• il y a 2 ans
Mercredi 6 décembre 2023, SMART BOURSE reçoit Laurent Deydier (Directeur Général Délégué, Hottinguer Banque Privée) , Éric Venet (Directeur de la gestion, Montbleu Finance) et Vincent Juvyns (Stratégiste, JP Morgan Asset Management)

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Transcription
00:00 (Générique)
00:10 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13 Vincent Juvins nous accompagne ce soir, stratégiste chez JP Morgan Asset Management.
00:17 Bonsoir Vincent. - Bonsoir Grégoire.
00:18 Merci d'être là, merci à Éric Venet d'être avec nous également.
00:21 Bonsoir Éric. - Bonsoir Grégoire.
00:22 Directeur de la gestion de Montbleu Finance.
00:24 Et à nos côtés enfin, Laurent Dédier. Bonsoir Laurent.
00:27 Merci d'être là, directeur général délégué en charge des gestions chez Autungre Banque privée.
00:32 La course aux baisses de taux pour 2024 est donc lancée.
00:36 Laurent, je rappelle qu'on a passé quand même quelques mois cet été, août, septembre, octobre,
00:42 à pricer ce fameux "hire for longer" qui était le mantra des banques centrales jusqu'alors.
00:49 Et puis depuis le mois d'octobre, il est 5% sur le 10 ans américain brièvement atteint.
00:56 On est reparti dans autre chose, ce qu'on appelle le pivot des banques centrales,
01:00 ce qu'on appelle la course aux anticipations de baisse de taux des banques centrales,
01:04 fait des baisseux en tête, course qui s'est quand même accélérée
01:07 et qui se poursuit encore jusqu'au moment où on se parle.
01:11 Je confirme. C'est un scénario un petit peu Goldilocks ou boucle d'or si on veut le traduire en français,
01:16 où aujourd'hui le marché est dans la volonté d'acheter un scénario d'atterrissage en douceur
01:20 et se dit dans ce contexte, clairement les banques centrales en Europe et aux Etats-Unis l'année prochaine
01:24 vont pouvoir baisser leur taux court.
01:26 Aujourd'hui, on parle de 125 points de base de baisse de taux de la Fed, par exemple,
01:30 jusqu'à la fin de l'année prochaine, qui commencerait au tournant du printemps probablement.
01:35 Certains parlent de septembre, mais bon voilà, la question, c'est pas vraiment quand ni combien,
01:39 mais c'est qu'on est dans ce mouvement, alors qu'il y a environ deux mois,
01:42 on était dans un mouvement un peu inverse, on se disait qu'on allait faire un plateau durablement
01:46 et qu'on verrait peut-être les baisses de taux plus tard.
01:48 Donc le marché est assez euphorique.
01:50 Les statistiques sont aujourd'hui dans le sens de ce scénario.
01:54 Bien évidemment, on est toujours un peu dans ce scénario sur un chemin de crête,
01:58 un chemin de crête qui peut nous amener à poursuivre la hausse, très clairement,
02:02 mais il y a aussi des forces de rappel des deux côtés dans un scénario possiblement plus optimiste,
02:07 mais également plus négatif.
02:09 On ne parle plus aujourd'hui de récession dure et je pense que c'est un scénario aujourd'hui à exclure
02:13 ou à mettre une probabilité qui serait très faible.
02:15 En revanche, un scénario avec un atterrissage qui ne serait pas totalement en douceur,
02:19 mais qui serait un peu mal, donc moyen, on ne peut pas l'exclure aujourd'hui.
02:22 Donc les cartes sont sur la table, chacun a envie de jouer son jeu.
02:26 Méfiance quand même.
02:28 Oui, parce que comment est-ce qu'on imagine que l'idée d'un soft lending,
02:32 alors peut-être qu'il faut définir, redéfinir le soft lending,
02:35 comment est-ce que ça peut être compatible avec, je ne sais pas,
02:38 125 points de base de baisse de taux de la réserve fédérale américaine,
02:41 peut-être autant de la part de la Banque Centrale Européenne ?
02:44 Est-ce qu'un quantum aussi important de baisse de temps en 2024,
02:48 est-ce que ça correspond à l'idée d'un soft lending,
02:50 qui est l'idée qu'on n'a pas besoin de sauver l'économie du point de vue de la Banque Centrale ?
02:55 On peut accompagner la désinflation, recalibrer la politique monétaire,
03:00 mais on n'est pas dans un schéma où il faut sauver Corporate America ou l'économie américaine.
03:07 Clairement.
03:08 Oui.
03:09 Clairement, aujourd'hui, si on se dit 125 points de base de taux des deux côtés de l'océan,
03:13 peu importe si c'est 100 ou 125,
03:15 ça veut dire qu'il y a quand même un message sur un dérapage,
03:18 peut-être un peu moins contrôlé de l'économie au début de l'année prochaine.
03:21 Et donc, à un moment ou un autre, on attend que le soldat Banque Centrale vienne sauver
03:26 et la croissance, et derrière Corporate America ou Corporate Europe.
03:30 D'ailleurs, les publications du troisième trimestre n'étaient pas extrêmement réjouissantes,
03:33 et quand on regarde les perspectives que les sociétés ont voulu donner sur les quatrièmes trimestres,
03:37 il y a eu très peu d'upgrades, et j'ai envie de dire rendez-vous en début d'année pour voir ce qui se passe sur 2024.
03:42 Mais ça veut dire que ces anticipations de baisse de taux, c'est déjà pas tout à fait l'idée d'un soft lending ?
03:47 Je crois que le marché a envie d'avoir un double discours aujourd'hui.
03:52 Il a envie de voir la Fed "accélérer" son processus de normalisation avec la baisse des taux.
03:58 Mais très clairement, aujourd'hui, je trouve que même si les discours sont un peu moins restrictifs
04:04 de la part de ceux qui étaient considérés comme les faucons des deux côtés d'ailleurs,
04:07 aujourd'hui, il est difficile de dire que 125 points de base de baisse de taux l'année prochaine,
04:14 c'est un scénario de soft lending.
04:16 Pourquoi la Banque Centrale Américaine, par exemple, remettrait un petit peu d'huile sur le feu
04:21 à un moment où on n'aura pas normalisé probablement le sujet de l'emploi et d'autres sujets aux États-Unis,
04:27 et donc redonner de l'oxygène à la croissance pour la faire repartir en deuxième partie d'année
04:32 et créer un risque d'avoir un deuxième tour d'inflation ?
04:35 Je me méfierais, je pense qu'ils vont être plutôt trop prudents que trop agressifs.
04:39 Votre vision de ce calendrier des baisses de taux, qui évolue rapidement, Eric,
04:45 est-ce que 125 points de base, ça correspond à l'idée d'un soft lending ?
04:49 Ou est-ce qu'il n'y en a pas trop, justement, pour que ce soit cohérent avec l'idée d'un atterrissage parfait
04:53 en douceur de l'économie américaine ?
04:55 Pour moi, ce n'est pas cohérent.
04:56 Pourquoi la Banque Centrale baisserait ses taux s'il n'y a pas besoin vraiment plus que ça ?
