Bienvenue à bord du « Tuha'a Pae », pour un périple à travers l'archipel des Australes ! Ces îles à la nature luxuriante sont aussi appelées les Tubuai et bénéficient d'un climat plus frais que sur Tahiti. Cinq des sept îles sont habitées : Tubuai, Rurutu, Rimatara, Raivavae et Rapa.
Category
✨
PersonnesTranscription
00:00En face de la ville de Papeete, il existe une zone portuaire que l'on nomme Motuuta.
00:16C'est un lieu hors du temps. On y rencontre quelques vieux colosses d'acier amarrés le
00:25temps d'un chargement ou d'une escale de quelques jours.
00:30C'est un lieu où l'on peut s'entraîner, s'entraîner, s'entraîner, s'entraîner,
00:37s'entrainer, s'entrainer, s'entrainer, s'entrainer, s'entrainer, s'entrainer, s'entrainer, s'entrainer,
00:40s'entrainer, s'entrainer, s'entrainer, s'entrainer, s'entrainer, s'entrainer, s'entrainer, s'entrainer,
00:42s'entrainer, s'entrainer, s'entrainer, s'entrainer, s'entrainer, s'entrainer, s'entrainer, s'entrainer,
00:44s'entrainer, s'entrainer, s'entrainer, s'entrainer."
01:02Leurs vieux os, souvent piqués de rouille, supportive encore le poids des grands services
01:09Ce sont les goélettes.
01:23Plus question aujourd'hui de mâts ou de voiles.
01:26Les machines et les puissants moteurs ont pris la relève.
01:39Les machines ne font plus de bruit.
02:09Le vent des voiles est plus profond que nous allons jamais le sentir.
02:12Aucune personne n'a pu les tâcher.
02:15Les machines n'ont jamais accès à leur équipement.
02:18Les goélettes n'ont jamais été utilisées.
02:21Et les machines ne sont pas devenues.
02:24Ce sont une guerre de machines.
02:27Ce n'est pas une guerre d'hommes.
02:30Les machines, c'est la guerre de la collaboration.
02:33Ceux qui avaient une collaboration,
02:36Bien contrôlé l'océan à bord.
02:48Stoppé.
02:4910-0-5 décollez.
02:52Tripode à bord papa, on a rien.
03:01Tripode à bord.
03:05Le Touapé 4 rallie l'île de Tahiti à l'archipel le plus méridional de Polynésie.
03:10L'un des plus isolés aussi.
03:12C'est l'archipel des Australes.
03:14Les îles Maria, Rimatara, Rouroutou, Toubouaille, Raivavé, Rapa et Marotiri.
03:22Des noms qui évoquent le lointain, l'isolement et l'authenticité.
03:28Singulière et solitaire, les îles Australes flirtent avec le tropique du Capricorne
03:33et les météos capricieuses débassent l'attitude.
03:36Attention baleine devant.
03:43Au début c'était pas mon rêve, c'était pas d'atterrir sur un bateau.
03:48Moi mon rêve c'était de devenir professeur, professeur des écoles.
03:58Mais à force de prendre le bateau, d'aller à l'école en bateau, il n'y avait pas d'avion.
04:03Ça a toujours été en bateau, pour venir à Toubouaille au collège c'est en bateau,
04:07pour aller se rendre en propriété à l'école c'est en bateau,
04:09pendant les vacances il fallait prendre le bateau pour retourner,
04:12même jusqu'à la fac je prenais toujours le bateau pour rentrer chez moi.
04:17C'est par là que je me suis habitué sur le bateau et quand j'ai fait mon service militaire,
04:22j'ai été affecté sur un bateau et là j'ai connu le métier de marin.
04:28Et quand j'ai quitté la marine nationale, j'ai voulu continuer dans cette voie là,
04:35d'où aujourd'hui j'y suis, je suis dans la marine nationale,
04:40j'ai réussi à continuer à m'enlever jusqu'à aujourd'hui.
04:43Actuellement je suis le capitaine du tour op 4, c'est moi le chef de l'expédition.
05:13On quitte Papété, on a 36 heures, pas de repos, mais on peut se reposer,
05:34on a 8 heures pour se reposer et 4 heures, 8 heures pour les cars.
05:43Mareré est carlier depuis 3 ans sur le bateau.
