150 fois par jour, Marie Velakutshi plonge pour extraire des coquillages des eaux troubles du fleuve Congo. Une activité fatigante et dangereuse en raison des forts courants. Mais la jeune femme n’a pas le choix, ce travail est son unique source de revenus.
Dans le delta du Congo, au milieu des mangroves, le village flottant de Kizunga Manianga abrite une communauté de pêcheuses. Ici, les coquillages sont une affaire de femmes, et la principale source de subsistance des familles. Une responsabilité énorme, car la pêche traditionnelle est en recul et les hommes ont déserté le fleuve pour s’adonner à des activités plus lucratives. Très prisés pour leur chair, les coquillages constituent une source de revenus sûre et, pour de nombreuses familles, une véritable planche de salut. Marie Velakutshi plonge jusqu’à 150 fois par jour dans les eaux troubles du fleuve Congo pour ramasser les précieux mollusques. Sous l’eau, la visibilité ne dépasse pas quelques centimètres car le Congo est un fleuve tropical chargé en matières organiques issues des sols marécageux gorgés d’humus qui lui donnent une teinte foncée. Mais il y a plus insidieux : le courant du fleuve, l’un des plus puissants au monde. Si Marie reste trop longtemps sous l’eau, elle part à la dérive et doit alors déployer une énergie folle pour nager contre le courant sans perdre son précieux butin. Une mission presque impossible. C’est pourquoi les plongeuses sont en permanence arrimées à leur embarcation. Les coquillages que les femmes ne consommeront pas seront bientôt vendus sur le marché. Ensuite, Marie ira rendre visite à ses deux filles qu’elle a confiées à des proches afin qu’elles puissent aller à l'école et recevoir une bonne éducation.
Dans le delta du Congo, au milieu des mangroves, le village flottant de Kizunga Manianga abrite une communauté de pêcheuses. Ici, les coquillages sont une affaire de femmes, et la principale source de subsistance des familles. Une responsabilité énorme, car la pêche traditionnelle est en recul et les hommes ont déserté le fleuve pour s’adonner à des activités plus lucratives. Très prisés pour leur chair, les coquillages constituent une source de revenus sûre et, pour de nombreuses familles, une véritable planche de salut. Marie Velakutshi plonge jusqu’à 150 fois par jour dans les eaux troubles du fleuve Congo pour ramasser les précieux mollusques. Sous l’eau, la visibilité ne dépasse pas quelques centimètres car le Congo est un fleuve tropical chargé en matières organiques issues des sols marécageux gorgés d’humus qui lui donnent une teinte foncée. Mais il y a plus insidieux : le courant du fleuve, l’un des plus puissants au monde. Si Marie reste trop longtemps sous l’eau, elle part à la dérive et doit alors déployer une énergie folle pour nager contre le courant sans perdre son précieux butin. Une mission presque impossible. C’est pourquoi les plongeuses sont en permanence arrimées à leur embarcation. Les coquillages que les femmes ne consommeront pas seront bientôt vendus sur le marché. Ensuite, Marie ira rendre visite à ses deux filles qu’elle a confiées à des proches afin qu’elles puissent aller à l'école et recevoir une bonne éducation.
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00:00Au beau milieu du delta du fleuve Congo, se trouve la petite île de Kizunga-Manyanga.
00:28L'île émerge du dédale que forment les mangroves et les nombreux bras du fleuve.
00:36C'est ici que vit une communauté de femmes qui pratiquent une pêche aux coquillages ancestrale.
00:46Cette activité, essentiellement féminine, assure la subsistance des insulaires.
00:52De nos jours, la pêche classique ne rapporte plus grand-chose.
00:56Beaucoup d'hommes sont partis chercher du travail ailleurs.
01:00Les pas lourdes à la chair savoureuse sont une source de revenus indispensable.
01:22L'île de Kizunga-Manyanga est la plus grande île de la planète.
01:27Elle est la plus grande île de la planète.
01:31Elle est la plus grande île de la planète.
