Gabriel Donzelli est ce matin l'invité de Mathilde Serrell pour son premier seul en scène « C’est bientôt fini ».
Retrouvez Nouvelles têtes présenté par Mathilde Serrell sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes
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00:00 9h50, place aux nouvelles têtes Mathilde, avec vous est ce matin un garçon qui est
00:05 enfin devenu le scénariste de sa vie.
00:08 Gabriel Donzelli est dans notre studio.
00:10 Portrait sonore !
00:11 Il a passé sa petite enfance à l'hôpital.
00:17 A un an, lui diagnostique une tumeur au cerveau.
00:20 Ses contacts avec ses parents se font à travers une combinaison de cosmonautes et son contact
00:25 avec le monde à travers un écran.
00:27 Les temps modernes de Charlie Chaplin, la nouvelle comédie américaine avec Will Ferrell,
00:50 notamment Step Brother, frangin malgré eux.
00:53 Les grimaceries de Jim Carrey et les Tex Avery sont ses meilleurs amis.
00:56 Ses années de combat contre la maladie, sa mère Valérie Donzelli les porte au cinéma
01:00 en 2011, son premier rôle, tandis qu'il en découvre un autre dans la vraie vie.
01:04 Avoir un handicap au collège, une paralysie du côté droit et d'autres séquelles qui
01:12 suffisent à payer le prix d'être différent.
01:14 A 21 ans, il entre sur la scène de son propre spectacle en faisant des pompes au son de
01:32 « Ennologie », ce tube qu'il écoutait avec ses parents en allant à l'hôpital.
01:36 Le temps est venu de raconter enfin son histoire à la première personne et de dire adieu
01:40 à cette saloperie qui porte bien son nom, Tumeur.
01:43 Gabrielle Donzelli, bonjour !
01:45 - Bonjour !
01:46 - Et bravo, la salle se remplit un peu plus chaque mardi soir.
01:50 Encore plus ce soir, j'imagine, c'est ta panne.
01:52 - Oui, on espère !
01:53 - Au petit Palais des Glaces, on est 80 dans la salle, on est très proche de vous, vous
01:58 serez bientôt à la Scala en 2024.
02:00 Pour vous, on parlait de Cosmote, c'est lunaire comme expérience ?
02:03 - C'est complètement lunaire, c'est un truc de fou.
02:06 Déjà, merci pour ce magnifique portrait sonore qui me définit très bien.
02:09 - C'est carré.
02:10 - C'est très carré, c'est complètement carré.
02:13 Je suis un peu ému.
02:14 Déjà, c'est lunaire pour moi d'être ici, c'est-à-dire qu'on est avant Ali Rebeihi,
02:19 il est 9h50, pour moi, je viens de finir mes ChocoPop et j'ai cours de maths en 316,
02:24 vraiment c'est complètement fou.
02:25 J'ai écouté toute mon enfance à la matinale, donc c'est un truc de malade.
02:29 Je suis très amusé d'être là.
02:30 - On vous empoche pour le biopic ?
02:32 - Avec grand plaisir, Laurent, on fait ça comme vous voulez.
02:35 Un biopic, on a plein de titres possibles, mais c'est complètement lunaire, c'est complètement
02:39 fou.
02:40 Les planètes s'alignent et je suis sur un nuage énorme de bonheur.
02:44 - Et vous pensez que les spectateurs s'attendent à voir quoi ?
02:47 - Je ne sais pas.
02:49 Déjà, j'espère que certains se disent "bon, on va passer une bonne soirée, on va voir
02:54 Don Zéli, ça va être sympa".
02:55 - Don Zéli qui a eu un concert à un an, je me souviens bien.
02:58 - Oui, alors c'est ce que je me dis, c'est qu'en ce moment, quand on voit l'actualité,
03:00 quand on voit tout ce qui se passe, que tout n'est pas tout rose, je me demande si quand
03:05 ils lisent le Synopsys, ils ne se disent pas "bon, qu'est-ce que ça va donner ?"
03:09 Et en même temps, c'est mon but, le but du spectacle n'a jamais été d'être larmoyant
03:15 ou d'être plaintif, au contraire, l'idée c'est de rire de quelque chose qui a plutôt
03:19 été tragique et de finalement voir le côté positif des choses.
03:24 C'est plus un cri de besoin de vie et une ode à la joie et au bonheur finalement, parce
03:31 que ce n'est pas triste.