05:02 J'ai l'impression qu'on est soulagé de dire "bon, ça y est, l'inflation est quand même derrière nous, chapeau".
05:11 Pour un temps, sans doute.
05:13 Oui, pour un petit moment quand même.
05:14 Ou alors là, pour le coup, on aura un contre-pied.
05:17 Pour un temps, oui, c'est pour un petit moment.
05:19 Oui, oui, pour un petit moment.
05:20 J'y en prends un trimestre, au moins.
05:22 Je pense que c'est plutôt une conséquence de marché qui fait qu'on est tellement soulagé
05:28 que c'est une conséquence plutôt qu'une anticipation.
05:31 Et je pense qu'on va bientôt se réveiller en se disant "ok, d'accord, mais pourquoi baisserait-on les taux courts
05:38 si ce n'est quelque chose qu'on n'a pas vu ?".
05:41 Donc, la dernière fois qu'on a eu une baisse des taux assez violente,
05:46 on a eu la fête qui nous a dit "attendez, ce n'est pas fini".
05:50 Je ne pense pas qu'on aura la fête qui va revenir.
05:53 Je pense qu'on va à un moment donné se rendre compte
05:55 que peut-être qu'une baisse des taux au premier trimestre, ça me paraît un peu inapproprié.
06:01 Et d'ailleurs, autant aujourd'hui on parlait de taux longs, 4,50, 4,60, voire 5, c'était achetable,
06:10 autant aujourd'hui à 4, c'est moins intéressant.
06:14 Pour moi, je pense que l'équilibre, en fait, c'est toute la problématique de trouver ces fameux équilibres des taux longs.
06:20 Et du côté de l'équilibre, on est à mon avis allé trop loin.
06:24 Je suis mal à l'aise par rapport à ce scénario macroéconomique qui est sous-tendu.
06:28 D'accord avec l'idée que la FED préférera attendre le plus tard possible
06:35 avant d'enclencher son cycle de baisse de taux pour être sûr de ne pas reproduire des erreurs qui ont pu avoir lieu dans le passé.
06:43 Le thème "Burns" a été quand même mis en avant régulièrement par Jérôme Poel et les autres.
06:48 Je vois pourquoi elle gaspillerait des munitions de baisse de taux pour relancer si on a un intéressage en nous-mêmes.
06:55 C'est ce qu'on veut. Quelque chose m'échappe dans le scénario macro.
07:01 On verra, on sort encore une fois d'un trimestre particulièrement fort en termes de croissance aux Etats-Unis.
07:07 Est-ce qu'on peut imaginer que dans les 2-3 prochains trimestres, on ait une dégradation aussi sévère de l'économie américaine
07:14 qui, alors là, donnerait toute légitimité peut-être à la FED dans le cadre de son combat double d'intervenir ?
07:21 C'est le 2e trimestre de croissance. 3e on passe à +5 et 4e on repasserait à 1,5.
07:30 C'est cette bulle, enfin bulle, je ne sais pas, cette ex-croissance qui a quand même pas mal perturbé à mon avis les marchés
07:38 avec donc la difficulté de trouver ce taux d'équilibre sur le 10-1.
07:42 Bon, sur les baisses de taux 2024, qu'est-ce qu'on dit chez J.P.Morgan AM ?
07:47 Vincent, quelle est la position de la maison ? Et puis moi, j'aime bien la question bonus.
07:51 Est-ce qu'on imagine quelque chose de concerté ou de coordonné en tout cas entre la FED et la BCE ?
07:56 A savoir une BCE qui ne prendrait pas trop de retard par rapport au calendrier de la FED ?
08:01 Ou est-ce que ce sont 2 histoires différentes et qu'on n'est pas obligé d'imaginer que la BCE
08:09 suit ou se mette tout de suite dans les pas de la RFA, quel que soit le timing des baisses de taux ?
08:16 Le scénario du marché, ce n'est d'ailleurs pas que la BCE soit suiveuse dans ce contexte-là,
08:19 mais plutôt qu'elle prenne les devants.
08:21 C'est nouveau, depuis quelques jours.
08:23 Moi, je rejoins finalement les opinions de mes co-frères. Aujourd'hui, il y a quelque chose qui ne va pas dans le marché.
08:26 Soit on a un soft lending et on n'a pas de baisse de taux, soit on a une baisse de taux et on n'a pas de soft lending.
08:30 Donc il y a quelque chose qui ne va pas. Prudence quand même sur 2024.
08:33 Il y a une partie du marché qui nous dit donc qu'il n'y aura pas de soft lending.
08:36 Il y a des gens dans le marché qui sont capables d'anticiper autre chose que le soft lending.
08:40 Clairement, nous avons réalisé un sondage à l'occasion de la publication de notre Hot Look 2024,
08:45 un sondage au LinkedIn auquel vous avez peut-être participé.
08:47 Mais enfin, c'est vrai qu'une large majorité des répondants, plusieurs milliers,
08:50 s'exprimaient en tout cas pour une perspective de récession légère.
08:53 Alors, peut-être que la majorité d'entre vous est évidemment basée en Europe,
08:56 où les choses sont en effet un petit peu plus compliquées.
08:58 Aux États-Unis, on ne le voit pas. On en parlait hors plateau.
09:00 On a une croissance 2023 qui se traverse vraiment au-delà du potentiel.
09:03 Et on voit peu aujourd'hui d'éléments de ralentissement pour 2024.
09:07 Alors, on attend ceci dit une convergence en 2024, en tout cas de la croissance économique américaine et européenne.
09:13 Alors, on a vu que la croissance européenne rejoigne la croissance américaine.
09:17 Pas de chance, c'est l'inverse.
09:18 On va finalement avoir une croissance américaine qui ralentit,
09:22 parce qu'elle a été finalement boostée par une politique budgétaire tout à fait expansionniste ces dernières années.
09:27 Trump puis Biden ont évidemment acheté de la croissance assez fort ces dernières années.
09:32 On voit qu'il y a un déficit pléthorique.
09:34 Alors, il y a une certitude avec ces élections qui arrivent, c'est que le budget, ça va quand même être un sujet.
09:39 Et qu'on sent que les Américains sont quand même arrivés au bout qu'ils pouvaient faire.
09:43 Il faudra quand même un petit peu de restreinte dans un contexte où la fête bataille par ailleurs contre l'inflation.
09:47 C'est un petit peu antinomique de continuer sur les deux tableaux.
09:50 Alors, en Europe, on va potentiellement voir une légère accélération par rapport à cet avril.
09:55 Alors, le budget, il faudra quand même de l'austérité pour les États membres.
09:58 Enfin, c'est le sujet un peu de discorde entre Français et Allemands pour l'instant.
10:01 Sur la réactivation du pacte de stabilité et de croissance.
10:04 Mais, en tout cas, peut-être un élément positif, c'est le fait qu'on a été trop lent dans les investissements qui devaient être réalisés dans le cadre du fonds Next Generation EU Fund.
10:15 On a réalisé à ce stade 35%.
10:18 On a utilisé 35% de l'enveloppe qui devait être utilisée jusqu'à présent.
