Avec Yonathan Arfi, Président du CRIF
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##L_INVITE_POLITIQUE-2023-12-08##
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NewsTranscription
00:00 Sud Radio, l'invité politique, Jean-Jacques Bourdin.
00:07 - Il est 8h34, bonjour à toutes et à tous et merci d'être avec nous.
00:12 8h30, 9h, vous le savez, l'interview politique, les Français veulent savoir, parlons vrai ce matin,
00:18 avec Yonatan Arfi qui est président du CRIF, Conseil représentatif des institutions juives de France.
00:24 Yonatan Arfi, bonjour. - Bonjour.
00:26 - Merci d'être avec nous. Alors, le CRIF, vous regroupez, si je...
00:32 Allez, je rassemble, vous rassemblez, vous rassemblez toutes les associations juives de France, c'est ça ?
00:38 - Oui, c'est une fédération de 80 organisations de tout secteur d'activité, des organisations éducatives, sociales, culturelles,
00:47 culturelles aussi pour certaines, mémorielles, c'est tout le spectre de la vie juive française
00:53 qui est réunie au sein du CRIF, créée il y a 80 ans dans la Résistance.
00:57 - Dans la Résistance. À nos cas, la fête traditionnelle juive a commencé hier, elle durera jusqu'au 15 décembre,
01:06 vous m'arrêtez si je dis une bêtise, parce que je ne suis pas un spécialiste,
01:10 8 jours, l'huile de la Ménorah a brûlé, 8 jours au lieu d'une seule journée,
01:15 la Ménorah, c'est le chandelier à 7 branches, plus vieux symbole du judaïsme,
01:19 vous fêtez le retour du Temple de Jérusalem à la religion hébraïque,
01:23 et hier soir, à l'Elysée, que s'est-il passé ? Emmanuel Macron a reçu le prix Lord Jacobovits
01:32 remis à des gouvernants européens qui luttent contre l'antisémitisme.
01:36 La première bougie d'Anouka a été allumée à l'Elysée, vous y étiez ?
01:41 - Oui, j'ai assisté à un moment de cette rencontre, il y a eu une polémique sur, effectivement, l'allumage de cette bougie.
01:48 - Vous y étiez donc ? - J'y ai assisté.
01:51 Et effectivement, ce n'est pas la place, au sein de l'Elysée, d'allumer une bougie de Hanouka,
01:58 parce que l'ADN républicain, c'est de se tenir loin de tout ce qui est religieux.
02:03 - Et la laïcité ? - Le CRIF est une structure laïque.
02:06 Depuis 1905, les Français juifs ont toujours considéré la laïcité comme une loi de protection,
02:12 et une loi de liberté. Et tout ce qui affaiblit la laïcité affaiblit les juifs de France.
02:19 - Est-ce que ça vous a choqué, hier soir, de voir le président de la République ?
02:26 - J'ai été, pour être honnête, surpris, parce que ce n'est pas le lieu où on s'attend à ce que cela se passe.
02:34 Je pense que c'est effectivement quelque chose qui, à mon avis, n'a pas vocation à se reproduire.
02:40 - C'est une erreur ? - Ça s'inscrit, vous savez, dans une série de gestes politiques qui peuvent être questionnés.
02:47 Le président de la République avait assisté à la messe du pape.
02:50 - Donc vous vous questionnez, vous vous demandez pourquoi le président de la République a fait cela ?
02:54 - Oui, bien sûr, c'est une vraie question, parce que ce n'est pas, traditionnellement,
03:00 le rôle de la puissance publique d'accueillir une cérémonie religieuse,
03:04 même s'il faut le dire, Chanukka a aussi une portée culturelle, au-delà de la portée purement culturelle.
03:10 - Toutes les cérémonies religieuses ont une portée culturelle.
03:14 Ça, c'est un autre débat, c'est un autre débat, Yonatan Arfi.
03:17 Mais vous vous interrogez, est-ce qu'Emmanuel Macron voulait effacer son absence
03:23 à la marche contre l'antisémitisme du 12 novembre, selon vous ?