05:58Il s'occupe de décharger les containers.
06:00C'est l'un des métiers les plus éprouvants à bord.
06:03Alors cette journée de mer, c'est le calme avant la tempête qui l'attend.
06:08Moi j'aime bien pêcher.
06:15C'est pour nous aussi, c'est pour nous qu'on rentre chez Papété,
06:18on a des poissons, tout ça, quand on rentre à la maison.
06:21La vie sur un cargo s'organise autour des routines de marin.
06:25Le tout à paix devient le théâtre d'une pièce jouée sans doute par tous les matelots du monde.
06:30Entre deux quarts, on pêche à l'arrière dans le sillage du navire.
06:34On se remémore et on se raconte les dernières traversées,
06:38les plus grosses prises à la traîne.
06:40On se repose, on s'isole dans ce vase clos.
06:43On lutte ici et là contre la rouille qui ronge l'acier des coques sans relâche.
06:48Tout en bas, sous la ligne d'eau, Tama est aux machines.
06:52Habitué à la chaleur intense et au bruit permanent,
06:55il veille au bon fonctionnement des moteurs.
06:58En fait, ce qui propulse le 3P4, il y a deux moteurs.
07:02C'est des moteurs de propulsion.
07:04Et c'est l'ama qui est derrière tout.
07:06Des moteurs qui font 1172 kilowatts chacun, à peu près 1400 chevaux.
07:11C'est des moteurs en ligne, avec six cylindres, suralimentés en turbo.
07:16Au dortoir, les quelques passagers embarqués se reposent,
07:19versés par le ronronnement cyclique des machines.
07:23Le tout à paix peut transporter une trentaine de passagers.
07:32Un autre moteur se déplace.
07:53En cuisine, c'est Matoua et Firmin qui régalent.
07:57de la société ça fait longtemps, ça fait 40 ans maintenant. Sur le tout à paix, la cuisine
08:08fonctionne à plein régime, presque à toute heure. Ah oui, ah oui, ça mange vraiment pas mal,
08:18nos gars qui sont là ce sont vraiment des super gabarits qu'il faut les bien nourrir,
08:27il faut bien les nourrir pour qu'ils se maintiennent en forme pendant les
08:32déchargements. Du coup tu dois en préparer une certaine quantité.
08:37Le jour en mer passe toujours trop vite, il est à peine 4 heures du matin,
08:48la première île Rimatara est toute proche, la journée commence. Le travail de déchargement
08:54qui attend les marins est extrêmement physique, beaucoup de prétendants au métier ont dû
08:59abandonner devant la rudesse de la tâche. Alors les repas sont des moments sacrés
09:05et appréciés des hommes à bord. Là on est au nord de l'île de Rimatara,
09:15on attend les 5 heures parce que l'équipage est en train de prendre son petit déjeuner,
09:20à 5 heures on ira au mouillage. Rimatara ne possède pas de caisse pouvant accueillir un
09:28navire aux dimensions du tout à paix. C'est bien souvent la houle qui décide de l'emplacement du
09:33point de mouillage, contraignant parfois le capitaine à abriter le bateau loin du petit
09:38port de ravitaillement de l'île. Quand les opérations commerciales commencent,
09:42il faut être vigilant du début à la fin. Les risques, on ne peut pas les cacher, il est là
09:50tous les jours, tout le temps. Le plus dangereux pour moi c'est au mouillage parce que dans les
09:59cinq îles, j'ai deux îles où le déchargement s'est fait au mouillage. Là, le risque est là,
10:07il est présent. Donc il faut être à 100% dans sa tête. La mission du jour est colossale,
10:17il s'agit de décharger à terre les centaines de tonnes de marchandises essentielles à l'île. Ce
10:22sont des dizaines de containers pleins, balottés par la houle, qu'il faut déposer sur la barge
10:27qui les transportera à terre. Le temps est compté, le tout à paix doit repartir le soir même.
10:38Cette épuisante symphonie est orchestrée par des postes clés dont les notes sont
10:54parfaitement ajustées par le prisme de l'expérience. Le chef d'orchestre, c'est le grutier.
