Seuls et Uniques _ Le Quotidien des Enfants sans Fratrie _ Réel·le·s _ DOC COMPL

  • l’année dernière
Certains ont été conçus comme des enfants uniques, d'autres sont seuls sans frère ni sœur car les parents se sont séparés rapidement après leur naissance... Comment les enfants uniques grandissent-ils au milieu des adultes? Comment les adultes s'organisent-ils pour pallier le manque de fratrie?

Suivant plusieurs personnages et donnant la parole aux enfants qui vivent leur croissance hors fratrie, ce documentaire se propose de questionner les vies de ces petits. De suivre avec douceur et complicité ces destins d'enfants qui ne représentent que 10% des naissances en France.

Category

People
Transcript
00:00 Sur cette photo, c'est moi à 10 ans.
00:06 Toujours le nez dans un livre, seule, et pour cause, je suis fille unique.
00:12 Les enfants uniques, c'est une espèce assez rare au pays de la natalité.
00:17 À peine 10% de la totalité des enfants.
00:20 Et comme on est minoritaire, on est jalousé.
00:23 On serait des enfants rois, capricieux et peu sociables.
00:27 Ces caricatures m'agacent, car je suis bien placée pour le savoir,
00:32 être l'unique objet d'amour de ses parents n'est pas forcément un cadeau.
00:36 Moi, j'ai longtemps souffert d'être fille unique, trop collée à mes parents,
00:40 mal à l'aise en groupe et souvent mal à droite parce que surprotégée.
00:44 Tous les ans, je demandais un petit frère au Père Noël.
00:48 Aujourd'hui, j'ai 37 ans et je suis journaliste.
00:51 Mais je me demande toujours si on peut grandir seule sans en pâtir.
00:55 Et je veux comprendre pourquoi ce statut d'enfant unique est si particulier.
00:59 Plusieurs familles avec un seul enfant ont accepté de me faire partager leur expérience.
01:07 Hugo a 6 ans.
01:10 - C'est moi.
01:11 - Dans sa famille, on est fils unique depuis 4 générations.
01:15 Pour lui, être le seul enfant présente des avantages.
01:18 - Quand on est fils unique, on peut faire des choses
01:22 qu'on ne peut pas faire quand on a des frères et soeurs.
01:26 Emma a 13 ans.
01:27 C'est une ado solitaire qui se croit égoïste parce qu'elle est fille unique.
01:31 - Je peux même pas m'occuper d'une poupée, d'une plante.
01:34 Je m'achète une plante, j'arrive même pas à m'en occuper.
01:37 Tristan, 13 ans, est un enfant modèle.
01:39 Ses parents ne le lâchent pas d'une semelle et il fait tout pour leur plaire.
01:43 - Je le fais même si mes parents me le disent pas de le faire.
01:47 Ça permet de participer aux tâches ménagères de la maison.
01:52 A 14 ans, Charlotte est le centre du monde pour ses parents.
01:55 Mais elle vient de quitter la maison pour entrer à l'internat.
01:58 Une décision nécessaire à son équilibre.
02:01 - J'ai aussi pensé à mon bien-être et je me suis dit...
02:04 Je me suis...
02:05 Enfin, je me sentirais vraiment pas bien en étant...
02:08 En restant ici.
02:10 4 enfants, 4 familles dont je vais découvrir le quotidien.
02:14 ...
02:20 Ma première rencontre a lieu à Paris, à quelques pas de la tour Montparnasse.
02:25 ...
02:27 J'ai rendez-vous avec Hugo, un garçon de 6 ans.
02:30 Laurence, sa mère est institutrice et Jules, son papa, photographe.
02:35 Dans cette famille, on est expert en enfants uniques.
02:39 La grand-mère maternelle de Laurence était fille unique.
02:42 Ses grands-parents paternels étaient tous les 2 enfants uniques.
02:46 Son père est fils unique, elle est fille unique.
02:49 Et son fils Hugo aussi.
02:52 - C'est moi.
02:54 ...
02:58 Laurence a décidé de n'avoir qu'un enfant en accord avec son compagnon.
03:02 - Maintenant, retourne-toi lentement. Gentiment.
03:05 Voilà. Tu vas jouer maintenant. Moi, j'ai un peu de boulot.
03:09 - A tout à l'heure, poussin.
03:12 Ils vivent dans moins de 50 m2. Ils ont créé leur bulle à 3.
03:17 Et ils ne veulent pas d'autres enfants, surtout pour des raisons pratiques.
03:21 - Je crois que c'est une décision, un choix, quoi, qui a été fait.
03:24 De ne pas en avoir qu'un. - Oui.
03:26 - Qui était déjà très bien, alors... Voilà.
03:28 On était contents avec celui-là.
03:30 - On s'est dit qu'on gardait celui qu'on avait bien réussi.
03:33 - On s'est dit que... Et que oui.
03:35 Et puis après, il y a...
03:37 Il y a le retour à la maternité, de la petite enfance, et tout ça,
03:41 qui est particulière, donc... - Oui.
03:43 Remettre la tête dans les couches, tout ça.
03:45 C'est vrai qu'on en était sortis, donc on s'est dit que, bon,
03:47 bah, c'était peut-être pas la peine de...
03:49 On avait pas envie de...
03:51 De se re-réveiller la nuit, par exemple.
03:53 Égoïstement. - Oui, il y a un peu d'égoïsme,
03:55 mais il y a aussi le fait que ça se passe super bien comme ça,
03:58 et que c'est un équilibre. - Oui. On a bien trouvé un équilibre à 3.
04:02 Cet équilibre à 3 convient bien à Hugo.
04:05 Il ne s'en plaint jamais.
04:07 - Tout est bien.
04:09 Comme si on n'était pas fils unique.
04:12 - T'aimerais bien avoir un frère comme ça ?
04:14 - Non.
04:16 C'est très drôle, parfois, de jouer tout seul.
04:19 Ça m'embête pas parce que, parfois,
04:22 je peux faire des surprises à mes parents.
04:25 - C'est-à-dire ? - C'est-à-dire que...
04:27 Mon papa aussi, il aime bien les Legos.
04:30 Il est surpris.
04:32 Quand je fais des trucs très difficiles, par exemple.
04:37 Je sais qu'il y a des gens qui disent que,
04:40 quand on est fils unique, on a plus de choses,
04:43 alors que ça, c'est pas vrai du tout.
04:45 - C'est vrai ? Pourquoi ?
04:47 - C'est pas vrai parce que...
04:50 Si, quand mon copain, il est pas fils unique,
04:54 il a autant de choses que moi.
04:57 Il faut pas écouter ceux qui disent ça.
05:00 C'est n'importe quoi.
05:03 - En tant qu'enfant unique, à son âge,
05:07 Hugo se sent déjà pointé du doigt.
05:09 Mais ses parents assument leur choix.
05:11 - Moi, je me culpabilise pas d'avoir qu'un enfant.
05:14 Pas Hugo. - Moi non plus.
05:16 - Vous sentez, vous, une pression sociale ?
05:18 - C'est pas une pression, mais...
05:20 - C'est vrai que tout le monde nous a posé la question.
05:23 Quand Hugo est rentré à l'école, surtout, en petite section.
05:26 C'était surtout à ce moment-là ?
05:28 - C'est le bon moment d'en faire un 2e.
05:30 - Quand est-ce que vous en faites un 2e ?
05:33 Hugo rentre à l'école, c'est le moment.
05:35 - On nous a signifié que la logique voudrait que...
05:39 - On en fasse un 2e. - Je crois qu'il y a pas de logique.
05:42 C'est un choix de vie, et donc...
05:45 Donc voilà, chacun le sien, quoi.
05:48 - Qu'est-ce que vous faites ?
05:50 - Toi, tu faisais quoi ? - J'ai perdu mon Lego !
05:53 - Viens voir.
05:55 - Ouais ?
05:57 - Tu peux ouvrir ?
06:00 Tu travailles dur, hein, papa.
06:02 - Bah, ouais, c'est compliqué.
06:04 - J'ai entendu tout à l'heure, quand j'étais dans la chambre,
06:07 que vous voulez pas d'autres enfants.
06:11 J'ai entendu tout à l'heure. - Qu'est-ce que tu en penses, toi, de ça ?
06:14 - Moi aussi, je suis d'accord. - D'accord.
06:17 - J'ai entendu ça tout à l'heure.
06:19 - De toute façon, tu sais... - T'as pas écouté, en fait.
06:22 - J'ai rien écouté, parce que j'étais dans ma chambre en train de jouer,
06:26 et j'ai qu'entendu ça quand je jouais près de la porte.
06:32 - Ah, ouais ? - Ouais, ouais.
06:34 - Tes copains, quand ils parlent de leur frère et de leur sœur, ils te disent quoi ?
06:38 - Ils me disent pareil. "Il est un peu énervant, mon petit frère."
06:41 - Qu'est-ce qu'ils font d'énervant ?
06:43 - Bah, moi aussi, ils nous énervent quand on joue avec Edy.