01:35Elle est la plus grande île de la planète.
01:39Elle est la plus grande île de la planète.
01:43Elle est la plus grande île de la planète.
01:46Elle est la plus grande île de la planète.
02:09Quand je plonge, je ne pense à rien d'autre que trouver des coquillages.
02:14C'est la seule chose qui compte et je me concentre là-dessus.
02:19Même si j'ai les yeux fermés, je ne me perds pas dans d'autres pensées.
02:24Tout ce que je veux, c'est ramener des pas lourdes.
02:30Presque tous les jours, Marie Velakuchi plonge jusqu'à 150 fois dans les eaux du Congo.
02:37Elle rapporte des pas lourdes jusqu'à ce que les pirogues soient pleines.
02:42Un vrai tour de force.
02:45Les femmes plongent à marée basse lorsque le niveau de l'eau s'abaisse à 3 mètres.
02:50Dans ces eaux troubles, la visibilité quasi nulle rend la pêche périlleuse.
02:55Le Congo est ce qu'on appelle un fleuve d'eau noire.
02:59Il doit sa couleur sombre aux matières organiques provenant des marais et des sols riches en humus.
03:04Le courant est très puissant, ce qui ne simplifie pas les choses.
03:11Si Marie reste trop longtemps sous l'eau, elle est emportée au loin.
03:15Elle doit alors nager à contre-courant avec ses prises dans les mains, ce qui s'avère parfois impossible.
03:22Heureusement, les plongeuses ont installé une ligne de sauvetage.
03:26C'est une vraie protection.
03:29La corde nous permet de revenir jusqu'à la pirogue.
03:33Quand on sort de l'eau pas trop loin du bateau, en principe, quelques bons coups de bras suffisent.
03:39Mais si on sort plus loin, on risque de dériver.
03:44La pêche est très puissante.
03:47Elle n'a pas l'air d'un bateau.
03:50Elle n'a pas l'air d'un bateau.
03:52On risque de dériver.
03:58À force de galérer avec ce courant, on a eu l'idée d'attacher une corde à la pirogue.
04:03C'est un peu notre ligne de vie.
04:23Cette pêche artisanale se pratique en équipe.
04:27Marie et ses amis partent toujours ensemble avec au moins deux pirogues.
04:41J'aurais très peur de plonger s'il n'y avait personne avec moi.
04:45Parce qu'on peut facilement être emporté par le courant.
04:48On risque d'y laisser notre vie.
04:50Mais à deux, c'est plus rassurant.
04:53En cas de problème, l'autre arrive à la rescousse avec sa pirogue.
05:02Le village de Kizunga Manyanga semble flotter sur les eaux du Congo.
05:07Dans cette petite bourgade de 200 âmes,
05:10beaucoup appartiennent à l'ethnie des Manyanga qui a donné son nom au village.
05:15La plage, qui de loin semble être couverte de sable blanc,
05:19est en réalité jonchée de coquilles vides qui s'amoncèlent depuis des décennies.
05:36Les pêcheurs de Kizunga Manyanga sont les plus nombreux.
05:40Sur l'île, la pêche aux coquillages est une affaire de femmes.
05:44Elles sont fières de faire ce travail qui assure un revenu régulier à leur famille.
05:57Ces mollusques de l'espèce Galatea congica sont communément appelées égéries.
06:02Elles sont en fait les pêcheurs de Kizunga Manyanga.
06:05On les trouve dans la région du golfe de Guinée,
06:08plus précisément dans les estuaires entre le Sénégal et l'Angola.
06:12Ce sont des sortes de moules d'eau douce
06:15qui se sont adaptées à l'eau saumâtre et au mouvement des marées.
06:36Marie vit la plupart du temps seule.
06:39Elle a des jumeaux âgés de 5 ans qui vivent à Boma,
06:42ville portuaire située à environ 6 heures de bateau.
06:46Son époux vit et travaille essentiellement de l'autre côté du fleuve, en Angola.
06:51Je suis née ici.
