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L’écrivain Nathan Devers s’exprime sur l'historique des relations franco-algériennes : «J’espère que les relations avec l’Algérie vont s'apaiser dans une logique où Abdelmadjid Tebboune n’en sortira pas gagnant».

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Transcription
00:00Vous vous rendez compte, un écrivain, embastillé, je suis désolé, je radote, mais on ne peut que radoter, et je radoterai jusqu'au jour de sa libération.
00:07Un écrivain, embastillé, pour avoir utilisé du droit le plus élémentaire qui appartient à la littérature, à savoir la liberté d'expression, la liberté de critique, la liberté d'exprimer ses idées.
00:19En l'occurrence, je suis en désaccord avec la plupart des idées de Boilem Sansal, mais le sujet n'est pas là, et j'ai été sidéré de voir que tandis qu'il est en prison, on a vu des gens en France
00:29refuser de lui accorder une sorte de soutien inconditionnel pour ergoter sur les désaccords qu'on a avec lui. On peut en avoir, je serai ravi de les avoir avec lui le jour de sa libération, mais pas avant, premièrement.
00:39Deuxièmement, dans l'historique des relations franco-algériennes, je pense qu'il faut quand même rappeler une chose qui, à mon avis, est centrale.
00:45Quand Emmanuel Macron arrive au pouvoir en 2017, il arrive au pouvoir avec une relation d'immense amitié vis-à-vis du régime algérien de l'époque, quasiment celui d'aujourd'hui, mais qui était un peu moins arde, en quelque sorte, qu'aujourd'hui.
00:57Il avait eu sa fameuse phrase sur la colonisation comme crime contre l'humanité. Pour ma part, je pense que c'est très important de regarder en face ce que la France a fait en Algérie, mais ce que je veux dire, c'est qu'il avait été dans cette logique d'amitié.
01:09C'est le régime algérien qui, plus Emmanuel Macron essayait, entre guillemets, pas de courber les Chines, mais en tout cas de montrer des signes de bonne volonté vis-à-vis de lui, se mettait à mépriser la France.
01:19C'est le régime algérien, après le mouvement du Irak, quand Théboune est arrivé au pouvoir, qui, pour asseoir sa domination antidémocratique avec une régression terrible en matière de droits humains en Algérie, s'est dit « le seul moyen de fédérer mon peuple, c'est de le faire contre l'ennemi français ».
01:34Et donc, si vous voulez, quand Emmanuel Macron a reconnu la souveraineté marocaine au Sahara occidental, il l'a fait dans un contexte où la relation avec Alger était déjà dégradée.
01:44Et ensuite, il faut se dire, qu'est-ce que c'est qu'un régime qui réagit à un contentieux géopolitique en foutant un écrivain qui a un cancer en prison ? Vous vous rendez compte de la folie ?
01:54J'espère que les relations avec l'Algérie vont s'apaiser, que Boilem Sansal va être libéré, mais j'espère qu'elles vont s'apaiser dans une logique où M. Théboune n'en sortira pas gagnant vis-à-vis de sa population.
02:05C'est ça ce que je crains, c'est qu'il puisse, si vous voulez, après dire à sa population « regardez, j'ai tenu tête à la France, j'ai gagné ce bras de fer, et ils ont fini par se coucher, et dans ma grande magnanimité, j'ai accepté de libérer Boilem Sansal ».
02:16Ce serait très triste que les choses se passent ainsi, mais j'espère avoir tort, j'espère vraiment avoir tort.

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