06:47 On lui fait des blagues pour qu'il parte,
06:49 et après, il revient tout le temps.
06:51 - Ouais. Donc t'es pas aussi triste que ça, de parler de frère et de sœur, du coup ?
06:55 - Ouais, je suis triste.
06:56 - Allez, on va manger, on va manger ! - Allez, c'est parti.
06:58 - On va manger.
06:59 Si Laurence veut nous prouver que son fils est un enfant unique épanoui,
07:03 c'est qu'elle a une petite revanche à prendre sur ses propres parents.
07:07 - C'est trop bien.
07:09 - Moi, quand je pense à ma relation à mon père plus jeune,
07:11 j'ai plus des souvenirs de relations qu'on aurait avec un grand frère,
07:16 puisqu'avec un père, il était très...
07:19 Ouais, il était pas très papa, quoi.
07:21 Il était plus mon grand frère.
07:23 Ma mère m'a toujours beaucoup protégée.
07:27 Quand je me souviens un peu de ce discours petit, j'ai le mot "fais attention",
07:33 "va pas là-bas, va pas trop loin", "fais attention à ci, fais attention à ça".
07:38 Elle était très protectrice comme ça.
07:41 J'ai pas l'impression qu'on m'ait finalement laissée beaucoup de place
07:45 pour me... pour exister en tant que personne à part entière
07:49 dans cette famille de 3 personnes.
07:52 J'ai peut-être commencé à me construire vraiment quand je suis sortie de ma famille
07:56 et de mon triangle papa-maman-moi, quoi.
08:00 - Dans ce triangle de référence, Laurence était l'enfant sage, docile et réservé.
08:05 Mais à 38 ans, elle a pris le contre-pied de cette éducation un peu étouffante.
08:10 - Salut ! - Salut.
08:12 - Eh, salut. - Hi !
08:14 - Ca va ? - C'est top.
08:17 - Tiens. Nous sommes en répétition avec mon groupe de rock de Pankachat.
08:25 Voilà. Nous répétons tous les 10 jours à peu près. Je suis libre.
08:30 Cette liberté, Laurence voudrait l'offrir à son fils.
08:43 - Je suis le père de mon fils.
08:45 - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
08:47 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
08:49 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
08:51 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
08:53 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
08:55 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
08:57 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
08:59 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:01 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:03 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:05 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:07 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:09 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:11 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:13 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:15 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:17 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:19 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:21 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:23 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:25 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:27 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:29 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:31 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:33 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:35 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:37 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:39 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:41 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:43 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:45 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:47 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:49 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:51 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:53 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:55 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:57 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
09:59 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:01 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:03 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:05 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:07 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:09 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:11 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:13 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:15 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:17 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:19 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:21 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:23 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:25 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:27 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:29 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:31 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:33 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:35 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:37 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:39 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:41 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:43 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:45 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:47 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:49 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:51 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:53 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:55 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:57 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
10:59 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:01 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:03 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:05 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:07 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:09 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:11 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:13 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:15 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:17 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:19 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:21 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:23 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:25 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:27 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:29 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:31 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:33 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:35 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:37 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:39 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:41 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:43 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:45 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:47 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:49 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:51 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:53 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:55 - Oui. - Et vous, vous êtes le père de votre fils ?
11:57 - On se disait que ce serait un sport assez structurant,
12:01 très réglé, avec un code de conduite très strict,
12:07 finalement très rigoureux,
12:09 ce qui lui permettrait, lui, en tant qu'enfant numique,
12:11 d'être à sa place en tant qu'enfant,
12:14 d'être respectueux vis-à-vis de son maître, un adulte,
12:17 de se faire d'autres copains aussi,
12:19 ailleurs que dans l'école.
12:21 Et puis je pense que ça lui fait beaucoup de bien.
12:23 - Oui ! On y va ?
12:25 - Laurence compte sur le professeur de judo pour canaliser Hugo.
12:29 Mais elle a aussi d'autres soutiens.
12:32 - Bonjour, maman ! - Bonjour !
12:35 - Cet après-midi, le petit garçon a de la visite.
12:38 Une complice bienveillante, Christine, sa grand-mère maternelle.
12:42 - Bonjour, ma puce, ça va ?
12:45 - Dis bonjour, Fabilo !
12:47 - Ça va, ma petite plus jolie ? - Oui.
12:49 - Alors, va t'aider, t'as fait le gourdi, ma puce.
12:51 T'es là, t'es avec maman.
12:53 - Avec elle, Hugo a ses habitudes.
12:55 Il se voit régulièrement.
12:57 - Bonjour, Astérix. - Bonjour, Astérix.
12:59 - Oui, volontiers. Est-ce qu'on joue tous les deux ou pas ?
13:02 - Oui. - Bon, alors, tu te dépêches.
13:04 Alors, fromage, fromage, fromage...
13:08 - Éclair !
13:10 - Ah bah non, attends... - Éclair !
13:12 - Non, c'est pas juste, y arrive pas.
13:14 Je vois pas, je vois pas. - Chat !
13:16 - Vous êtes quel type de grand-mère ? - Mignon !
13:18 - Quel type je suis de grand-mère ?
13:22 - De quel type je suis de grand-mère, Hugo, à ton avis ?
13:24 - Je sais pas, gentille.
13:26 - Oui. - De toute façon.
13:28 - Je crois qu'il dit que je suis une grand-mère assez cool.
13:30 Hein ? On fait des bêtises, tous les deux.
13:32 Genre, des gentilles bêtises.
13:34 - Euh, tortue !
13:36 Non, non, tu joues pas à toi.
13:38 - Tu joues pas à maman, on y sait mieux.
13:40 - Christine est bien plus sereine aujourd'hui dans son rôle de grand-mère
13:43 qu'elle ne l'était autrefois dans celui de mère.
13:46 Alors elle s'autorise à intervenir dans l'éducation d'Hugo.
13:49 - Il faut pas l'encourager à se croire le roi du monde, quoi.
13:53 Il faut lui faire comprendre qu'il a beaucoup de chance d'être tout seul,
13:56 d'avoir... pas partagé déjà l'affection de ses parents, de ses grands-parents.
14:01 Mais qu'il faut qu'il en soit conscient, quoi, voilà.
14:05 De toute façon, ce qu'il développe pas trop d'égoïsme
14:09 et qu'il devienne pas le roi du monde, quoi, pour tout le monde.
14:13 Ils essayent du moins, même si...
14:15 - Ouais, Hugo essaie, hein.
14:17 - Même si c'est pas dans leur nature,
14:19 ils ont plus ou moins tendance à développer ça.
14:22 Donc, moi, quand je remarque quelque chose,
14:25 une façon d'agir, une façon d'être d'Hugo,
14:29 bah, ça, je lui en parle.
14:31 - Quand elle me dit des choses sur Hugo,
14:34 parce qu'ils ont passé un petit moment tous les deux
14:36 et qu'elle a remarqué quelque chose, évidemment,
14:38 je fais attention à ce qu'elle me dit.
14:40 Je le prends pas comme une critique,
14:42 je le prends pas comme un jugement sur ma manière d'élever mon fils,
14:45 mais au contraire, ça me partage.
14:47 - Mamie, est-ce que je peux venir dormir chez toi ?
14:49 - Oh bah ouais, pas plus, bien sûr.
14:51 Tu veux aller dormir chez mamie ? - Oui.
14:53 - D'accord. Oh bah chouette, alors.
14:55 Tu vas préparer ton sac ?
14:57 Hugo a l'air bien dans sa peau d'enfant unique,
15:00 mais à force de se prendre pour un grand,
15:02 ne risque-t-il pas de se faire recadrer ?
15:05 Pour en savoir plus, j'ai rendez-vous avec une spécialiste.
15:10 Emmanuelle Rigon est psychologue,
15:12 fille unique et auteure de "Comment survivre quand on est enfant unique".
15:16 - Le monde des adultes est très familier à l'enfant unique.
15:20 Il a souvent, alors parfois un peu aussi,
15:22 l'habitude de parler un peu comme un adulte.
15:25 Parfois, ça agace un petit peu.
15:27 Il est un peu savant, un peu...
15:29 Il va parfois faire des remarques que pourrait faire un adulte.
15:32 Ça peut être plus ou moins bien perçu.
15:34 Je crois qu'il faut l'élever, voilà, comme un enfant,
15:37 en essayant d'ouvrir le cercle du relationnel au maximum,
15:43 en étant attentif.
15:45 Est-ce qu'il y a une petite voisine
15:48 qui va pouvoir venir jouer régulièrement ?
15:51 Ça, ça peut être très sympa, finalement.
15:53 Comme ça, les fins de journée ne sont plus l'enfant tout seul dans sa chambre.
15:56 Donc les cousins en vacances, voilà, d'être attentif à ces choses-là.
16:01 - Il faut donc ouvrir le cercle.
16:05 C'est vrai que quand on est enfant unique,
16:07 c'est souvent compliqué d'aller vers les autres.
16:09 Mais que se passe-t-il à l'adolescence,
16:11 quand le monde des copains devient plus important que celui des parents ?
