Inspirée par Tracy Chapman et Nina Simone, elle est peut-être la plus américaine des chanteuses françaises…
Après une carrière de mannequin qui la cantonnait au silence, elle a décidé de s’exprimer à travers la chanson.
Une voix grave et profonde, reconnaissable entre toutes, qui a séduit le monde entier. L’artiste est « disque d’Or » dans six pays et à chaque sortie d’album est un succès…
Une carrière musicale arrivée un peu par hasard dans sa vie…
Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit Imany dans l’émission Un monde, un regard.
Année de Production : 2023
Après une carrière de mannequin qui la cantonnait au silence, elle a décidé de s’exprimer à travers la chanson.
Une voix grave et profonde, reconnaissable entre toutes, qui a séduit le monde entier. L’artiste est « disque d’Or » dans six pays et à chaque sortie d’album est un succès…
Une carrière musicale arrivée un peu par hasard dans sa vie…
Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit Imany dans l’émission Un monde, un regard.
Année de Production : 2023
Category
📺
TVTranscription
00:00 *Musique*
00:22 Notre invitée se fait rare dans les médias, c'est une chance de la voir avec nous aujourd'hui.
00:27 Elle se fait rare parce qu'elle passe beaucoup de temps en tournée.
00:30 Et ces tournées à elle sont internationales.
00:33 Son succès a depuis longtemps, et même depuis le début de sa carrière, largement dépassé nos frontières.
00:38 Elle est disque d'or dans 6 pays, diffusée dans des dizaines d'autres, chanteuses, auteurs, compositrices.
00:44 Tous ses albums se sont vendus à des centaines de milliers d'exemplaires partout dans le monde.
00:49 Ses grands succès, vous les connaissez, forcément. Il y a eu celui-là.
00:53 *Musique*
01:02 Et puis il y a eu celui-là.
01:03 *Musique*
01:11 Cette voix, ce son, ses instruments, cet engagement dans ses textes, tout est atypique dans sa musique.
01:17 Même le fait qu'elle chante exclusivement en anglais, alors qu'elle est née en France et qu'elle a toujours parlé français.
01:22 On pourrait même s'y tromper et la prendre pour une artiste américaine.
01:25 Mais pourquoi d'ailleurs, pourquoi ce choix de chanter en anglais quand on a la subtilité et les nuances de la langue française dans son cœur et dans sa tête ?
01:33 Posons-lui la question. Bienvenue dans un monde d'un regard. Bienvenue à vous Imani.
01:37 Merci d'avoir accepté notre invitation ici au Sénat, au Dôme tournant.
01:40 Pourquoi ce choix de l'anglais dans vos chansons ? Est-ce que c'est parce que c'est une langue plus musicale que le français ?
01:46 C'est exactement pour ça.
01:48 C'est vrai ?
01:49 Oui, aussi parce que je pense que ma culture musicale, elle est anglo-saxonne.
01:54 Mes parents n'écoutaient pas de musique en particulier.
01:57 Enfin si, ma mère beaucoup de Joe Dassin.
01:59 Alors c'est peut-être là. Je ne sais pas.
02:01 Mais... Et puis j'ai vécu aux États-Unis huit ans à partir de l'âge de 19 ans.
02:09 Et c'est là aussi que mon désir de faire de la musique s'est vraiment développé.
02:18 J'ai pris la décision en tout cas de vraiment devenir chanteuse.
02:21 Donc j'ai appris, j'ai pris des cours de chant et comment on écrit une chanson.
02:25 J'ai vraiment appris sur le tas, sur le tard.
02:28 Mais quand vous dites que l'anglais est plus musical, c'est-à-dire c'est en termes de sonorité ?
02:31 C'est la volupté des mots ? C'est quoi ?
02:33 C'est les deux. En fait, c'est la volupté des mots.
02:35 C'est en termes de sonorité.
02:36 Puis c'est aussi, c'est une langue, on va dire le français, c'est une langue qui supporte très mal le premier degré.
02:42 C'est-à-dire qu'en anglais, on peut chanter, dire qu'on est dans sa cuisine et qu'on coupe des tomates.
02:46 Ça sonne. C'est vrai.
02:48 C'est pas très grave et les gens ne sont pas très choqués.
02:50 Si ça sonne, c'est plus important.
02:52 Si vous voulez, le groove, il est plus important presque que le sens.
02:55 Quand vous avez les deux, c'est encore mieux.
02:57 Vous êtes Bob Dylan.
02:58 Bien sûr.
02:59 Mais alors que le français, il supporte moins bien la médiocrité.
03:04 Et donc, vous chantez dans votre cuisine, vous coupez des tomates.
03:08 Bon, ben, ça devient un truc parodique.
03:10 C'est drôle, mais c'est pas la chanson.
03:13 Mélodieux.
03:14 C'est plus difficile.
03:15 J'ai trouvé un titre chanté en français dans votre album.
03:18 C'est plus exigeant, le mot, pardon.
03:19 Plus exigeant.
03:20 Oui.
03:21 Le français. Mais c'est vrai.
03:22 Il y a un titre chanté en français dans votre album de reprise, "Vous doutez l'eau".
03:26 Vous reprenez "Les voleurs d'eau" d'Henri Salvador.
