• l’année dernière
Intervenant·e·s : Sabrina Andiappane (ingénieure aérospatial, membre de l’Académie des technologies et fondatrice de @SciencesFilles) ; Julien Doche (ingénieur aérospatial, membre d’AERO-DECARBO et du collectif « Pour un réveil écologique »)

Dans cet espace que l’on pensait trop vaste pour avoir à se contraindre, l’environnement a d’abord été un non-sujet pour l’industrie spatiale. « Le spatial est le grand oublié de la décarbonation », résume ainsi Julien Doche. Aussi, les inquiétudes récentes sur l’impact des satellites mettent le secteur - plus que toute autre activité économique - face à des injonctions contradictoires. Pour Sabrina Andiappane, « lorsqu’on est ingénieure dans cette industrie, on devient schizophrène. Et le sujet des mégaconstellations nous permet enfin de le réaliser ». Une réalisation qui laisse place à de nombreux questionnements : que peut-on faire dès maintenant pour rendre l’activité spatiale soutenable ? Comment quantifier correctement les coûts, identifier les impacts ? Et à quels usages de l’espace donner la priorité, et pour quelle utilité sociétale ?

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https://dailymotion.com/rss/playlist/x81fwp

→ Retrouvez la synthèse de l'événement et l'intégralité des sessions au format audio ici :
https://www.arcep.fr/la-regulation/grands-dossiers-thematiques-transverses/lempreinte-environnementale-du-numerique/evenement-satellites-et-environnement.html
Transcription
00:00 et donc j'ai le plaisir d'accueillir sur scène,
00:03 et je veux pas faire de fautes avec leur nom,
00:06 Julien Doche et Sabrina Andiapan.
00:08 Ah, ils sont là. Voilà, super.
00:11 On peut les applaudir.
00:12 Et également Toufik Vali-Puram pour la modération.
00:15 Merci.
00:16 -Bonjour à toutes et à tous.
00:26 Je vais me mettre ici.
00:29 Je suis en direct. La régie, ça vous va si on se met ici ?
00:32 Super. Merci. Je complique un peu la tâche.
00:35 Je suis ravi de vous accueillir aujourd'hui.
00:38 J'ai des bonnes et des mauvaises nouvelles.
00:41 On va commencer par les mauvaises nouvelles.
00:42 C'est qu'on a un peu moins de temps que prévu.
00:44 Voilà. Donc la séquence va être raccourcie.
00:48 C'est comme ça, c'est les joies du direct.
00:50 La bonne nouvelle, c'est que vous allez avoir quelques surprises
00:52 aujourd'hui, et surtout,
00:56 que, avant d'entendre Sabrina et Julien,
00:59 on va d'abord vous laisser vous exprimer.
01:02 Alors, comme j'ai dit qu'il y avait du retard,
01:04 forcément, la séquence de questions
01:06 que j'avais envie de vous proposer,
01:08 maintenant, va être raccourcie, mais c'est pas grave.
01:11 Nous allons prendre quelques minutes
01:13 pour que vous puissiez répondre à une question.
01:17 Quels sont, selon vous, les enjeux qui sont importants
01:19 et que vous souhaitez voir être discutés aujourd'hui ?
01:22 Alors, j'ai une petite règle, quand même.
01:24 Je tiens le micro et je suis l'arbitre aujourd'hui,
01:26 donc vous ne pourrez pas déroger à cette règle.
01:29 Tant pis.
01:30 C'est que dans les questions que vous allez pouvoir poser,
01:33 je souhaite absolument qu'il y ait une alternance
01:36 femmes-hommes, femmes-hommes dans les questions.
01:38 Voilà.
01:40 On pourra en reparler pendant la pause déjeuner,
01:43 parce que ça, c'est la deuxième mauvaise nouvelle,
01:44 c'est que la pause prévue juste après cette séquence
01:47 est raccourcie afin que nous enchaînions
01:50 sur la suite du programme.
01:51 Donc il y a Laura à ma droite et Lola à ma gauche
01:56 qui ont des micros.
01:57 Vous pouvez lever la main et nous dire quels sont les enjeux,
02:01 quelles sont les questions que vous vous posez en venant ici,
02:03 et ensuite Sabrina et Julien vont pouvoir répondre
02:07 et peut-être même qu'ils auront des questions pour vous.
02:10 Donc vous avez juste à lever la main et y aller.
02:14 Eh oui, pardon, quand vous prenez la parole,
02:21 vous donnez votre prénom.
02:22 Si vous n'avez pas envie de donner votre vrai prénom,
02:24 vous pouvez inventer un prénom, il n'y a pas de problème.
02:26 Et s'il vous plaît, posez des questions courtes
02:29 de manière à ce qu'on puisse faire s'y curler le micro.
02:31 Bonjour.
02:32 -Bonjour. Je suis Pierre. Je suis un homme.
02:35 Voilà.
02:36 C'est pour la suite.
02:37 Et donc, concernant les enjeux, en fait,
02:40 je pense qu'il faudrait essayer de découpler deux choses.
02:44 Pour moi, l'activité spatiale,
02:46 elle a un impact énergétique très important.
02:48 Donc c'est une consommation d'énergie
02:50 qui est liée principalement au lancement.
02:51 Donc un kilo lancé en orbite,
02:53 c'est entre 50 et 90 kilos
02:55 de propélandes, d'ergols consommés.
02:59 Donc c'est un vrai problème.
03:00 Et ensuite, l'autre problème pour moi,
03:02 si on se pose la question d'un point de vue environnemental,
03:04 c'est les satellites qui retombent dans l'atmosphère.
03:06 Alors pas tant ceux qui tombent au sol,
03:08 parce qu'on sait qu'ils y arrivent rarement,
03:09 mais plutôt ce qui se passe sur les couches supérieures
03:11 de l'atmosphère.
03:12 Donc voilà, la protection de l'environnement
03:15 autour du spatial devrait d'abord se poser la question
03:18 de pourquoi je mets un kilo en orbite et pas 100 grammes ?
03:21 Pourquoi je mets 200 kilos en orbite et pas 20 ?
03:25 Et ensuite, se poser la question de chaque satellite
03:27 qui revient et qui "brûle" dans l'atmosphère,
03:30 qu'est-ce qu'il y dépose ?