16:15 À Issy-les-Moulineaux, près de Paris, je rencontre Emma, à 13 ans.
16:19 Elle est en classe de 5e.
16:21 Son père, Jean-Pierre et gendarme, Nathalie, sa mère, infirmière.
16:25 Deux métiers qui les éloignent souvent de chez eux.
16:28 Chaque après-midi, en rentrant du collège,
16:31 Emma se retrouve seule chez elle.
16:35 - Parfois, j'aimerais bien qu'il soit là, mais...
16:39 J'aime bien être seule, en fait.
16:43 - Qu'est-ce qui est bien, d'être seule ?
16:47 - Je trouve qu'on est plus libre.
16:49 "Tiens, j'ai envie de faire ça."
16:51 Je le fais, quoi, j'ai pas de...
16:53 Je trouve que j'ai pas de personnes qui peuvent m'en empêcher.
16:56 Vraiment, quoi, donc...
16:58 En fait, le truc, c'est que je suis une grande bavarde,
17:03 mais j'adore aussi ne pas parler.
17:05 Du coup, j'aime pas qu'on pose trop, trop de questions.
17:08 Et quand je suis seule, bah...
17:10 - Emma apprécie sa tranquillité.
17:16 Les longues heures de solitude ne lui font pas peur.
17:19 Au contraire, elle a une organisation bien rodée.
17:22 - Là, je travaille, en fait.
17:26 - Même pas un peu de télé, même pas un peu de jeux vidéo ?
17:29 - Euh... De jeux vidéo, c'est parfois,
17:32 mais ça est devenu rare, en fait.
17:34 Mais non, généralement, je me mets tout de suite au travail.
17:37 Comme ça, j'ai fini. J'ai plus autant libre, comme ça.
17:40 - Et elle n'hésite pas à demander de l'aide, si besoin.
17:43 - Là, je suis en train d'envoyer un message à Colombe,
17:47 parce que j'ai pas compris un truc de techno.
17:50 Du coup...
17:52 J'aimerais bien qu'elle m'explique.
17:56 - Comme moi, l'un de ses passe-temps favoris, c'est la lecture.
18:00 - Là, je vais aller prendre mon livre pour lire un peu,
18:03 parce que...
18:05 Pour me détendre un peu, aussi.
18:07 - Tu lis beaucoup ?
18:09 - Ouais, je lis...
18:11 A peu près 2, 3 livres par semaine.
18:14 Et quand je suis en vacances,
18:17 je dois lire 4 livres par semaine, à peu près.
18:20 - C'est énorme. - Ouais.
18:22 - Tu imagines, là, si t'avais un petit frère ?
18:24 - Si j'avais un petit frère, je pense que...
18:27 Déjà, je devrais m'en occuper.
18:29 Faut que je fasse son goûter, etc.
18:31 Je pourrais pas lire, et donc, ça m'énerverait, en fait.
18:34 Je suis quand même contente de pas avoir de frère ou soeur.
18:39 Je suis bien toute seule, hein.
18:41 Même si, parfois, on me demande si je suis...
18:44 Si je m'ennuie ou...
18:46 Bah, non.
18:48 - Manifestement, Emma ne regrette pas d'être fille unique.
18:51 Mais est-ce qu'elle ne s'ennuie pas un peu, quand même ?
18:54 A 17h30, elle met la table du dîner.
18:56 - C'est pour être en avance,
18:58 parce que quand mon père, il arrive comme ça, c'est fait.
19:01 Et puis, bah, sinon, je vais avoir la flemme, donc voilà.
19:05 - 17h32, elle n'a déjà plus rien à faire.
19:14 Et ses parents ne rentrent que dans 3 heures.
19:17 20h. - Salut.
19:24 - Bonsoir. Ça va, grand-mère ? - Ouais.
19:26 - C'est son père qui arrive le 1er.
19:28 - Ça a été ta journée ? - Ouais, ça va.
19:30 - Ouais ? Ça s'est bien passé ? - Ouais.
19:32 - Emma, t'es soulagée quand ton père entre ?
19:35 - Bah ouais, ça va, je suis contente qu'il y ait là.
19:38 Je suis pas soulagée, parce que bon...
19:40 Non, mais je sais qu'il va revenir.
19:42 Parce que... Mais je suis contente qu'il y ait là, quand même.
19:45 - Quand l'école se finit à 15h, c'est pas simple pour moi de rentrer.
19:49 Et comme sa maman travaille dans Paris,
19:51 c'est difficile pour l'un des 2 d'être là avec elle.
19:54 Je suis pas très loin. Si elle a besoin, elle m'appelle.
19:57 Et puis je peux arriver assez rapidement.
19:59 Bon, Emma, tu vas te doucher, ma grande. - OK.
20:01 - Et puis je vais faire le repas. - OK.
20:03 - Avant que ta mère ne rentre. Allez, on y va. - Allez.
20:06 - Un quart d'heure plus tard, la famille est au complet.
20:10 - On doit savoir un petit texte et savoir le jouer et tout.
20:13 Mais genre, par exemple, t'as genre une recette de cuisine, un truc comme ça.
20:17 Un truc pas long.
20:18 - C'est bien, parce que je suis pas toute seule, et puis je parle de ma journée et tout.
20:21 Donc c'est bien.
20:22 - Elle a pas dit "sœur". - Hein ?
20:24 - C'est bon.
20:25 - Dans ce couple, c'est Nathalie qui ne voulait qu'un seul enfant.
20:30 - Moi, personnellement, j'ai pas envie d'avoir plusieurs enfants.
20:34 Je trouve que s'occuper bien d'un enfant, c'est déjà beaucoup de travail,
20:37 beaucoup d'attention à donner.
20:39 - À partir du moment où elle avait pris ce choix,
20:41 de toute façon, c'était difficile pour moi de m'en apposer à un autre.
20:44 - Jean-Pierre s'est résigné. Il connaissait les raisons de sa femme.
20:50 - Moi, j'ai une sœur. On a 2 ans de différence.
20:53 Donc elle est plus jeune que moi.
20:56 Et quand elle est née, je l'ai détestée. Je pouvais pas la supporter.
20:59 Je comprenais pas pourquoi j'avais une sœur,
21:01 pourquoi mes parents avaient besoin de me remplacer, de trouver quelqu'un mieux que moi.
21:04 Donc du coup, je montais sur tout ce que je trouvais pour la moindre.
21:07 Je la détestais.
21:09 Maintenant, je l'aime, ma sœur, mais...
21:12 Mais il a fallu du temps, quand même.
21:14 - J'aurais bien aimé avoir peut-être une grande sœur, peut-être.
21:19 - On s'occupe de toi, en fait.
21:21 On en revient toujours au même truc. - Voilà.
21:23 - Quelqu'un qui s'occupe de toi.
21:25 - J'aime bien aussi parfois m'occuper de moi-même aussi, je crois.
21:28 - Et sinon, des autres ? - Ah oui !
21:31 - Non, c'est un peu le chlomédien.
21:33 - Non, mais ça me saoulerait d'avoir une personne avec qui je dois m'occuper de quelqu'un, moi.
21:38 Une poupée, je peux même pas m'occuper d'une poupée.
21:41 Une plante, là, une plante. Je m'achète une plante, j'arrive même pas à m'en occuper.
21:44 - Tu t'occupes de toi. - Voilà.
21:46 - Ça t'a asqué ? - C'est un truc aiguille, tout le monde.
21:50 - Sur ces belles paroles. Moi, j'ai...
21:53 - La conclusion de Jean-Pierre. C'est un monstre, ça, de lui.
21:58 - C'est vrai que nous, enfin, tout se rapporte à elle.
22:00 Quand on prend une décision, forcément, ça, on la prend en fonction d'elle.
22:04 Donc forcément, elle voit pas la vie autrement qu'avec elle au milieu, hein.
22:11 - Que sa fille se prenne pour le centre du monde, ça n'inquiète pas Nathalie.
22:16 - Ça y est, t'es prête ? Tu vas te coucher ? - Ouais.
22:18 - Je pense que c'est de la provocation. Elle est pas vraiment égoïste.
22:21 C'est pour attirer l'attention sur elle, mais...
22:24 Non, enfin, on a jamais... Ça nous a jamais alertés, en fait.
22:28 - Ce qui préoccupe surtout les parents des mains, c'est sa timidité maladive.
22:33 - Quand elle est rentrée en CP, ouais, elle avait un peu de mal à...
22:40 Enfin, la maîtresse m'avait dit qu'elle avait un petit peu de mal à s'exprimer devant les gens,
22:43 qu'elle était un peu timide.
22:44 - Y a un truc, c'était une mentale pour moi.
22:47 Je pouvais rien dire devant tout le monde.
22:50 Et je pense que, d'ailleurs, ça, ça saoulait les gens.
22:54 - Bonne nuit. - Bonne nuit.
22:56 - Faites beaux rêves.
23:06 Alors, pour l'aider à évoluer, ils l'ont inscrite à des cours de théâtre.
23:10 - Bonjour. - Bonjour, Emma.