03:28 C'était la première fois que vous chantiez en français ?
03:30 C'est pour ce titre-là ? C'est une première ?
03:33 Alors, c'est le premier titre enregistré, oui.
03:37 Sinon, j'ai toujours chanté une chanson de Pauline Croce qui s'appelait "T'es beau" en live,
03:42 avec des violoncelles d'ailleurs.
03:43 Et ce titre, en fait, c'est vraiment un album de chansons.
03:48 Je défends pas des artistes, je défends des chansons.
03:50 Donc, je défends soit le sujet qui est mis sur la table avec la chanson,
03:55 soit ça correspondait à une période de ma vie que j'avais envie de revisiter.
04:00 Et "Les voleurs d'eau", c'est vraiment ça.
04:03 C'est comment on a pu passer à côté d'un chef-d'œuvre à chanson française à ce point.
04:08 Parce que la plupart des mêmes journalistes musiciens ne la connaissaient pas.
04:12 Et c'est vraiment un aspect d'Henri Salvador qu'on ne connaît pas.
04:15 Et c'est une chanson magnifique sur l'écologie, mais aussi le colonialisme,
04:20 sur la solidarité entre les hommes et les femmes.
04:24 Comment est-ce qu'on peut y arriver tous ensemble ?
04:26 Donc, je trouvais que c'était une chanson importante.
04:28 "Voodoo cello", ça veut dire quoi ? C'est une référence vaudou ?
04:31 C'est quoi exactement ?
04:32 "Voodoo cello", littéralement, ça veut dire le violoncelle vaudou.
04:35 Parce que quand j'ai fait ce projet, c'est huit violoncelles et une voix, et c'est tout.
04:39 Et je voulais que les violoncelles sonnent comme un projet pop,
04:44 donc presque comme un basse batterie, mais sans trucage.
04:47 Donc, aller au plus loin de ce que la violoncelle est capable d'offrir.
04:50 Et en fait, on s'aperçoit que pour cet instrument qui est très, très ancien,
04:54 et très organique, très acoustique, en fait, on va très loin.
04:58 Ça sonne comme une guitare électrique, ça sonne comme des chœurs, parfois.
05:01 Et ça sonne vraiment comme si des fois, il y avait des animaux coincés à l'intérieur.
05:05 Donc, quand j'ai voulu monter le spectacle,
05:07 parce que c'était d'abord un spectacle dans ma tête, et ensuite, c'est devenu un album.
05:10 L'idée, c'était de pouvoir expliquer aux gens avec quelques mots,
05:15 où est-ce qu'ils allaient atterrir.
05:17 Et donc, il fallait rentrer dans le mystique.
05:19 Et "Voodoo cello", ça sonne aussi comme "Voodoo child" de Jimi Hendrix.
05:22 Donc, à partir de ce moment-là, à partir du titre, j'ai construit le spectacle.
05:26 - Vos modèles à vous, au départ, c'est plutôt Tracy Chapman, Nina Simone, Laurie Neal, c'est ça ?
05:31 - Oui, ça fait partie... - Des artistes qui vous ont inspiré ?
05:33 - C'est des artistes qui m'ont inspiré, qui m'ont touché,
05:36 qui m'ont donné envie de faire et continuer,
05:39 parce que je ne les ai pas connus aux mêmes époques, ce métier.
05:42 C'est des voix atypiques, et je m'y retrouvais un peu.
05:45 - S'il fallait donner un nom au style de votre musique,
05:50 parce que vous savez, en France, on aime bien aussi mettre les artistes dans des cases,
05:53 savoir si c'est pop, rock, R'n'B...
05:56 Pour vous, on n'arrive pas à savoir.
05:58 Et tant mieux, j'imagine, c'est peut-être ce que vous cherchez aussi.
06:01 La seule expression que j'ai trouvée qui pourrait s'adapter à votre style,
06:04 c'est peut-être "musique du monde". Est-ce que ça vous irait, ça ?
06:07 Ou est-ce que vous n'avez surtout pas envie d'être mise dans une case ?
06:10 - Je crois que personne n'a envie d'être mise dans une case.
06:12 - Oui, bien sûr.
06:13 - Mais je n'ai jamais essayé de chercher à mettre ma musique dans une case.
06:18 Alors ça s'est passé par tous les chemins, folk, pop...
06:21 - Ce qu'on a dit de vous, c'était ça ?
06:23 - Ouais, jazz...
06:25 En fait, je pense que vous avez raison, personne n'arrive à trouver.
06:28 Mais c'est parce que je pense que je suis un produit de plein de choses.
06:33 Je suis d'origine comorienne, je suis née en France,
06:36 j'ai voyagé tout le temps depuis que je suis jeune.
06:39 Donc j'ai tout glané à droite et à gauche.
06:43 Et en fait, je suis touchée par le hip-hop de la même manière que je suis touchée par le rock ou la musique classique.
06:47 Donc forcément, tout ça, ça fait partie de ma construction.
06:50 Et donc forcément, ça va se retrouver dans ma façon de créer.
06:54 - Et ça rentre nulle part.
06:56 - Et du coup, ça rentre nulle part.
06:58 Mais même moi, en tant que personne, j'avais jamais eu l'impression de rentrer où que ce soit.
