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Jeudi 9 janvier 2025, SMART IMPACT reçoit Aissa Laroussi (fondateur, Enky) , Benoît Hamon (Président, Singa) , Benoît Hamon (Président, Singa) , Cécile Amiah (Fondatrice, Izypaper) et Quentin Passet (Fondateur, EIO)

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00:00Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif et voici notre sommaire.
00:15Mon invité, c'est Taissa Laroussi, fondateur d'Enki, solution d'ameublement pour les entreprises qui repose sur l'abonnement et le reconditionnement.
00:2311 millions de tonnes de mobilier finissent dans les décharges chaque année en Europe.
00:27Dans notre débat, on verra comment les entreprises et associations accompagnent les réfugiés qui veulent créer leur boîte dans les pays de l'OCDE.
00:3417% des travailleurs indépendants sont des immigrés.
00:38Et puis dans notre rubrique start-up, on découvrira les lunettes Eyo fabriquées à base de déchets plastiques collectés notamment dans les rivières.
00:47Voilà pour les titres, c'est parti, c'est 30 minutes de Smart Impact.
00:57L'invité de ce Smart Impact est avec nous au duplex, Taissa Laroussi, bonjour, bienvenue, vous avez créé Enki en 2020.
01:06C'est quoi le modèle ? C'est quoi le principe ?
01:08Oui, bonjour. En fait, le principe d'Enki, c'est de remplacer finalement la possession par l'usage pour du mobilier B2B.
01:16Et donc l'idée, c'est qu'on vient proposer à des sociétés de mensualiser leur utilisation de mobilier professionnel.
01:23Donc, c'est un modèle d'abonnement, une sorte de leasing, c'est ça ?
01:28Exactement.
01:30Est-ce que c'est un modèle qui est duplicable dans d'autres secteurs ?
01:34Probablement, oui. On voit pas mal de secteurs aujourd'hui qui migrent vers ce qu'on appelle un peu la subscription economy.
01:41Donc, on loue de plus en plus, on paye pour l'usage plutôt que vraiment la possession.
01:46Et donc, ça a pas mal d'avantages, notamment au niveau durabilité, où en fait, on inverse un peu le système de pensée qu'on a eu pour ces quelques dernières années,
01:56qui est justement cette problématique d'obsolescence programmée, où ici, en fait, l'idée, c'est vraiment de prolonger au maximum la durée de vie des produits.
02:05Prolonger la durée de vie des produits, passer de la possession à l'usage, avec évidemment un impact environnemental que l'on comprend.
02:13Ce chiffre, 11 millions de tonnes de mobilier par an finissent dans les décharges européennes. C'est un chiffre européen.
02:19Ça représente 45 millions de pièces. Est-ce que c'est un secteur gourmand en matière première, le secteur du mobilier ? Expliquez-nous.
02:29Oui, tout à fait. C'est clair qu'on utilise beaucoup de bois, beaucoup de métaux, etc.
02:34Donc, c'est un secteur qui est à la fois gourmand en matière première, mais qui, comme vous l'avez dit aussi, génère énormément de déchets.
02:40Et tout ça, évidemment, est lié à ce qu'on appelle le fast-furniture, qui est vraiment ce mobilier qui n'est pas vraiment conçu pour durer.
02:48Aujourd'hui, on estime qu'en moyenne, le fast-furniture, qui représente quand même une majorité du mobilier qui est utilisé aujourd'hui, a une durée de vie qui est de 3 à 5 ans au maximum.
02:59Alors qu'on sait que, finalement, des matières premières comme du bois et ainsi de suite, on pourrait les faire durer au moins 25 ans, voire plus.
03:06Et donc, c'est vraiment ce que nous, on essaie de faire ici avec Enki. Et du coup, ça a plusieurs avantages à la fois au niveau du prix,
03:14puisque finalement, si un meuble est conçu pour durer 20-25 ans et qu'il va avoir différentes utilisations,
03:21peut-être qu'une entreprise va l'utiliser 5 ans, une autre encore 5 ans et ainsi de suite, on va pouvoir à la fois réduire le coût et offrir plus de flexibilité.
03:30– Mais ça veut dire qu'Enki, ça fonctionne comme une sorte de catalogue ? Vous avez des marques partenaires ?
03:36– C'est ça. Donc, on a des marques partenaires qui sont des fabricants européens,
03:41qui donc ont, si vous voulez, des modèles de meubles qui sont vraiment conçus pour durer, qui sont réparables facilement, etc.