23:17 - Ça va ? - Mais il est là, il est là, enfin !
23:19 - Où il est là ?
23:20 L'occasion de se confronter à des jeunes de son âge qu'elle ne fréquente pas à l'école.
23:24 - Est-ce que vous savez par où on respire au théâtre ?
23:28 - Le ventre. - Oui. Enfin, c'est une image, bien sûr,
23:31 parce qu'on respire pas par le ventre. - C'est compliqué.
23:33 - OK, on verra ça. Vous marchez dans l'espace,
23:35 vous faites bien attention à équilibrer le plateau,
23:37 le plus loin les uns des autres, rythme 1 pour le moment,
23:40 les bras le long du corps.
23:42 Ici, Emma apprend à surmonter sa réserve et sa peur du groupe.
23:46 Marchez naturellement.
23:49 Concentration.
23:52 Vous êtes de plus en plus méfiant.
23:54 La personne est de plus en plus menaçante pour vous.
24:01 - Oui, mais il y a plus de peur que de méfiance.
24:03 C'est bien ? N'oublie pas la méfiance.
24:06 - Emma, t'es obligée d'affronter mon regard.
24:09 - Oui.
24:11 - Ça fait 8 ans que je fais du théâtre.
24:13 - Tu veux expliquer pourquoi tu t'es inscrite ?
24:15 - En fait, c'est mes parents qui m'avaient inscrite au départ,
24:17 parce que j'étais super timide, j'osais pas parler aux gens.
24:20 Voilà. Maintenant, je suis un peu moins introvertie.
24:23 Place ensuite à l'improvisation, un exercice qu'elle redoute.
24:28 Car rien n'est préparé, il faut réagir du tac au tac et se lâcher en public.
24:33 - Il est toujours pas arrivé.
24:35 - Tu veux pas l'appeler, là ? Parce que...
24:38 - Bah, je sais pas.
24:39 - Si on arrive en retard...
24:41 - Elle essaie de l'appeler, mais...
24:43 - Qu'est-ce qu'on a entendu des autres ?
24:46 - Tu vois, quand Baptiste t'a demandé, Emma, si tu l'avais appelée,
24:50 t'as mis du temps avant de décider.
24:52 Et non, il faut tout de suite du tac au tac.
24:54 Mais oui, j'ai appelé, ils n'entendent pas.
24:56 - Les enfants uniques, je pense, ont moins tendance à être critiqués
25:00 du fait de pas avoir de frères et sœurs.
25:02 Le fait d'être dans un cours de théâtre leur permet de s'habituer à la critique
25:06 et au regard des autres, puisque le théâtre, c'est vraiment...
25:10 accepter d'être regardé.
25:12 Ca leur permet de s'affirmer, prendre sa place dans un groupe.
25:16 Ce qu'on fait naturellement avec ses frères et sœurs,
25:19 puisqu'on est obligés d'exister.
25:23 - Emma se livre si peu que personne ici ne savait qu'elle était fille unique.
25:28 - Tu t'ennuies pas trop ? - Bah non.
25:31 Depuis que je suis toute petite, j'ai affreuxé comme ça.
25:34 - Moi, personnellement, j'ai des petits frères et sœurs, et c'est trop mignon.
25:38 - J'aimerais pas être toute seule, parce que quand on rentre
25:41 ou quand on a des événements importants, on a envie de se confier,
25:44 pas forcément à nos parents, parce que c'est nos parents,
25:46 mais plus à nos frères et sœurs, parce que c'est un peu déconseillé,
25:49 comme personnellement, pour moi, ils sont grands, donc c'est des modèles.
25:51 - Moi, personnellement, être fille unique, je pense que je m'en irai à force.
25:55 De pouvoir embêter personne.
25:58 - Et t'aimerais pas juste tester d'avoir des frères et sœurs ?
26:02 - Non, mais c'est bien.
26:04 - Si tu veux, je t'envoie les liens.
26:06 - Non, mais vous comprenez ce que je veux dire, je veux voir ce que ça ferait.
26:09 - Je t'envoie les liens en stage pendant une petite semaine,
26:11 je vous les ramène quand on en a marre.
26:12 - En fait, le truc, c'est parfois pendant les vacances,
26:14 je suis avec mes cousins pendant une semaine, un truc comme ça,
26:16 et parfois, j'en ai un peu marre, en fait.
26:19 - Aujourd'hui, ce schéma familial ne fait pas beaucoup d'envieux.
26:23 En amitié aussi, Emma préfère l'exclusivité et les relations durables.
26:30 C'est très rare qu'elle invite des amis chez elle.
26:33 Colombe, sa copine de classe, accompagnée par sa mère, est une exception.
26:38 Avec elle, Emma est en confiance.
26:42 - Diana !
26:45 - Elle se sent plus gaie, plus légère.
26:47 - Comment il se la pèse !
26:49 - C'est un kikou, gros kikou !
26:51 - Emma, d'habitude, tu geeks toute seule.
26:54 - Ouais.
26:55 - Là, vous geekez à deux.
26:56 - Ouais.
26:57 - Alors c'est plus sympa de geeker toute seule ou geeker à deux ?
26:59 - Bah, peut-être à deux, parce qu'on peut se critiquer des gens.
27:04 - Non, mais...
27:05 - Je critique.
27:06 - Oh, choquée, elle est avec Lucie !
27:08 - Vous êtes tout le temps choquées, vous ?
27:10 - C'est un peu notre expression, on dit "tout le temps choquée".
27:12 Genre, pour un rien, en fait.
27:14 Ici, j'ai jamais invité plusieurs venues en même temps.
27:17 En fait, c'est pas que j'ai pas beaucoup d'amis, mais pour que j'invite...
27:22 - Attends, t'as Laura et Lucille qui t'avaient demandé de venir ?
27:26 - Oui, mais... Ouais, elles m'avaient invitées, mais j'ai dit non, en fait.
27:29 En fait, il faut vraiment que je connaisse beaucoup la personne pour aller chez elle, au cas où elle vienne chez moi.
27:34 Je suis pas trop une fille de groupe, en fait.
27:37 Par exemple, je sais pas si t'as vu, mais...
27:40 Genre, t'as vu, quand tu vas vers des groupes de gens,
27:43 quand elle va parfois dans des groupes de gens et tout, je m'éclipse.
27:46 - Et tu vas voir ça, hein ?
27:47 - Oui, je vais voir une amie, en fait.
27:50 Comme ça, je reste à deux, en fait.
27:53 En tête-à-tête avec Colombe, Emma n'est pas égoïste du tout.
27:57 - Je te les prête, hein.
28:01 - Je vais te les... OK.
28:03 - Emma, tu prêtes tous ces jeux à Colombe ?
28:05 - Euh, ouais.
28:07 - Parce que...
28:09 Parce que je vais... En fait, je vais donner une DS, parce que j'en ai une autre.
28:13 Et ça, c'est mon ancienne, en fait. Du coup, je vais lui donner.
28:16 - Elle a pas forcément l'habitude d'avoir quelqu'un avec qui partager,
28:21 avec qui faire d'autres choses, parce qu'elle est souvent seule et...
28:25 Mais... Enfin, les clichés des enfants uniques, aussi, c'est vrai que ça peut être faux,
28:28 parce que la preuve en est, Emma, elle m'a prêté ces trucs.
28:31 - Alors, quoi qu'elle en dise, Emma est capable de s'occuper des autres.
28:38 Et elle va bientôt le prouver à sa mère.
28:40 Aujourd'hui, c'est l'heure virée shopping.
28:43 Un moment privilégié pour toutes les 2.
28:46 - 16 ans. Tu veux l'essayer ?
28:49 - C'est un moment de partage, d'échange,
28:53 parce qu'on discute pas seulement en shopping, en vêtements, en sac à main, en chaussures.
28:58 Souvent, elle se confie sur sa vie au collège,
29:02 sur ses angoisses, sur l'avenir, sur ce qu'elle fera plus tard.
29:09 Et ça permet de discuter sur plein de choses, d'échanger.
29:13 - Alors, voyons ça. Ah ouais, c'est original, j'aime bien.
29:16 - Ouais. - Ah, du "j'ai vendu".
29:18 - Ouais, oui.
29:19 Pourtant, au lieu de se réjouir, Emma paraît mal à l'aise.
29:24 - Ça te gêne quand ta mère t'offre des affaires ?
29:30 - Parfois, ouais.
29:31 - Pourquoi ?
29:32 - Mais parce que je me dis, si j'avais un frère ou une soeur, elles feraient pas ça.
29:35 Les gens qui ont joué à "Mes amis", elles veulent un T-shirt,
29:38 bah, elles vont attendre jusqu'à Noël, alors que moi, bah, je vais dans le magasin,
29:41 puis je les mets, le T-shirt, donc...
29:43 - Emma, elle se pose souvent la question du prix,
29:46 de savoir si on va être ruinée, si on achète un sweat ou quelque chose.
29:51 - Consciente de la chance qu'elle a,
29:54 Emma fait des efforts pour rester attentive aux autres.
