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Avec une infrastructure de connectivité qui s’élargit de plus en plus, les mini satellites en orbite basse monopolisent l’attention. Néanmoins, trop rapidement oubliés sur ce marché, les satellites géostationnaires n’ont pas dit leur dernier mot. Une véritable révolution est à l'œuvre et ces derniers deviennent de plus en plus sophistiqués et capables de s’adapter aux besoins en temps réel. Comment ce marché cohabitera sur le long terme ? Éléments de réponse avec Maxime Puteaux d’Euroconsult et Nicolas Capet, président d’Anywaves.

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Transcription
00:00 Alors que les yeux du monde entier sont tournés vers ces grappes de mini-satellites qui s'étirent
00:08 en constellation dans l'espace, dans l'ombre, les satellites en orbite plus haute se réinventent.
00:15 Pour en parler, nous avons en plateau avec nous Maxime Putot d'Euroconsulte.
00:18 Bonjour Maxime.
00:19 Vous êtes extirpé de la World Satellite Business Week qui a lieu cette semaine, qui
00:25 est organisée par Euroconsulte pour venir en plateau avec nous.
00:28 Merci d'avoir pris le temps d'assister à cette émission.
00:31 Et puis à côté de vous, en face de vous, Nicolas Capé, CIO d'Anyways.
00:35 Bienvenue sur le plateau.
00:37 Anyways, fabricant de satellites, on a déjà eu l'occasion de vous recevoir et de parler
00:41 de vous, mais c'est important de le rappeler.
00:43 Vous êtes aussi le vice-président du syndicat YES, le syndicat des jeunes entreprises européennes
00:48 pour l'espace.
00:49 Alors Nicolas, justement, on va commencer avec vous parce que le sujet aujourd'hui,
00:54 c'est les satellites.
00:55 Vous avez progressé ce marché avec votre technologie.
00:59 Vous avez décidé d'ouvrir votre marché, pas seulement aux mini satellites et aux constellations,
01:06 mais aussi d'aller chercher un petit peu plus haut.
01:08 Pourquoi ?
01:09 Alors, complètement.
01:10 Pourquoi ? Parce qu'en fait, on est vraiment en train de vivre cette époque de renouvellement
01:14 de toute l'infrastructure spatiale dans sa globalité.
01:17 Nous, évidemment, on est là avec nos antennes pour équiper ces satellites, les interconnecter.
01:24 Jusqu'à présent, on s'est vraiment développé sur le marché des constellations, où il
01:29 y a en effet de plus en plus de petits satellites qui sont en train de partir.
01:32 Mais tout ça, en fait, stimule tout l'écosystème et toute l'infrastructure dans sa globalité.
01:38 Pourquoi ? Parce qu'en fait, déjà, ces petites constellations ont besoin aussi de
01:42 s'interconnecter entre elles et avec le sol.
01:45 Donc, on va même commencer à s'appuyer sur différentes couches, des orbites moyennes,
01:50 des orbites hautes.
01:51 On a également des applications où on va chercher à mettre de la connectivité dans
01:55 la stratosphère.
01:56 Donc, en fait, on est en train de mailler notre espace avec une infrastructure de connectivité
02:03 qui s'élargit de plus en plus.
02:04 Qui se joue aussi à la verticale, finalement.
02:06 Complètement.
02:07 C'est-à-dire que là où, finalement, historiquement, on restait tout sur sol, maintenant, on commence
02:11 à mettre des couches dans les altitudes.
02:13 Et donc, nous, quand on prend un petit peu de recul et qu'on regarde avec perspective
02:18 tout ça, on voit que le besoin demain du spatial, ce n'est pas seulement les constellations
02:23 d'orbite basse, mais ça va être toutes ces fameuses couches où on va mettre de l'infrastructure,
02:28 des transporteurs, des satellites et différents objets.
02:32 Et donc, c'est pour ça que nous, on est vraiment dans notre stratégie en train d'élargir
02:35 nos développements de produits.
02:36 Jusqu'à 500 kilos, je crois.
02:38 Alors, jusqu'à 500 kilos.
02:39 Et même, on est en train de regarder pour des petits satellites en géostationnaire.