03:31 Et tout ce qui va avec, puisque le lanceur,
03:33 en traversant l'atmosphère, lui aussi,
03:34 a un impact environnemental non négligeable.
03:37 Voilà, moi, c'est ça un peu ce que je voudrais voir.
03:39 Et je pense que les kilos et les kilos
03:41 qui sont lancés en orbite...
03:42 Alors la question a été posée à l'instant,
03:44 mais il ne faut pas oublier que là, si tout s'accélère,
03:47 ce ne sont pas les mégaconstellations,
03:48 c'est une mégaconstellation, elle s'appelle Starlink,
03:51 et aujourd'hui, elle représente 80 % de la masse lancée.
03:55 Donc c'est vraiment, vraiment important
03:56 de garder ça à l'esprit.
03:58 Et puis l'autre problématique, on a eu le rêve,
04:01 c'est le vol habité.
04:02 -Je vais te poser une question. -Oui, j'arrive.
04:03 Le vol habité, c'est toujours important,
04:05 c'est ce qui aussi consomme énormément d'énergie.
04:08 Il faudrait peut-être se poser la question de savoir pourquoi.
04:10 Voilà.
04:11 -Merci, Pierre. -Excusez-moi, j'étais un peu long.
04:13 -Il n'y a pas de problème.
04:15 Est-ce qu'à ma droite ou à ma gauche,
04:17 il y a des mains qui se lèvent ?
04:18 Oui, il y a une dame juste là, Laura.
04:21 C'est bon, Clotilde a un micro.
04:22 Merci, Pierre.
04:24 On va traiter ces questions.
04:25 -Bonjour, je suis Camille, donc niveau infirme.
04:28 Une question très courte.
04:30 Un enjeu environnemental, c'est, comme on disait,
04:34 un sujet mondial.
04:36 Étant comme la France, étant comme une nation assez forte
04:39 dans le secteur spatial,
04:41 comment on peut jouer notre puissance,
04:43 notre développement au niveau spatial
04:45 pour réagir sur ce enjeu ?
04:47 Merci.
04:48 -Merci beaucoup. Et je précise que nos intervenants
04:52 pourront peut-être pas répondre à toutes les questions,
04:54 mais c'est important de les poser là maintenant
04:55 puisqu'on va pouvoir les intégrer pour la suite des discussions.
04:59 -Merci. Bonjour, je m'appelle Joshua.
05:04 Moi, une question qui me tarote,
05:05 c'est comment est-ce qu'on fait pour accéder aux données ?
05:07 Parce que j'ai l'impression qu'aujourd'hui,
05:08 elles ne sont pas très accessibles.
05:10 Et Lionel Suchet disait justement
05:11 qu'il faut qu'on objective ces connaissances-là
05:15 sur les impacts environnementaux du spatial en général
05:18 et des satellites.
05:19 Mais j'ai l'impression que les données
05:21 ne sont pas très accessibles aujourd'hui.
05:23 Idéalement, il faudrait qu'elles soient transparentes
05:24 et en open source.
05:25 -Merci. Joshua.
05:28 On va attendre qu'il y ait une question.
05:35 Ca peut être un besoin de clarification aussi,
05:38 pas forcément une question.
05:41 Vous allez attendre un petit peu.
05:42 -Il faut attendre.
05:43 -Voilà, c'est la règle.
05:45 Ca peut être une remarque, une question,
05:47 un besoin de clarification.
05:48 Clotilde, derrière toi.
05:56 -Bonjour, Marguerite.
06:02 Moi, je me pose la question des usages
06:06 et de la priorisation qu'on va faire de ces usages,
06:09 puisqu'on comprend que tout ce qui est spatial,
06:13 tous les enjeux spatials
06:15 ont un impact environnemental très important.
06:17 Du coup, en faisant aussi le parallèle avec le numérique,
06:20 est-ce qu'il y a des moments où on va pouvoir remettre en question
06:23 l'utilité de lancer tel ou tel satellite ?
06:29 Et se poser la question
06:30 d'est-ce que c'est vraiment utile pour l'humanité, finalement ?
06:36 -Merci, Marguerite.
06:37 -Oui, bonjour.
06:39 Eric, oui.
06:43 Donc moi, ma question, ça serait sur la régulation
06:47 et ce que peuvent faire les régulateurs
06:51 des différents pays alors qu'on a affaire
06:53 à des compagnies, des sociétés internationales
06:57 et qu'il n'y a pas de police de l'espace actuellement.
07:00 -Merci, Eric.
07:04 On va prendre deux dernières questions.
07:06 J'ai vu que vous étiez là.
07:08 Vous prendrez la dernière question.
07:10 Il y a une question juste avant.
07:12 -Bonjour, Marlène.
07:13 Pourquoi les activités spatiales télécom
07:16 ne sont pas incluses dans le scope numérique ?
07:19 -Merci, Marlène.
07:23 -Donc moi, c'est Renaud.
07:26 Ma question est un peu en rapport
07:29 avec ce qui vient d'être dit sur les usages.
07:32 J'ai l'impression que les usages commerciaux
07:35 sont en grande partie responsables
07:36 de ce déploiement de satellites
07:41 en constellation basse, à orbite basse.
07:44 Et moi, j'ai envie de dire,
07:45 est-ce qu'on ne peut pas prioriser les usages ?
07:47 Est-ce que le commercial a tous les droits sur l'espace
07:51 et plutôt l'usage commun, le bien commun
07:54 pour un Etat,
07:58 pour des agences comme la nôtre
08:01 qui n'auraient pas la priorité
08:03 sur l'usage de ces constellations ?
08:06 -Merci beaucoup.
08:08 Merci pour ces premières questions.
08:10 Si vous avez des questions que vous n'avez pas pu poser
08:11 ou que vous n'avez pas voulu poser,
08:13 il y aura d'autres moments dans la journée pour les faire.
08:15 N'hésitez pas à les garder soit dans un coin de votre tête
08:17 soit pour les marquer.
08:18 Et puis, il y a également les moments d'interaction
08:19 au cours desquels vous pourrez discuter
08:21 avec les unes et avec les autres.