29:57 - Tu aimes pas ça ?
30:00 - C'est boulange, ça, ma chambre.
30:02 - Mais t'en as un qui ressemble à ça, non ?
30:04 C'est vrai qu'à chaque fois que je rencontrais des gens...
30:08 "Ah bah, t'es égoïste parce que t'es fille unique,
30:10 "enfin, c'est...
30:12 "T'es pourri-gâté parce que t'es fille unique,
30:15 "tes parents, ils te donnent tout, enfin..."
30:17 - Peut-être qu'on l'a cantonnée dans ce rôle d'égoïste,
30:21 c'est que, du coup, il faut qu'elle...
30:23 Il faut qu'elle arrive à en sortir.
30:25 D'abord, elle grandit, elle évolue,
30:27 puis elle va au collège, elle rencontre d'autres personnes,
30:30 elle fait du théâtre, et donc elle...
30:32 Elle s'ouvre aux autres, et puis elle devient...
30:35 Elle devient elle-même.
30:37 - C'est un plaisir de faire plaisir.
30:39 - Sortir de la posture de l'enfant unique, égoïste et introverti,
30:44 c'est le vrai défi d'Emma.
30:46 Selon Emmanuelle Rigon,
30:48 beaucoup d'enfants uniques comme elle sont victimes d'un malentendu.
30:54 - Les enfants uniques peuvent être très réservés,
30:57 ce qui peut donner une idée d'attitude méprisante
31:01 ou égocentrique, de ne pas s'intéresser aux autres.
31:04 Mais parfois, c'est par peur.
31:06 On se dit, "Bon, j'ai pas trop...
31:08 "J'ai peur de lui poser une question, je sais pas si je vais l'intéresser,
31:12 "donc je reste dans mon coin."
31:14 Ca veut pas dire qu'on est égoïste,
31:16 mais ça veut dire peut-être aussi
31:18 une manque d'habitude d'aller vers l'autre,
31:20 manque d'habitude d'avoir grandi avec un autre tout le temps à côté.
31:23 Et du coup, on n'y va pas,
31:25 ou on propose pas, ou on demande pas à jouer,
31:28 ou on invite pas à...
31:30 Et ça, voilà, ça peut être lié à l'historique de l'enfant unique.
31:34 - Trop gâté, trop réservé, trop égoïste,
31:39 l'enfant unique en prend pour son grade.
31:42 Mais quand on n'en a qu'un,
31:44 comment l'empêcher de tomber dans tous ses travers ?
31:47 Tristan a 13 ans, Muriel, sa mère, est formatrice,
31:50 et son père, Alain, directeur d'exploitation.
31:53 Leur obsession ? Faire de leur fils un enfant parfait.
31:56 - C'est trop petit, ça se prend, ce bordel !
31:58 - T'as laissé le passer, aussi ?
32:00 Pour les rencontrer, je me retrouve sur les bancs
32:02 d'une patinoire de banlieue parisienne.
32:04 Tristan est le gardien de l'équipe de hockey sur glace d'Evry.
32:07 Ses parents sont ses plus fidèles supporters.
32:10 - Aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe !
32:13 - Ah ! Il se le prend ! Il se le prend !
32:16 Très tôt, ils ont décidé de transmettre à leur fils
32:18 une valeur qui manque parfois aux enfants uniques,
32:21 l'esprit d'équipe.
32:23 - Le collectif, c'est bien pour lui ?
32:25 - Bah oui, parce que ça... Vraiment, il partage tout.
32:28 Y en a un qui va arriver avec un bout de gâteau,
32:30 il va falloir qu'il partage avec les uns, les autres.
32:33 Il faut qu'il se fasse de la place.
32:35 Y a des codes. Quand t'es dans le collectif,
32:38 t'es obligé de partager, t'es une équipe.
32:40 Voilà, il faut de la place pour tout le monde,
32:43 et il faut s'entraider.
32:45 - C'est un poste stratégique.
32:48 Il faut que son équipe lui fasse confiance.
32:51 Ça montre un peu des valeurs.
32:53 C'est les valeurs qu'on souhaite lui apporter.
32:56 Aujourd'hui, Tristan et les peaux rouges d'Evry
32:58 ont gagné de justesse.
33:00 Mais pour l'adolescent, l'essentiel, c'est le collectif.
33:03 - Ça va, Tristan ? - Ouais. Un peu dur, le mat'choulé.
33:06 Pour un fils d'unique, je pense que c'est important
33:09 de faire un sport collectif,
33:12 parce que la collectivité, ça permet d'être sociable,
33:15 de se faire des amis vite,
33:17 d'être heureux d'être ensemble, d'avoir gagné.
33:20 Alors que si on est tout seul, on perd tout seul,
33:23 et on gagne tout seul, et c'est pas amusant.
33:25 Pas besoin de pousser Tristan à aller vers les autres.
33:28 Il est sociable depuis l'enfance.
33:30 C'est sa 2de nature, et ses parents y veillent.
33:33 En effet, Muriel et Alain auraient aimé lui donner
33:38 des frères et sœurs, mais ils n'ont pas eu le choix.
33:42 On a eu recours à l'aide médicale pour Tristan,
33:45 avec mon mari et moi.
33:47 On a été un peu les précurseurs de certaines techniques.
33:50 Ça fait bien, ça !
33:52 Et en fait, on a réussi à avoir Tristan.
33:55 Quand Tristan est né, j'étais inondée de bonheur.
33:58 Vraiment, ça a été le plus beau jour de ma vie.
34:01 Quand j'ai vu ce que j'avais réussi à faire,
34:04 j'avais mes yeux qui brillaient, j'avais les larmes aux yeux.
34:07 Je me souviens être restée penchée sur le berceau
34:10 à le contempler, contempler ses petites mains,
34:13 contempler son gros pif.
34:15 Mais pour moi, c'était l'enfant le plus beau du monde.
34:18 Dès la naissance, Muriel a fait le maximum
34:21 pour que son fils soit toujours entouré d'enfants.
34:24 On a essayé de faire en sorte qu'il soit toujours entouré d'enfants.
34:28 Toute la primaire, on était tout le temps en contact
34:31 avec d'autres mamans pour les goûter, etc.
34:34 De manière à ce qu'il y ait toujours un enfant
34:37 qui vienne dormir pendant les vacances
34:40 ou faire des activités à l'extérieur avec un groupe d'enfants,
34:43 avec d'autres mamans, ou sinon, lui, il allait dormir chez d'autres enfants.
34:46 - Oh...
34:49 - C'est mauvais.
34:52 - Ils ont plus de genre aussi, plus de câlinou, les parents,
34:55 quand ils ont qu'un seul fils. - C'est vrai, ça ?
34:58 - Ouais. - C'est grave.
35:01 - Mais lui aussi, il est encore...
35:04 - Maintenant, il grandit, mais il aime bien
35:07 quand je lui fais le tour de la maison.
35:10 - Oh, la balle, oh ! - Voilà !
35:13 - En fait, c'est je fais le tour de la maison,
35:16 je ferme un volet, deux volets, je ferme la porte
35:19 et je donne un tour de clé. Voilà.
35:22 Et ça, c'était le câlin du soir.
35:25 Bon, de plus en plus, je le perds, mais bon, à bientôt.
35:28 C'est normal.
35:31 - C'est un enfant choyé, particulièrement heureux de son sort.
35:34 - Oui, j'aime être fils unique,
35:37 parce que...
35:40 On a tout ce qu'on veut. Franchement, on a tout, tout, tout.
35:43 Si nos parents, ils sont gentils et qu'on fait l'effort
35:47 d'être gentil avec eux, on aura tout ce qu'on veut.
35:51 Si ça marche avec moi, après, dans notre famille,
35:54 je sais pas si ça marche comme ça, mais j'aime être fils unique.
35:57 On se sent plus aimé.
36:00 C'est à peu près...
36:03 On est un peu le centre de la maison,
36:06 tout en...
36:09 Des amours partout.
36:12 - Avec tant d'amour partout, les parents de Tristan
36:15 ont peur que leur fils devienne égocentrique et paresseux.
36:18 - Donc là, c'est un petit moment de détente avec le petit dernier.
36:24 - Alors, pour éviter ça,
36:27 Muriel ne perd pas une seule occasion de le responsabiliser.
36:30 - Quand t'as un grand frère qui a la responsabilité
36:33 de sa petite soeur ou de son petit frère, c'est une responsabilité lourde.
36:36 Et donc là, on a acheté un chien pour qu'il ait cette responsabilité-là.
36:39 Et il doit penser à lui donner à boire, à manger,
36:42 le descendre, et c'est un être vivant.
36:45 Donc il a la responsabilité de cet être vivant.
36:48 - Au quotidien, Muriel a distribué les tâches ménagères
36:51 et Tristan a sa part de corvée.
36:54 - Chaque jour où on va, il y a un règlement.
36:57 Donc là, on a instauré avec Alain un règlement.
37:00 Il est inscrit sur la porte du frigo.
37:03 Et au lieu de crier, j'essaie de dire "Va lire le règlement".