03:50Et l'idée, c'est comme je viens de l'expliquer, c'est que nous, on va vraiment partir sur du mobilier qu'on va faire durer très longtemps.
03:56Et donc, à l'utilisation, peut-être que finalement, sur la durée de vie totale d'un meuble qui, disons, est de 25 ans,
04:02il peut y avoir 3 ou 4 utilisateurs différents. Et donc, c'est ces 4 utilisateurs qui vont se répartir le prix.
04:08Et donc, ça veut dire que le prix, déjà, va baisser fortement.
04:11Donc, ça veut dire qu'en 5 ans, on n'aura pas payé la valeur totale du meuble.
04:15On aura accès à un mobilier qui est de bien meilleure qualité, puisqu'on va partir sur, quand même, des matériaux comme du bois massif
04:21ou vraiment des choses qui sont très qualitatives et très durables.
04:25Et puis, ça va offrir plein de flexibilité, puisque ce modèle d'abonnement a aussi l'avantage de pouvoir faire évoluer son mobilier,
04:31de ne pas être confronté à devoir s'en débarrasser au bout d'un moment.
04:35C'est ce qui se passe malheureusement trop souvent. C'est que les plans changent et les besoins évoluent.
04:40Et donc, du coup, on s'en débarrasse malheureusement trop facilement.
04:43Donc, l'idée, c'est vraiment d'apporter ce changement-là.
04:46Donc, nous, à long terme, on estime qu'il est possible qu'au moins 50 % de l'utilisation professionnelle du mobilier passe sur un modèle comme ça d'abonnement.
04:56Mais aujourd'hui, c'est encore marginal d'une certaine façon.
04:59Et je rajoute à ma question les marques qui sont vos partenaires.
05:04Qu'est-ce qu'elles pèsent par rapport à cette Fast Furniture dont vous parliez tout à l'heure ?
05:10On estime aujourd'hui que le Fast Furniture, c'est au moins 50 à 60 % quand même.
05:15Donc, c'est assez considérable.
05:16Et donc, je pense que l'idée, c'est qu'avec des modèles comme nous, on va aussi faire évoluer la manière dont on fabrique le mobilier
05:22pour du mobilier de meilleure qualité, plus durable, etc.
05:26Donc, je pense qu'on peut vraiment avoir une influence grâce à ce modèle.
05:31Vous l'avez évoqué, mais ça suppose aussi une conception différente, une éco-conception du mobilier en question.
05:41C'est-à-dire que ces marques, elles ont elles aussi évolué ces dernières années ?
05:46Oui, je pense qu'il y a une évolution du secteur tout entier.
05:49On le sait, il y a pas mal de pression, notamment au niveau des gouvernements.
05:53Vous connaissez bien la loi AGEC en France, mais il y en a d'autres en Europe
05:57qui vont vraiment de plus en plus forcer à la fois les consommateurs, mais aussi les fabricants
06:02dans leur processus de fabrication à créer des produits qui sont plus durables,
06:06qui sont plus facilement réparables, qui sont plus facilement démontables, etc.
06:11Et donc aujourd'hui, on sent très fort cette évolution.
06:14Et je suis convaincu que les modèles comme le nôtre vont continuer à influencer
06:19la fabrication dans cette direction.
06:22À propos du recyclage du mobilier, ces chiffres, c'est un chiffre qui date de 2021.
06:27Sur les 3 300 000 tonnes d'éléments d'ameublements mis sur le marché,
06:321 200 000 collectés par la filière, taux de valorisation global,
06:35qui est quand même assez élevé, 93,5% en 2021.
06:38C'est-à-dire que la loi AGEC, elle commençait à faire ses effets, mais pas forcément à plein.
06:42Donc ça veut dire qu'on continue de progresser sur cette valorisation, recyclage du mobilier.
06:49C'est un peu contradictoire, ces chiffres, avec ce que vous disiez tout à l'heure sur la phase Furniture.
06:54Oui, globalement, en tout cas en Europe, on parle de 3% seulement qui est recyclé
06:59de l'ensemble du parc mobilier.
07:02Donc je pense qu'on est encore loin d'un secteur qui est vraiment sain à ce niveau-là.
07:07Mais effectivement, il y a plein d'initiatives qui, aujourd'hui, participent à faire évoluer tout ça.
07:12Quand on parle de 1 200 000 tonnes collectées par la filière, valorisation globale,
07:17ça peut être quoi la valorisation ?
07:18Ce n'est peut-être pas forcément de réutiliser un meuble dans le cadre qui est le vôtre ?
