 Un message kinéiste aujourd'hui envoyé par une balise, c'est l'équivalent d'un e-mail sans pièce jointe. Tout confondu.
11:03 La balise, les satellites, les lancements, etc. - Et combien vous en envoyez par jour ?
11:08 - Des messages ? Donc une balise, typiquement, ça envoie quelques messages par jour. Donc voilà, si on fait le ratio, tout ça, au final, ça fait ce calcul-là.
11:19 Donc c'est pas énorme. C'est toujours plus que zéro, encore une fois. Ça fait 3 grammes de CO2.
11:23 - En fait, la question, c'est plutôt est-ce que vous allez maîtriser aussi la suite de l'utilisation de kinéistes ?
11:27 C'est-à-dire que là, vous apportez une solution qui est assez formidable aussi, puisque c'est toujours transformé en service,
11:33 et poussé comme ça, les sociétés de service, sur la connectivité via les satellites.
11:37 Mais demain, la technologie kinéiste pourrait-elle être sur des mondes connectés ?
11:41 - Elle pourrait. C'est pas le plus intéressant parce qu'encore une fois, on est vraiment sur de la sobriété en termes de données.
11:47 On envoie quelques messages de quelques dizaines d'octets. C'est très peu.
11:51 Et ça, pour la simple raison qu'on cherche à avoir des objets qui sont petits, pas chers et très autonomes en énergie.
11:56 C'est vraiment ça, le positionnement, et qui marche partout avec le satellite.
11:59 Et le très autonome en énergie, il passe par très peu de données.
12:02 On a même des capteurs qui font des calculs dans le capteur pour n'envoyer que la donnée nécessaire.
12:07 Dans l'agriculture, vous monitorez une hygrométrie dans un champ, une température.
12:12 Cette hygrométrie varie très peu au cours de la journée, au cours de la semaine.
12:16 Vous n'allez pas l'envoyer à chaque fois. Vous envoyez que quand il y aura une variation.
12:19 Donc il y a ce travail-là qui est fait aussi pour essayer de minimiser.
12:22 Après, est-ce qu'on maîtrise l'application ? Oui et non.
12:24 C'est-à-dire que d'une part, on peut choisir nos clients.
12:27 La vraie vie d'une entreprise, c'est que des fois, on n'a pas le choix, mais on essaye d'avoir le choix.
12:31 C'est aussi notre ADN, c'est de là d'où on vient. C'est les balisargos.
12:34 C'est des usages qui sont plutôt à vocation environnementale au départ.
12:38 Balisargos qui était un projet CNES. Peut-être qu'on peut le rappeler pour le public.
12:42 On en avait déjà parlé dans cette émission.
12:44 Tout à fait. Balisargos, c'est un projet qui remonte au début des années 80 par le CNES
12:49 et donc en partenariat avec des agences spatiales d'autres pays.
12:53 Et donc avec des vocations d'usage notamment pour les bateaux.
12:57 Ça a été équipé sur les bateaux du Vendée Globe. Ça a sauvé des vies à cette occasion-là.
13:02 Mais on vient de ce monde-là et globalement, les passionnés et les gens du spatial qui travaillent chez CNES
13:10 et dans tout le secteur en général ont quand même cette sensibilité assez forte à l'environnement.
13:15 Et donc, voilà, on est poussé nous-mêmes vers ça.
13:18 Et puis de toute façon, aujourd'hui, il n'y a plus aucun salarié qu'on embauche
13:21 qui a envie de bosser sur des projets complètement écocides.
13:25 De toute façon, même en termes de stratégie d'entreprise, on n'a pas d'autre choix que d'évoluer vers ces applications-là.
13:31 Donc oui, on essaie de maîtriser ça, c'est clair.
13:34 On pense qu'on a en termes de technologie et d'utilité sociale et environnementale
13:39 quelque chose qui est plutôt intéressant dans le domaine du spatial en général et dans l'industrie au global.
13:44 Donc on capitalise un petit peu là-dessus pour avancer.
13:47 La question, c'est le financement aussi.
13:50 Les opportunités financières sont plus difficiles à trouver quand on va chercher du côté des États ou du côté de l'environnement.
13:58 Les budgets sont encore très bas, on le voit en France.
14:01 Donc l'idée, c'est aussi de trouver cet équilibre-là. Vous l'avez trouvé pour l'instant ?
14:06 Aujourd'hui, on n'est pas encore rentable.
14:08 On a un chiffre d'affaires qui a fait 8 millions d'euros en 2022.
14:11 On ne devrait pas être trop loin de ça en 2023.
14:14 Notre ambition, c'est d'ici 2-3 ans, donc 2026, d'arriver à atteindre et dépasser notre chiffre de rentabilité,
14:20 donc la vingtaine de millions d'euros, pour après accroître le chiffre d'affaires.
14:25 Et donc oui, les financements, c'est compliqué.
14:28 C'est intéressant ce que vous dites sur les financements en rapport à l'environnement,
14:31 puisque précisément, ce qui va faire que demain, un projet va émettre du CO2, va être utile ou pas,
14:37 c'est le moment de cette décision d'investissement.
14:39 C'est quand on décide de dire "OK, on met de l'argent dans la levée de fonds sur ce sujet-là,
14:43 OK, on investit en subventions, en millions d'euros, etc.", c'est là que se joue la décision.
14:47 Si à ce moment-là, on choisit de faire un projet qui va plutôt dans une direction qui ne va pas du tout être bon pour l'environnement,
14:53 c'est trop tard, une fois que c'est fait, c'est fait.
