L’Agence spatiale européenne et Axiom Space viennent de conclure un nouveau protocole d’accord. L’objectif ? Viser un partenariat à long terme dans les domaines des vols spatiaux habités, de la science, de la technologie et de la commercialisation. Une collaboration qui en dit long sur l’Europe et sa souveraineté en matière d’exploration humaine. Pour en parler, François Leproux, ingénieur en mécanismes spatiaux et auteur a répondu à notre call actu.
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00:00 Lancement réussi pour la fusée espagnole Miura One, la première fusée privée européenne
00:10 à décoller.
00:11 Le lanceur de 2,5 tonnes a décollé samedi 7 octobre à 2h19 du matin depuis une base
00:17 militaire de la province de Huelva en Andalousie.
00:20 Le lanceur a atteint tous les objectifs techniques, affirme l'entreprise dans un communiqué.
00:25 La fusée de 12 mètres de hauteur s'est élevée jusqu'à 46 km au-dessus du golfe de Cadix,
00:31 suffisamment haut pour s'éloigner de l'atmosphère mais pas assez pour se mettre en orbite autour
00:35 de la Terre.
00:36 Son vol aura duré environ 5 minutes et comme prévu, la fusée a fini sa course dans l'océan
00:41 atlantique où elle devrait être prochainement repêchée par une équipe de PLD Space à
00:47 l'origine de cette réussite technologique.
00:50 Autre actualité, Airbus et Safran veulent plus d'argent public pour exploiter Ariane
00:56 6.
00:57 Selon le journal La Tribune, Ariane Group négocie avec les Etats membres de l'agence
01:01 spatiale européenne une très nette réévaluation du soutien financier à l'exploitation d'Ariane
01:07 6 en raison des conséquences de l'inflation.
01:10 Toujours selon La Tribune, l'industriel demanderait à l'ESA un total de 350 millions d'euros
01:16 par an.
01:17 Cette somme correspondrait à une hausse de 150% par rapport au financement actuel.
01:22 Pas d'indice pour leur supplémentaire sur la réussite au nom de ces négociations.
01:28 Pour rappel, le coût total d'Ariane 6 est estimé à environ 4 milliards d'euros.
01:33 Le lanceur ne devrait pas décoller avant fin 2024, bien loin du tout premier objectif
01:38 de lancement fixé à l'époque, à juillet 2020.
01:40 On continue avec Amazon qui lance ses deux premiers satellites.
01:45 Pour sa future constellation, Kuiper, le lancement a eu lieu samedi dernier.
01:50 Confiée à une fusée Atlas V de United Launch Alliance, les satellites ont rejoint l'orbite
01:55 basse à 500 km.
01:57 Il ne s'agit pour l'instant que de prototypes destinés à tester les différentes technologies
02:02 en conditions réelles.
02:04 A l'issue de cette expérience, Kuiper Sat-1 et Kuiper Sat-2 seront désorbités pour finalement
02:10 se désintégrer dans l'atmosphère.
02:12 Enfin, dernière actualité, retour en Europe.
02:16 L'agence spatiale européenne et l'entreprise américaine Axiom Space signent un protocole
02:22 d'accord sur les opportunités de collaboration dans le domaine des vols spatiaux habités
02:26 mais aussi de la science, de la technologie et de la commercialisation.
02:30 Ce n'est pas la première fois que les deux acteurs s'accordent, mais cette fois ce sont
02:34 sur des perspectives de partenariats au long terme dans un avenir où l'Europe n'entrevoit
02:39 pas beaucoup de moyens souverains d'accès à l'espace.
02:42 Pour en parler, on a décidé d'appeler François Leproux, ingénieur en mécanismes
02:46 spatiaux et auteur.
02:48 Bonjour François Leproux, bienvenue dans Smart Space et merci d'avoir répondu au
02:52 call actu.
02:53 Que dit cet accord précisément ?
02:55 Bonjour, alors rappelons tout d'abord que dans ce projet d'Axiom, on va prendre la
03:01 relève des états pour assurer l'exploitation de la science spatiale internationale.
03:05 D'abord en attachant ces premiers modules, puis une fois que l'ISS sera mise hors service
03:10 dans les années 2030, en détachant ces modules et en fonctionnant de manière indépendante.
03:15 De manière globale, cet accord permet à l'Europe d'assurer une place à bord de
03:20 la station pour ses propres astronautes.
