Soir Info (Émission du 23/11/2023)

  • l’année dernière
Julien Pasquet et ses invités débattent des grands thèmes de l'actualité de la journée dans #SoirInfo

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00:00:00 -Bonsoir à tous.
00:00:02 Très heureux de vous retrouver en ce jeudi soir.
00:00:05 C'est le début de "Soir Info" de 22h à minuit.
00:00:07 On vous accompagne pour décrypter et débattre
00:00:10 de tout ce qui fait l'actualité.
00:00:12 Je vous présente les invités du soir.
00:00:14 On salue Maureen Vidal.
00:00:16 Comme chaque soir, bon retour, chère Maureen.
00:00:18 L'essentiel de l'actualité, ce qu'il faut retenir
00:00:21 de ce 23 novembre 2023.
00:00:22 -Bonsoir, Julien. Ravie de vous retrouver.
00:00:25 La trêve entre l'armée israélienne et le Hamas
00:00:28 s'évitera demain matin. Dans la journée,
00:00:30 13 otages seront libérés de Gaza en échange de prisonniers
00:00:33 palestiniens détenus par Israël. Une trêve de 4 jours
00:00:36 obtenue par le Qatar. Au total, 50 otages retenus
00:00:39 par le Hamas seront libérés contre 150 prisonniers palestiniens
00:00:43 en Israël. Alors que se dérouleront demain
00:00:46 les obsèques du jeune Thomas dans la Drôme,
00:00:48 une veillée religieuse s'est déroulée
00:00:51 en l'église de Crépole. Des centaines de fidèles,
00:00:53 d'amis et membres de la famille se sont réunis
00:00:56 pour la mort de Thomas à 16 ans, poignardé mortellement
00:00:59 dans la nuit de samedi à dimanche. 85 élèves ont été exclus
00:01:02 définitivement de leur établissement scolaire
00:01:05 après les incidents qui ont émaillé les hommages en octobre
00:01:09 au professeur Dominique Bernard Thué, à Arras
00:01:11 et à Samuel Paty. Un total de 605 sanctions ont été prises
00:01:15 lors de conseils de discipline, dont 322 exclusions temporaires
00:01:18 et 47 exclusions définitives, avec sursis
00:01:21 selon le ministère de l'Education. Enfin, l'utilisation
00:01:24 de l'essence alimentaire a été prolongée jusqu'à fin 2024.
00:01:27 L'Assemblée nationale a adopté dans l'urgence cette dérogation.
00:01:31 A présent, direction le Sénat pour une confirmation.
00:01:34 Olivier Grégoire, ministre des Petites et Moyennes Entreprises,
00:01:38 a promis une discussion au 1er semestre 2024
00:01:40 pour une réforme plus large du titre "restaurant".
00:01:43 -Voilà pour l'essentiel des titres que nous développerons
00:01:46 ce soir avec mes invités. Merci, chère Maureen.
00:01:49 Bonsoir, chère Léa, géopoliticienne,
00:01:52 enseignante à Sciences Po autour de la table
00:01:54 pour la 1re fois de la saison. Eric Tegner.
00:01:57 -Bonsoir. -On vous retrouve régulièrement.
00:01:59 Directeur de la rédaction de Livre noir.
00:02:02 On verra avec vous, notamment, dans ce terrible sujet,
00:02:05 ce drame à Crépole, un extrait de reportage
00:02:07 que vous avez tourné dans cette cité de la monnaie.
00:02:10 Il y a beaucoup de choses à dire.
00:02:12 Cité dont serait issu le principal suspect
00:02:15 dans le meurtre de Thomas Amori-Bucco.
00:02:17 Bonsoir, chère Amori.
00:02:19 Karim Abrik, évidemment, pour l'actuel international,
00:02:22 notamment. Philippe Guibert, parmi nous.
00:02:24 Bonsoir, Philippe, ancien directeur
00:02:26 du service d'information du gouvernement.
00:02:29 Cela fait 138 jours, presque 5 mois,
00:02:32 que le petit Emile a disparu.
00:02:34 A l'occasion des 3 ans du petit garçon,
00:02:36 ce sera demain, 24 novembre,
00:02:38 ses parents lancent un appel audio poignant ce soir,
00:02:41 sans aucune haine, à celui ou ceux qui savent
00:02:44 ce qui est arrivé à Emile dans l'espoir
00:02:47 de retrouver leur fils.
00:02:49 -Dites-nous où est Emile.
00:02:51 Par pitié, s'il est vivant,
00:02:54 ne nous laissez pas vivre sans lui.
00:02:57 Rendez-le-nous.
00:02:58 Par pitié, s'il est mort,
00:03:00 dites-nous où il se trouve.
00:03:02 Ne nous laissez pas sans une tombe pour nous recueillir.
00:03:05 -Un appel audio terriblement émouvant,
00:03:08 une supplique, une prière qui dure 1 minute 40,
00:03:11 qui est publiée dans le magazine "Famille chrétienne",
00:03:14 que nous entendrons en longueur, juste après la pub.
00:03:17 Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de "Famille chrétienne",
00:03:21 pour comprendre le contexte dans lequel ce message a été passé
00:03:25 par les parents d'Emile qui s'adressent à tous les Français.
00:03:28 On en parle dans une poignée de secondes.
00:03:30 Nous sommes de retour sur le plateau de soir,
00:03:36 à 22h09, précisément,
00:03:37 Tatiana Ronard-Barzac nous a rejoint.
00:03:40 Je leur remercie.
00:03:41 Journaliste politique, Karim Abri, Philippe Guibert,
00:03:44 Léa Landman, Amaury Blucot et Eric Tegner.
00:03:47 Ils ont évoqué ces premiers otages,
00:03:49 13 otages israéliens ou binationaux,
00:03:51 qui seront libérés demain, annoncés par le Qatar.
00:03:54 Mais avant cela, je voudrais qu'on évoque cette vidéo,
00:03:57 cet audio, plutôt, qui est diffusé aujourd'hui,
00:04:00 alors que ce 24 novembre, demain, donc,
00:04:02 marquera le 3e anniversaire de leur fils Emile,
00:04:05 disparu depuis plus de 4 mois au Vernet,
00:04:07 dans les Alpes-de-Haute-Provence.
00:04:09 Marie et Colomban ont enregistré un appel audio inédit
00:04:12 qu'ils ont souhaité confier au magazine "Famille chrétienne",
00:04:16 le plus large possible.
00:04:17 Dans cet enregistrement d'un peu plus d'une minute,
00:04:20 on va l'entendre par la voix de Marie.
00:04:22 La maman s'adresse directement à celui ou ceux
00:04:25 qui savent ce qui est arrivé à Emile.
00:04:27 Regardez, écoutez, surtout.
00:04:29 -Depuis le 8 juillet,
00:04:31 nous vivons entre l'espoir et l'abattement.
00:04:34 Après l'avoir cherché en vain pendant des semaines,
00:04:38 compte tenu de la configuration des lieux,
00:04:40 nous avons acquis la certitude que notre petit Emile
00:04:44 a été victime d'un enlèvement ou d'un accident.
00:04:47 Ce 24 novembre, c'est son anniversaire
00:04:50 et nous ne pouvons pas le fêter.
00:04:53 L'incertitude ajoute à notre angoisse.
00:04:56 Où est notre petit garçon ?
00:04:58 Que lui est-il arrivé ?
00:05:00 Nous voulons nous adresser aujourd'hui
00:05:03 à celui ou ceux qui savent ce qui lui est arrivé.
00:05:06 S'il s'agit d'un accident, peut-être avez-vous paniqué.
00:05:10 Si vous avez commis l'irréparable,
00:05:12 peut-être le regrettez-vous.
00:05:14 Peut-être craignez-vous les conséquences
00:05:17 et ne savez comment vous en sortir.
00:05:19 Tout cela, nous pouvons le comprendre,
00:05:22 mais nous en appelons à votre coeur.
00:05:24 Comprenez notre détresse.
00:05:27 Dites-nous où est Emile.
00:05:29 Par pitié, s'il est vivant,
00:05:32 ne nous laissez pas vivre sans lui.
00:05:34 Rendez-le-nous.
00:05:36 Par pitié, s'il est mort,
00:05:39 dites-nous où il se trouve.
00:05:41 Rendez-le-nous.
00:05:43 Ne nous laissez pas sans une tombe pour nous recueillir.
00:05:47 Tout cela, vous pouvez le faire de mille manières,
00:05:50 même anonymement, sans avoir à vous dénoncer.
00:05:54 Mais ne nous laissez pas vivre le restant de nos jours,
00:05:57 ainsi que nos familles,
00:05:59 avec cette affreuse angoisse qui nous broie le coeur.
00:06:03 Nous vous en supplions, dites-nous où il se trouve.
00:06:06 Rendez-nous Emile.
00:06:08 - Merci, Pierre, pour cet appel déchirant,
00:06:11 diffusé sur votre site, le site de votre journal,
00:06:14 Antoine-Marie Isohar, directeur de la rédaction de Famille chrétienne.
00:06:19 Les parents d'Emile s'étaient déjà exprimés.
00:06:22 La seule fois où ils se sont exprimés,
00:06:24 c'était dans votre journal, il y a quelques mois.
00:06:28 Pouvez-vous nous dire, avant qu'on vous pose des questions,
00:06:31 comment s'est passé cet enregistrement ?
00:06:34 - De la même façon que ça s'est passé
00:06:37 il y a quelques mois,
00:06:38 lorsque, en septembre,
00:06:40 Marie et Colomban ont souhaité prendre la parole,
00:06:43 après deux mois de discrétion, de silence, de recherche,
00:06:47 de battu, vous vous en souvenez, au début du mois de juillet,
00:06:50 et puis d'enquête, ils avaient décidé de se confier,
00:06:54 ils nous ont fait appel.
00:06:55 C'est une question de confiance, on a posé quelques conditions.
00:06:59 On leur a donné la parole.
00:07:01 De la même façon, ils ont souhaité,
00:07:03 à la veille de l'anniversaire d'Emile,
00:07:06 il n'y a pas grand-chose rajouté à ces propos
00:07:08 qui tirent les larmes.
00:07:10 Je suis au bord de l'émotion,
00:07:12 et ça fait quelques heures,
00:07:14 parce qu'on a eu le privilège
00:07:15 de les entendre tout à l'heure, cet après-midi,
00:07:18 pour cet enregistrement.
00:07:20 Et voilà, donc on sent bien que c'est un appel,
00:07:23 je ne dis pas de la dernière chance,
00:07:25 mais on sent surtout que le coeur, pour moi,
00:07:28 si je peux insister là-dessus, c'est justement le coeur.
00:07:31 Nous faisons appel à votre coeur.
00:07:34 Ils espèrent que ce soir, quelqu'un les entend
00:07:36 et qu'il sait quelque chose.
00:07:38 Qu'il est coupable ou responsable,
00:07:40 et qu'il peut les aider
00:07:42 pour retrouver Emile d'une façon ou d'une autre.
00:07:45 -Ce qui nous frappe tous, c'est un peu plus d'une minute trente
00:07:49 d'appel à celui ou celle, ceux qui savent.
00:07:53 Il n'y a pas de message de haine, de vengeance.
00:07:56 C'est une famille, on le sait,
00:07:58 et c'est aussi pour ça qu'ils se sont adressés à votre journal.
00:08:02 C'est extrêmement croyant.
00:08:03 Le sentiment aussi qu'il y a presque un début de pardon
00:08:07 envers le coupable, puisqu'il parle même anonymement.
00:08:10 En fait, c'est une prière qui est diffusée sur votre magazine.
00:08:13 -En tout cas, c'est une supplication.
00:08:17 Je ne sais pas si on peut appeler ça une prière,
00:08:20 mais c'est une supplication.
00:08:22 Les deux mots que j'entends depuis tout à l'heure,
00:08:25 c'est "coeur" et "pardon".
00:08:26 Et de fait, voilà, il y a une phrase de Marie
00:08:30 qui est assez étonnante, c'est "probablement,
00:08:32 "avez-vous déjà des remords, vous le regrettez probablement".
00:08:36 Ils essaient de se mettre à la place de celui ou celle
00:08:39 qui a commis l'irréparable, peut-être,
00:08:41 et ils veulent avancer, ils veulent savoir.
00:08:44 Je crois qu'on peut tous se mettre à leur place un instant.
00:08:47 Emile a disparu il y a quatre mois et demi,
00:08:50 et ils n'ont aucune nouvelle, mais une certitude,
00:08:53 nous disent-ils, ce qui est une façon, à mon avis,
00:08:56 mais je ne suis pas ni policier, ni chargé d'enquête,
00:08:59 sur votre plateau, mais je pense que,
00:09:01 s'ils disent qu'ils ont la certitude
00:09:03 qu'il a été enlevé ou victime d'un accident,
00:09:06 c'est qu'ils ont la certitude que c'est quelque chose
00:09:09 qui s'est passé à l'extérieur de chez eux,
00:09:12 et je pense qu'on peut leur faire...
00:09:14 Ils ne sont pas leur porte-parole,
00:09:16 ils ont voulu nous donner cet enregistrement.
00:09:19 -Il y a ce terme, oui, en effet,
00:09:21 qu'on peut appliquer à ce message, une forme de supplication.
00:09:25 Ce qu'on perçoit aussi, et beaucoup plus tristement,
00:09:28 c'est aussi de la résignation dans la voix de cette maman.
00:09:32 -C'est impossible, enfin, on ne peut pas faire autrement,
00:09:35 au bout de quatre mois et demi, objectivement,
00:09:38 sans aucune trace d'Emile.
00:09:40 On sait que les battus ont été très nombreuses,
00:09:43 les recherches extrêmement sérieuses.
00:09:45 On sait qu'il y a des hommes de la gendarmerie
00:09:48 qui travaillent quotidiennement, une cellule précisément,
00:09:51 qui travaille au Verney et ailleurs sur cette enquête,
00:09:54 et avec qui eux sont en contact,
00:09:56 bien évidemment, et eux veulent...
00:09:58 Je pense que c'est un appel de la dernière chance.
00:10:01 Et puis voilà, demain, c'est les trois ans d'Emile.
00:10:04 C'est pour eux une très grande souffrance.
00:10:07 Je rejoins ce que vous avez dit sur leur foi.
00:10:09 C'est un couple de très jeunes parents catholiques...
00:10:13 qui, finalement, veut vivre cela aussi dans la foi,
00:10:18 ce qui peut paraître surprenant dans notre monde,
00:10:21 et je pense que c'est aussi pour ça qu'ils sont venus vers nous.
00:10:24 -Merci, Antoine-Marie Zoar, et puis je vous libérerai.
00:10:27 Et vraiment, la question que je vais vous poser,
00:10:30 j'espère vraiment de tout mon coeur et très sincèrement que j'ai tort,
00:10:34 mais est-ce qu'un appel comme celui-ci peut vraiment être efficace,
00:10:38 un appel qui est fait pour toucher le coeur de celui ou celle,
00:10:41 encore une fois, qui connaîtrait la vérité ?
00:10:44 Mais malheureusement, c'est très difficile à imaginer
00:10:47 dans le monde, dans la société qui est la nôtre actuellement.
00:10:51 -Oui, je suis d'accord avec vous, mais je partage aussi une espérance,
00:10:54 et je crois que beaucoup de vos téléspectateurs,
00:10:57 et j'ai vu les réactions déjà ce soir sur les réseaux sociaux
00:11:00 liés à notre site Famille Chrétienne,
00:11:03 où j'ai déjà vu qu'il y a une certaine chaîne de prières
00:11:06 qui se lance, parce que peut-être que quand tout est désespéré
00:11:10 ou quand l'espoir manque un peu,
00:11:12 c'est la prière qui est le seul espoir.
00:11:14 Et puis on sent bien, dans cet appel des parents d'Émile,
00:11:17 de Marie et Colomban, qu'ils ne veulent pas vivre plus longtemps
00:11:21 sans savoir ce qui s'est passé.
00:11:23 Quelle que soit l'issue de cette affaire.
00:11:27 -Quel âge ont-ils ? Pardon, j'ai pas connaissance de l'âge de ces parents.
00:11:32 -Ils ont un peu moins... Autour de 25 ans ou un peu moins,
00:11:36 je crois, de mémoire. -Ce sont de très jeunes parents.
00:11:39 -Avec un autre enfant. -Et ils ont un autre enfant.
00:11:42 Merci beaucoup.
00:11:43 -Il faut qu'on puisse aussi leur donner un peu de sérénité.
00:11:46 Ils ont été un peu agacés par les journalistes pendant un temps,
00:11:50 et je crois qu'ils ont besoin de se recueillir aussi
00:11:53 et de vivre ça dans la paix.
00:11:57 -On comprend, évidemment, et ce témoignage,
00:11:59 et les deux fois où ils vous ont parlé,
00:12:02 on note une grande dignité, un grand courage.
00:12:04 Et en effet, je le répète, ces appels sont dénués
00:12:07 de toute forme de haine, de vengeance ou de colère,
00:12:10 et c'est assez admirable à lire ou à entendre.
00:12:13 Merci à Antoine-Marie Izoard,
00:12:15 directeur de la rédaction de Famille chrétienne,
00:12:17 pour ce témoignage audio que vous publiez ce soir.
00:12:20 Je sais pas si quelqu'un veut réagir,
00:12:22 mais je vous ai vu le doigt de l'inner de la tête.
00:12:25 Quand je dis qu'il y a une forme de résignation dans ce message,
00:12:28 je l'ai senti, parce qu'il arrive tardivement,
00:12:31 ça fait quasiment cinq mois.
00:12:32 Cette maman, finalement, ce qui me fait le plus mal,
00:12:35 c'est que nous voulons pouvoir avoir une tombe pour notre fils,
00:12:39 et c'est en cela que je parle de résignation,
00:12:41 car ses parents sont convaincus que leur petit n'est plus là.
00:12:45 -C'est pas tant une résignation que j'ai entendue.
00:12:47 -C'est un cri d'humanité.
00:12:49 J'entends des parents qui pensent à chaque seconde à leur enfant.