08:22 Je note, peut-être pour récapituler
08:25 avant de laisser la parole à Julien et Sabrina,
08:28 j'ai retenu globalement 4 grandes catégories.
08:31 Il y a une 1re qui s'intéresse à la question des usages,
08:33 de la priorisation des usages.
08:36 Il y a une 2e catégorie de questions
08:37 sur l'accessibilité des données.
08:43 Il y a une 3e question qui a été posée par Pierre ici
08:45 qui est plutôt très focalisée sur la question environnementale
08:48 avec notamment bien décorrélés les enjeux liés au lancement,
08:51 les enjeux liés au retour sur Terre ou pas.
08:55 Il y a une 4e et une dernière question
08:57 qui est une question liée à la régulation
08:59 et notamment les enjeux de régulation
09:01 entre la France toute seule dans son coin,
09:03 l'échelle européenne, l'échelle internationale.
09:04 Qu'est-ce qu'il est possible de faire ?
09:06 Julien, Sabrina, bonjour.
09:07 Vous avez la lourde tâche de répondre à ces questions,
09:10 en tout cas aux questions auxquelles vous souhaitez répondre.
09:13 Je ne vais pas vous présenter,
09:14 si ce n'est que je peux dire,
09:15 les quelques mots qui sont marqués là en disent un peu
09:18 et pas assez sur vous.
09:20 Je vous laisse répondre aux questions de votre choix.
09:23 Sabrina, peut-être que tu veux commencer.
09:24 -Oui. Ca marche ?
09:26 Oui ? C'est bon, parfait. Merci.
09:29 Bonjour à tous.
09:30 Alors, c'est une sacrée question, dis donc.
09:31 Je ne sais pas si nous, on va réussir à tout répondre,
09:34 mais je pense qu'avant de commencer un peu le débat,
09:36 c'est de se poser la question,
09:38 est-ce que déjà satellite et environnement,
09:39 c'est deux mots qui vont ensemble ?
09:41 Je pense que notre industrie a commencé au début,
09:43 on ne se posait pas forcément la question de...
09:46 Quand on a voulu envoyer quelque chose dans l'espace
09:47 ou on a voulu explorer,
09:49 ça fait aussi écho à ce qui a été dit ce matin.
09:51 Je pense qu'on ne s'est vraiment jamais posé la question
09:53 dans notre industrie,
09:54 est-ce qu'on fait ça de manière consciencieuse
09:56 avec l'environnement ?
09:57 C'est vrai qu'on ne peut pas non plus tout de suite
09:58 demander à notre industrie, d'un coup,
10:00 de penser tout de suite aux questions d'environnement,
10:02 même si, bien sûr, il faut commencer quelque part.
10:04 C'est vraiment ça qu'il faut avoir en perspective,
10:06 je pense, pour commencer.
10:08 Et c'est aussi, on est tous les deux, d'ailleurs,
10:10 on travaille tous les deux, on est tous les deux
10:11 ingénieurs spatials,
10:13 est-ce que nous aussi, on n'est pas un peu schizophrènes
10:14 en se disant, "Oui, j'ai envie de faire attention
10:16 "à ce que je fais, en même temps, comment ?"
10:19 Je pense qu'il y a deux questions, déjà.
10:21 Moi, je vais reposer des questions,
10:22 c'est pourquoi on fait du spatial ?
10:23 Et ça a été déjà répondu.
10:25 Et déjà, la deuxième partie, c'est comment on va le faire ?
10:27 Et je pense que, finalement, les mégaconstellations
10:30 nous font poser la bonne question.
10:32 Avant, ce serait peut-être que s'il n'y avait pas eu
10:34 ce phénomène à échelle beaucoup plus grande,
10:37 on ne se serait pas dit, "Ah, du coup,
10:39 "on aurait continué le spatial tel qu'on le connaissait,
10:42 "peut-être qu'il y aurait eu des régulations."
10:43 Mais peut-être pas au niveau auquel, maintenant,
10:45 on se dit, "Maintenant, il faut vraiment qu'on agisse."
10:48 Et finalement, ce sujet va impacter comment on va faire,
10:51 même les missions scientifiques,
10:52 qui servent, bien sûr, pour l'observation de la Terre,
10:55 pour regarder l'espace, etc.
10:57 C'est des belles missions, mais toutes les missions,
10:58 à partir de maintenant,
11:00 devraient se poser la question de comment, en fait,
11:02 on devrait faire ça pour que ce soit plus...
11:05 Je vais parler à moitié en anglais, sorry.
11:07 "Umber and metal friendly."
11:10 Et en fait, je pense que ce qui serait intéressant,
11:12 c'est de se dire, finalement, à notre niveau,
11:14 on parlait de façade, de boule à facette,
11:16 quel angle prendre pour se dire,
11:19 quelle serait la lecture, de se poser la question,
11:21 qu'est-ce que ça veut dire, vraiment,
11:23 faire attention à l'environnement pour le spatial ?
11:26 Je vais te passer la main.
11:28 -Bonjour à toutes et tous.
11:29 Julien Doche, je suis également un professionnel
11:31 du secteur spatial,
11:32 membre de plusieurs associations,
11:34 Point rêvé écologique et Aérodécarbo.
11:36 Et malheureusement que je ne suis pas expert de ces sujets,
11:38 je travaille au quotidien sur d'autres sujets,
11:39 donc je n'ai pas forcément toutes les réponses à vos questions,
11:42 mais je peux constater qu'elles sont pertinentes
11:44 et qu'elles rejoignent exactement
11:45 certaines de celles qu'on pose nous-mêmes
11:47 en tant qu'associatifs au secteur spatial.
11:50 En particulier, on est en train de travailler sur un rapport
11:53 avec Point rêvé écologique qui a pour but
11:55 de titiller un peu le secteur, de leur demander,
11:57 tiens, où est-ce que vous en êtes, vous,
11:59 sur la question de la transition écologique ?
12:01 Parce qu'on le sait, du coup, on vit dans un monde contraint
12:04 par les ressources qu'on a,
12:05 par les émissions qui nous restent à disposition.
12:08 Donc effectivement, on est dans un monde contraint.