07:24Non, tout à fait.
07:26Donc j'avoue, je ne connais pas exactement la source de ces chiffres pour vous répondre précisément.
07:30Mais effectivement, j'ai de grands doutes qu'il y ait autant de mobiliers qui soient, du coup, revalorisés.
07:36On va prendre avec des pincettes.
07:38Je reviens sur la législation. Vous avez parlé de la loi AGEC, Antigaspi pour une économie circulaire.
07:43Il y a aussi une directive européenne qui est entrée en vigueur,
07:47qui s'applique étape par étape aux entreprises depuis les très grandes jusqu'au PME.
07:52Côté, c'est évidemment la CSRD, le bilan extra-financier.
07:56Est-ce que vous, vous voyez déjà un effet de ce nouveau règlement européen
08:01sur des grands groupes qui veulent finalement améliorer ce bilan extra-financier
08:07en justement passant d'un modèle d'achat à un modèle d'abonnement sur le mobilier ?
08:13Oui. Alors peut-être pas tout de suite chez nous par rapport à l'abonnement.
08:17Par contre, ce qu'on constate, c'est que le secteur du mobilier de seconde main,
08:21spécifiquement sur le segment B2B, est en très forte accélération.
08:25Aujourd'hui, on dit que c'est trois fois l'accélération du mobilier neuf, en B2B.
08:31Et c'est plus important également que le mobilier d'occasion pour le particulier.
08:37On parle par exemple pour le particulier, on est à 5 à 6 % de taux de croissance annuel de la seconde main,
08:43là où pour les entreprises aujourd'hui, on est à du 9,1 %.
08:48Ce qui veut dire qu'il y a un vrai effet des entreprises qui cherchent justement à réduire leur impact,
08:53notamment par le seconde main qui est un petit peu le premier réflexe.
08:57C'est un marché qui est un peu plus mature par rapport à ce que nous, on fait aujourd'hui.
09:02Il y a une vraie dynamique, il y a un vrai besoin. On le sent aussi auprès des architectes.
09:07Nous, on travaille pas mal avec des architectes, des designers d'intérieur
09:10qui nous demandent de plus en plus de pouvoir réaliser des projets complètement à partir du mobilier de seconde main.
09:16Mais ça veut dire que la croissance du mobilier de seconde main, elle se situe où par rapport à la croissance du mobilier neuf ?
09:23C'est trois fois supérieur. Donc aujourd'hui, le neuf, c'est 3 %, à peu près.
09:26Et on est à neuf sur le mobilier de seconde main en B2B.
09:30Donc c'est vraiment en B2B. C'est important de le spécifier.
09:34Vous avez créé l'entreprise en 2020. On est bientôt à cinq ans d'existence.
09:41Vous en avez tout. Vous avez des ateliers de réparation. Comment vous fonctionnez ?
09:45Pour l'instant, on est surtout sur la partie abonnement.
09:49On a mis à peu près 5 millions d'euros de valeur de mobilier jusqu'à présent sur ces cinq ans.
09:54Et là, l'idée, c'est effectivement qu'on va élargir notre modèle,
09:58puisque jusqu'à présent, on faisait du mobilier neuf de qualité par abonnement.
10:02Et donc là, l'idée, c'est qu'on élargit effectivement notre business model au mobilier de seconde main,
10:07qu'on va reconditionner parce que malheureusement, il n'y a pas une offre aujourd'hui qui est suffisante
10:13pour servir ce besoin qui est grandissant et surtout cette volonté des entreprises
10:18d'avoir des partenaires fiables et un large choix.
10:21Et donc notre objectif, c'est vraiment de répondre à cette demande.
10:25Et donc on compte ouvrir deux ateliers de reconditionnement.
10:28Donc un premier proche de Paris et un deuxième à Londres pour démarrer.
10:33Merci beaucoup Issa Laroussi et bon vent à Enki.
10:37On passe tout de suite à notre débat.
10:39Comment accompagner les réfugiés qui veulent créer leur entreprise ?
10:49Le débat de ce Smart Impact.
10:51Je présente tout de suite mes invités Benoît Hamon.
10:53Bonjour.
10:54Bienvenue le président de Synga et Cécile Amia.
10:56Bonjour.
10:57Bienvenue à vous aussi.
10:58Vous êtes la fondatrice d'Easy Paper.
11:00Allez, rapido, question de présentation.
11:03Synga, pour commencer.
11:05Synga, c'est un réseau européen.
11:06C'est le premier réseau en Europe sur l'entrepreneuriat réfugié.