06:53Quand j'avais 10 ans, nous avons déménagé dans la ville voisine de Muanda.
06:58Ma mère était déjà décédée, elle nous a quittés le 17 septembre 99.
07:02Alors c'est notre père qui nous a élevées.
07:05Avec mes frères et soeurs, on a beaucoup souffert.
07:08Notre père s'occupait de nous, mais sa famille nous a abandonnés.
07:14Marie a connu une enfance difficile, et elle doit continuer à se battre.
07:18Au quotidien, c'est dans la religion qu'elle trouve un soutien.
07:32Ce chant évoque l'œuvre de Dieu que les fidèles sont appelées à poursuivre.
07:37Marie est adepte du Kimbanguisme, une religion d'inspiration chrétienne née au Congo.
08:03Dambu est lui aussi Kimbanguiste.
08:06Il fait office de diacre pour le village, et à ce titre, il est responsable des affaires séculières, comme l'entretien de l'église.
08:15Bientôt, nous pourrons à nouveau célébrer des services religieux sur l'île.
08:19Il y a des gens qui viennent de l'autre côté de l'île.
08:22C'est un peu comme si on venait de l'autre côté de l'île.
08:25Il y a des gens qui viennent de l'autre côté de l'île.
08:27Bientôt, nous pourrons à nouveau célébrer des services religieux sur l'île.
08:33Récemment, notre église a été détruite par une tempête.
08:37Alors, les fidèles sont obligés de prendre un bateau pour aller à la messe.
08:45Nous sommes très contents, et remercions tous ceux qui nous aident à rebâtir l'église.
08:50Que Dieu les bénisse.
08:52Nous sommes heureux parce que la communauté pourra bientôt à nouveau se réunir ici.
08:58L'église est reconstruite de manière traditionnelle.
09:02Les murs sont faits d'un assemblage de tiges de palmiers.
09:05Les poutres sont en bois issus de la mangrove.
09:08Seule concession à la modernité, les outils et les clous.
09:14Beaucoup d'hommes de la communauté viennent prêter main forte sur le chantier.
09:19Cette reconstruction est attendue par tous.
09:22Plus besoin de prendre le bateau le dimanche pour aller à la messe dans la paroisse voisine.
09:25Ce qui représente un gain de temps et d'argent.
09:45Une fois la cuisson terminée, les coquilles sont bien ouvertes.
09:56L'andou commence à faire le tri avec l'aide d'Annie et de Marie.
10:04Les coquilles vides sont laissées sur le sol.
10:07La chair riche en protéines est lavée dans de l'eau puisée dans le fleuve, l'île étant dépourvue d'eau potable.
10:15Ensuite, les femmes confectionnent des brochettes avec les pas lourdes qu'elles piquent sur des bâtonnets en bois de palmiers.
10:21Ces brochettes sont vendues directement aux commerçants qui viennent sur l'île.
10:27Quand on n'a pas de clients tout de suite, on conserve les pas lourdes dans du sel et on les envoie à Boma.
10:32Là-bas, des intermédiaires s'occupent de les vendre pour nous.
10:36Parfois nos enfants nous donnent un coup de main et parfois même les commerçants.
10:42La pêche nous aide à faire face aux dépenses, comme les frais de scolarité de nos enfants, la nourriture et le loyer.
10:50Nous nous sentons vraiment utiles.
10:5810 brochettes valent l'équivalent de 5 euros.
11:01En République démocratique du Congo, la majorité des habitants vivent avec environ 2 euros par jour.
11:07Les femmes font dissoudre du sel dans l'eau et versent la semure ainsi obtenue sur les mollusques pour les conserver plus longtemps.
11:14Dans quelques jours, elles iront vendre les brochettes au marché de Boma, lorsqu'elles rendront visite à leurs enfants.
11:20Le Congo est une artère vitale pour la région.
11:25Il constitue une source d'eau potable et de nourriture pour les insulaires.
11:30Ils y font aussi leurs toilettes.
11:33Les femmes font aussi leur toilette.
11:36Elles font aussi leur toilette.