00:12:53 Donc, il est toujours dans leur pensée, dans leur coeur,
00:12:56 et c'est un cri d'humanité, en fait,
00:12:58 de dire, s'il y a quelqu'un, quelque part,
00:13:00 qui sait quelque chose, simplement,
00:13:03 aidez-nous, aidez-nous pour aimer l'en premier, bien sûr,
00:13:08 mais c'est vraiment... Moi, je sens ce cri du coeur,
00:13:11 et c'est vraiment cet appel pour faire...
00:13:15 Écoutez, imaginez la torture psychologique
00:13:17 pour ces parents de ne pas savoir.
00:13:19 -C'est terrible.
00:13:20 -Je pense que c'est absolument...
00:13:22 -On en parlera dans un instant.
00:13:24 -Et c'est important, et je pense aussi
00:13:26 que ce soit pour l'enquête, pour obtenir des messages,
00:13:29 c'est important que ce visage continue d'être parmi nous,
00:13:34 tant qu'il n'y aura pas une réponse, effectivement.
00:13:37 -Ils sont sans réponse depuis 8 juillet dernier,
00:13:39 ça fait 138 jours, bientôt 5 mois.
00:13:41 On en reparlera plus longtemps, en 23 heures,
00:13:44 mais peut-être encore un petit mois.
00:13:46 -Oui, on réentendra Antoine-Marie Izoard
00:13:48 et on ira plus loin sur ce sujet à 23 heures.
00:13:51 -Non, mais cette maman et sans doute ce père
00:13:54 ont besoin de savoir et de comprendre,
00:13:57 tout simplement, pour trouver une forme d'apaisement,
00:14:01 si on peut trouver une forme d'apaisement
00:14:03 dans ces circonstances.
00:14:04 C'est ça, le sens de son message, c'est comme ça que je le comprends.
00:14:08 Ils ont besoin de savoir.
00:14:10 Ils ont besoin de savoir.
00:14:12 -C'est en effet un deuil impossible.
00:14:14 -C'est une torture depuis 8 juillet.
00:14:16 -Avec des espoirs et des désespoirs,
00:14:19 avec, on l'entend en creux, dans ce que dit notre confrère,
00:14:23 avec un agacement, parce qu'on se souvient
00:14:25 qu'il y a une enquête qui s'est dirigée
00:14:28 vers la famille, vers la propre famille,
00:14:30 avec des suspicions.
00:14:31 Et on pense aussi à ces autres cas non élucidés.
00:14:34 Lina, par exemple, qui est disparue il y a plus d'un mois
00:14:37 dans les Vosges, mais on pense aussi à la petite Maddy,
00:14:40 en 2007.
00:14:41 On pense au désespoir de tous ces parents
00:14:43 qui ont des enfants disparus,
00:14:45 qui sont dans une attente parfois interminable.
00:14:48 C'est terrifiant.
00:14:49 -Je pense aussi à beaucoup de craintes,
00:14:51 parce que le dernier espoir déçu, c'était le 7 octobre.
00:14:54 C'était la fête de Notre-Dame du Roser.
00:14:56 Les chrétiens la connaissent bien.
00:14:58 Ils avaient justement lancé un appel dans Famille chrétienne,
00:15:01 fin septembre. Ils avaient lancé une série de litanies de prières
00:15:05 en espérant que le 7 octobre, ils pourraient retrouver
00:15:08 le petit Émile. On connaît la suite.
00:15:10 -On reviendra sur cet appel et on parlera plus précisément
00:15:13 de l'enquête, notamment avec vous, Amaury Bucaud,
00:15:16 tout à l'heure, après 23h.
00:15:18 Autre sujet brûlant, la trêve dans les combats
00:15:21 entre Israël et le Hamas va donc débuter demain
00:15:24 avec un premier groupe de 13 otages
00:15:26 qui sera libéré dans l'après-midi.
00:15:28 Annonce faite par le Qatar aujourd'hui.
00:15:30 Le Hamas confirme l'échange avec des prisonniers palestiniens.
00:15:34 La trêve humanitaire devrait démarrer demain.
00:15:37 Annonce du gouvernement israélien qui confirme
00:15:40 qu'il a reçu la liste de ses 13 otages.
00:15:42 Thibault Marcheteau, les familles de ses otages
00:15:45 ont été prévenus, selon le porte-parole
00:15:47 de l'armée israélienne.
00:15:49 Mais malgré tout, j'ai envie de dire,
00:15:51 l'incertitude va régner jusque dans les dernières secondes
00:15:54 tant il est difficile de négocier, de faire confiance
00:15:57 aux terroristes du Hamas.
00:15:59 -Absolument, Julien. Ces familles restent particulièrement prudentes.
00:16:05 Pour revenir sur cette journée,
00:16:07 on a entendu au milieu de l'après-midi par le biais du Qatar
00:16:10 que cette trêve va débuter dans quelques heures,
00:16:13 à 7h demain ici en Israël.
00:16:14 Et c'est à 16h, donc, que les 13 premiers otages
00:16:17 vont être libérés par le Hamas,
00:16:19 récupérés par des soldats de Tsahal.
00:16:21 Et vous l'avez dit, le gouvernement israélien
00:16:24 a été prévu un peu plus tard dans la journée
00:16:26 du nom de ces 13 personnes.
00:16:28 Il a évidemment tout de suite informé les familles.
00:16:31 Nous ne saurons pas le nom de ces otages
00:16:33 tant qu'ils ne seront pas en Israël.
00:16:36 -J'ai interrogé ces familles,
00:16:37 qui sont présentes sur la place où nous nous trouvons.
00:16:41 Elles sont évidemment contentes de cette avancée.
00:16:43 Enfin, il y a du mouvement
00:16:45 avec toutes ces histoires d'otages.
00:16:49 Mais, évidemment, vous l'avez dit, elles restent prudentes.
00:16:52 Je vous propose d'écouter un père de famille
00:16:54 qui a trois membres de sa famille encore à l'intérieur de la bande de Gaza.
00:16:58 -Nous avons de l'espoir, mais vous savez,
00:17:01 tant que je ne verrai pas mes proches devant mes yeux,
00:17:04 je ne pourrai pas y croire.
00:17:07 -I believe in things only that I can see in my eyes.
00:17:09 -En Israël, tout est prêt pour accueillir ces otages.
00:17:12 Six hôpitaux ont été chargés par le ministère de la Santé
00:17:16 de préparer des cellules spécialisées,
00:17:18 notamment avec des gynécologues, des pédiatres
00:17:20 ou des médecins légistes.
00:17:22 -Merci à Fabrice Elsner,
00:17:23 qui vous accompagne en Israël, à Tel Aviv, ce soir.
00:17:26 Écoutez le colonel de Tzal, monsieur Rafovich,
00:17:29 porte-parole de l'armée israélienne.
00:17:32 -J'espère que demain, les 13 enfants et femmes
00:17:36 reviendront sains et saufs auprès de leur famille,
00:17:39 dont un bébé qui avait 9 mois
00:17:41 lorsqu'il a été kidnappé.
00:17:43 Et j'espère que tout cela se fera demain
00:17:48 de la manière la plus tranquille.
00:17:51 Mais je veux aussi vous dire
00:17:53 que nous ne pourrons pas oublier les autres
00:17:57 qui sont toujours aux mains du Hamas
00:18:00 avant que cet échange ne se fasse,
00:18:02 les familles, et nous devons ici avoir beaucoup de patience,
00:18:06 beaucoup de force, et ne pas oublier
00:18:08 que l'ennemi en face de nous, le Hamas,
00:18:11 a assassiné aussi, puisque je parle à une division française,
00:18:14 40 citoyens français, le 7 octobre,
00:18:17 et que cette guerre que nous menons depuis le 7 octobre
00:18:20 face au Hamas est également une guerre
00:18:23 que nous menons aussi pour vous.
00:18:25 Et cette guerre, nous allons la gagner.
00:18:27 -Et à lendemain, un 1er commentaire.
00:18:30 Un processus validé par toutes les parties,
00:18:32 avec ces petits groupes d'otages qui seront libérés.
00:18:35 Chaque groupe de libération
00:18:36 donnera lieu à des jours de trêve.
00:18:38 Quelle lecture vous faites de ces négociations
00:18:41 qui aboutissent ?
00:18:42 -Une négociation sans avoir le choix, en fait.
00:18:45 -Pour qui ? Pour Tzahal ?
00:18:47 -Pour Tzahal. Enfin, pour Israël.
00:18:49 Oui, pour Israël.
00:18:51 On rappelle que la libération des otages
00:18:53 n'était pas la 1re priorité au début de la guerre
00:18:56 et qu'elle est devenue la 1re priorité
00:18:58 pour la libération des familles et de l'opinion publique en Israël
00:19:02 et aussi des partenaires internationaux,
00:19:04 entre autres les Etats-Unis.
00:19:06 Ce soir, ce qui est terrible avec ces listes,
00:19:09 c'est de savoir qui y est, qui n'est pas,
00:19:11 la spéculation, est-ce que ça va se passer
00:19:14 dans les 4 prochains jours ou pas.
00:19:16 -13 otages, c'est plus de 230 déçus.
00:19:19 C'est ça, aussi. C'est ça qui est terrible.
00:19:21 -C'est terrible, mais si on remet dans...
00:19:24 On remet rien du tout, d'ailleurs.
00:19:26 Euh...
00:19:27 4 jours de trêve, plus potentiellement 6 jours de trêve.
00:19:31 Sauf qu'Israël a déjà perdu 48 heures,
00:19:34 presque 48 heures, avec...
00:19:36 Avec des derniers petits...
00:19:40 Des choses à régler, en fait,
00:19:44 techniques, logistiques, entre Israël et le Hamas.
00:19:47 Mais Israël s'y attendait.
00:19:49 C'était clair que ça n'allait pas être fluide, cette histoire.
00:19:53 On rappelle aussi que le cabinet de guerre
00:19:56 a autorisé, en fait, à voter sur 10 jours de trêve maximum.
00:20:02 Et ça, c'est un petit point que j'aimerais faire.
00:20:04 Pour Israël, cette trêve est très compliquée.
00:20:07 Ca permet au Hamas de se regrouper, de se réarmer.
00:20:11 Les journalistes étrangers vont rentrer dans Gaza.
00:20:14 Euh...
00:20:15 L'idée, effectivement,
00:20:16 c'est de faire entrer de l'aide humanitaire.
00:20:19 Les Israéliens et les organisations internationales
00:20:22 ont peur d'épidémies, de maladies, etc.
00:20:25 Donc la trêve est à point, en fait, pour les Gazaouis.
00:20:28 Très compliquée pour les Israéliens,
00:20:30 qui vont se retrouver après avec une pression immense internationale
00:20:34 pour continuer cette trêve.
00:20:36 C'est délicat de le dire, mais le Hamas sort vainqueur de ce deal.
00:20:40 Oui. Moi, je le vois pas comme ça.
00:20:42 Les familles d'otages sortent vainqueurs, Israël sort perdant.
00:20:46 Ca veut dire quoi, "sort perdant" ?
00:20:48 Est-ce que la priorité d'Israël n'est pas de faire ce qu'Israël peut faire
00:20:52 pour libérer au moins une partie de ses otages ?
00:20:55 La guerre est terminée, ça veut pas dire qu'on arrête les buts
00:20:58 de détruire le Hamas,
00:21:00 ou en tout cas de détruire ses capacités militaires et politiques.
00:21:04 Donc je sais qu'on parle en termes de perdant et gagnant.
00:21:08 Je pense qu'objectivement, Israël a fait ce qu'elle avait à faire,
00:21:11 c'est-à-dire libérer...
00:21:13 -Vous avez dit qu'Israël n'avait pas le choix.
00:21:16 -Même sans choix, évidemment.
00:21:17 Une fois qu'on met comme priorité la libération des otages,
00:21:21 une fois qu'on met ça,
00:21:22 évidemment que militairement, c'est pas très...
00:21:25 C'est pas bon pour Israël, cette trêve.
00:21:27 Mais d'un point de vue international,
00:21:29 de la pression internationale, de l'opinion publique,
00:21:32 ça va alléger.
00:21:34 -Plus le temps passe, plus l'opinion internationale
00:21:37 fait d'Israël l'agresseur.
00:21:38 -C'est clair.
00:21:39 Deux petits points, si je peux terminer.
00:21:42 L'Iran a négocié séparément avec les Thaïlandais
00:21:45 la libération des 23 otages.
00:21:46 Ca s'est tombé ce soir.
00:21:48 Ils vont être libérés sans condition par le Hamas.
00:21:51 Ca, c'est pas de très bonnes nouvelles.
00:21:53 -23 otages de nationalité thaïlandaise.
00:21:55 -Pas de très bonnes nouvelles ni pour les Américains
00:21:58 ni pour l'axe qui se veut modéré,
00:22:00 puisque c'est l'Iran qui a négocié ça.
00:22:02 Finalement, le Liban, le Hezbollah,
00:22:05 qui a dit qu'ils suivraient la trêve du Hamas,
00:22:07 ça aussi s'est un peu remis en doute
00:22:09 parce qu'aujourd'hui, il y a une grosse journée de bombardement.
00:22:13 La trêve n'est pas appliquée à la Cisjordanie.
00:22:16 -On doit attendre quasiment minute par minute
00:22:18 pour qu'il y ait un accord qui se dille et respecte.
00:22:22 -Qui peut faire confiance au Hamas ?
00:22:26 -Jusqu'à demain, 16h, on va attendre minute par minute.
00:22:30 -Un commentaire, Tatiana ?
00:22:31 -C'est pour ça que le porte-parole de l'armée
00:22:34 ne parle pas d'accord, il récuse le terme d'accord.
00:22:36 Il parle d'un plan de libération des otages.
00:22:39 Les détails n'étaient pas vraiment détails,
00:22:41 parce qu'il y avait la question du rôle de la Croix-Rouge.
00:22:45 Le souhait Benhamin Netanyahou l'a redit hier soir,
00:22:48 c'est que les otages soient en détention malgré les libérations.
00:22:51 -De s'assurer de preuves de vie et de traitement dignes.
00:22:54 -Ce n'est pas acté. -C'est un souci, évidemment.
00:22:58 Deuxièmement, il y a la question du recoupement familial.
00:23:01 Les Israéliens souhaitaient que les fratries sortent avec les parents.
00:23:05 Apparemment, ça ne sera pas le cas.
00:23:07 Ce sera que pour les enfants frères et sœurs,
00:23:09 mais pas avec les parents.
00:23:11 C'était un plan de désaccord très important.
00:23:13 Troisième chose, le Hamas, de source palestinienne,
00:23:16 a beaucoup tardé à délivrer la liste précise
00:23:19 des noms des otages du côté israélien.
00:23:21 Deux autres choses, très rapidement.
00:23:23 Il y a au sein du gouvernement israélien une scission.
00:23:26 D'un côté, il y a la pression, comme vous le disiez,
00:23:29 de l'opinion publique et des faits de les otages.
00:23:31 Et le précédent, Ghali Chalit,
00:23:33 je rappelle le soldat pour qui on avait libéré 1 000 otages.
00:23:37 -Donc, l'un des cerveaux de cette oeuvre.
00:23:39 -Donc, il y a Yassine Ouar. C'est un vrai problème.
00:23:42 Ça sera une question, d'ailleurs.
00:23:44 Parmi les otages, il y a des militaires.
00:23:46 Quelle sera la ratio ?
00:23:48 -Aucun. -Aucun.
00:23:50 Parce que ce sera inacceptable.
00:23:52 Et il y a la pression de l'extrême droite
00:23:54 et de membres du gouvernement.
00:23:56 On l'a vu pour ceux qui demandent la peine de mort
00:23:58 pour les terroristes du Hamas.
00:24:00 On souhaite libérer les otages.
00:24:02 Pour eux, c'est pas de compromission,
00:24:04 pas de négociation, pas de libération.
00:24:06 Il y a quelque chose d'un peu compliqué à gérer.
00:24:09 -On va poursuivre cette conversation.
00:24:11 Il y a encore pas mal de choses à dire.
00:24:14 Je voudrais qu'on fasse place à Maureen Vidal
00:24:16 pour l'essentiel à retenir de ce 23 novembre.
00:24:18 C'est à vous, Maureen.
00:24:20 Musique de tension
00:24:22 ...
00:24:24 -Alors que se dérouleront demain
00:24:26 les obsèques du jeune Thomas dans la Drôme,
00:24:29 une veillée religieuse s'est déroulée
00:24:31 à l'église Saint-Étienne de Crépole.
00:24:33 Des centaines de fidèles, d'amis et membres de la famille
00:24:36 se sont réunis pour rendre un hommage et prier
00:24:39 pour Thomas, 16 ans, poignardé mortellement
00:24:41 dans la nuit de samedi à dimanche.
00:24:43 -Il est chaud au coeur de se dire qu'on est unis,
00:24:46 au moins dans ces moments-là.
00:24:48 J'espère qu'on restera unis encore longtemps,
00:24:50 que l'amour triomphera.
00:24:52 -C'est important.
00:24:54 Je vois que les gens restent encore.
00:24:56 Ils ont besoin d'être ici, ensemble.
00:24:59 -Pour moi, c'est une tragédie, carrément.
00:25:02 J'ai 50 ans pour voir ça. Non, jamais.
00:25:05 -85 élèves ont été exclus définitivement
00:25:09 de leur établissement scolaire
00:25:11 après les incidents qui ont émaillé
00:25:13 et qui ont fait hommage en octobre
00:25:15 au professeur Dominique Bernard, tué à Arras et à Samuel Paty.
00:25:18 605 sanctions ont été prises lors de conseils de discipline,
00:25:21 dont 322 exclusions temporaires
00:25:23 et 47 exclusions définitives,
00:25:25 avec sursis selon le ministère de l'Education.
00:25:28 Enfin, une hausse inquiétante de maladies respiratoires en Chine
00:25:32 alerte l'Organisation mondiale de la santé.