10:22 Donc, on peut légitimement espérer que 2024, 25, 26, on essaye d'utiliser cette enveloppe.
10:28 Monter en charge des dépenses européennes.
10:31 Voilà, ce qui compenserait peut-être, en tout cas ou partiellement, l'austérité que certains États membres ont décidé d'implémenter.
10:37 Les Allemands, de manière un peu surprenante. Les autres sont quand même un peu obligés de le faire.
10:41 Donc, au contraire des États-Unis, il y aurait peut-être un tel élément de résilience sur l'aspect budgétaire.
10:46 Donc, la convergence se ferait par un ralentissement de l'économie américaine, mais également par une tenue de l'économie européenne.
10:52 Voilà.
10:53 Par rapport à 2023, finalement, l'économie européenne est attendue pour l'instant, légèrement avec une meilleure croissance l'an prochain.
11:01 Alors que c'est une croissance divisée par deux aux États-Unis.
11:04 Donc, on verra. Convergence, mais enfin c'est le 1% qui règne en termes de perspectives de croissance.
11:09 Ce n'est quand même pas très folichon.
11:11 Alors, ce qui pourrait être positif pour l'Europe, mais ce n'est pas un pari que je fais actuellement,
11:16 c'est qu'on a souffert évidemment du fait que la Chine, cette année, ne nous a pas beaucoup aidé.
11:20 C'est quand même un de nos partenaires commerciaux principaux.
11:23 La Chine est à la peine.
11:24 On n'a toujours pas vu les Chinois revenir dans les artères parisiennes.
11:27 Le comptoir de la Fayette dédié aux Chinois est toujours désespérément vide.
11:32 Les revâtons au mois de... enfin l'an prochain, à suivre cette année du dragon.
11:36 C'est l'économie d'anecdotes, mais on en est tous là aujourd'hui, y compris les banquiers centraux.
11:40 On se demandait quand... mais il est certain que si on faisait Paris 2024, un rebond potentiel de l'économie chinoise,
11:47 c'est bingo pour l'Europe, évidemment.
11:49 Bon, voilà ceci, et ça ne ferait évidemment rien pour les États-Unis.
11:52 Mais à ce stade, sur les hausses de taux, il y a quand même un problème.
11:56 Sur les baisses de taux ?
11:58 Les baisses de taux, un problème de compatibilité avec cet aspect de soft lending.
12:03 Je reste convaincu, on va parler d'allocations dans quelques instants, un peu dans tous les scénarios.
12:07 En tout cas, il n'y a pas d'upside.
12:08 On est en train d'hésiter entre soft lending ou récession légère.
12:12 J'entends personne me dire que 2024, on est reparti sur le Goldilocks ou une accélération de la croissance.
12:18 Donc ce qu'on consomme là aujourd'hui, c'est ce qu'on aura au moins pour 2024 ?
12:22 C'est le nombre des gares, je le pense.
12:24 Eric ?
12:25 Oui, je suis d'accord.
12:26 En fait, je ne suis pas très à l'aise avec cette hausse de fin d'année.
12:29 Et ok, donc après on fait quoi ?
12:32 On a déjà prévisionné les meilleures nouvelles, et donc il va falloir attendre 3 mois.
12:38 En tout cas, il ne faut pas attendre le 24 décembre pour mettre des obliques et des actions sous le sapin, sinon ce sera trop tard.
12:42 Je pense que c'est clair.
12:43 A mon avis, il faut les garder, pas les vendre encore tout de suite,
12:46 parce que tant que ça chauffe, tant mieux.
12:49 Mais après, qu'est-ce qu'on fait ?
12:52 Pourquoi vous dites qu'il faut se dépêcher pour acheter de l'obligataire ?
12:55 Pour verrouiller le rendement, c'est ça, Vincent ?
12:58 Parce que la vitesse à laquelle les rendements peuvent baisser,
13:01 partant de là où on est encore aujourd'hui ?
13:03 Oui, je sais, je sais, ça va vite.
13:07 Mais pour vous, le sens du voyage ?
13:11 Il est stable ou à la baisse, mais pas à la hausse.
13:14 Je note une grande appétence pour l'obligataire.
13:17 Il y a juste ce titre depuis quelques mois.
13:19 Je le note en France, auprès des institutionnels, des assureurs et autres,
13:22 qui sont revenus fortement sur l'OAT, aux États-Unis quelque part.
13:25 Et à 4,2, moi je suis toujours acheteur de trésoreries américaines,
13:28 je dirais jusqu'à, allez, entre 3,5 et 4, ça reste positif.
13:32 J'étais acheteur de trésoreries américaines en début d'année, on était à 3.
13:35 Donc soyons fidèles aux convictions qu'on avait au début d'année.
13:40 Ça reste quand même dans un environnement où l'inflation devrait se stabiliser,
13:44 elle était autour de 2%, une très très belle proposition aujourd'hui.
13:47 Bon, est-ce qu'il faut effectivement réfléchir à réallouer ce qui a été,
13:52 j'allais dire, la position d'attente qu'il fallait avoir en 2023 ?
13:56 Le cash, par exemple, sans même parler de l'obligataire.
13:59 Mais le cash est toujours très bien rémunéré aux États-Unis.
14:02 Est-ce qu'il faut déjà réfléchir ?
14:04 Les marchands de cibles débaissent de taux,
14:06 c'est-à-dire que la rémunération du cash va baisser, Laurent.
14:08 C'est une réflexion qu'on mène déjà en matière de location d'actifs ?
14:12 Clairement, c'est certain que pour un client privé, avoir un DAT à 4%,
14:16 globalement, ou un compte rémunéré,
14:18 si on peut le loquer aujourd'hui sur 12 mois avec sa banque,
14:21 ce n'est pas une mauvaise nouvelle, parce que ça laisse un petit peu de temps
14:23 pour voir venir et on réadaptera le scénario d'investissement au gré des opportunités.
14:29 Alors après, dans ce contexte, j'entends, c'est vrai que les marchés
14:32 semblent être un peu plateaux sur la partie actions.
14:35 Je ne dis pas quand même qu'aujourd'hui le marché anticipe 7% de croissance
14:38 des bénéfices en Europe l'année prochaine.
14:40 Ça va être difficile, et 11% aux États-Unis, ce qui peut être aussi compliqué.
14:43 Après, on peut regarder comment ça se passe en termes de secteur et d'allocation,
14:46 mais clairement, c'est un scénario un peu…
14:48 En revanche, n'oublions pas d'où on vient et où nous sommes aujourd'hui.
14:54 L'expansion du multiple sur la valorisation des actions,
14:58 ce n'est peut-être pas quelque chose qu'on doit totalement exclure.
15:01 Alors c'est certain que depuis cinq semaines,
15:03 les marchés ont peut-être été un petit peu carnivores
15:06 et ont mangé beaucoup du potentiel de l'année prochaine,
15:09 si ce n'est peut-être tout le potentiel.
15:11 Mais dans un excès d'optimisme en 2024,
15:14 à un moment ou à un autre, parler d'expansion du multiple,
15:17 ce n'est pas quelque chose qu'on peut exclure.
