La chronique du Dr Milhau du 19/01/2024

  • il y a 8 mois
Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau

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00:00 Bonjour. Bonjour docteur. Vous nous dites ce matin qu'effectivement, hommes et femmes ne sont pas égaux face à la santé. Alors expliquez-nous pourquoi.
00:06 Oh ben y'a déjà des différences biologiques. Vous savez que, bah oui, toutes nos cellules ont un sexe, un sexe chromosomique je précise.
00:15 Il y a des maladies par exemple qui n'existent que chez les hommes. Le daltonisme c'est exclusivement masculin.
00:22 L'hémophilie, une maladie de la coagulation du sang, c'est aussi masculin. Donc vous voyez, ça ce sont les maladies liées au sexe chromosomique.
00:29 Après il y a des différences anatomiques. On a parlé de la prostate hier. Évidemment, les femmes n'auront jamais de problème de prostate.
00:36 Les hommes n'auront pas de problème de col de l'utérus, etc. D'endométriose. Tout ça, c'est une évidence.
00:43 Mais après, ce qu'il faut comprendre, c'est que les femmes sont sous-dépistées, sous-diagnostiquées et sous-traitées par rapport aux hommes.
00:51 Je vais vous donner un exemple criant, celui des maladies cardiovasculaires. On va commencer par des chiffres qui sont quand même assez effrayants.
01:00 Regardez la mortalité quotidienne des femmes, chez les femmes. Deux femmes meurent chaque jour d'accident.
01:08 33 femmes meurent chaque jour de cancer du sein. Et 200 femmes meurent chaque jour de maladies cardiovasculaires. Et on n'en parle pas.
01:20 Non, parce qu'on imagine que c'est un accident masculin. Exactement. On n'en parle pas. C'est la première cause de mortalité chez les femmes.
01:30 Les maladies cardiovasculaires. Et rien n'est fait. Il y a une association formidable qui s'appelle Coeur de Femmes, en France, qui est lancée et qui essaye de travailler.
01:39 Il y a des bus, notamment, qui vont faire de la prévention, du dépistage, etc. Mais sinon, rien n'est fait.
01:45 C'est pour ça qu'à Davos, ils veulent lancer un plan, une alliance mondiale de la santé des femmes pour mieux les prendre en charge.
01:52 Mais quand je dis "rien n'est fait", même au niveau médical, on se demande si les médecins sont assez informés.
01:59 Prenons l'exemple de l'infarctus du myocarde. Un infarctus du myocarde, on sait, mais normalement tout le monde le sait, c'est factuel,
02:07 que les signes de l'infarctus du myocarde chez les femmes ne sont pas les mêmes que c'est des hommes.
02:12 Chez les hommes, c'est une douleur à type d'étau, comme ça, dans la poitrine, qui monte vers la mâchoire et qui irradie dans le bras gauche.
02:20 Chez les femmes, comme elles n'ont pas les mêmes artères, elles sont plus fines, plus sinueuses, plus sensibles au stress.
02:26 Elles n'ont pas les mêmes signes. Elles peuvent avoir les mêmes symptômes, mais souvent, c'est une fatigue ou des troubles digestifs.
02:32 Ce sont souvent d'autres signes. Eh bien, elles sont sous-diagnostiquées.
02:37 Les femmes meurent deux fois plus que les hommes après une crise cariaque, deux fois plus de mortalité.
02:42 - Est-ce qu'on apprend moins aux femmes aussi à repérer ces symptômes ?
02:47 - Bien sûr, mais non seulement aux femmes, mais aussi aux médecins. Il y a un retard de prise en charge.
02:51 Même quand elles arrivent aux urgences, il y a un retard de prise en charge, ne serait-ce que pour faire un électrocardiogramme,
02:57 qui est l'examen de référence, il y a un retard de 30 minutes chez les femmes par rapport aux hommes.
03:03 Donc, on le voit, il y a vraiment des choses à faire, à avancer sur cette prise en charge.
03:09 Mais après, c'est pareil dans le traitement. Les femmes sont moins traitées.
03:12 Par exemple, pour l'hypertension, parmi les femmes hypertendues, une sur deux seulement sont traitées.
03:18 Pour revenir au problème cardiaque, après, normalement, il y a une rééducation.
03:22 Les femmes, on ne leur propose pas la rééducation, ou alors elles ne le font pas parce qu'elles ont trop de soucis,
03:26 il faut qu'elles s'occupent de la maison, des enfants. Il y a vraiment tout un ensemble de choses à faire.
03:31 Pour vous donner un autre exemple, vous savez qu'avant qu'un médicament soit mis sur le marché,
03:36 on fait ce qu'on appelle des essais pour tester sa toxicité, etc. Les femmes sont sous-représentées là aussi.
03:43 Alors, on peut le comprendre parce que c'est compliqué, il y a les cycles, les hormones, le risque d'être enceinte.
03:49 On peut comprendre qu'on n'ait pas envie de tester des médicaments chez elles,
03:53 mais on peut aussi comprendre qu'on ne fait pas le même poids, qu'on devrait avoir des dosages différents pour les hommes et les femmes.
04:00 D'ailleurs, aux États-Unis, c'est une exception. Aux États-Unis, pour un médicament qui s'appelle le zolpiderme,
04:05 ils ont fait un dosage pour les hommes, un dosage pour les femmes. Ils ont fait une boîte bleue pour les hommes,
04:10 une boîte rose pour les femmes, ce qui a soulevé d'ailleurs un scandale chez les féministes.
04:15 Mais bon, il faut quand même arriver à comprendre que les femmes ne sont pas des hommes comme les autres.
04:20 [Musique]
04:24 [SILENCE]