00:25:35 Pékin dit n'avoir détecté aucun pathogène nouveau ou inhabituel
00:25:38 lié à l'augmentation de ces cas dans le nord du pays.
00:25:42 Ces préoccupations interviennent
00:25:43 près de 4 ans après l'apparition en Chine du Covid-19.
00:25:46 -Merci beaucoup, chère Maureen.
00:25:48 On vous retrouve en 30 minutes pour un nouveau journal.
00:25:51 On continue de parler de ces 13 otages
00:25:54 qui seront libérés demain.
00:25:55 Philippe, on ne vous a pas encore entendu sur cette question.
00:25:59 Une forme de victoire pour le Hamas,
00:26:01 qui a fait ce pogrom ignoble
00:26:02 et qui sort d'une certaine façon gagnant de ces négociations,
00:26:06 qui va pouvoir se réorganiser.
00:26:08 Pourquoi pas réinvestir les fameux tunnels
00:26:10 qui sont en cours depuis plusieurs jours ?
00:26:13 Que pourrait-il advenir après ces jours de trêve ?
00:26:16 -Je ne suis plus partagé que le tableau que vous faites.
00:26:19 Juste deux remarques.
00:26:20 Première remarque, on savait depuis le début
00:26:24 qu'il y avait une contradiction
00:26:26 entre les deux objectifs que s'était fixé
00:26:28 le gouvernement israélien,
00:26:30 qui était l'éradication du Hamas
00:26:32 et la libération des otages.
00:26:34 On savait depuis le début que ces deux objectifs
00:26:37 pouvaient entrer en contradiction à un moment ou à un autre.
00:26:41 Et donc, Israël a toujours voulu
00:26:44 donner la priorité au sauvetage des otages.
00:26:49 Vous avez rappelé l'exemple très connu tout à l'heure.
00:26:52 Et donc, je trouve qu'Israël est fidèle à sa tradition
00:26:56 en faisant ça.
00:26:57 Et puis, deuxième remarque, quand même.
00:26:59 La situation humanitaire à Gaza était,
00:27:02 et est toujours, ce soir, totalement catastrophique.
00:27:05 -C'est pas le problème du Hamas.
00:27:07 -C'est pas le problème du Hamas.
00:27:09 -Il sort des intérêts.
00:27:11 -C'est sûrement pas le problème du Hamas,
00:27:13 mais, paradoxalement, c'est un des problèmes d'Israël aussi.
00:27:17 Parce que, dans l'opinion internationale,
00:27:19 Israël peut être jugé responsable,
00:27:22 quand bien même, vous avez raison,
00:27:24 ils peuvent pas être les seuls responsables,
00:27:26 mais ils peuvent pas non plus ne pas en être responsables.
00:27:30 Ils en sont co-responsables avec le Hamas.
00:27:32 Et donc, cette situation humanitaire catastrophique
00:27:35 va quand même recevoir un certain nombre de soulagements.
00:27:38 Je suis pas sûr que ça sera suffisant,
00:27:41 mais, en tout cas, on parle de vies qui vont être sauvées.
00:27:44 Donc, je crois que, du point de vue d'Israël,
00:27:47 le bilan est moins négatif que ce que vous disiez
00:27:50 et qu'on ne peut pas tout vouloir et tout en même temps,
00:27:53 on peut pas obtenir tout en même temps.
00:27:55 Et je trouve que, pour Israël, c'est aussi un moment
00:27:58 peut-être qu'ils peuvent mettre à profit,
00:28:01 je parle du gouvernement israélien,
00:28:03 pour réfléchir à la bonne stratégie
00:28:05 dans les semaines et mois qui viennent.
00:28:07 Je termine là-dessus.
00:28:09 Le jour d'après, qu'est-ce qu'on fait de Gaza ?
00:28:13 Parce qu'Israël peut évidemment écraser militairement,
00:28:16 ça, personne n'en doute.
00:28:17 Qu'est-ce qu'on fait de Gaza ?
00:28:19 Cette question-là reste toujours en suspens.
00:28:22 -Je veux même aller moins loin que cela.
00:28:24 Le jour d'après, c'est d'abord se projeter les Allende-Mannes
00:28:28 après plusieurs séries de libérations.
00:28:30 Quand toutes les femmes, les personnes fragiles,
00:28:33 les enfants, les civils, j'ai envie de dire,
00:28:36 auront été libérés à coup de négociations,
00:28:38 de jours de trêve, de prisonniers palestiniens libérés,
00:28:42 quand on arrivera à ce stade où le Hamas ne détiendra plus
00:28:45 en otage que des militaires israéliens,
00:28:47 puisque c'est ça, leur limite, j'ai envie de dire.
00:28:50 Je cherche les mots.
00:28:51 Ils n'iront pas jusqu'à libérer des prisonniers.
00:28:54 Qu'est-ce qui va se passer ?
00:28:56 Lorsqu'il n'y aura plus que des prisonniers militaires
00:28:59 et des geôles du Hamas, ce conflit va inéluctablement
00:29:03 se poursuivre, s'enliser.
00:29:06 On va vers quelque chose de sans fin, j'ai l'impression.
00:29:09 Ce moment dont parle Philippe, où Gaza serait vaincu,
00:29:12 le Hamas serait vaincu, il faudrait penser à l'après,
00:29:15 mais je ne vois pas comment cet après pourrait même arriver.
00:29:18 -Il y aura un après à un moment, de toute façon.
00:29:22 Je crois que les Israéliens ne sont même pas au stade,
00:29:25 en tout cas, de formuler à haute voix ce qu'est ce jour d'après,
00:29:29 et je l'entends bien, Netanyahou, dire que l'autorité palestinienne
00:29:33 ne sera pas à Gaza, et on entend la communauté internationale
00:29:36 dire que l'autorité palestinienne devrait reprendre
00:29:39 un certain contrôle de Gaza.
00:29:41 Abou Mazen a dit qu'il ne reprendrait pas le contrôle de Gaza.
00:29:44 -T'as dit "revitaliser", ce qui veut dire sans Mahmoud Abbas.
00:29:48 -Revitaliser, c'est vraiment le mot politiquement correct
00:29:51 pour dire au revoir Abbas, mais pour l'instant,
00:29:54 personne n'y est. Il y a plusieurs idées.
00:29:56 Il y a Barghouti, qui est dans les prisons israéliennes.
00:30:00 Tout ça, c'est pas idéal pour les Israéliens.
00:30:02 Ce qui est intéressant, c'est qu'il n'y aura pas de jour d'après
00:30:06 sans Israël. C'est-à-dire que, finalement,
00:30:08 l'acteur principal, et c'est terrible pour les Palestiniens,
00:30:12 mais ce ne sont pas les Palestiniens,
00:30:14 les acteurs principaux de ce jour d'après.
00:30:16 De quoi va avoir l'air ce jour d'après ?
00:30:19 On n'en sait rien.
00:30:20 Est-ce que ça sera une force internationale ?
00:30:23 J'ai entendu Erdogan dire...
00:30:24 -Ou affirmer que ce serait Israël qui assurerait la sécurité de Gaza.
00:30:28 -Mais pas la gestion civile.
00:30:30 Qui gère la gestion civile ?
00:30:32 Erdogan, qui va envoyer ses soldats turcs ?
00:30:34 Non, en vérité, ça peut pas marcher comme ça.
00:30:37 Encore un mot sur le jour d'après.
00:30:39 Et la reconstruction, parce qu'on va y arriver à un moment.
00:30:43 La trêve ne veut pas dire la fin des combats
00:30:47 et la reprise de combat ne veut pas dire la fin du Hamas.
00:30:51 Ce que vous avez dit tout à l'heure en disant
00:30:53 comment on peut éradiquer le Hamas,
00:30:55 de la même manière qu'on a bien tapé sur Daesh et sur Al-Qaïda.
00:31:01 Ils existent encore, c'est dénébuleuse,
00:31:03 mais ça existe.
00:31:04 -On n'éradique pas une idéologie.
00:31:06 -On n'irradique pas une idéologie,
00:31:08 mais on peut bien frapper les structures militaires,
00:31:12 étatiques, gouvernementales.
00:31:13 Le Hamas l'a bien dit, les civils, ça les intéresse pas.
00:31:17 L'argent qui rentre dans Gaza, c'est pour s'armer et les tunnels.
00:31:20 Ce qui est intéressant, c'est qu'on entend des voix,
00:31:23 un peu dissidentes,
00:31:25 dans l'autorité palestinienne,
00:31:28 qui disent au Hamas "déposez les armes,
00:31:31 "intégrez le Hamas comme un parti politique
00:31:34 "dans l'autorité palestinienne".
00:31:36 Mais entendre ça de la part des Palestiniens,
00:31:38 c'est déjà un énorme pas.
00:31:40 -Quand on sait qu'Israël veut éradiquer le Hamas,
00:31:43 que le Hamas veut rayer Israël de la carte...
00:31:45 -Il faut faire attention aux grands mots qu'on dit.
00:31:48 -Oui. -Grands objectifs.
00:31:50 -E. Tegner ne s'est pas exprimé sur ce sujet.
00:31:53 -Pour moi, la première conclusion,
00:31:55 c'est que 13 otages seulement au bout d'un mois et demi de guerre,
00:31:58 la première conclusion, c'est que ça va durer très longtemps.
00:32:03 Ça va durer au moins plus d'une année.
00:32:05 Et ça va apporter du souffle à la population palestinienne.
00:32:09 Je ne suis pas d'accord avec le fait
00:32:11 que le Hamas s'en moque des civils.
00:32:13 Je pense que plus le temps va passer,
00:32:15 plus les Palestiniens dans la bande de Gaza
00:32:18 vont avoir du ressentiment vis-à-vis des Israéliens.
00:32:21 Et à ce moment-là, ça peut tout à fait donner une nouvelle vie au Hamas.
00:32:25 Parce qu'au bout d'un an, deux ans, trois ans de bombardement,
00:32:28 d'une certaine façon, le Hamas a appris
00:32:30 de ce qui s'est passé avec la guerre en Ukraine.
00:32:33 Il comprend la question de l'usure.
00:32:35 Et du côté d'Israël, étant donné que son camp,
00:32:38 le camp occidental, est très attaché à ces questions humanitaires,
00:32:42 pour le coup, eux, c'est bien plus difficile.
00:32:44 -Deux secondes. Si je peux me permettre.
00:32:46 Oui, il y a une haine qui sera là
00:32:48 parce que la situation dramatique,
00:32:50 comme vous le décrivez.
00:32:52 Quand on découvre les tunnels ces derniers jours
00:32:54 et qu'on voit que le Hamas se cache dans les tunnels
00:32:57 quand la population se fait bombarder au-dessus,
00:33:00 ça va laisser des traces au sein de la population.
00:33:02 -Qui peut dire la proportion de la population de Gaza
00:33:05 qui est contre le Hamas et celle qui y est favorable ?
00:33:08 Est-ce que c'est sondable ?
00:33:10 -Est-ce que c'est sondable ? -Non.
00:33:12 -C'est un des arguments de nos parents.
00:33:14 -Apolloné est la plus apte à me répondre,
00:33:17 mais personne ne le sait.
00:33:18 -On estime à 70 %.
00:33:20 -De favorables ou de défavorables ?
00:33:22 -A favorables et après défavorables.
00:33:24 On entend des Gazaouis descendre dans le Sud
00:33:26 qui accusent le Hamas de ce qui s'est passé.
00:33:29 On n'en sait rien.
00:33:30 -Ils sont tenus par les armes. -Ils sont tenus.
00:33:33 La situation à Gaza, c'est vivre sous un régime autoritaire.
00:33:38 Les lois sont complètement différentes dans ce cas-là.
00:33:41 Vraiment, elles sont différentes.
00:33:43 -On sera très attentifs demain à ces images
00:33:46 et on l'espère de tout coeur,
00:33:48 voir ces premiers visages d'otages qui retrouveront leur famille.
00:33:51 -Ca pose des questions aussi sur la stratégie
00:33:56 quand on décide de dire qu'on va libérer les otages.
00:33:59 La stratégie, ça a été le silence pendant plusieurs semaines.
00:34:03 Au début, on se disait,
00:34:04 est-ce qu'il faut garder le profil bas
00:34:07 pour préserver la vie des otages ?
00:34:09 Finalement, on se rend compte qu'à peu près 50 jours,
00:34:12 ça n'a pas servi à grand-chose.
00:34:14 Dans la stratégie, au final, il y a eu la pression
00:34:16 de plusieurs Israéliens, la pression internationale aussi,
00:34:19 parce qu'on avait l'impression qu'au cours des dernières semaines,
00:34:22 les otages n'étaient plus la priorité.
00:34:25 Je pense que cette pression, oui, elle a fonctionné,
00:34:28 mais c'était rendu nécessaire pour le gouvernement israélien
00:34:31 d'agir sur la question des otages.
00:34:33 On avait l'impression qu'ils les avaient presque oubliés.
00:34:37 Si on compare même en France, rappelez-vous,
00:34:39 début des années 80,
00:34:42 sur les otages français qui avaient été capturés
00:34:45 et qui étaient au Liban,
00:34:47 c'était tous les soirs, tous les soirs, on en parlait.
00:34:50 On a changé de stratégie.
00:34:51 On se disait, peut-être que leur vie est en jeu.
00:34:54 Et on voit finalement, après presque 50 jours,
00:34:56 qu'il fallait peut-être remettre de la pression.
00:34:59 -Je voulais qu'on voit ensemble également
00:35:01 ce témoignage de retour ici, en France.
00:35:03 Il fait partie des premières personnalités
00:35:05 à avoir réagi aux attaques perpétrées en Israël
00:35:07 le 7 octobre dernier,
00:35:09 prise de position qui a eu de lourdes conséquences
00:35:11 pour l'animateur de télé, le producteur, également, Arthur.
00:35:14 Il a confié ce matin sur France Inter
00:35:17 vivre désormais sous protection renforcée,
00:35:19 et ce, depuis le 8 octobre dernier.
00:35:20 Regardez ce témoignage.
00:35:22 -Si je parle, c'est parce que je fais partie d'une communauté,
00:35:24 on n'est pas beaucoup, il n'y a pas 400 000 Juifs en France.
00:35:27 400 000 Français juifs en France.
00:35:29 Et ces Français-là, ils ne se sont jamais sentis aussi seuls.
00:35:33 Alors vous avez le massacre du 7 octobre,
00:35:35 et puis dans la foulée, ces actes antisémites.
00:35:37 Je rappelle que nous représentons 1 % de la population
00:35:41 et nous subissons 60 % des actes de violence.
00:35:43 J'avais déjà été préparé ces dernières années,
00:35:46 mais à ce point, non.
00:35:47 Je n'aurais jamais imaginé,
00:35:49 au point que Méta était obligé de mettre en place
00:35:52 un système de mots-clés sur mes comptes
00:35:54 pour qu'il y ait moins de messages qui arrivent.
00:35:56 -Méta, c'est la maison mère... -Oui, de Instagram et de Facebook.
00:36:00 Au début, je ne regardais pas, et puis après,
00:36:02 c'est vrai qu'ils ont mis en place un système
00:36:03 d'une quarantaine de mots-clés.
00:36:05 "Décapité", "Mort juif", "Sale juif",
00:36:08 tous les mots que je recevais,
00:36:09 ce qui fait qu'il faut être hyper créatif
00:36:12 pour que le message arrive jusqu'à moi.
00:36:14 -Dans le couloir, il y a un officier de sécurité,
00:36:15 ça veut dire que vous vivez sous protection ?
00:36:18 -Oui.
00:36:20 -Depuis quand ?
00:36:21 -Depuis le 8.
00:36:23 -Depuis le 8 octobre ?
00:36:25 -Disons que j'étais jusqu'à présent protégé,
00:36:28 mais ça a été renforcé.
00:36:30 On est en France, hein ?
00:36:31 -On est en France. -On est en France, d'accord.
00:36:32 On est en 2023, j'habite Paris,
00:36:36 nous sommes en France,
00:36:38 et j'ai des agentes qui protègent ma famille et moi-même
00:36:40 parce que je suis juif.
00:36:42 -Incroyable.
00:36:44 Eric Tegner, commentaire.
00:36:46 "On est en France en 2023, l'antisémitisme était latent,
00:36:48 "dit-il, il était là depuis le 7 octobre,
00:36:50 "il s'exprime en roue libre au grand jour, librement."
00:36:53 -Et il explique qu'il n'a jamais vécu ça auparavant,
00:36:56 parce qu'il dit à un moment donné que c'est un marcheur,
00:36:58 il a de nombreuses fois défilé contre le racisme,
00:37:00 contre l'homophobie, etc.,
00:37:03 et que cette fois-ci, ce témoignage est très fort
00:37:05 parce qu'on sent qu'il y a clairement un avant et un après.
00:37:08 Et d'ailleurs, ça ne touche pas seulement les Juifs,
00:37:10 ça touche tous ceux qui défendent les Juifs aujourd'hui.
00:37:12 Je pense à Thibaud de Montbrial, qui était chez vous ce matin,
00:37:16 qui, à chaque fois qu'il vient sur un plateau de télévision,
00:37:18 est accompagné par deux officiers de la police.
00:37:21 Je pense à tous ceux, à Minel Khatmi,
00:37:23 qui venait souvent sur votre plateau.
00:37:24 -Et depuis peu, sous protection policière.
00:37:26 -Exactement, il y a énormément d'inquiétude
00:37:28 du côté des services de police sur les menaces
00:37:30 vis-à-vis des personnalités publiques,
00:37:32 qui portent un discours.
00:37:33 Parce qu'à un moment donné, Arthur justement en parle,
00:37:35 il dit qu'il y a beaucoup de gens qui, aujourd'hui,
00:37:37 ne défendent pas les Juifs ouvertement,
00:37:39 mais lorsqu'ils nous parlent de ces images qu'ils ont vues,
00:37:42 de ce qui s'est passé en Israël,
00:37:45 ils sont profondément choqués.
00:37:46 Alors pourquoi ces personnes ne parlent pas ?