02:43 On a également développé et qualifié une antenne pour des lanceurs réutilisables.
02:47 Donc, finalement, tout objet spatial qui pourrait aller en orbite et puis demain sur la Lune,
02:53 après-demain sur Mars, comme par exemple, on est en train de le faire avec le rover
02:56 MMX pour équiper tous ces objets spatiaux.
03:01 Est-ce qu'on peut requalifier quand même ensemble le marché qu'adresse tous les satellites
03:05 qui sont en orbite haute ou en orbite moyenne ? Parce que, évidemment, ça fait quand même
03:10 un moment qu'on a les yeux rivés sur ce nouvel développement d'écosystèmes en orbite
03:14 basse.
03:15 Est-ce qu'on peut qualifier quand même qu'il y a des marchés et des applications importantes ?
03:18 Le marché de l'orbite géostationnaire et des satellites de télécommunication, ça
03:21 fait le pain et le beurre de l'industrie.
03:23 Essentiellement, pour la télédiffusion, c'est-à-dire les chaînes qu'on reçoit par parabole,
03:28 par satellite, plus que la connectivité, ce qui est en train de changer.
03:30 Et c'est vraiment ce qui était le cœur de marché de l'industrie, les satellites placés
03:34 à 36 000 kilomètres d'altitude, parce que c'est à cette distance-là, ils tournent
03:37 à la même vitesse que la Terre.
03:38 Donc, du point de vue de l'antenne, il suffit d'une antenne très simple pour recevoir
03:41 des chaînes de télé.
03:42 Et ça a vraiment été la locomotive de l'industrie, assurant la majeure partie de ses revenus,
03:47 assurant la majeure partie des demandes en lancement et du carnet de commande des constructeurs
03:51 de satellites.
03:52 Et aujourd'hui, en fait, les applications évoluent et on trouve de nouvelles utilités.
03:56 Vous disiez peut-être que la connectivité va aller un peu plus haut et va aller chercher
04:01 cette technologie-là.
04:02 En fait, le satellite, l'industrie a un peu raté le virage de la connectivité dans
04:05 les années 2000, tellement le business de la télédiffusion était profitable.
04:09 Et sont arrivés les réseaux terrestres, le déploiement de la fibre.
04:12 Et le satellite était très pratique pour assurer une connectivité à une direction.
04:16 C'est-à-dire, on envoie le programme télé vers le satellite qui le retransmet à des
04:20 millions de foyers.
04:21 Mais dès qu'on parle de connectivité, on implique d'avoir une liaison de montante
04:24 et descendante.
04:25 Vous cliquez sur un lien, vous envoyez l'information au satellite qui la renvoie.
04:28 Et on était sur des temps de latence assez longs, des prix et des abonnements relativement
04:33 élevés.
04:34 200 euros, 300 euros.
04:35 Alors moi, pour une qualité de service, vraiment pas au niveau de la fibre ou de la DSL à
04:40 des prix qu'on connaît en France.
04:41 Et du coup, aux alentours, au mi-temps des années 2015, vous avez OneWeb, Starlink qui
04:47 arrivent et qui nous disent "finalement, nous, on va proposer autre chose, de la connectivité
04:51 avec beaucoup plus de débit, avec une latence plus faible, parce que nos satellites, on
04:54 va les mettre beaucoup plus proches de la Terre.
04:56 Et du coup, on va en avoir besoin de beaucoup plus de satellites, puisque le champ de vision
04:59 de ces satellites, il est plus faible, puisqu'on est à 500, 1000 kilomètres de la Terre,
05:03 là où les satellites géostationnaires sont à 36 000.
05:05 Et donc, est-ce qu'en l'état, on peut adresser ces satellites qui sont davantage en hauteur,
05:11 en orbite moyenne ou géostationnaire ? Ou est-ce qu'il faut opérer une transformation
05:15 technologique pour aller adresser ces marchés ?
05:17 Alors, il y a évidemment des briques technologiques à développer.
05:23 Donc, il y a déjà un certain nombre de choses qui sont faites pour les orbites basses, pour
05:27 évidemment le géostationnaire.
