• l’année dernière
L’ancien animateur de « Motus » joue son propre rôle dans la fiction de France 2 « Je suis né à 17 ans » adaptée de son autobiographie sur son enfance battue

Category

🗞
News
Transcription
00:00 *Musique*
00:04 Et votre invité média, Céline Baydarkour, a passé 30 ans à animer le jeu culte "Motus".
00:09 Il est aujourd'hui comédien, à l'affiche d'un téléfilm demain soir, adapté de son autobiographie.
00:14 Bonjour Thierry Bécaro.
00:15 Bonjour Céline.
00:16 "Je suis né à 17 ans", c'était le titre de votre livre paru en 2018, dans lequel vous réveilliez votre passé d'enfant battu par votre père.
00:23 Et c'est aussi le nom de la fiction que va diffuser France 2.
00:26 Vous avez fait des aller-retours entre hier et aujourd'hui, entre votre enfance et votre vie actuelle.
00:30 Le point de départ du film, c'est la fin de vie de votre papa.
00:34 Il est à l'hôpital, il va mourir et là, il y a tout votre passé qui remonte à la surface.
00:38 C'est vraiment ce qui vous est arrivé ?
00:40 C'est exactement ce qui m'est arrivé pendant 30 ans, ou un jour, enfin il n'y a pas très très longtemps,
00:48 quelqu'un m'a dit "Mais est-ce que tu te rends compte que tu as présenté un jeu qui s'appelait "Motus" ?"
00:54 Le silence ?
00:55 Le silence.
00:56 Et j'en ai eu des fristons parce que pendant que je faisais tout ça, France Télévisions, "Motus", "Télématins" et le reste,
01:05 j'avais mis tout ce passé de côté.
01:09 J'ai été, je pense, un des animateurs les plus discrets du paysage audiovisuel français.
01:15 Donc je pensais que l'intérêt c'était d'être efficace devant une caméra, derrière un micro ou sur une scène de théâtre.
01:22 Mais jamais je ne voulais raconter ma vie parce que pour moi, ça n'intéressait personne.
01:30 Et vous voyez que c'est le contraire qui s'est passé puisque votre livre s'est extrêmement bien vendu,
01:34 il y a eu un accueil formidable, une grande bienveillance et tout de suite après, on vous a proposé d'en faire une fiction.
01:40 C'est incroyable. Je le dis régulièrement mais c'est comme si j'avais reçu 17 ans d'amour que je n'avais pas reçu.
01:48 J'ai eu tellement peur d'écrire ce livre parce que j'étais, comme je vous le disais, très discret.
01:55 Et quand on m'a dit "raconte ton histoire", j'ai dit "vous voulez que je raconte mon histoire ?
02:00 Alors d'accord, mais je vais la raconter dans son entièreté".
02:03 Alors il y a plusieurs de mes proches, plusieurs de celles et ceux avec qui je travaillais à France Télévisions et ailleurs,
02:10 qui sont un peu tombés de l'armoire.
02:13 Ils avaient qu'à descendre un peu plus tôt mais ça a été vraiment une surprise.
02:19 Et ça a été ce que me disait mon éditeur, il me dit "Thierry, fais-nous confiance, tu vas aider un maximum de personnes".
02:29 Parce que le problème Céline, pourquoi j'avais peur et pourquoi je pensais que c'était inintéressant ?
02:35 Parce qu'on se croit toujours seul à vivre ce qu'on vit.
02:40 Et on se dit "je ne vais pas aller embêter le voisin avec mes histoires, je vais garder ça pour moi dans mon intimité".
02:46 Et vous savez aujourd'hui Thierry Beccaro que ce n'est pas le cas et qu'avec ce film vous allez aider encore d'autres enfants ou de jeunes adultes qui n'ont jamais parlé ?
02:54 Ou de vieux adultes ?
02:55 C'est formidable ce que vous dites parce que le film a été projeté sur l'ARTBF
03:01 et j'ai déjà reçu tellement de messages d'hommes, de femmes qui me disent "vous racontez mon histoire".
03:10 Mais comment j'aurais pu imaginer que ces gens-là se retrouvent ?
03:14 Alors ce n'est pas forcément le même malheur mais c'est souvent une douleur ou la même douleur.