00:37:48 Eh bien, soit parce que, politiquement,
00:37:50 elles sont tenues par un électorat qui, pour le coup, est antisémite,
00:37:53 soit parce que, de l'autre côté, elles peuvent avoir peur,
00:37:56 parce que c'est une menace aujourd'hui.
00:37:57 -Et certains ont libéré cette parole antisémite également.
00:38:01 -Bien sûr, mais grâce à ce discours
00:38:04 qu'ils tendraient à légitimer, en fait, l'antisionisme.
00:38:06 Et donc, aujourd'hui, tout le monde peut se cacher
00:38:09 derrière l'antisionisme pour dire que non,
00:38:11 ce n'est pas une forme d'antisémitisme,
00:38:12 parce qu'un Jean-Luc Mélenchon, qui est élu de la République,
00:38:15 qui a plusieurs dizaines de parlementaires
00:38:17 à l'Assemblée nationale, qui continue d'officier,
00:38:19 malgré tous ses propos,
00:38:21 eh bien, les tiennent sur des chaînes de télévision.
00:38:23 -Je voudrais que vous entendiez un dernier extrait d'Arthur,
00:38:24 qui s'est ému également de l'absence d'hommage en France
00:38:27 des victimes françaises.
00:38:29 Il l'a rappelé dans le précédent extrait.
00:38:30 "40 de nos compatriotes ont été tués par les terroristes."
00:38:33 -Il y a 40 de nos compatriotes qui sont morts,
00:38:38 qui sont français.
00:38:40 Ça fait quoi ? Un mois et demi ?
00:38:41 On leur a rendu un quelconque hommage.
00:38:44 Il a fallu attendre 42 jours pour que le parisien fasse la une
00:38:47 avec les visages de ces Français qui ont été enlevés.
00:38:50 Moi, j'ai grandi, on a tous vu les JT avec les noms
00:38:53 qui démarraient aujourd'hui, ça fait tant de jours
00:38:55 que tel journaliste est en otage.
00:38:57 On n'en parle pas, de ces 40 compatriotes ?
00:38:59 Il y a 8 Français, juifs aussi, mais français d'abord,
00:39:03 qui sont retenus otage.
00:39:05 Qu'est-ce qui se passe là ? C'est quoi ce silence ?
00:39:10 On n'en parle pas, on ne les considère pas.
00:39:12 Pourquoi ? Parce qu'ils sont juifs avant d'être français ?
00:39:14 Non, ils sont français.
00:39:15 S'il y avait eu 40 Français assassinés, massacrés à Londres,
00:39:20 avec des Français otages à Londres,
00:39:22 on en parlerait ou on n'en parlerait pas, votre avis, Sonia ?
00:39:24 Il y a un vrai problème.
00:39:26 -Il y a un vrai problème, et la lendemaine,
00:39:27 qu'est-ce qu'on attend pour honorer les 40 Français
00:39:30 qui ont été massacrés par le Hamas ?
00:39:32 -Ils ont été massacrés en Israël. -Ah, c'est pour ça ?
00:39:35 -Je n'ai pas d'autre explication.
00:39:37 Il est très convaincant, Arthur, là-dessus.
00:39:39 Mais je ne veux pas m'engager.
00:39:40 Je ne sais pas pourquoi il n'y a pas eu d'hommage. Vraiment.
00:39:42 -Ça vous indigne, vous aussi ?
00:39:44 C'est une question que vous pourriez vous poser, comme lui ?
00:39:46 -Maintenant, je peux me la poser. -On devrait tous se poser comme lui.
00:39:49 -Maintenant, je peux me la poser. Je ne l'avais pas pensé avant.
00:39:53 Mais oui, un hommage, ou au moins une reconnaissance.
00:39:57 Et je pense que le climat en France fait que, en fait,
00:39:59 ça devient compliqué alors que ça ne devrait pas.
00:40:01 Mais franchement, ce n'était pas une question que je m'étais posée avant.
00:40:04 -Mais sur l'hommage, ce qu'on dit aussi, ce qu'on entend,
00:40:07 c'est qu'il y a encore des otages.
00:40:09 Il y a aussi cette question-là,
00:40:12 c'est-à-dire qu'il y a un hommage qui est prévu éventuellement.
00:40:14 Donc, est-ce qu'on attend d'avoir plus de réponses
00:40:16 sur les otages qui sont encore à Gaza ?
00:40:19 Cela dit, le fait de ne pas en avoir parlé,
00:40:21 moi, c'est plutôt ça qui me choque.
00:40:23 C'est-à-dire qu'il y a des compatriotes français qui sont morts.
00:40:26 Et effectivement, ça a été un éclat de silence assourdissant
00:40:29 depuis plusieurs semaines, ce côté invisible.
00:40:33 Mais pour le reste, pour l'hommage,
00:40:35 je pense que peut-être c'est un peu précipité
00:40:37 d'envoyer tout de suite des coups, de dire que ça n'a pas été fait.
00:40:39 -Je ne suis pas une grande fan d'hommage en général.
00:40:42 S'il n'y a rien derrière...
00:40:43 -On est le deuil national, le drapeau en berne.
00:40:45 C'est vrai qu'il y aurait pu y avoir, même, au-delà d'un hommage...
00:40:47 -Un deuil national, c'est...
00:40:49 -40 ressortissants français.
00:40:51 -Oui, je suis d'accord, mais...
00:40:53 -C'est du terrorisme.
00:40:54 -Faire un hommage ou rendre hommage
00:40:56 et sans suivre des actions derrière,
00:40:58 alors franchement, je préfère qu'il n'y ait pas d'hommage.
00:41:00 -Sauf que malheureusement, si on pense quand même
00:41:02 à la non-présence du chef de l'Etat lors de la Grande Marche
00:41:05 pour la République et contre l'antisémitisme,
00:41:07 souvenez-vous la rière pensée qui était de dire, en fait, au final,
00:41:09 il y avait une peur de fracture encore un peu plus la France.
00:41:12 -Ah, le pas de vagues. -Non.
00:41:13 -Communauté contre communauté. -Oui, le pas de vagues.
00:41:16 -Et la crainte, peut-être que c'est ça, aussi.
00:41:18 -Oui, sauf qu'en attendant, vous avez une partie de la population...
00:41:21 -Je pense qu'il faut pas mélanger l'hommage avec une chose
00:41:24 et la marche avec autre chose.
00:41:26 -Et une partie de la population, qui en attendant,
00:41:28 est totalement décomplexée tant que l'Etat,
00:41:29 tant que le chef de l'Etat, peut-être, ne montre pas...
00:41:32 -Il y a un hommage.
00:41:33 -Il ne montre pas qu'il a choisi le camp des Français juifs,
00:41:35 et pas des antisémites.
00:41:36 Je pense qu'il y aura ce trouble qui continuera à infuser
00:41:40 et certains s'immisceront dans les brèches.
00:41:42 C'est le cas de cette influenceuse qui était jugée hier,
00:41:44 Shera Mouri, la femme qui s'était publiquement moquée
00:41:47 des bébés israéliens.
00:41:48 Vous vous en souvenez ?
00:41:49 Elle ne voulait clairement pas vous rejouer cette vidéo ignoble
00:41:52 où elle se demandait comment assaisonner les bébés
00:41:55 qui ont été mis dans des fours par des terroristes du Hamas.
00:41:58 Cette femme qui avait posté cette vidéo sur les réseaux sociaux
00:42:01 était jugée hier.
00:42:03 -Oui, tout à fait. Je vais quand même, si vous le permettez,
00:42:05 Julien, rappeler la phrase, parce que c'est important.
00:42:07 C'était pour cette phrase, notamment,
00:42:08 pour plusieurs phrases qu'elle était jugée.
00:42:09 Je pense que c'est important de le dire
00:42:11 pour qu'on comprenne ce qui lui est reproché.
00:42:13 La première phrase qu'elle a dite sur Instagram,
00:42:16 c'est "à chaque fois que je tombe sur l'histoire du bébé
00:42:18 qui a été mis dans le four,
00:42:19 je me pose la question de s'ils ont mis du sel, du poivre,
00:42:22 s'ils ont mis du thym, ils font revenir à quoi ?
00:42:25 Et ça a été à quoi l'accompagnement ?"
00:42:26 Ensuite, elle a posté une autre vidéo,
00:42:28 plusieurs jours après, elle a tenu d'autres propos.
00:42:30 Et là, elle dit "le Hamas, ce n'est pas un mouvement terroriste,
00:42:33 c'est un mouvement politique avec une branche armée
00:42:35 qui défend la Palestine."
00:42:36 -Elle a bien appris sa leçon.
00:42:37 -Il faut bien les défendre, ces pauvres gens.
00:42:39 On ne peut pas les laisser se faire exterminer."
00:42:41 Alors, cette femme, on l'a présentée,
00:42:43 vous savez, comme une mannequin, une influenceuse.
00:42:45 En fait, elle n'est rien que tout ça.
00:42:46 Elle est mère de deux enfants,
00:42:48 elle vit des aides sociales depuis janvier dernier
00:42:50 et elle a travaillé dans le secteur rédimentiel.
00:42:51 En fait, elle a une petite communauté sur les réseaux sociaux.
00:42:54 Ces vidéos qu'elle a postées lui ont valu
00:42:56 tout de même une cinquantaine de signalements
00:42:58 sur la plateforme Pharos, mais aussi plusieurs plaintes.
00:43:00 Et c'est donc la brigade criminelle de la police judiciaire,
00:43:02 un service d'enquête d'élite,
00:43:04 qui est allée la chercher chez elle pour l'interpeller,
00:43:07 qui a aussi mené des perquisitions.
00:43:09 Il y a d'ailleurs deux ouvrages salafistes
00:43:12 qui ont été retrouvés chez elle.
00:43:13 Alors, elle dit que ce ne sont pas des ouvrages salafistes.
00:43:15 Et depuis son interpellation,
00:43:16 elle a été placée sous contrôle judiciaire.
00:43:19 Elle est donc visée par deux chefs d'accusation.
00:43:20 D'une part, la haine raciale,
00:43:22 et d'une autre, l'apologie du terrorisme.
00:43:24 Et c'est pour l'apologie du terrorisme qu'elle était jugée.
00:43:26 - Comment ça s'est passé hier ?
00:43:27 Vous avez assisté à l'audience qui, je crois, était très longue.
00:43:30 - Oui, qui était déjà très longue
00:43:31 parce qu'il y a eu toute une question de constitutionnalité au début
00:43:34 et de savoir s'il fallait scinder la procédure en deux.
00:43:36 Et puis surtout, extrêmement tendu.
00:43:38 Moi, je n'avais jamais vu ça.
00:43:39 Il y avait énormément de partis civils, si vous voulez, dans la salle,
00:43:43 de mouvements proches de la police.
00:43:44 - C'est une vidéo qui a révolté énormément de monde,
00:43:46 énormément d'associations.
00:43:47 - Et donc, ces personnes étaient un peu bouillonnantes, il faut le dire.
00:43:50 Vous avez, par exemple, une scène un peu céréaliste
00:43:52 qui s'est passée pendant la projection des vidéos.
00:43:54 Vous avez une des femmes proches de la prévenue
00:43:56 qui a accusé le député Meher Habib d'avoir glissé pourriture, comme ça.
00:44:02 Et tous les regards étaient évidemment tournés vers cette femme,
00:44:05 un Wardah A, qui s'est donc longuement expliqué sur ces vidéos,
00:44:09 mais évidemment qu'il l'a fait de manière beaucoup moins effrontée
00:44:12 et insolente face au jury que sur ses comptes réseaux sociaux.
00:44:15 - Qu'est-ce qu'elle a dit ? Comment elle s'est justifiée ?
00:44:17 Est-ce qu'elle a montré ne serait-ce qu'un peu de remords ?
00:44:20 - Alors non, elle ne regrette pas ses propos.
00:44:23 La question lui avait bien sûr été posée.
00:44:25 Elle a seulement concédé que ses propos étaient maladroits.
00:44:28 Elle a surtout accusé finalement ses détracteurs
00:44:31 d'avoir sorti ses propos de son contexte
00:44:33 pour en faire une mauvaise interprétation.
00:44:34 Elle a donc maintenu que le Hamas n'était pas une organisation terroriste,
00:44:38 mais un mouvement politique avec une branche armée.
00:44:40 Je vous rappelle que c'est exactement ce qu'avaient dit
00:44:41 Daniello Bono et plus globalement la France Insoumise.
00:44:44 Elle a néanmoins reconnu que l'attaque du 7 octobre était terroriste,
00:44:47 qu'elle n'avait pas voulu reconnaître devant les policiers
00:44:50 lors des investigations.
00:44:52 Elle a donc probablement changé son discours,
00:44:54 peut-être avec aussi le conseil de ses avocats.
00:44:56 Alors ces explications n'ont pas convaincu le procureur de la République
00:44:59 qu'il a accusé...
00:45:00 Ah oui, j'ai oublié, mais elle a dit qu'elle n'était pas antisémite.
00:45:03 Et finalement, la seule chose qu'elle voulait faire avec tout ça,
00:45:05 c'était lutter contre la propagande d'Israël.
00:45:07 Donc ça n'a pas convaincu le procureur de la République
00:45:09 qu'il a accusé en fait de blanchir et dédiaboliser les actions du Hamas
00:45:12 et se moquer finalement des victimes israéliennes.
00:45:15 Il a demandé dix mois de prison avec sursis.
00:45:17 On aura la réponse le 6 décembre.
00:45:19 Et pour finir, je vous propose d'écouter Maître Pardon,
00:45:22 qui est l'avocat de Meir Habib, qui est parti civil dans cette affaire.
00:45:25 Écoutez-le.
00:45:26 L'attentat d'hier, c'était une attitude de pantomime,
00:45:30 c'est-à-dire c'était du mensonge pour l'audience.
00:45:33 Devant les services de police, il y a eu un refus de dire
00:45:37 que les actes du 7 octobre étaient des actes terroristes.
00:45:39 Mais si ce n'est pas des actes terroristes, c'est quoi ?
00:45:41 Alors, quand on éventre, quand on tue, quand on égorge des civils,
00:45:45 en les visant et en se réjouissant.
00:45:47 Maintenant, j'attends que l'on donne un signal,
00:45:50 un signal pour elle, bien sûr,
00:45:52 mais pour tous ceux qui ont fait le choix de la désinformation
00:45:56 et surtout du négationnisme.
00:45:58 Merci, Amaury, pour ces précisions.
00:46:00 Rendez-vous le 6 décembre pour connaître le jugement.
00:46:03 On connaîtra la réponse de la justice.
00:46:05 Elle va être jugée quand même pour l'incitation à la haine raciale,
00:46:08 ce qui n'a pas été le cas hier, donc dans les prochains mois.
00:46:10 D'accord. Réquisitoire à la hauteur, Léa Landman ?
00:46:13 Est-ce que ça vous inspire, tout ça, encore ?
00:46:15 Ça m'inspire, en fait, que c'est quelque part pas elle le problème.
00:46:20 C'est très bien que la justice marche et fasse ce qu'elle a à faire,
00:46:24 mais c'est pas elle le problème, on est d'accord, quand même.
00:46:27 C'est les leaderships, c'est les leaders religieux,
00:46:29 c'est les leaders politiques.
00:46:31 C'est le fond de sa pensée, c'est l'origine de ce qu'elle dit.
00:46:34 - Elle a combien de fonds de sa pensée ? - Elle a aucune importance, cette femme.
00:46:40 Elle a prié avec sursis, etc.
00:46:42 Ce qui est important, c'est d'où vient l'idée qui l'a germée.
00:46:45 D'où vient l'idée, d'où vient ce terreau, où est-ce qu'elle entend ça,
00:46:49 où est-ce qu'elle pense, dans quel monde elle pense,
00:46:51 qu'écrire ça officiellement sur un poste, etc., c'est permissible.
00:46:56 C'est ça qui m'intéresse.
00:46:57 Elle en soi, vraiment, elle n'a pas d'importance.
00:47:00 Mais quand il y en a...
00:47:01 Vous dites que quand il y en a 100 000 comme ça, ça a d'importance,
00:47:04 mais d'où elle vient ? D'où elle a entendu, surtout ?
00:47:07 - L'importance des réseaux sociaux. - Justement, c'était là-dessus.
00:47:10 Vous demandiez tout à l'heure où sont les gens et pourquoi on parle pas.
00:47:13 On sait très bien que les réseaux sociaux, il faut d'abord les remettre en place.
00:47:16 Les réseaux sociaux ne représentent pas complètement l'opinion publique.
00:47:19 On sait très bien que les gens qui s'expriment sur les réseaux sociaux...
00:47:21 - ...déferlantes d'antiféminisme, de racisme,
00:47:25 et que les jeunes, malheureusement, parfois,
00:47:27 s'informent uniquement sur les réseaux sociaux.
00:47:28 C'est pas moi qui vais vous dire le contraire.
00:47:30 On peut parler aussi de TikTok et du contrôle Kalashim sur TikTok,
00:47:33 et ce qu'on laisse passer, les algorithmes et tout ça.
00:47:34 - En fait, vous venez à l'idéologie. - Il nous reste 30 secondes.
00:47:37 - Je voudrais que Philippe puisse apporter ça. - Justement, je suis assez d'accord avec vous,
00:47:40 parce qu'on a assisté pendant deux mois, enfin ces deux derniers mois,
00:47:44 à une explosion, pas simplement des réseaux sociaux,
00:47:47 des actes antisémites, des paroles antisémites, des agressions.
00:47:51 C'est pour ça qu'elles ne représentent pas rien.
00:47:53 Et on a assisté à ça après un pogrom,
00:47:56 un crime contre l'humanité antisémite en Israël le 7 octobre.
00:48:00 Et donc, je trouve, par rapport à ce que disait Arthur,
00:48:03 dont les mots nous ont touchés, on est en France,
00:48:06 on est en 2023, on est après un pogrom,
00:48:09 et on a assisté à une explosion des actes antisémites.
00:48:12 - Et même du négationnisme. - Et c'est pas négligeable,
00:48:14 de ce point de vue-là, à cette jeune femme.