12:10 Certes, on peut nous répondre que le spatial en absolu,
12:12 c'est des émissions qui sont relativement faibles.
12:14 Pour autant, on a parlé un peu de la croissance du secteur.
12:17 Donc ça pose réellement des questions sur, voilà,
12:19 comment est-ce qu'on va utiliser les ressources qu'on a ?
12:24 A quelle fin ? Donc voilà, ça pose vraiment
12:25 la question des usages.
12:27 Et finalement, dans tout ce rapport
12:29 où effectivement on met en valeur certains phénomènes
12:31 plus ou moins complexes et plus ou moins incompris
12:34 jusqu'à maintenant, je pense en particulier
12:36 aux émissions de particules haute atmosphère
12:38 auxquelles il faudra attendre des experts renommés
12:41 comme M. Pimirot qui nous fera la chance
12:44 d'intervenir cet après-midi.
12:46 Nous, ce qu'on essaie vraiment de faire, c'est questionner,
12:48 quelle est l'utilité finale des projets
12:50 au regard de leurs coûts environnementaux ?
12:53 Donc c'est vraiment essayer de questionner
12:54 quels sont les bénéfices sur quels sont les coûts.
12:56 Quels sont les bénéfices ? Là, il y a une réponse qui...
12:59 Il y a des choses qui, on le sait, sont très utiles.
13:01 Et je pense que c'est assez...
13:03 Enfin, il y a un consensus fort.
13:04 On parle souvent des satellites
13:06 qui quantifient le changement climatique.
13:09 C'est quelque chose qui, effectivement,
13:10 par les variables climatiques essentielles
13:11 qui récupèrent, qui est très utile.
13:14 Il y a d'autres choses sur lesquelles on est dans une zone de flou,
13:16 où on sait que c'est quelque chose qu'on veut éviter.
13:18 Et là, on pense forcément aux mégaconstellations,
13:21 mais également au tourisme spatial.
13:23 Et il y a aussi pas mal d'activités
13:24 qui sont dans une zone de flou.
13:26 On peut se dire, tiens,
13:27 quelle est l'utilité sociale réelle de ces choses ?
13:28 Est-ce qu'on veut vraiment dépenser des ressources,
13:30 une humanité, sur ces activités-là ?
13:32 Ca, c'est un premier point.
13:33 Et l'autre point, si on veut vraiment faire
13:34 cette analyse coûts-bénéfices,
13:37 c'est essayer de quantifier correctement les coûts.
13:40 Et donc ça, ça implique d'avoir des bases de données
13:43 qui sont complètes. On en parlait dans les questions.
13:44 C'est de quantifier les phénomènes
13:47 que j'évoquais à l'instant sur les particules.
13:49 C'est savoir quelle est la composition de ces satellites
13:51 pour comprendre un peu comment tout ça marche.
13:54 Et donc il y a un ensemble de questionnements
13:56 qui, effectivement, commencent à arriver,
13:58 mais c'est très lent.
13:59 Le CNES, effectivement, se positionne
14:00 sur un certain nombre de choses, mais encore une fois,
14:02 et c'est la position qui est peut-être un peu taquine
14:05 du collectif, c'est de dire que, à l'heure actuelle,
14:07 le spatial est un grand oublié de la décarbonation.
14:10 -Tu parles de ce rapport qui n'est pas encore sorti,
14:14 qui va sortir dans quelques mois, quelques semaines.
14:17 J'ai eu la chance de pouvoir y jeter un petit coup d'oeil.
14:20 Il y a quand même pas mal de choses qui m'ont marqué.
14:23 Je ne sais pas à quel point, vous, ici,
14:24 vous êtes expert, expert de...
14:26 Enfin, quel est le niveau d'expertise
14:28 ou de connaissance de cette industrie,
14:30 mais il y a un point sur lequel il me semble important de revenir,
14:33 parce que, en tout cas, moi, je ne l'avais pas forcément en tête
14:35 il y a quelques mois, lorsque j'ai commencé à travailler
14:37 sur ce sujet aux côtés des équipes de l'ARCEP,
14:38 du CNES et de l'ADEME.
14:40 C'est la structuration du marché spatial
14:44 entre, d'un côté, ce qui est en amont et ce qui est en aval.
14:46 Et puisqu'on parle beaucoup de données et d'usages
14:49 et de régulations, il se trouve quand même
14:50 qu'une grande partie du marché, d'un point de vue économique,
14:53 se tue en aval.
14:55 Ca, c'est un 1er point.
14:56 Et 2e, je suis allé consulter les différents rapports.
14:58 Donc si vous tapez "Space Economy Report",
15:00 ce qui est intéressant, c'est qu'il y a de plus en plus
15:02 de rapports qui sont faits aujourd'hui
15:04 par des fondations X ou Y.
15:06 Les chiffres ne sont pas exactement les mêmes,
15:08 mais tous pointent dans la même direction.
15:10 C'est que, grosso modo, le marché du spatial ou l'industrie
15:15 a grosso modo doublé en chiffre d'affaires en 5 ans.
15:18 Peut-être que tu peux creuser un peu plus sur ce point-là,
15:23 parce que je pense que c'est important
15:24 de comprendre ce problème.
15:27 Parce que ça me rappelle, et je vais te redonner le micro,
15:29 il y a une dizaine d'années, lorsqu'on a commencé
15:30 avec certaines personnes ici à s'intéresser
15:32 à l'impact environnemental des technologies numériques,
15:35 on nous disait que c'était tout petit
15:37 en pourcentage du PIB ou en pourcentage
15:39 des émissions globales de gaz à effet de serre,
15:43 sans regarder vraiment la trajectoire de croissance.
15:45 Comment, selon vous, Julien, Sabrina,
15:49 comment on doit dès maintenant prendre en compte
15:52 cette trajectoire de croissance,
15:54 l'effet de mode qui est autour de ce spatial
15:57 et notamment de la partie aval,
15:59 pour prendre des décisions qu'on ne regrettera pas dans 30 ans ?
16:05 Vaste question, vaste question
16:07 à laquelle je n'ai encore une fois pas complètement la réponse.
16:10 Si ce n'est que, considérant ces deux aspects,
16:13 à quoi est-ce que ça sert ?