03:27 - Je ne sais pas s'il voulait l'effacer, je ne crois pas que ce soit son intention,
03:31 mais ce qui est important, c'est effectivement de reparler de cette question de la marche,
03:39 parce que, pour moi, il y a fondamentalement une erreur d'analyse sur le sujet.
03:44 Je pense qu'il aurait dû être présent, je l'ai dit avant cette marche, j'ai eu l'occasion de l'exprimer après,
03:50 précisément, c'était une marche d'unité nationale.
03:54 Lui prétend qu'en ne venant pas, il contribuait à préserver l'unité nationale,
03:59 mais je pense que c'était l'inverse, en participant à cette marche,
04:02 il aurait contribué à préserver l'unité nationale.
04:05 - Donc, fête religieuse, pour nous, résumons, on ne va pas passer toute la matinée là-dessus,
04:09 mais tout de même, fête religieuse à l'Elysée, palais présidentiel dans une république laïque, c'est une faute ?
04:15 - Vous savez, l'invitation ne portait pas sur... - Non, d'accord.
04:19 - Pour être précis, non, pour être précis sur ce qui s'est passé, l'invitation ne portait pas sur cette fête religieuse,
04:23 et à l'occasion de ce prix, il y a eu cet allumage de bougie,
04:26 je pense que c'est une erreur et qu'elle n'aurait pas dû se produire.
04:29 - Bon, alors oui, parce que que diriez-vous ?
04:31 Si Emmanuel Macron fêtait le Ramadan ou la semaine sainte à l'Elysée ?
04:35 Où est le Ramadan ? - C'est une vraie question.
04:38 - Je m'interroge. - Moi, je suis personnellement attaché
04:42 à ce que la République reste fermement laïque,
04:45 parce que c'est une manière de préserver notre concorde républicaine,
04:49 c'est un équilibre dans la société française qui nous protège tous,
04:53 j'en suis convaincu, et cette séparation entre le politique et le religieux,
04:57 elle me paraît être aujourd'hui une partie de l'ADN de la société française,
05:01 et c'est le rôle de chacun de le préserver.
05:03 - Sondage IFOP pour Sud Radio, que nous évoquons ce matin,
05:06 demain donc journée nationale de la laïcité, 78% des Français musulmans
05:11 estiment que la laïcité est discriminatoire envers les musulmans, vous le pensez ?
05:16 - Non, je pense que la laïcité n'est pas liberticide,
05:20 c'est une loi de protection pour tous, y compris les minorités,
05:24 et je le dis au nom des juifs de France qui ont toujours considéré la laïcité
05:29 comme un allié. La laïcité, elle nous a protégés,
05:33 elle nous a accompagnés dans notre épanouissement dans la société française,
05:36 et on ne l'a jamais considéré comme un obstacle au contraire.
05:39 - 75% des Français musulmans sont favorables au financement public
05:43 des lieux de culte, vous aussi ?
05:46 - Non, là encore, je dirige une structure, le CRIF,
05:49 qui est une structure fermement attachée à la laïcité, je le répète,
05:52 c'est une structure qui s'est prononcée favorablement
05:57 sur l'interdiction des signes religieux à l'école en 2004,
06:01 sur toutes les lois laïques de manière générale.
06:04 - Interdiction de tout couvre-chef à caractère religieux
06:08 dans les établissements scolaires aussi.
06:10 - C'est la loi de 2004, on l'a soutenue à l'époque,
06:12 et je considère qu'elle a été importante dans la manière d'essayer
06:17 d'apaiser autant que possible des tensions qui étaient naissantes
06:20 avec l'entrée de l'islamisme, aussi à l'école,
06:23 qui vient tester nos résistances,
06:25 donc c'était important à ce moment-là que la République
06:27 réaffirme ses principes fondateurs.
06:28 - Jonathan Arfi, dans quel état d'esprit sont les Juifs de France actuellement ?
06:32 - Aujourd'hui, vous savez, on est dans une période difficile
06:36 parce que le 7 octobre, il y a eu ces images terribles
06:40 de massacres en Israël, et il y a eu dans la foulée,
06:43 immédiatement, la montée des actes antisémites en France.