37:06 Il y a un peu moins de conflits, c'est moins tendu,
37:09 et ça crie un peu moins à la maison.
37:12 - Tu veux chercher Tristan ?
37:18 Evry, 7h du matin. Je surprends Tristan au sceau du lit.
37:21 A 13 ans, il doit être parfait dès le réveil.
37:24 Sa mère est là pour le lui rappeler.
37:30 - Mais je t'ai dit hier "Pense à nous aider, pense à descendre les poubelles".
37:33 Je t'ai dit "Papa, t'as de la chance, il t'a descendu la grosse poubelle".
37:36 Il descend de mon loterie.
37:39 Tu peux pas, toi, y penser. Une fois que je te l'ai dit,
37:42 je suis obligée de te fliquer, c'est ça qui m'agace.
37:48 - Je m'occupe pas de toi aujourd'hui, nom du chien, c'est toi qui gère.
37:51 Avant le départ au collège, le règlement est appliqué à la lettre.
37:55 - Tu fais ton lit tous les matins ?
38:01 - C'est partie des choses quotidiennes que je dois faire.
38:04 - Et si tu fais pas, qu'est-ce qui se passe ?
38:09 - Je me fais engueuler.
38:12 Ma mère, elle est pas contente.
38:15 Du coup, je me culpabilise.
38:18 Que ma mère soit écoutée, que je lui ai pas fait...
38:21 - Tristan comprend pourquoi on lui impose toutes ces contraintes.
38:24 - Comme je suis le fils unique, je suis le seul garçon qui est là.
38:27 Elle prend beaucoup de soin de moi.
38:31 Et c'est pour ça que je lui me sers ça.
38:34 Après, pour pas que ça s'arrête, faut faire des efforts aussi.
38:41 L'adolescent est donc attentif aux moindres détails.
38:44 - Il fait gaffe quand même au temps.
38:49 Là, c'est humide, il va juste avoir une patouille.
38:52 Il va juste pas le laisser entre les chambres et sur le canapé non plus.
38:55 Faut l'entretenir à la maison.
38:58 Et comme on n'est que 3, y a une raison de plus pour faire plus d'efforts.
39:01 - Ça t'embête pas de faire tout ça ?
39:04 - Non, parce que c'est mon chien. J'accepte cette responsabilité.
39:07 - C'est là que t'es posé comme ça, Jim ?
39:10 - Oui.
39:13 Après les cours, Tristan veut me montrer comment il parvient à jongler
39:22 entre sa vie d'ado et ses devoirs de fils modèle.
39:25 - T'étais tout seul.
39:28 - Donc en fait, tu regardes la télé...
39:36 - Oui. - Et ta tablette en même temps.
39:39 - Oui.
39:42 Parce que je me sens un peu seul sans voix.
39:45 - Ça fait une présence ? - Oui.
39:48 Après le goûter, le jeune garçon n'a pas le temps de souffler,
39:51 car les missions s'enchaînent.
39:54 Et à ce petit jeu, Tristan veut être irréprochable.
39:57 Sortir le chien, faire ses devoirs,
40:00 mettre de l'ordre dans ses affaires,
40:03 ranger le lave-vaisselle.
40:06 L'enfant idéal.
40:09 Plutôt fier de lui, Tristan se méfie du verdict
40:35 de sa mère.
40:38 - Je suis contente, parce que quand je vais dire à ma mère, elle va être contente.
40:41 C'est surtout ça, aussi, d'être fils unique.
40:44 C'est quand tu réussis quelque chose, t'as toute la loire pour toi.
40:47 - Saute pas, saute pas, saute pas !
40:50 Saute pas ! Un bisou à mon fils.
40:53 - Ah, le gros câlin ! - Ouais, ouais, ouais.
40:59 - Après, ça gueule, hein, mais sur l'instant T, c'est...
41:02 - Et en effet...
41:05 - T'as regardé s'il avait de l'eau ? - Oui, oui, j'ai regardé.
41:08 - Reste en fond !
41:11 - T'as oublié ce petit détail ?
41:20 - Le détail que ma mère a à rentrer et qu'elle me saoule directement la tête ?
41:23 Non, j'avais pas oublié celui-là.
41:26 Mais le détail qu'il y a un chien, il avait plus d'eau ?
41:29 - Vous n'avez pas peur de trop lui mettre la pression ?
41:32 - Bah, c'est sûr. C'est vrai que c'est un gamin, il est tout seul.
41:37 On a 4 yeux rivés sur lui.
41:40 Mais bon, on le prépare pour la vie.
41:43 On n'est pas chez les bisous mours, non plus, hein, donc...
41:46 Après, on lui laisse quand même...
41:49 Il a des plaisirs, c'est pas un enfant des placards.
41:52 Moi, je veux dire, il a de la... Il a de la marge avant, ou que ce soit.
41:56 Mais c'est pour son bien-être aussi, hein.
41:59 - Je l'accepte. Je l'accepte très bien.
42:02 Mais bon, des fois, je l'oublie, ça.
42:05 C'est pour mon bien-être. Donc du coup, je l'accepte pas.
42:09 - Entre culpabilité et excès de zèle,
42:12 Tristan, qui est en 5e, multiplie les efforts dans tous les domaines.
42:16 - Il a eu un 8 sur 10 en espagnol, ce qui fait 16 sur 20.
42:21 Ce qui est pas...
42:23 C'est bien, je trouve, 16 sur 20.
42:26 - Contre d'anglais, c'est merveilleux, le jour où j'ai passé.
42:29 Dans quelques jours, son père Alain fêtera ses 50 ans.
42:33 Et Tristan lui prépare une petite surprise.
42:36 - Quand je l'ai fait dire à Rémy, il a rigolé.
42:39 - Ah ouais, c'est vrai ? - Ouais.
42:41 - Tiens, là. Assis, tu bouges pas. T'écoutes.
42:44 - T'es un papa marrant qui aime bien Tristan,
42:47 le chien un peu, en sachant que tu vas l'enfermer dans l'aspirateur.
42:50 - OK, ça, j'ai tout entendu.
42:53 "Le samedi et dimanche, tu fais la grasse mat'.
42:56 Pour l'instant, moi, je vais réviser mes maths.
42:59 T'es pas très fort à l'école, mais tu leur faisais bouffer la colle."
43:03 - Bah, écoute, moi, j'aime beaucoup, mais après, par contre...
43:07 - Faut travailler. Faut...
43:09 - Attends, avant de t'emballer, là, mon coeur,
43:11 c'est qu'il faut que les gens comprennent ce que tu dises.
43:14 Parce que sinon, on va pas ensemble...
43:16 - C'est pour ça que je te dis, il faut aller travailler.
43:18 Là encore, il a besoin de l'avis de Muriel.
43:21 - Oh, bah, que ce soit beau, que ce soit bien, quoi.
43:24 Sinon, ça va pas être... ça va pas être classe.
43:26 - Non.
43:28 - Je veux la grosse, je veux la taille.
43:30 - Ouais, t'es petite, ouais.
43:32 En étant très exigeant sur l'éducation de leur fils,
43:35 Muriel et Alain ont l'impression d'avoir gagné leur pari.
43:38 - Vous êtes fiers de votre fils ? - Ouais, vachement.
43:40 - Très, très fiers.
43:42 - Il travaille bien l'école, il s'entraîne bien, il est courageux.
43:45 - Oh... On va pas demander la lune.
43:48 - Muriel, vous m'avez dit "j'en ai qu'un", alors je veux bien le réussir.
43:52 - Ouais, j'aimerais bien arriver à faire...
43:54 - Comme un gâteau, quoi.
43:56 - Il y a plusieurs étapes, là.
43:58 Pour l'instant, je passe à l'épuisseau.
44:00 Mais en poussant leur fils unique à devenir presque parfait,
44:06 ses parents ne lui mettent-ils pas trop la pression ?
44:09 J'ai posé la question à Emmanuel Rigon.
44:11 - Les enfants uniques, souvent, aussi, ont une pression assez forte
44:15 qui est soit exercée ouvertement par leurs parents,
44:19 parce que c'est le seul enfant, donc il se doit de réussir,
44:23 il se doit d'être le premier, le plus beau, le plus brillant.
44:27 Et souvent, on remarque, même quand les familles sont assez tranquilles
44:32 par rapport à cette question, l'enfant unique lui-même
44:34 se met une pression importante et se fait un challenge
44:38 d'être le premier de la classe.
44:40 On retrouve pas mal d'enfants uniques en premier de la classe.
44:44 Alors, conseil aux parents, on peut élever un enfant unique
44:49 assez tranquillement, on n'est pas obligé de lui mettre une pression.
44:53 Cette pression-là, le poids des attentes de leurs parents,
44:58 certains enfants uniques ne les supportent pas.
45:01 Nous sommes samedi, et le soleil brille à la Ciota dans les bouches du Rhône.
45:08 Charlotte a 14 ans.
45:11 François et Magalie, ses parents, sont ingénieurs.
45:14 Cette fille unique sait comment émouvoir son papa.