11:01Oui, c'est qu'on n'est qu'un magrut, c'est qu'on n'est qu'un magrut. C'est une bombe à grue,
11:06c'est poussant. Le militaire ne fait jamais le cas. Il sera toujours au repos toute la nuit,
11:12c'est 12 heures, il doit l'avoir, il ne faut pas qu'on le jette. Parce que c'est un poste
11:16important, c'est tout, tout le déchargement dépend de lui. Le truc t'apporte, il ne faut pas
11:23avoir peur. Tu enlèves ça de ton toit, là tu fais ton travail. C'est le seigneur, tu es monté
11:29à seigneur. Il est à toi, c'est tout. Tu sais ces métiers-là, c'est tout ton travail,
11:37ton cerveau. À cause de la houle, quand tu mets le poireau dehors, c'est pas pareil,
11:44ça commence sur le bateau à ramasser. Des fois, tu lâches le manette, tu as froid,
11:50tu as froid, tu as sauvé le bateau. C'est mon travail. C'est tous les voyages, c'est comme ça.
12:07C'est pour ça que je te dis, nous sur le bateau, on est de la famille. On travaille ensemble.
12:19Allez, on y va.
12:49Sur le petit quai de Théa ou Mauro,
13:19tout s'accélère dès l'arrivée de la première barge. Le toit à paix effectue en moyenne une
13:25rotation par quinzaine. Chaque déchargement rassemble la presque totalité de l'île.
13:30Ce n'est pas un événement dans le sens festif. C'est le moment où on collecte toute sa récolte.
13:40Donc effectivement, il faut peser, il faut écrire, il faut traiter, etc. Donc dans ce sens-là,
13:48si on peut appeler ça un événement, oui. En tout cas, ça mobilise toute l'île.
13:52Les Rimatara exportent beaucoup leur production agricole. Pas moins de 30 tonnes de copra sont
13:59envoyées par le bateau sur Tahiti chaque mois. On est un peu suspendus au calendrier du bateau.
14:08Rimatara, bien qu'elle soit petite, c'est une île très productive. Et donc toute la production de
14:16Rimatara passe par le toit à paix. Et si le toit à paix est important, oui, très important.
14:22Ils sont dans le mondialisme maintenant et je pense que ça va être dur pour eux,
14:27pour vivre sans le lien avec le bateau.
14:32Au tournage, j'emmène à peu près, en gros, en moyenne, 800 tonnes par voyage. Et ça toute l'année,
14:50tous les voyages. Le voyage, tu comptes autour de 26-30 voyages par an. Le tournage n'est pas baissé,
14:57on augmente, on augmente. Et le bateau, il a changé parce qu'on n'arrivait plus avec l'ancien
15:03transporteur, ce qu'il fallait transporter dans les îles. Aujourd'hui, ils ont plus besoin du
15:08bateau. C'est ça qui me dit qu'ils ont besoin du bateau. Lorsque le toit à paix a quitté les
15:20lieux, Rimatara retrouve son calme. Un calme olympien. 900 âmes vivent ici. C'est la plus
15:29petite des îles habitées aux Australes, à peine 9 km de circonférence. Son point culminant s'élève
15:35à 83 mètres. Discrète, elle reste encore préservée du tourisme à grande échelle.
15:40Aux Australes, on vit principalement de l'agriculture, de la pêche et de l'artisanat.
15:49Rimatara n'échappe pas à la règle. On y cultive entre autres le taro,
15:53le copra, le péoré, une espèce de pandanus utilisé pour la vannerie.
15:57Mais Rimatara est aussi le dernier refuge d'un petit animal endémique de l'île,
16:08parmi les plus menacés de la planète. L'île abrite dans ses forêts les
16:13derniers survivants d'une espèce disparue partout ailleurs.
16:18Il s'agit d'un petit oiseau, véritable emblème de l'île, que l'on ne peut observer qu'à
16:38certaines heures de la journée, tôt le matin ou à la tombée du soir. On l'appelle ici le
16:44Oura. Il est capricieux et craintif et a failli disparaître totalement de la surface de la
16:49planète. Le Oura, c'est un oiseau endémique qu'on ne voit qu'à Rimatara. Sinon, on a transféré
16:58certains Oura au Zirco, et particulièrement à Atiu. Le vinicouli, de son nom scientifique,
17:06est une petite perruche colorée classée en danger d'extinction par l'Union internationale
17:11pour la conservation de la nature. Théodore est retraité et s'est pris de passion pour le Oura.