06:46 Pour les Juifs de France, c'est une double peine d'une certaine manière
06:51 parce que ça donnait un sentiment de vulnérabilité absolue,
06:55 comme si on était rattrapés par les traumatismes de l'histoire,
06:58 les persécutions historiques.
06:59 C'est ça qui se passe pour les Juifs,
07:01 avec un sentiment longtemps de solitude,
07:03 l'idée de dire, au fond, qui dans la société française
07:05 comprend ce qui se passe pour nous ?
07:06 Et puis il y a eu quelques éléments de mobilisation.
07:08 La marche du 12 novembre a été large,
07:11 elle a témoigné du fait que des Français exprimaient
07:13 leur élan de fraternité, il y a eu depuis aussi
07:16 beaucoup d'expressions de solidarité,
07:18 qui font qu'on est effectivement toujours marqué par ce tragique,
07:23 ce dramatique qui nous accompagne depuis le 7 octobre,
07:25 et en même temps sensible aux gestes de solidarité
07:27 qui sont exprimés.
07:28 - Les actes antisémites sont moins nombreux, Yonatan Arfi ?
07:31 - Alors, pour remettre les choses en perspective,
07:33 et c'est important de le dire, dans les années 90,
07:36 il y avait quelques dizaines d'actes antisémites par an.
07:38 Les années 2000 à 2022, quelques centaines.
07:41 En 2023, pour la première fois, on va passer
07:43 en milliers d'actes antisémites.
07:45 - C'est-à-dire plus de 2000 ?
07:47 - Plus de 2000 actes antisémites cette année,
07:49 en 2023, ont été référencés par le ministère de l'Intérieur.
07:52 Qu'est-ce que ça dit ?
07:53 Ça veut dire qu'il y a un changement d'échelle,
07:54 c'est une déferlante que nous n'avons jamais connue.
07:56 - Est-ce que ça baisse ces derniers jours ?
07:57 - La question de savoir si ces derniers jours ça baisse,
07:58 n'est pas encore mesurée par le ministère de l'Intérieur.
08:01 On verra, il y a moins d'actes qui sont médiatisés,
08:03 mais on espère effectivement que ça va s'apaiser.
08:06 - Alors oui, vous dites en 2023, en France,
08:08 et c'est une réalité, les Juifs sont dénoncés, menacés,
08:11 discriminés, agressés.
08:14 D'où vient l'antisémitisme ?
08:16 Qui le répand, selon vous ?
08:18 - L'antisémitisme aujourd'hui, il a plusieurs carburants.
08:20 Il a comme carburant la haine d'Israël,
08:22 et donc tous ceux qui sont engagés dans la haine d'Israël,
08:25 qui s'identifient de manière dévoyée à la cause palestinienne,
08:28 contribuent à nourrir cet antisémitisme, très clairement.
08:31 Vous avez un antisémitisme nourri aussi par l'islamisme.
08:34 Depuis une vingtaine d'années,
08:37 on a vu monter le discours islamiste
08:39 avec sa composante antisémite.
08:41 Vous savez, il n'y a pas un islamiste
08:43 qui ne soit pas aussi antisémite.
08:45 Et c'est un élément structurant de la doctrine islamiste.
08:49 Et puis troisièmement, on a les logiques complotistes,
08:52 qui peuvent être d'ailleurs portées par des gens d'extrême gauche
08:54 comme d'extrême droite.
08:55 On l'a vu au moment des épisodes, parfois, de Gilets jaunes,
08:57 au moment des épisodes anti-vax.
08:59 Donc le complotisme, qui est nourri aussi par les réseaux sociaux,
09:02 porte aussi un discours et une logique antisémite.
09:05 Donc voilà aujourd'hui ce à quoi on doit faire face.
09:07 - Je me sens abandonné.
09:09 Ce n'est pas moi qui ai dit cela.
09:11 Je me sens abandonné par la communauté juive.