07:02 J'ai toujours été trop grande pour mon âge, j'ai toujours eu une voix trop grave pour mon sexe.
07:06 Enfin voilà, donc je n'ai jamais eu l'impression d'être comme les autres.
07:12 Donc ça ne me choque pas.
07:14 Je ne pourrais pas vous répondre, je ne dirais pas que la musique du monde, ça marche.
07:17 Parce que tout est musique du monde quelque part.
07:20 C'est un peu fourre-tout.
07:22 Donc si ça vous va, ça me va aussi.
07:24 - Votre nom de scène, "Imani", signifie "ma foi" en arabe, c'est ça ?
07:27 Vous avez foi en quoi ? En vous, par exemple, déjà ?
07:30 - C'est quelque chose sur quoi je travaille encore beaucoup.
07:35 Mais je me dis quand même que pour se dire "je veux être chanteuse et je vais payer mes factures avec la musique",
07:40 il faut avoir un peu de foi quand même.
07:42 La foi, un peu de folie aussi.
07:44 Donc j'ai la foi en moi, en tout cas j'essaie de la maintenir.
07:47 Parfois oui, parfois non.
07:49 Et je doute de moi.
07:51 - Ce n'est pas toujours le cas ?
07:53 - Non, ce n'est pas toujours le cas.
07:55 J'ai l'impression que c'est un peu la bataille d'une vie entière.
07:58 Mais j'ai foi en plein de choses.
08:00 Franchement, j'ai quand même foi en l'humanité encore.
08:03 Je pense qu'il y a plus de bien que de mal.
08:05 C'est juste qu'on se focalise beaucoup sur le mal.
08:07 Et j'ai foi en l'univers, j'ai foi en Dieu.
08:10 J'ai foi en pas mal de choses en réalité.
08:12 - Votre vrai nom c'est Nadia Mladjao.
08:15 - Ah bien dit !
08:16 - Ah c'est vrai ? Je ne me suis pas entraînée avant.
08:19 Vous êtes née à Martigues, près de Marseille, surnommée la 5ème île des Comores.
08:24 Et vous l'avez dit, votre famille est originaire des Comores.
08:26 Vous y alliez de temps en temps en famille quand vous étiez petite, en gros tous les 5 ans.
08:30 C'est ce que je vous ai entendu dire.
08:31 Vous avez 6 frères et sœurs.
08:32 Votre père était militaire dans l'armée de l'air française, souvent en détachement à l'étranger.
08:37 Lorsqu'il est arrivé en France, il était plein d'espoir.
08:40 Il disait à tout le monde, c'est le pays des droits de l'homme.
08:43 Est-ce que le pays a été à la hauteur de ses attentes finalement ?
08:47 - Je pense oui et non.
08:49 Parce qu'en fait à la fin, il a un peu déchanté de ça.
08:52 Je pense qu'il pensait que ça allait être plus facile que ça pour ses enfants.
08:55 Et je pense que ça a été...
08:57 Après ça s'est vite transformé en Nadia, t'es une femme, noire,
09:01 tu vas devoir travailler deux fois plus que les autres
09:03 pour avoir peut-être la moitié de ce que eux, ils ont.
09:06 Donc assez vite, quelques années plus tard,
09:08 quand je suis arrivé, oui, lycée, fac, par là, ça avait un peu changé.
09:13 Je pense qu'il a été déçu.
09:15 - C'était un peu l'armée d'ailleurs, apparemment, à la maison.
09:17 Vous racontez que parfois vous étiez réveillé par des sauts d'eau sur la tête
09:20 quand il y avait un petit peu de retard, quand ça traînait un petit peu.
09:23 Et aujourd'hui, il va à vos concerts et il est fier de vous.
09:26 - Il n'y a pas le choix quand même.
09:30 Oui, les sauts d'eau, c'était pas régulier,
09:32 mais la menace du saut d'eau marche aussi bien que le saut d'eau.
09:34 En fait, quand on a eu une seule fois le saut d'eau,
09:38 en vérité, on n'en a pas une deuxième fois.
09:40 - Mais il l'a fait. - Il l'a fait.
09:42 Il l'a fait et donc il nous réveillait tôt pour aller courir avant d'aller à l'école.
09:46 C'était quand même...
09:48 - L'armée, quoi. - L'armée.
09:51 Je suis même allé en école militaire.
09:52 - Justement, à 10 ans, vous êtes mise à l'internat de jeunes filles,
09:54 comme vos grandes sœurs, un internat pour enfants de militaire.
09:57 Et vous dites, c'est plus difficile pour vous parce que j'étais une fille à maman.
09:59 Donc pour vous, c'était un petit peu compliqué.
10:01 Et là-bas, vous apprenez, là aussi, je vous cite,
10:04 comment être une bonne femme au foyer.
10:06 Comment bien passer la serpillière et faire des bonnes tartes aux pommes.
10:10 J'exagère pas, c'est vraiment ça qu'on vous a appris.
10:12 - Oui, mais en fait, c'est drôle, mais c'est exactement ça.
10:16 - Oui, ça paraît fou.
10:17 - Faire le point de croix aussi, c'est important.
10:20 En fait, c'était une école qui n'existe plus aujourd'hui,
10:24 mais qui avait été créée après la Première Guerre mondiale
10:27 pour les pupilles de l'air, mais que les filles.