14:55 Donc c'est vraiment ce sujet du financement qui est clé, à mon sens, dans la transformation environnementale.
15:04 Alors vous avez mentionné l'agriculture tout à l'heure.
15:07 Est-ce que l'agriculture connectée, en tout cas c'est ce que ça m'évoque ici, c'est un avenir pour Kineis ?
15:13 Est-ce que c'est un avenir déjà globalement pour le secteur ? Quel est votre regard là-dessus ?
15:17 Oui, alors nous on a des applications dans le domaine de l'agriculture, effectivement.
15:20 Donc on ne va pas être sur... Il y a tout un pan de l'agriculture connectée qui se situe au niveau des machines,
15:26 et donc des tracteurs qui sont ultra performants, bardés de capteurs et de technologies plus...
15:33 Voilà, qui vont faire tout, tout seul dans les champs pour optimiser les surfaces, etc.
15:37 On va être plus sobre dans notre utilisation.
15:40 On a quelques applications, les trois principales que je peux citer.
15:44 La première, ça va être des stations météo connectées, qui renvoient quelques infos comme ça,
15:48 de variations de paramètres, comme je disais tout à l'heure.
15:51 Ça va être des suivis de silots de grains.
15:56 On a une application en Amérique du Sud où ils stockent du grain, non pas dans des silos verticaux comme on a à l'image,
16:02 mais au sol, et ils le recouvrent de plastique, comme ça, enfin, ou... Ouais, de plastique, comme ça.
16:09 Et ils le stockent en attendant que le cours du grain monte suffisamment pour pouvoir le vendre.
16:12 Et donc une stratégie de maximisation de gain.
16:14 Pendant qu'il est stocké, il peut se passer plein de choses, des intempéries, etc., du vandalisme.
16:19 Et donc il y a des entreprises, une en particulier, qui développent des capteurs,
16:25 qui plantent dans les silos de grains au sol, comme ça, tous les 200 mètres,
16:29 et qui va monitorer température, hygrométrie, même vibration,
16:33 pour vérifier qu'il n'y a pas de rongeurs qui viennent grignoter ça.
16:36 Et donc ça, ça renvoie de l'information régulière pour éviter de faire pourrir des centaines de mètres de grains,
16:42 ce qui serait un peu dommage.
16:44 Et la dernière application qu'on a, c'est dans le domaine de l'élevage,
16:47 pour le coup, extensive, donc, sur des zones ouvertes, typiquement en Mongolie ou en Australie,
16:54 où il y a des suivis de chevaux, de buffles ou d'autres animaux,
16:58 pour comprendre comment ils fonctionnent, comment ils vivent,
17:02 et du coup, optimiser après les points d'eau, les points de nourriture de ces animaux-là.
17:06 Donc ils suivent pas toujours tout le troupeau, ils suivent quelques animaux pour savoir un peu où ils sont,
17:10 et ça remonte, pareil, des informations de localisation et d'autres paramètres, parfois.
17:15 Donc ça peut ressembler demain à ça, l'agriculture, même en France,
17:20 des capteurs dans le sol, des capteurs sur les tracteurs, des capteurs...
17:24 Je sais pas, moi, en fait, on peut tout imaginer.
17:26 Aujourd'hui, je crois que vous mesurez aussi l'eau, enfin...
17:29 On peut imaginer plein de choses, clairement.
17:31 Il faut toujours se poser la question de "à ce que ça sert, à ce que ça vaut le coup, à ce que c'est pertinent".
17:36 Sur la France, il faut savoir qu'aujourd'hui, je crois qu'il y a plus d'un tiers des vaches qui sont connectées en Wi-Fi,
17:40 dans les grandes fermes agricoles.
17:43 C'est quelque chose qui m'a toujours surpris, mais ça, ça devait être déjà quelques années comme information,
17:47 on n'en est pas forcément au courant.
17:49 Donc c'est déjà là, finalement.
17:51 Donc c'est déjà là, en fait.
17:52 Donc nous, on essaie d'être, encore une fois, dans les applications suffisamment utiles et sombres,
17:56 parce qu'on n'a pas cette vision trop technocentrée, parfois dystopique, de tout connecter.
18:03 Je pense que ce n'est pas comme ça que le monde doit se configurer demain,
18:07 surtout dans une question climatique.
18:09 Mais pour ceux qui ont vu des tas de séries dystopiques sur le sujet, ça ne fait pas forcément envie non plus.
18:12 Et donc voilà, on se limite à ces usages-là, qui sont quand même extrêmement nombreux.
18:17 Enfin, le marché est signé à plusieurs centaines de millions d'euros.
18:20 Donc nous, on vise une partie de ce marché-là,
18:22 et on sera déjà très content d'arriver à faire ça et de rentabiliser notre constellation.
18:26 Voilà.
18:27 Merci beaucoup, Alexandre Tisserin, d'avoir pris le temps de venir nous présenter les ambitions de Kynis,
18:31 et puis d'échanger avec nous sur ces questions épineuses mais importantes
18:35 de la cohabitation entre les technologies que vous présentez aujourd'hui et le climat, l'environnement,
18:40 qui sont des sujets phares, on l'a dit tout à l'heure, notamment pour l'Agence spatiale européenne, mais pour tous.
18:44 Merci à tous de nous avoir suivis.
18:46 On se retrouve dès la semaine prochaine sur Bismarck.
18:49 Merci.
18:50 [Musique]

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