"Thomas Pesquet, objectif Terre" sur France 2 : de l’infiniment grand à l’infiniment petit

  • l’année dernière
Vincent Perazio, coréalisateur du documentaire "Thomas Pesquet, objectif France" sur France 2 est l'invité d'info médias, lundi 24 avril. Dans ce film, l’astronaute français va voir de près les phénomènes qu’il a constatés depuis l’espace.

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Transcript
00:00 Bonjour Céline Bahid-Arcourt, votre invité média est réalisateur, documentariste, il
00:06 co-signe un film qui sera diffusé demain soir sur France 2, ça s'intitule Thomas
00:10 Pesquet, Objectif France, film qui s'appuie sur les dizaines de milliers de photos prises
00:17 par l'astronaute depuis l'espace.
00:19 Bonjour Vincent Pérazzio, il en a pris exactement 245 000 des photos Thomas Pesquet lors de
00:24 ses deux missions qui ont duré au total plus d'un an.
00:27 Et parmi ces photos, votre film s'arrête sur celle de la France.
00:30 Thomas Pesquet est allé voir si ce qu'il avait constaté d'en haut correspondait à
00:34 ce qui se passait en bas.
00:35 On écoute un extrait.
00:36 Depuis l'espace, Thomas Pesquet a vu et ressenti ce que l'on ne peut ni voir ni ressentir.
00:43 Tout est lié, imbriqué.
00:47 Il n'y a rien qui ne dépend pas du reste.
00:51 Et sur notre territoire, au sommet de la canopée, au fond des crevasses, au cœur des champs
01:10 de sa famille.
01:11 Ton grand-père, papa, disait un vinasse dans deux arrosages.
01:14 C'est vrai ? Oui, c'est vrai.
01:16 Thomas fait donc ce lien, tisse les connexions entre le global et le local.
01:21 Entre l'infiniment grand et le tout petit.
01:28 Sous ses yeux, la Terre et la France apparaissent alors différemment.
01:36 Comment est né ce projet, Vincent Pérazzio ?
01:39 Ce projet est né il y a longtemps.
01:43 On avait déjà travaillé avec deux films avec Thomas.
01:46 On s'était dit que ça serait bien de faire un nouveau film avec sa dernière mission.
01:50 On ne savait pas trop quoi faire.
01:51 J'avais été marqué par quelque chose quand j'avais travaillé sur ses précédents
01:55 films.
01:56 C'est ce qu'est le regard d'un astronaute.
02:00 Je suis devenu fasciné par ça.
02:02 C'est-à-dire que ce sont les seules personnes, quand on y réfléchit, dans l'histoire de
02:07 l'humanité à avoir vu la Terre comme un tout, comme une globalité, qui flotte dans
02:12 l'espace.
02:13 Je me suis dit que ça doit être absolument une sidération pour ces gens-là.
02:16 On a pensé à Thomas Pesquet, on réfléchissait là-dessus et on s'est dit qu'il y a quelque
02:21 chose d'assez simple à faire.
02:23 En plus, lui, il aime médiatiser ça.
02:24 Il fait beaucoup de photos par rapport à sa première mission.
02:27 Il est quand même en relation beaucoup avec son public.
02:29 Donc on s'est dit que c'est quelque chose qu'on va lui proposer au retour de sa deuxième
02:33 mission.
02:34 - Et finalement, lui, l'astronaute, est pour vous l'un des mieux placés au monde pour
02:38 connaître la Terre et pour la préserver du coup ?
02:40 - Je ne sais pas si c'est l'un des mieux placés en tant qu'expert.
02:45 En tout cas, en termes de ressenti, je trouve que ce sont des gens extraordinaires pour
02:48 ça.
02:49 Je ne parle pas que de Thomas, je parle de ce que moi j'ai l'impression, si vous voulez,
02:54 en ayant rencontré certains.
02:55 C'est-à-dire qu'ils ont quand même vécu des choses que ni vous ni moi ne vivrons jamais,
02:59 ne voyons jamais.
03:00 Je crois beaucoup à la force du ressenti.
03:01 Je crois beaucoup que voir la Terre de ses yeux flottant dans l'espace, ce n'est pas
03:05 tout à fait pareil que de voir une photo.
03:07 Et donc je pense que ces gens-là ont quelque chose à dire, au moins sur cette chose extrêmement
03:12 simple, extrêmement basique, qui est de dire qu'on est sur une même planète, on est tous
03:16 ensemble et on est tous liés et on oublie un peu rapidement au quotidien, j'ai l'impression.
03:20 - Et Thomas Pesquet vous parle d'une sorte de fébrilité qu'il ressent sur Terre depuis
03:25 qu'il est allé dans l'espace.
03:26 Avoir vu notre planète si minuscule finalement dans l'immensité spatiale, ça crée une
03:31 angoisse ?
03:32 - Alors je ne sais pas si ça a créé une angoisse chez lui.
03:35 En tout cas, il y a un effet qui existe, qui est un choc psychologique que j'ai découvert
03:38 qui s'appelle l'« overview effect », la mise à distance, la mise à perspective.
03:42 Ce sont des sortes de chocs que ressentent plus ou moins fortement les astronautes.
03:45 Et qui est évidemment le fait de voir la Terre flottant dans l'espace.
03:49 Alors pour certains, je crois que ça a eu des conséquences qui peuvent entraîner vers
03:52 des dépressions.
03:53 Enfin pour certains, je ne connais pas toute l'histoire.
03:55 Pour Thomas, évidemment, c'était beaucoup plus mesuré.
