Philippe Gustin, Préfet d'Ille-et-Vilaine, dresse le bilan sécurité pour l'année 2023 dans le département.
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00:00 - Il est 8h16 sur France Bleu Amérique, c'est le début d'année et forcément c'est l'heure des bilans de celle du passé.
00:06 Le préfet Dilevilen fait celui de la sécurité ce matin sur France Bleu Amérique. Il répond à vos questions, Julien Provoyeur.
00:12 - Bonjour Philippe Gustin. - Bonjour.
00:14 - Vous l'aviez annoncé dès votre arrivée l'année dernière à Rennes, la lutte contre les stupéfiants est votre priorité.
00:19 Concrètement, comment cela s'est traduit en 2023 ?
00:22 - Ce qui s'est fait en 2023 qui gangrène notre territoire, que ce soit en ville ou à la campagne,
00:29 c'est naturellement de lutter contre les trafiquants, lutter contre les points de deal parce que c'est ça qui perturbe le plus nos concitoyens
00:36 qui eux ne sont pas consommateurs et qui sont dans leur quotidien agressés par ces dealers.
00:41 Et puis avoir des actions très claires sur ceux qu'on interpelle. Dès qu'ils ont plus de 200 euros sur eux, on subtilise cet argent.
00:53 C'est parfois des sommes très conséquentes et ce sont des dispositions qui ont été arrêtées avec le procureur de la République et qui sont extrêmement efficaces.
01:02 Et puis dernier élément, nous multiplions d'abord la présence sur le terrain tous les soirs mais aussi dans la journée.
01:09 Et puis nous renforçons cette présence des policiers de la BAC essentiellement par des CRS.
01:17 Nous avons encore eu hier soir une opération avec l'aide de la CRS 82.
01:21 - Lutter contre les trafiquants, vous parlez même d'un... Vous utilisez un terme, vous parlez de harcèlement, c'est en permanence aller lutter tout de suite pour éviter que ça se remette en place ?
01:29 - Bien sûr, c'est le fait de les déranger purement et simplement. Alors je sais que j'entends "ben oui, on déplace le problème, ils reviennent le lendemain".
01:37 Mais chaque soir, on estime que c'est à peu près sur l'ensemble des trentaines de points de deal qu'on a par exemple sur la ville de Rennes, c'est à peu près 60 000 euros qui sont brassés.
01:47 Donc si on empêche déjà plusieurs soirs par semaine ce trafic-là, qu'on touche aux porte-monnaies, j'espère qu'on va en tout cas déranger ces trafiquants.
01:56 - C'est ce que j'allais vous demander, on est déjà capable d'affirmer que ces opérations de dérangement justement sont efficaces ? On arrive à avoir un retour ?
02:04 - Alors on arrive à avoir un retour naturellement, je vous l'ai dit, y compris par rapport à ce que l'on a pu subtiliser, c'est 58 000 euros qui ont été récupérés depuis avril 2023.
02:15 Mais aussi, et surtout, je pense que ce qui est important, c'est qu'on a un changement de typologie de ces trafiquants, avec l'arrivée de gangs qui viennent de la région parisienne.
02:28 Et donc il faut faire attention à ne pas basculer dans une escalade, en tout cas sur ce trafic de drogue.
02:35 - Philippe Gustin, préfet d'Ille-et-Vilaine, est notre invité. Point négatif aussi de ce bilan de la sécurité en 2023, les cambriolages sont malheureusement en hausse.
02:44 - Oui, les cambriolages sont en hausse, que ce soit en zone police ou en zone gendarmerie, avec là toujours le même sujet, c'est que nous sommes,
02:52 et on le voit bien quand on arrive à élucider certains de ces cambriolages, des bandes qui tournent sur le territoire et qui font énormément de dégâts.
03:02 Donc c'est extrêmement important, tout le travail d'investigation, d'élucidation, qui permet d'un coup d'un seul, on le voit bien dans la temporalité, d'avoir des périodes un petit peu plus calmes.
03:14 Donc c'est tout ce travail qui est fait de proximité par les policiers et les gendarmes qui est important pour essayer d'élucider ces cambriolages.
03:21 Et puis j'insiste aussi, la nécessité pour les propriétaires, en particulier de maisons qui sont isolées, les résidences secondaires et compagnie, de s'assurer aussi que les bâtiments soient bien sécurisés.