11:09Nous accompagnons plusieurs centaines d'entrepreneurs,
11:12nouveaux arrivants, réfugiés, dans une quinzaine de villes en Europe
11:16avec des incubateurs, accélérateurs.
11:18Et c'est comme ça qu'on a rencontré Cécile,
11:22qui est lauréate à Paris d'un de nos programmes
11:26et qui fait partie de ces innombrables success stories
11:30de femmes et d'hommes qui créent des entreprises en Europe
11:35souvent avec, d'ailleurs, un fort impact.
11:38Votre entreprise, c'est quoi, Easy Paper ?
11:41Alors oui, effectivement, moi je suis cofondatrice d'Easy Paper.
11:46Ça fait depuis 2021 qu'on l'a créée.
11:49Easy Paper, c'est la première plateforme qui propose de simplifier
11:53les démarches d'intégration de collaborateurs internationaux en France.
11:57Donc nous, ce que nous proposons, c'est quelque chose d'assez simple.
12:02C'est simplement à des entreprises de pouvoir simplifier
12:05toutes les démarches d'intégration de leurs salariés internationaux.
12:09Et donc j'ai été très ravie d'être accompagnée par Synga
12:13dans le cadre du programme d'accélération de Synga Paris.
12:16Vous auriez pu la créer, l'entreprise, sans Synga ou pas ?
12:21Alors l'entreprise, elle était déjà créée lorsque j'intègre Synga,
12:26mais seulement il faut avouer que le programme d'accélération,
12:30comme son nom l'indique, il a permis d'accélérer le projet
12:35parce que Synga, c'est un écosystème assez international.
12:38Et donc on a pu travailler avec les partenaires
12:41qui ont permis d'accélérer le projet.
12:43C'est quoi le modèle économique d'Easy Paper ?
12:46Comment vous gagnez votre vie ?
12:48Très bonne question. Alors nous, chez Easy Paper,
12:51le modèle économique est assez mixte.
12:53Donc d'une part, on propose des abonnements
12:55qui vont permettre aux entreprises d'avoir un suivi sur le temps long
12:59de leurs salariés étrangers.
13:02Ce qu'il faut savoir, c'est qu'en fait, pour une entreprise,
13:05il est très important de maîtriser les risques de non-conformité.
13:09Et donc pour maîtriser ces risques, nous, on propose un abonnement
13:13sur du temps long, par exemple annuel,
13:16qui va permettre aux entreprises d'accéder à la plateforme
13:19pour leurs salariés et donc de maîtriser toute la conformité
13:22quant à l'intégration de ces salariés,
13:25de maîtriser aussi leur séjour et leurs différents contrats.
13:29Par ailleurs, on propose aussi des one-shot,
13:32donc des services ponctuels qui vont permettre à des entreprises
13:36qui ont moins de flux de pouvoir accéder aux services d'Easy Paper.
13:41Benoît Hamon, il y a beaucoup de ces sylamias,
13:44c'est-à-dire qu'il y a beaucoup de réfugiés
13:47qui veulent créer leur entreprise, qui sont dans cette démarche.
13:50Alors, énormément, en fait, on ignore, par exemple,
13:54quand on parle des migrations en Europe,
13:57que 21% des créations d'entreprises en Europe, dans l'Union européenne,
14:00le sont par des étrangers. En France, c'est 15%.
14:03Chaque année, sur 100 entreprises créées en France,
14:0615 le sont par des étrangers.
14:09Et la raison pour laquelle il y a tant d'appétit
14:13pour la création d'entreprises, c'est en partie lié
14:16au déclassement dont sont souvent victimes les étrangers,
14:20puisqu'il faut, en France, en moyenne,
14:2310 ans pour qu'une personne étrangère retrouve son statut social d'origine.
14:26Ils arrivent avec des diplômes, avec de l'expérience, avec des talents.
14:29Il vous faut 10 ans pour revenir au niveau auquel vous étiez
14:32quand vous avez quitté votre pays. Et donc, l'entrepreneuriat
14:35est souvent un moyen d'accélérer l'inclusion.
14:38Et ce que Singa propose dans plusieurs villes européennes,
14:41dans plusieurs villes françaises également, c'est un écosystème
14:44qui part de la préincubation jusqu'à l'incubation et l'accélération
14:47pour faciliter les créations d'entreprises.
14:50Je vous ai permis de dire, pour vous donner une petite idée,
14:53que 61% des entrepreneurs dans nos programmes sont des femmes.