17:22Il lui consacre une grande partie de son temps. Il fait partie de l'association Rimahoura,
17:28qui oeuvre pour sa protection. Je suis né à Rimatara, j'ai vécu et j'ai grandi à Rimatara.
17:40J'aime bien les voir, les admirer. Des fois, quand je vais dans la brousse, dans la forêt,
18:01quand je vois des Oura, je m'arrête un petit moment pour contempler la beauté de cet oiseau.
18:09Et aussi le cri. L'oiseau a un cri particulier. On dirait que quand tu imites le cri de cet oiseau,
18:20l'oiseau répète aussi. Tu communiques avec l'oiseau. Après, il vient,
18:26il s'approche de plus en plus, croyant que c'est un autre Oura.
18:39On le trouvait autrefois dans plusieurs îles de Polynésie, mais l'utilisation abondante de
18:47ces petites plumes rouges, qui entraient dans la confection des parures royales au 18e siècle,
18:52l'ont conduit rapidement vers un déclin alarmant. Pour faire des costumes avec des oiseaux,
18:59il faut plein d'oiseaux. Il faut déplumer l'oiseau, il faut attraper l'oiseau. Quand
19:05tu vois un oiseau déplumé, ce n'est pas joli à voir. Ça fait partie de l'identité de l'île.
19:11Cet oiseau est un oiseau tabou par les rois et des reines de Rimatara. Ce qui veut dire qu'on ne
19:17peut pas toucher à cet oiseau, parce que Rimatara vivait sous la dynastie des rois et des reines.
19:24C'est la dernière île de Polynésie à devenir française, en 1901. Et la dernière reine de
19:31Rimatara est morte en 1923. A Rimatara, la reine Tamaeva Vahiné a prononcé un tabou sur le
19:41Oura au début du 19e siècle. C'est ce tabou qui a sauvé le Vigny de Coulis sur l'île. On estime
19:48à ce jour la population de Oura sur Rimatara à un millier d'individus. Son prédateur principal,
19:54c'est le rat noir et le merle des Molucs. Des rats noirs, il n'y en a aucun sur l'île jusqu'à
20:00aujourd'hui. Des merles, il y en a un arrivé récemment. L'année dernière, il y a un merle qui
20:07est arrivé sur l'île par le bateau. Le merle est caché dans une bétonnière. Quand on a débarqué
20:18la bétonnière à quai, c'est là que le merle est sorti et est parti sur l'île. On le voit
20:26souvent se roder tout autour de l'île. Il est tout seul. On a reçu un fusil, mais le fusil n'est
20:36pas assez fort pour tuer l'oiseau. D'après ceux qui ont essayé d'abattre l'oiseau avec le fusil,
20:42ils ont eu l'oiseau, mais ils n'ont pas pu le tuer. Presque tous les arrivés de bateau,
20:50le merle vient au quai. On espère que l'oiseau va repartir encore par le toit après.
20:56On n'est pas à l'abri de toutes les conséquences qui peuvent venir de l'extérieur. C'est bien le
21:06bateau comme presque toutes choses. Il y a un côté positif, mais il y a un côté négatif.
21:21En gros, c'est ici le centre. C'est ici la ressource des marins.
21:29Ici, sur le bateau, d'habitude, tous les dimanches. Traditionnellement,
21:33c'est le matridi qu'on prépare.
21:35C'est de l'imota, mais j'habite à Tahiti. Quand on rencontrait,
21:48c'est rentré sur mon île. C'est mon île. C'est petit, mais c'est mon île.
21:56Moi, je suis d'origine de Tahiti, mais mes parents sont d'origine des Australes.
22:06Ma mère est de Ribatara et mon père est de Rivenval. Du coup, je suis des Australes aussi.
22:13Ici, c'est grâce à ce bateau que j'ai pu visiter les Australes.
22:21Ah oui, il y a une grande fierté. Il y a une grande fierté de servir les Australes et de la
22:30population des Australes. Alors, qui ne serait pas fier de revenir visiter et marcher sur son île?
22:41C'est un grand tournant, ce bateau. Ici, même la population,
22:50ils disent que c'est leur bateau. Oui, c'est le bateau des gens des Australes.
22:56La plupart des matelots, des marins, sur ce bateau, sont des actionnaires. Ils doivent
23:04travailler pour le bien de leur société. Mais on est tous concernés par le bateau.
