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Peut-on sauver l'humanité avec une pompe à chaleur ? Sans doute pas ! Mais on peut sensiblement réduire nos factures et nos émissions de gaz à effet serre en isolant mieux nos habitats et en se chauffant autrement. Moins de 1% de rénovations par an, c'est peu au regard des objectifs de sobriété, le gouvernement vise les 900.000 rénovations performantes par an dès 2030. Comment y parvenir en ces temps de restrictions budgétaires et d'inflation de la dette ? Daphné Roulier et Raphaël Hitier reçoivent :

- Christophe Millet, architecte et président du CNOA ( Conseil National de l'Ordre des Architectes ),
- Marie Gracia, Directrice du collectif Effinergie,
- Martin Lagane, directeur de communication et porte parole de l'ANAH ( Agence Nationale de l'Habitat ).

"Maman j'ai arrêté l'avion" est un magazine sur la transition écologique présenté par Daphné Roulier.
Chaque mois, Daphné Roulier aborde un thème lié à l'actualité suivi d'un débat avec ses invités.
Ensemble ils se posent des questions concrètes et politiques quant à la transition écologique que nous devons tous mener.
Comment agir ? Comment s'organiser collectivement ? Quelles solutions sont à notre portée ? Quelles sont les fausses pistes à éviter ? Comment réduire notre empreinte carbone dans un monde en bascule ?
L'émission est construite autour de reportages tournés sur le terrain ("Le tout oppose" et "Le monde de demain") et d'interviews de politiques et d'experts en plateau menées par Daphné Roulier. Avec à ses côtés Raphaël Hitier, docteur en neuroscience et réalisateur de documentaires scientifiques, qui décrypte les données avec son "Climatoscope". Enfin, "Carte verte" pour la militante écologiste Camille Etienne, qui participe également à l'émission sous une forme artistique et percutante.

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Transcription
00:00Peut-on sauver l'humanité avec une pompe à chaleur ?
00:03Sans doute pas, mais on peut sensiblement réduire nos factures
00:06et nos émissions de gaz à effet de serre,
00:08en isolant mieux nos habitats et en se chauffant autrement.
00:12Salut à toutes et à tous et bienvenue à ceux qui nous rejoignent sur LCP.
00:15Ce mois-ci, vous l'aurez compris, nous allons nous pencher sur nos logements,
00:18comment répondre à nos besoins, réduire notre consommation d'énergie,
00:23améliorer l'efficacité énergétique de nos foyers,
00:25voir les décarboner tout en préservant au mieux la planète.
00:30Sur le papier, on sait faire, seulement ça coûte cher
00:32et la précarité énergétique n'est pas un leurre, Raphaël Ittier.
00:3626% des Français déclarent avoir froid chez eux l'hiver
00:39et en effet on dénombre plus de 6 millions de passoires énergétiques
00:42sur un total de 36 millions de logements.
00:45Autrement dit, une habitation sur 6 est inchauffable ou difficile à chauffer.
00:49Alors certes, aujourd'hui, le 9 est bien isolé, c'est une obligation légale d'ailleurs,
00:53mais il ne représente qu'une infime partie du bâti.
00:56Il faut donc rénover en masse et ça n'avance pas très vite.
00:59Daphné ?
01:00Oui, moins de 1% de rénovation par an au regard des objectifs de sobriété, c'est peu.
01:05Le gouvernement vise les 900 000 rénovations performantes par an dès 2030.
01:09On en est loin.
01:10Alors, comment y parvenir en ces temps de restrictions budgétaires et d'inflation de la dette ?
01:15C'est ce que nous allons demander à nos invités.
01:17Maman, j'ai arrêté l'avion, c'est parti et c'est maintenant.
01:23...
01:44Vous l'avez dit, Raphaël, un Français sur quatre souffre du froid en hiver.
01:48Alors, plutôt que de continuer à grelotter, posons le débat pour en parler.
01:52Nous avons fait appel à des pointures.
01:54L'architecte Christophe Millet, qui préside le Conseil de l'Ordre des architectes.
01:58Marie Gracia, qui dirige le collectif Efi Energies.
02:01Et Martin Lagann, porte-parole de l'Agence nationale de l'habitat.
02:05Bonjour et bienvenue à vous trois.
02:07Avant de vous laisser la parole, allons voir à quoi ressemble une passoire énergétique.
02:11Le bâtiment est l'un des secteurs les plus émetteurs en France.
02:1416% de nos émissions de gaz à effet de serre, essentiellement à cause du chauffage.
02:18Alors, depuis 15 ans, la France multiplie les plans ambitieux pour rénover le logement.
02:23Mais en 2023, seules 15 000 maisons ont perdu leur glaçante étiquette G ou F.
02:28À ce rythme, il faudrait 130 ans pour isoler l'ensemble des bâtis les plus énergivores.
02:34Alors, comment se chauffer mieux ?
02:36En déposant moins, sans aller dans le mur.
02:38Comme d'habitude, les avis divergent, le tout oppose.
02:41C'est un sujet d'Emma Guizot, Aybar, Aybar.
02:44...
02:54À Paris.
02:57Romane Guiori est une chasseuse de passoires thermiques.
03:01Ses proies, les logements dont l'isolation est de très mauvaise qualité.
03:06Oui, bonjour, monsieur Ortega.
03:07Nombreux dans la capitale.
03:10Donc, il y a ce mur là-bas que je vais pouvoir aller regarder.
03:14On fait la même chose ?
03:15Ouais, on fait la même chose.
03:17Sa technique ? Faire des trous partout.
03:22Et c'est César Ortega, le propriétaire de cet appartement de 100 m2, qui s'y colle.
03:30Là, on a un peu de laine de verre, donc on la voit, c'est la partie jaune.
03:35Donc, ce mur-là est effectivement isolé.
03:40Après, là, on a une épaisseur vraiment assez faible.
03:44Aujourd'hui, on va être plutôt sur des épaisseurs entre 12 et 15 cm en fonction du matériau.
03:50Tandis que là, on a plutôt 2 cm d'isolant.
03:55L'idée, voir comment ont été isolés les murs.
04:00Là, on a seulement un placo.
04:03Il n'y a pas de polystyrène.
04:05Ah, et cette mousse, ce n'est pas l'isolant ?
04:08Non, ça, c'est le placo, ouais.
04:09Ça, c'est juste le placo.
04:11Sinon, ça ferait plus des petites boules.
04:13Pas d'isolant dans ce mur, c'est ce qui rend cet appartement impossible à chauffer en hiver.
04:19Le chauffage est le principal poste émetteur de gaz à effet de serre dans les logements français.
04:25Plus de 58 millions de tonnes en équivalent au CO2.
04:29Radiateurs électriques, chauffage au gaz, poêle à bois, chaudière au fioul ou encore pompe à chaleur,
04:34les moyens de se chauffer sont légions et leur empreinte écologique plus ou moins néfaste pour la planète.
04:40Leur point commun, les quantités astronomiques d'énergie gaspillée,
04:44gâchées dans ces fameuses passoires thermiques qui pullulent dans le pays.
04:48Elles sont près de 5 millions à être classées F&G dans le diagnostic de performance énergétique,
04:53alors que le gouvernement s'est fixé l'objectif d'un parc immobilier classé A ou B d'ici à 2050.
04:59Que faire pour chauffer nos habitations, mais pas la planète ?
05:03Deux visions s'opposent.
05:05Rachel Simon est militante du mouvement Dernière Rénovation
05:09et Jean-Pierre Ouet est président du comité scientifique de l'Éden, l'équilibre des énergies.
05:15Nous, la recommandation, c'est clairement de voir si vous pouvez changer le système de chauffage,
05:20envisager des solutions composites, par exemple des radiateurs électriques dans les chambres,
05:25un poêle à bois dans la pièce principale.
05:26L'objectif prioritaire face à la situation du logement en France actuellement,
05:30c'est de rénover les bâtiments.
05:32Ça ne sert à rien de parler chauffage si c'est pour que toute l'énergie dépensée
05:37pour chauffer une pièce se retrouve à l'extérieur.
05:44Retour dans la passoire thermique de César Ortega.
05:48Le propriétaire a acheté cet appartement en souplex en avril 2023 pour 870 000 euros.
05:55Mais dès le premier hiver, il a anormalement froid et commence à chercher la raison.
06:00C'est juste un mur, il n'y a pas d'habitation.
06:04Première cause, la verrière en simple vitrage qui surplombe son salon.
06:10C'est en réalisant des photos à l'aide d'une caméra thermique
06:13que César a réalisé l'ampleur du problème.
06:15Ce sont des photos qu'ils ont prises en 2023, l'hiver.
06:21L'aide du ciel, il détecte automatiquement la zone la plus froide,
06:25donc c'était 11°C, la zone la plus chaude, c'était 15,6°C.
06:31Alors que l'OMS recommande une température ambiante optimale entre 18 et 21°C.
06:37Sachant que la température de ressenti dans une pièce,
06:39ça va être la moyenne entre la température des parois et la température de l'air ambiant.
06:44C'est-à-dire que si on demande à nos radiateurs de chauffer à 19°C,
06:47mais que nos parois sont à 13°C,
06:49on va avoir un ressenti de 16,5°C.
06:55Et donc on va devoir chauffer un peu plus pour avoir le même confort.
06:59Et chauffer plus à un coup, 300 euros par mois pour César.
07:03Rien qu'à Paris, ses logements énergivores représentaient 29% des ventes en 2022.
07:10Donc dans cette pièce, il fait super froid, c'est comme un frigo.
07:14César savait que son appartement était classé F quand il l'a acheté,
07:18sans se rendre compte de ce que ça représentait.
07:21C'est comme avoir la porte ouverte tout simplement, même en hiver.
07:25Il souffre du froid en hiver, comme 26% des Français.
07:29Et ce n'est pas tout.
07:30La mauvaise isolation de son appartement crée aussi des phénomènes d'humidité.
07:34Ok, donc là on a la salle de bain.
07:38Donc c'est une des pièces qui est particulièrement humide.
07:41Exactement.
07:42Ah oui, 77, c'est vraiment élevé.
07:45Pour être confortable dans une pièce, on va essayer de viser entre 40 et 60% d'humidité.
07:49Bon là, après on est dans la salle de bain, donc forcément, c'est aussi la pièce la plus humide.