11:39Elles font aussi leur toilette.
11:42Elles font aussi leur toilette.
11:44Le soir, quand tout est calme, le chant de la nature se fait entendre.
12:07L'estuaire de Boma est un des plus beaux estuaires du Congo.
12:11L'estuaire du Congo forme un labyrinthe de mangroves, de canaux et d'îles.
12:18Déclaré parc national marin depuis 1992, il abrite quelques 25 000 personnes.
12:25Mais la population ne cesse de croître et ce milieu naturel est aujourd'hui menacé par la chasse et la surpêche ainsi que la déforestation.
12:34Les mangroves stockent du CO2 dans les troncs des palétuviers, mais aussi dans les sédiments
12:40et piègent ainsi nettement plus de gaz à effet de serre.
12:43C'est ce qui rend les mangroves encore plus précieuses que d'autres forêts.
13:04L'estuaire de Boma est un des plus beaux estuaires du Congo.
13:08L'estuaire du Congo forme un labyrinthe de mangroves, de canaux et d'îles.
13:13Les mangroves stockent du CO2 dans les troncs des palétuviers, mais aussi dans les sédiments et piègent ainsi nettement plus de gaz à effet de serre.
13:19Les mangroves stockent du CO2 dans les troncs des palétuviers, mais aussi dans les sédiments et piègent ainsi nettement plus de gaz à effet de serre.
13:25Les mangroves stockent du CO2 dans les troncs des palétuviers, mais aussi dans les sédiments et piègent ainsi nettement plus de gaz à effet de serre.
13:30Les mangroves stockent du CO2 dans les troncs des palétuviers, mais aussi dans les sédiments et piègent ainsi nettement plus de gaz à effet de serre.
13:36Les mangroves stockent du CO2 dans les troncs des palétuviers, mais aussi dans les sédiments et piègent ainsi nettement plus de gaz à effet de serre.
13:42Les mangroves stockent du CO2 dans les troncs des palétuviers, mais aussi dans les sédiments et piègent ainsi nettement plus de gaz à effet de serre.
13:48Les mangroves stockent du CO2 dans les troncs des palétuviers, mais aussi dans les sédiments et piègent ainsi nettement plus de gaz à effet de serre.
13:54Dans l'estuaire du Congo, les pêcheuses de Palourde vivent au rythme des mouvements du fleuve.
13:59Dans l'estuaire du Congo, les pêcheuses de Palourde vivent au rythme des mouvements du fleuve.
14:05La plongée n'est possible qu'à marée basse.
14:08A marée haute, les précieux mollusques deviennent inaccessibles.
14:12C'était pas un bon endroit pour jeter l'encre !
14:16L'encre de Marie s'est détachée du bateau.
14:19La jeune femme lutte contre le courant pour tenter de la retrouver.
14:24Allez, accroche-toi à ta pirogue !
14:29Non, je cherche la corde.
14:31Tu l'as repérée ?
14:37Rattrape d'abord ta pirogue !
14:40Annie réussit à récupérer la pirogue qui dérive au fil de l'eau.
14:44Quant à Marie, elle essaie toujours de remonter le courant, en vain.
14:50Attends !
14:51Là, je vais me faire mal.
14:54Marie abandonne l'idée de retrouver l'encre.
14:59C'est par ici que tu l'as vue disparaître ?
15:08Tu l'as retrouvée ? Super !
15:10Donne-la-moi, je vais la rattacher !
15:12Elle était fixée comme ça ?
15:14Vas-y, prends-la !
15:16Il faut toujours la faire descendre doucement.
15:19Pourtant, je pensais l'avoir bien attachée.
15:30Le nœud sur la ligne de mouillage s'est défait au moment où Marie avait lancé l'encre, qui pèse plusieurs kilos.
15:38C'est un petit miracle que Mado ait réussi à la retrouver au fond du fleuve.
15:42L'encre est un accessoire précieux lors des plongées pour compenser le courant.
15:47Les plongeuses ont attaché autour une kyrielle de coquillage pour ajouter du lest.