23:13Tu te sens chez toi. Tu te sens comme si tu étais dans ta vraie famille.
23:22Je ne fais pas peur à mon équipage. Je suis balèze. Je sais qu'ils ont peur de moi.
23:27Je suis trop balèze, mais je ne suis pas méchant.
23:30J'aime les marins, mes copains. J'aime mon capitaine, les mécaniciens, les chefs mécaniciens.
23:39C'est comme des frères. C'est comme un petit frère.
23:42C'est le travail. Des fois, on se dispute. Après le travail, c'est fini. Comme si on se regroupe encore.
23:48Si il n'y a pas de travail, ce n'est pas pour le travail. Si on a du travail, c'est pour le travail.
23:55Si je peux être là jusqu'à la retraite, je resterai ici jusqu'à la retraite.
23:58Oui, oui, on vit en famille. Pour moi, je suis d'accord qu'on vit en famille.
24:03On est une famille. S'il y a un qui a un problème, on l'aide. Mais nous, on ne les laisse pas tomber.
24:33Maréré est sur le pied de guerre. Le soleil est à peine levé et déjà le premier conteneur est sur barge.
24:53L'approvisionnement de l'île de Rorotu commence.
24:57À Marérey, le petit village principal, l'arrivée du tout à paix et le rendez-vous des habitants de toute l'île.
25:07Là, aujourd'hui, je suis venu récupérer les affaires de ma femme quand elle est partie ici à Rorotu.
25:13On vit en famille. On vit en famille. On vit en famille.
25:19Là, aujourd'hui, je suis venu récupérer les affaires de ma femme quand elle est partie ici à Rorotu.
25:26On vit au rythme de tout à paix. Et si tout à paix n'arrive pas dans la semaine où c'est prévu, rupture.
25:33Donc le travail s'arrête et on attend le prochain arrivage de tout à paix.
25:38On est obligé d'avoir ce bateau-là parce que sinon, c'est vraiment la vie.
25:42La vie économique en même temps et c'est la vie de l'archipel.
25:47Pour le tout à paix, tout le monde vient.
26:13On fait le tour de l'île, on descend de sa montagne, on quitte ses champs.
26:18C'est un rendez-vous incontournable.
26:22Les containers affluent toute la journée, délivrant aux habitants le nécessaire comme le superflu.
26:28On y réceptionne du riz, du tourteau pour les bêtes, des matériaux de construction, des outils, des vélos, des voitures aussi.
26:36Le quai de Moheirei prend des airs de fêtes foraines ou de grands magasins.
26:40C'est un spectacle animé qui attire même ceux qui n'ont rien commandé sur ce voyage.
26:46Les ruelles, où habituellement il ne passe personne, se prennent le temps d'une journée pour de grandes avenues.
27:07Je suis venu ici chercher des affaires pour mon bateau, comme je suis en train de rétaper et tout ça.
27:12Et quelques trucs pour m'attendre.
27:14Voilà, du tourteau pour les pochons.
27:17Une fois j'ai déjà fait le tour de Tahiti, Rimatara et Rourtou.
27:22J'ai fait un oie et un cheval d'armoire de Tahiti.
27:37J'aime bien les chevaux.
27:40C'est mon passe-temps de tous les jours.
27:43Deux fois je circule en cheval ici.
27:46J'aime bien les chevaux.
27:49Il y a une sensation de ce truc-là.
27:52Avant je faisais de la moto et tout ça.
27:55J'ai arrêté la moto.
27:57Il y a trop de trucs à payer pour la moto.
27:59Maintenant, je dois les chevaux.
28:01Les chevaux, il n'y a pas besoin de payer.
28:04C'est toi-même qui entretiens.
28:06Tu n'as pas besoin de commander les pièces et tout ça.
28:22Rouroutou a hérité d'une forte tradition équestre.
28:25Aujourd'hui, les chevaux concurrencent les voitures.
28:28Les chevaux sont les plus importants.
28:31Aujourd'hui, les chevaux concurrencent les voitures
28:34et reprennent peu à peu la place qu'ils occupaient jadis.
28:37Ils servaient à travailler au champ, dans les plantations de tarot.
28:44Considérée comme la plus ancienne des plantes domestiquées au monde,
28:47le tarot et sa culture font certainement partie
28:50des plus vieilles traditions agricoles polynésiennes.