00:48:16 - On demande une pause, mais encore une fois,
00:48:19 rendez-vous le 6 décembre, parce qu'il sera très intéressant
00:48:21 de voir le jugement rendu.
00:48:23 On va se retrouver dans quelques instants
00:48:25 après notre dernière pause de la soirée.
00:48:26 Si vous n'étiez pas avec nous, vous allez revoir
00:48:29 cette séquence terriblement émouvante,
00:48:32 cet appel du coeur des parents d'Émile,
00:48:34 qui supplie celui ou ceux qui savent de s'exprimer
00:48:38 concernant la vérité autour de la disparition de leur fils Émile.
00:48:40 Et puis, c'est demain qu'on relue les obsèques de Thomas,
00:48:43 après le drame de Crépole.
00:48:45 On en parlera longuement. Et puis avec vous, Éric Tegner,
00:48:47 on se plongera dans cette fameuse cité de la Monnaie,
00:48:49 où vous êtes allé hier, je crois. - C'est ça.
00:48:51 - Vous avez tourné un reportage,
00:48:53 dont on verra quelques extraits à la cité de la Monnaie,
00:48:55 qui est dans tous les esprits et dans toutes les bouches,
00:48:58 puisque une grande partie des jeunes
00:49:00 qui ont attaqué les autres jeunes de Crépole
00:49:02 font partie de cette cité. A tout de suite.
00:49:05 ...
00:49:07 Il est un tout petit peu plus de 23h.
00:49:10 Merci de nous rejoindre sur CNews.
00:49:11 La suite de Soir Info, juste après le rappel de l'actualité.
00:49:14 ...
00:49:19 -La trêve entre l'armée israélienne et le Hamas
00:49:23 débutera demain matin, dans la journée.
00:49:25 13 otages seront libérés de Gaza en échange
00:49:28 de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
00:49:30 L'armée israélienne a confirmé avoir reçu une liste
00:49:33 de noms des otages et toutes les familles ont été averties.
00:49:36 Cette trêve d'une durée de 4 jours a été obtenue par le Qatar.
00:49:39 Au total, 50 otages retenus par le Hamas
00:49:42 seront libérés contre 150 prisonniers palestiniens
00:49:45 en Israël. Écoutez un porte-parole de Tsal.
00:49:47 ...
00:49:50 -C'est une soirée difficile et tendue pour nous tous,
00:49:53 en particulier pour les familles
00:49:55 dont les proches ont été enlevés.
00:49:56 -Aujourd'hui, nous avons reçu une liste préliminaire
00:50:01 de noms de femmes et d'enfants enlevés
00:50:02 qui seront libérés lors de la 1re étape.
00:50:04 ...
00:50:07 -Au cours des dernières heures, les officiers chargés
00:50:10 du contact avec les familles ont transmis les messages
00:50:12 avec sensibilité et réserve.
00:50:14 ...
00:50:15 -5 personnes, dont 3 enfants hospitalisés
00:50:18 après une attaque au couteau à Dublin,
00:50:20 indique la police irlandaise.
00:50:22 Pour l'heure, les autorités ne considèrent pas les faits
00:50:25 comme étant de nature terroriste.
00:50:26 Un suspect a été arrêté.
00:50:28 Il s'agit d'un homme d'une cinquantaine d'années
00:50:30 qui a été hospitalisé.
00:50:31 Enfin, Elisabeth Borne actionne un 18e 49-3
00:50:36 pour faire adopter sans vote en 2e lecture à l'Assemblée
00:50:39 la partie recette du budget de la CQ 2024.
00:50:43 Le groupe LFI va déposer une motion de censure.
00:50:45 Elisabeth Borne a justifié son action.
00:50:47 Le projet de la loi de financement de la sécurité sociale
00:50:50 est le coeur même de notre modèle social.
00:50:52 Il rassemble et protège les Français.
00:50:54 Nous ne pouvons pas prendre le risque de les en priver.
00:50:57 -Merci, Maurice Vidal.
00:50:58 On vous retrouve à 23h30 pour un nouveau rappel de l'actualité.
00:51:01 Léa Landman, Karim Abrik, Philippe Guibert,
00:51:03 Eric Techner, Amaury Buco et Tatiana Renard-Barzac
00:51:06 sont toujours autour de la table pour discuter
00:51:08 de tout ce qui fait l'actualité.
00:51:10 On va revenir sur l'enquête qui se poursuit à Crépol
00:51:13 après ce drame et les obsèques du jeune Thomas
00:51:15 qui auront lieu demain.
00:51:17 Mais avant cela, demain, ce sera le 24 novembre également.
00:51:20 Ce sera, ce serait, qui peut le dire,
00:51:23 le 3e anniversaire d'Emile, le fils de Marie et Colomban,
00:51:29 qui ont enregistré un appel poignant, extrêmement émouvant,
00:51:33 un appel audio qu'ils ont souhaité confier
00:51:35 aux magazines "Familles chrétiennes" en vue d'une diffusion,
00:51:38 la plus large possible, dans cet enregistrement,
00:51:41 d'un peu plus d'une minute.
00:51:42 Les deux parents, par la voix de la maman,
00:51:44 s'adressent directement à celui ou ceux qui savent
00:51:47 ce qui est arrivé à Emile.
00:51:48 On va l'écouter.
00:51:50 -Depuis le 8 juillet, nous vivons entre l'espoir et l'abattement.
00:51:54 Après l'avoir cherché en vain pendant des semaines,
00:51:58 compte tenu de la configuration des lieux,
00:52:01 nous avons acquis la certitude que notre petit Emile
00:52:04 a été victime d'un enlèvement ou d'un accident.
00:52:07 Ce 24 novembre, c'est son anniversaire
00:52:12 et nous ne pouvons pas le fêter.
00:52:14 L'incertitude ajoute à notre angoisse.
00:52:17 Où est notre petit garçon ?
00:52:19 Que lui est-il arrivé ?
00:52:21 Nous voulons nous adresser aujourd'hui
00:52:24 à celui ou ceux qui savent ce qui lui est arrivé.
00:52:28 S'il s'agit d'un accident, peut-être avez-vous paniqué.
00:52:32 Si vous avez commis l'irréparable, peut-être le regrettez-vous.
00:52:36 Peut-être craignez-vous les conséquences
00:52:38 et ne savez comment vous en sortir.
00:52:40 Tout cela, nous pouvons le comprendre,
00:52:43 mais nous en appelons à votre coeur.
00:52:46 Comprenez notre détresse.
00:52:48 Dites-nous où est Emile.
00:52:51 Par pitié, s'il est vivant,
00:52:53 ne nous laissez pas vivre sans lui.
00:52:56 Rendez-le-nous.
00:52:58 Par pitié, s'il est mort,
00:53:00 dites-nous où il se trouve.
00:53:02 Rendez-le-nous.
00:53:03 Ne nous laissez pas sans une tombe pour nous recueillir.
00:53:07 Tout cela, vous pouvez le faire de mille manières,
00:53:11 même anonymement, sans avoir à vous dénoncer.
00:53:15 Mais ne nous laissez pas vivre le restant de nos jours,
00:53:18 ainsi que nos familles,
00:53:19 avec cette affreuse angoisse qui nous broie le coeur.
00:53:22 Nous vous en supplions.
00:53:24 Dites-nous où il se trouve.
00:53:26 Rendez-nous, Emile.
00:53:28 -Réaction également du directeur de la rédaction de Famille chrétienne,
00:53:30 qui était avec nous un petit peu plus tôt.
00:53:32 C'est lui qui a donc obtenu cet enregistrement.
00:53:36 -On sent bien que c'est un appel, je ne dis pas de la dernière chance,
00:53:41 mais on sent surtout que le coeur, pour moi,
00:53:43 si je peux insister là-dessus, c'est justement le coeur.
00:53:46 C'est-à-dire, nous faisons appel à votre coeur.
00:53:49 Ils espèrent que ce soir, il y a quelqu'un qui les entend
00:53:51 et qui sait quelque chose.
00:53:53 Qui sait, qui est coupable ou responsable,
00:53:55 et qui peut les aider
00:53:58 pour retrouver Emile d'une façon ou d'une autre.
00:54:00 On peut appeler ça une prière, mais c'est en tout cas une supplication.
00:54:03 Et je vous rejoins complètement.
00:54:05 Les deux mots que moi, j'entends depuis tout à l'heure,
00:54:07 c'est "coeur" et c'est "pardon".
00:54:09 Et de fait, voilà...
00:54:11 D'ailleurs, il y a une phrase de Marie qui est assez étonnante,
00:54:14 c'est "probablement avez-vous déjà des remords,
00:54:17 "vous le regrettez probablement".
00:54:18 Ils essaient de se mettre objectivement à la place
00:54:21 de celui ou celle qui a commis l'irréparable, peut-être,
00:54:24 et ils veulent avancer, ils veulent savoir.
00:54:27 Je crois qu'on peut tous se mettre à leur place un instant.
00:54:31 Emile a disparu il y a quatre mois et demi,
00:54:33 et ils n'ont aucune nouvelle, mais une certitude,
00:54:35 nous disent-ils quand même, ce qui est une façon, à mon avis,
00:54:39 je ne suis pas ni policier, ni chargé d'enquête,
00:54:41 ni expert comme sur votre plateau,
00:54:43 mais je pense que d'une certaine façon,
00:54:45 s'ils disent qu'ils ont la certitude
00:54:46 qu'il a été enlevé ou victime d'un accident,
00:54:49 c'est qu'ils ont la certitude que c'est quelque chose
00:54:51 qui s'est passé à l'extérieur de chez eux.
00:54:53 -Éric Tegnayen, on est touchés au coeur,
00:54:55 ce qu'on disait tout à l'heure en entendant ce message.
00:54:58 -Très touchés, d'autant plus par le fait
00:55:00 que les parents du jeune Emile, qui ont près de 25 ans,
00:55:03 tout à l'heure, le directeur de la Fédération chrétienne,
00:55:05 il faut le rappeler, ces parents-là,
00:55:08 on n'a jamais vu leur visage, et ils ont toujours choisi,
00:55:10 tout comme leurs grands-parents depuis l'huilier dernier,
00:55:13 de ne pas communiquer.
00:55:14 Ils ne l'ont fait que fin septembre,
00:55:16 parce qu'il y avait des attaques de certains médias
00:55:18 qui essayaient de parler du passif militant des parents d'Emile
00:55:23 pour essayer de décrédibiliser.
00:55:24 Il y a une petite musique qui montait,
00:55:26 et donc les parents d'Emile ont choisi à ce moment-là
00:55:28 d'aller voir Famille chrétienne.
00:55:30 En même temps, ils ont appelé à une litanie de prière
00:55:32 pour le 7 octobre, qui est la fête de Notre-Dame du Roser
00:55:35 pour les chrétiens, et là, ils le font,
00:55:37 à ce moment-là, effectivement,
00:55:39 avec un appel extrêmement chrétien de leur part,
00:55:41 avec un sens non pas du pardon, mais en fait...
00:55:44 - On se rappelle à l'humanité qu'ils pourraient y avoir
00:55:47 dans celui ou ceux qui connaissent la vérité sur Emile.
00:55:50 - Tout à fait, et en espérant,
00:55:51 c'est un mot qui revient souvent dans leur bouche,
00:55:54 mais également dans celle du maire du village de leurs grands-parents,
00:55:57 en espérant un miracle.
00:55:58 Et clairement, c'est ce qu'ils attendent en faisant cela,
00:56:01 parce que c'est aussi une façon,
00:56:02 et le directeur de Famille chrétienne le disait tout à l'heure,
00:56:05 de pousser aussi les chrétiens à prier,
00:56:07 et visiblement, c'est ce qu'ils font tous depuis ce soir.
00:56:09 - En attendant, ça fait 138 jours que ce petit bonhomme,
00:56:12 donc qui aura trois ans demain, a disparu.
00:56:14 Amaury Bucois, je me tourne vers vous,
00:56:15 parce qu'on a envie d'en savoir plus sur l'enquête.
00:56:18 A-t-elle évolué après plus de quatre mois ?
00:56:20 - Ce qui est sûr, c'est que de l'extérieur,
00:56:22 on peut se dire que l'enquête en est...
00:56:24 - Au point mort. - Voilà, ça fait quand même
00:56:25 effectivement quatre mois et demi qu'il a disparu, Emile,
00:56:27 on ne sait rien.
00:56:29 En fait, l'enquête, si vous voulez, elle avance très doucement,
00:56:31 très lentement, mais comme finalement beaucoup d'enquêtes.
00:56:33 Sauf que là, effectivement, il y a cette attente,
00:56:35 cette horrible attente pour les parents.
00:56:38 Je vous rappelle un peu l'histoire.
00:56:41 La première hypothèse qui avait été creusée,
00:56:43 c'était celle de la disparition d'Emile,
00:56:45 qui se serait perdue dans la montagne.
00:56:47 Il n'a que deux ans, donc on s'est dit qu'il ne pouvait pas être allé bien loin.
00:56:49 Il y avait eu énormément de moyens qui avaient été déployés,
00:56:51 jusqu'à 800 personnes qui avaient effectué ces recherches,
00:56:54 des chiens pisteurs, deux hélicoptères.
00:56:56 - De nombreuses battues, comme on le voit à l'image aussi.
00:56:57 - Voilà, hélas, pour cette piste, c'est que la vérité,
00:57:00 c'est que si Emile s'était vraiment perdu, aujourd'hui, il serait mort.
00:57:03 Et on aurait même peut-être du mal à retrouver son corps,
00:57:05 qu'on retrouverait peut-être à ce moment-là,
00:57:07 avec les changements de saison, par exemple, l'hiver,
00:57:09 et donc la végétation qui change.
00:57:10 Donc, si vous voulez, ça, c'était pour la piste de la disparition.
00:57:13 Alors, la gendarmerie, l'enquête a évolué.
00:57:16 D'abord, c'était donc disparition inquiétante,
00:57:18 et maintenant, ça devient enlèvement et séquestration,
00:57:20 donc c'est un qualificatif criminel.
00:57:22 Et donc, c'est cette piste criminelle
00:57:24 que creusent les enquêteurs de la gendarmerie.
00:57:27 Concrètement, ce que fait la gendarmerie,
00:57:29 c'est d'essayer de figer la situation au moment où ça s'est passé,
00:57:32 de savoir qui était présent autour d'Emile,
00:57:36 dans ce petit village du Haut-Vernay, le jour où il a disparu.
00:57:40 Alors, pour ça, c'est très difficile, parce qu'on est dans un cadre rural,
00:57:42 où, par exemple, vous n'avez qu'une seule antenne téléphonique,
00:57:45 à la fois pour le Vernay, le village en bas,
00:57:47 et pour le Hameau, qui est en hauteur.
00:57:49 Et donc, si vous voulez, c'est très difficile
00:57:51 de savoir qui était là exactement,
00:57:52 d'autant qu'il y avait beaucoup de monde,
00:57:53 puisqu'il y avait les touristes, qui sont nombreux,
00:57:56 les campeurs, les randonneurs,
00:57:58 et donc, les policiers, les gendarmes, plus précisément,
00:58:01 ont à la fois pris les relevés téléphoniques,
00:58:03 mais aussi, voire dans les mairies,
00:58:04 dans les registres des auberges ou des campings,
00:58:06 pour essayer de faire ce tableau des personnes présentes.
00:58:09 Il y a eu des perquisitions qui ont été menées ces dernières semaines.
00:58:13 On a aussi eu des auditions libres,
00:58:14 pour essayer de voir si les versions étaient exactes,
00:58:17 s'il n'y avait pas des contradictions.
00:58:18 Mais finalement, ce qu'on peut dire aujourd'hui,
00:58:20 c'est qu'il n'y a eu aucune garde à vue,
00:58:22 donc, inévitablement, aucun médecin mince,
00:58:24 c'est-à-dire qu'il n'y a aucun suspect qui a été identifié.
00:58:27 Le corps d'Emile, on ne sait absolument pas où il est,
00:58:30 et donc, la disparition d'Emile demeure entièrement un mystère.
00:58:33 Merci, Amaury. Philippe, aucune piste, aucune garde à vue.
00:58:36 Après 138 jours, on pense à Emile,
00:58:38 on pourrait évoquer la jeune Lina, également,
00:58:41 qui est toujours introuvable.
00:58:43 On se dit, mais comment est-ce qu'il est possible,
00:58:45 à notre époque, en 2023,
00:58:47 avec les technologies qu'on connaît tous,
00:58:48 de se volatiliser de cette façon,
00:58:51 quatre mois et demi après, pas le moindre indice ?
00:58:55 -Oui, mais c'est ce mystère qui ronge les parents de...
00:58:58 -Oui, qui ronge. C'est exactement...
00:59:00 -Ce petit garçon et qu'on entend dans leur voix,
00:59:02 dans ce message qui est bouleversant,
00:59:05 et c'est ça dont ils ont besoin, ils ont besoin de comprendre,
00:59:09 ils ont besoin de retrouver leur enfant,
00:59:11 le corps de leur enfant.
00:59:14 Et donc, voilà.
00:59:16 Ensuite, j'avoue que mon goût pour les romans policiers,
00:59:20 là, est quelque peu tari,
00:59:24 parce que cette affaire ne se prête pas
00:59:27 aux supputations psychopolicières
00:59:31 pour essayer de la comprendre.
00:59:32 Elle est inimaginable,
00:59:35 ou alors on imagine le pire.
00:59:37 Mais voilà, je préfère laisser
00:59:41 les gens qui mènent l'enquête faire l'enquête.
00:59:43 -Et c'est pas le genre des enquêteurs, justement,
00:59:46 de lâcher l'affaire dans ce genre d'affaires.
00:59:48 -Non, ils ne vont pas lâcher.
00:59:49 -On espère, on croise les doigts, encore une fois,
00:59:50 pour la famille d'Émile
00:59:52 et tous les proches de ce petit bonhomme,
00:59:55 qui est toujours introuvable.