05:28 Mais finalement, tout l'enjeu demain, ce sera pour un utilisateur, d'ailleurs qu'il
05:34 soit au sol, qu'il soit dans les airs ou même en orbite basse, de pouvoir avoir un
05:39 accès à une connexion indépendamment du satellite et quelque part de l'opérateur
05:44 sur lequel il aura pris son abonnement.
05:46 Tout comme on le voit, nous, avec nos téléphones, on prend un abonnement chez tel ou tel opérateur.
05:51 Par contre, l'infrastructure de connectivité en tant que telle est complètement transparente
05:56 pour l'utilisateur.
05:57 Donc oui, il y a un vrai défi technologique.
06:01 Il y a des briques technologiques à développer pour pouvoir permettre vraiment cet essor
06:06 dans la connexion pour tous les besoins.
06:09 Et donc ça, ça fait partie des choses très intéressantes qu'on regarde de près.
06:14 Quel est le positionnement des opérateurs, de ces satellites ?
06:17 Est-ce que déjà, on peut les qualifier de vieillissants, ces satellites ?
06:21 À l'époque, c'était sur mesure.
06:23 Qu'est-ce que ça donne aujourd'hui ?
06:24 Leur besoin évolue et du coup, l'industrie qui répond à ces besoins est également
06:28 en train de les suivre.
06:29 Il faut quand même se dire qu'on en sort d'une période d'incertitude où, au même
06:33 moment où on a eu un changement des usages, l'arrivée de Netflix, très peu compatible
06:37 avec les satellites de génération précédente pour la connectivité, a un peu bouleversé
06:42 le business de ces gens-là qui vendaient des abonnements de télédiffusion.
06:45 Donc, changement de leur modèle, leur base de clients qui s'érode et qui part plutôt
06:49 sur des usages autour de la connectivité, de télévision à la demande.
06:53 Et en même temps, en phase 2, des projets de constellation qui rappellent des anciens
06:57 concepts mais qui ne s'étaient jamais matérialisés et qui tout d'un coup ont des financements,
07:01 commandent des satellites et des lancements et commencent à déployer.
07:03 Donc, il y a eu une phase un peu de tétanie du marché qui a entraîné une baisse des
07:07 commandes assez importante due à ces deux facteurs-là.
07:10 Et aujourd'hui, on voit bien que l'industrie essaie de prendre le train en route et le
07:14 prend relativement bien.
07:15 Les acteurs historiques…
07:16 Et comment ils font alors ?
07:17 Alors, soit ils se diversifient, ils passent de la télédiffusion au marché de la télédiffusion
07:22 à celui de la connectivité, en développant une vraie offre de services, en commandant
07:27 de nouveaux satellites de génération plus performants…
07:29 Donc, il faut renouveler les flottes.
07:30 Il faut renouveler les flottes.
07:31 De toute façon, c'est indispensable, on est obligé de renouveler les flottes quoi
07:33 qu'il arrive.
07:34 Les satellites géostationnaires, ils ont une durée de vie de 15 ans à peu près.
07:38 Et souvent, le design des satellites-là, il est figé.
07:40 Ils ont été conçus il y a 15 ans avant le lancement et ils ont été faits pour des
07:45 marchés tels qu'ils existaient il y a 15 ans.
07:47 Donc, le vrai enjeu, c'est de suivre les évolutions du marché, d'où l'intérêt
07:50 pour les charges utiles qu'on appelle les flexats, les satellites reconfigurables.
07:53 Hier, les satellites étaient plus ou moins conçus pour fonctionner dans des bandes de
07:57 fréquences données sur des régions données.
07:59 On distribue les signaux sur une région donnée.
08:01 Demain, et c'est imminent avec les prochains lancements, on aura des satellites qu'on
08:06 pourra reconfigurer, qui pourront suivre les trajets des avions ou des navires dans la
08:09 journée, puisque en général, dans les avions, les gens dorment la nuit.
08:12 Donc, on éteindra le signal ou on le projettera ailleurs, de manière à vraiment donner de
08:15 la flexibilité et suivre les évolutions du marché.
08:17 C'est très compliqué de savoir comment son marché évoluera dans 15 ans.
08:21 Et cette flexibilité-là, elle est en train d'arriver.