14:56Là encore, pour tordre le coup à l'idée selon laquelle
14:59la migration est principalement masculine,
15:02elle ne l'est pas, pas plus que l'entrepreneuriat.
15:05Et donc, Cécile Amia, il n'y en a qu'une,
15:08et avec un formidable projet qui est celui d'Issy Pépère.
15:11C'est qui votre cofondateur ou cofondatrice d'ailleurs ?
15:14Vous êtes plusieurs ?
15:17On travaille avec Laurent Glorieux,
15:20qui lui aussi est l'un des cofondateurs d'Issy Pépère.
15:23Mais alors, des projets comparables ?
15:26Je pourrais vous en donner un que je trouve génial,
15:29qui est le Whar de Singa Berlin,
15:32qui est un programme qui s'appelle Tree Skater,
15:35c'est dans mon souvenir, qui est en gros un drone
15:38avec de l'intelligence artificielle
15:41qui survole des forêts, et notamment des forêts privées,
15:44pour faire un diagnostic des maladies, des épidémies,
15:47et donc limiter les coûts, notamment pour les forêts privées.
15:50Et ce projet a été primé lauréat de Singa Berlin,
15:53mais aussi lauréat d'autres programmes.
15:56Il y en a des dizaines comme ça chaque année,
15:59je vous le donne parce que c'est l'équivalent
16:02de ce qu'a fait Dupree à Paris,
16:05mais il y a aussi Singa Barcelone, Singa Zurich,
16:08Singa Genève, où on vous donne les lauréats,
16:11ce sont des dizaines de projets comme ça,
16:14des centaines même qui sont accompagnés tous les ans.
16:17– Cécile Amia, les avantages pour une entreprise,
16:20je retourne, parce qu'on est souvent, on va parler politique,
16:23dans une façon de parler de l'immigration,
16:26d'émigration des réfugiés qui est forcément négative,
16:29c'est la cistana, c'est la délinquance, etc.
16:32Je ne vais pas reprendre tout ce discours,
16:35mais pour un chef d'entreprise qui intègre des réfugiés,
16:39parce que vous les accompagnez, quels avantages ils ont ?
16:42– Alors, je ne vais pas juste me limiter sur les réfugiés,
16:46mais de façon générale sur les personnes nouvelles arrivantes,
16:50donc étrangères.
16:52En fait, ce qu'il faut comprendre en termes d'avantages,
16:55il faut partir déjà un peu de l'historique.
16:57Moi, personnellement, quand j'arrive en France,
17:00en tant qu'étudiante de nationalité étrangère,
17:03je me rappelle que j'ai eu plein de refus
17:06de la part de responsables de ressources humaines
17:08qui n'arrivaient pas à intégrer mon profil.
17:11J'avais parfois des mails du type,
17:13écoutez madame, votre profil est intéressant,
17:16mais on ne peut pas vous garder
17:18parce qu'on n'a pas de visibilité sur les démarches.
17:21Donc la vraie question que cela pose,
17:23c'est une question de compétitivité pour les entreprises,
17:26parce qu'on sait que la question de la diversité
17:29augmente la compétitivité des entreprises.
17:32On sait aussi que d'autre part, pour les entreprises,
17:35comme je le disais tout à l'heure,
17:37il y a la question de la conformité.
17:39Aujourd'hui, recruter une personne étrangère
17:41et faire une seule petite erreur, ça coûte 30 000 euros.
17:45Donc pour les entreprises, c'est quand même un vrai sujet.
17:48C'est un vrai frein.
17:49Voilà, c'est un vrai frein.
17:51Par exemple, on a aussi un autre point,
17:54c'est celui des métiers en tension.
17:56Aujourd'hui, on a beaucoup d'entreprises
17:58qui sont en tension par rapport à la main-d'oeuvre.
18:01Pour revenir sur votre question
18:04concernant les avantages,
18:06les avantages sont principalement,
18:08non seulement de maîtriser sa conformité,
18:11mais aussi, d'autre part,
18:13de pouvoir maîtriser l'intégration de personnes étrangères
18:18en amenant un plus de main-d'oeuvre,
18:20en se positionnant sur les talents internationaux
18:24et augmenter la compétitivité de l'entreprise.
18:27Vous êtes également président de SS France,
18:29qui représente les entreprises,
18:31les associations de l'économie sociale et solidaire.
18:33Est-ce qu'elles sont naturellement plus présentes
18:36dans l'embauche d'arrivants, de personnes immigrées
18:43ou l'accompagnement de réfugiés qui veulent créer leur entreprise ?