03:33 Parce que parfois on se rend compte aussi qu'il y a une certaine candeur, une certaine naïveté de la part des propriétaires.
03:39 - C'est important de le rappeler, vous l'avez dit monsieur le préfet, ça aussi c'est nouveau, c'est Gant qui viennent agir ?
03:45 - Non, il y a toujours eu ça. On a une longue carrière déjà dans le corps préfectoral, partout, on sait que c'est une série de cambriolages et souvent le fait d'une bande unique.
03:57 Et après, voilà, on interrompt le dispositif et puis après ça recommence, mais c'est important là aussi d'y mettre fin.
04:03 - On va également évoquer les chiffres de la sécurité routière, Philippe Gustin. Ils sont plutôt mitigés en 2023 ?
04:10 - Ils seront toujours mitigés parce que, je le dis tout le temps moi, une victime c'est une victime de trop.
04:15 Malheureusement, on a eu 41 décès sur les routes en Ile-et-Vilaine, on a eu aussi de nombreux blessés, ce sont souvent des vies brisées, des vies brisées des intéressés, mais aussi de leur famille.
04:24 Et donc ce que l'on note, c'est certes une baisse du nombre de tués, donc ça on peut s'en réjouir, mais une inégalité territoriale, plus d'accidents par exemple sur la plaque de Saint-Malo que sur la zone rennaise.
04:37 Et puis un changement dans la typologie des accidents avec des conflits d'usages, en particulier les vélos, les trottinettes, les piétons, et les deux roues qui sont surreprésentés, puisqu'on a 14% de mémoire d'essais qui sont le fait de motards.
04:55 Donc c'est sur ces publics-là que l'on doit porter un effort, à la fois en termes de prévention, toujours la même chose, répéter, répéter, faire de la prévention en particulier dans les écoles, dans les collèges, puisque les piétons, les vélos, les deux roues, ça concerne très vite les jeunes, et puis faire de la répression.
05:09 - Aussi bien en ville qu'à la campagne aussi ?
05:11 - Les deux, vraiment les deux. Une nouvelle typologie aussi d'accidentologie routière dans les villes, mais vous en êtes tous témoins quand vous voyez les trottinettes, les vélos, qui ne respectent pas par exemple les feux rouges, alors que la sécurité routière, elle s'applique aussi à ces mobilités qu'on qualifie de douces, mais qui en fait peuvent être aussi très dangereuses.
05:35 - Et dernière question, Philippe Gustin, on va parler d'une spécificité bretonne, les "rave parties", ou ce qu'on appelle aussi "free parties". Vous vous affichez beaucoup plus strict que vos prédécesseurs, qui veulent plutôt lancer un dialogue avec certains organisateurs de ces fêtes.
05:49 - Moi je ne sais pas dialoguer avec des gens qui font des choses illégales. Je ne sais pas dialoguer avec des gens qui peuvent aussi avoir une certaine candeur et estimer que tout ça c'est bien, la musique, la joie, etc. Mais moi je constate quand même qu'en marge des "rave parties", et on le fait de manière systématique, et heureusement qu'on le fait bien, les policiers et les gendarmes le font bien, et bien c'est chaque fois du trafic de drogue, de l'alcoolisme, lié avec ce que je viens de dire à l'instant sur la sécurité routière, donc on n'est pas dans de l'amusement.
06:16 - Il y a de la contravention par la suite après ?
06:18 - Il y a de la contravention par la suite, ce qui veut dire aussi qu'on a tout un système organisé. Il y a des gens qui en vivent et qui en vivent bien, et de manière complètement illégale. Donc moi je pense en tout cas, et ce n'est pas une spécificité bretonne, contrairement à ce que vous croyez, malheureusement j'ai connu ça dans tous les endroits où je suis passé, ou presque. Mais là je pense en tout cas qu'on est... Alors il y en a moins que l'année dernière, en 2023 il y en a eu moins qu'en 2022, et je souhaite qu'en 2024 il y en ait encore moins.
06:41 - Merci à vous, merci Philippe Gustin, préfet d'Ilevine d'être venu sur notre antenne dresser le bilan de la sécurité en 2023. Merci beaucoup.