15:19 Et j'aime bien le scénario européen, parce que c'est vrai que globalement,
15:23 tout le monde est désenchanté, c'est le marasme, on est gloumi,
15:26 peu importe le terme et la langue.
15:28 Mais très clairement, ce que je vois en 2024 en Europe,
15:32 c'est peut-être un peu de relance budgétaire,
15:34 mais surtout un consommateur qui a un taux d'épargne historiquement élevé,
15:38 qui pourrait aller un peu mieux. Pourquoi aller un peu mieux ?
15:41 Parce qu'on a connu quand même une désinflation immense des matières énergétiques.
15:45 Le gaz a divisé par six par rapport au point haut
15:47 qu'on a connu au moment du début de la crise ukrainienne.
15:51 Et aujourd'hui, on est en salaire réel positif.
15:54 Donc on a une inflation qui est un peu inférieure à la hausse des salaires.
15:57 Et peut-être qu'avec un tournant d'un hiver moins froid,
16:02 deux, trois élections qui se passent bien,
16:04 commençons par Taïwan, mais voilà, et ce qui se passe en Europe,
16:06 peut-être qu'il pourrait y avoir un peu de confiance en plus, pas beaucoup,
16:09 qui pourrait amener le scénario un peu plus positif sur les actions européennes.
16:13 Mais vous défendiez déjà ce cas, je crois, il y a un mois ou un mois et demi,
16:16 quand on s'est vu, Laurent, l'idée qu'à ne jamais rien attendre
16:19 de bon de l'Europe et de la zone euro,
16:21 ça crée mécaniquement quand même un potentiel d'amélioration
16:26 pour des actifs européens.
16:28 Le positionnement de marché confirme cet élément.
16:31 On a encore eu une année de sortie, d'outflow,
16:34 plus personne n'investit sur la zone Europe.
16:36 Alors c'est certain que tout le monde avait envie d'aller
16:38 là où c'était visible, liquide et simple.
16:40 Donc les marchés américains, le S&P 500 réduit, c'est magnifique.
16:44 Et j'ai envie de dire, à un moment ou un autre,
16:47 il peut y avoir une bascule très légère sur l'Europe.
16:50 On l'a vu à un moment dans l'année, les marchés européens surperformés.
16:53 Derrière, ça a un peu bougé.
16:55 Ça a duré 3-4 mois entre octobre 2022 et février 2023.
16:59 En dérivée de seconde, le marché aime bien acheter le momentum.
17:02 Vincent le rappelait très bien, le momentum américain,
17:04 c'est réduction de la croissance,
17:06 mais le momentum européen, c'est peut-être une très légère accélération,
17:09 en tout cas pas une déception pour l'instant par rapport au niveau 2023.
17:12 Et dans ce scénario-là, peut-être des allocations qui bougeraient
17:15 en début d'année pour être un peu "risk on",
17:17 ce qu'on peut se permettre de faire en janvier, février
17:19 et moins en novembre, décembre,
17:21 même si ça a été l'euphorie au mois de novembre.
17:23 On ne peut pas totalement l'exclure, mais c'est vrai que rentrer des obligations
17:26 à 4,20 sur le 10 ans américain,
17:28 ou du monétaire à très court terme pour se dire "j'attends,
17:30 et puis s'il y a un choc, j'y vais parce que j'aurai la réponse des banques centrales",
17:33 c'est peut-être aussi, en termes d'allocations,
17:35 pour quelqu'un qui a une vision au moyen-long terme,
17:37 un bon moyen de se protéger pour démarrer 2024.
17:40 D'où viendront les bonnes surprises en 2024, Eric ?
17:44 Je ne suis pas en tout cas... Moi, je n'achète pas d'obligation,
17:46 parce que pour moi, ça c'est clair,
17:48 et je suis en train de revendre mon monétaire aussi,
17:51 parce que je pense que la volatilité va augmenter,
17:55 et quand je vois la vol intra-journalière
17:59 sur les mids et smalls, et ainsi de suite,
18:02 je vais faire mes courses là,
18:05 parce qu'en fait, je ne suis pas à l'aise avec...
18:08 Vous sortez du cash, là ?
18:10 Oui, je me prépare du cash, en fait.
18:13 Vous sortez du monétaire pour être liquide,
18:16 et investir sur...
18:19 Ce qu'on se dit là, c'est qu'on n'a pas de vision claire des choses,
18:22 et que généralement, ça ne finit pas forcément bien.
18:26 Donc soit on a une remontée des taux longs,
18:29 mais je reste investi aux deux tiers sur des grosses,
18:33 et mon autre tiers,
18:37 je joue contre Ariane, contre les...
18:40 Oui, je comprends. Optionnalité sur les petites et moyennes capitalisations boursières.
18:44 Oui.
18:45 Et même dans un scénario où on ne sait pas où on va,
18:48 et où il y a un risque que ça ne se termine pas bien,
18:51 parce que sur l'échelle des risques, quand même, là,
18:53 on va sur des segments de marché qui sont quand même réputés plus risqués,
18:56 moins liquides également.
18:58 Je parle à aujourd'hui.
19:00 En fait, s'il y a quelque chose dont j'ai appris,
19:02 c'est que j'arrête de me projeter dans six mois.
19:04 C'est clair. Pour l'instant, c'est jusqu'au 15 janvier.
19:07 D'ailleurs qu'en fait, il faut absolument bien que le portefeuille soit adapté
19:11 pour les 15 premiers jours de janvier.
19:13 Je me souviens encore que l'année dernière,
19:15 si vous n'aviez pas le luxe pour les trois premières semaines,
19:18 l'année était morte.
19:19 Ça s'est fait en trois jours.
19:20 On a eu de la chance.
19:22 Mais le reste, vous pouviez partir en vacances.
19:25 Je comprends.
19:26 Donc j'attends de voir...
19:27 Ça, c'est le pragmatisme qui parle.
19:29 Oui, c'est ça. J'essaye de voir ce qu'il se raconte,
19:33 pour être comme il faut au mois de janvier.
19:36 Et donc c'est pour ça que mon 3% de monétaire,
19:40 je m'en fous un peu, je préfère mon cash.
19:42 Et puis prendre très très vite le train,
19:45 parce que s'il y a une chose que j'ai apprise, c'est la rapidité des choses.
19:48 Pour l'instant, je me laisse porter.
19:49 Et donc ce que je dis aujourd'hui, c'est valable pour les 15 janvier.
19:53 Et donc dans cette idée-là, dans ce pragmatisme,
19:57 oui, ce mollet mid-cap, ça mérite que vous représentiez un tiers de votre poche action.
20:03 Oui, parce qu'il y a des sacrés mouvements.
20:05 Je sais bien.
20:06 Tous les jours.
20:08 On arrive à faire des choses, des 6-7% de variation,
20:12 parce qu'il y a des monétaires de feuilles.
20:14 C'est nouveau, hein ?
20:15 Ah oui, c'est nouveau.
20:16 Depuis un mois, quoi.
20:17 Oui, un mois et demi.