15:52Le poids est équilibré de manière à ce que la pirogue dérive lentement sous l'effet du courant,
15:57entraînant avec le plongeur de la pirogue de se déplacer vers l'eau.
16:01L'encre est un accessoire précieux lors des plongées pour compenser le courant.
16:05Les plongeuses ont attaché autour une kyrielle de coquillage pour ajouter du lest.
16:09Le poids est équilibré de manière à ce que la pirogue dérive lentement sous l'effet du courant,
16:13entraînant avec elle l'encre sur le fond sablonneux.
16:34En récoltant les palourdes, les plongeuses dérivent,
16:37mais en cédant de la corde qui retient l'encre,
16:40elles arrivent à remonter à la surface au niveau de la pirogue.
16:49La technique est bien rodée.
16:52Après avoir plongé sur une cinquantaine de mètres,
16:55les femmes ramènent la pirogue un peu à l'écart de sa position initiale avant de replonger.
17:00La pirogue fonctionne un peu comme une moissonneuse
17:03qui permet de ratisser le fond du fleuve zone après zone.
17:08L'encre, c'est un outil indispensable pour nous.
17:11Je l'avais perdue parce qu'elle n'était pas bien fixée.
17:14Heureusement, mes amis m'ont aidée à la retrouver.
17:17C'est l'avantage de travailler en équipe.
17:21Cette solidarité se manifeste aussi entre les différents groupes ethniques vivant sur l'île.
17:27Marie appartient à celui des Solongo.
17:30Les autres groupes sont les Bakongo, les Woyo et les Manyanga.
17:37Les solongo sont les plus nombreux et les plus nombreux sont les Bakongo.
17:42Les solongo sont les plus nombreux et les plus nombreux sont les Manyanga.
17:46Les solongo sont les plus nombreux et les plus nombreux sont les Bakongo.
18:02Pour couvrir le toit, on utilise des nattes confectionnées à partir de feuilles de palmiers.
18:08Les villageois espèrent bien célébrer la messe dès dimanche prochain.
18:12Tout le monde est à pied d'œuvre pour que la consécration de l'église ait bien lieu le jour prévu.
18:23Le delta du Congo et ses habitants restent encore à l'écart de l'économie occidentale.
18:28En l'absence d'électricité, d'un réseau de téléphonie mobile fiable et d'un port en eau profonde,
18:33la région se développe moins rapidement.
18:38Les bateaux qui passent au large sont à destination des villes portuaires situées à une centaine de kilomètres en amont,
18:44comme Boma et surtout Matadi, l'un des principaux ports fluviaux de la région.
19:03Marie et Damvu se rendent au village voisin pour acheter les nattes destinées au toit de l'église.
19:33Bonjour, est-ce que vous vendez des nattes par lot ? Oui, bien sûr. Combien pour un lot de 10 ? 3500 francs.
19:50Soit l'équivalent d'environ 1,20 euro.
20:04Ici, la confection des nattes est une affaire de famille.
20:08Elle se transmet de génération en génération, comme l'illustre cette jeune femme et son père, qui travaillent ensemble.
20:20Les habitants du delta appellent cet arbre bambou, mais il s'agit en réalité d'un palmier.
20:26Ces pétioles sont utilisées comme le bambou pour la construction,
20:29d'où son appellation de palmiers bambous, passé dans le langage courant.
20:37Les palmiers bambous, c'est très utile pour faire plein de choses.
20:41C'est pour ça qu'on les adore. C'est une richesse que Dieu nous a donné, un cadeau du ciel.
20:49On s'en sert comme matériaux pour les toitures et les murs.
20:52On en fait aussi des fibres pour tisser des cordes et des brochettes pour les palourdes.
20:59On ne pourrait pas s'en passer.
21:07Il s'agit de l'espèce rafia oukeri, un immense palmier typique de l'Afrique de l'Ouest.
21:13Avec ses fruits, on fabrique aussi de l'alcool.