07:53Mais comme vous n'avez pas vraiment de porte,
07:55c'est vrai que c'est une humidité qui va se propager dans les autres pièces.
07:58L'humidité monte, on est là avec 85%.
08:03Et donc on est en asthmatique, ce n'est pas bien parce qu'il y a la chambre à côté.
08:08Et on a aussi un des humidificateurs.
08:11Plus l'air est humide, plus la sensation de froid est forte.
08:15César Ortega va devoir faire d'importants travaux d'isolation
08:19pour enfin arrêter de chauffer son appartement en vain,
08:22en gaspillant de l'énergie et les ressources de la planète.
08:26On a la chance en France d'avoir un mix électrique qui est pratiquement décarboné,
08:30qui est déjà du nucléaire et des renouvelables, de l'hydraulique, du solaire, de l'éolien maintenant.
08:37Et l'ensemble fait une énergie qui est propre, qui est décarbonée.
08:41Beaucoup de passe-soir thermique, c'est pas le passe-soir thermique.
08:43Pourquoi ? Parce qu'en fait, la chaleur qu'il y a dans le bâtiment
08:46va partir du bâtiment et aller à l'extérieur, donc dans la nature.
08:51Il n'y a pas des barrières pour que l'air chaud reste à l'intérieur de ce bâtiment.
08:56Ça n'a pas de sens de vouloir chauffer en fait.
09:01Près de Valence, dans la Drôme.
09:03Un couple a fait ce constat et a lancé la restauration de sa maison de 95 mètres carrés.
09:09Les travaux d'isolation sont presque terminés.
09:12Et ce jour-là, Dorémy, une entreprise spécialisée dans la rénovation énergétique,
09:16va réaliser un test d'étanchéité.
09:21Il ferme toutes les ouvertures de la maison et envoie de l'air.
09:24S'il y a une fuite, cela veut dire que l'isolation n'est pas encore parfaite.
09:30Ok, c'est parti pour la fuite.
09:35Donc là, on va aller chercher et puis une fois qu'on les aura trouvés,
09:37moi, je les mettrai dans un joli rapport.
09:44J'ai un gros petit courant d'air là.
09:47Si tu mets ta main devant, à 5 centimètres à peu près, tu sens le courant d'air.
09:52Ce nanomètre permet de mesurer la vitesse de l'air et donc la gravité de la fuite.
09:57Là, tu as une fuite majeure.
10:00Là, on a une vitesse d'air qui est vraiment importante.
10:02On a 3 mètres secondes, donc si on ramène ça en kilomètre heure,
10:05ça fait un petit vent digne d'un petit sèche-cheveux.
10:10Une fuite de cette taille engendre une surconsommation énergétique,
10:13précisément ce qu'il faut éviter.
10:15Le risque final, c'est qu'on ait ici de la moisissure
10:18ou de la condensation qui apparaissent sur la paroi et ça, c'est pas acceptable.
10:22Mais bon, l'essentiel, c'est que ça puisse être réparé.
10:25Une fois les travaux finalisés, la maison devrait passer facilement
10:28d'une étiquette G à une étiquette B.
10:30Coût de l'opération, 110 000 euros.
10:33Une somme énorme.
10:34Mais ils seront remboursés d'un quart de leur investissement
10:37par les aides de l'Etat, MaPrimeRénov'.
10:40Et comme nouveau système de chauffage,
10:42ils ont opté pour une pompe à chaleur à 10 000 euros.
10:46Ce ventilateur va aspirer l'air,
10:48va essayer d'en prendre le maximum de calories qu'il peut trouver
10:51avec le système de compresseur et faire réchauffer un fluide
10:56qui va passer par les tuyaux qu'on voit derrière
10:58et qui va rentrer pour aller jusqu'à l'unité intérieure.
11:02Et dans cette unité intérieure, ce fluide qui a été réchauffé
11:06va transférer sa chaleur à l'eau qui va passer ensuite dans les radiateurs.
11:10Un système écologique qui se sert de l'air ambiant
11:13pour produire de la chaleur et qui consomme peu d'électricité.
11:17Emmanuel Macron a annoncé vouloir tripler la production de pompes à chaleur en France
11:21pour atteindre un million d'unités d'ici 2027.
11:25Un remède miracle ? Pas vraiment.
11:28C'est très bien de vouloir mettre des modes de chauffage durables, écologiques.
11:33Par contre, on ne peut pas vouloir changer le mode de chauffage
11:37si avant on ne rénove pas le bâtiment.
11:40C'est comme si on voulait chauffer la fenêtre ouverte.
11:42Il n'est faux de dire que la pompe à chaleur perd de sa performance
11:46si le logement n'est pas au niveau des standards idéaux
11:50avec pour le DPE des catégories B ou C,
11:55on peut quand même avoir des très bons résultats,
11:57je l'ai fait chez moi d'ailleurs,
11:59avec une isolation qui est correcte mais sans être parfaite.
12:04Pour avoir chaud en hiver,
12:067 millions de foyers ont choisi un mode de chauffage millénaire.
12:10Le feu de bois.
12:11Peut-être se disent-ils qu'il n'est pas mauvais pour la planète.
12:15Et pourtant, c'est la première source d'émissions de particules fines en France.
12:21À Burs-sur-Yvette, au sud de Paris.
12:26Antoine et Audrey Cotin,
12:28propriétaires d'une maison de 140 mètres carrés,
12:30vont bientôt pouvoir se chauffer au bois.
12:35Un insert en plus, une porte en moins.
12:37Mince.
12:42Ce jour-là,
12:43une entreprise vient poser un insert dans leur cheminée à foyer ouvert des années 70.
12:49Je ne sais pas si vous l'utilisiez avant, monsieur.
12:51On ne l'a utilisé que 3 fois.
12:53En foyer ouvert, ça ne chauffe pas grand-chose.
12:55Ça rayonne un tout petit peu quand on est là, à peu près.
12:58Et puis, dès qu'on s'éloigne de la pièce, ça ne change rien.
13:00Enfin, ça ne chauffe rien.
13:01C'est ça.
13:02Alors que là, l'insert va réellement produire une chaleur, une énergie.
13:07Directement.
13:08Et le foyer ouvert, c'était un moyen de chauffage il y a de nombreuses années.
13:12Ce n'est plus le cas aujourd'hui du tout.
13:15Et pour cause.
13:17Que pensez-vous d'un trajet de 2000 km à bord d'un vieux taco qui carbure au diesel ?
13:22Eh bien, en termes d'empreintes écologiques,
13:24c'est l'équivalent de 2 heures d'un feu de cheminée à l'ancienne,
13:27d'après le ministère de la Transition écologique.
13:30Et ce n'est pas tout.
13:34On sent que la fumée, elle reste pendant 2-3 jours.
13:37Ça sent encore fort.
13:38Donc c'est vrai que ce n'est pas forcément très agréable.
13:40Et puis, d'inhaler tout ça, j'imagine que ça ne va pas être très très bon.
13:45Audrey ne croit pas si bien dire.
13:47Selon un rapport de Santé publique France,
13:50les particules fines générées causeraient plus de 40 000 décès chaque année.
13:56C'est bon ?
13:57Pas encore.
13:59Tu le vois ou pas, Robert ?
14:02Tu trouves ce qui te gêne ou pas ?
14:03Oui, un peu.
14:06Mais rassurez-vous, il y a du mieux.
14:08Ces émissions de particules fines ont baissé de plus de 34% depuis 2005,
14:13grâce à la diminution de l'usage des cheminées à foyer ouvert
14:16et au remplacement des équipements anciens.
14:18Leur nouvelle cheminée leur aura coûté 7 500 euros
14:21et permettra de chauffer le rez-de-chaussée de leur maison
14:24sans avoir besoin d'y allumer les radiateurs.
14:29C'est très sympa.
14:30C'est très joli.
14:31Ça va bien avec la pierre blanche.
14:34Vous êtes contents ?
14:35Oui.
14:36Et puis c'était rapide, en plus.
14:37Ils ont fait ça vite.
14:38Donc là, en fait, vous allez mettre vos plus grosses bûches en premier.
14:47Remplacer les cheminées à foyer ouvert,
14:49installer des pompes à chaleur, isoler les logements,
14:52l'objectif de l'État est de parvenir à un parc de bâtiment 100% basse consommation
14:56d'ici à 2050.
14:59Pour y arriver, il faudrait rénover plus d'un million de logements par an.
15:03On en est loin.
15:05En 2022, à peine 66 000 rénovations globales ont été menées.
15:10Si vous avez les moyens de faire une rénovation d'ampleur globale,
15:14comme on dit maintenant, allez-y.
15:17Mais si, comme beaucoup de Français, vous avez des problèmes de fin de mois
15:22et que vous vous préoccupez plus de la fin du mois que de la fin du monde,
15:25comme on dit, vous allez être obligés d'arbitrer.
15:28Et les particuliers, ils ont d'autres soucis,
15:32d'élever leurs enfants, de changer la voiture, etc.
15:35C'est aussi ce que des toutes petites aides comme MaPrimeRenerve font,
15:41c'est que les gens vont rénover un tout petit peu leurs logements.
15:44Donc c'est sûr que c'est très bien, mais c'est absolument pas suffisant
15:47et ça ne va pas les aider à vivre correctement et décemment dans ces logements
15:51et ça ne va pas non plus résoudre le problème environnemental et climatique
15:55que ça engendre.
15:58Il y a une dernière solution pour se chauffer vraiment écologiquement,
16:02et en collectivité cette fois-ci.
16:04Les réseaux de chaleur.
16:06Il y en a 800 en France, comme ici à Fresnes.
16:11Cette centrale géothermique est le point de départ de 14 km de canalisation
16:15qui vont chauffer l'équivalent de 10 000 habitations freinoises.
16:19La chaleur est extraite directement du sous-sol
16:21grâce à une extraordinaire nappe d'eau brûlante,
16:24naturellement chauffée par le noyau terrestre.
16:28Vous allez avoir une coupe du bassin parisien.
16:31Et la nappe qui nous intéresse ici, c'est celle en beige,
16:35qui est la nappe du Dogger.
16:37C'est une nappe qui est située à peu près à 2 000 m de profondeur.
16:40Et donc on va forer dans cette nappe du Dogger
16:42qui est globalement entre 60 et 80 degrés,
16:45suivant où on se trouve en Ile-de-France.