10:29 Donc elles avaient perdu leurs parents à la guerre.
10:31 Et il fallait en faire des futures épouses.
10:35 Donc le programme, il avait juste pas changé dans les années 90.
10:39 Donc on était quand même content du cours de la tarte aux pommes.
10:44 Il faut pas croire que...
10:45 - Oui, il faut pas diaboliser.
10:47 - C'est pas ça, c'est-à-dire qu'entre faire une tarte aux pommes et un cours de maths,
10:51 demander à n'importe quel enfant aujourd'hui, peut-être qu'il va choisir la tarte aux pommes.
10:53 - Oui, c'est vrai.
10:54 Mais c'est l'intention qui peut être gênante.
10:55 C'est de faire de vous une bonne mère au foyer.
10:57 C'est ça qui peut être un peu déstabilisant quand on est une jeune fille.
10:59 - En fait, on vous le dit pas comme ça.
11:01 Mais maintenant, moi, peut-être que quand je suis sortie de là,
11:05 j'étais ultra révoltée.
11:09 Et quelques années plus tard, je me rends compte que quand même,
11:11 ce qu'on m'a offert, c'est de l'indépendance.
11:13 C'est-à-dire qu'on dépend de plus personne.
11:15 Effectivement, c'est lire, écrire, compter.
11:18 On a une éducation qui est l'éducation nationale.
11:20 Le programme, il est exactement le même.
11:22 Mais je sais me faire à manger.
11:25 Je sais passer la serpillière.
11:26 Je sais repriser mes chaussettes.
11:28 Et en fait, c'est pas rien de dépendre de personne
11:30 sur des choses aussi basiques que se nourrir.
11:32 Et effectivement, je sais bien faire la tarte aux pommes.
11:35 Mais c'est pas mal aussi quand on reçoit des gens chez soi.
11:37 - Justement, j'ai un document à vous proposer.
11:39 Je vais le lire pour les gens qui nous écoutent.
11:41 Je vais le déchiffrer un peu aussi pour vous parce qu'il n'est pas simple à lire.
11:44 Il a été délivré par nos partenaires, les archives nationales.
11:46 Il date de septembre 1931.
11:48 C'est une lettre retrouvée dans le dossier de carrière
11:50 de Professeur Simone de Beauvoir
11:52 au moment de sa prise de fonction d'enseignante
11:54 dans un lycée de jeunes filles.
11:56 Et elle écrit très simplement ces mots.
11:58 J'ai l'honneur d'accuser réception, de mon avis, de nomination.
12:01 Évidemment, je crois que vous avez compris
12:03 pourquoi je vous propose à vous ce document.
12:05 Mais on va le dire pour les téléspectateurs,
12:06 pour les gens qui nous écoutent.
12:07 Votre découverte de Simone de Beauvoir à 14 ans va être un déclic.
12:11 Vous tombez sur les mémoires d'une jeune fille rangée.
12:14 Et c'est grâce à elle que vous prenez conscience
12:16 de votre liberté de femme.
12:18 C'est à ce point-là, c'est comme ça que ça s'est passé ?
12:20 Oui, exactement.
12:22 Ça s'est passé comme ça, de ma condition de femme,
12:24 pas vraiment de liberté de femme.
12:26 Parce que je comprends que ma condition de femme
12:28 n'est pas si libre que ça.
12:30 Et que je ne suis pas obligée,
12:32 ce qui n'était pas une évidence avant d'arriver à l'âge de 14 ans,
12:35 je ne suis pas obligée de savoir être maîtresse
12:38 dans l'art de passer la serpillère ou faire la vaisselle.
12:41 Et que mon destin n'est pas d'être l'épouse de quelqu'un.
12:45 Donc je comprends en lisant ce livre
12:49 que ma destinée est beaucoup plus entre mes mains
12:52 que je ne le crois.
12:54 Et ça change tout.
12:55 Vous vous souvenez de mots, peut-être,
12:57 qui ont pu être déterminants dans votre lecture de Simone de Beauvoir ?
13:00 Je ne sais pas si ce n'était pas la phrase
13:04 "On ne n'est pas femme, on ne devient"
13:06 ou quelque chose comme ça,
13:08 qui n'ont l'air de rien, mais en fait,
13:10 à 14 ans, ça vous explique plein de choses.
13:13 On vous dit à chaque fois "Tu ne peux pas faire ça, tu es une fille".
13:16 "Tu ne peux pas faire ça, tu es une fille".
13:18 Et puis finalement, tu comprends que c'est une construction sociale, mentale,
13:24 de l'entourage religieuse, même parfois.
13:27 À l'allure de celle que vous êtes aujourd'hui,
13:29 quel conseil donneriez-vous à la petite fille que vous étiez ?
13:32 Qu'est-ce que vous lui diriez avant qu'elle ne se lance dans la vie ?
13:35 Ça dépend à quel âge, je crois. Quel âge j'ai ?
13:37 -6 ans. -6 ans.
13:39 Qu'est-ce que vous lui dites à la petite fille de 6 ans ?
13:42 C'est toujours dur, ces questions.
13:45 C'est pour ça qu'on les pose ?