21:22Aujourd'hui, le parc marin des mangroves est menacé,
21:26car le gouvernement congolais a lancé des appels d'offres pour installer des concessions d'extraction
21:31qui empièteraient en partie sur le parc.
21:34De l'autre côté du fleuve, en Angola, se trouve déjà une usine de traitement de gaz liquéfié,
21:40dont la production ne cesse d'augmenter.
21:43Le gaz y est brûlé à la torche en permanence.
21:53Si le Congo est riche en matières premières, ses populations de poissons sont plutôt limitées.
21:59Les rivières d'eau noire étant pauvres en nutriments,
22:02la faune piscicole est assez rare autour de l'île de Kizunga-Manyanga,
22:07exception faite des mollusques.
22:22Les habitants vaquent à leurs occupations dès l'aube.
22:26En fin de matinée, la chaleur devient accablante.
22:40Je pense à mes enfants. Ils sont loin et je me sens seule.
22:45Ce serait tellement bien de pouvoir vivre ensemble, mais c'est comme ça, c'est la vie.
22:49La cérémonie de consécration aura lieu dans trois jours.
22:53L'église est gérée par les kimbanguistes,
22:56adeptes d'une jeune religion née dans la première moitié du XXe siècle,
23:00sur le territoire de l'actuelle République démocratique du Congo.
23:04Le kimbanguisme reprend des éléments du christianisme en y intégrant des spécificités locales.
23:10Son fondateur, Simon Kimbangu, s'est insurgé contre les autorités coloniales belges
23:15en diffusant un message d'émancipation de la population noire.
23:19Depuis, il est vénéré comme un prophète par des dizaines de millions de fidèles.
23:26Le Congo est l'un des fleuves les plus profonds au monde.
23:30Les pêcheuses de Palourde l'empruntent aujourd'hui pour se rendre à Boma,
23:34où elles vont voir leurs enfants.
23:36Comme prévu, elles vont aussi aller au marché vendre leurs brochettes
23:40pour gagner un peu d'argent destiné à la collecte lors de la consécration de l'église.
23:46En 1929, Boma perd son statut de centre politique au profit de Kinshasa
23:52et Matadi, plus en amont, la remplace comme principal centre portuaire et commercial.
24:06C'est sur ce marché qu'elles vendent leurs brochettes à des intermédiaires,
24:10ce qui donne lieu à d'âpres marchandages.
24:12On ressent ici toute la dureté du quotidien pour ce qui est de l'approvisionnement alimentaire.
24:21Les denrées animales sont parmi les plus recherchées.
24:24Sur les étales, on trouve toutes sortes d'espèces.
24:27Rats, singes, serpents, tortues et cerfs-vidés.
24:31Beaucoup sont fumés pour une meilleure conservation.
24:34Tu veux combien pour tes brochettes ?
24:37Pour un lot de 10, 15 000 francs.
24:4315 000 pour celui-ci et 17 000 pour celui-là.
24:52Là, ça fait déjà 75 000.
24:55Plus 5 000, en tout, on arrive à...
25:01Allez, on tranche, 105 000.
25:12Ça fait mal au cœur. C'est le seul revenu que nous avons pour nourrir nos enfants.
25:17C'est vraiment décourageant.
25:20Marie et ses amis ont de quoi être mécontentes.
25:23D'autant que la dernière fois, elles ont été flouées par les marchandes
25:27et ils restent incontentieux au sujet d'une facture impayée.
25:31Tout à coup, ce différent revient sur le tapis.
25:42Je n'ai pas besoin de vous. Vous allez voir, bande d'escrocs.
25:45J'ai bien plus d'argent que vous. Je pourrais même prendre en charge vos enfants.
25:49Arrête, Marie.
25:54C'était juste une blague et toi, tu te fâches.
25:57Elles nous insultent en nous traitant de pauvres filles, alors que moi, je gagne plus qu'elles.
26:02En plus, elles mentent comme elles respirent.
26:05La dernière fois, elles ont pris du poisson, mais on n'a toujours pas été payés.