09:14 C'est ce que vous dit Jean-Luc Mélenchon.
09:16 Abandonné, je le cite, abandonné.
09:19 Parce que j'ai défendu toute ma vie.
09:21 Jamais nous n'avons manqué à notre devoir,
09:23 ni au principe qui le fonde,
09:25 dit-il dans un entretien à la revue Orient 21.
09:28 Je le cite encore.
09:29 La communauté juive que j'ai connue,
09:31 avec qui j'ai milité lorsque j'étais élu de Massy,
09:34 vivait dans le débat et assumait ses divergences.
09:37 Ce n'est plus le cas.
09:38 Vous l'avez abandonné Jean-Luc Mélenchon ?
09:40 - Vous savez, moi je suis frappé.
09:42 Il n'y a pas une journée sans qu'on ait une sortie de Jean-Luc Mélenchon
09:44 qu'on doive tous se retrouver à commenter.
09:46 Déjà, ça c'est le premier point qui est insupportable.
09:48 La deuxième chose qui est aussi à noter,
09:51 c'est que le niveau de narcissisme et de nombrilisme
09:54 de Jean-Luc Mélenchon dépasse toutes les attentes.
09:58 Parce qu'aujourd'hui, ceux qui sont abandonnés,
10:01 ce sont ceux qui sont face aux actes antisémites,
10:04 ou face à toutes les haines racistes, homophobes et autres,
10:07 et que Jean-Luc Mélenchon se concentre sur son ressenti
10:10 pour se demander si, oui ou non,
10:12 son complexe d'abandon se justifie,
10:14 mériterait d'être traité sur un divan.
10:16 - Vous avez déclaré un temps,
10:18 Jean-Luc Mélenchon est prêt à sacrifier la République
10:20 sur l'autel du communautarisme.
10:22 C'est ce que vous aviez dit.
10:23 Vous rediriez la même chose ?
10:25 - Bien sûr, évidemment, il a choisi le communautarisme
10:27 comme projet de société,
10:28 et le clientélisme comme stratégie politique.
10:30 Donc, ça conduit par cohérence aux excès et aux outrances qu'il a eues,
10:34 le soutien explicite aux Hamas et aux attaques du 7 octobre,
10:40 puisqu'il y a encore quelques jours,
10:42 il déclarait vouloir à la résistance palestinienne.
10:45 Donc on a Jean-Luc Mélenchon qui est cohérent avec cette stratégie,
10:48 parce qu'il est persuadé que c'est ça qui lui permettra
10:50 un jour d'accéder au pouvoir.
10:51 - Alors, il ajoute, il y avait les culturels à l'époque,
10:54 et les cultuels, la gauche c'était les culturels,
10:57 la communauté juive a tort de se sentir abandonnée,
11:03 personne n'a porté plainte contre moi pour antisémitisme,
11:05 dit-il encore, pourtant c'est un délit en France,
11:08 c'est donc que nos accusateurs n'y croient pas eux-mêmes,
11:11 c'est ce qu'il vous dit, il vous interpelle.
11:13 - Mais, si Jean-Luc Mélenchon pouvait laisser la communauté juive tranquille,
11:17 ça nous ferait du bien,
11:18 parce que ses commentaires ou ses propos sur la manière
11:23 dont la communauté juive serait organisée,
11:25 découper ce qu'elle penserait, sont insupportables.
11:27 Jean-Luc Mélenchon développe sciemment,
11:30 parce que c'est quelqu'un d'intelligent,
11:31 une rhétorique antisémite,
11:33 cette rhétorique, elle vise à faire des juifs,
11:36 au fond, à les stigmatiser, à les ostraciser en permanence,
11:40 et il assume ses propos de manière continue,
11:43 regardez les personnes qu'il a ciblées dans le temps,
11:45 regardez ses propos aujourd'hui sur le Hamas,
11:48 et vous avez une manière pour Jean-Luc Mélenchon,
11:52 peu à peu, de distiller un poison qui me paraît vraiment nauséabond.
11:56 - Bien, il dit aussi que dans une bonne part...