18:45Je ne crois pas que ça les distingue sur ce terrain-là.
18:48En tout cas, ce que pointe le projet de Cécile Amia avec intelligence,
18:52c'est qu'il y a des besoins à la fois de main-d'oeuvre,
18:55il y a des entreprises qui savent reconnaître des talents
18:58dont elles ont besoin dans leurs équipes
19:01parmi des candidats à l'embauche qui sont nouveaux arrivants,
19:04mais il peut y avoir cette inquiétude liée à un environnement administratif
19:07qui peut apparaître hostile.
19:08Et qui apparaît d'autant plus hostile
19:10que le climat politique n'est pas très favorable.
19:12Donc, il y a des entrepreneurs qui peuvent hésiter
19:15et finalement choisir la solution à leurs yeux la plus facile,
19:19qui est de ne pas prendre une personne étrangère,
19:21alors que ce serait la solution la plus performante.
19:23Et c'est ça que résout Cécile.
19:25C'est qu'elle résout ce dilemme
19:27dans lequel sont assertantes d'entrepreneurs
19:29et elle pointe une réalité.
19:33Nous, on observe,
19:34et le débat sur les migrations nous amène souvent à observer
19:37que des entrepreneurs ou des décideurs
19:41ne vont pas prendre la décision rationnelle.
19:43La décision rationnelle, c'est d'observer...
19:45C'est un débat sur lequel il n'y a rien de rationnel.
19:47On n'a fait plus 20 lois en 20 ans.
19:49Voilà, exactement.
19:50Et on sait que plus une entreprise est diverse,
19:53plus elle innove,
19:54parce que la diversité amène à faire le pas de côté
19:56qui va amener à résoudre un problème
19:58qu'on n'arrivait pas à résoudre à équipe constante.
20:00On a des données sur les liens entre diversité et compétitivité,
20:04performances,
20:05et pour autant, aujourd'hui,
20:07il y a toujours un frein, des résistances
20:10qui nous amènent à nous concentrer.
20:13C'est ça qui est formidable dans le projet de Cécile,
20:15à lever ces freins concrets.
20:17Et là, plutôt que de dire
20:19c'est bien d'embaucher quelqu'un qui est un nouvel arrivant,
20:21on va dire c'est possible et c'est facile.
20:23Voilà, de le faire grâce à Cécile.
20:25Vous en êtes où aujourd'hui du développement d'Easy Paper ?
20:28Oui.
20:29En fait, après deux années de recherche et développement,
20:32on a pu lancer la première version de notre outil
20:35qui nous a permis, à date,
20:37d'accompagner un peu plus de 200 entreprises.
20:40Aujourd'hui, Easy Paper accompagne
20:421300 profils internationaux vers la France
20:45qui représentent environ un gain
20:47en termes d'évitement d'amende de 39 millions d'euros.
20:52Ça, c'est un peu le stade auquel nous sommes aujourd'hui.
20:55Notre enjeu principal aujourd'hui,
20:57c'est d'aller beaucoup plus vite,
20:59de pouvoir accompagner à l'horizon 2028
21:0210 000 profils internationaux.
21:06Je rebondis sur ce que disait Benoît Hamon
21:08sur la part de femmes.
21:11Sur les personnes que vous accompagnez,
21:13il y a beaucoup de femmes ?
21:15Effectivement, il y a pas mal de femmes.
21:18On va beaucoup plus retrouver des femmes
21:20parmi les personnes, par exemple,
21:22qui sont déjà sur le territoire.
21:24Je rappelle que notre accompagnement
21:26porte autant sur des personnes
21:27qui ne sont pas encore sur le territoire
21:29que des personnes qui sont déjà sur le territoire,
21:31qui rencontrent toutes, finalement,
21:33la même difficulté d'intégration.
21:35Donc, on va retrouver une part de femmes
21:37assez conséquente, par exemple,
21:39auprès des publics tels que les étudiants internationaux,
21:43ce qui était, par exemple, mon cas.
21:46Ensuite, on va retrouver un public de femmes aussi
21:48auprès, par exemple, de personnes
21:50qui sont des primo-arrivants,
21:53c'est-à-dire, par exemple, des ingénieurs
21:55qui vont arriver du Maghreb.
21:58On a de plus en plus des recrutements
22:00venant de femmes, par exemple, dans la tech,
22:03dans des environnements tels que la cybersécurité.