20:20 Je disais, il y a un mois, je jouais effectivement les mids et les smalls,
20:26 parce que je n'avais pas de vision sur les grosses.
20:29 J'ai fait la même chose, le même rendement que sur les grosses.
20:33 Là, c'est différent.
20:34 C'est-à-dire que là, il y a une volatilité de marché qui m'échappe un peu,
20:40 et donc j'en profite parce que je ne sais pas quoi faire autrement.
20:43 Quelle est la stratégie action que vous défendez pour 2024, Vincent ?
20:48 Avec l'idée quand même d'un ralentissement de la croissance américaine,
20:53 dans une économie qui ralentit, où la croissance est plus rare.
20:57 Vers quel type d'actifs on a envie de se tourner, dans le monde d'action notamment ?
21:01 J'entends beaucoup aujourd'hui dire, attention, concentration des performances,
21:05 il faut sortir des sets magnifiques,
21:08 il faut regarder au-delà des sets magnifiques,
21:10 et même peut-être au-delà du marché américain.
21:13 En même temps, quand ça ralentit, et si ça ralentit un peu partout,
21:17 on veut de la croissance visible, et le prix passe parfois après dans les réflexions.
21:22 Une chose est sûre, c'est que trimestre après trimestre,
21:24 ce qu'on a vu aux Etats-Unis, l'extraordinaire performance a plutôt été validée par les résultats.
21:29 On a des valeurs qui pour 6 d'entre elles, se traitent à moins de 30 fois les bénéfices.
21:33 Les spécialistes dont je ne fais pas partie nous annoncent monstres et merveilles
21:37 de ce que peut produire l'intelligence artificielle.
21:40 Ce que j'en mesure à mon humble niveau est déjà bluffant,
21:43 donc je veux bien acheter l'idée que ça va être quelque chose qui va être tout à fait important.
21:48 Pour le secteur tech lui-même, mais pour plein d'autres secteurs,
21:50 d'ailleurs en Europe, s'il y a bien un secteur qui se frotte les mains aujourd'hui,
21:52 c'est celui des soins de santé,
21:54 parce que là ça révolutionne réellement tout ce qui est recherche et autres.
21:58 On pourrait avoir des avancées en tout cas très rapides en la matière.
22:01 Ce n'est pas pour autant que la Forma a bien payé cette année.
22:03 Tout à fait, mais dans cette idée de chercher des secteurs de rattrapage
22:07 qui seraient potentiellement liés à cette thématique de croissance,
22:10 mais voilà, ça pourrait et en même temps ça nous fait une stratégie,
22:13 comme on dit en jargon, un petit peu barbelle.
22:15 En tout cas, on garde ce JPMorgan, on reste un petit peu avec cette stratégie long US, long large cap.
22:20 Alors je comprends l'idée et on se pose beaucoup la question,
22:23 sur quel marché doit-on revenir pour cet effet de rattrapage ?
22:26 Bon, on est quand même dans une configuration économique qui n'est quand même pas très encourageante.
22:30 Donc c'est vrai que les large caps, quand on voit les indices cotés,
22:33 en général restent sur les grands indices, un peu les small caps dont on n'a pas envie.
22:38 Moitié qui ne sont pas rentables, des ratios, en tout cas des bilans qui sont pourris.
22:43 Les bonnes small caps, elles sont dans le private equity.
22:48 On a peut-être plutôt envie de jouer les small caps alors via le private equity,
22:52 où on a en général les meilleures valeurs qui sont captées.
22:55 C'est dur quand même pour une cote liquide cotée qui a quand même une histoire de transparence,
23:02 d'entreprise cotée parfois depuis des centaines d'années, parfois depuis un siècle.
23:07 Et l'exercice est un stratégie stop-down et on devient tout à fait challengé par des gens
23:12 qui valeur par valeur vont aller creuser et chercher.
23:15 Et c'est d'ailleurs là tout l'intérêt, c'est d'avoir en tout cas ces deux visions sur le marché,
23:18 c'est ce qui est les opportunités.
23:20 Sur l'Europe, c'est également un marché qu'il faut regarder.
23:22 En effet, les hauts de flou cette année sont tout à fait significatifs,
23:25 c'est à peu près 4 milliards de dollars d'après Morningstar de sortie.
23:29 Quand on fait le bilan d'ailleurs depuis le top de marché 2007 en Europe,
23:33 il y a 100 milliards de dollars qui sont sortis du marché selon Morningstar.
23:37 Entre 2007 et aujourd'hui, l'Europe a quand même beaucoup changé.
23:40 On peut toujours dire que rien ne va et qu'on a plein de soucis,
23:43 mais l'Europe est plus forte aujourd'hui.
23:45 Regardez le Covid, regardez la crise énergétique, regardez les différents...
23:48 Enfin, ce qu'on a fait au niveau de la BCE, ce qu'on a fait au niveau de la mutualisation des dettes dans certains égards.
23:53 Enfin, ça reste toujours un chantier, mais c'est quand même un chantier qui a avancé depuis 2007.
23:58 Donc c'est vrai que 100 milliards de sorties, ça veut dire que la plupart des investisseurs
24:02 et les Européens en premier lieu, sont généralement sous-exposés à l'Europe.
24:06 En tout cas, c'est déjà un bon signal aussi.
24:08 Alors, on n'est toujours pas long sur l'Europe pour l'instant,
24:11 mais en tout cas, on va être court sur l'Europe.
24:13 Non, mais c'est révélateur.
24:15 On est en train de remonter à neutre en tous les cas actuellement.
24:19 C'est un risque d'être short Europe. Déjà, c'est un premier pas.
24:22 Je pense que c'est un risque...
24:23 Déjà, c'est un premier pas.
24:24 Merci, Rémi.
24:25 Il fallait la bonne formulation.
24:27 Japon, star de cette année, et c'est vrai qu'on se demande en fin d'année,
24:30 tiens, on va tous redécouvrir le Japon, est-ce que ça va durer, maintenant que tout le monde s'y intéresse.
24:35 C'est assez intéressant de voir notamment ce qu'a fait Toyota,
24:38 cette semaine, nous les annoncent ce qu'ils ont fait par rapport au débouclage de certaines positions
24:41 dans des groupes d'équipementiers au Japon.
24:44 Ils demandent aux entreprises japonaises de limiter leur participation dans d'autres entreprises
24:50 pour utiliser ces fonds, pour investir dans leur propre business,
24:55 rétribuer leurs actionnaires, ou que sèche.
24:58 Toyota, évidemment, c'est un grand groupe japonais, un gros bouc, 40 milliards, je pense,
25:02 commence déjà à déboucler.
25:05 Donc, ça montre que l'histoire qu'on achète, notamment au Japon, cette année,
25:09 d'entreprises qui sont aujourd'hui forcées d'augmenter les rendements sur fonds propres
25:13 en réduisant leur participation croisée dans d'autres entreprises,
25:16 le fonds. Donc, ça pérennise un petit peu.
25:19 Là aussi, il y a quelque chose qui change au Japon.
25:21 Ça pérennise cette histoire pour l'an prochain.
