• l’année dernière
Avec Renée Fregosi, philosophe et politologue.
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Transcription
00:00 C'est une tribune publiée dans le Figaro qui fait beaucoup jaser loi immigration,
00:06 et si la gauche se tira une balle dans le pied, nous sommes en compagnie de René Frégosy,
00:11 philosophe et politologue, auteur de 50 nuances de dictature,
00:14 tentations et reprises autoritaires en France et ailleurs, publié aux éditions de l'Aube.
00:18 René Frégosy, bonjour.
00:20 - Bonjour.
00:22 - On savait de vous que vous n'y alliez pas parfois avec le dos de la cuillère.
00:26 Dans cette tribune, vous y allez vraiment à l'arme lourde,
00:31 et si la loi immigration, et si la gauche se tira une balle dans le pied,
00:35 l'attitude de la gauche vous a énervé et vous énerve encore sur cette séquence de la loi immigration ?
00:41 - Oui, pas seulement sur la séquence de la loi, mais sur le sujet de l'immigration en général,
00:47 et cela depuis de longues années, évidemment.
00:50 Ça ne date pas de cette loi.
00:54 - Vous écrivez notamment "Vouloir préserver la langue, la culture et un mode de vie à la française
01:00 en évitant le séparatisme communautaire et l'imposition de normes halogènes
01:05 relève carrément de la xénophobie, de l'islamophobie et du racisme".
01:11 - Oui, relèverait en fait. C'est-à-dire, c'est ce que pense aujourd'hui la gauche institutionnelle, je dirais.
01:20 Parce que l'électorat de gauche, je pense qu'il est beaucoup dans l'abstention depuis quelque temps,
01:28 parce qu'il ne se sent pas représenté.
01:30 En fait, il n'y a aucun parti de gauche qui ait pris réellement cette question de l'immigration au sérieux.
01:38 En fait, on se contente de considérer ça comme un thème,
01:43 un thème sur lequel il faut réagir de façon pavlovienne.
01:49 Immigration = extrême droite.
01:51 Pas du tout, il faut prendre les choses de façon sérieuse.
01:55 Et on sait très bien que le problème de l'immigration, c'est le problème de l'intégration, de l'assimilation.
02:03 Et on sait très bien qu'une immigration massive ne permet pas cette intégration dans la société française,
02:12 dans la culture française, dans la langue française.
02:15 – Renée Frégozy, est-ce parce qu'elle ne parle sur l'immigration,
02:18 vous parlez dans votre tribune de la gauche qui est le camp du bien dans ce domaine,
02:23 que le PS qui a été le grand parti de gauche depuis 1971
02:28 a émergé à 1,75% aux dernières présidentielles ?
02:32 Je parle du PS en particulier puisque vous en avez été membre.
02:35 – Oui, il y a très longtemps et je l'ai quitté très récemment,
02:39 bien que j'ai été en désaccord depuis de longues années,
02:42 mais j'y étais très attachée affectivement,
02:46 et aussi parce que je pense qu'un parti socialiste, démocratique et social
02:53 est absolument indispensable aujourd'hui en France, et on n'en a plus.
02:57 Moi je regardais l'autre jour une émission où on nous passait François Mitterrand en 88,
03:06 qui disait exactement ce que je dis aujourd'hui,
03:09 et pour une fois il était d'accord, une fois qu'il a été élu en 88
03:14 avec son premier ministre Michel Rocard,
03:17 qui disait qu'effectivement la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde.
03:21 – Et si on parle de la même vidéo,
03:23 Mitterrand disait qu'il faut expulser tous les clandestins.
03:26 – Oui, mais ce sont des choses qui étaient évidentes,
03:32 et qui aujourd'hui, alors qu'on a une immigration encore plus forte,
03:36 ne sont plus à l'ordre du jour.
03:39 Donc ça me paraît complètement aberrant pour la gauche.
03:42 – Est-ce que cela explique pour vous la désaffection de la gauche
03:47 par les classes populaires qui aujourd'hui,
03:49 il n'y a qu'à regarder la carte électorale,
03:51 votent plutôt pour la France périphérique pour le Rassemblement National ?
03:54 Et d'ailleurs il y a beaucoup plus d'ouvriers, le premier parti ouvrier c'est l'URN.
03:59 – Oui, mais le problème c'est que vous savez,
04:02 Marcel Gaucher en parlait déjà au tout début des années 90,
04:07 la gauche a perdu en fait les classes sociales qu'elle était censée représenter,
04:16 parce que la gauche a abandonné la question sociale.