45:21 - Bravo, ma chérie, bravo. Super.
45:30 - Je te vois dans le reflet, en plus.
45:33 - Dès que tu joues ce morceau, moi, ça me déchire.
45:36 "Oh non, t'es trop grande."
45:38 "T'es trop grande."
45:40 "T'as trop grandi, regarde."
45:42 "Je suis pas petit."
45:44 "Ah oui, mais tu triches."
45:46 - Ca fait bizarre d'avoir à grandir cette fille unique ?
45:49 - Bizarre ? Non.
45:51 Non, moi, je vois pas les choses comme ça.
45:54 Je suis content qu'elle soit grande,
45:57 je suis content qu'elle soit de plus en plus autonome.
46:00 Les oiseaux, ils s'envolent de leur nid,
46:03 et on leur apprend à voler, et on est content quand ils volent.
46:06 Après, quand ils quittent le nid,
46:08 il y a toujours un petit moment de nostalgie,
46:11 mais c'est pas grave, ça.
46:13 - François, positif, mais il sent bien que depuis quelques mois,
46:16 Charlotte lui échappe.
46:18 Même pendant les balades en famille, elle traîne les pieds.
46:21 - Mais j'avais pas envie de faire ce tour.
46:24 - Bah, parce que je l'aime pas.
46:30 Moi, pas que ça, je l'aime pas.
46:32 - T'es sérieux, là ?
46:34 - Magnifique. - La vie est magnifique.
46:42 - Comme c'est l'île, la maison de retraite qu'ils sont en train de construire.
46:45 Magali et François ne réagissent pas aux remarques acerbes de leur fille.
46:49 Ils ont attendu la quarantaine pour devenir parents.
46:52 La naissance de Charlotte les a comblés.
46:54 - On a mis pas mal de temps pour avoir Charlotte,
46:57 parce que c'était pas simple.
46:59 Et du coup, bah voilà, on en a pas eu d'autres.
47:02 Puis finalement, on a été très contents d'avoir tous,
47:05 mais c'était autre chose.
47:07 - Cadres supérieurs tous les deux,
47:10 ils peuvent se permettre de gâter leur fille, et ils ne s'en privent pas.
47:14 - On fait beaucoup plus de choses différentes avec un enfant
47:19 que si on en avait 3 ou 4,
47:21 parce qu'on peut lui avoir fait découvrir beaucoup plus d'activités,
47:26 on peut partir faire des voyages,
47:29 ce qu'on pourrait peut-être pas faire si on avait 3 ou 4 enfants.
47:34 - Tu aurais aimé avoir des 13 soeurs toi, Charlotte ?
47:36 - Moi, personnellement, je me réveille pas en me disant
47:39 "Oh, j'aimerais tellement avoir un frère ou une soeur."
47:41 Quand on est fille unique, on obtient plus facilement ce qu'on veut,
47:44 on a plus d'attention, et quand on fait du shopping,
47:48 du coup, y a pas à dire "Ouais, mais j'ai déjà pris un truc
47:52 alors que j'avais rien pris pour ta soeur ou ton frère."
47:55 - Ah oui, nous, c'est facile, il suffit de diviser par 1,
47:58 on n'est pas obligé de diviser par 3 ou 4, c'est sûr.
48:02 - Mais aujourd'hui, Charlotte étouffe dans cette relation à 3.
48:06 - Et maman, elle va où du coup ?
48:07 - Elle va plus bas, près du pain, là, c'est joli.
48:10 - Ah, là aussi, c'est beau, non ?
48:12 - Quand on est fille unique, on n'a personne d'autre pour prendre notre défense,
48:15 du coup, ça fait que dans tous les cas, on est toujours 1 contre les 2 parents.
48:19 Du coup, on peut jamais vraiment avoir raison, et c'est vraiment chiant.
48:24 Même le chien, il essuie, alors...
48:26 L'adolescente ne le cache plus, elle a besoin de s'émanciper.
48:33 À peine rentrée à la maison, Charlotte s'isole.
48:37 - Genre, c'est une chambre d'ado, quoi, c'est pas...
48:40 C'est pas super dérangé, on va dire. C'est normal.
48:43 En plus, j'ai ma propre salle de bain, du coup, si j'ai pas envie de sortir,
48:50 je reste dedans, et voilà.
48:52 En plus, c'est moi qui ai la meilleure vue.
48:54 Quand il y a des feux d'artifice, les gens, ils viennent dans ma chambre pour voir.
48:57 J'ai besoin d'isoler parfois.
49:00 Avec mes peluches et tout, ça fait peut-être bébé, mais j'ai besoin parfois.
49:04 Les peluches, c'est un peu comme mes amies d'enfance,
49:08 vu que j'avais pas non plus beaucoup d'amis quand j'étais petite.
49:12 J'ai toujours eu du mal à m'intégrer dans les groupes, de toute façon.
49:14 Je pense que vu que j'ai toujours été avec des adultes,
49:17 j'ai l'impression de genre... Pas d'avoir raté mon enfance,
49:19 parce que mon enfance a été géniale, c'est juste que j'ai l'impression
49:21 d'avoir raté un peu le fait d'être toujours avec des petits-enfants.
49:25 Et je sais qu'à chaque fois que je vois des petits-enfants,
49:27 je retourne à mon enfance, parce que justement,
49:29 j'ai l'impression de pas avoir assez joué avec des gens de cet âge-là.
49:32 Et du coup, j'ai l'impression qu'il y a une partie de moi
49:35 qui est restée bloquée à cette période-là de ma vie.
49:37 Malgré ses peluches, Charlotte sait qu'elle a grandi.
49:41 Elle veut profiter de son adolescence, et elle tient ses parents à distance.
49:47 - J'ai compris qu'elle avait besoin de s'isoler,
49:49 j'ai compris que c'est une ado, et puis qu'elle a besoin d'être seule.
49:52 C'est sa partie secrète. Donc maintenant, on l'a un peu plus acceptée.
49:56 Avant, on lui disait effectivement, il faut venir avec nous,
50:00 pourquoi tu es toute seule, il faut faire ci, il faut faire ça.
50:03 Et puis non, on a compris que c'était plutôt une petite fille.
50:07 Magali prend sur elle car il n'y a pas si longtemps,
50:12 les conflits avec sa fille étaient fréquents.
50:14 Mais l'ambiance s'est bien détendue depuis que Charlotte est entrée à l'internat.
50:18 - C'est important, c'est le moment où elle se retrouve, ce déjeuner du samedi.
50:28 En fait, on n'a pas beau... Dans la semaine depuis que Charlotte est en internat,
50:33 on n'a plus de temps ensemble.
50:35 - On la retrouve le vendredi soir.
50:37 - Mais malgré tout, les premiers jours, enfin, moi un petit peu,
50:40 puis François encore plus que moi, était un peu tristouné quand même.
50:43 - Qui a fait le choix d'aller en internat ?
50:46 Qui a fait le choix de l'internat ? - Moi !
50:49 - Ça te faisait pas peur de quitter la maison ?
50:52 - Le fait d'être moins de mes parents pendant un certain temps,
50:55 mais après j'ai pesé les pours et les contres et je me suis dit...
50:57 De toute façon, je l'ai viré le week-end.
50:59 Et en plus, j'ai aussi pensé à mon bien-être et je me suis dit...
51:03 Je me sentirais vraiment pas bien en restant ici.
51:09 Et je me suis dit qu'il fallait que je sorte un peu de la CAUDA.
51:13 Pour voir d'autres choses, pour rencontrer de nouvelles personnes.
51:17 Enfin, je suis toujours avec les mêmes personnes.
51:19 - Est-ce que vous appréhendiez justement la rentrée des classes,
51:22 la première semaine à l'internat ? - Moi, oui, j'avais très peur.
51:24 J'ai eu peur parce que, effectivement, ça avait pas toujours été simple
51:28 pour Charlotte au collège, en termes d'entrée dans des groupes
51:32 ou de relationnels.
51:34 Et j'avais très peur que l'entrée à l'internat se passe pas bien.
51:38 On est à une heure de route.
51:41 Donc, s'il y a le moindre souci, si elle est malade,
51:44 si elle est pas bien, on peut aller la chercher.
51:48 - Ses parents, très attachés à leur fille unique,
51:52 ont accepté de l'envoyer dans un internat.
51:55 Mais quand elle est à la maison, ils veulent profiter de chaque instant avec elle.
51:59 Il n'est pas encore 5h30 ce lundi matin.
52:07 Mais François est déjà au fourneau.
52:10 - Souvent, je suis le préposé au petit déjeuner,
52:12 à préparer un peu tout, la table, tout.
52:15 Et le lundi matin, comme on se lève tôt et qu'il faut quelque chose de consistance,
52:20 et puis qu'elle aime, que Charlotte aime, et puis moi aussi,
52:23 c'est petit déjeuner à l'anglo-saxonne.
52:26 - C'est pas trop dur de se grasser aussi ?
52:29 - On préférerait faire un peu plus la grasse matinée, c'est sûr, hein.