11:59 J'arrête avec Jean-Luc Mélenchon, j'ai d'autres sujets.
12:01 Dans une bonne part de la classe médiatique française,
12:04 s'installe un clivage anti-arabe, anti-musulman.
12:06 Est-ce qu'il y a aujourd'hui des médias anti-musulmans,
12:09 ou des médias anti-juifs en France ?
12:12 - Non, je ne dirais pas qu'il y ait des médias qui soient anti-musulmans ou anti-juifs.
12:18 Il y a eu des médias, des magazines, des journaux comme Riveroll,
12:23 qui sont très, là pour le coup, racistes et antisémites,
12:28 c'est de l'autorité publique.
12:29 - Extrême droite, extrême droite.
12:30 - Mais si vous me parlez de médias généralistes,
12:31 il n'y a pas de médias qui soient anti-musulmans ou antisémites.
12:35 Mais ce qu'on voit monter en revanche,
12:38 c'est dans la société française de manière générale,
12:41 des raccourcis, des préjugés qui se développent.
12:46 C'est une bataille culturelle.
12:47 Moi, je crois à la République.
12:48 Je pense que face à ce que nous vivons tous,
12:50 face aux peurs, aux crispations, aux inquiétudes,
12:53 il faut plus de République.
12:55 La République, elle n'est pas le problème,
12:56 contrairement à ce que dit Jean-Luc Mélenchon,
12:58 elle est la solution face à nos problèmes.
13:00 On a besoin d'un cadre républicain strict,
13:02 et ce cadre républicain, il permet à tous de vivre ensemble,
13:04 il permet de dénoncer les propos racistes, antisémites,
13:07 quand ils surviennent, que ce soit dans la société,
13:10 sur les réseaux sociaux ou dans les médias,
13:12 mais il respecte aussi une manière de vivre tous ensemble,
13:16 une concorde républicaine.
13:17 - Est-ce que vous renvoyez dos à dos LFI et RN, par exemple ?
13:20 Extrême gauche et extrême droite ?
13:22 - Les deux sont à combattre,
13:24 mais ils ont des ADN et évidemment des histoires différentes.
13:28 Mais très souvent, dans l'histoire, vous verrez que
13:31 les extrêmes peuvent être amenés à se rejoindre.
13:33 Alors après, sur chaque séquence, les choses sont différentes.
13:35 Évidemment, leur position aujourd'hui, par exemple,
13:37 sur la question du Hamas, sont différentes.
13:39 Les positions sur tout un tas de sujets peuvent être différentes.
13:41 Donc on n'est pas aveugle à ce qui les différencie.
13:43 Mais ce que je constate, c'est que Jean-Luc Mélenchon
13:47 joue le jeu de la provocation en permanence.
13:50 Son objectif est, quelque part, sciemment ou non,
13:53 de faire monter le RN, parce qu'il pense qu'il profitera du chaos.
13:57 Voilà aujourd'hui l'alliance objective qui se joue entre les deux.
14:00 - Vous, vous êtes président du CRIF.
14:02 Est-ce que vous pensez que Marine Le Pen a tort
14:04 de ne pas dire clairement que son père était antisémite ?
14:07 - Oui, elle a tort de ne pas le dire clairement.
14:09 Jordan Bardella, lui-même, a refusé de qualifier
14:12 Jean-Marie Le Pen d'antisémite.
14:15 Vous savez, si on veut être crédible dans le combat contre l'antisémitisme,
14:20 quel que soit l'endroit d'où l'on vient,
14:22 il faut être capable de dénoncer d'abord l'antisémitisme
14:24 qui vient de sa propre histoire et de son propre camp.
14:26 Ce travail-là, c'est la première marque
14:28 d'un combat sincère contre l'antisémitisme.
14:31 Donc c'est aujourd'hui pas le cas.
14:32 Peut-être que ça viendra à l'avenir, on verra bien.
14:34 - Jonathan Arfi, la situation à Gaza,
14:37 je pense aux otages qui restent prisonniers
14:41 de cette guerre entre Israël et le Hamas.