03:32 - Ça a été dur, mais jamais triste.
03:33 - Exactement.
03:34 - Disiez-vous à propos de ces années, jusqu'à vos 5 ans déjà, vous êtes hospitalisée,
03:39 vous êtes tout juste maintenant diplômée d'une école de cinéma avec votre co-auteur
03:42 Timothée Fiorini et vous avez choisi dans un premier temps le seul en scène pour raconter
03:46 votre histoire où vous interprétez tous les personnages.
03:49 Vous vous transformez en cartoon.
03:51 - C'est un peu ça.
03:52 - Vous écoutez Tex Avery.
03:53 - Exactement, j'ai grandi avec Tex Avery et Jim Carrey, c'est marrant, ce masque, splendide,
03:57 c'est moi, enfin c'est pas moi, la prétention absolue.
04:00 - Splendide.
04:01 - Mais c'est vrai que j'ai besoin d'incarner, pour moi c'est ce qu'il y a de magnifique
04:04 avec la scène, c'est qu'on est en toute liberté et en toute expression, enfin en
04:12 expression totale, c'est-à-dire que je peux me permettre justement de jouer ma mère,
04:16 de jouer les meurs amis, de jouer en fait tout ce qui est beau.
04:18 Moi j'ai été éduquée aussi par plein de gens qui ont justement expérimenté cette
04:24 idée-là de la scène, comme Guillaume Gallienne avec son spectacle et son film.
04:28 Je sais qu'il y a quelque chose qui me touche dans l'idée de rétrospective personnelle
04:32 où on voit quelqu'un incarné et en fait on voit finalement les personnages.
04:37 - Et on voit comment vous voyez aussi ces acteurs, ces personnages de votre vie, votre
04:42 père, votre mère.
04:43 Anto, c'est le nom que vous avez donné à ce meilleur ami générique, votre scène
04:47 de rencontre, elle est géniale, il vous propose des M&M's, bon ça donne le cancer, donc
04:51 vous le dites, j'en ai eu un, il vous dit, il procède un faux, mais pourquoi t'en
04:55 prends pas du coup ? Première rencontre et meilleur ami pour la vie.
05:01 - Exactement, mais c'est marrant parce que c'est pour moi ce qui pourrait représenter
05:04 l'amitié, c'est qu'on a essayé de parler de moments de vie forts et donc de représenter
05:08 certaines entités et pour moi l'entité de l'amitié elle passe aussi par, elle
05:13 est venue tard mais elle est quand même venue au lycée donc il y a une période aussi
05:16 de naïveté, de moments où on est quand même assez candide et tout ça et donc pour
05:20 moi ça passait aussi par la bienveillance dû justement un peu à l'ignorance.
05:25 Pour moi c'est un personnage qui est pas… - Qui est un peu conco.
05:26 - Voilà exactement, mais du coup il est gentil parce qu'il cherche pas, voilà, il se
05:31 dit bon… - Moi je sais qu'un jour j'ai montré à
05:32 mon petit frère que j'avais un deuxième nombril parce que j'ai une petite cicatrice,
05:35 il m'a dit "mais comment tu fais, moi j'y arrive pas" ça m'a touché parce
05:38 que je me suis dit le mec est bienveillant quoi.
05:40 - Et il y a un autre personnage très important dans ce spectacle, Gabriel Danzeli, c'est
05:43 le scénariste de votre vie.
05:44 - Absolument.
05:45 - Vous parliez de lui.
05:46 - Pas trop à raconter non plus mais… - Un mot sur lui quand même.
05:48 - On peut en parler, c'est pareil.
05:49 - Il a un peu de traviole.
05:50 - Il a complètement de traviole comme mon visage.
05:51 - Il a foiré son scénario, il a trop dosé.
05:54 - Le principe est de dire que de toute façon ça n'a jamais été… enfin on ne sait
06:00 pas comment ça est arrivé, c'est arrivé un peu comme un cheveu sur la soupe, c'est
06:03 assez fou de se dire que ce mec a eu ce cancer-là à un an, c'est complètement dingue et personne
06:07 n'a jamais eu de raison.
06:08 Donc pour moi je me suis dit que ce serait génial que la raison soit celle d'une faute
06:11 d'un scénariste.