03:20 Et pouvoir permettre aux gens de se libérer, de dire, de s'exprimer.
03:29 Vous n'imaginez pas à quel point c'est libérateur.
03:32 Vous jouez votre propre rôle dans cette fiction, vous êtes Thierry Beccaro, ça c'était une évidence pour vous ?
03:38 Ah non, non ce n'était pas une évidence.
03:41 Moi j'ai un sac à dos où j'ai trimbalé un échéancier de peur dans tous les domaines.
03:49 Donc moi quand le livre est sorti, je me suis dit "bon ben ça y est, c'est bon, j'ai fait ce que j'avais à faire, ça fait du bien à pas mal de gens".
03:57 Et puis tout à coup on vient me chercher et on me dit "voilà j'ai acheté les droits, j'ai mis une option sur le livre, on va en faire un film".
04:04 Anne Holmès et Carole Lebert, que je remercie bien sûr, tenaient à ce qu'on fasse un film à l'occasion des droits internationaux de l'enfant.
04:13 Et je me suis retrouvé... Mais au début je proposais d'autres noms.
04:19 Encore une fois vous ne vous mettiez pas en avant quoi.
04:21 Oui je me suis dit "ouais mais peut-être que..." et puis on m'a dit "mais non, t'as passé 35 ans à France Télévisions, c'est ton histoire, c'est toi qui dois la raconter".
04:33 Avec Muriel Combeau, avec Anne Loiret, Elsa Lunghini qui fait ma femme, Moïse Santamaria, Manon Lereux, les comédiens voulaient tous faire partie de cette aventure.
04:47 Voilà, être dans cette histoire et faire passer, elles et eux aussi, le message pour l'enfance.
04:55 Mais ça n'a pas été un tournage trop douloureux pour vous de revivre tout ça ?
05:00 Non, pour moi ça n'a pas été trop douloureux parce que je connais l'histoire, j'ai envie de dire je l'ai expiée.
05:06 J'ai été sur le divan pendant pas mal d'années, j'ai fait une longue analyse, mais je dis ça avec un petit sourire un peu malin, c'est pour les autres que c'était difficile.
05:16 Pour les cadreurs, pour le réalisateur, pour tous ceux qui étaient autour de moi, qui ne connaissent pas ce que ça implique, ce que ça entraîne,
05:26 les gifles, les coups, la maltraitance psychologique, tout ce que ça vous empêche de faire.
05:32 Pendant des années, je n'ai pas voyagé, j'avais du mal en société, j'ai eu du mal à dire "je t'aime", mais c'est ça qui est terrible.
05:44 Je voulais montrer à tous ces gens qui m'entouraient, voilà ce que c'est que la spasmophilie,
05:50 voilà ce que c'est quand on est coincé les mains sur un volant, voilà ce que c'est quand on ne peut pas prendre l'avion.
05:55 C'est ça qui doit parler aux gens, et je suis sûr que certains vont se reconnaître demain soir dans le propos que je présente.
06:04 C'est aussi un grand message d'espoir, parce qu'aujourd'hui, vous n'allez peut-être pas complètement bien, c'est à vous de nous le dire,
06:10 mais en tout cas, vous avez expié tout ça, vous avez même pardonné à votre papa. Est-ce que vous pouvez dire "j'ai réussi ma vie" ?
06:19 - Alors ça, c'est le genre de question, Céline... - Allongez-vous Thierry !
06:24 - Oui, je pense que c'est ça qui a été intéressant pour celles et ceux qui m'ont lu ou qui verront le film.
06:31 C'est ça que je veux leur dire, c'est qu'il y a du soleil au-dessus des nuages.
06:35 Il faut être courageux, il faut travailler, et il ne faut surtout pas rester sur l'aigreur, l'amertume, l'idée de revanche,
06:47 parce que sinon vous n'avancez pas.
06:49 Sinon vous ne pouvez pas faire le pas en avant qui va vous permettre de vous retrouver un jour devant Céline Baïdar.
06:56 - On va s'arrêter là-dessus, ça me va très bien. Merci infiniment Thierry Bécaro, et à demain soir sur France 2.

Recommandations