29:02Je suis né ici, à Rouroutou.
29:04J'ai grandi ici, à Rouroutou.
29:09Il y a tout ici.
29:11Tu ne peux pas mourir de faim ici, à Rouroutou.
29:13Tu as le tarot.
29:15Le tarot, tu cultives ta mère.
29:20Ici, chaque famille, ils ont le parcelle de tarotier.
29:24C'est à cet endroit-là.
29:26Tout ça, c'est grâce à nos ancêtres.
29:29Nos arrières-grands-pères.
29:31Surtout le système d'irrigation.
29:33C'est bien placé.
29:36Aux Australes, la culture du tarot est un véritable art de vivre.
29:40C'était à l'époque un travail commun aux hommes et aux femmes à Rouroutou.
29:44Notre rivière, c'est au fond.
29:46Cet endroit-là, le nom, c'est Vaiavoi.
29:49Le nom de cette terre-là, Vaiavoi, c'est l'eau.
29:53C'est l'eau qui irrigue tout ici, à la tarotier.
29:56C'est nous qui avons protégé, entretenu tous les parcelles
30:00pour que ça devienne toujours comme ça.
30:02C'est joli, on peut le voir.
30:05Traditionnellement, la culture des tarotières se fait de manière communautaire.
30:09Des groupes de travail nommés Pupu Hoipa
30:12se forment et œuvrent bénévolement dans la tarotière.
30:15En reproduisant les gestes des générations passées,
30:19les planteurs d'aujourd'hui perpétuent ce système d'entraide
30:22qui représente le fondement de la vie sociale traditionnelle polynésienne.
30:26C'est du boulot, la tarotière.
30:28Y'a tout dedans.
30:29La musculation, y'en a tout là-dedans.
30:31Faut nettoyer d'abord tout.
30:33Nettoyer le ruisseau.
30:35Nettoyer la parcelle.
30:37Après, tu dois la rouler.
30:39Tout ça, c'est fait au perlamin.
30:41Y'a pas de tracteur ici.
30:43Après, tu dois aller couper les feuilles de banane,
30:45les palmiers de cocotier, pour le système d'entraide.
30:49Éviter la mauvaise herbe et tout ça.
30:51En même temps, ça fait ouvert du compost.
31:20J'ai vécu un moment donné en Tahiti.
31:24J'ai travaillé un moment donné en Tahiti, là-bas.
31:28Un an, j'ai travaillé là-bas.
31:31Et après le décès de mon papa,
31:34je suis revenu ici, chez lui.
31:37À côté de maman, comme elle était toute seule ici.
31:41Je suis revenu à côté de maman, t'es resté.
31:44Non, je regrette pas ici.
31:47C'est pas un retour à zéro, c'est un retour aux sources.
31:50La vie tranquille.
31:54Tu peux pas aller la vie là-bas.
31:56Tu vis pas ça, tu vas pas donner le matin,
31:58tu vas pas donner à manger aux cochons.
32:00Y'a pas ça là-bas.
32:01Tous les trucs là-bas, il faut acheter.
32:03Tu achètes tout, faut acheter.
32:04Si tu veux les bananes, tu achètes.
32:06Par contre, ici, non.
32:07Y'a les bananes, tu vas là-bas.
32:09Tu plantes, tu vois ici, ton champ de bananes.
32:17Non.
32:18Y'a pas l'air de bien.
32:21...
32:46Ils m'ont dit que c'est un chien.
32:50Si on ne mange pas bien le poisson, je vais le tuer.
32:53Je ne vais pas laisser souffrir.
32:55C'est mieux de tuer, comme ça tu peux manger.
32:59Je n'ai jamais perdu la tradition d'ici.
33:01Toujours garder les trucs que nos grands-pères et nos anciens nous ont transmis.
33:10La plupart des jeunes qui partent à l'étranger, surtout dans l'armée,
33:20comme il n'y a pas de boulot ici.
33:22C'est ça, le travail ici, la pêche.
33:24Tu vis de la pêche et de l'agriculture.
33:26Les filles, les trucs artisanaux et tout ça.
33:30C'est ça, ici.
33:32C'est dur, oui.
33:34Mais ici, tu peux vivre avec ça.
33:37Faire des grands projets et tout ça.