08:23 Donc là, on est dans un tournant.
08:24 On est dans un tournant.
08:25 Et l'autre approche des opérateurs historiques, que vous caractérisez de vieillissant, c'est
08:30 des fois de racheter des acteurs émergents, parce que c'est un mariage de raison.
08:34 L'un a des idées, mais a besoin de moyens.
08:36 L'autre a des moyens, mais a un peu raté sa transition.
08:40 Et on voit du coup des mariages type OneWebTelSat, où l'opérateur historique va fuir, va
08:47 fusionner avec un opérateur émergent.
08:49 Technologiquement, est-ce qu'il y a toujours un intérêt à aller chercher l'orbite haute ?
08:55 Est-ce que vous, vous y voyez des applications ?
08:58 Est-ce que d'abord, on est venu vous chercher ou pas ?
09:00 Enfin, quel est le potentiel de ce marché-là, en fait ?
09:05 Alors, la question est très bonne, parce que finalement, en sortie de cette phase de
09:12 tétanie, tout le géostationnaire est en train de se réinventer, quelque part.
09:18 Déjà, on voit que sur certains cas d'usage, les satellites géostationnaires, donc au-delà
09:23 de la flexibilité, ont clairement un avantage compétitif par rapport à des constellations.
09:28 Les constellations, finalement, viennent remplir un rôle que ne pouvait pas faire
09:33 le géostationnaire.
09:35 Et après, l'un commence à venir stimuler l'autre.
09:38 Donc, c'est là où c'est extrêmement intéressant.
09:41 C'est pour ça qu'on voit l'émergence maintenant de tout petits satellites en géostationnaire.
09:44 Donc, ça peut être justement…
09:46 Ça paraît fou, déjà, de se dire ça.
09:49 Parce que pourquoi envoyer des tout petits satellites en géostationnaire ?
09:52 Est-ce que technologiquement, il y a quand même une histoire de distance qui faisait
09:56 qu'on avait une technologie plus lourde ?
09:58 Est-ce que c'est juste la réduction des coûts, la miniaturisation qui rend ça possible ?
10:01 Alors, ça rend ça possible.
10:02 Mais la vraie question, c'est l'efficacité et le coût du service.
10:06 À la fin, pour un opérateur, il s'agit de lui vendre un service le moins cher possible
10:10 à ses clients.
10:11 Et le satellite géostationnaire était pratique, puisqu'on avait un investissement relativement
10:14 important, des fois de l'ordre du demi-milliard d'euros.
10:16 Mais en même temps, une efficacité, c'est-à-dire le coût du système versus son prix de vente,
10:22 tellement bon que pendant longtemps, il a été cette solution-là.
10:26 Ça continue de l'être.
10:27 Les satellites sont toujours plus puissants.
10:28 Et des fois, on remplace deux satellites vieillissants par un seul.
10:31 Et cette dimension de coût d'euros par mégabit, par seconde, c'est l'alpha et l'oméga.
10:37 Et la solution, ça peut être des très gros satellites extrêmement puissants ou alors,
10:41 comme on l'évoquait tout à l'heure avec Nicolas, des satellites beaucoup plus petits
10:44 qui viennent de manière ponctuelle rajouter un ou deux, trois gigabits par seconde sur
10:49 une position orbitale donnée.
10:50 Là où la constellation, c'est très pratique.
10:54 Le satellite individu préunitaire, il est très peu cher.
10:57 Les WEMWEP ont parlé d'un demi-million d'euros.
10:59 Par contre, il en faut 600.
11:00 Les Starlink, c'est 300 000 euros.
11:02 Il en faut 4000.
11:04 Et donc, le problème des constellations dans tout ça par rapport aux géostationnaires,
11:07 c'est qu'à peine vous avez commencé de finir de déployer la constellation, que la
11:10 durée de vie de ces satellites est tellement courte qu'il faut déjà les remplacer.
11:12 C'est un peu comme celui qui repeint la tour Eiffel.
11:14 Il a à peine fini de la repeindre, il doit déjà reprendre ce qu'il a commencé.