22:06Il y a de plus en plus de femmes, en fait,
22:08qui s'intéressent à ces métiers
22:10et qui vont venir de pays
22:12qui ont une main d'oeuvre
22:14dans ces différents domaines.
22:16Merci beaucoup, merci à tous les deux
22:18d'être venus nous présenter Easy Paper
22:21et le travail de Singha.
22:23On passe à notre rubrique Startup tout de suite.
22:32Smart Ideas avec Quentin Passé, bonjour.
22:34Bonjour.
22:35Le fondateur de Eyo, marque de lunettes,
22:37pas comme les autres, on peut dire ça comme ça ?
22:39C'est ça, un peu différente, oui.
22:41Merci de me recevoir.
22:43Je peux commencer avec un chiffre ?
22:44Oui.
22:45On fabrique plus de 20 millions de paires de lunettes
22:47chaque année en France.
22:48On en fabrique 2 millions,
22:501 million pour l'export,
22:511 million pour le marché national.
22:52Et si on regarde à côté, en Italie,
22:54c'est 100 millions de paires de lunettes
22:55qu'on fabrique chaque année.
22:56Et la Chine, c'est 1 milliard à 2 milliards.
22:58Ok.
22:59Ça donne une idée, en fait,
23:00de la provenance des lunettes
23:01qu'on achète en France,
23:03qui est considérée comme le pays de la lunette.
23:04Oui, d'accord.
23:05Donc, déjà, on est loin.
23:07On est loin.
23:08Et beaucoup de ces lunettes
23:09sont des lunettes plastiques ?
23:11Alors, il y a beaucoup de lunettes acétates,
23:12beaucoup de lunettes métal,
23:14mais c'est un peu le paradoxe.
23:15C'est que je suis venu avec ça,
23:17avec un filet rempli de bouteilles plastiques.
23:19On en fabrique, on en achète 15 milliards
23:21en France chaque année.
23:22Et on en recycle moins de 25 %.
23:24Et c'est là un peu le paradoxe.
23:25Et nous, du coup,
23:26ce qu'on a essayé de faire avec Eyo,
23:27c'est d'utiliser cette matière,
23:29d'en faire un nouveau matériau
23:30pour en faire des lunettes,
23:31fabrication française à 100 %,
23:33recyclées avec des montures faites à 100 %
23:35en plastique recyclé.
23:367 modèles déclinés en 7 coloris.
23:38Et alors qu'on peut imaginer que du coup,
23:40ça va être plus cher que des lunettes plastiques,
23:42et bien en fait, on prouve que non.
23:44En fait, on est dans la moyenne du marché.
23:46On est autour de 100 euros la lunette.
23:47OK. Alors, comment vous réussissez ?
23:49On va rentrer dans le détail.
23:50Donc, il faut déjà peut-être se poser la question
23:54de la filière.
23:55Donc, vous vous inscrivez dans la filière
23:57de récupération des déchets plastiques ?
24:01Peut-être pas de n'importe quel déchet plastique ?
24:03Oui, c'est ça.
24:04Alors nous, c'est vrai qu'on reste sur le PET,
24:05du coup, les bouteilles plastiques.
24:06D'accord.
24:07Et donc là, on va travailler à la fois
24:09sur la filière collecte-recyclage.
24:10On va s'appuyer sur des partenaires,
24:11des associations pour la collecte dans la nature,
24:13des recycleurs, du coup, pour la récupération classique.
24:15Et après, le travail, et souvent en fait,
24:17on ne va jamais jusque-là, c'est massifier le gisement,
24:20homogénéiser pour avoir un matériau de qualité.
24:23Et ensuite, il y a toute l'étape de la transformation.
24:25Et ça, ce n'est pas forcément évident.
24:27C'est là un peu où il y a un biais.
24:28C'est qu'on a l'impression que justement,
24:29parce qu'on a une terre de lunettes initialement,
24:32qu'on est capable d'en fabriquer beaucoup et bien.
24:34Sauf qu'en fait, il y a eu la délocalisation.
24:36On s'est concentré sur le luxe
24:37et on a un peu oublié le cœur de métier.
24:41On arrête d'innover.
24:42Donc, la filière, ce n'est pas évident d'aller fabriquer de la filière.
24:44D'accord. Ce n'était pas si simple.
24:45Comme vous vous dites, 2020,
24:46j'ai créé une marque basée sur ce principe.
24:48Ce n'était pas si simple.
24:49Mais comment on passe de la bouteille récupérée ?
24:52D'ailleurs, il y a de la récupération dans les rivières aussi, je crois.
24:55Oui, c'est ça.