16:49Ici, l'eau est récupérée à 73 degrés environ
16:52avant d'aller chauffer 80% des logements collectifs du coin.
16:57Après avoir été utilisée, l'eau est réinjectée dans la nappe,
17:00tout se fait en circuit fermé.
17:04Les canalisations vont transiter sous voirie publique,
17:06donc avec un puits producteur.
17:08On va, via un échangeur à plaques,
17:10récupérer les calories de ce fluide
17:12pour aller alimenter le réseau primaire situé sous voirie,
17:14qui va desservir des locotechniques,
17:16qu'on appelle sous-stations,
17:17pourvues de un ou plusieurs échangeurs
17:19qui vont permettre d'alimenter les résidences.
17:22En se raccordant à un réseau de chaleur,
17:24les ménages peuvent réduire de 51%
17:26leurs émissions de gaz à effet de serre
17:29par rapport à un chauffage au gaz, par exemple.
17:31L'avantage, si eux avaient eu une chaudière gaz,
17:33forcément ils seraient à 100% gaz.
17:35Là, grâce à ce réseau-là, ils sont à 63% d'énergie renouvelable.
17:39Un réseau vertueux, respectueux de la planète,
17:42mais aujourd'hui, seul 5% des logements français y sont raccordés,
17:45faute de recherche de ces fameuses sources d'eau chaude.
17:49A titre de comparaison, au Danemark,
17:51plus de 50% des foyers en bénéficient.
17:53On l'a entendu, Marie Gracia.
17:55Seuls 5% de logements raccordés au réseau de chaleur,
17:58contre la moitié au Danemark.
18:00Faudrait-il pas investir massivement
18:02dans la recherche de ces sources d'eau chaude ?
18:04Effectivement, c'est une des solutions, en fait,
18:06les réseaux de chaleur.
18:08Sur géothermie, comme on l'a vu dans le reportage,
18:10ou sur d'autres sources d'énergie, en fait,
18:12qui vont permettre de produire cette chaleur.
18:14Aujourd'hui, sur les 10 dernières années,
18:16on a énormément augmenté le nombre de réseaux de chaleur en France.
18:19Maintenant, on a augmenté,
18:22Maintenant, il y a différents enjeux.
18:24Il y a, d'une part, couvrir au maximum le territoire,
18:26mais on ne pourra pas avoir un réseau de chaleur
18:28sur chaque point d'approvisionnement
18:30en chauffage nécessaire.
18:32Il y a un enjeu de décarboner,
18:34également, les réseaux de chaleur existants.
18:36Certains sont alimentés par des sources
18:38d'énergie carbonée encore aujourd'hui.
18:40Et puis, il y a accompagner
18:42le raccordement, puisque le coût de raccordement
18:44est plus élevé
18:46que d'autres solutions de chauffage.
18:48Donc, il y a un peu tous ces paramètres
18:50sur lesquels il faut jouer.
18:52C'est une source de chauffage prometteuse,
18:54qui permet aussi, dans certains cas, de produire du froid,
18:56avec des réseaux de froid qui se développent
18:58et qui sont aussi un des enjeux sur l'avenir
19:00pour gérer les canicules
19:02et la chaleur en été sur ces bâtiments.
19:04Pourquoi sommes-nous à ce point en retard
19:06par rapport à un pays comme le Danemark ?
19:08Le géothermie n'est pas forcément possible partout sur le territoire.
19:10Tout à fait.
19:12Il y a toujours un sujet
19:14de regarder le sol.
19:16Est-ce qu'on peut creuser ? Est-ce qu'on peut faire des forages ?
19:18Et puis, après, il y a des choix
19:20qui sont faits stratégiquement au niveau de l'État,
19:22qui est de privilégier certaines sources d'énergie
19:24par rapport à d'autres.
19:26Est-ce qu'on devrait plutôt privilégier
19:28ces sources d'énergie et tendre ?
19:30Il y a certaines collectivités industrielles
19:32qui ont commencé à développer leur propre réseau
19:34de chaleur renouvelable.
19:36C'est ce vers quoi on devrait tendre ?
19:38Pour moi, c'est une des solutions.
19:40C'est-à-dire que, clairement, il faut accélérer,
19:42il faut les développer beaucoup plus qu'aujourd'hui.
19:44Après, je ne sais pas si on atteindra
19:46100 % des bâtiments raccordés
19:48à un réseau de chaleur demain, parce que ce n'est pas forcément
19:50ce qui est idéal au regard de la situation du pays.
19:52Donc, il faut vraiment considérer
19:54l'ensemble des solutions possibles
19:56et aussi l'ensemble des solutions par rapport
19:58aux bâtiments et à ce qu'on va faire dedans.
20:00C'est-à-dire que la source d'énergie
20:02du chauffage, c'est une chose, mais ça se regarde
20:04par rapport à l'existant,
20:06à la performance de l'enveloppe du bâtiment.
20:08On ne chauffe pas de la même façon,
20:10on n'obtiendra pas le même confort, ça n'aura pas le même coût, etc.
20:12On va en parler. En juin dernier,
20:14Bruno Le Maire promettait de réduire
20:16de 10 à 15 % notre facture d'électricité,
20:18mais avec des comptes publics
20:20dans le rouge, Bercy prévoit plutôt
20:22une nouvelle taxe sur l'électricité. Au 1er février prochain,
20:246 à 8 millions
20:26des ménages, qui ne sont pas soumis
20:28aux tarifs réglementaires, verront donc
20:30leur tente d'électricité grimper.
20:32Alors, pour l'alléger un peu,
20:34Raphaël Itier, vous avez une astuce
20:36aussi simple que contre-intuitive,
20:38ouvrir nos fenêtres.
20:40C'est l'heure du climatoscope.
20:44Musique
20:46Pour tout vous dire,
20:48c'est une idée de Charlotte,
20:50qui est en régie, et qui me dit, pour l'émission,
20:52tu pourrais peut-être nous expliquer
20:54pourquoi ouvrir les fenêtres en hiver économise
20:56le chauffage. Alors, sur le coup,
20:58j'étais un petit peu sceptique, parce que je voyais pas bien
21:00comment l'air froid allait chauffer la maison.
21:02Mais bon, je lui ai dit, je vais me renseigner.
21:04Et pour ça, j'appelle
21:06mon neveu, Philemon.
21:08Il est hyper fort en maths, en physique,
21:10c'est un fort en maths.
21:12Et lui, du tac au tac, il me répond,
21:14oui, c'est une question d'humidité.
21:16Une affaire d'humidité. C'est plus facile
21:18de chauffer de l'air sec que de chauffer
21:20de l'air humide. Ah bon ? D'accord.
21:22Mais t'es sûr ? Il me fait un petit
21:24calcul sur son post-it.
21:26Il me sort, il faut trois fois plus d'énergie pour faire monter
21:28un litre d'air humide
21:30d'un degré par rapport
21:32à un litre d'air sec.
21:34Merci Philemon. Il est retourné sur son canapé
21:36faire des équations, parce que c'est son truc.
21:38Moi, je me suis dit, j'ai confiance,
21:40mais il est un peu théorique. Du coup, j'ai quand même
21:42allé vérifier et j'appelle l'ADEME, l'agence
21:44de la transition écologique
21:46et je leur pose le
21:48problème. Effectivement, c'est exact,
21:50ça coûte moins cher de chauffer
21:52de l'air sec, mais en fait, c'est assez
21:54anecdotique sur la facture
21:56de chauffage. Ça compense,
21:58mais ça ne fait pas gagner de l'argent.
22:00En revanche, la présence d'humidité
22:02est importante parce que ça change notre perception
22:04de la chaleur. C'est-à-dire que si
22:06il fait 19 et que c'est très humide,
22:08votre perception à vous est de 17, donc vous allez avoir
22:10tendance à monter le chauffage.
22:12Alors, moi, je me dis,
22:14il fait humide dehors, il fait humide à l'intérieur.
22:16Non, il fait humide à l'intérieur,
22:18majoritairement, parce qu'en fait,
22:20juste à titre d'exemple,
22:22une personne va, en respirant, dégager
22:24un litre d'eau par jour.
22:26Puis alors, il faut rajouter la cuisine,
22:28ce qui bout, la salle de bain, le
22:30linge qui sèche, la machine à laver, tout ça.
22:32Donc l'un dans l'autre, il fait humide
22:34à l'intérieur et plutôt sec à l'extérieur.
22:36Il a tout intérêt à ouvrir,
22:38faire rentrer de l'air frais mais sec
22:40et faire sortir l'air chaud
22:42mais humide. Ça, évidemment, il ne faut pas
22:44le faire pendant des heures, parce que ce qu'il faut faire,
22:46c'est remplacer l'air et certainement pas refroidir
22:48les meubles et les murs
22:50qui, eux, vont être infernales
22:52à réchauffer ce truc-là. Et donc, du coup, il faut
22:54faire ça rapidement et l'ADEME conseille donc
22:56d'aérer 5 à 10 minutes
22:58deux fois par jour, de manière à
23:00se débarrasser de l'humidité et à pouvoir chauffer
23:02tranquillement un air qui sera plus agréable à vivre.
23:04Alors, effectivement, aérer 5 minutes par jour
23:06pour mieux se chauffer, il fallait y penser.
23:08Mais vous l'avez dit, ce sera insuffisant pour
23:10améliorer nos passepoirs énergétiques
23:12et alléger nos factures d'électricité. Les taxes
23:14sur le chauffage vont augmenter de 10%.
23:16Or, investir dans la transition énergétique,
23:18c'est le meilleur moyen quand même d'assurer sa souveraineté
23:20et la stabilité des prix de l'énergie, non ?
23:22C'est certain.
23:24Il y a quand même un enjeu
23:26aujourd'hui, c'est au global,
23:28au regard de notre situation, on doit baisser
23:30nos consommations d'énergie pour être capable d'assurer
23:32l'approvisionnement pour l'ensemble du pays
23:34et l'ensemble des usages.
23:36Et une fois qu'on se dit que la consommation
23:38d'énergie des bâtiments, c'est 45%
23:40de la consommation d'énergie en France,
23:42l'enjeu, il est évident.
23:43Christophe Millet, quelles sont les sources d'énergie thermique
23:45les plus durables, autres que celles
23:47que l'on ne consomme pas ?