00:59:56 Une enquête qui, elle, avance plus vite, si je puis dire,
00:59:59 l'enquête sur le meurtre du jeune Thomas dans la Drôme.
01:00:02 Il y a désormais 10 personnes qui sont en garde à vue
01:00:04 avec des profils de délinquance marqués, avérés,
01:00:07 disait le procureur hier.
01:00:08 Le casier judiciaire de celui qui a été désigné
01:00:10 comme l'auteur du coup de couteau mortel
01:00:12 comporte deux condamnations à des peines d'amende,
01:00:14 une récente pour port d'armes blanches,
01:00:17 une autre pour recel de vol, selon la même source.
01:00:19 Ce qu'il faut savoir à ce stade de l'enquête,
01:00:21 qui a débuté il y a peu avec Olivier Madigné,
01:00:23 sur place à Valence dans la Drôme.
01:00:25 Neuf personnes sont en garde à vue
01:00:28 depuis maintenant un peu plus de 48 heures.
01:00:31 Il faut ajouter aussi une dixième personne
01:00:34 qui s'est présentée spontanément
01:00:36 ici, à la gendarmerie de Romand-sur-Iserth.
01:00:39 Donc, il y a au total 10 personnes en garde à vue,
01:00:42 7 majeures et 3 mineurs,
01:00:44 3 mineurs âgés de 16 à 18 ans
01:00:46 et 7 majeurs âgés entre 19 et 22 ans.
01:00:51 Et parmi ces personnes majeures,
01:00:53 la personne suspectée d'être l'auteur
01:00:56 des coups de couteau contre le jeune Thomas.
01:00:59 On en sait un peu plus sur le profil de cette personne.
01:01:02 Elle a été condamnée à deux reprises,
01:01:05 une fois pour recel de vol
01:01:07 et une autre fois pour détention d'armes blanches.
01:01:10 Depuis le 25 septembre au dernier,
01:01:11 elle n'avait pas le droit de posséder une telle arme.
01:01:14 Alors, les gendarmes de la section de recherche de Grenoble
01:01:17 continuent leurs investigations.
01:01:20 Des perquisitions ont eu lieu ce matin
01:01:22 dans le quartier de la Monnaie, à Valence,
01:01:24 et d'autres interpellations pourraient avoir lieu
01:01:27 dans les heures et les jours qui viennent.
01:01:29 -Et puis, j'aimerais que vous entendiez
01:01:31 le stémant de Benjamin, un ami de la famille de Thomas.
01:01:34 -Comment on va laisser sortir nos jeunes demain ?
01:01:36 Même dans nos campagnes.
01:01:38 Moi, par exemple, je vous disais tout à l'heure,
01:01:40 à Crépole, on aurait laissé nos enfants,
01:01:42 mais les yeux tranquilles.
01:01:43 Les yeux fermés, on aurait laissé partir nos enfants au bal,
01:01:47 sans aucune crainte.
01:01:48 Tous les collègues que je vois dans nos campagnes,
01:01:50 on est dans des petits secteurs très rurals ou très ruraux,
01:01:54 et sincèrement, on n'aurait pas imaginé une seconde
01:01:58 que des faits comme ceux-ci puissent se dérouler.
01:02:00 C'est vraiment...
01:02:01 Je pense qu'il y a un peu choqué la violence des actes
01:02:04 par rapport à...
01:02:05 Effectivement, en eux-mêmes,
01:02:07 mais même par rapport à la situation géographique de la Seine.
01:02:10 -Un premier commentaire, Tatiana Arbarzak.
01:02:12 "N'en déplaise à beaucoup, ce qui s'est passé à Crépole
01:02:15 "samedi dernier n'est pas une rixe.
01:02:17 "Un motif raciste, pour le moment, est avancé,
01:02:19 "par les témoins, par les journalistes,
01:02:22 "notamment du Dauphiné Libéré,
01:02:23 "qu'on ne peut pas accuser d'incompétence,
01:02:28 "et pourtant, certains, beaucoup,
01:02:30 "continuent de s'accrocher à cette version."
01:02:32 -C'est vrai que ceux qui parlent de faits divers
01:02:35 sont, si j'ose dire, à côté de la plaque,
01:02:37 parce que là, on assiste à une sorte de banalisation,
01:02:40 d'ailleurs, d'une ultra-violence,
01:02:42 qui, maintenant, gagne les campagnes,
01:02:44 parce que c'est ça, aussi, on est en zone rurale,
01:02:46 c'est très particulier. -Débridé, gratuit.
01:02:48 -Le politique s'en emparait.
01:02:50 On a vu une politisation très forte de ce fait divers,
01:02:52 qui est devenu une sorte de presse de faits de société,
01:02:55 avec Gérald Darmanin qui parle d'ensauvagement,
01:02:58 ça fait longtemps qu'il en parle,
01:02:59 cette France orange mécanique, que la droite a évoquée,
01:03:02 avec l'extrême droite et d'autres partis
01:03:05 qui, en effet, vont aussi utiliser cela,
01:03:08 et puis la Première ministre,
01:03:10 qui a appelé à la décence, et elle a retenu.
01:03:12 Parce que c'est vrai qu'on ne va pas refaire le jeu,
01:03:15 le match politique, parce que chacun voit midi à sa porte,
01:03:18 en fonction de là où il se situe sur l'échiquier politique,
01:03:21 cela dit, qu'est-ce que ça montre ?
01:03:23 D'abord, qu'il y a cette banalisation,
01:03:25 ça montre aussi qu'il y a une défiance de l'autorité.
01:03:28 On a vu ce videur qui s'est fait sectionner des doigts,
01:03:31 on parle d'un bal, on parle hier de policiers,
01:03:33 on parle la veille d'infirmiers,
01:03:35 on parle l'avant-veille d'autres personnes,
01:03:38 donc c'est vrai que ça pose une vraie question.
01:03:41 Quand on voit qu'il y a 8 Français sur 10
01:03:43 qui ont peur pour leurs enfants,
01:03:44 qui sentent une insécurité,
01:03:46 on ne peut plus parler de sentiment d'insécurité,
01:03:49 mais d'une vraie violence,
01:03:50 quand on voit qu'il y a 88 % des Français,
01:03:53 selon un sondage élable,
01:03:54 qui considèrent que ce n'est pas un fait divers,
01:03:57 mais un acte de violence pur...
01:03:59 -Il y a que ceux qui nous gouvernent,
01:04:01 qui ne voient pas la réalité des choses.
01:04:03 -On peut se poser des questions.
01:04:05 Certains vous diront que ce qui a été relaté,
01:04:07 pour l'instant, on a juste quelques bribes,
01:04:10 ce qu'on pourrait qualifier d'actes anti-blancs.
01:04:13 Je ne rentrerai pas dans cette polémique.
01:04:15 Je vais rester sur le terrain.
01:04:17 -Ce ne sont pas des polémiques, ce sont des témoignages.
01:04:20 L'enquête dira si c'est avéré,
01:04:22 mais pour l'instant, tous les témoignages vont...
01:04:25 -Attendons la fin de l'enquête.
01:04:27 -L'ensauvagement de la société,
01:04:29 c'est une réalité que nous avons tous les jours,
01:04:31 nos enfants qui partent à une fête,
01:04:34 qui risquent un coup de couteau.
01:04:35 -Vous savez que je vais remettre ça dans un contexte mondial.
01:04:39 Je vais parler de la France.
01:04:41 On voit ça partout, en fait.
01:04:44 Je lis les mêmes inquiétudes aux Etats-Unis,
01:04:47 je lis en Israël, je vois ça...
01:04:50 -Vous avez vu ce qui se passe à Dublin, ce soir ?
01:04:53 Vous avez vu ce qui se passe à Dublin, ce soir ?
01:04:55 Je vais me permettre cette petite parenthèse.
01:04:58 Il y a eu, dans le journal, un instinct,
01:05:00 une agression au couteau dans les rues de Dublin,
01:05:03 dont trois enfants sont les victimes.
01:05:05 Heureusement, il n'y a que des victimes.
01:05:08 Il n'y a pas de marche blanche à Dublin, ce soir.
01:05:11 Il y a des gens qui sont révoltés,
01:05:13 parce que les Irlandais ont appris
01:05:15 que c'était un migrant qui avait commis ce terrible acte.
01:05:20 Et vous avez des Irlandais, des Dublineurs,
01:05:23 enfin, Dubinois,
01:05:25 qui sont dans les rues, en train d'exploser,
01:05:28 de faire exploser leur haine, leur colère,
01:05:30 qui se dirigent vers des centres de migrants
01:05:33 et qui vont à la confrontation physique.
01:05:35 On est en train d'assister à une mini-révolution
01:05:38 depuis quelques heures dans les rues de Dublin.
01:05:40 Nous ne voyons pas encore en France.
01:05:42 Qu'inspirent ces images ?
01:05:44 Est-ce qu'on peut faire un parallèle
01:05:46 entre cette révolte irlandaise,
01:05:48 qui a lieu ce soir,
01:05:49 et ce que nous vivons,
01:05:51 avec cette retenue, cette dignité incroyable,
01:05:53 à Crepelle, notamment, lors de cette marche blanche ?
01:05:56 Alors, je ne sais pas
01:05:58 quand une marche blanche dégénère et devient autre chose,
01:06:01 une révolte, une révolte civile, j'en sais rien.
01:06:05 Ce que je sais, c'est que, jusqu'il n'y a pas très longtemps,
01:06:08 ils ont dit que la piste terroriste
01:06:10 n'était pas entamée.
01:06:13 Et quelques...
01:06:14 À mon avis, quelques minutes plus tard,
01:06:17 ils ont dit que toutes les options sont ouvertes.
01:06:19 Je pense qu'une des raisons qui font dégénérer
01:06:22 les gens ou qui les rendent furieux,
01:06:24 c'est quand on les prend pour des imbéciles.
01:06:27 C'est-à-dire qu'on n'en sait rien,
01:06:29 pourquoi ce mec, parce que c'est un fou...
01:06:31 -Bien sûr. -On n'en sait rien.
01:06:33 Mais de dire à l'avance "ce n'est pas quelque chose"
01:06:36 et que ça arrange les politiques, en fait, ça rend les gens fous.
01:06:40 Et je pense que c'est ça, la différence.
01:06:43 -Il y a la star irlandaise, d'ailleurs,
01:06:45 le combattant de MMA,
01:06:46 Connor McGregor,
01:06:48 qui est mondialement connu,
01:06:49 qui est un Irlandais revendiqué,
01:06:51 je sais pas si le tweet est disponible.
01:06:54 Il appelle au soulèvement.
01:06:55 Si on peut le sortir bientôt,
01:06:57 parce que je ne l'ai pas en tête,
01:06:59 mais il appelle à un soulèvement.
01:07:01 -Il n'y a pas de soulèvement dans un vide.
01:07:04 Le soulèvement, c'est jamais...
01:07:06 -Il dit "l'Irlande est en guerre".
01:07:08 Voilà ce que dit Connor McGregor ce soir,
01:07:10 qui est un homme exubérant,
01:07:12 pour ceux qui connaissent,
01:07:13 ce qu'on peut appeler un excentrique.
01:07:16 "L'Irlande est en guerre."
01:07:17 Amaury, vous apportez votre commentaire.
01:07:20 -C'est exactement ce que disait Thibaud de Montbrial
01:07:23 ce matin chez Sonia Mabrouk.
01:07:25 Il disait que l'étape d'après, en France,
01:07:27 ça va être le moment.
01:07:28 -Ca ressemble à ça, l'étape d'après ?
01:07:31 -C'est-à-dire des gens qui vont finir par s'armer,
01:07:34 ils vont finir par prendre des fusils
01:07:36 pour protéger eux-mêmes leur fête de bal, etc.
01:07:39 Ce soir, c'est cela,
01:07:40 ils ne font plus confiance dans les hommes politiques.
01:07:43 Ils ne font pas véritablement confiance
01:07:45 dans les forces de police.
01:07:47 On l'a vu en Espagne, c'est la première fois
01:07:49 qu'on voit des forces de droite nationalistes
01:07:52 opposées face à des policiers.
01:07:54 Ca va être l'étape d'après si, à un moment donné,
01:07:56 on se retrouve avec d'autres événements.
01:07:59 Malheureusement, bien entendu,
01:08:01 je tiens à le dire, parce que pour l'instant,
01:08:03 ces images-là, elles existent.
01:08:05 Elles existent de l'affaire Nael.
01:08:08 La différence en Irlande, cette fois-ci,
01:08:10 c'est que, entre guillemets, c'est l'autre camp qui se révolte.
01:08:13 Mais nous, on est habitués, depuis des années...
01:08:16 -Vous parlez de "quand", on ne sait pas ce qui s'est passé.
01:08:19 On ne sait pas de quand on parle.
01:08:21 -Ce qu'on sait, effectivement,
01:08:23 c'est qu'un Algérien, c'est la nationalité
01:08:25 qui est sortie par les autorités ce soir,
01:08:29 qui aurait commis, justement, ces actes.
01:08:33 -Voilà le tweet dont je parlais.
01:08:35 -Si je peux me permettre, en France,
01:08:37 on a déjà connu des scènes comme ça.
01:08:39 Pendant la Coupe du monde,
01:08:41 un jeune d'origine maghrébine... -Quelle Coupe du monde ?
01:08:44 -La dernière ? -Oui, de football.
01:08:46 Il y avait eu le match, je crois, c'était France-Amélie.
01:08:49 Il y avait un jeune supporter mineur
01:08:51 qui s'était fait rouler dessus par un membre de la communauté gitane.
01:08:55 Derrière, il y avait eu des expéditions punitives
01:08:58 dans un quartier à Montpellier.
01:09:00 Finalement, il y avait eu une rencontre entre un imam
01:09:02 et le représentant de la communauté gitane
01:09:05 pour apaiser les tensions.
01:09:06 On a déjà des tensions en France avec l'histoire des faits.
01:09:10 -Les leaders religieux qui sifflent,
01:09:12 si je puis dire, vraiment, la fin de la récré,
01:09:14 dans ce genre de cas. -Un mot sur ce que vous disiez ?
01:09:17 -Ne mélangeons pas tout.
01:09:19 Le parallèle qu'on fait entre Crépol et Dublin ce soir,
01:09:22 je ne suis pas en thèse,
01:09:23 parce qu'on évoquait cette potentielle révolte,
01:09:26 mais je me permets, pour nos téléspectateurs
01:09:29 que ce soit bien cadré, qu'il ne faut pas tout mélanger,
01:09:32 que l'Arix avec la Coupe du Monde, Crépol, l'Irlande,
01:09:35 ce sont des faits différents, mais il y a...
01:09:37 Comment je vais dire ? Quelque chose dans l'air, en fait.
01:09:41 Quelque chose dans l'air dans toutes ces affaires
01:09:43 qui peut porter à réflexion.
01:09:45 -Ca tringe aussi de milices qui s'organiseraient.
01:09:48 On l'a vu, par exemple, pour le trafic de stupes,
01:09:51 à Marseille, avec des habitants dans les quartiers nord,
01:09:54 des mamans, d'ailleurs, qui s'organisaient,
01:09:56 avec des habitants, pour faire fuir la sécurité dans les immeubles.
01:10:00 Ca pose une vraie question démocratique.
01:10:02 -C'est l'émergence de l'auto-justice.
01:10:05 Voilà ce qu'il y a.
01:10:06 -Le "pournant", c'est le sentiment de ne plus être protégé
01:10:09 par la force légitime.
01:10:10 -Il n'y a plus de régalien, on n'a plus confiance en l'Etat.
01:10:14 -Ca pose une vraie question démocratique.
01:10:16 -Et Léa Landman.
01:10:17 -L'autre extrémité de ce truc-là, c'est les Etats-Unis,
01:10:21 où tout le monde peut être armé, il n'y a zéro limite.
01:10:24 -Ce qui est intéressant, c'est pas un manque de confiance
01:10:27 dans l'Etat, c'est vraiment une question de droit fondamental
01:10:30 que les Américains s'octroient.
01:10:32 Et je pense qu'il faut toujours avoir en tête cette histoire...
01:10:36 Je vais rappeler, en Israël, on est en train d'armer
01:10:39 à peu près qui veut, sans vérifier,
01:10:41 sans vérifier les profils, sans rien vérifier.
01:10:44 -On mélange vraiment les affaires.
01:10:46 -Ca paraît logique, parce qu'Israël est en état de guerre,
01:10:49 mais dans six mois, ces mecs-là qui ont des armes à la main,
01:10:53 on sait pas ce qu'ils vont faire,
01:10:55 ce sont des vrais milices à l'intérieur de l'Etat
01:10:58 qui seront impossibles à contrôler.
01:11:00 -Encore un ou deux mots, et on essaiera de retomber
01:11:03 sur nos pieds avec la situation à Crépol.
01:11:05 -Je voulais revenir à Crépol, parce que là,
01:11:08 on mélange vraiment des situations.
01:11:10 -Les Etats-Unis, avec les tueries...
01:11:12 -C'est pour ça que je me suis permis d'introduire
01:11:15 ces images à Dublin, parce qu'il y a quelque chose
01:11:18 dans l'air qui fait un rapprochement.
01:11:21 -Il y en a sûrement, mais on n'a pas tellement
01:11:23 de manifestations d'auto-justice. Crépol, ça me paraît...
01:11:26 -Il y a eu, il y a quelques mois,
01:11:28 ce père de famille qui soupçonnait un migrant
01:11:31 d'être entré chez lui, agressé sa petite fille,
01:11:34 qu'il l'avait cherchée pendant deux jours dans la ville
01:11:37 et qu'il l'avait tabassée.
01:11:39 -Ce qui me semble frappant pour la situation française,
01:11:42 c'est qu'on a une partie des jeunes du quartier
01:11:44 qui sont dans une culture de la violence
01:11:47 où il n'y a plus d'autres règles que la violence,
01:11:50 qui, en plus, ce n'est pas des coups de poing,
01:11:52 c'est des coups de couteau,
01:11:54 donc d'une violence de plus en plus grave
01:11:56 et qui est potentiellement meurtrière.