25:23 Le Japon, alors, on parlait de convergence de croissance,
25:25 le Japon est toujours un peu dans cet effet retard,
25:27 on le sera plus positif en 2024.
25:29 Donc, aussi quelque chose à jouer, en tout cas, sur cette matière.
25:32 Donc, États-Unis, Japon, Europe, on remet un petit peu.
25:35 Et la total location est un jeu à somme zéro, donc on ne peut pas tout remonter.
25:38 - Laurent, sur l'idée de la diversification, effectivement, sortir des 7 magnifiques,
25:44 déjà, à quelle distance on s'éloigne de ce groupe de valeur ?
25:47 Parce que je veux bien qu'on dise qu'il faut en sortir, mais bon, c'est quand même compliqué.
25:51 Ça reste quand même à la fois des boîtes très rentables, très profitables,
25:55 très cash rich, avec une rémunération du cash aujourd'hui.
25:58 Il y a quand même beaucoup d'arguments, toujours, autour de l'idée
26:01 que c'est bien d'être investi dans ce groupe de valeur.
26:03 Quelle distance on a envie de mettre ?
26:05 Et où est-ce qu'on se diversifie ? Comment on se diversifie sur le monde d'action, notamment ?
26:10 - J'ai envie de dire qu'on peut aussi utiliser l'effet miroir des 7 magnifiques,
26:14 qui sont cash riche.
26:16 Les actions japonaises, Vincent le disait, elles sont aussi très cash riche.
26:19 Et donc, à un moment ou à un autre, si elles déploient ce cash,
26:21 en capex, en investissement, etc., ça peut devenir une formule gagnante
26:24 qui va créer un cercle vertueux pour les actions japonaises.
26:27 Donc, c'est à réfléchir, parce que ça fait 10 ans, 20 ans qu'on regarde presque plus ce marché-là.
26:31 En Europe, globalement, si vous regardez l'euro-stock,
26:34 si vous n'aviez pas SML et Novo Nordisk,
26:36 il vous manque un gros truc aussi pour réaliser de la performance cette année.
26:39 - La moitié de la performance.
26:40 - J'entendais ce que tout à l'heure on disait sur le luxe pour le CAC 40 en début d'année,
26:43 ou même l'euro-stock.
26:44 Donc, il faut toujours être aux bons endroits, et souvent, c'est ces mêmes endroits.
26:47 Je pense que l'année prochaine, on peut aussi un peu normaliser les deux dernières années.
26:50 Pourquoi ?
26:51 2022, c'est peut-être un excès baissier sur les belles valeurs américaines de technologie.
26:55 Cette année, c'est peut-être un excès haussier, c'est un retour à la moyenne.
26:58 Donc, l'année prochaine, c'est peut-être une performance qui sera équivalente au marché.
27:02 Et donc, on peut peut-être utiliser ces actions excessivement liquides
27:06 pour financer des achats tactiques.
27:08 Je pense qu'on n'a pas encore de call très puissant structurel
27:11 pour reprendre un pari sur les small cap.
27:13 Ça nous intéresse aussi.
27:14 On commence à le faire, mais on n'a pas envie d'être all-in tout de suite sur les small cap.
27:19 Mais clairement, il faut commencer un peu à les regarder
27:21 parce qu'il y a des choses qui peuvent être intéressantes.
27:23 Maintenant, en termes de diversification,
27:25 je pense qu'il faut aussi être un peu contrariant de temps en temps.
27:27 Alors, il ne faut pas être contrariant par nature
27:29 parce qu'on ne va pas toujours gagner de l'argent.
27:31 Aujourd'hui, le marché est quand même positionné sur trois segments
27:33 quand on regarde un peu la cote internationale.
27:36 La qualité, les valeurs défensives et la techno.
27:39 Est-ce qu'elles n'ont pas...
27:40 C'est vrai que dans un monde sans croissance, on a envie d'aller à cet endroit-là.
27:44 Est-ce qu'on ne doit pas jouer aussi à un moment ou à un autre ?
27:48 C'est trop tôt pour en parler maintenant,
27:50 mais est-ce que le marché peut se positionner en se disant
27:53 "Mais est-ce qu'en 2025, on normalise la croissance
27:56 après les excès négatifs de 2024
27:59 et dans ces conditions, on regarde peut-être quelques cycles,
28:01 quelques opportunités ?"
28:03 Ce sont des questions qui vont se poser au fil de l'eau en 2024.
28:06 Comme toujours, ça va être très animé, très riche.
28:08 En tout cas, pour l'instant,
28:10 méfiant sur ces valeurs qui sont vraiment aujourd'hui
28:13 très crowdées dans les portefeuilles.
28:15 Mais c'est intéressant parce que la question de 2024,
28:17 c'est "On va avoir le bad cycle,
28:19 alors peut-être qu'on y est déjà en Europe,
28:21 pendant quelques mois ou trimestres aux États-Unis."
28:23 La question très ouverte, c'est "Qu'est-ce qui se passe
28:26 une fois qu'on a bouclé le cycle précédent ?
28:29 Est-ce qu'il y a l'idée quand même d'un redémarrage ?
28:32 Quelle ampleur de rebonds est-ce qu'on peut avoir
28:35 à la suite de ce phénomène de bad cycle et d'atterrissage ?
28:39 Les croissances, et puis Vincent, complètement.
28:41 Les croissances potentielles en Europe et aux États-Unis,
28:43 elles ne sont pas non plus extraordinaires.
28:45 On n'a aujourd'hui pas grand-chose à espérer d'une réaccélération.
28:48 Après, il peut y avoir de l'innovation.
28:50 Le marché américain, le S&P 500,
28:53 c'est peut-être un indice d'innovation globale.
28:56 Et dans ces conditions, peut-être qu'il a une valeur supérieure à l'économie.
28:59 Peut-être que le Rostock, c'est aussi un petit peu,
29:01 sur certaines caractéristiques, un marché d'innovation.
29:04 Mais attention, ne soyons pas trop gourmands ni optimistes
29:07 sur la capacité de l'économie européenne ou américaine à réaccélérer.
29:10 Il faudra un mouvement international plus fort.
29:12 Il faudra que la Chine se normalise.
29:14 Il faudra peut-être que les échanges internationaux se normalisent.
29:17 On a une élection à la fin de l'année.
29:19 Je trouve que ce qui se passe aux Etats-Unis depuis 4 ans,
29:21 ça peut ressembler à ce qui s'est passé en 68.
29:23 C'était compliqué.
29:24 Si on se souvient bien de la séquence 68,
29:26 il y a eu des malheurs et même des drames.
29:28 L'assassinat de Martin Luther King, Robert Kennedy,
29:31 aussi deux mois après.
29:32 Puis derrière, on a Knexon qui gagne une élection contre deux candidats
29:35 et qui est très compliqué entre Humphrey Wallace.
29:38 Biden a eu une phrase malheureuse cette semaine
29:42 en disant "Si j'y vais, c'est juste pour contrer Trump,
29:46 sinon il y a un sujet de démocratie".