23:49Déjà, celles que l'on ne consomme pas, c'est évidemment la première.
23:51Mais, évidemment, après,
23:53maintenant, on entend
23:55beaucoup d'architectes qui commencent
23:57à dire qu'il faut d'abord réchauffer
23:59le corps plutôt que l'espace. Ça, c'est la première chose
24:01à laquelle on doit penser, donc le manteau.
24:03C'est facile à dire comme ça, mais le manteau,
24:05parfois, on l'oubliait, c'est-à-dire à 19 degrés,
24:07c'est intéressant de mettre un pull et un manteau quand on est chez soi
24:09parce qu'on ne s'habille pas, y compris à l'intérieur,
24:11en été comme en hiver.
24:13Ça, c'est la première chose qui me semble extrêmement importante.
24:15Et après, je voudrais revenir à ce que vous disiez...
24:17Donc, de s'habiller chaudement chez soi.
24:19Ça, c'est la première chose. Parce qu'il faut
24:21réapprendre à habiter. C'est un peu dur
24:23de dire ça, mais réapprendre à habiter,
24:25c'est-à-dire réapprendre à avoir une interaction
24:27entre son habitat et soi-même.
24:29L'habitat, c'est une enveloppe
24:31qui nous entoure, mais qui vit en même temps que nous.
24:33Elle vit en fonction de son environnement,
24:35elle vit en fonction des saisons, elle vit en fonction de la matérialité
24:37dans laquelle elle est construite.
24:39Et aujourd'hui, on va dire depuis l'époque
24:41moderne, cette architecture moderne qui a fabriqué
24:43cette machine à habiter, où on a commencé
24:45à considérer l'habitat comme une voiture,
24:47donc quelque chose qui s'entretient par le biais de révisions
24:49de temps en temps, on a perdu cette relation
24:51à l'habitat, là où l'architecture vernaculaire
24:53avait tendance à... Oui, quand on regarde
24:55l'architecture vernaculaire, elle interagit
24:57avec le climat. Les façades nord, il n'y a pas de fenêtres.
24:59Il n'y a pas de fenêtres parce qu'il fait froid.
25:01Les façades sud, au contraire, elles vont être largement
25:03aérées ou largement vitrées
25:05parce que... Ce que vous nous dites, c'est qu'en fait,
25:07on a perdu une forme de bon sens.
25:09On a perdu le bon sens et on a perdu,
25:11par le biais de l'investissement immobilier,
25:13le fait... On a préféré
25:15acheter une maison ou acheter un capital
25:17immobilier qu'on pourrait transmettre à nos enfants
25:19plutôt qu'un habitat dans lequel on se sent bien.
25:21Et là, tout l'enjeu de la rénovation
25:23énergique, c'est de revenir en arrière, c'est d'essayer de
25:25comprendre comment on habite une maison,
25:27comment on habite son logement, comment on habite
25:29son appartement et comment
25:31on interagit effectivement. Les chambres,
25:33on ne les vit pas dans une chambre comme on vit dans un salon.
25:35Oui, mais alors, pour parvenir
25:37à 100% de logements basse consommation
25:39d'ici à 2050, il faudrait
25:41accélérer la cadence par 15.
25:43Le président Macron en a fait
25:45l'une des priorités de son quinquennat, mais pourtant
25:47ça patine. Qu'est-ce qui coince ? Concrètement,
25:49qu'est-ce qui coince ? Ce qui coince, à mon sens,
25:51c'est qu'on n'a pas fixé les bons objectifs.
25:53Quel est l'objectif qu'on se fixe ? Il y a l'objectif
25:55du climat, c'est-à-dire réduire les gaz à émissions
25:57à effet de serre. Ça, c'est
25:59le premier objectif, donc c'est, on va dire, celui
26:01du gouvernement. Et rendre les habitations
26:03habitables. Et il y a rendre les habitations habitables.
26:05La fondation Avey-Pierre parle
26:07de 3,8 millions
26:09de mal logés qui sont victimes du
26:11mal logement. Donc ça,
26:13c'est un enjeu. Et l'autre enjeu, c'est les gaz
26:15à effet de serre. C'est pas la même chose.
26:17Les gaz à effet de serre, c'est pour ça que le reportage
26:19qu'on écoutait tout à l'heure était intéressant parce que c'était pas
26:21des personnes qu'ils opposaient, c'était des personnes qui avaient deux objectifs
26:23différents. La personne,
26:25le monsieur, là, parlait vraiment
26:27de réduction des gaz à effet de serre.
26:29Et elle parlait du confort.
26:31Du confort des habitants. C'est bien deux objectifs
26:33différents puisque l'effet rebond
26:35fait que quand on améliore
26:37l'enveloppe thermique des bâtiments,
26:39on réduit pas la quantité de chauffage à fournir.
26:41Au contraire, on améliore le confort. On l'a vu
26:43sur les études en Allemagne, notamment, où
26:45après 20 ans d'énergie
26:47dépensée à isoler tous les bâtiments...
26:49Il n'y a pas eu de réduction d'énergie, mais il n'y a pas eu
26:51d'augmentation du confort thermique.
26:53Si ce n'est qu'effectivement, l'Allemagne
26:55a pris en 2024 le virage du chauffage vert.
26:57Tout logement neuf doit pouvoir
26:59à 65% se chauffer
27:01à partir d'énergie renouvelable.
27:03Le bâtiment existant aura jusqu'en 2028, je crois,
27:05pour s'adapter. Une adaptation
27:07que le Bouddhenstag a fait
27:09passer en force. Est-ce qu'il faudrait faire la même chose
27:11en France ? En force,
27:13c'est des mots...
27:15C'est ce qui s'est passé concrètement en Allemagne.
27:17En tout cas, l'Allemagne a fait
27:19le diagnostic de
27:21pas des erreurs, mais le diagnostic de toute leur politique
27:23d'isolation qu'ils ont mis en place depuis des années
27:25en se rendant compte que ça ne réduisait pas
27:27les émissions de gaz à effet de serre.
27:29Ça a augmenté le confort. Donc maintenant, ils ont compris
27:31qu'il fallait s'attaquer au deuxième sujet.
27:33Est-ce à dire que nous, on n'a pas fait ce diagnostic-là
27:35aujourd'hui encore ? Non.
27:37Franchement, on n'a encore pas séparé...
27:39Et d'ailleurs, on l'a vu dans votre reportage, c'est-à-dire qu'on n'a pas séparé les deux sujets.
27:41On est encore sur le sujet qu'on confond
27:43et c'est bien deux sujets différents qu'il faut traiter différemment.
27:45Il y a un troisième levier.
27:47C'est peut-être aussi la norme sociale
27:49de la température intérieure d'un logement
27:51parce que celle qu'on pratique aujourd'hui
27:53n'est pas celle qu'on pratiquait avant.
27:55Les recommandations, c'est 19 degrés.
27:57Les recommandations, c'est même la loi,
27:59d'ailleurs, en France.
28:01Mais du coup,
28:03c'est peut-être ça aussi qu'il faut
28:05traiter ou
28:07communiquer sur ce sujet-là.
28:09C'est ce que je disais. C'est le rôle des architectes
28:11notamment quand ils interviennent dans le cadre des rénovations.
28:13C'est bien à la fois de faire
28:15un diagnostic technique qui est nécessaire
28:17mais c'est aussi de
28:19dialoguer avec les utilisateurs,
28:21les habitants, pour leur réapprendre à habiter.
28:23Réapprendre à habiter, c'est extrêmement important
28:25parce que c'est... Je ne pourrais pas donner
28:27un pourcentage d'économie mais la
28:29première des économies, c'est réapprendre à habiter.
28:31C'est-à-dire peut-être limiter le nombre de pièces d'usage
28:33pendant l'hiver parce qu'on ne peut pas toutes les chauffer.
28:35Mais ça, ça existe depuis des centaines d'années, cette façon
28:37d'habiter intelligemment avec le climat
28:39et avec l'environnement. Donc il faut s'inspirer du passé.
28:41MaPrimeRénov', chez MaPrimeRénov',
28:43vous faites de la pédagogie
28:45mais concrètement, en
28:472050, 80
28:49à 90% du
28:51parc de logement devraient être
28:53classés A et B. En 2024,
28:55aujourd'hui, seuls 6%
28:57des habitations répondent
28:59à cette classe énergétique. Concrètement,
29:01concrètement, comment parvenir
29:03à ces objectifs ? Ça semble...
29:05C'est le chantier du siècle. On sait que jusqu'à 2050,
29:07il y aura à peu près 20 millions de logements à rénover.
29:09C'est énorme ! Mais c'est énorme.
29:11Et c'est une politique publique dont
29:13le succès repose sur les gens.
29:15Sur la pédagogie, donc. Exactement,
29:17mais sur les gens, mais aussi leurs contraintes. Et donc, il ne faut pas
29:19essayer de plaquer une solution décidée
29:21d'en haut. Il va falloir faire du sur mesure.
29:23Il va falloir faire avec les gens. Et donc, il va falloir aller
29:25les convaincre de l'importance de rénover leurs logements
29:27pour leur santé, pour la santé
29:29de leur bâtiment, pour la valeur de leur patrimoine.
29:31Il va falloir aussi aller les aider à financer
29:33ces travaux. Et c'est pour ça qu'on a mis en place, avec
29:35Rénov', des financements très importants dans le cadre de
29:37rénovation d'ampleur. Et des financements qui vont
29:39bénéficier à tous. Que vous soyez propriétaire
29:41occupant, bailleur, copropriétaire,
29:43que vous soyez plus modeste ou plus
29:45aisé, mais avec des modularités différentes.
29:47Et puis surtout, il va falloir rassurer.
29:49Parce que pour passer à l'acte,
29:51les ménages, ils ont besoin d'être rassurés, de se dire
29:53que c'est possible, qu'ils ne vont pas se faire arnaquer,
29:55qu'ils ont droit au confort. Et donc, c'est
29:57un vrai travail de temps long. Et donc,
29:59il ne faut pas essayer de se fixer des objectifs inatteignables
30:01en années N plus 1 et
30:03se dire qu'il suffit d'arroser
30:05d'argent cette politique publique, il faut faire avec
30:07les gens. Vous avez fait cette tournée,
30:09justement. Vous avez fait une tournée dans
30:11la France pour sensibiliser à ces
30:13questions-là. Elle s'est terminée il y a
30:15quelques semaines. Quel est le bilan ?