01:11:59 Par rapport à cet état de traite,
01:12:01 on est obligé de constater...
01:12:02 Je ne généralise pas tous les jeunes des quartiers,
01:12:06 je ne veux pas faire de généralisation abusive,
01:12:09 mais il y a des gens dans ces quartiers,
01:12:11 des jeunes dans ces quartiers,
01:12:13 on l'a vu au moment des émeutes,
01:12:15 on voit aussi, à mon avis, l'influence des trafiquants
01:12:18 qui sont dans une culture de l'hyperviolence...
01:12:21 -Qui tiennent ces quartiers.
01:12:23 -Qui tiennent ces quartiers et qui imprègnent
01:12:25 une partie de la jeunesse de ces quartiers.
01:12:28 On est face à un défi, en tout cas français,
01:12:31 sans faire de comparaison internationale,
01:12:33 qui me semble demander des réponses précises,
01:12:36 opérationnelles et pas simplement des grands mots.
01:12:39 -Carima, en 30 secondes, s'il vous plaît.
01:12:41 -Ce qui me frappe, je suis originaire du Québec,
01:12:44 je connais bien la situation au Canada, aux États-Unis, ici,
01:12:48 et moi, ça me frappe parce qu'il y a quand même
01:12:50 une particularité en France,
01:12:52 on parle de ces fameuses fractures sociales
01:12:55 et cette fameuse division,
01:12:56 ces tensions même qu'on va sentir
01:12:59 et même qui sont peut-être encouragées
01:13:01 par certains politiques,
01:13:03 d'encourager même certaines tensions
01:13:05 que je pourrais dire communautaires.
01:13:07 Ça me frappe beaucoup.
01:13:08 Cette crise de l'autorité que je vois beaucoup en France,
01:13:11 notamment chez les jeunes,
01:13:13 c'est-à-dire qu'il y a même une forme de mi-pris
01:13:16 des collègues des policiers,
01:13:17 qui est encouragée aussi par un discours de la police qui tue,
01:13:21 les violences policières,
01:13:22 donc tout ça crée une sorte de cocktail assez particulier,
01:13:26 cette glorification, effectivement,
01:13:28 de la violence qui se rajoute à tout ça.
01:13:31 Et je pense aussi, malheureusement,
01:13:33 oui, on le voit dans d'autres pays occidentaux de plus en plus,
01:13:36 on le voit même avec le conflit en ce moment au Proche-Orient,
01:13:40 il y a cette haine occidentale
01:13:42 et il y a une partie, malheureusement,
01:13:45 une partie au sein même de la France
01:13:48 où il y a cette fameuse haine de la France
01:13:50 et des valeurs occidentales comme telles,
01:13:53 une sorte de rébellion, et c'est ce qu'on voit en ce moment.
01:13:56 - Justement. Éric Tegner, je me tourne vers vous
01:13:58 parce que vous êtes directeur de la rédaction de ce média
01:14:01 qui s'appelle Livre Noir.
01:14:03 Philippe Carima a l'instant évoqué ces quartiers,
01:14:06 Philippe qui parlait de ces zones de non-droit
01:14:08 tenues par des dealers de drogue.
01:14:10 Il y a un quartier depuis 3-4 jours
01:14:12 qui est dans l'œil du cyclone, si je puis dire,
01:14:14 qui est la monnaie à Romain Surizer,
01:14:16 puisqu'une majorité des individus qui ont été arrêtés
01:14:19 dans le drame qui a touché Thomas
01:14:21 viennent de cette cité, et vous, avec votre média,
01:14:24 vous avez donc décidé d'y aller hier.
01:14:27 Vous êtes rendu sur place.
01:14:29 On a choisi deux séquences d'un long reportage
01:14:31 que vous diffusez sur votre site.
01:14:33 On va voir la première et on la commente.
01:14:36 - Moi, ce que je peux vous dire,
01:14:38 allez chercher votre merde plus loin.
01:14:40 - Mais c'est... - C'est en partant.
01:14:42 - Ah, tu peux me filmer, toi ?
01:14:44 - C'est bon, il a arrangé son bigo.
01:14:46 - Oh ! - Ah, j'ai un buddy.
01:14:47 - Oh ! Éteins, éteins !
01:14:49 - Montez ta mère en l'air, montez la caméra en l'air.
01:14:52 - Enlève ! Fais-moi voir ce que t'as filmé !
01:14:54 Fais-moi voir ce que t'as filmé, fils de pute !
01:14:57 - Monsieur, c'est exactement pas ça.
01:14:59 - C'est qui, le jeu ? - On cherche pas ça.
01:15:01 - Tu m'as pris pour un con,
01:15:02 petit bâtard d'extrême-droite ?
01:15:04 Vous êtes de l'extrême-droite, nous, des internationales.
01:15:07 On est là pour la paix, nous.
01:15:09 On n'est pas des Mongoliens comme vous.
01:15:11 - Vous incitez les gens à la guerre ?
01:15:13 Les gens, ça va partir en guerre, vous voulez que ça vous...
01:15:16 Par contre, faudra pas vous cacher.
01:15:18 Faudra pas vous cacher.
01:15:20 La guerre qui en a pété, faudra pas vous cacher.
01:15:22 À cause de vous, à cause de vous, allez-y.
01:15:25 Allez-y.
01:15:26 - Personne ne pourra vous contrer.
01:15:28 - Le chien, il sait que t'es un bâtard.
01:15:30 - Ils ont senti que t'avais une pute.
01:15:32 - On va décrypter tout ça,
01:15:34 mais avant qu'on décrypte votre reportage,
01:15:36 je voudrais vous faire une remarque.
01:15:38 Il y a une chose qui m'a un peu heurté tout à l'heure.
01:15:41 Je l'ai regardé intégralement sur votre page YouTube.
01:15:44 Et sur votre page YouTube, vous avez nommé ce reportage
01:15:47 "Immersion dans la cité qui a tué Thomas".
01:15:51 Et ça m'a un peu troublé.
01:15:52 Parce que j'ai pas le sentiment que c'est la cité qui a tué Thomas.
01:15:56 Ce sont des jeunes qui vivent dans cette cité qui ont tué Thomas.
01:15:59 J'ai l'impression que c'est ajouté, d'une certaine manière,
01:16:03 ce sentiment que tous les jeunes issus des cités
01:16:05 sont des meurtriers en puissance.
01:16:07 Je ne suis pas certain que ce soit très constructif.
01:16:10 Je vais vous dire, vous avez raison de vous poser cette question.
01:16:13 Pourquoi ? Parce que ce titre a été minutieusement choisi.
01:16:17 Pourquoi ? Parce que lorsqu'on s'est rendu dans cette cité de la monnaie,
01:16:21 on ne savait pas véritablement comment c'était.
01:16:23 Il y a très peu de reportages sur cette cité.
01:16:25 Et le premier jeune sur lequel on est tombé,
01:16:28 on lui a dit "Est-ce que tu connais ces jeunes qui ont été arrêtés ?"
01:16:31 Il a dit "Oui, c'est des gens biens".
01:16:33 Je lui ai dit "Pourquoi des gens biens ont sur eux une arme blanche,
01:16:37 un couteau, ils vont en soir avec ?"
01:16:39 Il a dit "Vous n'avez pas d'arme."
01:16:41 En fait, on a découvert au fur et à mesure
01:16:43 de ces échanges dans ce quartier de la monnaie...
01:16:47 Vous ne croyez pas qu'il y a des gosses qui peuvent s'en sortir,
01:16:50 qui ont un comportement responsable dans ce quartier ?
01:16:53 Mais c'est la cité, in fine, qui a tué Thomas,
01:16:55 dans le sens où aujourd'hui,
01:16:57 ils avaient un sentiment complet d'impunité.
01:16:59 Ils nous disaient "C'est une zone de non-droit ici,
01:17:02 nous gouvernons ici, la drogue y en a partout en France,
01:17:05 les armes y en a partout, ils n'ont aucun référentiel."
01:17:08 Ce qu'ils revenaient souvent, c'était de nous dire
01:17:11 "On nous prend cher par les gens de Valence qui viennent."
01:17:14 Les gens de Valence... -Les autres quartiers.
01:17:16 -Exactement. Ils veulent prendre le contrôle de cette cité
01:17:19 et d'autres éléments dans cette région.
01:17:21 Ils considèrent que les cités de la monnaie, c'est des faibles.
01:17:25 Donc, eux, ils se sentent humiliés, ils fonctionnent
01:17:27 en logique de groupe. Et c'est cette logique de groupe
01:17:30 qui les a conduits à se rendre dans cette salle des fêtes,
01:17:33 à s'y rendre armés, à penser qu'en fait,
01:17:36 la réponse vis-à-vis de ces jeunes de campagne
01:17:38 qui n'avaient rien fait, c'était la même réponse.
01:17:41 -Sans votre décryptage, je n'y vois qu'un amalgame,
01:17:44 une idéologie communautaire qui grandit dans ce pays,
01:17:47 qui nous conduit vers un éclatement social.
01:17:49 L'impression dans ce titre, c'est que vous participez à ça.
01:17:52 Avec le décryptage, c'est plus clair.
01:17:55 On va aller sur le fond.
01:17:57 Dans un instant, il n'est pas l'heure du JT, il est 23h30.
01:18:00 Allez-y. Maureen Vidal, le JT rapidement,
01:18:02 et on reprend la discussion.
01:18:04 ...
01:18:06 Musique intrigante
01:18:08 ...
01:18:12 -Alors que se dérouleront demain les obsèques du jeune Thomas
01:18:15 dans la Drôme, une veillée religieuse s'est déroulée
01:18:18 à l'église Saint-Etienne de Crépole.
01:18:20 Des centaines de fidèles, d'amis et membres de la famille
01:18:23 se sont réunis pour rendre un hommage et prier pour Thomas,
01:18:27 16 ans, poignardé mortellement dans la nuit de samedi à dimanche.
01:18:30 -Ca fait chaud au coeur, en tout cas, de se dire
01:18:33 qu'on est unis, au moins, dans ces moments-là.
01:18:35 J'espère qu'on restera unis encore longtemps,
01:18:38 que l'amour triomphera.
01:18:39 -C'est important, et je vois que les gens restent encore.
01:18:43 Ils ont besoin d'être ici, ensemble.
01:18:46 -Pour moi, c'est une tragédie, carrément.
01:18:49 Jamais, j'ai 50 ans pour voir ça, non, jamais.
01:18:52 -85 élèves ont été exclus définitivement
01:18:55 de leur établissement scolaire après les incidents
01:18:58 qui ont émaillé les hommages en octobre
01:19:01 de l'inférieur Dominique Bernard, tué à Arras et à Samuel Paty.
01:19:04 605 sanctions ont été prises lors de conseils de discipline,
01:19:08 dont 322 exclusions temporaires et 47 exclusions définitives
01:19:12 avec sursis, selon le ministère de l'Education.
01:19:15 Enfin, une hausse inquiétante de maladies respiratoires en Chine
01:19:19 alerte l'OMS.
01:19:21 Pékin dit n'avoir détecté aucun pathogène nouveau ou inhabituel
01:19:25 lié à l'augmentation de ces cas dans le nord du pays.
01:19:28 Des préoccupations interviennent, près de quatre ans
01:19:31 après l'apparition en Chine du Covid-19.
01:19:33 -Merci, chère Maureen Vidal, pour toutes ces informations.
01:19:38 Deuxième séquence de votre reportage
01:19:40 dans le quartier de la Monnaie, à Romance-sur-Isère.
01:19:43 -C'est une zone de non-droit.
01:19:46 D'accord. Donc, vous êtes des anges,
01:19:48 y a pas de problème ici, y a pas de problème de drogue,
01:19:51 mais on est en zone de non-droit. -Voilà, c'est ça.
01:19:54 -Et zone de non-droit, c'est-à-dire que les policiers
01:19:57 sont pas droits. -Et s'ils venaient ?
01:19:59 -Ils se font caillasser. -Ils se font caillasser ?
01:20:01 -En t'entendant, Darmanin, ministre de l'Intérieur,
01:20:04 qui dit qu'on va régler le problème des quartiers,
01:20:07 vous en pensez quoi ? -Darmanin !
01:20:09 -Je suis blanc, je suis plutôt de droite.
01:20:11 Si je vais avec ma caméra dans tous les quartiers,
01:20:14 ça va bien se passer ? -Non.
01:20:16 -Non. -Il y en a, non.
01:20:17 -Vous, vous me dites pas, on va les calmer, les petits,
01:20:20 on va leur dire... -On peut pas.
01:20:22 Ils sont armés, ils sont déterminés, ils ont le sang chaud.
01:20:25 -Vous dites que vous êtes un super-procureur,
01:20:28 et les jeunes, vous avez peur d'eux ? -Moi, je suis pas payé pour ça.
01:20:31 -Ils sont déterminés, les jeunes, et on n'est pas là pour les calmer.
01:20:35 Qu'est-ce qui vous a le plus marqué ?
01:20:37 -3h. -Vous pouviez pas rester
01:20:39 plus longtemps ? -Ca a terminé sur la séquence
01:20:41 que vous avez diffusée au début, où, clairement,
01:20:44 on était juste devant l'immeuble qui a été perquisitionné.
01:20:47 Là, où il y a le principal dealer, un immeuble où j'y étais allé
01:20:51 1h30 avant, en essayant d'alpaguer, justement, le dealer
01:20:54 qui s'était caché derrière une porte... -Vous vous êtes fait peur ?
01:20:57 -Pour lui dire... Non, mais vous savez, on est là aussi pour aller...
01:21:01 Ils disent que c'est des zones de non-droit, mais ça doit pas l'être,
01:21:04 ni pour les journalistes, ni pour les forces de police.
01:21:07 Quand on est revenus, ils étaient chauffés à blanc.
01:21:10 Il y a cette personne d'une quarantaine d'années
01:21:13 qui s'est arrêtée en voiture, qui a commencé à nous agresser.
01:21:16 C'est troublant, parce qu'il nous explique
01:21:19 que c'est un humaniste international et agressif.
01:21:21 Mais moi, ce qui m'a le plus marqué, c'est la fracture générationnelle.
01:21:25 Et là, effectivement, ce quartier, il n'y a pas que des gens mauvais.
01:21:29 On s'est retrouvés face à cet homme, qui a à peu près 45 ans,
01:21:32 qui est extrêmement fort, qui nous disait que c'était un boxeur, etc.,
01:21:36 et qui nous dit, à ce moment-là, qu'il a peur de ces jeunes
01:21:39 qui ont 20 ans. Et des jeunes, je vais vous dire honnêtement,
01:21:42 qui sont plutôt fragiles, parce qu'ils ont peur de rien,
01:21:45 qu'ils ont pas de référence.
01:21:47 Et ce qui s'est passé, en fait, à Crépeaule,
01:21:50 c'est que, dans le fond, ils sont tellement fragiles,
01:21:53 ils se sentent tellement humiliés, aussi, par Valence,
01:21:56 qui leur donne une déculottée, qu'ils ont la lâcheté de se dire
01:21:59 qu'ils allaient chercher ceux qui sont désarmés,
01:22:02 des plus faibles que nous, on va venir en groupe,
01:22:05 on va s'acharner contre une seule personne.
01:22:07 -C'est une forme de frustration, selon vous.
01:22:10 -C'est pas une histoire de racisme, mais plutôt de conquête,
01:22:13 de territoire. -Il y a du racisme.
01:22:15 Et il y a des personnes, des témoignages, qui disent
01:22:18 qu'on voulait se faire des Blancs.
01:22:20 Mais il y a un changement de paradigme,
01:22:23 qui est qu'avant, il y avait ces cités qui étaient devenues des ghettos,
01:22:26 il fallait le contrôler.
01:22:28 Aujourd'hui, il y a un phénomène d'externalisation,
01:22:31 ils sortent de ces endroits et vont dans cette petite campagne,
01:22:34 dans une logique de conquête de territoire.
01:22:37 Moi, ça m'a surpris, le premier jour, on disait
01:22:39 que c'était pas des jeunes qui avaient une logique territoriale.
01:22:43 Mais bien sûr, parce qu'ils sont dans cette dimension de conquête,
01:22:47 ils n'ont pas de référence, encore une fois.
01:22:49 Et ils se revendiquent français.
01:22:51 Ils me le disent tout le temps. On est français, etc.
01:22:54 Ils sont pas forcément, certains le sont,
01:22:56 mais pas forcément dans la haine anti-France.
01:22:59 Ils pensent que la France, c'est ça.
01:23:01 C'est ce qui est encore plus dangereux.
01:23:03 -Léa, un petit mot là-dessus. -Oui.
01:23:05 Vous dites qu'ils n'ont pas de référentiel,
01:23:08 et en même temps, ils ont un référentiel.
01:23:10 Il y a un peu d'amalgame, pardon.
01:23:12 Mais c'est-à-dire, ils vont faire la conquête de quoi ?
01:23:16 D'où vient cette perception de conquête ?
01:23:18 Au contraire, ces jeunes des cités, ils sont confinés dans leur cité.
01:23:21 Très souvent, on voit bien qu'ils ont pas fait 2 km en dehors de la cité.
01:23:25 Ils ont tout ce qu'il faut là-bas.
01:23:27 Il y a eu suffisamment d'enquêtes sur les frères musulmans en France
01:23:31 pour savoir que dans les cités, on prend les gamins en bus,
01:23:35 les bus, ils sont contrôlés,
01:23:36 enfin, ils sont payés par les frères musulmans.
01:23:39 On les emmène dans une école islamique.
01:23:42 Leur supermarché est dans la cité.
01:23:44 Vous parlez de conquête, de razzia...
01:23:46 -C'est ce qui se passe. -C'est quoi pour vous ?
01:23:49 Quel est votre constat ?
01:23:50 Quel est votre constat ?
01:23:52 -Mon constat, c'est un double constat.
01:23:54 J'invente rien, c'est ce qu'on dit depuis 15 ans.
01:23:57 Ce qui dit de plus percutant pour moi dans cette...