34:08Je ne pense pas.
34:10Je ne pense pas.
34:12Peut-être quitter.
34:14Peut-être partir en vacances.
34:16Mais après, je vais revenir encore ici.
34:20Si je quitte mon île, ça veut dire que je vais mourir.
34:23Je vais aller au paradis.
34:25Il n'y a que ça pour quitter l'île.
34:37C'est la pêche.
35:07Fin du déchargement pour l'île de Rurutu.
35:10A bord du toit paix, l'heure est à la détente avant un départ imminent.
35:38Rurutu, Rurutu
35:46Alors, capitaine, tu n'as pas pété à manger à bord ?
35:49Non.
35:51Je ne peux plus parler.
35:53C'est pas mal.
35:55Je ne peux plus parler.
36:01C'est des cailloux.
36:03C'est très déchirant.
36:06Fumez les poissons.
36:09Après, ils vont directement au cuisine.
36:22Voilà.
36:24Nous boisons encore.
36:26Tout à l'heure.
36:28C'est très joli.
36:30C'est très joli.
36:32Mais là, il n'y a pas vraiment le temps.
36:34On les traite à l'épicerie là, on a les travaux ici pour faire les travaux à l'étape.
36:41Après on va à l'épicerie.
36:44Sinon nous on va pas mourir, on va pas mourir.
37:04On va à l'épicerie.
37:34On va à l'épicerie.
38:05Au levé du jour, Ken et son équipage s'approchent de l'entrée de la place de Tubuay.
38:25L'île possède un quai auquel le toit peut s'amarrer, ce qui facilite le déchargement.
38:34Les quelques passagers descendent ici après 5 jours de voyage depuis Tahiti.
38:41Tubuay est l'île principale des Australes, la plus grande aussi.
38:45Avec ses 45 km² de terres émergées, elle est peuplée de 2400 habitants.
38:51Le tourisme est encore assez rare sur l'île.
38:53Et bien que Tubuay soit le chef lieu des Australes, la vie y est tout aussi plaisible que sur ses soeurs.
39:05L'île de Tubuay
39:17De tradition agricole, l'île produit principalement de la pomme de terre, des carottes, du taro et du manioc.
39:26L'artisanat local est encore très présent au cœur des familles.
39:29Et le peauré, le pandanus dédié au tressage, véritable trésor aux Australes, fait vivre une grande partie des femmes de l'île.
39:59Tu es prête ?
40:29Voilà. J'ai fait ça pour que le peaure soit bien souple. C'est ça qui est le plus dur, de faire soupler le peaure. Pour moi.
40:47Couper, après tresser, mettre à sécher, après rebobiner comme ça, re-sécher encore sur le soleil.
41:03Qu'est-ce que tu veux ? C'est mon travail.
41:06Ça fait très très mal au dos. T'imagines, elle peut être là jusqu'au soir. Pauvre dos. C'est mieux de s'asseoir par terre comme ça que de s'asseoir sur la chaise.
41:26Clarita est artisane. Elle est spécialisée dans la vannerie, l'art du tressage du pandanus transmis de génération en génération.
41:38La finesse du travail des mamans des Australes est reconnue et appréciée en Polynésie.
41:46Elle a aussi appris le travail de la sculpture sur bois.
41:53Oui, j'aime bien mon travail. Je suis née ici à Tupoué. C'est mon île d'origine. J'aime mon île Tupoué.
42:08Tu vois, ça fait un jour soleil. Le dessin, c'est les motifs des Australes. Si je fais ça sans arrêt, je peux finir en quatre jours.
42:30Et après, ça se vend bien ?
42:37Pas vraiment. Je crois que ça va être dans les 45 000.
42:46J'ai gagné juste pour avoir le besoin de la famille, pour se nourrir, payer les courants, payer les factures. Parce que nous, avant, on ne mangeait que local.
43:02Taro, poisson, poulet, cochon. Aujourd'hui, c'est importé. Cuisse, poulet, tout ça, on laisse le local aux côtés. C'est pour faciliter aussi notre vie à nous.
43:19Si on va faire tout ça, si on mange comme avant, on n'a pas le temps de faire tout ça. Alors, on est obligé d'aller au magasin tous les jours, tous les jours, pour acheter pour nous pas trop.
43:34Taro, mackerel, sardines.