52:33 Très certainement.
52:35 - Charlotte pourrait rentrer à l'internat le dimanche soir,
52:38 mais ses parents se sont organisés pour faire durer le week-end.
52:41 - C'est vrai que c'est tôt.
52:44 Tout le monde se lève, et puis ça fait un petit moment, on ne peut plus se partager.
52:49 C'est bien, c'est bien.
52:51 - Allez, à table.
52:54 - On va magasiner un petit peu d'énergie pour cette journée qui commence tôt.
52:59 - Charlotte, t'apprécies que tes parents se lèvent plus tôt pour toi ?
53:02 - Bah ouais, ouais.
53:04 Et après, papa, il va au boulot aussi, donc...
53:08 Donc, je me suis dit que ça fait tôt.
53:11 Non, pas aussi tôt ?
53:13 - Ce serait vrai quand même une heure plus tard.
53:16 - Devant ce manque de gratitude, juste des sourires gênés.
53:21 On sent que les parents de Charlotte se contrôlent
53:24 pour ne pas étouffer la prunelle de leurs yeux.
53:26 - J'essaye de faire attention, pas trop de prendre la tête,
53:29 parce que souvent, ça passe sinon,
53:32 pour éviter qu'elle parte en me faisant la tête, ce qui peut arriver.
53:37 - Après, ils sont trop...
53:39 Enfin, surtout maman.
53:43 Très collantes, attachantes, collantes.
53:51 - François et Magali encaissent en silence.
53:54 Ils ne veulent surtout pas se fâcher avec leur fille avant son départ.
53:57 - Ah oui, non. Non.
53:59 Musique douce
54:02 ...
54:08 - Ca va, oui, c'est toujours...
54:11 Mais bon, ça va, là. Aujourd'hui, elle est...
54:14 Si elle était prête, on s'est pas engueulées, tout va bien.
54:18 ...
54:22 - Cette semaine, Charlotte fête son 1er mois à l'internat
54:27 situé près d'Aix-en-Provence.
54:29 Alors j'ai voulu savoir à quoi ressemblait la vie d'une fille unique,
54:32 en collectivité.
54:34 Ici, on est loin de la chaleur du cocon familial,
54:37 c'est self-service et on dîne à 18h30.
54:40 ...
54:43 - Euh, chez ma mère. Quelle question !
54:46 ...
54:48 - Mais c'est aussi beaucoup plus amusant.
54:51 ...
55:01 - C'est beaucoup moins calme qu'à la maison.
55:04 - Ouais, c'est pas calme du tout, même, mais bon.
55:07 Mais c'est génial.
55:09 - Après le dîner, les internes ont quartier libre.
55:11 - Bienvenue dans la chambre.
55:13 ...
55:16 - Charlotte partage un dortoir avec 4 autres filles.
55:19 Ici, pas de vue sur mer ni de doudou en peluche,
55:22 mais une liberté grisante.
55:25 On se met du vernis et on avale des cochonneries.
55:28 - T'as toutes des pâtes chinoises !
55:30 - Oui, on mange tous des pâtes chinoises, en fait, à l'internat.
55:33 - Et surtout, on se trémousse entre copines sur les tubes à la mode.
55:36 ...
55:39 - C'est ça !
55:41 - BAM ! BAM !
55:43 - On s'est gourées !
55:45 ...
55:47 - Tu fais quand même pas tes devoirs ?
55:49 - Euh, non, je... Enfin, je revois un peu mes cours et tout, pour...
55:52 - Et t'arrives à te concentrer ?
55:54 - Non.
55:56 ...
55:58 - Charlotte est méconnaissable.
56:00 Épanouie, souriante.
56:02 ...
56:04 Elle a l'air très à l'aise dans ce vacarme.
56:06 - C'est chaud, moi ! - Moi aussi, c'est trop chaud !
56:08 - Ici, elle n'est plus le centre du monde.
56:10 Au contraire, elle fait enfin partie d'un groupe.
56:12 C'est ce qui lui manquait le plus.
56:14 - Ça fait pas si longtemps que ça qu'on se connaît,
56:16 mais... - Oh !
56:18 - Ouais, ça fait un mois et une semaine qu'on se connaît,
56:20 et on a l'impression qu'on se connaît depuis super longtemps, en fait.
56:22 - On t'aime trop. - Ah !
56:24 - Enfin, toi, oui. - Moi, je t'aime.
56:26 - Oui, moi aussi. - Mais toi, non, t'aimes pas.
56:28 - Oui, toi, non, t'aimes pas. - Non, ça va.
56:30 - Ici, je me suis fait plein de nouvelles amies, et c'est génial.
56:33 - Quand t'étais pas à l'internat, l'an dernier, le soir,
56:35 qu'est-ce que tu faisais ?
56:37 - Après, je rentrais chez moi, je... Je mangeais,
56:39 je jouais avec le chien, je regardais une série,
56:41 j'allais dans mon lit, je regardais l'ordi, voilà.
56:43 Et j'attendais que mes parents reviennent.
56:45 Et je mangeais, je dormais. - C'était plus dur ?
56:47 - Euh, bah ouais, enfin, c'était un peu ennuyant.
56:49 Et du coup, quand je m'ennuie, bah, je mange.
56:51 Je parle beaucoup de manger, quand même !
56:53 (rires)
56:55 Ça va, il peut pas trop péter ?
56:57 (rires)
56:59 - Loin de ses parents,
57:03 Charlotte découvre une autre manière de vivre.
57:05 (cris et rires)
57:09 Ses copines sont devenues des sœurs de substitution.
57:13 Mais ses parents ne sont jamais loin.
57:20 D'ailleurs, le mercredi, surprise,
57:23 maman vient déjeuner avec elle.
57:25 - Mais du coup, j'en ai jamais mangé,
57:27 des bagueules d'ici.
57:29 - Bah non, parce qu'à chaque fois, je mangeais un kebab,
57:31 et du coup, je suis revenue ici.
57:33 - On déjeune ensemble tous les mercredis.
57:35 Ça fait... Ça rend l'internat moins difficile.
57:37 - Pour nous.
57:39 - Moi, j'ai pas le difficile.
57:41 - Et toi, tu es contente de voir ta mère,
57:43 enfin, par semaine ?
57:45 - Oui, je le cache, mais oui.
57:47 - Pourquoi tu le caches ?
57:49 - Bah, parce que, voilà...
57:51 Faut pas que je montre que je sois mamino dépendante.
57:53 - Mamino dépendante ?
57:55 - Mamino dépendante, oui.
57:57 - Vous pensez qu'aujourd'hui, vous avez trouvé un bel équilibre ?
57:59 - Oui, je pense.
58:01 - Le fait d'être au lycée et de pas être avec nous toute la semaine,
58:03 ça lui permet de couper un peu plus le cordon.
58:05 Ça, c'est bien.
58:07 - J'ai jamais été autant intégrée de ma vie, en fait,
58:09 dans un groupe de jeunes.
58:11 - Ce qui est important, c'est qu'elle fasse...
58:13 Qu'elle soit bien.
58:15 C'est quand elle est pas bien qu'on n'est pas...
58:17 Qu'elle soit bien, qu'elle fasse ce qu'elle peut,
58:19 ce qu'elle veut, surtout.
58:21 Et justement, son nouvel environnement,
58:23 ça lui donne confiance.
58:25 - Maman, elle sait que c'est comme ça.
58:27 - Maman, elle sait pas, ouais.
58:29 - L'internat a permis à Charlotte de prendre du recul
58:31 et de trouver un nouvel équilibre.
58:33 Avec ses parents.
58:35 Pour Emmanuel Rigon, c'est un bon compromis.
58:37 - Aller en internat,
58:39 alors, ça peut être salvateur
58:41 si la solitude ressentie,
58:43 si l'isolement ressenti,
58:45 la réalité de la vie d'enfant unique
58:47 est très, très pesante.
58:49 C'est-à-dire que, certaines fois,
58:51 c'est quelque chose d'insupportable
58:53 et qui peut entraîner un peu de déprime,
58:55 enfin, une...
58:57 Une...
58:59 Une...
59:01 Un peu de déprime, enfin,
59:03 une sensation d'étouffement,
59:05 donc, des difficultés conflictuelles,
59:07 des conflits avec les parents.
59:09 Donc, dans ce sens,
59:11 c'est quelque chose qui peut vraiment aider la famille,
59:13 aider l'enfant unique à développer sa personnalité,
59:15 à se sentir plus libre.
59:17 - Merci, Emmanuel.
59:19 Ça y est, j'ai compris.
59:21 Pour les enfants uniques comme moi,
59:23 la seule solution,
59:25 c'est d'accepter son statut.
59:27 Maintenant, je sais que je ne suis pas seule.
59:29 Toutes ces situations qui m'ont longtemps pesée,
59:31 je les partage avec d'autres.
59:33 D'accord, je n'ai pas choisi d'être fille unique,
59:35 mais cette place à part
59:37 dans le trio familial,
59:39 c'est la mienne.
59:41 ...

Recommandée