Le film donne la parole aux proches de la jeune femme tuée en 2017 par son mari Jonathann Daval
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00:00 Votre invité Média, Céline Ballester-Court, signe un documentaire en quatre parties pour
00:04 Canal+ sur l'affaire Daval.
00:06 A l'occasion demain de la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard
00:11 des femmes, ce film retrace le meurtre d'Alexia par son mari Jonathan en 2017.
00:15 Il s'appuie sur les témoignages de la famille de la jeune femme.
00:18 Bonjour Thomas Chagnot.
00:19 Les médias n'ont rien raté de cette terrible histoire.
00:23 La disparition d'Alexia, la découverte de son corps brûlé, les larmes de son mari,
00:27 puis ses aveux, ses accusations contre son beau-frère, puis ses aveux à nouveau, sa
00:31 condamnation à 25 ans de réclusion.
00:33 On a l'impression de tout savoir.
00:34 Pourquoi avoir voulu revenir sur cette affaire, cette fois via ce documentaire alors que vous
00:38 avez déjà écrit un livre avec les parents d'Alexia ?
00:41 J'ai voulu montrer ce qu'il y avait derrière un fait divers, ce qu'on appelle un fait
00:45 divers.
00:46 On appelle ça souvent comme un fait secondaire.
00:48 J'ai montré que derrière ça, je voulais montrer que derrière ça, il y a une famille,
00:51 il y a une victime d'abord, il y a des parents et il y a toute une famille qui est détruite.
00:55 J'ai voulu placer le téléspectateur sur le canapé à côté de cette famille.
01:00 J'ai voulu leur montrer à chacun d'entre nous ce que c'est qu'un féminicide, ce
01:03 que c'est que la réalité d'un féminicide, d'un drame.
01:06 Et d'un drame qui en plus, comme vous le dites, comme celui-ci, a duré trois ans et
01:10 pour eux dure encore.
01:11 La maman d'Alexia, Isabelle Fouillot, vous a expliqué pourquoi elle avait accepté de
01:14 témoigner dans ce film.
01:15 On l'écoute.
01:16 Alexia, en 2017, c'était la 147ème.
01:20 C'est un numéro.
01:22 La 146ème, c'était qui ? La 148ème, c'était qui ? Alexia, je voudrais qu'on ne l'oublie
01:33 pas et je voudrais aussi qu'on n'oublie pas toutes ces victimes.
01:37 Ces jeunes filles, on n'a aucun nom, on ne les connaît pas alors qu'elles ont eu une
01:44 vie.
01:45 Et moi, j'ai besoin de parler d'Alexia pour la faire exister, qu'elle ne soit pas morte
01:56 pour rien.
01:57 C'est vraiment poignant ce témoignage de la maman d'Alexia.
02:00 Ça lui a fait du bien finalement de parler de sa fille.
02:03 J'imagine que c'était très douloureux ces heures de témoignage mais du bien aussi
02:06 quand même.
02:07 C'est le fruit de trois ans de travail.
02:09 On a écrit un livre ensemble et puis on a fait ce documentaire.
02:12 J'ai fait ce documentaire, ils l'ont accepté pour moi et aussi pour ce que vous dites.
02:15 Ils ont eu envie de raconter Alexia pour la raconter elle, pour la faire exister comme
02:21 elle le dit, mais aussi pour montrer ce que c'est la réalité d'un féminicide.
02:26 Et pour aussi dire, eux, leur drame a été extrêmement médiatisé.
02:30 Alexia, on la connaît, elle a eu un rôle y compris pour nous parce que c'est à partir
02:35 d'Alexia qu'on parle de féminicide.
02:36 Ça a été le premier meurtre de femme qualifié de féminicide en France.
02:40 Et qu'on décompte officiellement.
02:41 Exactement.
02:42 C'est à partir d'elle qu'on décompte et qu'on publie en tout cas ce décompte depuis
02:45 Alexia.
02:46 Et donc il y a une force symbolique.
02:47 Et la puissance d'Isabelle quand elle raconte, quand elle exprime ce qu'on vient d'entendre,
02:53 elle donne une portée au drame de sa fille qui est extraordinaire.
02:57 Et elle nous interroge tous sur la violence masculine.
03:01 Sur ce dire, mais comment est-ce que tout ça est possible ?
03:04 Ce que vous vouliez donc c'est raconter l'histoire par le prisme des parents.
03:08 Il n'y a pas par exemple le témoignage de la maman de Jonathan Daval.
03:14 La psychologie du tueur, ça ce n'est pas votre sujet.
03:17 Si, la psychologie du tueur je l'ai et je la raconte par le biais de ce que ses parents
03:22 et de cette famille ont vécu tout au long de ce drame.
03:25 C'est eux qui ont vécu avec leur meurtrier.
03:28 Ils ont vécu avec Jonathan pendant 10 ans avant qu'il tue Alexia.
03:31 Ils ont vécu pendant 3 mois après qu'il ait tué Alexia.
03:34 Il est venu vivre chez eux.
03:35 Et donc la psychologie du personnage, la manipulation qu'il a eu à l'égard de toute cette famille
03:41 et principalement des parents, elle est je crois extrêmement démontrée.
03:44 C'est évident que mon point de vue c'était de montrer, de donner la parole aux familles.
03:50 J'en ai assez que les faits divers s'intéressent exclusivement aux tueurs.
03:55 Derrière les tueurs, il y a des familles, il y a des victimes et c'est ça qui m'importe.
