Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, Pascal Praud revient avec Karina, qui souffre d'une sclérose en plaque, sur le DuoDay, cette journée qui favorise l'insertion professionnelle des personnes en situation de handicap et qui permet de faire découvrir des métiers et des entreprises.
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Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous
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00:00 - Europe 1 - Pascal Praud et vous, avec Pascal Praud de 11h à 13h sur Europe 1.
00:05 - Et nous sommes heureux d'accueillir Karina. Bonjour Karina. - Bonjour Pascal. - Et vous êtes passionnée de radio.
00:12 Vous êtes aujourd'hui avec nous parce que c'est la nouvelle édition du Duo Day pour favoriser l'insertion professionnelle des personnes en situation de handicap.
00:20 Et le principe est simple, une entreprise, une collectivité, une association accueille une personne en duo
00:25 avec un professionnel volontaire pour la découverte du métier, l'immersion en entreprise. Alors vous-même vous êtes passionnée de radio.
00:32 - Oui, Pascal. - Et vous souffrez de sclérose en plaques. - Eh oui, eh oui.
00:37 - Qui a été diagnostiquée il y a très peu de temps, en 2016. - C'est ça.
00:42 - La sclérose en plaques c'est une maladie neurologique et évolutive.
00:45 120 000 personnes en France sont atteintes de sclérose en plaques, dont 700 enfants. 3 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année.
00:52 Là vous êtes arrivée avec une voiture roulante, une chaise roulante.
00:57 - Oui. - Mais en 2016, quand ça a été diagnostiqué, vous marchiez normalement si j'ose dire ?
01:04 - Eh ben oui, Pascal. J'étais journaliste spécialité de Hausmann, donc mon job à moi c'était de faire le tour du monde tout le temps.
01:11 Et voilà, et un jour boum, sclérose en plaques. Donc au fur et à mesure, canne, et puis un jour fauteuil, et puis maintenant tricycle électrique pour venir vous voir.
01:21 - Alors là, votre vie professionnelle à l'époque, en 2016, vous êtes évidemment salariée dans une entreprise j'imagine ?
01:27 - Eh oui, bien sûr. - Bon, qu'est-ce qui se passe à partir de 2016 ?
01:30 - Eh ben j'apprends que j'ai une sclérose en plaques, qui est juste un énorme coup au moral et sur la tête, etc.
01:38 Et puis l'idée c'est de se réinventer. Donc après il a fallu que je revisage mon avenir différemment.
01:46 Donc je pouvais plus être journaliste spécialité de Tourisma, à faire tous les hôtels du monde entier.
01:51 Donc j'ai réfléchi beaucoup, quatre ans, et puis je me suis dit que ma nouvelle passion c'était faire comme vous Pascal.
01:57 - Et faire de la radio. - Et faire de la radio, voilà.
01:59 - Et aujourd'hui cette radio, vous la faites où ?
02:02 - Alors je ne la fais pas, mais bientôt, un jour, je serai peut-être à votre poste Pascal.
02:08 J'ai la chance de faire l'école de radio Le Studec, voilà, donc une école de radio pour devenir un jour animateur radio comme vous.
02:16 - Mais alors pardonnez-moi de vous poser cette question, mais depuis comment vous avez fait financièrement pour assurer cette transition ?
02:26 Est-ce que vous avez des aides ? Est-ce que votre ancienne société a pris en charge certaines choses ?
02:30 Est-ce qu'aujourd'hui vous recevez de l'argent des uns et des autres ?
02:35 - Alors non. Non, non, non, j'ai été au chômage parce que j'ai appris la maladie alors que j'étais au chômage.
02:43 - Ah oui, vous n'étiez plus dans l'entreprise ?
02:46 - Oui, je venais de partir, donc voilà, j'ai appris et donc j'ai eu le droit aux deux années de chômage.
02:53 Et puis après j'ai eu le droit, comme vous savez, de love money.
02:58 - Love money ?
03:00 - Oui, la love money c'est quand on demande à ses amis, sa famille, les gens qui nous aiment de vivre, pour créer une entreprise, etc.