24:56Comment on passe de cette bouteille,
24:57de cette matière première ?
24:58Il faut la transformer ?
25:00Elle redevient quoi ?
25:02Des granulats ?
25:03Comment ça marche ?
25:04Oui, c'est ça.
25:05On va prendre la bouteille.
25:06Ça, ça se passe dans notre atelier.
25:07Donc, nous, on est entre Montpellier et Nîmes.
25:08À Lunel, exactement.
25:09On découpe la bouteille.
25:10On la broie.
25:11Ça fait des petites paillettes.
25:12D'accord.
25:13Ensuite, on va mélanger différentes matières.
25:15On va la faire fondre, faire un fil, faire des granulés.
25:18Et ensuite, on va l'injecter.
25:20Donc, si on refait fondre cette matière,
25:21on l'injecte dans des moules.
25:22Et c'est ce procédé, en fait,
25:23qui nous permet justement de faire des volumes assez importants
25:26et de réduire les coûts.
25:27Comment vous arrivez à ce montant de,
25:30on va dire, à la moyenne de 100 euros la paire de lunettes
25:35tout en fabriquant en France ?
25:37C'est quoi ?
25:38C'est parce que la matière première est moins chère ?
25:39Non, la matière première, elle est plus chère.
25:41Et c'est l'intérêt de la lunette, en fait.
25:43C'est que la lunette, c'est un produit léger
25:44qui permet de bien intégrer le coût,
25:46de limiter le coût,
25:47l'impact du coût de la matière sur le produit.
25:49Ensuite, ça va être de travailler sur de la moyenne série
25:53et c'est d'optimiser les différentes étapes, en fait.
25:55De s'inspirer de la grande série
25:57pour faire du moyen de mesure.
26:01D'accord.
26:02Ça, c'est ce qui vous permet de tenir un…
26:05Exactement.
26:06Après, on optimise le procédé, la fabrication.
26:07L'assemblage se fait dans notre atelier à Lunel
26:09et du coup, c'est d'être efficace sur tous ces points-là.
26:11Je reviens au fabriquer en France.
26:13Est-ce que ça a été difficile de relever ce défi ?
26:15Oui.
26:16En fait, je pense que j'étais un peu innocent
26:18quand j'ai lancé le projet.
26:19Je n'ai pas du tout du milieu.
26:20Moi, je suis au milieu de la chimie
26:21et je pensais que tout roulait.
26:23Je savais qu'il y avait des histoires
26:24de désintoxications, etc.
26:26mais je ne pensais pas que c'était aussi intense.
26:28Il y a des choses qu'on découvre encore aujourd'hui
26:30et donc, trouver les bons interlocuteurs
26:32qui vont avoir de la transparence sur les prix,
26:34sur comment c'est fait.
26:35Nous, on a appris le métier, finalement, de lunetterie.
26:37Ça, ça a été un vrai challenge et ça l'est encore.
26:39Et je pense que, justement, pour passer de 2 millions
26:41de paires de lunettes fabriquées en France
26:43à 3, 4, 5 millions,
26:45il y a un gros travail à faire.
26:46C'est quelque chose qu'on voit sur les autres filières.
26:48Il y a le slip français qui a fabriqué 400 000 slips
26:50l'année dernière.
26:51Il y a un vrai enjeu sur comment on relance l'industrie,
26:54comment on travaille, comment on crée du service
26:56autour de la fabrication.
26:58Et ça, c'est quelque chose qu'on a un peu oublié.
27:00Est-ce qu'il y a une partie de vos lunettes
27:02fabriquées ailleurs parce que vous n'avez tout simplement
27:04pas trouvé ?
27:05Oui. Alors, il y a les charnières.
27:07C'est la petite pièce en métal qui lit la branche
27:10à la face.
27:11Et ça, pour le coup, c'est fait en Allemagne
27:13parce qu'il n'y a plus de fabricant en France.
27:15Tout simplement.
27:16Tout simplement.
27:17Alors qu'il y avait un savoir-faire dans le Jura,
27:19dans le Doubs, c'était des choses qu'on faisait
27:21et qu'on ne fait plus aujourd'hui.
27:22Merci beaucoup, Quentin Passé-Bonvent à Eyo.
27:25Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
27:27Je voudrais remercier Alexis Mathieu et Marie-Milia
27:31qui programment et produisent cette émission.
27:34Ulysse Touré, le réalisateur, et Saïd Mahmoud,
27:37l'ingénieur du son.
27:39Belle journée et à très vite sur Be Smart For Change.