03:59 Je ne peux pas mettre au même niveau les parents d'Alexia et les parents de Jonathan Daval.
04:04 Vous les connaissez très bien maintenant les parents et puis la sœur, le beau-frère d'Alexia.
04:09 Est-ce que vous arrivez à comprendre, vu ce qu'ils sont, ils sont d'une gentillesse absolue,
04:14 ça se voit dans leurs témoignages, ils ont le cœur sur la main.
04:17 Est-ce que vous arrivez à comprendre que Jonathan Daval ait pu les manipuler aussi longtemps ?
04:22 Oui, parce qu'ils sont ce qu'ils sont.
04:24 C'est-à-dire qu'ils sont généreux, ils sont ouverts.
04:28 C'est-à-dire que quand ils vous reçoivent, ils vous reçoivent immédiatement comme des amis.
04:32 Ils ne se protègent jamais.
04:34 Avec Jonathan Daval, ils ne se sont pas protégés, d'autant plus qu'il n'y avait pas de raison de se protéger
04:38 parce qu'il a tout fait pour être accepté.
04:40 Il a tout fait pour être le gendre idéal et il a été le gendre idéal.
04:44 Donc, quand il y a eu ce drame, personne n'a pu imaginer ça.
04:49 Et ce que je montre, je crois bien dans la série, c'est que il y a ce rapport à la vérité.
04:54 Il est différencié entre les parents, la famille qui est très proche de lui et qui ne voit pas
04:59 et qui ne comprend pas, y compris quand il est arrêté.
05:01 Quand il est arrêté, les gendarmes viennent voir Isabelle pour lui dire
05:04 "on va arrêter Jonathan ce matin".
05:06 Ils disent "mais vous êtes malade, vous êtes en train de refaire l'affaire Grégory".
05:09 Donc, elles ne peuvent pas l'accepter parce que c'est leur fils.
05:12 C'est leur gendre, mais c'est leur fils.
05:14 Et donc, c'est impossible pour eux d'imaginer que leur fils ait tué leur fille.
05:18 Et donc, voilà, c'est ça qui est extraordinaire là aussi dans ce drame, dans cette affaire.
05:24 - Et ce qui est très présent dans votre documentaire, Thomas Chagnon,
05:26 c'est aussi le rôle qu'ont joué les médias.
05:28 Il y a eu un déferlement de journalistes dès le départ.
05:30 Comment les proches d'Alexia ont vécu ça ?
05:33 - Ils l'ont vécu, ils l'ont subi.
05:35 Ils l'ont d'abord accepté.
05:36 - Et s'en sont aussi servis ?
05:38 - Ils l'ont accepté au départ quand on était dans la recherche du corps.
05:41 Quand ils ont vu les premiers médias arriver, ils ont été satisfaits,
05:44 comme d'ailleurs tout le monde était mobilisé pour retrouver Alexia.
05:47 Ils se sont dit "ça va nous aider à la retrouver"
05:48 parce qu'ils pensaient qu'elle était kidnappée, qu'elle était quelque part.
05:51 Et puis après, il y a eu immédiatement une présence médiatique extrêmement forte
05:55 parce que cette affaire nous ressemble, cette famille nous ressemble.
05:59 Ce drame de joggeuse est un drame qui forcément intéresse tout le monde
06:02 parce que ça fait peur.
06:03 Et donc il y a eu un intérêt médiatique très fort.
06:06 Ils l'ont vécu comme un poids supplémentaire.
06:09 Ça a été vraiment, évidemment, extrêmement difficile d'apprendre
06:12 dans chacun des médias ce qui allait leur arriver
06:15 ou ce qui venait de leur arriver.
06:17 De l'autopsie jusqu'à leur accusation, ils l'auront appris dans les médias.
06:20 - Mais après, comme je le disais, ils ont utilisé les médias
06:23 pour rétablir des vérités, pour réhabiliter leur fille
06:27 parce que l'avocat de Jonathan Daval disait des choses pas très agréables sur elle.
06:31 - Il faut se souvenir de ça.
06:32 C'est-à-dire que pendant quatre mois, les parents, la famille,
06:35 n'ont absolument pas pris la parole.
06:37 Ils ont pris la parole à partir du moment où l'avocat de Jonathan Daval
06:40 a expliqué devant les médias de la France entière
06:42 et sur tous les plateaux de télévision et de radio
06:45 que le violent des deux n'était pas celui qu'on croyait
06:48 et que c'était Alexia la violente
06:50 et que donc elle était dans une certaine mesure
06:52 un peu responsable de ce qui lui était arrivé.
06:53 Évidemment, c'était odieux pour tout le monde,
06:55 c'était odieux pour les parents qui se sont dit
06:58 "on doit prendre la parole".
06:59 Il y a eu la défense de Marlène Schiappa à l'époque
07:01 et c'est cette défense-là qui leur a fait prendre conscience
07:03 qu'ils pouvaient eux aussi prendre la parole pour défendre leur fille
07:07 et ça a donné lieu à la première interview par Ruth Elkrief
07:09 et puis après, évidemment, d'autres qui ont suivi.
07:12 - Merci beaucoup Thomas Chagnot d'être venu sur France Info.
07:14 - Merci beaucoup.
07:15 - Céline Baydar, courant Alexia, autopsie d'un féminicide.
07:18 Quatre épisodes à découvrir à partir de demain sur la plateforme MyCanal
07:21 et dimanche soir sur Canal+ Doc.