16:14 Est-ce qu'on a des équivalents terrestres ?
16:16 Et en fait, pour les mégaconstellations,
16:17 on a des équivalents terrestres.
16:19 Il y a un article qui est sorti en septembre 2023
16:24 qui essaie de quantifier cet écart
16:26 entre quelles sont les émissions associées
16:28 à un réseau terrestre, à celui d'un réseau satellitaire.
16:32 On peut intégrer différentes choses,
16:34 justement ces particules d'atmosphère ou pas.
16:36 Et donc, dans le scénario le plus néfaste,
16:42 là où on prend en compte l'ensemble des effets,
16:44 cet article montre qu'on a un impact
16:46 qui est 31 à 80 fois supérieur
16:48 pour la mégaconstellation pour un équivalent terrestre.
16:51 Et donc là, on montre bien qu'effectivement,
16:53 quand on envoie quelque chose dans l'espace,
16:54 ce n'est pas anodin, on a une dépense énergétique importante.
16:57 Si c'est pour quelque chose qu'on ne peut pas faire autrement,
16:58 on peut se poser la question de, est-ce que c'est utile ?
17:01 Si c'est le cas, effectivement,
17:02 investissons ces ressources et ces émissions.
17:04 Mais si c'est pour quelque chose qui existe déjà sur Terre
17:07 et qu'on a en plus un impact qui est supérieur,
17:09 peut-être que ce n'est pas si utile que ça.
17:11 -Format dynamique. Alors, je fais la dynamique.
17:17 Juste pour apporter un éclairage
17:18 sur les mégaconstellations versus terrestres.
17:20 En fait, on a un problème de géographie de couverture,
17:24 c'est-à-dire que les mégaconstellations...
17:26 Je ne suis pas une défenseuse des mégaconstellations.
17:28 Mais juste pour dire qu'on ne peut pas comparer
17:31 à la couverture terrestre,
17:32 parce qu'en fait, ça vient en complément de couverture.
17:34 Ca vient exactement où il n'y a pas encore de terrestres,
17:37 où il n'y en aura peut-être jamais.
17:39 Donc c'est juste changer un petit peu ce regard-là.
17:42 -Je ne suis pas complètement d'accord.
17:46 Effectivement, la couverture est un peu différente.
17:48 Pour autant, une grande partie de la couverture
17:50 est quand même similaire.
17:51 Et ce n'est pas parce qu'il y a quelques applications à la marge
17:53 que ça justifie n'importe quoi.
17:55 Certes, les données Internet dans des zones blanches,
17:58 que ce soit au fond de l'Afrique ou en Antarctique,
18:00 c'est complètement louable.
18:02 Pour autant, ça ne doit pas justifier
18:03 toutes les dépenses énergétiques
18:05 et en termes de ressources qu'il soit.
18:07 Je pense qu'effectivement, c'est quelque chose d'important,
18:09 mais c'est la manière qu'on pourrait dire que, regardez,
18:11 l'IoT, c'est génial, parce que ça permet
18:12 des applications incroyables en médecine.
18:14 C'est très bien de sauver des gens.
18:16 Pour autant, est-ce que ça implique des émissions faramineuses ?
18:19 Je ne pense pas.
18:21 -Tout à fait. Et dans le spatial, effectivement,
18:23 il y a différentes solutions.
18:24 Il y a les géos, il y a les constellations plus limitées,
18:26 et il y a les mégaconstellations.
18:28 Et effectivement, tout ça vient en complément de couverture
18:30 et des solutions différentes et des impacts différents.
18:33 Et juste un mot sur la régulation, peut-être,
18:35 puisque comment on régule ?
18:38 Il y a les grands organismes internationaux
18:40 qui sont effectivement avec des adhésions volontaires,
18:43 comme l'ITU qui régule les fréquences,
18:45 les ADC dont Lionel a parlé.
18:48 Il y en a d'autres que je ne connais pas bien,
18:49 peut-être que mes collègues pourront compléter.
18:51 Et après, au niveau national,
18:54 la façon qu'on a de réguler ça,
18:56 c'est via l'ouverture du service sur la France, en fait,
19:00 et au niveau européen sur l'Europe, en disant
19:03 que si vous ne respectez pas un certain nombre
19:04 de critères environnementaux et de bonne gestion durable
19:07 de l'espace qu'on impose,
19:08 alors vous n'aurez pas accès à notre marché.
19:10 C'est-à-dire que vous n'ouvrirez pas votre service
19:12 sur notre sol.
19:13 Donc ça, c'est la façon qu'a la France
19:16 de réguler l'accès au marché français
19:19 de ces constellations,
19:20 et par extension au marché européen,
19:22 puisqu'on est en train de travailler
19:23 sur une loi spatiale européenne, en ce moment,
19:26 qui est espérée pour un jour.
19:30 -Et donc tu es Sandrine et tu travailles au CNES.
19:33 Alors, vous le voyez... Merci, Sandrine.
19:35 Les enjeux sont larges et sont complexes.
19:37 Évidemment, on ne peut pas les traiter
19:38 au cours d'une séance de questions-réponses
19:40 de 25 minutes, et on ne peut pas demander la lune.
19:43 Enfin, ce n'est pas du tout un jeu de mots,
19:45 je viens à nos intervenants aujourd'hui.
19:49 Néanmoins, cette première partie,
19:50 et Sabrina, je vais te laisser doucement conclure,
19:54 visait à montrer la complexité des enjeux,
19:57 à quel point il y a des angles morts,
19:59 à quel point, également, ça peut faire débat,
20:01 afin de comprendre comment on peut se mettre en mouvement
20:03 collectivement. Sabrina, on se dit un petit mot,
20:06 et tu voulais insister sur un point important.
20:09 -En fait, pour moi, ça rejoint aussi
20:11 sur ce qu'on peut faire dès maintenant.
20:13 Bien sûr, il y a tous les rapports,
20:14 tout ce qu'on va offrir, tous les critères,
20:16 les leviers qu'on pourra faire agir,
20:18 on va dire, sur notre industrie spatiale,
20:20 en amont, en aval.
20:21 Et après, il y a quand même le problème,
20:22 on parle d'environnement, de satellites et environnement,
20:24 il y a ce qui se passe déjà actuellement dans l'espace.