13:47 À la fille de 6 ans...
13:50 Je lui dirais de ne pas grandir trop vite.
13:53 D'essayer de ne pas grandir trop vite.
13:55 En fait, ce n'est pas si intéressant que ça.
13:58 Ce n'est pas que ce n'est pas intéressant, le monde des adultes,
14:01 mais que l'enfance, ça vaut vraiment la peine d'être vécu.
14:04 Moi, je pense que je n'ai pas été une enfant très longtemps.
14:07 Et que je le réalise maintenant, étant adulte,
14:10 et je me dis que ça m'a manqué beaucoup.
14:13 Et je lui dirais de prendre son temps.
14:15 Qu'il n'y a rien de mal à rêvasser.
14:17 Parce qu'on n'arrêtait pas de me dire
14:19 "Nadia, tu as la tête en l'air, tu rêvasses, tu descends sur Terre."
14:22 Et en fait, on a toute la vie d'adulte à être vraiment sur Terre,
14:25 et même sous Terre, parfois.
14:27 Je lui dirais qu'il n'y a rien de mal à être qui elle est,
14:30 qu'il n'y a rien d'anormal à être qui elle est.
14:33 Parce que ça, j'aurais bien aimé l'entendre.
14:36 Votre premier acte de révolte féministe,
14:39 c'est que vous avez des cheveux, vos longs cheveux,
14:42 et que votre mère vous tressait tous les dimanches.
14:45 C'était un calvaire pour vous.
14:47 Et vous décidez de les couper.
14:49 J'ai dit acte de révolte féministe, c'est un peu ça ?
14:52 -A l'époque, c'est pas comme ça que je le vois.
14:55 Mais peut-être qu'avec le recul, oui.
14:57 J'en peux plus de perdre mon dimanche, j'ai envie de faire autre chose.
15:00 Faire des tresses. J'ai des cheveux très longs et crépus.
15:03 C'est une galère pour ma mère.
15:05 Et en plus, elle tire, je pleure, on se bat.
15:08 Je regarde et je me dis "ouais".
15:10 Et je me suis sentie très libre.
15:12 Je me suis dit que ces cheveux-là,
15:14 ça m'enchaîne à la chaise tous les dimanches.
15:17 Alors que je pourrais faire des choses plus intéressantes.
15:20 -Vos parents vous ont compris ?
15:22 -Non, pas du tout.
15:24 Ma mère et mes sœurs, d'ailleurs, ont pleuré.
15:26 Elles ont cru que j'étais devenue faune.
15:28 "Non, des cheveux aussi beaux, on fait pas ça."
15:31 Mon père était content, de toute façon, il voulait un garçon.
15:34 Je m'en rapprochais, du coup.
15:36 -Votre féminisme, vos sœurs et vos mères l'ont compris ?
15:41 -Non, mais...
15:43 -Elles l'ont envie, cette liberté que vous preniez ?
15:46 -Elles ne m'ont pas dit si elles l'ont envie.
15:48 Jusqu'à ce jour, elles se foutent encore de moi.
15:51 Je pense que ma mère ne comprend toujours pas.
15:54 Elle comprend que je ne voulais pas être enchaînée à la chaise du dimanche.
15:59 Mais que c'était peut-être un peu radical de se raser la tête.
16:02 Mais ça l'était certainement.
16:04 -Vous êtes repéré dans le métro, vous devenez mannequin.
16:07 C'est une autre étape de votre émancipation.
16:10 Ça vous permet de partir de chez vous, de quitter le giron familial,
16:13 où vous vous sentiez un peu à l'étroit.
16:15 Vous arnaquez un peu votre père pour avoir le droit de partir à New York.
16:18 Vous profitez d'une liaison téléphonique pas très bonne.
16:21 Lui, à ce moment-là, il est en détachement au Kosovo.
16:24 Vous lui dites "Je pars à New York", et il vous dit "Oui, oui".
16:27 Mais il ne sait pas très bien à quoi il dit "oui".
16:30 -C'est même pire que ça.
16:32 À l'époque, je suis athlète de haut niveau, j'ai du son hauteur.
16:35 Je fais l'aller-retour avec Vincennes, l'INSEP, et j'habitais dans le 78.
16:39 Et déjà, mon père n'était pas hyper content que je sorte un peu
16:43 de ce que les autres faisaient.
16:45 Mes autres frères et sœurs étaient encore en internat.
16:48 Et moi, grâce à ça, je sors de l'internat.
16:51 Puisque j'ai ce coach qui me repère et qui m'intègre dans l'équipe.
16:56 Donc déjà, il n'était pas très content.
16:59 Quand on me propose de devenir mannequin,
17:02 j'appelle pour savoir s'il était OK pour que je sois juste mannequin.
17:06 J'avais des copines qui bossaient au McDo, donc je préférais faire le mannequin.
17:10 Du coup, il a mal compris.
17:13 Il a dit "Oui, oui, OK". Et quand il arrive, c'est trop tard.
17:16 -Il est rentré ? Vous étiez à New York, mannequin ?
17:19 -Il est rentré... Non, il voyait les castings.
17:22 New York, c'est une autre plus grosse arnaque, mais je peux le dire,
17:25 il est au courant maintenant.