14:44 Est-ce qu'ils sont sacrifiés, ces otages, aujourd'hui ?
14:47 Par pragmatisme ?
14:49 - J'ai eu l'impression, en écoutant les déclarations
14:51 du Premier ministre israélien.
14:53 Vous les avez entendues et vous aussi.
14:55 - Ce que vous soulevez, c'est un débat
14:57 qui est un débat interne à la société israélienne,
14:59 que je lis comme vous, de loin,
15:01 avec une attention particulière,
15:03 mais en Israël, c'est une démocratie.
15:06 L'opinion publique, elle porte ces sujets,
15:08 elle porte deux objectifs en même temps,
15:10 qui sont ceux de la libération des otages d'un côté
15:12 et de l'éradication du Hamas de l'autre.
15:14 Et la pression militaire, elle vise à forcer le Hamas
15:18 à accepter le retour à la table des négociations
15:21 pour libérer les otages.
15:22 Parce que sans pression militaire,
15:24 le Hamas aujourd'hui considérerait qu'il a la main...
15:27 - Le Hamas de retour ?
15:29 De retour autour de la table des négociations ?
15:31 - Pour libérer les otages !
15:33 - Pour libérer les otages...
15:35 Je croyais pour une future négociation !
15:37 - Il n'y a pas d'autre issue que l'éradication du Hamas,
15:39 il faut être clair.
15:41 De la même manière qu'il n'y avait pas d'autre issue
15:43 que la fin de l'État islamique...
15:45 - Comment éradiquer militairement, c'est possible,
15:47 mais comment éradiquer une idée,
15:49 enfin, un concept ?
15:52 C'est pas moi...
15:54 Une idée que les Palestiniens,
15:56 que beaucoup de Palestiniens épousent ?
15:58 - C'est une vraie question.
16:00 - C'est une vraie question.
16:02 - L'éradication, militairement ?
16:04 - Mais pour combattre une idéologie.
16:06 - Oui, une idéologie !
16:08 - Il faut d'abord empêcher toutes ces expressions politiques,
16:10 et donc effectivement faire que le pouvoir
16:12 au sein de la bande de Gaza
16:14 ne soit pas entre les mains du Hamas,
16:16 mais entre les mains de dirigeants modérés,
16:20 avec lesquels il puisse y avoir un dialogue
16:22 sur des bases de discussion respectables,
16:25 première chose, et deuxièmement,
16:27 qu'il y ait un investissement massif sur les questions d'éducation.
16:29 Vous savez, le Hamas, c'est un proto-État,
16:31 ça a tous les moyens d'un État,
16:33 ça n'est pas qu'une organisation terroriste,
16:35 c'est un proto-État terroriste,
16:37 et on l'a laissé prospérer 16 ans.
16:39 C'est comme si on avait laissé 16 ans
16:41 l'État islamique prospérer, alors qu'au bout de 3 ans,
16:43 on a vu les dégâts qu'il avait déjà commis.
16:45 - Ça a arrangé un temps la politique israélienne,
16:47 la prospérité du Hamas,
16:49 rappelons-le quand même !
16:51 - Vous savez, les enjeux...
16:53 - C'est une réalité !
16:55 - Je ne suis pas là pour défendre tel ou tel point
16:57 de l'échec de la diplomatie israélienne,
16:59 mais la diplomatie au Proche-Orient,
17:01 elle a effectivement amené à un certain nombre d'endroits
17:03 des régimes autoritaires
17:05 à être, par le jeu
17:07 de pouvoirs et de relations entre les uns et les autres,
17:09 à arriver à résister longtemps.
17:11 Bon, il faut qu'aujourd'hui,
17:13 il soit évidemment
17:15 éradiqué et que le Hamas
17:17 ne puisse pas prétendre à gouverner la bande de Gaza demain.
17:19 - Les violences en Suisse-Jordanie doivent cesser,
17:21 c'est ce que déclare Catherine Colonna,
17:23 ministre des Affaires étrangères.