11:17 Et la notion d'efficacité, elle va vraiment conduire et elle continue de justifier aujourd'hui
11:22 les satellites géostationnaires.
11:23 Cette agilité-là, vous la retrouvez aussi dans la technologie que veut vous développer
11:26 et vous arrivez à répondre à ce besoin ?
11:28 C'est vraiment notre défi quelque part, puisque nous, on doit penser un produit qui
11:34 va être générique parce qu'au-delà du marché des géostationnaires, il y a vraiment
11:39 cette tendance de fond qui est de standardiser un maximum les équipements parce qu'on
11:42 voit qu'il faut maintenant aller plus vite.
11:44 On a moins le temps de faire du sur-mesure avec les temps de développement qu'on pouvait
11:49 avoir par le passé.
11:50 Et donc, de fait, ça impose de définir des briques de base, des technologies qu'on
11:55 va pouvoir intégrer et utiliser à la demande.
11:59 Donc tout le challenge, c'est justement de réussir à se projeter suffisamment pour
12:04 pouvoir développer une technologie qui va répondre à un maximum de besoins, que ce
12:08 soit du géostationnaire, orbite moyenne, orbite basse, mais sans non plus aller dans
12:14 le développement d'une Ferrari ou aller à l'image d'un Rafale, par exemple, qui
12:19 serait beaucoup trop cher, trop complexe et finalement qui permettra pas d'accéder
12:24 au marché et répondre à la globalité du besoin.
12:27 Il y aura toujours besoin de pièces d'orfèvrerie pour certains besoins très spécifiques parce
12:33 que c'est extrêmement rentable.
12:34 Mais voilà, après, là où c'est intéressant justement avec ces petits satellites géostationnaires
12:39 aussi pour un certain nombre d'opérateurs, c'est que ça peut leur permettre de tester
12:42 un accès au marché avant d'investir dans des énormes satellites et finalement commencer
12:47 à ouvrir et développer le marché.
12:48 Donc il y a tout ce renouveau.
12:50 Un petit orteil dans l'eau, mais là dans le vide spatial et aller voir si ça fonctionne.
12:55 Mais technologiquement, il y aura un gap à passer quand même où ça ne change rien.
12:59 C'est-à-dire qu'on peut aller tester une technologie et puis ensuite la développer
13:02 sur un autre gabarit de satellite ?
13:04 Tout à fait, tout à fait.
13:05 C'est comme si, par exemple, on faisait un test de connexion 5G dans une ville en
13:11 premier et puis si on voit que ça marche et que ça répond aux besoins, on décide
13:15 de déployer dans toutes les villes d'un pays.
13:17 Donc ça permet vraiment aussi cette flexibilité et ce renouveau.
13:22 Et en test à moindre coût, parce qu'il y a un point qui est intéressant, c'est
13:24 qu'il y a eu une perte de marché de ces satellites qui sont positionnés et qui n'ont
13:29 plus accès à, par exemple, la connectivité qui fait un vrai bond.
13:32 Et donc peut-être une perte de financement aussi pour se renouveler.
13:35 Il faut des solutions à bas coût parce que peut-être c'est plus difficile pour ces
13:39 acteurs-là, même s'ils ont l'air insolides, de se financer pour se renouveler.
13:43 Il y a quand même, parmi les plus gros, des géants aux pieds d'argile.
13:46 Intelsat sort d'un chapitre 11, donc le chapitre des faillites, et restructure sa dette.
13:52 Donc ce genre de solution, c'est typiquement, d'ailleurs, ils ont commandé trois petits
13:55 satellites à une société européenne qui s'appelle Swiss2Swell, justement parce que
14:01 c'est moins cher, ça permet de tester le produit en tant que premier client, il bénéficie
14:05 probablement de conditions favorables.
14:06 Mais c'est une solution parmi tant d'autres.
14:09 Intelsat est aussi le premier client des services d'extension de vie.
14:12 Plutôt que de remplacer un satellite, lorsque le satellite fonctionne, qu'il a encore
14:16 des clients, mais qu'il n'a plus de carburant, on peut s'accrocher à lui et étendre sa
14:21 durée de vie.
14:22 Et c'est pour ça qu'Intelsat a été le premier client de ce service-là.