17:27 J'y vais pour un job qui doit durer 3 semaines.
17:31 Et finalement, j'adore tellement,
17:33 que je me dis qu'il faut absolument que je trouve un moyen de rester là-bas.
17:37 J'étais à la fac d'histoire.
17:39 Je lui dis "Je vais faire une année sabbatique".
17:42 Je savais que ça n'allait pas être une année sabbatique,
17:44 mais je ne pouvais pas lui dire "J'arrête les études pour aller vivre à New York".
17:47 Donc c'est là que j'ai arrêté.
17:49 -Et alors cette prise de connaissance avec le milieu du mannequinat,
17:52 je crois que ça vous lasse assez vite.
17:55 Vous vous sentez vite un porte-manteau.
17:57 Là aussi, est-ce que ça vient heurter votre féminisme et votre liberté ?
18:02 -Ma liberté, oui.
18:04 Parce qu'en fait, franchement, on utilise 10 % de son cerveau, même pas.
18:07 Donc je m'ennuie.
18:09 Du coup, ça me déprime profondément.
18:11 Et puis en plus, toute cette espèce de quête de l'argent,
18:15 faire les castings, attendre des heures,
18:18 et être jaugée sur le physique,
18:20 je trouve ça violent, mais c'est vraiment subtil.
18:23 Ça met du temps avant que je comprenne que...
18:26 -Elles sont malmenées, les mannequins.
18:28 C'est un milieu difficile quand on est une femme ?
18:31 -C'est un milieu difficile, où on ne protège pas vraiment les filles,
18:34 puisqu'elles arrivent à un âge très jeune.
18:36 Et il y a plusieurs catégories.
18:38 Il y a le mannequin qui va gagner des millions,
18:40 il y a le mannequin qui va gagner moins,
18:42 il y a les mannequins qui gagnent pratiquement rien,
18:44 mais qui sont toujours dans une attente de gagner un peu.
18:46 Et il n'y a pas beaucoup d'affect pour les mannequins.
18:48 Elles n'ont pas vraiment le droit de se plaindre.
18:50 Après tout, elles sont payées beaucoup d'argent juste pour être belles.
18:53 Et en même temps, elles doivent faire leur construction d'adultes.
18:57 Vous avez 16-17 ans, vous n'êtes pas tout à fait une adulte,
19:01 et on va vous dire que vous n'êtes pas assez ceux-là,
19:04 et vous rentrez chez vous et vous construisez là-dessus,
19:07 en plus de tous les problèmes avec lesquels vous êtes venus.
19:10 -Votre goût et même votre passion pour la musique,
19:12 vous l'avez dit tout à l'heure, démarre aux Etats-Unis.
19:14 Et notamment lorsque vous entendez Tracy Chapman.
19:17 Revenons quand même sur cette voix qui vous avait tellement complexée avant,
19:21 et qui tout d'un coup, peut-être à l'écoute de Tracy Chapman,
19:24 vous fait dire "Mais en fait, je peux utiliser cette voix que je trouve trop masculine,
19:29 en fait ça va devenir mon atout."
19:30 C'est à ce moment-là que ça se joue ?
19:32 -Pas exactement.
19:33 En fait, moi j'ai toujours, justement la petite fille de 6 ans dont vous parliez,
19:36 j'ai toujours voulu être chanteuse, je le savais très tôt.
19:38 -Ah d'accord.
19:39 -Toujours.
19:40 Mais mon père...
19:41 -On y revient.
19:42 -Et il l'a à chaque fois.
19:44 Et il m'avait complètement découragée à l'époque.
19:46 Il m'avait dit "Mais non, mais chanteuse, c'est même pas un métier, tu rigoles.
19:49 N'importe quoi, on n'est pas venus des commores, ta mère et moi, pour que tu sois chanteuse."
19:53 Enfin, il y avait une pression déjà.
19:54 Donc j'avais mis ça de côté.
19:56 C'est seulement quand j'arrive aux Etats-Unis que je me dis
19:58 "Ah tiens, peut-être que ce rêve de chanteuse, il est possible ici."
20:01 Et Tracy Chapman, je suis petite quand je la découvre,
20:04 et je me rends compte qu'il y a des femmes qui ont des voix atypiques
20:08 et dites d'hommes, en plus à l'époque,
20:11 et qui touchent les gens.
20:12 Puis je la vois à Wembley, donc elle est toute seule avec sa guitare
20:15 et il y a des milliers de gens qui la trouvent incroyable.
20:18 Donc ça met quand même du temps.
20:19 Ça met quand même tout ce temps-là, une dizaine d'années,
20:23 pour moi, de rassembler le courage.
20:26 Déjà, rassembler le courage de partir de chez moi,
20:29 accepter que je peux devenir quelqu'un sans l'influence de mes parents
20:34 ou de mon cadre social.
20:36 - Donc vous vous libérez aux Etats-Unis,
20:39 mais finalement, c'est pas aux Etats-Unis que vous choisissez de faire carrière.
20:42 C'est plutôt en arrivant en France, où on trouve votre voix atypique,
20:45 où on a envie de vous aider et de vous lancer.
20:46 Finalement, vous avez été plus libre ici, de vous lancer,
20:49 dans votre passion, la musique, plutôt qu'aux Etats-Unis.