30:17Est-ce que vous avez le sentiment
30:19que vous avez fait bouger les lignes
30:21avec cette tournée ? Peut-être que vous pouvez
30:23nous décrire un petit peu en quoi ça consistait. On a fait
30:25une tournée où on avait deux petites maisonnettes
30:27qui ont fait le tour de France et on installait
30:29la maison sur la place de la ville ou du
30:31village pendant 2-3 jours et on créait
30:33l'événement autour de la rénovation. Et le bilan, il est
30:35excellent parce qu'on va vers les gens.
30:37Et nous, à l'Anna, on est convaincus que si
30:39on veut que cette politique publique réussisse,
30:41il va falloir aller convaincre les gens et y aller
30:43tous ensemble. Le service public, l'État,
30:45les collectivités, les artisans,
30:47les architectes, les financeurs,
30:49on a besoin vraiment de mettre en dynamique
30:51tout l'écosystème pour que, pour le ménage,
30:53ce soit rendu possible.
30:55Il faut changer le paradigme. C'est-à-dire que
30:57ce chantier du siècle, comme vous le dites,
30:59c'est une opportunité. C'est avant tout une opportunité.
31:01C'est un relais de croissance.
31:03C'est un relais pour développer
31:05les filiales, les filiales de matériaux
31:07biosourcés, géosourcés, locaux.
31:09C'est une manière de redynamiser un certain nombre de territoires,
31:11notamment des petites villes qui ont perdu un certain nombre d'habitants.
31:13C'est-à-dire qu'il faut
31:15arrêter de le prendre comme une contrainte,
31:17mais prenons-le comme une opportunité
31:19et un projet du siècle.
31:21Vous parlez du chantier du siècle. Est-ce qu'on a
31:23la main-d'œuvre nécessaire
31:25et les compétences nécessaires aujourd'hui pour
31:27mettre en place et embranler ce chantier
31:29du siècle, concrètement ?
31:31À l'instant T, probablement pas.
31:33Je pense qu'il y a un gros
31:35déficit de main-d'œuvre et de compétences
31:37nécessaires. On parle d'un chantier qui va
31:39durer 30 ans.
31:41Oui, mais il faut le mettre en oeuvre.
31:43Mais à partir du moment où on le traite
31:45comme une opportunité, c'est-à-dire qu'on regarde
31:47cette opportunité qui est
31:49redynamiser nos territoires par le biais de la rénovation
31:51des logements. C'est aussi
31:53recréer des emplois locaux. C'est aussi
31:55redonner envie de retravailler
31:57dans le bâtiment. Là où, parfois, on est
31:59sortis de cette envie de travailler dans le bâtiment
32:01parce que couler du béton, ce n'est pas très drôle.
32:03Mais peut-être que travailler avec des matériaux biosourcés,
32:05avec des matériaux issus de l'agriculture,
32:07c'est intéressant. Et on peut recréer des filières
32:09et une envie ou un désir de revenir
32:11travailler dans le bâtiment parce qu'on peut valoriser
32:13ce travail-là, à mon sens.
32:14Marie Gracia, est-ce que vous pensez que l'effort financier aujourd'hui
32:16de MaPrimeRenov' est suffisant
32:18ou il est inversement proportionné
32:20à l'urgence ?
32:22Je pense que, déjà, il faut partir du fait qu'il a
32:24beaucoup augmenté ces dernières années
32:26et ça, il faut le saluer.
32:28Alors là, on a perdu un milliard, voire deux,
32:30entre 2025 et 2024.
32:32Il passerait de 2,3 milliards
32:34en 2025 contre 4 milliards
32:36en 2024. Ça, ce sont les chiffres officiels.
32:38En fait, il y a beaucoup d'ajustements de budget
32:40au fur et à mesure, donc je ne vais pas aller détailler
32:42épisode par épisode.
32:44Si on perd par rapport
32:46au début de l'année dernière, on gagne par rapport
32:48à il y a deux ans. Donc il faut relativiser.
32:50Par contre, ce qui est important dans les changements qui ont été opérés
32:52et à mon avis, il faut qu'on aille encore
32:54un cran plus loin, c'est comment on oriente
32:56les travaux et le type de travaux qui sont faits
32:58par une aide financière, puisque l'aide financière,
33:00c'est un levier d'orienter les choses.
33:02Donc ce que vous me dites, c'est qu'il faudrait
33:04les flécher différemment, les aides ?
33:06Oui, et renforcer ce qui a commencé à être amorcé,
33:08c'est-à-dire de financer des rénovations globales
33:10qui, elles, vont avoir un vrai impact
33:12sur la consommation, sur le confort,
33:14sur les émissions de gaz à effet de fer
33:16par rapport à ce qu'on appelle les rénovations monogestes,
33:18ou alors s'occuper d'une seule partie.
33:20Le gouvernement Attal s'était engagé à supprimer
33:22le financement des travaux de monogeste,
33:24c'est le cas aujourd'hui ?
33:26Aujourd'hui, ce n'est pas le cas.
33:28Pardon, mais monogeste, ça veut dire
33:30si je change ma fenêtre pour isoler
33:32ma fenêtre et que je ne l'utilise que ça,
33:34je n'ai aucun bénéfice de chauffage ?
33:36Vous en aurez très peu, en fait.
33:38Minime.
33:40Ce sera minime.
33:42Ce sera minime,
33:44alors ça dépend du geste de travaux,
33:46ça dépend comment vous le faites, parce que
33:48la fenêtre, si je la change juste
33:50pour quelque chose d'à peine plus performant,
33:52ce sera minime.
33:54Par contre, il y a un double effet quand on fait ça.
33:56D'une part, l'impact concret
33:58sur vos consommations, le ménage,
34:00il sera très faible et très limité, il n'en verra quasiment
34:02pas le résultat sur sa facture, malgré l'investissement.
34:04C'est très important.
34:06Et d'autre part, on aura beaucoup de mal à faire mieux
34:08sans tout refaire. Je m'explique,
34:10si vous changez votre fenêtre
34:12et que dans cinq ans, vous vous dites
34:14je vais aussi isoler mes murs, parce que
34:16finalement, c'est pas mal, là, on va vous dire
34:18vous n'avez pas prévu de poser en isolant,
34:20donc on va devoir défaire et on va devoir refaire.
34:22C'est-à-dire qu'on finance deux fois,
34:24ça veut dire qu'on a perdu une chance
34:26de faire correctement les choses et du temps.
34:28Et quand on voit
34:30les chiffres que vous évoquiez, quand on voit
34:32le nombre d'années qu'il nous reste pour atteindre
34:34ce nombre de rénovations, l'enjeu maintenant, c'est vraiment
34:36d'orienter vers des rénovations qui vont être correctement
34:38conçues, ça ne veut pas dire qu'on fait tout
34:40forcément à une seule fois, parce que l'investissement
34:42financier est conséquent, mais si on le fait
34:44par étapes, c'est un nombre très limité
34:46d'étapes, deux idéalement,
34:48trois éventuellement, et c'est surtout
34:50des travaux qui ont été réfléchis dès le début
34:52pour être organisés et bien pensés
34:54pour atteindre la performance à l'oeuvre.
34:56Il y a également une autre question, c'est celle de l'échelle.
34:58Aujourd'hui, les rénovations se font à la parcelle.
35:00Ne faudrait-il pas plutôt
35:02travailler à l'échelle d'un quartier,
35:04d'un îlot, d'une communauté,
35:06changer d'échelle, plutôt que de travailler au cas par cas ?
35:08Alors probablement,
35:10mais c'est encore une complexité supplémentaire.
35:12Oui !
35:14Peut-être que j'aurais
35:16complété ce que vous disiez, notamment sur
35:18les rénovations globales. On entend beaucoup,
35:20souvent, très souvent, que la rénovation globale
35:22bloque l'envie de faire une rénovation.
35:24Et en fait, c'est une idée
35:26qui, à mon sens, est assez fausse.
35:28Une rénovation globale, ce n'est pas quelque chose forcément de cher.
35:30Et ce n'est pas forcément une
35:32rénovation globale, comme on l'entend, c'est-à-dire qu'on va refaire toute la maison.
35:34Une rénovation globale, c'est une rénovation
35:36qui, comme j'appellerais, est plutôt intelligente.
35:38Qui réfléchit.
35:40Avec un budget qui est
35:42défini par le maître d'ouvrage, par l'habitant.
35:44Par exemple, je prends le cas des fenêtres
35:46et de l'isolation de la façade nord.
35:48Quand on réfléchit à changer que les fenêtres,
35:50on va dépenser 30 000 euros
35:52pour changer les fenêtres. Parfois, quand on fait
35:54le bon diagnostic, on va plutôt changer que les fenêtres du sud.
35:56Parce que, à un moment donné,
35:58on veut apporter un meilleur rapport solaire.
36:00Et on va isoler la façade nord. Et on n'aura pas empêché
36:02une deuxième rénovation qui viendrait
36:045-10 ans après.
36:06Quand on parle de rénovation globale, on parle surtout de rénovation
36:08dite intelligente.
36:10Répondez-moi sur l'échelle.
36:12Honnêtement, je ne vois pas,
36:14moi, personnellement, en tant qu'architecte,
36:16comment on pourrait travailler à l'échelle globale.
36:18Par contre, ce qu'on peut faire,
36:20c'est intéresser les maires
36:22à se poser la question
36:24de cette rénovation.
36:26Déjà, en initiant par le biais
36:28des bâtiments publics,
36:30d'ouvrir des chantiers sur les bâtiments publics.
36:32Et après, que les maires
36:34puissent faire de la pédagogie eux-mêmes dans leur territoire
36:36avec des acteurs et de l'ingénierie locale.
36:38Parce que, je rappelle que,
36:40en ce qui concerne les architectes, il y a 30 000 architectes sur tous les territoires,
36:42y compris les territoires les plus éloignés.
36:44Et des architectes qui ont une capacité à faire des diagnostics.
36:46Il y en a un certain nombre, à 6 000,
36:48qui sont inscrits sur mon accompagnateur
36:50Renob, donc qui sont en plus...