06:12 Je me suis dit qu'est-ce que serait l'idée de penser au scénariste de nos vies un peu
06:17 comme la manière de vice-versa, penser à quelqu'un qui nous dirige, qui nous contrôle
06:21 ou qui a du moins écrit notre vie.
06:22 Comme un film avec Will Ferrell d'ailleurs où il est le héros d'un roman, c'est
06:25 marrant.
06:26 Bon après lui le scénariste c'est Dustin Hoffman donc c'est un peu…
06:28 - Oui oui, vous pouvez vous comparer, pourquoi pas.
06:30 - En tout cas pareil, ce personnage un peu naïf et maladroit.
06:33 - Et un mot évidemment sur le sexe.
06:36 Vous en parlez énormément dans ce spectacle.
06:39 Peut-être qu'on s'attend le moins à entendre.
06:41 - Oui, mais alors vous verrez à quel point je parle d'une fête de ne pas faire le sexe.
06:46 - Oui, parfait.
06:47 - Plus que de le faire.
06:48 - Vous êtes le maire de la friendzone, j'aime beaucoup cet exprès.
06:51 - Le maire d'une petite contrée.
06:53 - Qui se trouve tout au bout de l'autoroute du désert sexuel.
06:56 - De la misère sexuelle.
06:58 Le périph' de la misère sexuelle mène au village de la friendzone et j'en suis
07:03 le maire.
07:04 Il faut bien que ça nous apporte des choses de temps en temps.
07:07 - Gabriel Dozely, pardon, on est obligé de s'arrêter.
07:11 J'espère que tout le monde va aller vous voir sur scène.
07:12 C'est la minute d'antenne finale, vous avez sujet libre.
07:15 - Je me suis dit que j'allais faire un dessin et je me suis rappelé qu'on était à la radio.
07:28 Comme vous venez de l'entendre, que j'allais commencer par une blague qui se trouve être
07:31 un peu ratée.
07:32 Parce que le premier truc que je me suis dit c'est si on te donne la parole, sois drôle.
07:35 Je ne sais pas quoi faire d'autre.
07:37 J'aurais fait des vannes par politesse envers vous.
07:39 Mon histoire c'est celle de quelqu'un qui apprend à parler.
07:41 Un mec qui n'a jamais trouvé son langage.
07:43 Même quand il pouvait, il ne trouvait pas les mots.
07:45 Jamais les mêmes que les autres.
07:47 Jamais au bon moment.
07:48 Pourtant là je suis au micro de la première radio de France, il y a presque 2 millions
07:51 de personnes qui m'écoutent et je ne sais pas comment la commencer, je ne sais pas comment
07:53 commencer.
07:54 Là face à ce micro c'est dans ma tête que tout est blanc.
07:57 Il n'y a rien.
07:58 Il y a de l'écho.
07:59 L'écho de ma voix qui me dit que je ne sais pas quoi dire.
08:04 Et puis c'est dur d'être drôle sur public.
08:07 Le public c'est avec lui que je peux parler.
08:09 C'est avec lui que j'ai des trucs à dire.
08:11 C'est avec lui que j'ai trouvé mon langage.
08:12 Je crois qu'ils m'ont sauvé.
08:14 Dans cette espèce de déclaration d'amour mutuelle et inconsciente où je veux juste
08:18 leur dire à quel point c'est fou de pouvoir leur parler.
08:19 Et je les fais rire, c'est dur, les niveaux de folie.
08:22 Mais du coup s'il n'y a plus de public, je ne crois pas avoir besoin de dire un max
08:25 de trucs.
08:26 J'attends le prochain rendez-vous.
08:27 La prochaine date pour les checker une nouvelle fois.
08:30 Parce que maintenant j'ai quelqu'un avec qui parler et ça ne va pas s'arrêter.
08:34 Parce que c'est le début du début.
08:35 Et sinon pour commencer, je pourrais juste dire merci.
08:40 C'est un peu maladroit.
08:42 Mais souvent la maladresse, c'est drôle.
08:45 - C'est drôle.
08:46 Merci Gabriel Donzelli.
08:47 - Merci beaucoup.
08:48 - C'est bientôt fini.
08:49 Et ce n'est pas bientôt fini pour vous.
08:50 C'est le spectacle que vous jouez tous les mardis soirs à Paris au Petit Palais des
08:54 Glaces et puis en 2024 à l'Ascala.
08:56 Bonne route.
08:57 - Merci Mathilde.