29:48 Ça veut dire qu'on est quand même,
29:50 dans l'économie américaine,
29:52 dans une situation qui est très clivée, très clivante.
29:54 Bien sûr qu'on a bien conscience que tout ça ne peut pas déborder,
29:58 mais ça va être compliqué de réunir les Américains
30:00 sous un seul et unique projet à partir de l'année prochaine.
30:04 Il y a beaucoup de choses qui peuvent faire bouger la ligne.
30:07 Au-delà du 15 janvier, Eric.
30:09 Non, non, mais les réflexions.
30:12 Évidemment, il faut réfléchir à un possible retour de Donald Trump
30:16 à la Maison Blanche.
30:17 Je ne sais pas, sur le plan de ce qui nous concerne.
30:21 L'investissement, la géopolitique,
30:23 tout ce qui se retrouve dans les marchés.
30:25 Il faudra à un moment ou à un autre y réfléchir.
30:28 En tout cas, c'est déjà une réflexion qui est présente.
30:30 Ce qui me gêne, c'est de ne pas pouvoir mettre, là aussi,
30:36 une vision claire sur la politique et la géopolitique.
30:40 Je pense que la géopolitique va de plus en plus être nécessaire
30:45 pour avoir une vision au moins prospective des marchés.
30:50 On ne s'est pas amélioré quand même.
30:53 La guerre Ukraine-Russie, ça ne va pas mener de la stabilité.
31:02 Non.
31:03 Là, on voit les débats sur les états-unis,
31:06 sur le soutien à l'Ukraine.
31:08 Là, c'est les débats budgétaires de cette fin d'année
31:10 au Congrès américain et en Europe.
31:13 Il y a un eurogroupe qui commence cette semaine
31:15 et un sommet européen la semaine prochaine.
31:17 Avec des divergences qui apparaissent de plus en plus fortes sur ces questions.
31:20 Une stabilité politique en Europe qui n'est pas meilleure qu'aux Etats-Unis.
31:28 C'est pour ça que je suis toujours embêté de faire des prospectives.
31:33 Je privilégie la liquidité.
31:36 C'est peut-être le paradoxe à ce que je disais tout à l'heure sur les smalls.
31:40 C'est simplement parce que c'est une porte ouverte aux gens.
31:43 C'est une option.
31:44 C'est une option et que c'est du grand n'importe quoi sur certains cours.
31:47 Donc, j'en profite. Point. Et c'est gratuit.
31:50 Je ne veux pas être en obligue non plus parce que je veux être très réactif.
31:56 Pour pouvoir tenir compte, on parlait de prendre l'antenne de taux long.
32:04 Et autour de la table, on n'avait aucun avis.
32:06 On avait tous des avis complètement différents sur le 10 ans.
32:09 Et on est juste aujourd'hui.
32:11 On parlait de 4,20, 4,60.
32:14 C'est énorme.
32:16 Je pense qu'il faut écouter ce que vous raconte le marché. Point.
32:22 Être humble par rapport à ça.
32:24 Vous en voulez, on suit, on surfe avec.
32:26 Et puis, dès que ça se calme, on rentre les écoutilles.
32:30 C'est ce que je fais de mon instrument.
32:32 Et je ne peux pas vous dire autre chose que ça.
32:35 Après, on peut se faire plaisir sur le terme accro.
32:39 Il y a quelque chose à faire.
32:42 Non, mais là, c'était l'idée.
32:44 Qu'est-ce que ça amènerait dans le jeu des marchés globaux, mondiaux ?
32:49 Un peu de trouble, c'est clair.
32:51 Voilà, c'est tout.
32:53 On n'y est pas encore.
32:55 Il suffirait...
32:57 Je ne sais pas.
32:59 Il peut se passer plein de choses d'ici novembre 2024.
33:02 Je ne peux pas.
33:04 Le calendrier électoral, il n'y a pas que les Etats-Unis.
33:07 C'est intense.
33:08 Et c'est aussi intense dans les émergents.
33:10 J'ai vu ça, un calendrier d'élection intense.
33:13 La moitié du monde vote l'an prochain.
33:15 C'est le chiffre qu'on aime attiter.
33:17 Nous aussi, en Europe.
33:19 Développé et émergent.
33:20 La moitié du monde vote l'an prochain.
33:21 Ce n'est pas rien.
33:22 Donc, ça peut dire qu'il y aura des incertitudes.
33:26 Au vu des débats qu'on a eu ce soir sur ce plateau,
33:29 2024 sera forcément une année de transition.
33:31 2022, à la baisse sur le marché.
33:33 2023, le rebond.
33:34 C'est vrai qu'on a un peu cette année de transition,
33:37 en tout cas économique et monétaire.
33:39 On va retrouver un petit peu les croissances tendancielles.
33:42 Elles sont basses, mais enfin, 1% a priori en Europe.
33:45 On n'en sera pas loin si on tient le 1%.
33:48 Avec des risques, et vous les citez pour moi.
33:51 2024, le chiffre magique, c'est sans doute un peu 4.
33:54 4, c'est le chiffre qui a séduit un petit peu les Européens cette année.
33:57 C'est finalement le chiffre du taux de dépôt aujourd'hui, de la BCE.
34:00 Tout le monde aime le cash aujourd'hui.
34:01 Les Français se sont rués sur les comptes à terme,
34:03 les livrets A et ainsi de suite.
34:04 4, c'est le chiffre qu'il faut pouvoir garder tout au long de 2024 et au-delà.
34:08 Livret A est à 3.
34:09 Oui, oui, oui, je sais.
34:11 Sur un bon formulaire, une société dont j'autorise non.
34:14 Mais au-delà de ça, 4, c'est le rendement que vous avez sous l'investment liré d'obligataire.
34:20 4, et pour me réconcilier avec mes amis gérants Equity,
34:23 c'est le rendement du dividende.
34:24 Un peu des bonnes large caps sur des indices globaux.
34:26 Dividende, c'est certainement quelque chose en 2024, moi que je mettrai en avant.
34:29 Si le bêta du marché ne fait rien, et peut-être qu'il fera quelque chose.
34:33 Mais ça, c'est quand même des boîtes qui sont plutôt bien.
34:35 On a d'ailleurs plutôt des techno aussi là-dedans, plutôt du healthcare et ainsi de suite.
34:39 Donc il y a vraiment moyen de réconcilier les deux dans l'ensemble.
34:42 4, ça reste encore ce qu'on a sur les trésors américains.
34:44 Moi, je persiste à dire que dans un contexte avec des incertitudes,
34:48 l'an prochain, c'est quelque chose qui paye encore assez bien.
34:50 Ce n'est malheureusement pas quelque chose qu'on a en Europe.
34:52 On l'a, oui, sur l'Italie sans doute, mais c'est peut-être un risque que je ne prendrai pas aujourd'hui.
34:56 Mais voilà, bon, petite plaisanterie autour de l'IQA.
35:00 Oui, mais si, très intéressant ça.
35:02 C'est vrai que c'est une valeur, en tout cas un référent qu'on a actuellement.
35:05 24, année du 4 quoi.