17:25 La France envisage de prendre des sanctions
17:27 à l'encontre des colons israéliens,
17:29 responsables de violences contre les Palestiniens
17:31 de Suisse-Jordanie, réunis en Bruxelles
17:33 à ce sujet d'ailleurs lundi.
17:35 Est-ce que vous condamnez les violences des colons israéliens
17:37 en Suisse-Jordanie ?
17:39 - Est-ce que vous pensez qu'on ne condamne pas des violences ?
17:41 - Non, je vous pose la question.
17:43 - Je condamne évidemment toutes les violences
17:45 qui sont commises et toutes les violations
17:47 de droits qui sont commises. En revanche,
17:49 je fais confiance à la démocratie israélienne
17:51 pour les juger, et c'est ce qu'elle fait.
17:53 Elle juge toutes les violations qui sont commises.
17:55 Alors on peut débattre, est-ce qu'elle pourrait les juger plus sévèrement ?
17:57 - Apparemment pas suffisamment,
17:59 parce que les États-Unis prennent aussi des mesures
18:01 contre ces colons.
18:03 - Alors, on peut discuter des termes,
18:05 mais néanmoins,
18:07 ce qui est important, c'est que
18:09 on s'adresse à Israël comme à une démocratie.
18:11 On peut, de la même manière qu'on a reproché
18:13 aux États-Unis beaucoup de choses,
18:15 et qu'on ne se reconnaît pas nécessairement
18:17 dans la manière dont les États-Unis
18:19 gèrent leur démocratie,
18:21 c'est la même chose avec Israël, il peut y avoir des débats.
18:23 Mais on doit avoir un débat de démocratie à démocratie,
18:25 et dans ce cadre-là,
18:27 toutes les discussions sont évidemment possibles.
18:29 Mais sans double standard,
18:31 sans traiter différemment Israël
18:33 de la manière dont on aurait traité un autre pays démocratique.
18:35 - Est-ce que vous refusez, comme
18:37 Benjamin Netanyahou, une solution à 2 États ?
18:39 - Alors,
18:41 c'est une discussion qui appartient vraiment aux Israéliens
18:43 et aux palestiniens. - Oui, non mais d'accord,
18:45 vous avez un avis sur la question, quand même.
18:47 - J'insiste sur ce point. Pourquoi j'insiste sur ce point ?
18:49 Parce que, il y a souvent dans la société française,
18:51 l'assignation des juifs à la question d'Israël.
18:53 Une partie des juifs,
18:55 ils n'ont pas forcément d'avis prononcé sur cette question,
18:57 et ils n'ont pas à en avoir nécessairement plus que les autres Français.
18:59 Ils peuvent avoir un intérêt
19:01 pour ce qui se passe en Israël,
19:03 évidemment, et c'est le cas
19:05 parce qu'il y a des liens familiaux,
19:07 amicaux, spirituels, avec Israël.
19:09 Néanmoins,
19:11 la résolution du conflit Israélo-palestinien,
19:13 elle appartient aux Israéliens et aux palestiniens.
19:15 - Non mais d'accord, ça c'est évidemment.
19:17 - Je vais répondre à votre question.
19:19 - J'espère. Ne vous défoncez pas.
19:21 - Le CRIF a toujours soutenu
19:23 tous les processus de paix qui se sont engagés
19:25 entre les Israéliens et les palestiniens,
19:27 à chaque fois qu'il y en a eu. Et je souhaite qu'il y en ait
19:29 le plus rapidement possible, parce que c'est évidemment
19:31 une nécessité. Donc nous serons toujours,
19:33 toujours dans le camp de la paix.
19:35 - Donc, une solution à deux états.
19:37 - Si c'est ce qui arrive entre Israéliens et palestiniens,
19:39 oui bien sûr, mais là encore,
19:41 je doute
19:43 que ce soit l'horizon à très court terme.
19:45 - Souhaitons que cet horizon arrive rapidement.
19:47 - Oui, j'ai une question un peu plus dure.
19:49 Est-ce qu'Israël se défend en colonisant
19:51 Jérusalem-Est ?
19:53 - Alors, votre question sur...