36:52Est-ce qu'il ne faudrait pas, finalement, qu'il y ait des architectes
36:54mandatés par les maires, justement, auprès des mairies
36:56pour pouvoir accompagner ?
36:58Alors, nous, on a déjà travaillé sur un contrat qui s'appelle,
37:00ou sur un programme, on va dire, qui s'appelle Un maire, Un architecte,
37:02qui va être défendu au salon des maires,
37:04qui vise, justement, à permettre aux maires
37:06à trouver de l'ingénierie,
37:08ou du conseil en ingénierie,
37:10par le biais des architectes, mais par le biais d'autres
37:12personnes qui s'occupent de l'adaptation des territoires
37:14au changement climatique, et créer une relation intime.
37:16Ce n'est pas seulement les architectes, en fait,
37:18qui sont les interlocuteurs de ces questions-là,
37:20j'imagine que l'agence...
37:22En fait, les maires le font. Les collectivités co-financent
37:24France Rénov', où vous avez 600 guichets dans lesquels
37:26vous trouvez des conseillers techniques,
37:28qui vont vous aider à faire les bons travaux,
37:30à construire le plan de financement.
37:32Parlons du dispositif. Les critères d'attribution du plan Rénovation
37:34ne sont pas toujours très lisibles. On l'a beaucoup reproché,
37:36c'était une usine à gaz aux allures
37:38kafkaïennes. Tout était, quand même,
37:40disons-le, fait pour décourager
37:42les demandeurs. Avez-vous simplifié
37:44ce dispositif avec un guichet unique
37:46et une stratégie plus lisible ? Aujourd'hui, vous avez
37:48un guichet unique, c'est France Rénov'. Vous voulez vous entamer
37:50dans un projet de travaux de rénovation, qu'il soit
37:52énergétique ou même d'adaptation à la perte d'autonomie,
37:54vous avez un guichet, c'est France Rénov'. Il y en a 600
37:56dans toute la France, donc vous en avez un proche de chez vous.
37:58Vous avez une aide financière nationale, c'est MaPrimeRénov'.
38:00Elles permettent de financer différents types de situations.
38:02Après, les financements
38:04s'ajustent, mais si vous passez par France Rénov',
38:06vous êtes conseiller et vous avez une aide. Donc on peut
38:08difficilement plus rationaliser. Donc vous avez
38:10simplifié le dispositif ? On a simplifié le dispositif.
38:12Maintenant, on avait besoin de stabilité pour
38:14arrêter de changer les règles du jeu, stabiliser
38:16les financements. Et donc aujourd'hui, c'est
38:18ce qui est acquis, c'est ce que le gouvernement a
38:20annoncé. Et donc maintenant, ce qu'il faut, c'est que tout l'écosystème
38:22travaille ensemble pour que artisans,
38:24collectivités, architectes,
38:26finalement, parlent d'une voie pour le ménage
38:28et faire les rénovations
38:30les plus ambitieuses. Martin Lagann, comment échapper
38:32aux fraudes à la rénovation énergétique ? En
38:342023, la moitié des contrôles ont révélé
38:36des anomalies et les signalements triples.
38:38Il y a un vrai enjeu sur la
38:40fraude et il y a deux réponses.
38:42D'abord, bien prévenir les ménages.
38:44Rénover son logement, c'est important, mais il faut être vigilant
38:46parce qu'il y a des acteurs
38:48malveillants et donc rappeler que l'État
38:50ne démarche jamais, qu'il
38:52faut prendre son temps. Un projet de
38:54rénovation, c'est quelque chose d'important, donc on fait
38:56établir plusieurs devis, on prend le temps de les comparer,
38:58on ne se précipite pas. Et puis
39:00après, il y a ce que met en place l'État.
39:02L'État lutte contre la fraude, fait des contrôles,
39:04renforce ses contrôles.
39:06On a tous été victimes
39:08d'un appel. Bien sûr, le démarchage téléphonique
39:10en matière de rénovation énergétique est interdit.
39:12On continue, donc si quelqu'un vous appelle
39:14en vous disant, je vous appelle de la part de l'ANA,
39:16soyez méfiant, ce n'est pas possible. Moi, j'en reçois régulièrement.
39:18Exactement. Et donc,
39:20signalez-le à la DGCCRF
39:22et donc la répression des fraudes qui, évidemment,
39:24met en place tous les contrôles. Donc, l'État renforce
39:26ses contrôles, demande davantage de pièces
39:28justificatives, et donc
39:30les contrôles portent leurs fruits, puisque
39:32on arrive à sécuriser comme ça
39:34le parcours des ménages. Et donc, la seule bonne
39:36réponse pour les ménages, c'est de passer par France Rénov',
39:38comme ça, vous évitez les arnaques.
39:40La ministre de la Transition, Agnès Sapanie-Renacher,
39:42avait menacé de démissionner s'il ne
39:44prenait pas un budget à la hauteur
39:46de l'urgence. Elle est finalement restée,
39:48tout en prenant acte des baisses
39:50des crédits de son ministère. N'est-on pas quand même
39:52en train de sacrifier la transition sur le tel
39:54de l'austérité, sachant qu'un euro
39:56investi, c'est huit euros
39:58de dégâts à éviter ? Ce n'est pas moi qui le dis,
40:00c'est votre ministre ?
40:02Il y a un euro distribué
40:04par ma prime Rénov', ça génère trois euros de travaux.
40:06Donc, c'est très bon pour l'économie locale,
40:08on en parlait, c'est des perspectives
40:10d'emploi. Et ce qu'il faut aujourd'hui,
40:12c'est de la stabilité dans les règles
40:14et dans les financements. Il faut aussi
40:16un budget qui soit adapté à ce que les entreprises,
40:18le tissu économique, est en capacité
40:20d'absorber. Ça ne sert à rien
40:22de promettre des budgets
40:24si derrière, on n'a pas la main-d'oeuvre, on n'a pas les entreprises.
40:26Donc, c'est plutôt une trajectoire crédible.
40:28Si on n'a pas la main-d'oeuvre et les entreprises,
40:30est-ce qu'il faudrait renforcer la formation ?
40:32C'est ce qui est fait, mais ça prend du temps.
40:34Et donc, c'est une politique publique qui a besoin de s'inscrire dans le temps long,
40:36que ce soit pour les règles, pour les financements,
40:38pour les filières.
40:40Vous avez aujourd'hui 250 000 emplois
40:42à pourvoir d'ici 2030 dans les métiers de la rénovation
40:44et donc, c'est un message qu'il faut porter aussi
40:46aux jeunes, à ceux qui veulent se réinsérer
40:48dans ces métiers-là. C'est des métiers qui ont
40:50beaucoup de sens, où vous aidez les gens à vivre
40:52mieux chez eux, où vous luttez contre le réchauffement
40:54climatique. Et donc, il y a un effort de formation
40:56pour les pros, pour tout le monde
40:58à mettre en oeuvre. Un parc de logement
41:00peu énergivore, bien évidemment, ça va dans le sens de l'histoire,
41:02mais un tiers des propriétaires ne payent pas
41:04l'impôt sur le revenu. Donc, ils n'ont pas les moyens
41:06de rénover. Comment résoudre cette équation,
41:08Martin Laganne ? Aujourd'hui, la prime rénov'
41:10est calculée en fonction de vos moyens.
41:12Pour aider davantage
41:14ceux qui en ont le plus besoin. Donc, aujourd'hui, un ménage
41:16qui a des revenus modestes ou très modestes,
41:18donc les 40% de la population dont vous parlez,
41:20ils peuvent financer la rénovation jusqu'à 90%
41:22ou 70%.
41:24Donc, l'État prend en charge
41:2670% ou 90% de la facture
41:28des travaux. Donc, c'est considérable.
41:30On peut se comparer au Danemark, à l'Allemagne.
41:32On peut aussi regarder ce qu'on fait en France.
41:34On est l'un des rares pays à avoir une agence dédiée
41:36aux parcs privés. On a un service public
41:38de la rénovation qui est financé par les collectivités
41:40par l'État. On a mis en place une politique publique
41:42qui est particulièrement ambitieuse et qui a
41:44besoin maintenant de temps pour se déployer, pour porter ses effets.
41:46Mais la France a une chance,
41:48quelque part, dans cette politique publique.
41:50Si ce n'est qu'ils s'y emplaident pour une obligation
41:52à rénover, parce que ça ne va pas assez vite.
41:54Oui, parce qu'il faut être
41:56avec à la fois des outils incitatifs,
41:58et il y a des aides qui sont là pour aider
42:00et convaincre les ménages à rénover. Et puis, il faut aussi
42:02du coercitif pour accélérer
42:04et ne pas juste attendre
42:06que les gens le fassent de leur plein gré.
42:08L'équilibre entre les deux est important.
42:10Il faut que les bâtiments publics aussi suivent.
42:12Parce que les bâtiments publics, eux, sont pas exactement
42:14aux normes qu'on cherche
42:16à mettre en place pour le parc privé.
42:18Les édifices publics, on estime par exemple à 60,
42:20à 70% des collèges qui sont à rénover.
42:22Il y fait trop froid en hiver,
42:24trop chaud en été.
42:26C'est un vrai enjeu. D'une part, il faut rappeler
42:28que le patrimoine public
42:30et notamment l'État, est censé être exemplaire
42:32sur son propre parc depuis pas mal
42:34d'années, depuis le Grenelle de l'Environnement.
42:36Est-ce que...
42:38C'est pas certain qu'on y soit encore.
42:40Il y a des choses qui sont engagées.
42:42Il y a aussi pas mal d'efforts pour accompagner
42:44les collectivités dans la rénovation
42:46de leur propre parc, notamment des écoles, des collèges,
42:48des lycées, où il y a
42:50de plus en plus d'accompagnement.
42:52Après, effectivement, il y a encore un gros chemin
42:54à franchir et surtout, vous souleviez un point
42:56qui est essentiel. On a beaucoup parlé
42:58chauffage depuis le début de cette émission
43:00et donc de ce qu'on appelle
43:02le confort d'hiver et comment on arrive
43:04à se chauffer et à être bien chez soi.
43:06Il y a aussi un sujet primordial d'adaptation
43:08qui est le sujet du confort d'été.
43:10Les logements qui sont
43:12des passoires énergétiques
43:14qu'on n'arrive pas à chauffer,
43:16l'été, c'est une bouilloire et c'est invivable.