26:13Marie et ses amis finissent par jeter l'éponge.
26:21Sur les eaux fluviales qui séparent l'Angola de la République démocratique du Congo,
26:26les frontières s'estompent.
26:28On voit sans cesse des bateaux qui transportent des marchandises,
26:31sans savoir si c'est du commerce légal ou de la contrebande.
26:35Le drapeau congolais est hissé dans ce port de fortune.
26:39Mais l'État profite-t-il des bénéfices du commerce fluvial ?
26:42Rien n'est moins sûr.
27:04Marie a confié ses jumeaux âgés de 5 ans à sa belle-mère.
27:07On m'a dit qu'on allait faire une bataille.
27:10J'ai dit oui.
27:13On est arrivés.
27:15C'est la dernière fois.
27:17Et on est venus.
27:19On va faire une bataille.
27:21C'est un jeu de cartes.
27:23C'est une bataille.
27:25C'est une bataille.
27:27Et on va faire une bataille.
27:29C'est un jeu de cartes.
27:31C'est une bataille.
27:33C'est une bataille.
27:34Je suis si heureuse de voir mes enfants.
27:39La dernière fois, c'était il y a deux mois.
27:41Ça fait long.
27:44Quel bonheur de les retrouver.
27:48Parfois, je ne les vois pas pendant quatre, cinq mois.
27:51Ça dépend de l'argent que j'ai.
27:53Il arrive qu'on soit séparés pendant plus de six mois.
27:55Là, c'est trop long.
27:57C'est difficile à vivre.
27:58Mais sinon, on ne peut pas travailler.
28:00C'est pour ça aussi qu'on vit séparés, mon mari et moi.
28:02Lui travaille à Soyo.
28:04Moi, je suis sur l'île.
28:05Et les enfants sont à Boma.
28:07On n'a pas le choix.
28:11Mon souhait le plus cher, c'est qu'ils puissent un jour faire des études
28:14pour ne pas avoir à faire un travail épuisant comme moi.
28:19Puisse Dieu avoir pitié d'eux.
28:32En chantant ce cantique, les insulaires invoquent la protection de Simon Kimbangu,
28:37le fondateur de leur religion.
28:40Aujourd'hui, tous les Kimbanguistes de la région se rendent sur l'île
28:43pour la réouverture de leur église.
28:46Ils sont vêtus en vert et blanc, comme le veut la tradition.
29:02Nous confions tout et fidèle aux mains du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
29:06Amen.
29:09Amen.
29:13Prions Dieu, Jésus-Christ et Simon Kimbangu.
29:20Tous les trois existent dans ce bas monde, tout comme nous y existons.
29:31Dieu, tu nous as créés à ton image.
29:37Nous sommes des êtres humains et tu l'es toi aussi.
29:43Des gens de différents pays, de différentes langues sont venus te chercher, toi, Père Simon Kimbangu.
29:54Amen.
30:01Avec ce chant, les fidèles appellent maintenant à faire un don pour la reconstruction de l'église.
30:07Chacun est témoin de ce que donnent les autres.
30:10La collecte a une grande importance.
30:12Les villages sont ainsi mis en compétition et le plus généreux est assuré de jouir d'un plus grand prestige.
30:19Chant.
30:3063 500 francs, ça mérite des applaudissements.
30:35Vous pouvez arrêter de chanter.
30:41Chant.
30:45Marie a rejoint les Kimbanguistes après que son père a été guéri par des fidèles.
30:50Elle en est en tout cas intimement convaincue.
30:53La foi lui donne la force de continuer son travail.
30:58Nous prions toujours avant de plonger parce que selon la tradition, le fleuve abrite un tout autre monde.
31:06Alors, nous prions pour que Dieu nous y protège.
31:17Chaque jour, Marie explore inlassablement les eaux tumultueuses du Congo, un univers sous-marin mystique et plein de dangers.
31:32Mais qui sait combien de temps elle pourra encore pratiquer cette pêche ancestrale, loin des aléas de la mondialisation.