03:58 Mais c'est clair que c'est un choc.
03:59 Je ne vois pas comment ça peut être autrement que de réagir comme ça.
04:03 - Alors de l'espace, Thomas Pesquet a pu voir le bouleversement climatique.
04:07 Je pense aux éclairs par exemple.
04:10 Une cinquantaine par jour lors de sa première mission.
04:12 Beaucoup plus lors de sa deuxième cinq ans plus tard.
04:15 Ça c'est ce qu'il vous raconte ?
04:17 - Oui c'est ce qu'il raconte.
04:18 Après, dans ce qu'il a vraiment marqué, je crois que c'est les ouragans.
04:21 Voilà, la force, la puissance des ouragans, la quantité des ouragans.
04:25 - Au-dessus des Antilles notamment.
04:27 Ça donne des images sublimes malheureusement.
04:29 - Malheureusement, mais après j'ai envie de dire, c'est aussi la puissance de la nature.
04:32 Ça a toujours été là aussi.
04:33 Donc lui, il a vu des phénomènes se multiplier comme ça.
04:36 Ce qu'il a remarqué aussi entre ces deux missions, c'est la baisse des glaciers, la
04:42 quantité des glaciers.
04:43 Et puis les méga-feux.
04:46 Nous on en a beaucoup parlé, mais lui il l'a vu aussi parce qu'à l'époque, quand
04:49 il était dans sa deuxième mission, il a survolé notamment la Californie et puis le
04:52 Canada.
04:53 Et il racontait qu'il voyait des cendres aller jusque dans l'astratosphère.
04:56 Ce qui doit être assez inquiétant.
04:59 - C'est de la cupola qu'il prenait ces photos.
05:01 Vous pouvez nous décrire cet endroit ?
05:02 - La cupola, c'est le seul endroit dans l'ISS, dans la station spatiale, qui ait une vue
05:08 sur la Terre.
05:09 Il faut imaginer qu'on est dans une immense boîte de conserve, je suppose, avec des câbles
05:12 partout, des ordinateurs.
05:13 Et puis hop, il y a un endroit.
05:14 - Avec une baie vitrée.
05:16 - Voilà, une grande baie vitrée qui permet de voir.
05:18 Les astronautes passent le maximum de temps en dehors de leur temps de mission et de travail.
05:23 Je pense que c'est le poste d'observation le plus extraordinaire qui soit de la Terre,
05:27 en tout cas pour un humain, pour le regarder.
05:29 - On sent que ça vous fascine.
05:30 - Oui, oui, parce que dès qu'on se...
05:33 Encore une fois, quand j'avais commencé à travailler avec Thomas, à l'époque, moi
05:36 je ne connaissais absolument rien au spatial.
05:38 Et moi, ce qui m'a fasciné, c'est que le spatial nous rapproche de la Terre, il nous
05:42 fait nous interroger sur ce que c'est que cette planète et ce que nous sommes dessus.
05:46 C'est évidemment des questions absolument fondamentales, centrales, presque philosophiques
05:50 j'allais dire.
05:51 - Alors on voit Thomas Pesquet sur un glacier dans la jungle, à la ferme familiale.
05:55 Est-ce que ces découvertes terriennes coïncident finalement avec ses visions depuis l'espace ?
06:01 - Je pense que l'idée, c'est comme vous comprenez l'astronaute ayant la vision globale,
06:07 je trouvais intéressant qu'il y ait un échange avec des gens qui ont une connaissance intime
06:11 de certains écosystèmes, de certains lieux, et qu'il y ait un échange qui soit nourri
06:16 entre eux.
06:17 Je trouvais ça assez intéressant.
06:18 Donc ça c'était le but.
06:19 Après, il y avait tout un but narratif aussi, évidemment, de faire redescendre l'astronaute
06:21 d'une façon sur Terre et de le plonger dans un écosystème, dans son moindre détail,
06:26 par exemple dans la forêt guyanaise.
06:27 Donc lui, il s'est prêté au jeu tout de suite parce que c'est quelque chose qui l'intéressait.
06:32 Et puis Thomas aime bien être aussi un peu challenger.
06:34 Donc c'était rigolo de le mettre dans une crevasse, de le mettre au sol de l'arbre.
06:38 Mais lui, il aime bien ça.
06:40 Vous le disiez, c'est la troisième fois que vous collaborez avec Thomas Pesquet.
06:44 Vous vouliez faire une collection, une saga dès le départ ?
06:46 Non, absolument pas.
06:47 C'est projet après projet.
06:49 Il n'y a aucun lien entre les projets.
06:52 C'est fait comme ça.
06:54 Je pense que la première collaboration s'est bien passée.
06:57 Donc quand on lui a proposé des idées suivantes, il était en confiance.
07:02 Mais il n'y a pas d'idée d'une collection.
07:05 Et l'idée d'un quatrième volet ?
07:07 Nous, on y réfléchit.
07:11 On n'en a pas évidemment parlé à Thomas.
07:12 Et puis, pour être tout à fait honnête, on ne sait pas trop comment orienter les choses.
07:16 Il y a plein d'idées.
07:17 Mais voilà, j'espère qu'il y aura une collaboration encore.
07:20 Merci beaucoup d'être venu Vincent Ferradio.
07:22 Merci.
07:23 Et en attendant le quatrième volet, il y a ce documentaire.
07:25 Thomas Pesquet, Objectif France, co-réalisé avec Xavier Lefèvre.
07:28 Ce sera donc demain soir, 21h10 sur France 2.
07:31 Merci Céline Béhilercourt, l'invité Média, en téléchargement avec l'application Radio France.

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