04:19 Alors effectivement, aujourd'hui s'ajoute la question de l'immigration,
04:24 mais en fait son électorat naturel, je dirais,
04:28 elle l'a perdu depuis longtemps parce qu'elle a changé de position
04:34 sur les questions sociales et elle s'est tournée davantage
04:39 vers les questions dites sociétales, qui ne sont pas inintéressantes.
04:44 Moi je suis une ancienne du MLS,
04:46 je ne renie rien de mon féminisme de l'époque
04:49 qui n'avait rien à voir avec le néo-féminisme d'aujourd'hui.
04:53 Donc bien sûr que les questions de société sont très importantes aussi,
04:58 mais il ne faut pas pour autant abandonner ni la question sociale,
05:03 ni la question de la culture française et occidentale.
05:09 – Mais René Frégosy, Jacques Delors est décédé avant-hier,
05:13 est-ce que ce n'est pas lors du tournant de la rigueur en 83
05:16 que la gauche a décidé de donner, vous me passerez l'expression,
05:19 les clés du camion à l'Europe, à des gens non élus,
05:22 et que comme maintenant avec le pacte de stabilité
05:25 et toutes les règles qui sont imposées par l'Europe
05:27 sur le protectionnisme et sur le social,
05:29 puisque ça concerne la dépense publique, le social,
05:32 elle n'a pas aujourd'hui plus que le sociétal,
05:35 puisque sur le social elle ne peut plus rien faire,
05:37 et que de toute façon elle s'est convertie au libre-échange et à la mondialisation.
05:42 – Alors écoutez, sur la question européenne aussi,
05:45 moi je dois dire que j'ai l'esprit lent,
05:47 et j'ai réalisé très tard qu'en fait on m'avait trompée sur l'Europe.
05:53 Moi je suis européiste dans le sens où je pense qu'aujourd'hui
05:57 les États-nations doivent se coaliser pour affronter le capitalisme
06:03 qui c'est vrai est aujourd'hui à atteint un nouveau stade de mondialisation
06:08 et qu'il faut l'affronter dans des accords entre différents États-nations.
06:15 L'État-nation tout seul face au capitalisme mondialisé
06:19 ne peut plus autant qu'il pouvait avant
06:22 lorsque le capitalisme était à l'intérieur des frontières de l'État-nation.
06:26 Donc il faut des alliances, des coopérations très fortes,
06:30 mais moi je n'avais pas compris que l'Europe allait être en fait
06:33 l'ouverture au marché mondial.
06:36 Et donc nous avons été trompés sur cette question aussi.
06:41 Je suis pour une Europe effectivement qui doit affronter le capitalisme,
06:47 je suis pour une Europe puissante, mais non pas pour ce grand marché
06:52 qui débilite encore plus les États-nations déjà bien affaiblis
06:57 par le stade actuel du capitalisme.
07:00 – Dans votre tribune vous citez le Danemark comme exemple pour la gauche, pourquoi ?
07:05 – Oui, écoutez, les camarades danois, eux, affrontent la question de l'immigration de front.
07:13 Effectivement, ils prennent des mesures pour protéger leur culture
07:19 et pour assimiler, intégrer les immigrés de façon satisfaisante,
07:26 c'est-à-dire qu'ils s'intègrent à la langue, à la culture,
07:31 qu'ils travaillent, qu'ils puissent travailler.
07:33 Il faut quand même se souvenir qu'aujourd'hui les immigrés,
07:37 qu'ils soient légaux ou clandestins, leur taux de chômage est entre 2 et 3 fois
07:43 plus important que le taux de chômage des Français.
07:46 Donc, je veux dire, il y a un problème d'intégration aussi par le travail.
07:52 Donc, pourquoi faire venir des gens en masse
07:57 si on ne peut pas leur donner un travail ou un travail décent ?
08:00 On sait très bien aussi que l'immigration sert à maintenir des salaires bas
08:05 et des conditions de travail souvent inacceptables pour les nationaux.
08:11 – Dernière question, il nous reste à peine une minute.
08:13 Est-ce que pour vous il y a une personnalité à gauche qui pourrait émerger, René Frégozy ?
08:16 – Ah ah ! Écoutez, non, je resterai là sans réponse, hélas.
08:24 – Vous resterez là sans réponse, hélas.
08:25 Cela explique peut-être pourquoi les quatre parties de la NUPES
08:28 sont tous à moins de 10% pour les prochaines européennes
08:31 qui auront lieu le 9 juin prochain, si on vous croit René Frégozy.
08:34 Merci beaucoup à vous.
08:36 Je rappelle que vous êtes philosophe et politologue,
08:38 auteur de 50 nuances de dictature, tentation et emprise autoritaire
08:42 en France et ailleurs, publiée aux éditions de l'Aube

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