Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau
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00:00 Alors en fait, tout ce qui se termine par -oïde, ça veut dire, c'est un suffixe qui
00:05 signifie "qui ressemble à un humanoïde", c'est quelque chose qui ressemble à un humain.
00:09 Là, il ne s'agit pas de science-fiction, il s'agit de science tout court.
00:12 On va essayer de reproduire, on ne va pas essayer, on va y arriver, et c'est tout à
00:17 fait nouveau, c'est totalement révolutionnaire de recréer des organes à l'extérieur du
00:24 corps.
00:25 Alors, de manière à pouvoir les analyser, etc.
00:27 Je vais vous raconter simplement comment ça se passe, évidemment c'est beaucoup plus
00:31 compliqué que ça.
00:32 Là, l'idée c'était de s'intéresser à des cancers du cerveau d'enfant.
00:37 Qu'est-ce qu'on a fait ? On prend un petit morceau de peau du patient, un petit peu de
00:43 sang du patient, on met tout ça dans un incubateur, on ajoute des macrophages, on ajoute des cellules.
00:48 Encore une fois, je vous le raconte simplement, c'est beaucoup plus complexe que ça et beaucoup
00:52 plus sophistiqué.
00:53 On met ça un peu comme dans un œuf en gelée, si vous voulez, dans du matrigel qui a une
00:57 substance qui va comme ça nourrir et tout, dans un incubateur à 37 degrés.
01:02 Pourquoi 37 degrés ? C'est notre température du corps pour arriver à reproduire un organe,
01:08 donc quelque chose qui ressemble à un organe.
01:09 Et là, on a fait quoi ? On a fait des mini cerveaux, des organoïdes de cerveau, puisque
01:15 ce sont les tissus de la propre personne, le sang du patient, et tout ça pousse comme
01:21 ça dans l'incubateur, ça se multiplie, ça se multiplie, et on arrive à reproduire
01:25 un mini cerveau.
01:26 Alors, pour le reproduire, on a aussi utilisé ce qu'on appelle des cellules souches.
01:32 Vous savez que notre corps se renouvelle en permanence.
01:35 Les cellules de la peau, c'est 21 jours, c'est pour ça que le ponçage ne dure pas
01:38 plus de 21 jours, les cellules de l'estomac, c'est 5 jours, les os, vous changez de squelette
01:44 tous les 10 ans.
01:45 Et pour ça, on a ce qu'on appelle des cellules pluripotentes, des cellules souches, des cellules
01:51 qui sont capables de devenir une cellule, voire une autre, voire une autre, et de reproduire
01:55 des tissus différents.
01:57 Ce sont des mamma-cellules, si vous voulez.
01:59 Par exemple, dans la moelle osseuse, on a des cellules pluripotentes, des cellules souches,
02:03 qui sont capables de donner des globules rouges, des globules blancs et des plaquettes.
02:06 Donc, on utilise ces cellules souches et on fait reproduire comme ça un organoïde de
02:11 cerveau.
02:12 Mais là, je parle du cerveau, ça peut être pour l'intestin, ça s'appelle un intestinoïde,
02:17 ça peut être pour le foie, ça peut être pour les reins, etc.
02:20 Le gros intérêt, c'est qu'après, là, il s'agissait d'analyser des cancers du cerveau
02:25 des enfants.
02:26 Après, on fait un tumoroïde, c'est-à-dire qu'on prélève la tumeur, on fait une biopsie
02:32 de la tumeur du cerveau, on la fait se développer, on en fait un avatar aussi, et on va étudier
02:39 la tumeur dans l'organoïde de cerveau.
02:42 Et là, comme ça, on voit comment ça se passe, comment il arrive à s'infiltrer dans les
02:47 cellules, puisqu'en fait, on a reproduit l'organe à l'extérieur du corps, si vous
02:50 voulez, mais avec ces mêmes fonctions, ces mêmes manières de réagir, etc.
02:54 Donc, on analyse la tumeur, son fonctionnement, mais pas que.
02:58 On va faire aussi ce qu'on appelle un chimiogramme.
03:01 Je ne sais pas si vous avez déjà eu une infection urinaire et ça ne nous regarde
03:04 pas, mais quand on fait une infection urinaire, on va apporter un petit pot d'urine au laboratoire,
03:10 et là, le laboratoire va faire ce qu'on appelle un antibiogramme, c'est-à-dire qu'il va étudier
03:15 quel est l'antibiotique qui est actif sur votre germe.
03:19 Et bien là, on va faire un chimiogramme, c'est-à-dire qu'on va pouvoir étudier quelle
03:24 est la chimiothérapie active sur le cancer, puisqu'on a cette espèce d'avatar de tumeur
03:31 dans le cerveau, le mini cerveau, et on va comme ça pouvoir étudier quel est le bon
03:37 traitement qui va agir.
03:39 Ça va permettre de déterminer un traitement sur mesure, c'est ça ?
03:43 Voilà, exactement.
03:44 On va voir si cette chimiothérapie est efficace sur cette tumeur, dans cet organe.
03:48 Telle chimiothérapie efficace sur tel tumeur dans un autre organe.
03:52 C'est une révolution.
03:54 Il faut bien comprendre que conceptuellement, c'est quelque chose de génial.
03:58 On arrive à reproduire en 3D vos organes à l'extérieur du corps et à analyser.
04:02 Imaginons, allons encore plus loin, vous savez que tous les médicaments simples sont étudiés,
04:08 pour la plupart d'abord, chez les animaux.
04:10 Là, on va pouvoir réduire l'expérimentation animale, puisqu'on pourra tester un médicament
04:17 sur des organoïdes de tous les tissus.
04:20 Donc c'est véritablement une révolution.
04:22 L'Institut Gustave Roussy est très à la pointe, mais il y a des plateformes d'organoïdes
04:28 qui sont en train de se créer un peu partout.
04:30 Et ça change vraiment conceptuellement.
04:33 C'est formidable.
04:34 [Musique]
04:37 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]