44:04Tout est arrivé par bateau, le bien et le mal. Là, quand tu regardes bien, avant, les gens marchaient. Il n'y avait pas d'obésité. Les gens pédalaient. Aujourd'hui, c'est la voiture, c'est le scooter.
44:24Côté nourriture, avant, il n'y avait pas de coca. C'était les cocotiers, le coco. Aujourd'hui, c'est des palettes de biens comme des choses. On a transporté du bien et on a transporté aussi du pas bien, c'est-à-dire du bateau.
44:54Raivavé est une toute petite île. 900 habitants se partagent ses 16 kilomètres carrés de terres émergées et ses 28 motos. Des petits îlots accrochés à la barrière récifale. Bien que régulièrement desservis par le tout à paix, sur l'île, on vit presque en autosuffisance.
45:20Qu'est-ce qu'ils ont?
45:28Tout le monde en train de faire la tressage.
45:32Voici Eléonore Théopo Nathétané. Son nom signifie la tête de l'homme. Sur l'île, on l'appelle plus familièrement Mamaou, ce qui veut dire affectueusement grand-mère.
45:46Eléonore aime cueillir des litchis ou des fleurs et en faire des colliers, trouver à manger dans la nature généreuse de son île ou encore pêcher les poulpes sur le récif.
45:58Moi je suis née à Révovay, grandi à Révovay, alors donc je suis native de Révovay.
46:10La nature, c'est généreux, nous sommes bénis, il y a tout ce qu'il faut pour nous, pour les Révovay qui vivent sur l'île.
46:19Oui, oui, c'est un supermarché dans la nature, il n'y a pas à dire, il y en a beaucoup, beaucoup à manger.
46:33J'ai mis dans les cartons et après envoyé par bateau.
46:37Demain matin, le bateau arrive à Tahiti et ils vont m'apprécier leurs litchis.
46:45Et j'ai dit, il y en a encore, le prochain bateau je peux cuire encore tout ça, après envoyer.
47:06C'est la pêche, c'est la pêche.
47:22C'est la pêche, c'est la pêche.
47:25Et en plus Vivi il a dit quoi ? Il a dit qu'il faut qu'on aille à l'automne.
47:31On a dit qu'on allait à l'automne, mais on a dit qu'on allait à l'automne.
48:02J'aime bien mon île, je suis fière de mon île et je remercie le Seigneur pour pouvoir vivre.
48:11C'est pas mon île, c'est son île à lui. Il faut me permettre de vivre dans son île.
48:19Nous sommes des touristes. On est là aujourd'hui et demain on n'est plus là.
48:24Alors le moment que tu vis sur l'île est apprécié.
48:29Il faut remercier tous les gens.
48:59Il faut remercier tous les gens.
49:04Il faut remercier tous les gens.
49:11Il faut remercier tous les gens.
49:17Il faut remercier tous les gens.
49:23Il faut remercier tous les gens.
49:33Malheureusement on n'a pas eu de poulpe aujourd'hui.
49:37Peut-être la prochaine fois.
49:39Aujourd'hui la messe était un peu agitée.
49:42Alors j'arrivais pas à attraper.
49:44C'est comme ça la pêche.
49:46Une fois j'attrape beaucoup et des fois j'attrape pas.
49:50Mais c'est agréable.
49:54Jacques Brel a écrit un article à son voyage.
49:58Quand il est venu il a dit que Raybaoubaï c'est le paradis au bout du monde.
50:05Au bout du monde.
50:07C'est agréable.
50:09Et je trouve qu'il a raison.
50:13Quand je regarde il a vu des choses qu'il n'y a pas ailleurs.
50:22Pour lui c'est un paradis.
50:26Au bout du monde, perdu dans l'océan.
50:30Ça fait un peu comme ça.
50:42C'est un peu comme ça.
50:59Ainsi s'achève ce voyage du tout à paix au bout du monde.
51:05Ce fier navire et son précieux équipage rempliront encore coûte que coûte leur mission vitale.
51:13Ce colosse d'acier est lié à tout un peuple.
51:18Parce qu'il est le seul, c'est le seul.
51:20C'est comme si c'était une femme au milieu.
51:25On n'en a plus.
51:27Il faut respecter, il faut qu'on ait un lien.
51:30Il faut parler du bien de lui.
52:00C'est un peu comme ça.