43:18Là aussi, il y a un gros enjeu
43:20de se dire
43:22faisons les bonnes actions et pour le coup,
43:24sur le confort d'été, il y a des actions
43:26assez simples à mettre en oeuvre
43:28qui permettent vraiment d'améliorer
43:30le confort de ses bâtiments. Par exemple,
43:32des protections solaires extérieures,
43:34un bris soleil, des volets
43:36que vous allez pouvoir fermer,
43:38des persiennes éventuellement, comme ça vous y voyez encore.
43:40Tout ça, c'est des choses...
43:42C'est une des solutions
43:44qui est effectivement en train d'être expérimentée
43:46et ces choses-là,
43:48elles permettent de gagner significativement
43:50quelques degrés qui vont faire que
43:52oui, il fera chaud, mais ce sera supportable.
43:54Christophe Millet ?
43:56Sur l'État, notamment les écoles,
43:58il y a un programme qui existe qui s'appelle
44:00Actez, qui est un programme qui est en cours
44:02avec une agence qui s'appelle Actez
44:04qui aide les collectivités territoriales
44:06à financer notamment l'ingénierie
44:08en amont pour lancer ces programmes
44:10de rénovation d'écoles.
44:12Je crois que l'État a pris conscience
44:14et est en train déjà de lancer son programme
44:16de rénovation d'écoles sur plusieurs années
44:18et c'est plutôt inspirant
44:20et c'est plutôt remarquable comme démarche.
44:22C'est quelque chose que nous, on salue
44:24en amont, ce qu'on n'a pas notamment dans la question du logement.
44:26C'est-à-dire que la question du logement, toute l'ingénierie en amont
44:28et l'ingénierie même de maîtrise d'œuvres,
44:30n'est pas financée par les aides.
44:32Ce qui fait que la démarche initiale de dire
44:34quand je veux me lancer dans une rénovation,
44:36je ne sais pas par où commencer,
44:38mais ça peut être pour le confort d'été comme pour le confort d'hiver,
44:40je ne sais pas par où commencer.
44:42La première démarche, de prendre un maître d'œuvre,
44:44un architecte ou un ingénieur,
44:46ça n'est pas financé par les aides.
44:48Du coup, on n'arrive pas à mettre le pied
44:50à l'étrier à un certain nombre de personnes
44:52parce qu'il faut déjà avoir dépensé un peu.
44:54Ou autrement, on passe par une entreprise directement
44:56et on retombe dans l'arnaque possible,
44:58c'est-à-dire on vient avec quelqu'un qui n'est pas tiers de confiance,
45:00qui ne travaille pas exclusivement pour son maître d'œuvrage
45:02et par nature,
45:04qui pourrait, même si...
45:06La plupart sont des gens honnêtes,
45:08il n'y a pas que des escrocs dans le bâtiment, heureusement.
45:12Mais du coup,
45:14on peut perdre la confiance envers l'entreprise
45:16parce que s'il y a un dialogue qu'on ne comprend pas,
45:18notamment sur l'apport technique de l'entreprise,
45:20on peut perdre confiance en l'entreprise
45:22et donc on ne peut pas se lancer dans les R&D.
45:24Le conseil, il est financé, c'est France Renov'
45:26et le conseil, il est gratuit pour le ménage.
45:28Ce n'est pas un architecte,
45:30mais quand vous voulez débuter votre projet
45:32et que vous ne savez pas par où commencer et que vous avez peur de vous faire arnaquer,
45:34allez voir France Renov' et c'est financé,
45:36le conseil est neutre et il est gratuit.
45:38N'en déplaise à l'auteur des trois petits cochons,
45:40aujourd'hui, il vaut mieux privilégier
45:42la paille, le bois,
45:44la terre ou la pierre que le béton,
45:46l'acier ou l'aluminium pour limiter
45:48l'impact carbone d'une construction ou d'une rénovation.
45:50On peut aussi préférer faire du neuf avec du vieux
45:52ou miser sur des techniques simples
45:54et vieilles comme Le Monde pour avoir une maison bas carbone
45:56car l'architecture
45:58peut aussi répondre à la crise climatique
46:00et surtout en atténuer
46:02les effets. Le Monde de demain, c'est un sujet
46:04d'Emma Guizot et Ibar Ahibar.
46:14Abiras, en Dordogne.
46:16Il existe une maison
46:18qui n'a pas de chauffage.
46:20Elle est à moitié enterrée d'un côté
46:22et de l'autre,
46:24longée par une serre inclinée vers le soleil
46:26qui capte sa chaleur.
46:28Pauline vit ici depuis 7 ans
46:30avec son compagnon et sa fille.
46:32Dès qu'il y a un rayon de soleil,
46:34comme vous le sentez,
46:36ça chauffe très vite.
46:38Là, on va ouvrir les portes
46:40ici pour
46:42pouvoir faire
46:44rentrer la chaleur dans les pièces.
46:46Ce système
46:48permet de conserver une température
46:50entre 18 et 22 degrés
46:52à l'intérieur de la maison
46:54sans utiliser aucune énergie polluante
46:56et toute l'année.
46:58Car ici, même si les températures sont
47:00parfois négatives en hiver,
47:02rares sont les semaines sans soleil.
47:04De quoi favoriser la croissance des plantes
47:06de la serre
47:08où on retrouve piments, fruits de la passion
47:10et tomates.
47:12Une mini forêt tropicale qui a son petit bémol.
47:14Elle dégage de l'humidité.
47:18Pour que l'air reste sain,
47:20Pauline aère la serre en ouvrant les trappes du toit
47:22plusieurs heures tous les jours.
47:24Les premières années,
47:26on avait beaucoup de mal à aérer
47:28parce qu'on avait peur, comme on n'a pas de chauffage,
47:30si on aère trop, on va avoir froid.
47:32Donc on n'osait pas trop aérer.
47:34On s'est rendu compte que notre confort
47:36était mieux si on aérait plus.
47:38Ce qui crée la sensation désagréable de froid,
47:40c'est pas tant la température,
47:42mais c'est surtout l'humidité.
47:44L'autre secret de cette maison de 150m2,
47:46c'est que de l'autre côté,
47:48elle est parfaitement isolée.
47:50Et le tout, c'est pas juste de créer de la chaleur,
47:52c'est de pouvoir l'emmagasiner.
47:54Parce que sinon, le soir, la nuit, on a quand même froid.
47:56Donc pour pouvoir rester au chaud tout l'hiver
47:58et toute la journée, 24h24,
48:00on a tout un mur,
48:02tout le mur de fond de la maison,
48:04c'est un mur de pneus.
48:06800 pneus ont été remplis de terre
48:08et entassés les uns sur les autres.
48:10Leur masse thermique permet d'emmagasiner
48:12la chaleur et de la restituer
48:14dans toutes les pièces.
48:16Évidemment, des pneus recyclés,
48:18parce que l'idée, c'est de construire
48:20avec des déchets aussi.
48:22Donc on a aussi des canettes et des bouteilles en verre.
48:24Pour faire construire sa maison,
48:26Pauline s'est inspirée d'un architecte américain.
48:28Là, il y a les photos du chantier.
48:30Donc on voit le début du mur de pneus.
48:36Tous les pneus qu'on a dû récolter.
48:40Ça, c'est Michael Reynolds.
48:42C'est celui qui a inventé le Earthship.
48:44Le Earthship, un vaisseau terrestre
48:46en bon français, c'est une habitation écologique.
48:48Le concept date des années 70.
48:50Environ 1000 maisons
48:52comme celle-ci ont été construites
48:54aux Etats-Unis et en Europe.
48:56Mais en France, il reste peu connu.
48:58L'inventeur est donc venu spécialement
49:00de Californie pour superviser le chantier
49:02en 2017.
49:04Pour les travaux et le terrain de 6000 m2,
49:06Pauline a déboursé 290 000 euros.
49:08Mais depuis,
49:10elle économise énormément sur le chauffage
49:12et surtout,
49:14elle respecte son environnement.
49:16C'est pas tant de se dire
49:18est-ce que c'est l'habitat du futur ?
49:20Est-ce que tout le monde doit construire des Earthship ?
49:22Non, c'est plutôt de se dire
49:24qu'il y a plein de principes qui marchent
49:26et on arrive à avoir un confort
49:28avec la nature et avec ce qu'elle nous offre.
49:30Et c'est à nous de nous adapter
49:32aux ressources et pas l'inverse.
49:34La maison passive
49:36et autonome en énergie,
49:38c'est l'avenir de l'homme ?
49:40Oui, probablement.
49:42Passive, alors, sans chauffage
49:44ou sans énergie, pas sûr.
49:46Parce que je l'aurais dit,
49:48il y a bien deux sujets.
49:50On pourrait utiliser de l'énergie
49:52à condition qu'elle ne mette pas de gaz à effet de serre
49:54ou qu'elle ne pollue pas dans tous les cas.
49:56Aujourd'hui, on a un certain nombre
49:58de maisons qui fonctionnent.
50:00Mais attention à l'étalement urbain,
50:02attention à cet exemple-là,
50:04qui est très vertueux dans son unité.
50:06Mais si on avait
50:0865 millions de Français qui habitaient
50:10chacun dans une maison...
50:12Est-ce que c'est plus cher à construire ce genre de maison ?
50:14C'est plus cher, bien sûr.
50:16Celle-ci est très qualitative.
50:18Vous avez choisi un très bel exemple
50:20de maison avec des belles fenêtres en bois.
50:22Donc oui, c'est forcément un peu plus cher.
50:24Quand on sort des standards de constructeurs
50:26de maisons individuelles qui viennent
50:28avec des maisons déjà prédessinées, préconçues,
50:30c'est plus cher.
50:32Peut-on rendre un bâtiment passif ?
50:34Déjà existant ?
50:36Oui, en rénovation, oui.
50:38Tous les édifices sont convertibles ?
50:40Tous, je ne sais pas.
50:42Quand on est dével,
50:44c'est difficile d'évoluer.
50:46Non, ce n'est pas...
50:48En fait, un bâtiment existant,
50:50on peut l'amener très loin en termes de performance.
50:52On ne pourra pas tous les amener
50:54à un niveau passif ou même basse consommation.