03:08 - Ah oui, je ne connaissais pas cette expression, love money.
03:11 - C'est quand on veut construire une entreprise.
03:13 - Donc ça c'est des amis, une famille qui vous aident.
03:15 - Moi j'avais la chance d'avoir un compagnon, donc j'ai de la chance, il ne m'a pas quitté en apprenant la maladie, donc il est resté.
03:22 Et puis grâce à lui je mange et j'ai un choix sur la tête.
03:27 - Parce que c'est votre compagnon qui assure la vie professionnelle de la maison.
03:30 - Voilà, mais moi rien du tout, depuis le 200 chômage, je suis à zéro.
03:34 - Oui, mais maintenant comme on vient d'avoir la H, pour les personnes handicapées, c'est l'allocation d'adultes handicapés,
03:41 donc c'est 940 euros par mois pour les personnes handicapées, on n'y avait pas le droit jusqu'à octobre 2023, donc on vient de l'avoir.
03:53 Et moi je n'y avais pas le droit puisque mon compagnon gagnait de l'argent.
03:56 Donc voilà, les revenus, voilà, et maintenant j'ai le droit à ça.
03:59 - Alors animateur radio, animatrice radio, c'est ce que vous souhaitez être, mais dans quel domaine, est-ce que vous le savez ?
04:04 Est-ce que vous avez pu...
04:06 - Ce que j'aimerais beaucoup faire, c'est interviewer les gens.
04:09 Moi ce qui m'intéresse dans la vie, c'est faire des interviews.
04:12 - Écoutez, la demande est faite.
04:17 Alors votre difficulté au quotidien, parce que je le vois, avec cet appareil qui est le vôtre,
04:22 alors j'ai dit une chaise roulante, je ne sais pas si c'est exactement le bon qualificatif.
04:26 - C'est un tricycle électrique, à savoir, il faut le dire, mais voilà, et ça me change la vie.
04:31 - Aujourd'hui vous ne pouvez plus marcher ?
04:32 - J'y arrive plus, non.
04:34 - Donc quand vous rentrez dans un ascenseur, quand vous faites vos courses, quand vous prenez les transports,
04:40 évidemment c'est une galère perpétuelle.
04:42 - Ah ben je ne prends plus le métro.
04:44 Avant je prenais le métro, maintenant je ne peux plus.
04:47 Il y a 2% des stations de tramway qui sont équipées d'ascenseurs,
04:54 donc on ne peut pas prendre les transports en commun.
04:57 - Et vous avez envie de dire, quand vous parlez de l'insertion sur le marché du travail,
05:01 une chose simple, donnez-nous notre chance.
05:04 - S'il vous plaît, s'il vous plaît, presque à genoux je supplie,
05:08 puisque peut-être savez-vous que le taux de chômage pour les gens "normaux",
05:12 c'est 7% et quelques, 7,4, et pour les handicapés c'est 2 fois plus, voire plus.
05:19 Donc voilà, on a beaucoup de mal évidemment à être embauchés à droite et à gauche.
05:23 - Bon ben écoutez Karina, on voulait vous recevoir de toute façon,
05:26 et puis vous écouter, et puis entendre votre témoignage et cette difficulté que vous avez.
05:34 Vous savez comment les choses vont évoluer,
05:36 ou il y a une part d'incertitude sur l'évolution de la maladie ?
05:40 - Écoutez, l'ascenseur en plaques, l'idée c'est qu'on prenne des traitements mensuels,
05:45 et le meilleur espoir qu'on ait pour l'instant c'est de se maintenir.
05:50 Voilà, bon donc on a de la chance, la recherche avance,
05:53 donc peut-être qu'un jour on sera plus malade,
05:58 mais pour l'instant on est malade, on prend des médicaments et on nous maintient.
06:02 C'est pour ça que j'espère un jour de travailler.
06:05 - Merci beaucoup Karina, vraiment merci, et bon courage à vous, et on vous embrasse tendrement.