03:22 En plus de soutenir les missions nationales des états membres de l'ESA, comme la Pologne,
03:26 la Hongrie ou la Suède, ce qu'Axiom fait déjà, l'ESA et Axiom vont accélérer la
03:31 possibilité de missions institutionnelles qui pourra donner aux astronautes de l'ESA
03:34 un meilleur accès à la station spatiale internationale.
03:37 Qu'est-ce que ça dit la position de l'Europe, cet accord ?
03:40 Alors ça signifie deux choses.
03:43 D'une part, l'Europe a les yeux rivés vers l'orbite basse et les nouvelles possibilités
03:47 offertes par la commercialisation de cette orbite.
03:49 L'Évie, la Suède, la Pologne et la Hongrie ont déjà signé des accords avec Axiom pour
03:53 envoyer dans l'espace des astronautes choisis de leur pays respectif, indépendamment de
03:58 l'ESA dans le cas de la Hongrie.
03:59 Et en l'absence de véhicules spatiales habités européens, se tourner vers un prestataire
04:03 américain est la solution la plus simple.
04:05 Comme on utilisera certainement des lanceurs américains, Tonkari N6 et Vegas-C ne seront
04:10 pas opérationnels.
04:11 On n'a pas moyen aujourd'hui d'envoyer d'hommes dans l'espace.
04:15 C'est cette même entreprise, Axiom Space, qui a accordé sa confiance à The Exploration
04:19 Company, l'entreprise franco-allemande qui, elle, met au point un véhicule justement
04:23 spatial pour l'heure, pour du cargo, peut-être demain pour du vol habité.
04:29 Est-ce que la signature aujourd'hui de cet accord avec l'ESA vient enfoncer un petit
04:33 peu le clou sur cette incapacité à adresser la question du vol habité européen ?
04:38 Totalement, et c'est d'autant plus regrettable qu'il existe une dynamique favorable au vol
04:43 spatial habité européen depuis 2020, initiée notamment par le directeur général de l'ESA,
04:47 Joseph H.
04:48 Bacher.
04:49 Malheureusement, l'an dernier, au sommet spatial de Toulouse et au conseil de l'ESA
04:52 de Séville, cette question du vol spatial habité a été reportée à cause de la décision
04:58 des États membres qui voient une lubie coûteuse en période d'obsolation et injustifiée,
05:02 car il y a des moyens d'accès américains.
05:04 Cependant, une étude de PricewaterhouseCoopers, commandée en 2022, a montré que l'industrie
05:10 européenne pourrait générer entre 6 et 10 milliards d'euros entre 2028 et 2040,
05:16 en développant et en exploitant une capsule spatiale habitée, notamment en offrant des
05:20 services aux pays émergents ou aux secteurs privés, tandis que se reposer sur des moyens
05:25 d'accès étrangers pour accéder à l'espace, comme avec Axiom Space, pourrait coûter jusqu'à
05:30 1,7 milliard d'euros à l'Europe.
05:33 Est-ce qu'on a une idée du coût de cet accord d'ailleurs ? Est-ce qu'on parle de coût
05:37 financier ? En général, c'est un échange de bons procédés quand l'ESA obtient des
05:42 places de vol habitées pour ses astronautes.
05:45 De quoi il s'agit ici ?
05:46 Alors, ces détails n'ont pas été révélés, mais comme vous le dites, on peut imaginer
05:50 qu'il s'agit dans l'essence de bons procédés et certainement des 4 subcargos d'exploration
05:56 de compagnies en fontaine partie.
05:58 On rappellera également que Thaddeus Salignas-Fey, un industriel franco-italien, collabore avec
06:03 Axiom pour la réalisation des modules.
06:06 D'une certaine manière, ça montre bien que l'ESA a envie de s'infliquer davantage dans
06:12 l'orbite basse, y compris par le volet du vol spatial habité, et qu'Axiom et les industriels
06:17 américains ont une grande confiance envers les partenaires européens.
06:20 Tout ça devrait peser dans la balance lors du prochain sommet spatial de novembre pour
06:27 l'ESA afin de convaincre les États membres de se lancer dans un programme de vol spatial
06:34 habité qui s'appuierait sur une capsule spatiale privée, comme l'a fait la NASA avec la capsule
06:39 de SpaceX il y a quelques années.
06:41 Merci beaucoup François Leproux, et vous nous donnez une transition tout trouvée pour
06:46 enchaîner sur notre prochain sujet dans le Space Talk.
06:50 SpaceX, géant mais pas inébranlable.