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Depuis 20 ans, la Russie renforce son agriculture, s'autonomisant en semences face aux sanctions occidentales. Avec des exportations en hausse, notamment vers la Chine, elle utilise l'arme alimentaire comme levier diplomatique, redéfinissant les relations internationales.

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Transcription
00:00Oui, la Russie s'est réarmée en fait depuis 20 ans sur le plan agricole, elle a utilisé les hydrocarbures, gaz, pétrole, mais aussi l'industrie d'armement et beaucoup en fait l'agriculture pour retrouver des forces à domicile, redresser l'économie, mais aussi avoir du rayonnement international autour de trois exportations phares que je viens de mentionner, gaz, armement et en gros des céréales pendant 20 ans.
00:21Il y avait un point de fragilité en fait dans ce réarmement agricole russe, c'est le secteur semencier, on sait que les semences sont indispensables en fait pour produire en agriculture, c'est le début de l'itinéraire agricole, sans semences pas de production agricole, sans semences pas de sécurité alimentaire et en fait ce point de fragilité a été progressivement travaillé par la Russie à mesure que l'Europe, son principal fournisseur de semences, mettait des sanctions.
00:45Nous avons eu une première rupture en 2014, invasion de la Crimée, sanctions européennes qui démarrent, début de la guerre en Ukraine, intensification des combats, etc., on connaît l'histoire, la Russie a cherché de plus en plus à russifier son agriculture, y compris sa génétique et donc de s'autonomiser progressivement vis-à-vis de ses besoins en semences, évidemment depuis 2022, ce redressement à domicile s'est intensifié et la Russie aujourd'hui a pas simplement cherché à avoir sa propre génétique,
01:15elle cherche avec sa propre génétique à avoir demain le potentiel d'exporter ses propres semences dans le monde et de remplacer le premier exportateur mondial de semences qui s'appelle la France.
01:25Ah oui, Caroline.
01:26Les exportations agroalimentaires russes, donc on l'a dit, elles n'ont cessé de croître depuis l'invasion de la Crimée, notamment vers la Chine, on peut dire que la Chine c'est une grande bénéficiaire des sanctions occidentales indirectement ?
01:39Oui, même si, encore une fois, ce rapport entre la Chine et la Russie il est beaucoup plus conjoncturel que lourd finalement, mais ce qui est certain c'est qu'il y a un rapport gagnant-gagnant aujourd'hui sur le plan agricole et alimentaire entre Russie-Chine,
01:50y compris parce que la Russie va exporter beaucoup de grains, de céréales, d'huile de tournesol, c'est un produit phare aujourd'hui de l'agriculture russe, c'est un pays qui est en train de miser beaucoup sur la betterave à sucre, sur les fruits rouges dans le Caucase,
02:03l'agriculture russe exporte beaucoup, c'est un pays dont la balance commerciale agricole était largement déficitaire il y a encore 10-15 ans, c'était un déficit de 20-30 milliards de dollars par an, elle est excédentaire de 20 milliards aujourd'hui, quelque part plus on l'a sanctionné, côté européen et états-unien, plus la Russie a dopé ses forces à domicile et donc a exporté vers l'Afrique, le Moyen-Orient, l'Asie et la Chine,
02:25mais là où sur les semences il y a une petite nuance, c'est que la Chine, elle, a mis le turbo sur le secteur des biotechnologies et des semences, et aujourd'hui ce sont aussi des semences chinoises qui permettent de nourrir l'agriculture russe, et donc demain ce qui se passe c'est finalement l'Europe qui avait des forces en la matière a perdu un marché, très clairement, parce que les semences européennes...
02:45En mettant des sanctions en fait.
02:47Oui, parce qu'en fait c'est tout le débat sur l'utilité de ces sanctions, est-ce qu'en fait ça fragilise la Russie...
02:50C'est le même sujet qu'avec le gaz, c'est pareil.
02:53C'est-à-dire, est-ce que ça fragilise la Russie, ou au contraire c'est un pays qui, pour des raisons X et Y, arrive à faire le dos rond, s'adapte, russifie, s'organise, réarme, et nous nous perdons un marché, parce qu'en fait c'était des pays où on exportait beaucoup de semences, y compris des produits agricoles, il y a 10 ans, et on a gagné un grand concurrent, et donc en termes de compétitivité, on fait des sanctions sur le plan géopolitique dont l'impact reste assez limité, voire quasiment nul dans beaucoup de domaines,
03:19et nous amplifions la force de nos adversaires qui, mécaniquement avec le temps, deviennent en fait des concurrents dans des domaines où on est excellés.
03:27À quel point aujourd'hui la Russie se sert de l'arme alimentaire comme d'une arme diplomatique pour convaincre un certain nombre de pays d'aller plutôt dans son camp ?
03:36La planète a faim, on a de plus en plus de monde à nourrir sur la planète, peu de pays ont mis le turbo sur le plan de la production agricole, donc la Russie, si vous voulez, a développé un narratif depuis 20 ans et qui s'intensifie évidemment depuis 2022 en disant à une partie du monde,
03:50ne vous inquiétez pas, en termes de fourniture de production agricole et alimentaire, comptez sur la Russie, on produit de plus en plus, on a le plus grand pays du monde, on est gagnant du réchauffement climatique,
04:00on n'abandonne pas nos amis, enfin, diplomatie du chantage, parce qu'évidemment si vous nous critiquez sur nos opérations spéciales en Ukraine, je mets des guillemets, etc., nous coupons le robinet agricole, céréalier ou de main, sur d'autres produits.
04:15Donc il y a une diplomatie du chantage, c'est à la Russe, c'est-à-dire des relations internationales qui se sont durcies et qui deviennent très transactionnelles avec une diplomatie du troc qui marche très bien en ce moment entre certains pays et la Russie.

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