20:27 Il y a les régulations, en effet,
20:29 qui, comme ça a été dit ce matin, c'est bien le CNES,
20:31 c'est la France qui a d'abord voté une loi.
20:35 Mais c'est vrai que ce qui se passe actuellement,
20:37 c'est qu'il y a quand même beaucoup de satellites,
20:38 beaucoup de satellites morts dans l'espace,
20:40 et on ne se pose pas la question de ce qu'ils vont devenir,
20:43 comment on pourrait faire,
20:44 et c'est, en fait, le 2e volet,
20:46 ce qui est quelque chose que tu as écrit également
20:48 dans le rapport, que le spatial avait le germe de sa faim en elle,
20:52 à cause de ces débris qui commencent à arriver,
20:54 c'est de se poser la question,
20:56 on va essayer de changer beaucoup de choses,
20:57 mais toutes ces missions qui sont lancées,
20:59 qu'est-ce qu'on va faire avec ?
21:00 Donc c'est de réfléchir à comment tacler,
21:03 en fait, avec le spatial même,
21:05 les futurs satellites avant qu'ils deviennent des débris.
21:09 Et donc ça peut être, du coup, de réfléchir dès maintenant,
21:12 pour moi, à comment, en fait, on va concevoir ces véhicules
21:16 pour que, de manière intelligente,
21:18 et qu'on le fasse de manière consciente de l'environnement
21:20 et de manière consciencieuse,
21:22 pour qu'on puisse avancer là-dessus.
21:25 -Merci beaucoup.
21:26 Donc moi, je suis Laurence Monoy-Smith,
21:28 et je suis directrice du développement durable au CNES.
21:30 On discute souvent avec nos interlocuteurs,
21:32 et c'est vrai que les sujets sont très techniques.
21:34 Je voudrais dire deux choses.
21:35 Ca fait 30 ans qu'on travaille au CNES
21:38 et dans la communauté internationale
21:40 sur le sujet des débris spatiaux.
21:43 Voilà, donc c'est pas quelque chose qu'on découvre.
21:45 Vous allez me dire, ça fait 30 ans qu'on bosse dessus,
21:46 on peut pas dire que ça a été très efficace, on est d'accord,
21:48 mais enfin, bon, regardez ce qui se passe à la COP,
21:50 voilà, ça fait 50 ans qu'on travaille dessus,
21:53 ça fait 50 ans qu'on travaille sur le sujet,
21:55 regardez où on en est, donc voilà.
21:56 A partir du moment où vous êtes en multilatéral
21:58 au niveau international,
21:59 les discussions sont extrêmement complexes,
22:01 mais ça fait 30 ans qu'on travaille dessus.
22:03 Donc il y a quand même beaucoup de réflexions,
22:07 beaucoup de... Je peux pas rentrer dans les détails,
22:08 mais un peu trop, à mon sens, de technosolutionnisme,
22:13 mais il y en a, bon,
22:14 et d'autres approches qui sont plutôt liées
22:16 aux analyses de cycles de vie, aux calculs d'empreintes.
22:19 Donc on a... Je suis assez d'accord avec Julien,
22:21 le secteur spatial est assez en retard
22:23 par rapport à d'autres secteurs,
22:25 typiquement, je parle de filières, de filières industrielles,
22:28 il y a des filières qui sont bien plus en avance
22:29 que le secteur spatial,
22:31 les filières de l'eau, les filières...
22:33 Enfin bon, mais qui ont entamé leur trajectoire de décarbonation
22:38 et qui ont des trajectoires de décarbonation
22:40 qui sont déjà sur la table
22:42 et qui ont été avalisées par les comités de filière.
22:45 On va faire ce travail-là avec la filière spatiale à démarrer,
22:49 et il démarre notamment sur des problématiques de connaissance.
22:53 C'était vraiment ça que je voulais quand même dire,
22:56 c'est que par rapport à d'autres secteurs,
22:58 le secteur spatial a un défi en termes de connaissance
23:01 qui est quand même assez abyssal.
23:04 Nous savons aujourd'hui ce que nous ne savons pas,
23:06 et Loïs en parlera tout à l'heure,
23:07 notamment sur la question des bilans radiatifs,
23:10 mais aussi sur les sujets de réentrée, etc.,
23:12 sur lesquels on avance.
23:15 Et donc, dans ce domaine-là,
23:19 la filière est quand même extrêmement consciente.
23:20 La 2e chose que je voulais dire,
23:22 c'est que les chiffres qu'on donne sur l'empreinte,
23:27 et on va parler d'empreinte carbone,
23:29 parce qu'après, il y a d'autres empreintes,
23:30 il y a l'empreinte matière, l'empreinte eau, etc.
23:31 Quand on parle d'empreinte carbone,
23:32 c'est quand même que le démarrage...
23:34 Les chiffres que l'on donne, et que j'entends, moi,
23:36 sur l'empreinte carbone des satellites,
23:39 ou peu importe, sont tous faux.
23:42 Mais tous.
23:43 Donc, tous, pour une raison extrêmement simple,
23:47 c'est que les ordres de grandeur
23:49 sont variables de l'ordre de 1 à 10.
23:52 D'un type de satellite à l'autre,
23:56 nous avons des grandeurs qui sont sans commune mesure.
24:00 Donc, aujourd'hui, le travail qu'on est en train de faire,
24:03 et je pense qu'on sera prêt d'ici 4, 5 mois,
24:07 parce qu'on travaille avec la communauté scientifique aussi,
24:10 qui s'est emparée de ces sujets,
24:10 de savoir la communauté scientifique qui passe...
24:13 On travaille beaucoup au CNES avec eux,
24:15 notamment un certain nombre
24:16 qui définit les missions scientifiques qui sont à venir,
24:19 sont aujourd'hui dans un travail de fourmi,
24:21 extensif, extrêmement pointu,
24:24 d'évaluation de l'empreinte
24:26 des différents types de satellites.
24:28 D'ici quelques mois, on sera capable de mettre sur la table
24:31 des ordres de grandeur partagés
24:32 par la totalité du secteur scientifique,
24:36 secteur industriel.