50:56L'objectif, un petit peu,
50:58c'est de se dire qu'il y a un objectif en moyenne
51:00à atteindre, vous l'avez évoqué,
51:02qui est un niveau basse consommation.
51:04Ca veut dire qu'on aura des bâtiments
51:06qui iront plus loin, jusqu'à un niveau passif
51:08ou qui compenseront l'énergie qui reste
51:10par une production locale d'énergie renouvelable
51:12et d'autres qui iront un peu en dessous.
51:14Vous évoquiez le château médiéval
51:16existant.
51:18C'est sûr que c'est plus complexe.
51:20Par contre, même sur des projets de ce type-là,
51:22sur des bâtiments avec des caractéristiques
51:24patrimoniales fortes,
51:26c'est une grosse partie du patrimoine bâti en France,
51:28on sait faire des choses et on sait agir.
51:30On a des solutions techniques qui existent.
51:32Ca demande un peu plus d'argent,
51:34c'est sûr. C'est le nerf de la guerre
51:36et aujourd'hui, il n'y a pas encore de financement
51:38dédié pour abonder sur ce type de projet.
51:40C'est sûrement un sujet.
51:42Est-ce qu'il faudrait, comme Yannick Jadot le propose,
51:44faire un ISF climatique ?
51:46C'est une piste.
51:48En tout cas, ce qui est sûr, c'est que cette transition
51:50ne va pas se faire sans argent.
51:52Les solutions techniques, on les a à peu près toutes sur la table.
51:54On sait rénover, on sait le faire
51:56correctement, on sait le faire avec les bonnes méthodes,
51:58on sait installer les bonnes solutions.
52:00On a des professionnels qui savent faire, il en faut plus.
52:02Par contre, il y a un sujet de passage
52:04à l'échelle et ça, ça passera par des moyens
52:06supplémentaires, des moyens publics
52:08pour aider ceux qui ne peuvent pas le faire, mais aussi
52:10des moyens privés où il faut flécher l'argent
52:12vers ces projets de rénovation.
52:14L'argent, c'est le nerf de la guerre.
52:16Une chose est sûre, en tout cas, le passé
52:18est un bon indicateur de la vie, mais parfois,
52:20c'est un contre-exemple, comme chaque mois,
52:22le NPD est allé fouiller dans les archives de l'INA
52:24et nous a exhumé ceci,
52:26hier encore, c'est notre coup d'œil dans le rétro
52:28et c'est maintenant.
52:36Les charbonnages de France, toujours
52:38soucieux de notre bien-être, ont pensé en créant
52:40ce distributeur automatique aux ménages
52:42qui n'ont pas de caves pour entreposer
52:44une provision de charbon.
52:46À ceux pour qui il est plus facile de trouver chaque jour
52:48deux pièces de un nouveau franc,
52:50lesquelles l'appareil rend encore la monnaie,
52:52que plusieurs milliers de francs
52:54à ceux qui se sont laissés prendre
52:56eau dépourvue par le froid,
52:58à ceux qui préfèrent
53:00éviter le transvasement du contenu
53:02d'un seau de charbon
53:04dans l'appareil de chauffage.
53:12Pour tout cela,
53:14cet appareil qui vous délivre
53:167,5 kg de boulet dans un sac
53:18bien étudié et propre
53:20que vous transporterez facilement.
53:22À Meudon-en-Seine-et-Oise,
53:24les habitants sont déjà conquits.
53:26Vous connaissiez ce distributeur
53:28de charbon ?
53:30Vous avez l'air intérêts les uns les autres.
53:32On essaie toujours de voir
53:34quelque chose de positif.
53:36Ce qui est intéressant dans cet exemple,
53:38c'est qu'on voit l'énergie.
53:40Aujourd'hui, l'énergie, on ne la voit plus
53:42parce qu'on est sur un bouton
53:44et on ne connaît que la facture.
53:46Si on voulait trouver quelque chose de bien
53:48dans cet exemple, c'est qu'on voit
53:50à quoi ressemble l'énergie.
53:52Le fait d'aller la chercher,
53:54l'emmener chez soi et de l'économiser
53:56parce qu'on n'a pas envie d'aller chercher
53:58un deuxième sac quelques jours après
54:00montre que cette énergie est déjà précieuse.
54:02Il faudrait revenir à ce qu'on...
54:04d'aller chercher notre énergie
54:06sans que ce ne soit pas du charbon.
54:10Faire comprendre que l'énergie,
54:12c'est quelque chose.
54:14C'est vraiment une facture.
54:16Derrière l'énergie, il y a plein de choses,
54:18notamment parfois du charbon,
54:20parfois de l'énergie hydroélectrique,
54:22parfois du solaire, parfois du nucléaire.
54:24Derrière l'énergie, il y a de la matière
54:26et ça, parfois, on l'oublie beaucoup.
54:28J'aimerais conclure cette émission
54:30avec celle que le monde nous envie,
54:32la très talentueuse Camille Etienne,
54:34notre écoactiviste préférée,
54:36a beaucoup de choses à vous dire.
54:38C'est l'heure de sa carte verte.
54:40...
54:42Pour cette carte verte,
54:44c'était impossible pour moi de me tenir
54:46à la règle et de vous parler
54:48du sujet de l'émission.
54:50Plutôt, laissez-moi faire cette entorse
54:52et vous parler de l'impact de l'élection
54:54de Trump sur l'environnement.
54:56Il faut comprendre que l'élection
54:58de Trump à la tête des Etats-Unis,
55:00ça va bouleverser complètement
55:02le niveau d'urgence climatique
55:04dans lequel on va tous être projetés
55:06collectivement.
55:08Il y a une étude de Carbon Brief
55:10qui dit qu'il y a un CO2 en plus
55:12dans l'atmosphère d'ici 2030.
55:144 milliards de tonnes.
55:16Trump au pouvoir, c'est évidemment
55:18un climato-scepticisme d'Etat.
55:20Il est connu pour ça, pour confondre
55:22notamment la météo et le climat.
55:24Lors de ses meetings, il dit très souvent
55:26« Il fait froid, on aurait bien besoin
55:28d'un petit peu de réchauffement climatique ».
55:30Ou encore, sur la plateforme X,
55:32il adore dire que le dérèglement climatique
55:34a été inventé par les Chinois
55:36pour ralentir l'industrie américaine.
55:38Il faut bien réaliser que l'écologie,
55:40ce n'est pas juste un impensé
55:42du programme des Républicains.
55:44On ne parle pas du tout d'inaction climatique,
55:46plutôt d'une action délibérée
55:48dans laquelle on vient de basculer
55:50pendant 5 ans encore supplémentaires.
55:52Une action délibérée pour maintenir au pouvoir
55:54les industries fossiles et les institutions financières.
55:56D'ailleurs, l'amour de Donald Trump
55:58pour les énergies fossiles, il ne s'en est jamais caché.
56:00Il y avait cette fameuse phrase où il disait
56:02« Let's drill, baby, drill ».
56:04On va forer, bébé, forer.
56:06Le discours de victoire qu'il a fait
56:08il y a quelques jours, il a bien rappelé
56:10qu'on avait aux Etats-Unis
56:12assis sur de l'or noir et qu'il comptait bien
56:14en faire une priorité pour le pays.
56:16Les résultats de cette élection, c'est avant tout
56:18une très mauvaise nouvelle pour les Américains
56:20et les Américaines qui risquent
56:22de voir leurs droits et leurs libertés reculés.
56:24Par exemple, les femmes,
56:26en ce qui concerne le droit à l'avortement.
56:28C'est aussi une très mauvaise nouvelle pour nous tous
56:30parce que les Etats-Unis sont
56:32le plus gros pays historiquement responsable
56:34en termes des émissions de gaz à effet de serre.
56:36C'est aujourd'hui le deuxième plus gros émetteur.
56:38Ce qui se passe là-bas en termes de politique
56:40environnementale a un impact partout
56:42à travers le monde.
56:44Un impact partout, y compris sur la rénovation
56:46énergétique en France, les uns les autres ?
56:48Je ne sais pas si
56:50les élections américaines auront
56:52un impact direct sur ma prime rénov'
56:54et la façon de rénover en France.
56:56Par contre, ce qui est sûr, c'est qu'il y a un enjeu
56:58de mobilisation énorme.
57:00On a parlé des chiffres,
57:02de ce qu'il nous reste à faire en très peu de temps.
57:04C'est encore l'année la plus chaude de tous les temps.
57:06Donc on n'a plus le temps
57:08de tergiverser.
57:10Et pour le coup, s'il y a quelque chose
57:12qui est largement partagé sur la rénovation énergétique,
57:14c'est que ça coche un petit peu toutes les cases.
57:16C'est bien pour les ménages, ça leur permet de sortir
57:18de la précarité énergétique,
57:20de vivre dignement chez eux. C'est bien pour l'économie,
57:22pour les artisans, c'est une activité économique
57:24non délocalisable.
57:26Et c'est bien pour le climat, bien entendu.
57:28L'impact de l'ensemble
57:30des pays sur
57:32la France est essentiel,
57:34puisque le trait de côte, par exemple,
57:36c'est l'augmentation du niveau de la mer.
57:38Le CRMA dit, d'ici à 2100,
57:40c'est 300 000 à 450 000 logements qui vont
57:42disparaître et qui seront sous l'eau.
57:44C'est-à-dire que chaque pays émetteur de gaz
57:46et effet de serre fait monter le niveau de la mer
57:48et donc a un impact directement sur l'utilisage français.
57:50Pour résumer, peut-être une phrase que j'ai lue
57:52il n'y a pas très longtemps, c'est que le combat
57:54contre le dérèglement climatique sera gagné
57:56le jour où les Américains s'y mettront.
57:58Je préfère conclure sur une note positive.
58:00Toutes les enquêtes d'opinion
58:02montrent que les Français veulent rénover.
58:04Maintenant, il faut les accompagner,
58:06leur mettre à disposition du Conseil,
58:08des financements, des artisans formés.
58:10Il y a toute une filière à structurer.
58:12En tout cas, les Français veulent y aller.
58:14C'est un bon signal qu'eux envoient au monde.
58:16Allons-y, c'est l'heure de se quitter.
58:18Sur ces bonnes paroles, il faut y aller.
58:20On se quitte pour mieux se retrouver.
58:22A très bientôt sur LCP Evidemment.

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