35:07 Et en tout cas, avec une inflation qui baisse et qui devrait, en tout cas d'après le pricing de marché,
35:12 retomber à 2 l'an prochain, ça nous donne des rendements réels qui sont tout à fait satisfaisants d'un point de vue.
35:17 Un mot des émergents ?
35:18 Là aussi, il faut regarder les émergents Chine inclus, les émergents hors Chine.
35:23 Toutes les histoires ne se valent pas, mais 23 n'a pas été une grande année à nouveau pour l'investissement.
35:29 Non, mais la Chine, qui a beaucoup évidemment, masque beaucoup les réalités sous-jacentes dans les émergents.
35:35 Alors, small cap, Europe, émergent, c'est un petit peu le triptyque dont on se demande ce qui en reviendra en 2024.
35:41 Et en effet, je pense que pour l'instant, il y a quand même des raisons d'espérer que dans les émergents, ça aille mieux.
35:47 Les émergents ont fait face au resserrement monétaire américain de la meilleure, enfin, la plus belle manière historiquement qu'on ait jamais vue,
35:54 puisqu'ils ont remonté les taux bien avant. On commence à voir des baisses de taux qui sont amorcées.
35:58 On a vu de très, très belles performances dans les émergents.
36:00 Mexique, Brésil, Hongrie, plus près de chez nous, on a eu d'excellentes performances.
36:06 Donc oui, ça fait partie de ces marchés sur lesquels on n'est pas positionné pour l'instant, mais sur lesquels il y a de réelles questions.
36:12 Si on a en effet des baisses de taux aux États-Unis, ça veut dire une baisse du dollar potentiellement.
36:16 Ça veut dire aussi des émergents qui peuvent en rajouter en termes de baisses de taux encore plus que ce qu'on a en Occident.
36:22 La grosse inconnue, c'est évidemment la Chine, qui n'a pas délivré cette année, qui a été frileuse en termes de moyens de relance cette année.
36:30 On verra, il doit fixer les objectifs économiques prochainement pour 2024. On verra.
36:34 On attend à nouveau 5 %, enfin, l'objectif officiel devrait tourner autour de 5 % de croissance.
36:38 Est-ce que les émergents, en termes d'investissement, méritent qu'on s'y intéresse quand on en a envie ?
36:45 Tous les clients privés n'ont peut-être pas forcément envie d'ailleurs d'être investis dans ces zones-là, mais certains le souhaitent peut-être néanmoins.
36:53 Il y a deux réponses sur les émergents.
36:55 Soit il y a la réponse facile de dire qu'on peut jouer les émergents par les actions internationales, européennes ou américaines, qui ont des fortes expositions,
37:01 et on choisit des leaders, le luxe, les cosmétiques, quels que soient les noms, et on ne va pas faire de publicité pour certains noms.
37:07 C'est un bon moyen de s'exposer au marché émergent.
37:10 Ça marche, il y a une vraie corrélation.
37:11 Ou jouer des reprises cycliques avec des industriels, ça peut arriver.
37:15 La Chine a un rendez-vous en décembre, puis elle a quand même aussi un gros rendez-vous au mois de mars,
37:19 où je pense que c'est là où ils vont donner les objectifs, et c'est là où ils vont dire pour faire cet objectif il faudra financer.
37:23 Entre les deux, il y a une cascade d'élections qui fait peur.
37:26 On commence par Taïwan, émergent ou pas, on peut toujours en discuter.
37:29 On a l'Inde, on a l'Afrique du Sud, et il y en a plein d'autres.
37:32 Aujourd'hui, globalement, nous on est assez frileux sur les émergents.
37:36 On pense qu'il y a mieux à faire dans différentes géographies développées, qui sont oubliées.
37:39 Après, c'est vrai que quand on regarde des graphiques et qu'on fait des analyses sectorielles,
37:42 je me suis amusé à le faire ce matin sur la tech, donc je peux le partager.
37:45 Sur quatre ans, le marché américain sur la partie tech, segment sectoriel, c'est x3.
37:49 L'Europe, c'est quasiment x2.
37:51 La Corée, parce que c'est intéressant, il y a beaucoup de technologies en Corée, et on en parle, c'est 75% de hausse.
37:56 La Chine, quand on regarde la Chine tech, c'est -10.
37:59 Ça veut dire qu'il y a eu des grands écarts.
38:01 Si on regarde deux ans à mi-chemin, c'est-à-dire pas à quatre ans, à deux ans, la Chine s'est écolée à tous les indices.
38:06 Il s'est passé un truc, c'est qu'il y a un problème de gouvernance.
38:09 C'est difficile d'investir en Chine.
38:11 Je pense que tant qu'on n'y verra pas plus clair sur la gouvernance, ce sera difficile d'aller sur la Chine,
38:15 même si tactiquement, il peut y avoir des rebonds excessivement violents,
38:17 parce que l'acheteur marginal fait bouger le marché très violemment.
38:21 Et là, on a l'intention, c'est quand même bien évalué.
38:24 Oui, c'est ça.
38:26 Ce n'est plus la nouveauté de l'année.
38:28 Ça fait longtemps qu'on en parle, ça fait longtemps que c'est un marché sur lequel on surfe.
38:32 C'est plus facile, les règles comptables sont équivalentes,
38:34 la barrière à langue est plus faible parce qu'ils parlent tous très bien anglais en général.
38:37 La démographie, la croissance, etc.
38:39 Je suis d'accord, si les États-Unis font ce rôle de baisse de taux,
38:44 peut-être que l'Atam, avec une petite reprise chinoise, peut être un call à jouer.
38:48 Après, chacun fera ce qu'il veut, je n'ai pas d'avis particulier sur le Brésil.
38:51 Mais c'est de l'optionalité.
38:52 Mais c'est vraiment du super tactique en satellite.
38:54 Sur le crédit, qu'est-ce que vous dites aujourd'hui ?
38:56 Qu'on continue à en ranger tant qu'on ne descend pas à 3,75, 3,80.
39:00 Du 10 ans sur le gouvernement et l'État américain, c'est super et on peut continuer à en ranger.
39:05 Et donc toute la partie crédit corporel te va avec ?
39:07 Alors, on aime bien la partie taux en Europe.
39:11 Attention au crédit à un moment ou à un autre parce que c'est un risque qu'on ne regarde plus.
39:15 Les taux, ça nous plaît.
39:16 Le crédit court, Investment Grade, Why Not, c'est toujours super à rentrer.
39:20 Le high yield, si jamais le scénario n'était pas super rose et que tout d'un coup l'inflexion était...
39:25 C'est peut-être un peu trop bien pricé quoi.
39:27 C'est trop serré peut-être en termes de spread.
39:29 Donc méfiant sur le crédit, sur le high yield européen et américain, nous on est plutôt IG court.
39:35 Merci messieurs, on s'arrêtera là pour ce soir.
39:38 Merci à vous trois d'avoir été les invités de Planète Marché.
39:40 Laurent Dédier, directeur général délégué au TINGRE Banque privée.
39:44 Vincent Juvin, stratégiste chez JPMorgan AM.
39:46 Et Eric Venet, directeur de la gestion de Montbleu Finance.

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