20:52 - Aux Etats-Unis, c'est mon apprentissage.
20:54 En fait, c'est mon déclic aux Etats-Unis.
20:56 Le fait que je sois un mannequin qui a besoin de travailler,
20:59 mais qui a du coup, j'ai quand même besoin de payer mes factures,
21:02 je me trouve vraiment beaucoup à galérer.
21:03 Donc je suis la serveuse, je suis hôtesse, je distribue des flyers.
21:06 Donc je travaille jour et nuit, ne serait-ce que pour payer les factures.
21:09 Et ça, ça me rend dingue.
21:10 Et je me dis, ça ne peut pas être ma vie.
21:12 Et à ce moment-là, je cherche le rêve.
21:13 Et donc je me dis, si je galère, au moins,
21:15 ce sera pour quelque chose qui en vaut la peine.
21:17 Et donc, je commence à prendre des cours de chant.
21:19 Et donc, je commence à apprendre à écrire des chansons
21:21 parce que je ne connaissais rien du tout de la musique.
21:23 Qu'est-ce que c'était qu'un couplet, qu'un refrain ?
21:25 Donc, je deviens une autodidacte, en fait.
21:28 Et je fais mes propres maquettes.
21:30 Et je rencontre des producteurs,
21:31 et ils veulent tous me voir chez eux à 23h.
21:34 Donc du coup, je décide de rentrer chez moi
21:37 en me disant que mon temps à New York, il est terminé.
21:41 Et puis, ça commençait à me peser les États-Unis.
21:43 J'en avais un peu marre de ce pays, du coffee on the go.
21:46 Vous voyez, on ne peut pas s'asseoir tranquillement avec les gens.
21:49 La France commençait à manquer.
21:51 En fait, ma famille aussi.
21:52 Ça faisait huit ans quand même.
21:54 Donc, je suis retournée en France.
21:56 Et en France...
21:57 - Et là, on vous ouvre des portes.
21:58 - Et là, oui.
21:59 - Et on ne vous attend pas à 23h chez soi ?
22:02 - Non.
22:04 Non.
22:05 Et d'ailleurs, j'ai beaucoup plus de mal
22:07 à rencontrer des gens du métier qu'aux États-Unis.
22:09 Mine de rien, c'est beaucoup plus compliqué.
22:11 Donc, j'ai dû faire toute seule avec ma sœur à l'époque.
22:13 Donc, on essaie de créer des opportunités,
22:16 créer des showcases entre nous
22:17 avec le peu d'argent que j'arrive à mettre de côté.
22:19 Enfin, je dors sur son canapé à l'époque.
22:22 Jusqu'à ce qu'il y ait un producteur qui me repère
22:25 et qui me surveille.
22:26 Et au bout d'un moment, il me signe.
22:28 - Votre premier single est un carton,
22:30 "You Will Never Know".
22:31 Autre succès, la bande originale du film d'Audrey Dana
22:34 "Sous les jupes des filles".
22:35 Un film de femmes pour les femmes et par les femmes,
22:38 avez-vous dit à l'époque.
22:39 On est en 2014.
22:41 On ne parlait pas encore de sororité,
22:43 ce mot très à la mode aujourd'hui.
22:45 Mais j'ai l'impression que c'est un peu ça
22:46 que vous avez vécu, cette espèce de sororité.
22:48 Ça vous parle ?
22:49 C'est quelque chose qui...
22:50 - Sur cet album ?
22:51 - Oui, et de manière générale, la sororité.
22:53 - Oui, c'est un peu ça.
22:54 - Vous l'avez ressenti ?
22:55 Vous l'avez vécu ?
22:56 - Sororité...
22:58 Moi, je connaissais le mot déjà depuis les États-Unis,
23:00 puisque c'est un mot américain.
23:01 - Bien sûr.
23:02 - Et puis, je suis d'une famille de sept enfants,
23:05 mais il n'y a pratiquement que des filles.
23:07 J'étais dans un internat de filles.
23:09 Le mannequinat, c'est un lieu de filles.
23:12 - Oui, oui.
23:13 - Je ne connais que les filles.
23:15 Je ne connais que la sororité, moi.
23:17 Tout ce truc de la compétition entre les femmes, etc.,
23:20 je n'ai jamais connu ça.
23:21 - D'accord.
23:22 - Je n'ai jamais vu ça.
23:23 J'ai toujours vu ça comme de la compétition entre...
23:26 En plus, moi, je viens d'un milieu de l'athlétisme.
23:28 La compétition, ça existe,
23:29 mais j'ai toujours connu de manière saine,
23:31 pas dans ce truc de la jalousie construite,
23:33 pour moi, qui est une invention du patriarcat,
23:35 pour pouvoir nous...
23:36 On se crêpe le chignon pendant qu'eux, ils font les caisses.
23:39 Mais je ne connais que la sororité.
23:42 Je n'ai pas attendu que ça devienne un mot...
23:45 - Oui.
23:46 J'ai des photos à vous proposer, Imani.
23:51 Ça fait partie des rituels de cette émission.
23:53 La première photo, la voici.
23:55 Il s'agit d'Alexandre Bompard,
23:57 PDG du groupe Carrefour.
23:58 Pourquoi je vous en parle ?