14:24 Quel est votre regard là-dessus ? Est-ce que cette option-là d'extension de vie,
14:29 d'aller apporter du nouvel bric technologique directement dans l'espace, c'est une vraie
14:34 solution de transformation pour ce secteur ?
14:36 Ça amène de la flexibilité.
14:38 Là où justement, au plus on a un panel de solutions variées, au plus on est capable
14:46 de tester très tôt des nouvelles solutions, de les valider pour ensuite passer sur des
14:50 infrastructures beaucoup plus importantes.
14:52 Ça permet d'accélérer aussi les temps de développement, les temps d'accès, les temps
14:56 de tests.
14:57 Et donc ça va vraiment dynamiser tout le marché et le développement de l'infrastructure.
15:02 Je dois en penser aussi, pour rejoindre ce que dit Nicolas, c'est que la flexibilité,
15:07 elle est permise grâce à la standardisation.
15:08 Et aujourd'hui finalement, les satellites, ça reste encore des produits qui sont produits
15:13 en faible quantité et on a beaucoup à prendre dans l'aéronautique.
15:17 Aujourd'hui un avion, il est structurellement de l'extérieur relativement similaire à
15:23 un autre dans la même gamme.
15:24 Alors le client va choisir ses moteurs, il peut même les remplacer, il va choisir la
15:27 décoration intérieure, mais même l'avion, il va pouvoir passer de propriétaire en propriétaire
15:30 puisqu'il est flexible, il répond à différents besoins parce qu'il est standardisé.
15:34 On n'est pas encore dans cette dynamique-là, mais ça pourrait vraiment permettre au marché
15:38 d'être beaucoup plus fluide et de s'adapter à ses évolutions grâce à ces schémas-là.
15:43 Alors on a les constructeurs qui vont devoir s'adapter, on a les startups qui travaillent
15:49 avec ces nouveaux acteurs.
15:50 Quel est le regard peut-être au niveau des startups et de l'écosystème européen ?
15:56 Alors je me tourne vers vous parce que vous représentez ce syndicat des jeunes entreprises
16:00 européennes dans le spatial.
16:02 Quel est le regard vers ce marché-là ? Est-ce qu'il y a un potentiel ? Est-ce que ça mérite
16:06 d'aller y mettre un effort ? Ou est-ce que la priorité, ça reste quand même d'adresser
16:10 New Space ?
16:11 Alors c'est sûr qu'aujourd'hui, New Space maintenant c'est une réalité.
16:15 On voit le nombre de satellites qui est envoyé.
16:19 La plupart des startups européennes d'ailleurs se sont créées, ont été fondées pour pouvoir
16:24 adresser ce marché.
16:26 Et c'est ce qu'on fait de plus en plus.
16:29 C'est ce qu'on fait d'ailleurs même de plus en plus avec les acteurs traditionnels.
16:33 Parce que je pense que maintenant l'opposition c'est fini, mais au contraire on est là
16:38 pour pouvoir gagner ensemble.
16:40 C'est-à-dire que les briques technologiques, les innovations qui ont été proposées par
16:43 les startups permettent d'alimenter le marché des acteurs traditionnels, que ce soit d'ailleurs
16:48 en fournisseurs ou même en clients.
16:50 On a plein d'exemples de ce type.
16:52 Et finalement, ce renouveau un petit peu du marché pour les plus hautes orbites, ça
17:00 va être autant d'opportunités pour nous, acteurs ayant développé ces premières briques
17:05 technologiques pour l'orbite basse, d'aller les étendre pour pouvoir développer des
17:10 solutions adaptées.
17:11 Est-ce qu'on peut imaginer que c'est le début d'un certain marathon ? Quand on parle de
17:16 cette orbite basse, on parle beaucoup du fait qu'il n'y aura pas de la place pour tout le
17:18 monde.
17:19 Est-ce que ça peut être le second souffle du marché satellitaire, une fois que l'orbite
17:24 basse aura été congestionnée, exploitée, avance à peut-être prochaine transformation,
17:30 se tourner vers l'orbite moyenne et géostationnaire ? Ce sera l'évidence ?
17:33 L'orbite géo est intéressante, l'orbite moyenne aussi.