24:38 Pour arriver à mettre ces grandeurs sur la table,
24:40 ça va évidemment demander beaucoup de travail.
24:42 C'est en phase de validation,
24:44 et on pourra ainsi sortir des choses
24:46 qui soient un petit peu raisonnables,
24:48 et notamment pour éclairer les choix des décideurs,
24:50 comme, Julien, tu appelles à le faire,
24:53 et on est assez d'accord,
24:56 de mettre sur la table, voilà, finalement,
24:58 pour tel type d'usage, nous avons tel type d'empreinte
25:01 et nous avons tel type de choix possible.
25:04 -Merci, Laurence. Attends.
25:08 Merci beaucoup pour cette intervention, Laurence.
25:13 Julien, Sabrina, je vous laisse peut-être résumer
25:18 ou en tout cas conclure sur un point
25:20 avant que je vous annonce la suite de la journée.
25:25 -En deux mots, pour moi, pour essayer de questionner
25:29 correctement le secteur spatial, comme tous les secteurs,
25:31 et j'insiste vraiment sur ça, c'est vraiment comme tous les secteurs,
25:34 il faut questionner à quoi est-ce que ça sert,
25:35 quelle est l'utilité sociétale
25:37 et quel est son impact environnemental.
25:38 C'est vraiment la trame de fond
25:40 qui doit orienter nos questionnements.
25:43 Après, effectivement, ça va impliquer d'investiguer
25:46 sur quels sont l'impact des particules dans notre atmosphère,
25:49 quels sont les procédés utilisés,
25:51 comment est-ce qu'on peut mettre toutes ces informations
25:52 dans des bases de données comme celle de l'ADEME,
25:54 qui sont à l'heure actuelle pas forcément dédiées au spatial,
25:57 et donc il y a peut-être un besoin de travailler
25:58 entre le CNES et l'ADEME pour enrichir tout ça,
26:00 le rendre open source
26:01 pour qu'on puisse travailler plus rapidement là-dessus.
26:04 Et donc essayer de quantifier plus correctement
26:06 quels sont les impacts.
26:08 Je pense aussi qu'il faut quand même rappeler
26:09 que le spatial en absolu, c'est quelque chose qui est assez faible,
26:12 c'est important de le rappeler,
26:13 que les mégaconstellations, effectivement,
26:15 on n'a pas encore ce problème au niveau européen,
26:17 on n'a pas de tourisme spatial,
26:18 donc le spatial européen et le spatial américain
26:22 sont très différents et il faut que ça le reste.
26:24 Il faut que ça le reste, c'est important.
26:25 Du coup, pour que ça le reste,
26:26 il faut qu'on se pose correctement ces questions dès maintenant.
26:29 Donc voilà. Ca, c'est aussi pour éviter
26:31 qu'il y ait un space bashing qu'on peut avoir sur l'aéronautique.
26:34 Il y a vraiment des questions aussi de résilience
26:36 pour la filière, dans mon sens.
26:38 Donc une fois qu'on aura posé toutes ces questions correctement,
26:40 effectivement, je pense qu'on pourra aller de l'avant
26:42 et on pourra potentiellement rattraper d'autres secteurs
26:45 comme ceux de l'eau qu'on évoquait juste avant.
26:46 Donc je suis extrêmement ravi d'être invité
26:48 à cette conférence aujourd'hui
26:50 et que des acteurs clés comme le CNES et l'ADEME
26:52 collaborent sur ces sujets.
26:54 -Merci, Julien. Sabrina ?
26:55 -Moi, je vais un peu mettre en écho ce que tu as dit aussi.
26:58 Après, moi, je travaille plus sur les missions,
27:00 on va dire l'utilité du spatial,
27:02 donc c'est vrai que c'est le pourquoi
27:04 qu'on fait cette mission et comment on va le faire.
27:06 Et c'est bien que maintenant, on se pose les bonnes questions.
27:08 Je sais que ce n'est pas un sujet facile, loin de là,
27:12 mais c'est vrai que le petit bémol que je peux dire,
27:14 c'est que c'est vrai qu'on avance lentement sur le sujet.
27:16 Ça fait très longtemps, en effet, que le CNES travaille,
27:18 l'Europe, dessus.
27:19 Et je trouve que même pour les régulations, tout est lent.
27:22 Et je trouve que c'est juste un peu dommage.
27:25 Je sais qu'il y a beaucoup d'acteurs qui interviennent,
27:26 mais je pense qu'il faudrait vraiment, maintenant,
27:29 avancer clairement sur les régulations
27:31 pour qu'on puisse vraiment avoir des choses concrètes
27:34 qui se mettent en place, parce que c'est vrai que...
27:36 Moi, ça va faire 10 ans que je travaille,
27:38 et donc déjà, pour moi, c'est lent.
27:39 Alors je peux imaginer pour ceux qui sont dessus depuis 30 ans,
27:41 ça doit être encore pire.
27:43 Donc j'espère vraiment de voir cet élan,
27:45 et je sais que l'industrie spatiale y arrivera.
27:47 -Merci.
27:49 Ce n'est pas fini. On va bientôt partir
27:53 sur la suite de la conférence.
27:54 Mais avant, j'aimerais donner le micro à mon ami MC Dadiouk.
27:59 -Bonjour, bonjour.
28:03 Cher Julien,
28:05 cher Sabrina,
28:07 cher Toufik.
28:10 Bien le bonjour à tout le monde.
28:12 Alors je suis un petit peu prétentieux,
28:16 mais je pense que j'ai la prétention d'au moins
28:19 contrôler l'univers dans lequel j'officie, n'est-ce pas ?
28:23 Je suis, paraît-il, le meilleur improvisateur de la Terre.
28:27 Quand j'aurai fini de parler, vous aurez le droit de me donner un mot,
28:29 et avec ce mot, je tenterai d'apaiser, peut-être,
28:33 ces esprits mis en apesanteur par une guerre des chiffres
28:36 qui n'est pas sur BFM TV.
28:38 Pour une fois.
28:41 Je sais que vous irez en vacances ensemble,
28:43 mais peut-être pas dans une navette SpaceX.
28:46 Auriez-vous un mot pour moi, cher Julien ?