23:59 Parce qu'il a annoncé qu'il permettrait à ses employés
24:02 souffrant d'endométriose
24:03 de poser un arrêt maladie en cas de règles douloureuses.
24:06 Et c'est une première pour une multinationale française.
24:09 Et je sais que c'est un sujet qui vous touche de près.
24:11 C'est un de vos combats.
24:12 Que l'on parle de l'endométriose.
24:14 Ça fait partie des initiatives incroyables, assez récentes.
24:17 Vous saluez, j'imagine ?
24:19 - Bravo.
24:20 Non, franchement, je n'étais pas au courant.
24:22 Bravo, parce que...
24:23 Moi, quand j'ai commencé à parler de l'endométriose,
24:25 c'était à un peu plus de 10 ans.
24:26 Et franchement, les médias, ils n'en parlaient pas, pas du tout.
24:28 Ils n'arrivaient même pas à dire le mot en une seule traite.
24:31 Et qu'avec l'association Endomind,
24:36 depuis 10 ans, vraiment,
24:38 on se bat pour que ce mot existe,
24:41 pour que cette maladie soit mieux prise en charge.
24:43 L'association a travaillé de très près avec ce gouvernement,
24:46 justement, pour que ce soit la cause du quinquennat.
24:50 Et donc, si ça arrive jusqu'aux oreilles de ces mecs-là,
24:55 voilà, de ces patrons, pardon,
24:58 c'est qu'on a fait quelque chose.
25:00 C'est quand même des douleurs, si on peut en parler deux secondes.
25:03 C'est quand même des douleurs qui sont tellement invalidantes
25:06 qu'on ne peut pas, du coup, aller au travail.
25:08 On ne peut pas avoir des relations sexuelles normales.
25:10 On ne peut pas avoir des relations amicales normales.
25:13 C'est la première cause d'infertilité en France.
25:16 Enfin bon, et après, il y a tout un tas de choses
25:18 qui rayonnent sur différents types de cancers.
25:20 Si les hommes, ils avaient mal une fois par mois
25:24 au point qu'ils ne peuvent pas sortir de leur lit,
25:26 je pense qu'on aurait trouvé une solution.
25:28 No comment !
25:30 Une deuxième photo, il s'agit de Clarisse Akbenienu,
25:34 qui est une très grande championne de judo,
25:36 qui en plus de ses exploits sportifs a fait parler d'elle
25:38 en amenant sa fille à ses entraînements pour l'âle l'été.
25:41 Elle a voulu envoyer un message aux mamans et aux papas,
25:43 leur montrant que c'était possible d'allier carrière,
25:46 carrière sportive et parentalité.
25:48 Qu'en pensez-vous ?
25:49 Est-ce que vous trouvez que c'est toujours difficile
25:52 de concilier les deux ?
25:54 Et quelle est la raison d'envoyer ce genre de message ?
25:56 Alors, c'est beaucoup de questions.
25:59 Je dirais que moi, quand j'ai accouché,
26:02 trois mois plus tard aussi, j'étais sur la route avec le bébé.
26:05 Je l'ai amené jusqu'à ses 11 mois, et j'ai allaité aussi,
26:08 pareil, jusqu'à ses 12 mois.
26:10 Parce que je voulais allaiter,
26:12 c'était la condition aussi pour que je reprenne la route,
26:14 c'était que je puisse être là pour mon enfant,
26:18 et en même temps, c'était mon travail.
26:20 Avec le recul, je ne sais pas si j'ai bien pu profiter
26:25 le début de cette maternité.
26:29 Je ne sais pas, c'était très compliqué,
26:36 et à la fois, j'étais contente d'avoir le bébé avec moi.
26:38 Je pense qu'elle a, quelque part, raison de dire
26:41 que la vie continue, en fait.
26:43 Et en même temps, je pense que les femmes
26:45 qui ne se sentent pas de le faire,
26:47 elles devraient aussi pouvoir ne pas se sentir coupables.
26:50 Si elles peuvent faire une pause,
26:52 en vérité, je crois qu'à refaire, moi, je ne leur ferai pas.
26:55 Une dernière question qui est en lien avec ce lieu,
26:57 le lieu dans lequel nous sommes.
26:59 Nous sommes entourés de quatre statues,
27:01 chacune représentant une vertu.
27:03 Il y a la sagesse, la prudence, la justice et l'éloquence.
27:06 Est-ce qu'il y a une de ces vertus qui vous parle en particulier,
27:08 ou une autre qui n'est pas ici,
27:10 mais dont vous auriez envie de dire deux mots ?
27:12 La sagesse, la justice, l'éloquence.
27:14 Et la prudence.
27:17 Par effet, je dirais la sagesse.
27:19 Mais on se serait vu il y a quelques années,
27:21 j'aurais dit la justice.
27:23 On s'arrêtera sur ces deux mots, un peu des deux.
27:25 Merci, Imani, d'avoir été notre invitée dans Un Monde à Regard.
27:27 Merci beaucoup à vous de nous avoir suivis.
27:29 Comme chaque semaine, l'émission, vous pouvez évidemment retrouver
27:31 en podcast.
27:33 N'oubliez pas.
27:35 À très vite sur Public Sénat. Merci.
27:37 (musique)