17:36 Il y a la question du partage de l'orbite, mais il y a aussi la question du partage du
17:40 spectre.
17:41 Et là, les orbites sont un peu en compétition, donc l'orbite géo ne va pas disparaître,
17:45 elle reste extrêmement pertinente, mais il est vrai qu'il va falloir naviguer finement
17:49 pour qu'à la fin, on évite de se parasiter, de se brouiller les uns les autres.
17:52 Alors est-ce que vous pouvez peut-être expliquer un petit peu de quoi il s'agit quand on parle
17:56 du partage du spectre pour les gens qui nous regardent ?
17:58 Le spectre, c'est nos fameuses fréquences qu'on est amené à utiliser.
18:12 Donc chacun finalement, si on simplifie un petit peu, chacun a une autorisation de parler
18:17 sur une certaine fréquence.
18:20 Et si on commence à tous parler sur la même fréquence, les messages vont se brouiller
18:24 comme si on était dans une conversation où on a tous parlé en même temps, ça serait
18:28 une cacophonie, on n'y comprendrait plus rien.
18:31 Donc si jamais tous nos objets se mettent à parler sur cette même fréquence en même
18:36 temps, on ne va plus réussir à se connecter ou à comprendre les messages qui transitent.
18:41 Et ça, c'est vrai que c'est un vrai enjeu.
18:43 On utilise énormément les fréquences, d'ailleurs on le voit même sur des sujets terrestres,
18:48 les batailles entre opérateurs, parce que c'est le nerf de la guerre, c'est ce qui
18:51 permet de connecter nos utilisateurs.
18:55 C'est un vrai défi, donc il y a des aspects technologiques, il y a des aspects réglementaires
18:59 au niveau international pour que tous ces systèmes puissent justement coexister sans
19:04 se perturber les uns les autres.
19:07 Et donc il y a pas mal d'innovations sur ces sujets-là, sur les formes d'ondes, sur
19:12 les antennes.
19:13 Il va y avoir peut-être demain aussi l'optique qui va permettre de décongestionner un petit
19:17 peu le spectre pour qu'on puisse utiliser de plus en plus cette infrastructure.
19:24 Est-ce que peut-être ces acteurs-là qui ont un énorme virage à faire et donc qui
19:32 se meuvent peut-être plus lentement auront la légitimité d'aller réclamer cette place,
19:39 ces spectres ? Est-ce qu'ils ont encore leur place dans cette course-là finalement ?
19:44 Le système tel qu'il fonctionne aujourd'hui, il est le suivant, tant que vous ne libérez
19:48 pas votre utilisation du spectre, vous la possédez.
19:52 D'accord.
19:53 Donc en fait, ce qui sont déjà placés ?
19:55 Voilà.
19:56 La question c'est déjà le partage avec ces nouveaux entrants qui souhaitent grignoter,
20:00 mais c'est aussi celle de l'industrie du satellite qui commence à se faire tailler
20:03 des croupières par l'industrie des réseaux terrestres, la 5G.
20:06 Il y a eu l'année dernière aux Etats-Unis une cession du spectre, du spatial vers le
20:12 réseau terrestre pour la 5G et en échange, Intel, SAT, SES ont largement été compensés,
20:17 on parle de compensation de plusieurs milliards de dollars, mais on a fait rentrer le nom
20:21 de la bergerie.
20:22 Demain, on ne peut pas s'interdire de penser que les opérateurs 5G vont dire "mais en
20:27 fait, moi je voudrais un peu plus parce que le marché terrestre, c'est 98% des marchés
20:32 des télécoms, là où le spatial n'est que 2%".
20:34 Bien sûr.
20:35 Donc il y a quand même un enjeu de vigilance.
20:36 C'est vrai qu'on oublie souvent, et vous le disiez tout à l'heure en parlant de la
20:40 surveillance, mais en réalité, il n'y a pas tant que ça dans l'espace par rapport
20:43 à ce qu'on a ici sur Terre et la bataille va être très difficile à ce niveau-là.