19:55 - Oui, j'en attendais pas moins de vous.
19:57 - Mais...
19:59 - D'abord... - Si on a des questions directes,
20:01 je ne prends pas parti, que les choses soient très claires.
20:03 - C'est bien. - Non mais je m'adresse à tous les auditeurs.
20:05 - Non, je parlais de votre tonalité, pas du fond.
20:07 - Moi je suis neutre.
20:09 Mais je regarde la réalité des faits.
20:11 - Bien sûr. Écoutez,
20:13 sur la question de Jérusalem,
20:15 Jérusalem a une histoire très longue.
20:17 C'est une ville qui a 3000 ans,
20:19 vous le savez,
20:21 qui est une ville centrale
20:23 dans l'histoire des Juifs
20:25 et du judaïsme.
20:27 - Et des chrétiens, et des musulmans.
20:29 - La distinction entre Jérusalem-Est
20:31 et Jérusalem-Ouest,
20:33 elle date de 1948,
20:35 et elle n'a vécu que jusqu'en 1967.
20:37 Après, là encore,
20:39 ce qui compte, c'est que les partis
20:41 trouvent une manière de fonctionner.
20:43 Mais il est quand même
20:45 important de rappeler que
20:47 le lieu le plus sain du judaïsme,
20:49 le mur des lamentations, se situe dans ce qui était
20:51 Jérusalem-Est, et qu'il n'y a pas de raison
20:53 que des Juifs ne puissent pas vivre
20:55 dans l'Est de Jérusalem,
20:57 comme des Palestiniens vivent d'ailleurs aussi à l'Ouest.
20:59 - Vous avez lu l'histoire de Jérusalem ?
21:01 C'est formidable, je vous le recommande
21:03 aux éditions des Arènes, de l'historien
21:05 Vincent Lemire, c'est formidable.
21:07 C'est une BD absolument formidable.
21:09 Surtout de l'histoire de Jérusalem.
21:11 On comprend tout d'ailleurs,
21:13 en lisant l'histoire de Jérusalem,
21:15 on comprend tout de l'histoire d'aujourd'hui.
21:17 J'ai une dernière question.
21:19 L'appel a fixé
21:21 une date pour l'hommage aux victimes
21:23 françaises du massacre du 7 octobre.
21:25 On en est où ?
21:27 Moi j'avais entendu le Président de la République nous dire
21:29 qu'il allait lancer un grand appel
21:31 à cet hommage, à organiser un hommage.
21:33 - Oui, le Président de la République indique que...
21:35 - Que lui dites-vous ce matin ?
21:37 - Il dit qu'il attend que le bilan soit consolidé
21:39 et que la question des otages soit réglée
21:41 parce que les familles le lui ont demandé.
21:43 Je pense qu'il faut
21:45 annoncer très vite une date.
21:47 Il faut qu'il y ait une date qui soit fixée, même si elle est
21:49 un peu lointaine, mais qu'il y ait une date fixée
21:51 parce que la France en a besoin
21:53 pour faire son deuil. On oublie que
21:55 40 victimes françaises dans ces attentats
21:57 du 7 octobre, c'est le bilan le plus lourd
21:59 depuis les attentats de Nice.
22:01 - Bien sûr. On les a oubliées.
22:03 J'ai l'impression qu'on les a oubliées.
22:05 - Il faut que ces Français-là soient réinscrits dans la mémoire
22:07 de notre pays.
22:09 Et pour ça, il faut une cérémonie nationale.
22:11 - Donc vous demandez au Président de la République de fixer une date ?
22:13 - Bien sûr. On demande qu'une date soit fixée
22:15 parce qu'il y a besoin de ce cap-là
22:17 pour que le travail de deuil soit fait.
22:19 - Merci Yonathan Arfi d'être venu nous voir ce matin
22:21 sur l'antenne de Sud Radio. Merci beaucoup.
22:23 Il est 8h56.
22:25 Vous réagissez à ce que vous venez d'entendre.
22:27 Ce n'est pas compliqué. 0826 300 300
22:29 à tout de suite.