28:49 -Satellite, pardon. -Satellite.
28:52 Satellisé, nous le sommes, mais nous ne l'avions pas encore compris.
28:55 Socrates, lui, avait beaucoup d'avance.
28:58 Et les satellites ont décidé d'être au-dessus de nos têtes.
29:01 Et moi, le Parisien, j'ai l'impression
29:03 que le périph' est à nouveau à la fête.
29:05 Un critère 3, 4 ou 5 devrait peut-être être placé
29:09 pour certains satellites sur des orbites éloignées.
29:13 Et je pourrais demander à mon ami Ani Dalgo
29:15 de me donner des leçons qui me permettront de comprendre
29:18 comment réguler le passage des satellites
29:21 autour de nos têtes.
29:22 Enfin, soyez quand même un peu modestes
29:25 dans vos accusations, peut-être vos injonctions,
29:27 à donner des chiffres au CNES,
29:29 car ces derniers sont quand même sur un univers
29:31 qui ressemble à un Far West que nous avons déjà connu.
29:34 Une ruée vers l'or bleu ou l'or noir,
29:38 car je ne sais pas quelle est vraiment la couleur de l'univers.
29:40 Est-elle aussi sombre que les idées de nos amis Bezos et Musk ?
29:45 Ou est-ce que le Musk a déjà tellement salopé l'univers
29:48 qu'on est en train de se demander où est-ce qu'il va s'arrêter ?
29:52 Rassurez-vous, le X n'est pas encore placé dans l'espace,
29:54 mais sait-on jamais.
29:56 Avec lui, tout est possible.
29:59 L'infiniment grand a trouvé une finitude.
30:01 Et je suis bien heureux d'être français,
30:03 car encore une fois, nous avons été
30:06 les précurseurs de nouvelles pensées sur l'espace.
30:09 L'espace, le temps, l'infini.
30:11 J'ai pensé l'espace, et puis je n'ai pas écrit sur ce papier
30:14 qui m'a été donné par Clotilde, mais j'aurais pu écrire ceci.
30:18 L'espace n'est pas fini, l'espace vient que de commencer.
30:21 Alors si on est au début d'une belle histoire,
30:23 on devrait peut-être commencer par y poser des règles,
30:26 mais surtout, comme le petit prince,
30:28 ne pas s'empêcher d'y rêver.
30:31 Rêvons d'espace, et ainsi, nous serons capables de le partager.
30:34 Et les querelles que nous avons entre les chiffres et la vision
30:38 seront effacées par la clarté stellaire
30:42 d'une constellation de satellites qu'on saura peut-être contrôler.
30:46 Peut-être, je ne sais pas.
30:48 (Rires)
30:49 Merci.
30:50 (Applaudissements)
30:52 Je vous en fais une petite deuxième,
30:53 parce que la deuxième sera plus courte,
30:56 mais c'est parce que j'étais assis à côté des gens du CNES.
30:59 Et donc, du coup, j'ai eu droit à deux conférences
31:03 pour le prix d'une. Je trouve ça génial.
31:05 Vous pouvez les applaudir.
31:07 (Rires)
31:08 (Applaudissements)
31:10 Bah oui.
31:12 Moi, je suis la voix des gens qu'on n'entend pas forcément.
31:14 Les gens du premier rang, des fois, ne sont pas entendus.
31:17 Chère Sabrina.
31:19 -Je vais dire environnement. -L'environnement.
31:23 L'environnement est donc troublé.
31:26 Troublé par des sachants,
31:29 troublé par des gens qui ne savent pas
31:31 jusqu'où cet environnement s'étendra.
31:34 Eh oui.
31:35 De 1 à 10, c'était l'échelle de Lawrence.
31:38 Mais c'est une échelle que l'on ne peut voir qu'en France,
31:41 qui vous dit que les gens aux Etats-Unis
31:43 ont cette même échelle de calcul
31:44 pour savoir si, dans l'environnement,
31:46 leurs satellites, en redescendant,
31:48 finiront par faire des choses pourries.
31:51 On ne sait pas. C'est comme un peu la géométrie.
31:54 Je vous rappelle, le Dijonais que je suis
31:55 est heureux de voir la tour Eiffel.
31:57 La tour Eiffel, dans l'environnement d'Eiffel,
31:59 c'était 10 000 pieds.
32:01 Pardon, 1 000 pieds.
32:02 Vous voyez que je me suis moi-même trompé.
32:04 Un millepaste pourrait donc monter la tour Eiffel
32:06 si on pensait en pieds, mais on est en mètres, ici.
32:09 Alors, il va falloir changer notre vision de l'environnement
32:12 et se dire que l'infiniment grand
32:14 se trouve au-dessus de nos têtes et pas à nos pieds.
32:17 Oui, il y a un gars qui a eu des problèmes
32:19 en pensant que la Terre était plate.
32:20 Il a fallu quand même qu'on arrive au-dessus de cette dernière
32:23 pour constater qu'il ne s'était pas trompé.
32:26 (Rire)
32:28 Je suis en train de vous dire la vérité.
32:30 La vérité, c'est que l'environnement nous appartient,
32:32 mais que l'espace, pour lui, ce n'est pas le cas.
32:35 Oui, l'espace a commencé avant nous
32:36 et finira certainement après nous.
32:39 Donc il faut y penser pour protéger cet environnement
32:42 et se rappeler que le CNES, l'ADEME et la SERP,
32:46 surtout la SERP, oui,
32:48 la RCEP, oh, pardon, je suis désolé.
32:52 Je suis désolé, ma langue a fourché,
32:53 l'absurde révélateur de cette conférence
32:56 à laquelle j'ai assisté du 1er an.
32:58 Le CNES m'a fait oublier les R mal placés.
33:00 Alors l'ARCEP n'est pas une SERP qui me finira ici
33:04 et peut-être me décapitera après avoir dit autant de bêtises.
33:07 Censuré par mes propres bêtises, je suis obligé de vous quitter.
33:11 L'environnement a donc été pollué par mes propres postillons.
33:14 Je suis donc obligé de me cacher.
33:17 (Rire)
33:18 (Applaudissements)
33:25 -ARCEP. -Oui. Au revoir.

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