20:48 Est-ce qu'on peut conclure peut-être sur ce sujet-là, sur cette cohabitation-là
20:53 entre toutes les orbites aujourd'hui satellitaires ? À quoi va ressembler demain ? Enfin, à
20:59 quoi vous risqueriez à projeter demain tous les deux ?
21:03 Alors moi, je regarde les chiffres et à reconstituer dans nos prévisions de marché,
21:06 on pense que les satellites en orbite basse, c'est 80% du nombre de satellites lancés.
21:11 Mais quand on regarde la valeur de ces satellites-là, donc on parle d'à peu près de 20 000 satellites
21:14 d'ici 10 ans, mais quand on regarde la valeur de ces marchés-là, c'est une dizaine de
21:19 pourcents.
21:20 Alors que 130, 140 satellites géostationnaires à lancés dans 10 ans, dans cette même période-là,
21:25 c'est 30% de la valeur du marché.
21:27 Donc ces satellites en géo sont là pour rester, mais on va voir des très petits et
21:32 probablement des satellites encore plus gros si demain des lanceurs tels que Starship
21:36 ou New Glenn permettent de lancer ces satellites-là de 7 ou 8 tonnes.
21:40 Oui, parce que les lanceurs aujourd'hui rebattent les cartes aussi.
21:43 On s'est dit on va chercher avec les lanceurs, avec toute cette vague de micro lanceurs qui
21:48 ont réduit les coûts, mais en réalité on va avoir des capacités aussi d'envoyer
21:51 beaucoup plus.
21:52 Je pense qu'un impact sera beaucoup plus grand de l'autre côté.
21:53 Oui, finalement avec l'arrivée de Starship, ça devrait bousculer ça et puis peut-être
21:58 remettre chacun à sa place au niveau commercial, satellitaire.
22:02 Un dernier mot Nicolas Capet avant qu'on conclue.
22:04 Oui, alors moi je vais plus parler un petit peu de vision technologique parce que finalement
22:09 ce qu'on voit c'est que le géostationnaire est vraiment le marché historique.
22:13 On avait un peu d'orbite moyenne aussi, on a vraiment cette explosion du nombre de
22:19 petits satellites et puis ce besoin finalement d'aller interconnecter toutes ces couches
22:24 en fonction des altitudes et puis peut-être même demain en fonction des missions qu'on
22:28 sera amené vers la Lune également où il y aura besoin d'infrastructures, de connectivité,
22:33 d'invigation.
22:34 Le projet Moonlight de l'ESA par exemple.
22:36 Complètement, c'est dans les projections donc ça va prendre évidemment un petit peu
22:40 de temps mais c'est finalement cette vision du spatial qui est plus isolée dans son coin
22:46 mais qui a vraiment une approche et d'ailleurs les acteurs privés stimulent énormément
22:50 ça comme on peut le voir sur des télécoms terrestres avec ces notions de roaming, avec
22:57 ces notions d'infrastructures qui restent transparentes pour les utilisateurs mais finalement
23:00 qui fournissent un service qui va être extrêmement utile parce qu'aujourd'hui déjà et demain
23:06 encore plus, le spatial c'est générer un maximum de données pour observer notre planète,
23:10 pour la connecter.
23:11 Ça on en a vraiment besoin pour beaucoup d'enjeux que ce soit climatique, surveillance
23:17 et j'en passe.
23:19 Et donc voilà, on a vraiment cette transition qui est en train de s'opérer et c'est particulièrement
23:25 excitant.
23:26 Tout le monde essaie d'attraper le coche.
23:29 Merci beaucoup Nicolas Capessiglio d'Anyways d'avoir pris le temps de venir échanger
23:33 avec nous.
23:34 Merci Maxime Putot de Reconsult.
23:35 On vous laisse repartir j'imagine à la voir de satellite Business Week.
23:40 Merci à tous de nous avoir suivis pour cette édition de Smart Space à la production Lily
23:46 Zalkin comme toutes les semaines et puis on se retrouve dès la semaine prochaine.
23:49 En attendant, vous pouvez découvrir ou redécouvrir notre émission sur bsmart.fr mais aussi sur
23:55 toutes les plateformes de podcast.
23:58 À la semaine prochaine.
23:59 Ciao.
24:06 [Musique]

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