01:24:01 -Ce reportage. -Ce reportage,
01:24:03 c'est que la justice va rien faire.
01:24:06 C'est ça, la base de tout.
01:24:08 -C'est la dernière prise de parole de ce jeune homme à qui vous parlez.
01:24:12 -Ces jeunes ont peur de rien, ils sont armés,
01:24:15 et ils savent qu'ils ne risqueront rien de la part de la justice.
01:24:18 -A 20 ans, on a peur de rien.
01:24:20 -C'est la seule chose censée qu'on entend de leur part.
01:24:23 -On n'est pas censés avoir peur à 20 ans.
01:24:26 -On est censés avoir peur de la police, de l'autorité.
01:24:29 -Bien sûr, bien sûr, mais à part ça...
01:24:32 -C'est de sa compagnie.
01:24:33 -Ils ont peur de rien.
01:24:35 Le vrai problème, c'est qu'ils n'ont pas peur de la police
01:24:38 et de leurs parents.
01:24:39 -Ou alors qu'ils cachent à leurs parents.
01:24:42 -Il y en a une aujourd'hui, déjà, entre dealers.
01:24:45 On voit sur la DZ Mafia à Marseille, ils cherchent à les animer.
01:24:49 La différence qui se passe aujourd'hui,
01:24:51 c'est qu'il y a ces campagnes qui ne sont pas de base enclavée
01:24:55 et qu'ils se retrouvent prises dans ces nouvelles logiques
01:24:59 de conquête territoriale.
01:25:00 Ce n'est plus prendre contrôle d'autotravail,
01:25:03 c'est prendre contrôle d'un village d'une fête.
01:25:06 -Si tout le monde veut s'exprimer,
01:25:08 ce sera une petite minute maximum chacun.
01:25:11 -Vous mélangez trop de choses.
01:25:13 Votre reportage fait beaucoup d'amalgame.
01:25:15 -J'ai juste des images que je diffuse.
01:25:18 -Le sujet que vous évoquez, qui est essentiel,
01:25:20 sans relier des choses qui n'ont rien à voir,
01:25:23 c'est ce trafic de drogue qui s'est déplacé des grandes villes
01:25:27 au périphérique des villes.
01:25:29 -Tatiana, n'oubliez pas de quoi on parle.
01:25:31 De quoi on parle ?
01:25:32 On parle d'une fête de village où un gamin se fait piquer ?
01:25:36 Il n'y a pas de trafic de drogue sur Thomas.
01:25:38 -C'est le sujet.
01:25:39 -C'est pas pour ça qu'ils font les tués.
01:25:42 -C'est la 1re chose.
01:25:43 2e chose, me vient en tête cette interview
01:25:46 assez effrayante de David Lissner,
01:25:48 président de la théorétique des mères de France,
01:25:51 qui a cette phrase terrible qui dit qu'il y aura d'autres émeutes.
01:25:55 Pourquoi ? Parce que le jour où on ira
01:25:57 démanteler les trafics de stupéfiants,
01:26:00 les trafics de drogue,
01:26:01 quand la justice sera assez ferme,
01:26:03 notamment sur les mineurs, avec une peine effective,
01:26:07 pour des jeunes, pour qu'ils soient punis,
01:26:09 en ce cas-là, les armes ressortiront
01:26:11 et seront plus importantes que lors des dernières émeutes.
01:26:15 C'est aussi un autre sujet.
01:26:17 En revanche, le sujet, et là, je rejoins Léa,
01:26:19 qui est de dire qu'ils sont tous pareils dans la cité,
01:26:22 il me semble que la majeure partie du temps,
01:26:25 beaucoup d'habitants sont pris en otage
01:26:27 par ces trafiquants ou par ces délinquants.
01:26:30 Malheureusement, ce sont les voix silencieuses.
01:26:33 Il y a une iniquité qui n'a plus lieu d'être aujourd'hui,
01:26:36 avec une partie qui est voie aux silences.
01:26:39 -Sauf que devant moi, j'ai une photo d'un tag
01:26:42 dans un immeuble de cette cité de la Monnaie,
01:26:44 où c'est marqué "Ca circule sur les réseaux sociaux
01:26:47 "depuis ce soir. Nique la mer à Thomas."
01:26:50 Vous savez, si les seuls coupables sont ceux qui ont été arrêtés,
01:26:54 comment est-ce que ça se fait ?
01:26:56 -Il y a une forme de solidarité.
01:26:58 -Nique la mer à Thomas.
01:27:00 -Il y a une forme de solidarité entre eux.
01:27:02 -Pourquoi viser la mer ?
01:27:04 -Je parle de la solidarité.
01:27:05 -On a habitué "Nique la police". Pourquoi viser la mer de Thomas ?
01:27:09 -Je prolongerais ce que vient de dire Tassiana,
01:27:12 parce que le trafic de drogue me paraît complètement structurant.
01:27:16 Vous l'avez dû voir, le point de l'île était en face de vos caméras.
01:27:20 La réalité, c'est que le trafic de drogue,
01:27:23 ce n'est pas qu'une activité économique qu'on connaît bien,
01:27:27 c'est une culture de la violence.
01:27:29 Et c'est une culture clanique, mafieuse.
01:27:32 Or, moi, dans tout ce que vous racontez,
01:27:34 j'entends une logique mafieuse,
01:27:36 y compris dans ce que vous appelez la conquête territoriale.
01:27:40 C'est une volonté de contrôle sur le territoire,
01:27:43 comme peut l'avoir n'importe quel mafien.
01:27:45 Ma référence, compte tenu de ce que vous racontez,
01:27:48 et sans partir dans des interprétations
01:27:51 où on n'a pas assez pour interpréter,
01:27:53 je partirais sur une interprétation mafieuse et violente.
01:27:56 -Je voudrais qu'on entende,
01:27:58 parce que si vous n'étiez pas avec nous hier,
01:28:01 vous vous souvenez qu'un septuagénaire,
01:28:03 je crois, qui répondait à nos équipes,
01:28:06 nous raconte qu'il a grandi, qu'il a vécu toute son enfance,
01:28:09 sa jeune vie d'adulte là-bas, et qu'il est parti.
01:28:12 Ce quartier ne le reconnaissait pas,
01:28:15 et la transition était trop difficile à vivre pour lui.
01:28:18 -Je suis né dans ce quartier, il y a 70 ans,
01:28:21 et j'ai vu se dégrader au fil des années le quartier.
01:28:24 Et je suis parti du quartier à l'âge de peu près de 25 ans,
01:28:28 et je suis arrivé à l'école,
01:28:30 et je suis allé habiter dans un petit village à côté,
01:28:33 tout simplement parce que petit à petit,
01:28:36 la mortalité changeait,
01:28:37 et puis c'était plus le quartier que j'avais connu.
01:28:40 La Monnaie, c'était un quartier qui était sympathique,
01:28:44 mais ça peut rien avoir maintenant.
01:28:46 C'est horrible, la police ne peut plus rentrer,
01:28:48 les pompiers ne peuvent plus rentrer,
01:28:51 les toubis non plus, c'est infernal.
01:28:53 C'est pas logique qu'on ait un quartier comme ça,
01:28:56 et laisser se faire dégrader un quartier comme ça,
01:28:59 c'est une zone de non-droit.
01:29:00 -C'est ça.
01:29:02 Ça me rappelle le fameux palmarès qu'avait fait Le Figaro
01:29:05 sur les petites villes et les villes moyennes,
01:29:07 où il y avait vraiment des problèmes d'insécurité
01:29:10 de plus en plus nombreux,
01:29:12 et c'était basé sur les chiffres du ministère de l'Intérieur.
01:29:15 C'est vrai qu'il y a des changements,
01:29:17 mais tout à l'heure, on parlait de ces jeunes en se disant...
01:29:21 À 20 ans, on a peut-être peur de rien,
01:29:23 mais qu'est-ce qui fait qu'on se promène avec des couteaux
01:29:26 et qu'on décide d'aller dans une ville voisine
01:29:29 et dans une fête de village et de commencer à planter des jeunes?
01:29:32 C'est ça qui m'intéresse.
01:29:34 Qu'est-ce qui fait qu'on franchit ce peur,
01:29:36 qu'on fait que les digues morales,
01:29:38 même en éducation, sont complètement cédées
01:29:41 pour qu'il y ait cet appel de cette violence
01:29:44 et qu'elle soit présente comme on la voit maintenant.
01:29:47 C'est ça qui est extrêmement troublant.
01:29:49 Et oui, sur la prise en charge,
01:29:51 presque de la délinquance, comment se fait-il
01:29:53 qu'on laisse aller tellement les choses
01:29:56 qui s'est, encore une fois, répandues,
01:29:58 quand on voit aussi des peines absolument absurdes.
01:30:01 Je reviens souvent avec cet exemple,
01:30:03 parce que pour moi, il est patent,
01:30:05 ce jeune mineur, 17 ans, qui a traîné un policier
01:30:08 et qui a des séquelles maintenant au cerveau.
01:30:10 - Ça a pris 35 heures de travail.
01:30:12 - Le message que ça envoie aux jeunes,
01:30:14 mais aussi toute cette glorification de la violence,
01:30:17 qu'est-ce qui fait qu'on sombre dans cette délinquance
01:30:20 et qu'on pousse, c'est ce qui m'interpelle.
01:30:23 - Une réaction politique sur le plateau de Laurent C. Harari.
01:30:26 Il faut arrêter de parler de faits divers, selon lui.
01:30:29 - Non seulement je comprends la colère,
01:30:31 mais je comprends le dégoût de beaucoup de Français aujourd'hui.
01:30:35 Ce qui s'est passé à Crépole,
01:30:38 dans un petit village de 500 habitants,
01:30:40 n'est pas un fait divers, comme on peut le lire,
01:30:43 c'est un fait de société.
01:30:45 Et moi, ce qui m'indigne le plus,
01:30:47 c'est qu'on est en train, aujourd'hui,
01:30:49 la France est en train, aujourd'hui,
01:30:51 de s'habituer, drame après drame,
01:30:54 à l'inacceptable.
01:30:55 Et nous subissons, partout dans le pays, tous les jours,
01:30:58 et désormais, non plus seulement dans les grandes villes,
01:31:01 mais dans les territoires ruraux,
01:31:03 une terreur quotidienne, une barbarie d'atmosphère,
01:31:06 qui est le fait de gens à qui la France a tout donné,
01:31:09 des gens qui, en très grande partie,
01:31:11 sont issus de l'immigration. - Qui sont français.
01:31:14 - C'est le drame, madame.
01:31:16 Ils sont français, c'est le drame.
01:31:18 Pas comme vous et moi.
01:31:19 Moi, je suis aussi issu de l'immigration.
01:31:22 - Comme moi. - Très bien.
01:31:23 Mais on fait partie, je pense, tous deux, d'une génération
01:31:26 de gens qui, quand ils sont arrivés en France,
01:31:29 ont fait un effort exigeant, de devenir français,
01:31:31 de devenir des français à part entière,
01:31:34 de respecter les lois, le peuple qui nous a accueillis.
01:31:37 Or, je note, aujourd'hui, qu'une grande partie de ces jeunes
01:31:40 se comportent en France comme les ressortissants
01:31:43 d'un Etat étranger.
01:31:44 Quand vous lisez les témoignages des gens qui étaient sur place,
01:31:47 c'est une horreur.
01:31:49 Ils disent qu'ils sont venus pour planter des Blancs,
01:31:52 et que la scène que nous avons vécue
01:31:54 ressemblait à une scène d'attaque terroriste.
01:31:57 - Allez, réaction. Léa Lohmann.
01:31:59 - Il est juste coincé, lui, dans un discours d'il y a 70 ans, quoi.
01:32:03 En fait. - Pourquoi ?
01:32:05 - Il prend les mêmes imaginaires,
01:32:07 les mêmes "on est français, on n'est pas français".
01:32:10 Sa définition de français, c'est quoi ?
01:32:12 C'est selon la religion ?
01:32:14 - Non, c'est selon l'adhésion à une forme de récit national.
01:32:17 - Je ne suis pas sur le récit national,
01:32:19 mais là, il essaie de le dire sans dire...
01:32:22 - C'est quoi, "français" pour Jordan Bardella ?
01:32:24 - Je n'en sais rien.
01:32:25 Est-ce que les Juifs sont français pour Bardella ?
01:32:28 Si, la question se pose.
01:32:29 Si sa définition de qui est français,
01:32:32 c'est "est-ce qu'il est venu en France
01:32:34 il y a 3, 2 ou 20 générations",
01:32:36 alors oui, je vais me poser la question aussi.
01:32:38 - Ce qui m'agace dans ce genre de discours politique,
01:32:42 c'est qu'il a parlé 5 minutes
01:32:44 et je ne sais pas ce qu'il veut faire.
01:32:46 - Il dénonce déjà le déséquilibre
01:32:48 entre les faits et l'analyse des faits.
01:32:50 - J'en ai marre d'entendre des politiques dénoncer
01:32:53 un responsable politique,
01:32:55 qui est à fortiori le président d'un parti
01:32:57 qui est en tête de toutes les intentions de vote,
01:33:00 qui est jugé favori pour les prochaines élections.
01:33:03 Qu'est-ce qu'il va faire,
01:33:04 qu'est-ce qu'il ferait à la place de ceux qui nous gouvernent
01:33:08 s'il était au gouvernement ?
01:33:09 Il nous a dit, il y a une phrase qui m'a frappé,
01:33:12 "ils sont français, c'est tout le drame".
01:33:15 Jean-Yves déduit que la seule solution
01:33:17 pour les gens qui sont bavardés,
01:33:19 c'est de leur faire une déchéance de nationalité.
01:33:22 - Est-ce qu'au moins il pose le bon constat ?
01:33:24 A défaut d'apporter une solution ?
01:33:26 Est-ce que la gauche serait pas inspirée
01:33:28 de poser un constat de réel
01:33:30 et pourquoi pas trouver des solutions ensuite ?
01:33:33 - On peut pas faire de la politique
01:33:35 qu'avec des constats qui sont quand même du bavardage.
01:33:38 - Il réagit aussi sur le truc de planter des blancs
01:33:41 qu'on ne sait pas exactement.
01:33:43 - Carima a raison, il faut remettre la réponse.
01:33:45 - On a une histoire en trois niveaux.
01:33:47 - Le premier niveau, qui est une réalité,
01:33:50 c'est un acte de violence.
01:33:51 Pour 88 % des Français,
01:33:53 ce qui s'est passé à Crépelle,
01:33:55 c'est un acte de violence absolu.
01:33:57 - 100 %, mais...
01:33:58 - D'accord, mais c'est pas un fait divers, du coup.
01:34:01 C'est la seule différence.
01:34:03 Aujourd'hui, on a une politisation, en effet, de ce drame.
01:34:07 - Quelque chose qui se reproduit quotidiennement.
01:34:10 - Alain Bloir avait une expression
01:34:11 que j'ai trouvée très explicite et très claire.
01:34:14 Il disait "Les politiques choisissent leur mort,
01:34:17 "les Français les additionnent."
01:34:19 C'est très exact.
01:34:20 Je rejoins tout à fait Philippe en cela.
01:34:22 On voit un débat sur "franco-cit", "français de papier" ou pas.
01:34:25 Et de l'autre côté, on a ces Français
01:34:28 qui, au quotidien, souffrent de cette ultra-violence,
01:34:31 de cette banalisation de l'ultra-violence.
01:34:33 Quelle réponse on apporte à ça ?
01:34:35 Il y a un défaut d'éducation.
01:34:37 Il y a un vrai problème d'éducation des enfants.
01:34:39 C'est le bavard, on le dit toujours.
01:34:42 Le problème du respect de l'autorité,
01:34:43 on l'a déjà évoqué.
01:34:45 De toutes ces figures qui sont en permanence menacées,
01:34:48 insultées, je parle des élus, des pompiers, des infirmiers,
01:34:51 et troisième, la justice, la sévérité de la justice,
01:34:54 l'effectivité de la peine, même pour des jeunes,
01:34:57 et pas que des peines qui arrivent avec une comparution
01:35:00 dans un ou deux ans.
01:35:01 - Très vite.
01:35:02 - Ce n'est pas Gérald Darmanin qui politise aujourd'hui.
01:35:06 C'est Gérald Darmanin qui, depuis quatre jours,
01:35:08 a quitté l'idée que la mère de celui qui aurait porté atteinte
01:35:12 de coups fatales à Thomas serait française,
01:35:14 mais on n'est pas au courant de qui est le père.
01:35:17 Les prénoms ne sortent pas.
01:35:19 Le Figaro rapporte ce soir le conseil des ministres
01:35:22 de Gérald Darmanin, où Gérald Darmanin a montré
01:35:25 à un de ses collègues le nom des partis...
01:35:27 - Pourquoi Darmanin politise plus que Barnella ?
01:35:30 - Le nom de ceux qui ont réuni en garde à vue.
01:35:32 - C'est Gérald Darmanin qui est le premier.
01:35:35 - Qu'a dit le ministre ?
01:35:37 - Le ministre a dit que les Français vont se révolter
01:35:39 lorsqu'ils apprendront que ces noms-là
01:35:42 ne sont pas à consonance française.
01:35:44 Ca répond à ce que disait
01:35:45 Gérald Darmanin.
01:35:47 - On doit rester sur la table.
01:35:48 - On doit rester, en effet, parce qu'on est en retard,
01:35:52 mais nos téléspectateurs
01:35:53 prolongeront les discussions et se feront leur avis.
01:35:56 Vous avez le loisir, dans la coulisse,
01:35:58 d'échanger de nouveau.
01:36:00 On se quitte tous bons amis, comme à chaque fois.
01:36:03 On remercie Maxime Feher, Martin Mazur, Julien Dureau
01:36:06 et Philippe Polé pour cette émission.
01:36:08 Merci de nous avoir suivis.
01:36:10 C'était Simon Guillain.
01:36:11 Bon week-end. C'est Olivier de Pierre-Enflecque.
01:36:14 A très vite. Bonne nuit.
01:36:15 [Musique]